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Untitled - WWW Ircam

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DOSSIERDEPRESSE


DOSSiER DE PRESSE<br />

FESTiVAL AGORA<br />

PROTOTYPES<br />

7-19 JUiN 2010<br />

Contacts presse<br />

OPUS 64<br />

Valérie Samuel<br />

Marine Nicodeau<br />

téléphone<br />

00 33 0(1) 40 26 77 94<br />

télécopie<br />

00 33 (0) 1 40 26 44 98<br />

mél<br />

m.nicodeau@opus64.com<br />

ERACOM<br />

Presse sciences et technologies<br />

Estelle Reine-Adélaïde<br />

téléphone<br />

00 33 (0)1 77 15 17 14<br />

portable<br />

00 33 (0) 6 17 72 74 73<br />

mél<br />

eracom@mac.com<br />

SOMMAiRE<br />

Calendrier 2<br />

Éditorial 3<br />

Concerts et spectacle 4<br />

Nuit du prototype 13<br />

Méridien science-arts-société 14<br />

<strong>Ircam</strong>, du laboratoire à la scène 22<br />

Formation et transmission (Cursus) 24<br />

Signatures artistiques :<br />

T. Murail, G. Pesson et M. Jarrell 25<br />

Biographies des artistes 33<br />

Informations pratiques 41<br />

Partenaires 42<br />

Présentation de l’<strong>Ircam</strong> 43<br />

www.ircam.fr<br />

1


CALENDRiER<br />

SPECTACLE PROGRAMME HORAiRES LiEU DATE<br />

À Cage Roaratorio Cage/Sarkis 19h et 22h <strong>Ircam</strong> 7 juin<br />

Cantate égale pays G. Pesson 20h30 Centre Pompidou<br />

Méridien<br />

science-arts-société<br />

GrainStick-2.0<br />

(Méridien science-arts-société)<br />

Mortuos Plango, vivos voco<br />

(Méridien science-arts-société)<br />

Conférence et films<br />

La voix et l’éloquence<br />

(Méridien science-arts-société)<br />

Émergence : jeune création<br />

Émergence : jeune création<br />

Surrogate cities<br />

Murail I<br />

conférences, films,<br />

rencontres<br />

P. Jodlowski/R. Thibault<br />

installation interactive<br />

J. Harvey/Visual Kitchen<br />

installation vidéo<br />

Mutations of matter,<br />

Vox Humana<br />

B. Latour, P. Leroux<br />

rencontre<br />

P. Alessandrini<br />

installation sonore<br />

G. Scelsi, C. Trapani, A.<br />

Agostini, T. Murail<br />

M. Monnier/H. Goebbels<br />

Vidéodanse<br />

G. Scelsi, T. Murail,<br />

M. Pintscher<br />

10h30-22h<br />

10h-18h<br />

du mar au<br />

sam, le dim<br />

10h-19h<br />

universcience (Cité des<br />

sciences et de l’industrie,<br />

Palais de la découverte ),<br />

Géode, <strong>Ircam</strong> et UPMC<br />

Cité des sciences et de<br />

l’industrie<br />

Palais de la découverte<br />

7 et 9<br />

juin<br />

8, 9 et 10<br />

juin<br />

8 juin-31<br />

juillet<br />

8 juin-31<br />

juillet<br />

20h La Géode 8 juin<br />

18h30 <strong>Ircam</strong> 9 juin<br />

11h-22h30 Le CENTQUATRE 9 juin<br />

20h Le CENTQUATRE 9 juin<br />

20h30 Centre Pompidou 9 juin<br />

20h Cité de la musique 11 juin<br />

Murail II J. Harvey, T. Murail 20h Maison de Radio France 12 juin<br />

Murail III<br />

T. Murail, M. Feldman,<br />

M. Momi<br />

16h30 Cité de la musique 13 juin<br />

Espèces d’espaces<br />

P. Jodlowski, O. Schneller,<br />

P. Leroux, T. Blondeau<br />

musique/vidéo<br />

20h <strong>Ircam</strong> 14 juin<br />

Electron libre<br />

L’Ombre double<br />

Le Père<br />

Nuit du prototype<br />

S. Gaxie/A. Medvedkine<br />

ciné-concert<br />

O. Duboc/JS. Bach,<br />

P. Boulez<br />

M. Jarrell/André Wilms<br />

théâtre musical<br />

concerts, films,<br />

rencontres, démos<br />

20h30<br />

20h30<br />

20h<br />

16h-minuit<br />

Musée du Louvre,<br />

Auditorium<br />

Centre Pompidou<br />

Athénée Théâtre Louis-<br />

Jouvet<br />

Place Igor Stravinsky et<br />

<strong>Ircam</strong><br />

16 juin<br />

16, 17 et<br />

18 juin<br />

17, 18 et<br />

19 juin<br />

19 juin<br />

2


PROTOTYPES<br />

Créer une intrigue sensible entre le laboratoire, l’université, l’atelier et la société, adresser publiquement des<br />

questions issues de l’invention artistique et de l’imaginaire scientifique, éprouver les effets sensibles du prototype<br />

par les œuvres, c’est immédiatement opérer hors des cadastres des cultures.<br />

L’<strong>Ircam</strong> expose cette singularité dans un festival des « premières fois », un scénario fait d’innovations et de<br />

ruptures, une histoire de prototypes aux répercussions inattendues. Prototypes de Michael Jarrell rencontrant<br />

la langue de Heiner Müller, de Sarkis réintroduisant le hasard perdu dans Roaratorio de Cage, d’Odile Duboc<br />

chorégraphiant Pierre Boulez. Prototype et rêve d’un orchestre parlant chez Jonathan Harvey, d’un théâtre de<br />

lumières et d’un « clavier de sensations » chez Gérard Pesson, première monumentale de Tristan Murail mêlant<br />

grand orchestre, chœurs réels et virtuels. Au prototype artistique appartient ce caractère énigmatique entre tous,<br />

décelé par Proust dans le septuor de Vinteuil, d’être une « durable nouveauté ».<br />

Quel sens esthétique, quelles dimensions artistiques et politiques pour un prototype ? Idéal sans être abstrait,<br />

expérimental sans être indéfini, le prototype affirme l’idée de métier, la fonction nouvelle, l’essai accompli. Il<br />

échappe ainsi à trois lieux communs et usés de la fabrique du contemporain : l’esthétique de la mise en abîme,<br />

le métier aboli de la performance, la fétichisation du processus, devenu promesse indéfinie d’un néant avéré.<br />

Sa mise en œuvre peuple l’atelier de l’artiste d’une foule de savoirs et d’alliances imprévisibles. Les « essais »<br />

magistraux de Monteverdi et les prémices de l’opéra expérimentées au sein des cénacles italiens de la fin du xvi e<br />

siècle empruntaient au même tumulte. L’expressivité du prototype reflète la richesse et l’imbroglio de sa genèse<br />

— c’est toute l’éloquence de son programme, comme l’éclairera au côté de Philippe Leroux, le philosophe Bruno<br />

Latour dans le cycle que lui consacre le Centre Pompidou. Du modèle scientifique ou poétique jusqu’à l’œuvre<br />

singulière, notre prototype-curseur dessine un immense méridien, la possibilité d’une perspective commune<br />

entre artistes et scientifiques, une durée partagée.<br />

Très souvent invoqué mais très rarement accompli, ce Méridien science-arts-société anime les premières<br />

rencontres organisées par l’<strong>Ircam</strong> et universcience – du 8 au 10 juin –, avec des chercheurs, ingénieurs, industriels<br />

et artistes. Le 19 juin, accordant les studios de l’<strong>Ircam</strong> et le grand air de la place Igor-Stravinsky, l’ultime nuit<br />

d’Agora invite à cette circulation intense entre intuition artistique et invention scientifique, procédant par<br />

analogie, applications techniques ou modélisation : tel système de projection sonore (la WFS), bientôt actif dans<br />

la Cour d’honneur d’Avignon pour La Tragédie du roi Richard II de Shakespeare, telle recherche sur les voix de<br />

synthèse ou la générativité de textes, dont s’emparent aujourd’hui un écrivain, un compositeur ou un cinéaste…<br />

Le passage du prototype à ses détournements génériques décrit parfaitement l’allure singulière de l’<strong>Ircam</strong> et<br />

s’apparente à une opération de haute mer. Lorsque les marins portugais voulurent s’élancer au plus loin dans<br />

l’océan Atlantique, ils firent l’hypothèse d’une manœuvre. « Volta do mar » : les vents poussant vers le large<br />

seraient les vents assurant le retour vers une terre. Comment concevoir méridien et prototypes sans cette « volte<br />

de mer » maîtrisée ?<br />

Frank Madlener<br />

3


PROGRAMME<br />

CONCERTS ET SPECTACLES<br />

4


OUVERTURE<br />

LUNDi 7 ET MERCREDi 9 JUiN, 20H30<br />

CENTRE POMPiDOU, GRANDE SALLE<br />

CANTATE ÉGALE PAYS<br />

Ensemble vocal Exaudi<br />

L’Instant Donné<br />

Création lumière et mise en espace Daniel Lévy<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Sébastien Roux<br />

GÉRARD PESSON<br />

Cantate égale pays, commande <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou et Ars Musica, CRÉATION<br />

Production <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, avec le soutien du réseau Varèse, subventionné par le programme Culture de la Commission européenne. Coréalisation<br />

<strong>Ircam</strong>/Les Spectacles vivants-Centre Pompidou. Avec le soutien de la Sacem.<br />

Concert diffusé en direct sur France Musique le 7 juin, présenté par Arnaud Merlin.<br />

Méditée depuis 2007, aiguisée par la lecture des cantates de Bach, la création de Gérard Pesson marque sa<br />

première rencontre avec l’électronique et la lutherie virtuelle. Toute la poétique du compositeur français, un<br />

théâtre de lumières et d’intermittences, investit l’espace scénique des cantates : une machinerie minutieuse de<br />

gestes instrumentaux, d’objets trouvés, détournés ou fabriqués – les « ciels acoustiques » ou l’orgue de verre. La<br />

dramaturgie se souvient du découpage baroque avec ses mouvements à configuration variable, les rythmes de<br />

danse ou l’alternance entre solistes et ensemble. Dans ce « pays-cantate » qui est tout à la fois trace et mémoire,<br />

origine et destination, l’écriture vive du présent (les textes du jeune Mathieu Nuss ou d’Elena Andreyev) est<br />

interrompue par la visitation du passé, ici l’immense poésie de Gérard Manley Hopkins et sa vision d’une nature<br />

transfigurée.<br />

À CAGE ROARATORiO<br />

SARKIS<br />

À Cage Roaratorio, commande Centre Pompidou, CRÉATION<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Thomas Goepfer<br />

Coproduction <strong>Ircam</strong> et Centre Pompidou,<br />

dans le cadre de l’exposition « Sarkis-Passages » organisée au Centre Pompidou.<br />

LUNDi 7 JUiN,19H ET 22H<br />

iRCAM, ESPACE DE PROJECTiON<br />

Le 19 janvier 1981, John Cage créait Roaratorio à l’<strong>Ircam</strong>, sa lecture de Finnegans Wake de Joyce, environnée par<br />

l’empreinte sonore des lieux mentionnés dans ce livre prototype.<br />

Le 7 juin 2010, dans le cadre de son exposition « Passages » au Centre Pompidou, l’artiste Sarkis projette<br />

son propre Roaratorio : l’archéologie des éléments d’origine de la bande radiophonique a permis un nouvel<br />

agencement spatialisé. Réinsuffler le hasard et le désordre là où l’archive fige tout, c’est vivre une expérience<br />

réellement cagienne. Et suivant la recommandation de Cage, l’écouter « sera plus aller à l’orage que d’aller au<br />

concert ».<br />

Retrouvez France Musique<br />

en direct et en public de l’<strong>Ircam</strong><br />

le lundi 7 juin à partir de 18h<br />

pour une soirée spéciale Agora<br />

5


MÉRiDiEN SCiENCE-ARTS-SOCiÉTÉ<br />

DU MARDi 8 JUiN AU SAMEDi 31 JUiLLET<br />

DU MARDi AU SAMEDi DE 10H À 18H,<br />

LE DiMANCHE DE 10H À 19H<br />

CiTÉ DES SCiENCES ET DE L’iNDUSTRiE<br />

GRAiNSTiCK-2.0<br />

iNSTALLATiON iNTERACTiVE<br />

Ceéation<br />

Conception et création musicale Pierre Jodlowski<br />

Création visuelle (vidéo) Raphaël Thibault<br />

Conception scénographie et maîtrise d’ouvrage<br />

Christophe Bergon<br />

Design sonore Jacky Mérit<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Robin Meier<br />

Équipes <strong>Ircam</strong> Espaces acoustiques et cognitifs Olivier Warusfel,<br />

Grace Leslie et Interactions musicales temps réel<br />

Frédéric Bevilacqua, Bruno Zamborlin, Diemo Schwarz<br />

Coproduction <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, universcience. Avec l’aide à la<br />

production d’Arcadi. Avec le soutien du projet européen SAME (programme<br />

ICT de la Commission européenne), du Conseil de la création artistique.<br />

Pierre Jodlowski conçoit une installation immersive<br />

où l’utilisateur interagit de manière intuitive et<br />

intelligente avec un environnement sonore et visuel.<br />

Issu des recherches menées au sein du projet européen<br />

SAME par une équipe pluridisciplinaire de l’<strong>Ircam</strong>,<br />

GrainStick-2.0 transforme un prototype technologique<br />

en un espace sensible pour le public : la navigation,<br />

révélant peu à peu une complexité insoupçonnée,<br />

traverse des scènes sonores spatialisées et met en<br />

vibration un monde organique.<br />

DU MARDi 8 AU SAMEDi 31 JUiLLET<br />

PALAiS DE LA DÉCOUVERTE<br />

MORTUOS PLANGO, ViVOS VOCO<br />

iNSTALLATiON ViDÉO<br />

Musique Jonathan Harvey<br />

Réalisation visuelle Visual kitchen (Sam Vanoverscheide<br />

& Jurgen Van Gemert)<br />

Concept Lieven Bertels<br />

Coproduction <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou (avec le soutien du réseau Varèse,<br />

subventionné par le programme Culture de la Commission européenne),<br />

universcience.<br />

Composée par Jonathan Harvey en 1980, ce chefd’œuvre<br />

de l’électroacoustique mêle la voix du<br />

fils du compositeur, choriste, et les harmoniques<br />

de la cloche de la cathédrale de Winchester par le<br />

traitement électronique (logiciel CHANT pour les<br />

voix de synthèses conçu à l’<strong>Ircam</strong>). Trente ans après la<br />

création de Mortuos Plango, vivos voco, le collectif Visual<br />

Kitchen crée une installation vidéo intrinsèquement<br />

liée au déroulement musical. Le spectateur-auditeur<br />

est invité à devenir l’un des éléments d’un tableau<br />

vidéo projeté sur une surface carrée au sol.<br />

CONFÉRENCE ET FiLMS<br />

MARDi 8 JUiN, 20H, GÉODE<br />

Mutations of matter de R. RIVAS et C. FRANKLIN (France, 2008, 15’, VO non sous-titrée).<br />

Vox Humana de HYUN-HWA CHO et RAPHAËL THIBAULT (France, 2009, 14’).<br />

C’est au cœur de l’espace urbain de New York, ville réelle et fantasmée, que les jeunes compositeur Roque Rivas<br />

et vidéaste Carlos Franklin trouvent la source d’une œuvre commune. Mutations of matter parcourt et reconstruit<br />

la ville vécue par ses habitants ou rêvée par le discours de ses architectes.<br />

Production <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, universcience, La Géode (dans le cadre du 25 e anniversaire de la Géode). Avec le soutien du Conseil de la création artistique.<br />

6


ÉMERGENCE : JEUNE CRÉATiON<br />

MERCREDi 9 JUiN, DE 11H À 22H30<br />

LE CENTQUATRE, ATELiER 6<br />

ENTRÉE LiBRE, EN PRÉSÉNCE DE LA COMPOSiTRiCE<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Patricia Alessandrini<br />

Facture instrumentale Paul Stapleton, Sonic Arts Research Centre<br />

Encadrement pédagogique Jean Lochard<br />

PATRICIA ALESSANDRINI<br />

installation sonore, CRÉATION Cursus 2,<br />

préfiguration d’Ainsi le silence (création 2011)<br />

MERCREDi 9 JUiN, 20H<br />

LE CENTQUATRE, SALLE 400<br />

Julien Weiss qanun<br />

Christelle Séry guitare<br />

L’Itinéraire<br />

Direction Mark Foster<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong><br />

Andrea Agostini**, Laurent Pottier, Christopher Trapani*<br />

Encadrement pédagogique Éric Daubresse*, Emmanuel Jourdan**<br />

GIACINTO SCELSI Pranam 2<br />

CHRISTOPHER TRAPANI Cognitive Consonance, CRÉATION Cursus 2*<br />

ANDREA AGOSTINI Legno sabbia vetro cenere, CRÉATION Cursus 2 **,<br />

TRISTAN MURAIL Vampyr !<br />

Coproduction <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, L’Itinéraire. Coréalisation <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, CENTQUATRE. L’<strong>Ircam</strong> est partenaire du CENTQUATRE<br />

pour l’accueil de projets d’expérimentations autour du spectacle vivant. Avec le soutien de la Fondation Jean-Luc Lagardère pour la production des projets<br />

Cursus 2 et la Sacem (bourses d’études aux jeunes compositeurs Cursus 2). **Avec le soutien du projet DE.MO/MovinUp.<br />

Rendez-vous international de la création émergente, les réalisations du Cursus 2 de l’<strong>Ircam</strong> invitent en 2010<br />

à une plongée dans l’univers des instruments à cordes et de leurs avatars électroniques. Le quatuor à cordes<br />

d’Andrea Agostini se réfléchit dans son image synthétique en une spirale infinie de transcriptions mutuelles.<br />

Cognitive Consonance de Christopher Trapani confronte l’ensemble occidental au qanun turc, ici la cithare à cordes<br />

pincées de Julien Weiss de l’Ensemble Al kindî, puis à la guitare Telecaster des groupes de rock. Qanuns virtuels,<br />

harmonies micro-tonales ou sons bruités de la guitare électrique contaminent toute l’informatique musicale.<br />

Patricia Alessandrini suspend littéralement ses instruments, cordes et prototypes fabriqués pour l’occasion, pour<br />

exercer à distance un étirement extrême du temps. À l’instar de ce que réalisa au siècle dernier Giacinto Scelsi,<br />

ce concert explore de mille manières le « son juste » et le tempérament inégal, pour s’achever sur la guitare<br />

psychédélique d’un Vampyr ! inattendu de Tristan Murail. Une soirée au CENTQUATRE qui se prolonge le 13 juin<br />

à la Cité de la musique avec les miniatures pour trio à cordes, piano préparé et percussions de Marco Momi.<br />

7


MERCREDi 9 JUiN, 20H30<br />

CENTRE POMPiDOU, CiNÉMA 1<br />

SURROGATE CiTiES<br />

Musique Heiner Goebbels<br />

Interprétation David Moss, Jocelyn B. Smith,<br />

Berliner Philharmoniker, direction Simon Rattle<br />

Mise en scène et chorégraphie Mathilde Monnier<br />

Réalisation Tilo Krauze<br />

Production Berliner Philharmoniker<br />

En collaboration avec Vidéodanse-Centre Pompidou<br />

en écho à l’accrochage du musée « elles@centrepompidou ».<br />

En 1998, Mathilde Monnier demandait à Heiner Goebbels de composer la musique de son spectacle Les Lieux de<br />

là. Une décennie plus tard, le musicien s’est tourné à son tour vers la chorégraphe pour lui offrir de mettre en<br />

scène son opéra Surrogate Cities, à Berlin : une ville « porteuse », un organisme vivant, devenue théâtre puis film.<br />

VENDREDi 11, SAMEDi 12 ET DiMANCHE 13 JUiN<br />

PORTRAiT TRiSTAN MURAiL<br />

La signature de Tristan Murail, c’est tout à la fois l’insigne rareté d’une esthétique distinctive, un langage conséquent<br />

s’emparant de la totalité du phénomène sonore et le rayonnement transatlantique d’un compositeur français,<br />

professeur à la Columbia University de New York depuis 1997. Les traits généalogiques de l’écriture spectrale,<br />

Tristan Murail les avait entraperçus avec enthousiasme dans l’œuvre singulière du compositeur italien Giacinto<br />

Scelsi : musique du processus continu plutôt que du développement discursif, d’un temps orienté et irréversible<br />

plutôt que chronométrique, pensée de la durée pure et de l’unité de la perception… Mais c’est la découverte des<br />

moyens électroniques et informatiques qui aura élargi le style de Murail. Son œuvre intègre rythmes, timbres<br />

et harmonie, instruments et synthèse électronique et modélise des phénomènes naturels, leur périodicité et<br />

leur érosion. Une telle « nature » formalisée se fait évidence mélodique dans L’Esprit des dunes, inspiré du chant<br />

diphonique du Tibet ou du souffle du vent dans le désert de Gobi en Haute Mongolie. Elle sera ailleurs aquatique,<br />

dynamique et fluide ; elle engendrera des turbulences locales et des figurations éblouissantes de chants d’oiseaux<br />

dans Serendib. Dans ce nom mythique donné à l’île de Ceylan par Sinbad le marin, Tristan Murail, le compositeur,<br />

s’est entièrement reconnu : Serendib ou la découverte heureuse et improbable d’une géographie lointaine.<br />

MURAiL I<br />

VENDREDi 11 JUiN, 20H<br />

CiTÉ DE LA MUSiQUE, SALLE DES CONCERTS<br />

Frédéric Stochl contrebasse<br />

Jean-Christophe Jacques voix de basse<br />

Samuel Favre percussion<br />

Frédérique Cambreling harpe<br />

Ensemble intercontemporain<br />

Direction Ludovic Morlot<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Serge Lemouton*, Leslie Stuck*<br />

GIACINTO SCELSI Yamaon, Okanagon<br />

TRISTAN MURAIL Serendib, L’Esprit des dunes*<br />

MATTHIAS PINTSCHER Verzeichnete Spur<br />

Dans le cadre du « portrait Tristan Murail » programmé par la Cité de la musique. Coproduction <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, Cité de la musique,<br />

Ensemble intercontemporain. Avec le soutien de la Sacem. Concert diffusé en direct sur France Musique, présenté par Arnaud Merlin.<br />

8


SAMEDi 12 JUiN, 20H<br />

MAiSON DE RADiO FRANCE,<br />

SALLE OLiViER MESSiAEN<br />

MURAiL II<br />

HARVEY-MURAiL :<br />

SEUiLS DE LA PAROLE<br />

Orchestre philharmonique de Radio France<br />

Direction Pascal Rophé<br />

Chœur du NPS ZaterdagMatinee<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong><br />

Gilbert Nouno*, Arshia Cont*, Grégory Beller**<br />

JONATHAN HARVEY<br />

Speakings*, commande BBC de Glasgow, <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou et Radio France, CRÉATION FRANÇAISE<br />

TRISTAN MURAIL<br />

Les sept Paroles**, commande <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, Radio France et NPS ZaterdagMatinee, CRÉATION FRANÇAISE<br />

Coproduction <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, Radio France. Avec le soutien de la Sacem.<br />

Concert diffusé sur France Musique le jeudi 24 juin à 20h.<br />

Comment tendre vers la parole et le chant par des moyens purement instrumentaux ? Jonathan Harvey réalise<br />

son rêve ancien d’un orchestre parlant. Speakings a tout du prototype : par le filtre de l’analyse, de la transcription<br />

automatique et l’utilisation du logiciel d’orchestration conçu à l’<strong>Ircam</strong>, Speakings approche sa cible vocale en<br />

« musicalisant » la parole et en utilisant simultanément une voix virtuelle. Speakings ou la naissance d’une<br />

prosodie orchestrale. Le projet de Tristan Murail est tout aussi exceptionnel dans son catalogue. Les sept Paroles<br />

surgissent d’une tentative ancienne de mêler grand chœur, orchestre et chœurs virtuels, capables d’accéder<br />

aux tessitures extrêmes. La presqu’absente du catalogue de Murail, la voix, s’inscrit ainsi au seuil d’une fresque<br />

monumentale.<br />

MURAiL III<br />

Solistes de l’Ensemble intercontemporain<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Marco Momi*<br />

Encadrement pédagogique Mikhail Malt*<br />

TRISTAN MURAIL<br />

Vues aériennes, Garrigue, Les ruines circulaires<br />

MORTON FELDMAN<br />

Durations III<br />

MARCO MOMI<br />

Iconica IV*, CRÉATION Cursus 2<br />

DiMANCHE 13 JUiN, 16H30<br />

CiTÉ DE LA MUSiQUE, AMPHiTHÉÂTRE<br />

Dans le cadre du « portrait Tristan Murail » programmé par la Cité de la musique. Coproduction <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, Cité de la musique, Ensemble<br />

intercontemporain. Avec le soutien de la Sacem (bourses d’études aux jeunes compositeurs Cursus 2).<br />

9


LUNDi 14 JUiN, 20H<br />

iRCAM, ESPACE DE PROJECTiON<br />

ESPÈCES D’ESPACES<br />

Donatienne Michel-Dansac soprano<br />

Ensemble Cairn<br />

Direction Guillaume Bourgogne<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong><br />

José Miguel Fernandez*, Frédéric Voisin**<br />

Conception et direction artistique Jérôme Combier<br />

Vidéo Pierre Nouvel<br />

Typographe Thomas Huot-Marchand<br />

PIERRE JODLOWSKI Jour 54<br />

OLIVER SCHNELLER Stratigraphie*, commande ministère de la Culture et de la communication<br />

THIERRY BLONDEAU Pêle-mêle<br />

PHILIPPE LEROUX Voi(Rex)**<br />

Coproduction <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, ensemble Cairn, Le Grand R - Scène nationale de la Roche-sur-Yon, Ars Musica. Avec le soutien de la Sacem.<br />

L’espace blanc de la page de Georges Perec, l’espace visuel du vidéaste Pierre Nouvel, l’espace acoustique et<br />

physique investi par des œuvres musicales : une triple composition d’espèces d’espaces constitue la scène de la<br />

soirée de l’ensemble Cairn. Les œuvres de Thierry Blondeau, Oliver Schneller et Pierre Jodlowski sollicitent<br />

chacune une dimension spécifique de la spatialisation acoustique et électronique, une idée que subsume Voi(Rex)<br />

de Philippe Leroux. Ici le passage du symbole au signal, de l’écriture au son, est la visibilité de lettres tracées<br />

dans l’espace, devenues profils mélodiques. « L’espace de notre vie n’est ni continu, ni infini, ni homogène, ni<br />

isotrope. Mais sait-on précisément où il se brise, où il se courbe, où il se déconnecte et où il se rassemble ? »<br />

Espèces d’espaces, Georges Perec, Éditions Gallilée, Paris, 1974.<br />

ÉLECTRON LiBRE<br />

Le Bonheur, film d’ALEXANDRE MEDVEDKINE,<br />

1934, 64’, noir et blanc, muet, URSS<br />

Création musicale électronique de SÉBASTIEN GAXIE,<br />

commande musée du Louvre<br />

Coproduction <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, musée du Louvre (programme Electron(s) libre(s)),<br />

avec le soutien de la Sacem.<br />

MERCREDi 16 JUiN, 20H30<br />

MUSÉE DU LOUVRE, AUDiTORiUM<br />

Khmyr, pauvre paysan, cherche un bonheur impossible dans la Russie tsariste. Après la révolution, il entre dans<br />

un kolkhoze. Avec Le Bonheur, Medvedkine réalise une comédie satirique, tendre et loufoque, dont l’originalité<br />

et l’inventivité ont été louées par Eisenstein et Chris Marker. Après ses Montagnes russes sur la Pnyx, marquant sa<br />

sortie du Cursus 2 de l’<strong>Ircam</strong>, le jeune compositeur Sébastien Gaxie associe sa passion du cinéma – il est l’auteur<br />

de courts-métrages – et de l’écriture électronique.<br />

10


MERCREDi 16, JEUDi 17 ET VENDREDi 18 JUiN, 20H30<br />

CENTRE POMPiDOU, GRANDE SALLE<br />

L’OMBRE DOUBLE<br />

CRÉATION<br />

Chorégraphie Odile Duboc<br />

Scénographie, lumières Françoise Michel<br />

Danseurs Bruno Danjoux, Stéfany Ganachaud, Kevin Jean,<br />

Blandine Minot, Françoise Rognerud<br />

Gordan Nikolitch violon*, Philippe Berrod clarinette**<br />

Jean-Sébastien Bach Partitas*,<br />

Pierre Boulez Dialogue de l’ombre double**<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Andrew Gerzso**<br />

Coproduction compagnie à contre jour, <strong>Ircam</strong>/Les Spectacles vivants-Centre Pompidou. Avec le soutien de la SACD et du CENTQUATRE. L’<strong>Ircam</strong> est<br />

partenaire du CENTQUATRE pour l’accueil de projets d’expérimentation autour du spectacle vivant.<br />

Pour cette première collaboration avec l’<strong>Ircam</strong>, Odile Duboc chorégraphie Dialogue de l’ombre double de Pierre<br />

Boulez. Jouées en alternance par le clarinettiste et par son « double » enregistré, les strophes musicales façonnent<br />

tout l’esprit de ce dialogue. L’autre double convié par ce spectacle de danse s’appelle Bach, et, en particulier,<br />

la grande chaconne pour violon, dont la forme fascine tant Odile Duboc. Source d’une lecture infinie et de<br />

nombreuses transcriptions, la musique de Bach porte au plus haut degré la puissance de la déduction, l’unité<br />

de l’écriture, de la virtuosité et de la forme. Pierre Boulez a souligné cet aspect d’une œuvre entendue « moins<br />

comme un manifeste de conquête que comme un manifeste d’extension ». Dans la perspective tracée par Odile<br />

Duboc, un manifeste chorégraphique ?<br />

LE PÈRE<br />

JEUDi 17, VENDREDi 18 ET SAMEDi 19 JUiN, 20H<br />

ATHÉNÉE THÉÂTRE LOUiS-JOUVET, GRANDE SALLE<br />

Musique Michael Jarrell<br />

Mise en scène André Wilms<br />

Assistante à la mise en scène Céline Gaudier<br />

Lumières Hervé Audibert<br />

Vidéo Stéphane Gatti<br />

Décors et costumes Adriane Westerbarkey<br />

Assistante décors et costumes Stéphanie Rauch<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Serge Lemouton<br />

Comédien Gilles Privat<br />

Soprano Susanne Leitz-Lorey<br />

Mezzo-soprano Truike van der Poel<br />

Contralto Raminta Babickaite<br />

Les Percussions de Strasbourg<br />

Jean-Paul Bernard, Claude Ferrier, Bernard Lesage, Keiko Nakamura, François Papirer et Olaf Tzschoppe<br />

MICHAEL JARRELL<br />

Le Père, CRÉATION FRANÇAISE, théâtre musical d’après la pièce de Heiner Müller, commande ministère de la<br />

Culture et de la communication, <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, Percussions de Strasbourg et Festival de Schwetzingen<br />

Coproduction <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou (avec le soutien du réseau Varèse, subventionné par le programme Culture de la Commission européenne),<br />

Percussions de Strasbourg, Festival de Schwetzingen, en coréalisation avec l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet. Avec le soutien de Pro Helvetia, Fondation<br />

suisse pour la culture et de la SACD.<br />

Spectacle diffusé sur France Musique le lundi 20 septembre à 20h dans le cadre des Lundis de la contemporaine, émission présentée par Arnaud Merlin.<br />

11


JEUDi 17, VENDREDi 18 ET SAMEDi 19 JUiN, 20H,<br />

ATHÉNÉE THÉÂTRE LOUiS-JOUVET, GRANDE SALLE<br />

LE PÈRE (suite)<br />

« Le mieux c’est un père mort-né. Toujours repousse l’herbe par-dessus la frontière. L’herbe doit être arrachée<br />

de nouveau et de nouveau qui pousse par dessus la frontière. »<br />

Ainsi s’ouvre le récit autobiographique de l’écrivain Heiner Müller. Commençant sous le régime nazi, s’achevant<br />

dans le pouvoir communiste, Le Père traverse une vie et saisit une histoire de l’Allemagne. En dix fragments, ce<br />

texte abrupt et intime explore la relation entre un fils et son père, ou plus exactement leur incommensurable<br />

distance. Après le monodrame Cassandre d’après Christa Wolf, après l’opéra La Vie de Galilée adapté de Bertolt<br />

Brecht, Michael Jarrell rencontre la langue dense et violente du dramaturge allemand Heiner Müller, l’un des<br />

écrivains contemporains qui aura le plus marqué la création musicale — en témoignent les œuvres de Pascal<br />

Dusapin, Wolfgang Rihm, Georges Aperghis ou Heiner Goebbels.<br />

Sous la direction d’André Wilms, Le Père met en scène un acteur, un ensemble vocal, les Percussions de Strasbourg,<br />

le traitement et la spatialisation électronique d’un théâtre musical. Maître des transitions infimes, Michael<br />

Jarrell en compose les apparitions et les disparitions, les ombres et les projections de fragments de mémoire<br />

individuelle ou collective.<br />

iMAGES D’UNE ŒUVRE N° 8<br />

LE PÈRE DE MiCHAEL JARRELL<br />

VENDREDi 18 JUiN, 19H-19H30<br />

ATHÉNÉE THÉÂTRE LOUiS-JOUVET, SALLE CHRiSTiAN-BÉRARD<br />

Projection et rencontre avec les auteurs dans le cadre des «d’abord» de l’Athénée<br />

Entrée libre dans la mesure des places disponibles<br />

Comment s’opère le travail pluridisciplinaire à l’œuvre dans un projet de théâtre musical singulier comme<br />

Le Père ? Le court documentaire revient sur une année de travail entre les différents protagonistes de la<br />

création à venir.<br />

12


SAMEDi 19 JUiN, DE 16H À 24H<br />

PLACE iGOR-STRAViNSKY ET iRCAM<br />

NUiT DU PROTOTYPE<br />

La nuit du 19 juin appartient à la place Igor-Stravinsky et aux studios de l’<strong>Ircam</strong>, envahis par quelques prototypes<br />

technologiques en action, films de musique et œuvres prospectives. Inaugurée par les Percussions de Strasbourg<br />

dans les Pléiades, l’œuvre emblématique de Xenakis, cette déambulation rencontre la création émergente (Kenji<br />

Sakai), l’électronique (Philippe Manoury), le dionysiaque (Les Bacchantes selon Georgia Spiropoulos où le<br />

masque grec est devenu masque virtuel), le graffiti sonore (Dans le mur de Georges Aperghis), ou la démesure du<br />

piano (Stockhausen). D’un plateau à ciel ouvert jusqu’aux laboratoires de l’<strong>Ircam</strong>, une autre fête de la musique.<br />

CONCERT GRATUiT EN PLEiN AiR<br />

Place Igor-Stravinsky / 16h<br />

Percussions de Strasbourg<br />

IANNIS XENAKIS Pléiades<br />

OUVERTURE DE LABOS : VOiX, GESTE ET iNTERACTiON<br />

SONORE, iMPROViSATiON, LUTHERiE ViRTUELLE<br />

ET OUTiLS POUR LA PRODUCTiON AUDiO<br />

<strong>Ircam</strong>, studio 5 et salle Shannon / 16h30 - 22h, entrée libre<br />

« iMAGES D’UNE ŒUVRE »<br />

Salle Igor-Stravinsky / 16h30-22h, entrée libre<br />

Projection de la série documentaire « Images d’une œuvre » n° 1 à 8<br />

Jérôme Combier, Pierre Jodlowski, Philipp Maintz, Georges Aperghis, Luis Naón, Myriam Gourfink/Georg-<br />

Friedrich Haas, Marco Stroppa, Michael Jarrell<br />

CONCERTS ET FiLMS (programmation en cours)<br />

Espace de projection / 18h<br />

Gilles Durot percussion<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Kenji Sakai encadré par Éric Daubresse*<br />

XENAKIS Rebonds<br />

KENJI SAKAI Astral/Chromoprojection* (Cursus 2, 2009)<br />

Espace de projection / 19h30<br />

Nicolas Hodges piano • réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Sébastien Roux**<br />

GEORGES APERGHIS Dans le mur**<br />

KARLHEINZ STOCKHAUSEN Klavierstücke X<br />

Espace de projection / 21h30<br />

PHILIPPE MANOURY, Le Prélude, Scène 9, pièces électroacoustiques d’après K, CRÉATIONS<br />

Mikrophonie 1, film de SYLVAIN DHOMME (France, 1966, 27’)<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Serge Lemouton, Carlo Laurenzi<br />

Espace de projection / 23h<br />

Médéric Collignon voix<br />

Arnaud Jung création lumière • réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Thomas Goepfer<br />

GEORGIA SPIROPOULOS Les Bacchantes*, d’après l’œuvre éponyme d’Euripide,<br />

commande de l’<strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, CRÉATION<br />

Production <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, avec le soutien du réseau Varèse, subventionné par le programme Culture de la Commission européenne.<br />

Avec le soutien de la Sacem et du Conseil de la création artistique.<br />

13


MÉRiDiEN<br />

SCiENCE-<br />

ARTS-SOCiÉTÉ<br />

14


MÉRiDiEN SCiENCE-ARTS-SOCiÉTÉ<br />

ENJEUX<br />

Tour à tour opposés ou alliés au cours des siècles passés, l’art et la science poursuivent au xxi e siècle un<br />

dialogue complexe et fécond basé sur une fascination mutuelle. Très souvent invoquée et très rarement<br />

accomplie, la perspective commune entre science et art rencontre plusieurs obstacles récurrents,<br />

malgré les nombreuses études entreprises depuis vingt ans en France sur ce sujet : séparation des<br />

cultures et des formations, éloignement des publics respectifs, nombre restreint de projets communs.<br />

En fédérant une série d’actions emblématiques où se rencontrent réellement cultures scientifiques et<br />

artistiques, le Méridien science-arts-société expose les lignes de force de l’intuition artistique, de<br />

l’innovation technologique et de la découverte scientifique et leur perception dans l’espace public.<br />

DiSPOSiTiF<br />

Ce projet soutient simultanément des rencontres transdisciplinaires avec plusieurs acteurs en France et<br />

en Europe et la constitution d’un réseau national et européen, relais pour la formation et la transmission<br />

vers les publics. Trois types d’articulations entre science-arts-société sont parcourus par ce projet :<br />

l’analogie science-art (fictions partagées, parallélismes entre art et science), l’application (l’impact de<br />

la technologie), l’expérimentation (mise en place de modèles).<br />

En créant une plate-forme des arts, sciences, industries culturelles et technologies, la France s’inscrira<br />

dans un mouvement culturel déjà anticipé en Europe ou à l’étranger. Le contexte s’avère aujourd’hui<br />

très favorable à cette initiative pour plusieurs raisons :<br />

• l’intérêt des scientifiques pour les valeurs de l’imagination (cf. astronomie, biologie, physique,<br />

logiques floues, lois du chaos...) et l’importance d’une dimension esthétique dans la formulation<br />

de la découverte scientifique.<br />

• Et l’intérêt des artistes pour l’innovation et pour les sciences du numérique, de la simulation, de la<br />

modélisation virtuelle.<br />

Saisissant cette convergence d’intérêts, ce projet science-arts-société se donne plusieurs priorités<br />

– création, transmission des savoirs, partage des pratiques à partir des cultures scientifique et<br />

artistique – dans les axes suivants :<br />

• Adresser publiquement des questions provenant de la recherche scientifique et de l’imaginaire<br />

artistique et favoriser l’accès du grand public à la culture numérique.<br />

• Articuler culture savante (art contemporain) et populaire (jeux vidéo, musiques électroniques).<br />

• Intégrer des signatures artistiques dans les multiples consortiums et appels à projet autour de la<br />

technologie (lobbying auprès de l’Europe).<br />

• Fédérer des programmes de recherche, uniques au niveau européen, s’appuyant sur un modèle<br />

collaboratif réunissant et soutenant thésards, artistes, chercheurs scientifiques, ingénieurs,<br />

historiens, interprètes... (nouveau modèle pour doctorat en arts).<br />

Ces lignes de force s’articulent en trois temps :<br />

• Programmation art et science sur la WebTV e-sciences (transmission)<br />

• Installations interactives destinées à un grand public (expérimentation)<br />

• Consolidation d’un réseau lors de rencontres transdisciplinaires (itinérance et diffusion)<br />

15


PARTENAiRES<br />

L’<strong>Ircam</strong> : Centre de création laboratoire de recherche (CNRS), lieu de formation (Paris 6), compagnie<br />

itinérante de productions<br />

universcience<br />

Et la mobilisation de leur réseau respectif<br />

<strong>Ircam</strong> : Arena Festival (Lettonie) / Casa da Música (Porto) / KunstFestSpiele (Hanovre) / Fundação<br />

Gulbenkian (Lisbonne) / Holland Festival (Amsterdam) / Konzerthaus (Berlin) / MaerzMusik/(Berlin) /<br />

Musica (Strasbourg) / Musicadhoy (Madrid) / Musica Nova (Helsinki) / T&M (Paris) / Ultima Festival<br />

(Oslo) / Warsaw Autumn (Pologne) / Wien Modern (Allemagne) / Télécom ParisTech (Paris) / université<br />

de Gênes (Italie) / CIRMMT-université McGill (Canada) / CCRMA-université de Stanford (Californie,<br />

États-Unis) / CNMAT-université de Berkeley (Californie, États-Unis) / UCSD-université de San Diego<br />

(Californie, États-Unis) / université de Cali (Colombie) / Université technique de Berlin (Allemagne) /<br />

Institut royal de technologie (KTH), Stockholm (Suède) / École normale supérieure (Paris) / Institut<br />

de recherche en informatique et systèmes aléatoires (IRISA, Rennes) / Laboratoire de mécanique<br />

et d’acoustique (LMA, Marseille) / Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de<br />

l’ingénieur (LIMSI, Orsay) / Laboratoire d’acoustique de l’université du Maine (LAUM, Le Mans) /<br />

université de Leeds (Royaume-Uni) / Laboratoire d’informatique de l’École polytechnique (LIX, Orsay)<br />

École des hautes études en sciences sociales (EHESS, Paris) / Conservatoire national supérieur de<br />

musique et de danse de Paris (CNSMDP, Paris).<br />

universcience : ZKM (Karlsruhe) / Ars Electronica (Linz) / SAT (Société des arts technologiques,<br />

Montréal) / ICC (InterCommunication Center, Tokyo) / Science Museum (Welcome Wing, Londres) /<br />

DASA (Dortmund) / Deutsches Hygiene Museum (Dresde) / Museu de la Ciencia (Barcelone) / Città della<br />

Scienza (Naples) / Museo Tridentino di Scienze Naturali ( Trente) / Exploratorium (San Francisco) /<br />

Children’s Museum (Pittsburgh) / Science Gallery (Dublin) / centres de recherche : MIT, NASA, CNES.<br />

UNiVERSCiENCE<br />

Depuis le 1 er janvier 2010, universcience est le nouvel établissement public de diffusion de la culture scientifique et<br />

technique, né du regroupement du Palais de la découverte et de la Cité des sciences et de l’industrie.<br />

Présidé par Claudie Haigneré, universcience a pour mission de rendre accessible à tous, la culture scientifique, en<br />

amenant des publics plus larges à la compréhension des sciences et des techniques, tant dans leur processus de création<br />

que dans leurs interactions avec la société. Par des présentations variées accordant une grande place au dialogue avec<br />

les médiateurs, universcience souhaite redonner aux sciences leur place dans la culture générale : décloisonner les<br />

savoirs pour mettre en exergue l’intérêt des approches interdisciplinaires (sciences fondamentales, sciences du vivant,<br />

sciences humaines et sociales, technologies de l’information et de la communication, arts). L’ambition d’universcience<br />

est de créer un nouvel humanisme en accompagnant les visiteurs vers une culture générale dans laquelle lettres,<br />

sciences, arts et techniques ne sont plus des entités séparées mais entretiennent des liens féconds.<br />

Parce que l’art entretient une histoire avec les sciences depuis les projets de création du Palais de la découverte et de la Cité<br />

des sciences et de l’industrie, universcience en fait un des axes majeurs de sa programmation déclinée sur les deux sites.<br />

Aujourd’hui, universcience et l’<strong>Ircam</strong> s’associent dans un projet appelé Méridien science-arts-société soutenu par le<br />

Conseil de la création artistique, pour développer un réseau science-arts-société et présenter des créations, confrontant<br />

les expériences de chercheurs, ingénieurs, artistes et industriels.<br />

Contacts presse Méridien science-arts-société universcience :<br />

Caroline Huguenet 01 40 05 73 61 / caroline.huguenet@universcience.fr<br />

Christelle Linck 01 40 74 81 04 /christelle.linck@universcience.fr<br />

16


MARDi 8, MERCREDi 9, JEUDi 10 JUiN, SAMEDi 19 JUiN<br />

UNiVERSCiENCE (CiTÉ DES SCiENCES ET DE L’iNDUSTRiE<br />

ET PALAiS DE LA DÉCOUVERTE), iRCAM ET<br />

UNiVERSiTÉ PiERRE ET MARiE CURiE<br />

RENCONTRES<br />

DU MÉRiDiEN SCiENCE-ARTS-SOCiÉTÉ<br />

La Cité des sciences et de l’industrie et le Palais de la découverte, regroupés au sein d’universcience,<br />

et l’<strong>Ircam</strong> s’associent en juin 2010 pour éclairer les fécondations croisées des champs de l’activité<br />

humaine. En fédérant une série d’actions emblématiques où se rencontrent cultures scientifiques et<br />

artistiques, création et recherche, le Méridien science-arts-société parcourt les lignes de force de<br />

l’intuition artistique, de l’innovation technologique, de la découverte scientifique et leur perception<br />

dans l’espace public. Un tel axe traverse le laboratoire, l’université, l’atelier d’artiste, l’entreprise et<br />

la société. Si l’imaginaire artistique et l’invention scientifique ne se confondent pas, on peut toutefois<br />

concevoir qu’un même mouvement chercheur construit l’autonomie de leurs territoires respectifs.<br />

Qu’est-ce qu’une durée partagée entre artistes et scientifiques lorsque les cultures et les formations<br />

restent séparées ? Comment s’opèrent la recherche, l’expérimentation et les effets génériques dans les<br />

arts, la science et la société ? Le projet du Méridien, qui prélude à la création d’un observatoire sciencearts,<br />

soutient des rencontres transdisciplinaires, avec plusieurs acteurs en France et en Europe, et la<br />

constitution d’un réseau national et européen. Trois types de relations entre arts et science sont ainsi<br />

explorés : l’analogie (fictions partagées, parallélismes entre art et science), l’application (impact de la<br />

technologie), la modélisation (logiques croisées et transfert de concepts).<br />

Aux interventions croisées des chercheurs et des artistes s’adjoindront des expériences sensibles<br />

notamment par le biais d’installations interactives, de projections de films et lors de la nuit du<br />

prototype. Articulées autour des notions d’« espace-corps-son », de « modèle-prototype-œuvre » et<br />

de « recherche en art », ces trois premières journées du Méridien science-arts-société accueillent la<br />

cinquième conférence du réseau Varèse, ambition d’une coopération culturelle européenne portant sur<br />

les enjeux de la création et de la recherche artistique dans l’espace européen.<br />

Programme en ligne le 3 mai 2010 sur www.ircam.fr et www.universcience.fr<br />

17


MARDi 8 JUiN, 10H30-22H<br />

CiTÉ DES SCiENCES ET DE L’iNDUSTRiE, GÉODE<br />

ESPACE/CORPS/SON<br />

L’installation GrainStick - 2.0, du compositeur Pierre Jodlowski (voir p.6), préfigure l’émergence de nouvelles<br />

formes musicales interactives spatialisées. Son inauguration est l’occasion de questionner, sous la thématique<br />

espace/corps/son, la manière dont la notion d’espace, dans ses rapports au corps et au son, est abordée par<br />

différentes approches artistiques (musique, danse, théâtre, cinéma, design), en lien avec les avancées des<br />

technologies (spatialisation des sons, synthèse d’image) et à la lumière des connaissances scientifiques<br />

(physique, sciences cognitives).<br />

SYMPOSiUM iNTERNATiONAL ESPACE/CORPS/SON<br />

10H30-17H, ENTRÉE LiBRE<br />

Intervenants<br />

Marc Lachièze-Ray, physicien / Patrick Haggard, neuroscience, University College of London / Olivier Warusfel,<br />

acoustique, <strong>Ircam</strong> / Odile Duboc, chorégraphe / Pierre Jodlowski, compositeur / Jean-Luc Hervé, compositeur /<br />

Dominique David, Commissariat à l’énergie atomique / Anne-Marie Duguet, sociologue, université Paris I / Michel<br />

Serres, philosophe, Académie Française<br />

iNAUGURATiON<br />

À PARTiR DE 18H30<br />

Inauguration de l’installation GrainStick-2.0 et présentations du Méridien science-arts-société<br />

CONFÉRENCE ET FiLMS<br />

MARDi 8 JUiN, 20H, GÉODE<br />

Mutations of matter de R. RIVAS et C. FRANKLIN (France, 2008, 15’, VO non sous-titrée).<br />

Vox Humana de HYUN-HWA CHO et RAPHAËL THIBAULT (France, 2009, 14’).<br />

Production <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, universience, La Géode (dans le cadre du 25e anniversaire de la Géode).<br />

Avec le soutien du Conseil de la création artistique.<br />

18


MODÈLE/<br />

PROTOTYPE/ŒUVRE<br />

MERCREDi 9 JUiN ET JEUDi 10 JUiN, 10H-20H30<br />

iRCAM ET UNiVERSiTÉ PiERRE ET MARiE CURiE<br />

Régime spécial de production d’un objet-programme, la notion de prototype (prototype d’usage ou prototype<br />

d’objets) sous-tend une expérimentation et préfigure la production d’une série. Inaugurant une réalisation<br />

technique sans précédent, elle peut cependant se fonder sur une modélisation de portée plus générale,<br />

interrogeant le statut du modèle comme forme de transfert conceptuel entre élaboration scientifique et artistique,<br />

entre connaissance et production d’artefacts. Du modèle scientifique ou poétique jusqu’à l’œuvre singulière, le<br />

prototype dessine la possibilité d’une perspective commune entre artistes et scientifiques.<br />

La notion complexe de recherche en art transfère un aspect central de la culture scientifique vers la pratique<br />

artistique. Cette rencontre explicite l’idée de recherche en art en présentant quelques actions et tentatives<br />

de croisements entre science, technologie et création dans les écoles d’art ou au sein d’universités. Ce qui<br />

s’expérimente aujourd’hui sollicite l’invention de nouveaux modèles collaboratifs de recherche. Cette question<br />

se cristallise aussi autour de la notion de doctorat en art concernant aujourd’hui de nombreux lieux de formation<br />

supérieure.<br />

Intervenants<br />

Elie During, philosophe/ Bruno Latour, philosophe / Philippe Leroux, compositeur / Nicolas Donin, <strong>Ircam</strong> / Hortense<br />

Archambault, Festival d’Avignon / Antoine Hennion, sociologue / Gérard Berry, chaire informatique au collège de France /<br />

Arshia Cont, <strong>Ircam</strong> / Jonathan Harvey, compositeur / Yan Maresz, compositeur / Philippe Esling, <strong>Ircam</strong> / Antoine Gindt,<br />

réseau européen Varèse / Gérard Pesson, compositeur / Xavier Rodet, <strong>Ircam</strong> / Alain Fleischer, Le Fresnoy / Horst Hörtner,<br />

Ars Electronica / Andrew Gerzso, <strong>Ircam</strong> / Sarkis, plasticien / Dassault Systèmes /Jean Chambaz, UPMC / Laurent Le Bon,<br />

Centre Pompidou-Metz<br />

SYMPOSiUM iNTERNATiONAL MODÈLE/PROTOTYPE/ŒUVRE<br />

MERCREDi 9 JUiN, 10H-20H ET JEUDi 10 JUiN, 10H-13H, iRCAM, ENTRÉE LiBRE<br />

CONFÉRENCE DU RÉSEAU VARÈSE<br />

JEUDi 10 JUiN, 15H-18H, iRCAM, ENTRÉE LiBRE<br />

TABLE-RONDE RECHERCHE EN ARTS<br />

JEUDi 10 JUiN, 19H-21H, UNiVERSiTÉ PiERRE ET MARiE CURiE, ENTRÉE LiBRE<br />

LA VOiX ET L’ÉLOQUENCE<br />

MERCREDi 9 JUiN, 18H30<br />

iRCAM, ENTRÉE LiBRE<br />

Bruno Latour, philosophe / Philippe Leroux, compositeur / Nicolas Donin, musicologue / Valérie Philippin, soprano<br />

Marqué par la création de Voi(Rex) de Philippe Leroux pour voix, ensemble et électronique, Bruno Latour explore avec le compositeur l’éloquence et la<br />

persuasion d’une théâtralité vocale, devenues archétype pour une deuxième œuvre de Leroux, Apocalypsis. Le musicologue Nicolas Donin et la chanteuse<br />

Valérie Philippin interrogent le cheminement de la composition musicale pour mieux saisir les liens avec la création de concepts. Comment un<br />

prototype est-il devenu répertoire, riche d’une cinquantaine de reprises depuis sa création ?<br />

Dans le cadre du cycle « Selon Bruno Latour ». Soirée organisée conjointement par l’<strong>Ircam</strong> et le Département du développement culturel du Centre Pompidou.<br />

19


SAMEDi 19 JUiN, DE 16H À 24H<br />

PLACE iGOR-STRAViNSKY ET iRCAM<br />

NUiT DU PROTOTYPE<br />

La nuit du 19 juin appartient à la place Igor-Stravinsky et aux studios de l’<strong>Ircam</strong>, envahis par quelques prototypes<br />

technologiques en action, films de musique et œuvres prospectives. Inaugurée par les Percussions de Strasbourg<br />

dans les Pléiades, l’œuvre emblématique de Xenakis, cette déambulation rencontre la création émergente (Kenji<br />

Sakai), l’électronique (Philippe Manoury), le dionysiaque (Les Bacchantes selon Georgia Spiropoulos où le<br />

masque grec est devenu masque virtuel), le graffiti sonore (Dans le mur de Georges Aperghis), ou la démesure du<br />

piano (Stockhausen). D’un plateau à ciel ouvert jusqu’aux laboratoires de l’<strong>Ircam</strong>, une autre fête de la musique.<br />

CONCERT GRATUiT EN PLEiN AiR<br />

Place Igor-Stravinsky / 16h<br />

Percussions de Strasbourg<br />

IANNIS XENAKIS Pléiades<br />

OUVERTURE DE LABOS : VOiX, GESTE ET iNTERACTiON<br />

SONORE, iMPROViSATiON, LUTHERiE ViRTUELLE<br />

ET OUTiLS POUR LA PRODUCTiON AUDiO<br />

<strong>Ircam</strong>, studio 5 et salle Shannon / 16h30 - 22h, entrée libre<br />

« iMAGES D’UNE ŒUVRE »<br />

Salle Igor-Stravinsky / 16h30-22h, entrée libre<br />

Projection de la série documentaire « Images d’une œuvre » n° 1 à 8<br />

Jérôme Combier, Pierre Jodlowski, Philipp Maintz, Georges Aperghis, Luis Naón, Myriam Gourfink/Georg-<br />

Friedrich Haas, Marco Stroppa, Michael Jarrell<br />

CONCERTS ET FiLMS (programmation en cours)<br />

Espace de projection / 18h<br />

Gilles Durot percussion<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Kenji Sakai* encadré par Éric Daubresse*<br />

XENAKIS Rebonds<br />

KENJI SAKAI Astral/Chromoprojection* (Cursus 2, 2009)<br />

Espace de projection / 19h30<br />

Nicolas Hodges piano • réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Sébastien Roux**<br />

GEORGES APERGHIS Dans le mur**<br />

KARLHEINZ STOCKHAUSEN Klavierstücke X<br />

Espace de projection / 21h30<br />

PHILIPPE MANOURY, Le Prélude, Scène 9, pièces électroacoustiques d’après K, CRÉATIONS<br />

Mikrophonie 1, film de SYLVAIN DHOMME (France, 1966, 27’)<br />

Réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Serge Lemouton, Carlo Laurenzi<br />

Espace de projection / 23h<br />

Médéric Collignon voix<br />

Arnaud Jung création lumière • réalisation informatique musicale <strong>Ircam</strong> Thomas Goepfer<br />

GEORGIA SPIROPOULOS Les Bacchantes*, d’après l’œuvre éponyme d’Euripide,<br />

commande de l’<strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, CRÉATION<br />

Production <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, avec le soutien du réseau Varèse, subventionné par le programme Culture de la Commission européenne.<br />

Avec le soutien de la Sacem et du Conseil de la création artistique.<br />

20


PROTOTYPES<br />

DE L’iRCAM<br />

iRCAM, DU LABORATOiRE À LA SCÈNE<br />

FORMATiON ET TRANSMiSSiON (CURSUS)<br />

21


DU LABORATOiRE À LA SCÈNE<br />

MUSiQUE/THÉÂTRE/CiNÉMA<br />

LA VOiX À L’iRCAM<br />

L’équipe Analyse-synthèse des sons de l’<strong>Ircam</strong> a mené de nombreux travaux sur le traitement des voix chantées<br />

mais aussi parlées : transformation des voix et de l’expressivité, modification des prononciations (accents<br />

toniques) ou des identités, suivi en temps réel et synthèse à partir du texte où l’ordinateur prononce un texte<br />

comme le ferait le locuteur. Ces prototypes mis au point ont été détournés pour différents projets artistiques<br />

musicaux mais aussi dans le spectacle vivant et au cinéma. Dans le film Farinelli de Gérard Corbiaud, la voix du<br />

célèbre castrat avait été recréée par transformation des voix d’un contre-ténor et d’une soprano. Pour le film<br />

Vatel de Roland Joffé, c’est la prononciation de l’anglais qui a été modifiée (accent tonique, voyelles et consonnes<br />

spécifiques, etc.) sans transformer le timbre de l’acteur Gérard Depardieu. Pour Tirésia de Bertrand Bonello,<br />

la voix de l’actrice a été transformée en voix d’homme tout en conservant sa personnalité. À l’inverse, dans le<br />

film Les amours d’Astrée et de Céladon d’Éric Rohmer, le héros affirme pouvoir déguiser sa voix, autant que son<br />

apparence, mais ce sont les programmes informatiques de l’<strong>Ircam</strong> qui lui apportent cette ambiguïté féminine.<br />

Au théâtre, pour Un mage en été d’Olivier Cadiot créé au Festival d’Avignon 2010, parler avec la voix d’une<br />

éminence disparue, transformer les caractéristiques identitaires de la voix telles que la taille, l’âge ou le genre,<br />

étendre les registres vocaux d’un acteur pour amplifier sa palette d’expression et faire évoluer celle-ci dans des<br />

espaces sonores qu’elle est capable de modifier, sont autant de perspectives que l’<strong>Ircam</strong> propose dans le dialogue<br />

continu que l’institut de recherche entretient avec l’imaginaire artistique.<br />

Quelques œuvres<br />

K opéra de Philippe Manoury / 2001<br />

Avis de tempête de Georges Aperghis / 2004<br />

Les sept Paroles de Tristan Murail / création Agora 2010<br />

Les Bacchantes de Georgia Spiropoulos / création Agora 2010<br />

Un Mage en été d’Olivier Cadiot / création Avignon 2010,<br />

reprise au Centre Pompidou du 22 au 27 septembre 2010<br />

La Métamorphose de Michaël Levinas / Opéra de Lille, 2011<br />

Le Scribe, théâtre musical de Georges Aperghis /création 2011<br />

Gutenberg de Philippe Manoury / Opéra de Strasbourg, 2011<br />

Quartett de Luca Francesconi / Scala de Milan, avril 2011<br />

ORCHESTRATiON À L’iRCAM<br />

« Un orchestre qui parle … » : telle est l’image de départ du compositeur Jonathan Harvey pour son œuvre pour<br />

orchestre et électronique. Speakings renouvelle la question de l’orchestration et des matériaux musicaux en<br />

faisant appel aux outils de transcription et d’orchestration automatique développés à l’<strong>Ircam</strong>. La voix enregistrée<br />

est transcrite en matériaux musicaux. Ces matériaux sont ensuite orchestrés par l’ordinateur pour rapprocher<br />

l’écriture instrumentale des structures naturelles de la voix, qui est en quelque sorte la « cible ». L’orchestre<br />

est également transformé en chimères de sons électroniques qui circulent dans l’espace acoustique. Ces<br />

transpositions en temps réel font appel aux techniques de convolution sonore, détournées pour créer des entités<br />

sonores hybrides entre la voix et l’orchestre. À travers ces transpositions électroniques, la voix est omniprésente<br />

pendant toute la pièce et sous toutes ces formes : babillages, lecture de T. S. Elliot, conversations, mantra. Speakings<br />

évoque la nature évolutive de la voix et travaille la frontière perceptive entre parole et musique. La voix devient un<br />

instrument qui n’existe que par l’interaction entre l’orchestre et les sons électroniques : l’électronique imprime<br />

les structures de la voix dans l’orchestre, l’orchestre dénature le sens de la parole à travers l’électronique.<br />

Quelques œuvres<br />

Astral/Chromoprojection de Kenji Sakai / <strong>Ircam</strong>, 2009<br />

Speakings de Jonathan Harvey / 2008 Glasgow, Proms, Agora 2010<br />

Wurstenbuch de Beat Furrer / création 2010, Opéra de Bâle<br />

Nouvelle œuvre pour piano et électronique de Jonathan Harvey / 2011 22


L’ESPACE À L’iRCAM<br />

L’activité de recherche et de développement de l’équipe Espaces acoustiques et cognitifs à l’<strong>Ircam</strong> est centrée sur<br />

l’analyse, la reproduction et la synthèse de scènes sonores, considérées dans leurs dimensions spatiales. Ainsi<br />

la technique WFS permet-elle de synthétiser des « hologrammes sonores » et, à l’inverse des systèmes de hautparleurs<br />

conventionnels, de simuler la position de sources sonores de manière cohérente pour tous les auditeurs<br />

d’un espace donné.<br />

L’installation de la WFS à l’Espace de projection de l’<strong>Ircam</strong> constitue une première en France puisqu’il s’agit du<br />

premier système de ce type et de cette envergure jamais installé sur le territoire national.<br />

Basé sur le principe de Huygens (1678) de reproduction exacte de fronts d’ondes, le concept de la WFS (Wave<br />

Field Synthesis / Synthèse de front d’ondes) a été développé par l’université de Delft aux Pays-Bas au début des<br />

années 1990. Grâce à l’utilisation d’un grand nombre de haut-parleurs contrôlés indépendamment et utilisés<br />

conjointement, la WFS permet de synthétiser des « hologrammes sonores » en simulant les ondes acoustiques<br />

produites par des sources sonores virtuelles.<br />

La WFS n’est pas un simple système d’amplification, elle permet aussi de créer de toutes pièces une source<br />

sonore rayonnant dans l’espace. Ce système offre de nouvelles propriétés perceptives qui résultent notamment<br />

de la possibilité d’interagir avec la salle comme avec un instrument, par exemple, en « jouant » avec son écho<br />

naturel.<br />

Pour Le Père de Michael Jarrell créé dans un théâtre du château de Schwetzingen et repris au théâtre de l’Athénée,<br />

la WFS, installée en nez de scène, permet de créer l’illusion de sources partageant l’espace scénique avec les<br />

interprètes (instrumentistes et chanteurs) mais également de sources surgissant par moment au sein même de<br />

l’espace des spectateurs. Le jeu sur la directivité des sources permet d’augmenter considérablement les effets de<br />

perspective sonore.<br />

Pour la mise en scène de La Tragédie du roi Richard II de Shakespeare, la WFS est couplée au système de diffusion<br />

conventionnel de la Cour d’honneur à Avignon. Elle est principalement utilisée pour le renfort des voix en<br />

exploitant la possibilité de co-localiser l’amplification de chacune des voix avec les acteurs. Occasionnellement elle<br />

est également sollicitée pour déplacer virtuellement les sources sur scène et participer à la mise en espace sonore.<br />

Quelques œuvres<br />

Exposition Dada / Centre Pompidou, 2005<br />

Exposition Beckett / Centre Pompidou, 2007<br />

Operspective Hölderlin de Philippe Schoeller / <strong>Ircam</strong>, 2009<br />

Le Père de Michael Jarrell / Athénée théâtre Louis-Jouvet, 2010)<br />

La Tragédie du roi Richard II de Shakespeare / Festival d’Avignon 2010, Cour d’honneur<br />

23


FORMATiON ET TRANSMiSSiON (CURSUS)<br />

Depuis près de vingt ans, le Cursus de composition et<br />

d’informatique musicale de l’<strong>Ircam</strong> accueille chaque<br />

année des jeunes compositeurs venus du monde entier,<br />

choisis par un comité de lecture.<br />

Depuis 2007, le Cursus est articulé en deux années pour<br />

mieux répondre aux nouveaux enjeux de la formation supérieure<br />

artistique et de l’insertion professionnelle des<br />

jeunes talents. Après une première année d’apprentissage<br />

intensif, la seconde (dite « Cursus 2 ») permet aux compositeurs<br />

de réaliser un projet artistique d’envergure :<br />

• Diversification des formats avec électronique : pièce<br />

soliste, musique de chambre, formations vocales,<br />

ensemble, voire orchestre ;<br />

• Possibilité de travailler en collaboration avec<br />

d’autres disciplines : image (partenariat avec Le<br />

Fresnoy-Studio national des arts contemporains),<br />

danse, jeunes écrivains ;<br />

• Dimension expérimentale forte grâce à l’interaction<br />

avec les laboratoires de recherche de l’<strong>Ircam</strong> ;<br />

• Durée et accompagnement professionnel qui visent<br />

l’autonomie du compositeur dans la réalisation de<br />

l’électronique et le mûrissement d’un projet compositionnel<br />

personnel en lien avec les nouvelles technologies.<br />

Les créations sont présentées lors de la saison artistique<br />

de l’<strong>Ircam</strong> ou pendant le festival Agora donnant aux<br />

projets une grande visibilité qui marque en général une<br />

étape importante de reconnaissance et d’insertion professionnelle<br />

pour les jeunes compositeurs. Ce dispositif<br />

de formation et de soutien à la jeune création représente<br />

pour l’<strong>Ircam</strong> un véritable pari sur l’avenir : l’enjeu est de<br />

développer des relations dans la durée avec ces jeunes<br />

compositeurs en les associant étroitement aux activités<br />

de création, de recherche et de réflexion conduites par<br />

l’institut. Concernant les deux promotions de Cursus 2<br />

(sorties en 2008 et 2009), outre les reprises marquantes<br />

des œuvres créées pendant le Cursus (voir ci-contre), la<br />

plupart des compositeurs ont continué à développer des<br />

liens avec l’<strong>Ircam</strong> ou ses partenaires proches, soit à travers<br />

la commande de nouvelles œuvres, soit à travers leur<br />

participation aux programmes de recherche musicale.<br />

Le Cursus 2 est rapidement devenu un lieu privilégié pour<br />

les jeunes compositeurs désireux d’approfondir leur vision<br />

de l’électronique, de s’impliquer dans le développement<br />

de nouvelles technologies pour la création, de participer<br />

à l’environnement expérimental et réflexif unique<br />

que représente l’<strong>Ircam</strong>.<br />

PARTENARIATS PÉDAGOGIQUES<br />

CNSMD Paris, HEM de Genève, Le Fresnoy<br />

SOUTIENS<br />

SACEM (bourses aux étudiants de Cursus2)<br />

Fondation Jean-Luc Lagardère<br />

Sélection de reprises et nouveaux projets des compositeurs<br />

YANN ROBIN Art of metal II et III<br />

Reprises (C1) : Festival MIA ; Festival Controtempo, Villa Medicis,<br />

Rome, Centre Pompidou Metz, série 1heure/1 œuvre<br />

Reprises (C2) : Festival d’Helsinki, Finlande ; Musica, Strasbourg<br />

Programme de recherche 2009 : OMax (improvisation en temps réel)<br />

Commande Ensemble intercontemporain, <strong>Ircam</strong> : nouvelle œuvre<br />

pour orchestre et électronique (création 2012)<br />

CD à paraître aux éditions Kairos en 2011<br />

MARCO SUAREZ Máquina Mística et Poetry for Dark dolls<br />

Reprises (C1): Auditorium Pablo VI de l’université Javeriana,<br />

Bogota ; CNR d’Annecy<br />

Programme de recherche 2009-2010 : Analyse-resynthèse en<br />

temps réel<br />

Commande Grame, Ensemble orchestral contemporain : nouvelle<br />

œuvre Biennale Musiques en scène à Lyon ; festival Agora, Paris<br />

ROQUE RIVAS Conical intersect et Mutations of matter<br />

(en collaboration avec le vidéaste Carlos Franklin)<br />

Reprises (C1) : CNSM Paris ; Sonic Explorations, Londres ; CRR<br />

Aubervilliers ; Centre-Pompidou Metz, série 1heure/1 œuvre<br />

Reprises (C2) : Rennes, Festival ébruitez-vous ; Festival Dans la<br />

nuit, des images, Grand Palais ; expo Géométries virtuelles, Centre<br />

Culturel français du Cambodge ; Nouvelles images, Maison des Métallos,<br />

Paris ; Festival du court, Pantin ; Arte vidéonight ; Biennale<br />

Musiques en scène [version live] ; JIM ‘10 Rennes [version live]<br />

Programme de recherche 2009-2010 : écriture de la synthèse<br />

Lauréat du concours international de Bourges, catégorie 2009<br />

« Arts, électroniques, performance »<br />

Commande <strong>Ircam</strong> : nouvelle œuvre pour ensemble créée en mars<br />

2010 et tournée internationale<br />

Commande Centre Pompidou, pièce électronique dans le cadre de<br />

l’exposition Soulages<br />

HYUN-HWA CHO Vox Humana<br />

(en collaboration avec le vidéaste Raphaël Thibault)<br />

Reprise : Festival Némo<br />

LORENZO PAGLIEI<br />

Programme de recherche 2008-2009 : contrôle gestuel des<br />

modèles physiques<br />

KENJI SAKAI Astral / Chromoprojection<br />

Reprises : Agora 2010 ; Centre Pompidou Metz 2010 ; Musica 2010<br />

Commande : Trio KDM avec électronique <strong>Ircam</strong> ; LSO pour orchestre<br />

Lauréat du concours Takamitisu 2009<br />

Lauréat du programme LSO Lucerne (commande d’une œuvre pour<br />

orchestre poursuivant son travail de Cursus)<br />

AARON EINBOND What the blind see<br />

Lauréat des Ferienkürze de Darmstadt pour sa pièce Cursus 2<br />

(nouvelle commande)<br />

SÉBASTIEN GAXIE Montagnes russes sur la Pnyx<br />

Commande du musée du Louvre (pièce électronique pour un film muet)<br />

24


SiGNATURES<br />

ARTiSTiQUES<br />

PARCOURS DE L’ŒUVRE DE TRiSTAN MURAiL,<br />

GÉRARD PESSON ET MiCHAEL JARRELL<br />

BiOGRAPHiES DES ARTiSTES<br />

25


PARCOURS DE L’ŒUVRE DE TRiSTAN MURAiL<br />

PAR JULiAN ANDERSON ET PHiLiPPE LALiTTE<br />

La musique mature de Tristan Murail dénote une consistance<br />

stylistique et une sûreté de parcours d’un niveau<br />

inhabituel, bien que ces qualités aient été longues à se<br />

révéler. De même, le compositeur ne prit la décision de<br />

faire de la musique son métier qu’après des études préalables<br />

en économie, en arabe et en sciences politiques.<br />

C’est à la fin des années 1960 que Tristan Murail entra au<br />

Conservatoire de Paris pour intégrer la classe d’Olivier<br />

Messiaen, et les quatre années d’études qui s’ensuivirent<br />

– seule instruction formelle qu’il reçut en composition –<br />

furent primordiales pour la formation de ses goûts musicaux.<br />

Murail se souvient que Messiaen recommandait à<br />

ses étudiants en composition la technique sérielle, dont<br />

il disait qu’elle était la plus « avancée » pour l’époque ; ce<br />

qui peut paraître surprenant si l’on se souvient de la critique<br />

très ouvertement formulée à son sujet par Messiaen<br />

les dernières années de sa vie (en fait, aucun des étudiants<br />

de cette classe, devenus depuis des compositeurs<br />

établis – Murail, mais aussi Gérard Grisey et Michaël Levinas<br />

– n’ont utilisé cette technique).<br />

Mais Messiaen présentait également dans ses cours des<br />

œuvres de compositeurs aussi caractéristiques que Xenakis<br />

et Ligeti, qui semblent avoir eu un impact bien plus<br />

déterminant sur Murail et ses collègues. Atmosphères et<br />

Lontano, pièces orchestrales phares de Ligeti, qui mettent<br />

l’accent sur les « masses sonores » micropolyphoniques<br />

et les changements très lents, presque imperceptibles, au<br />

sein de la texture sonore, eurent sur Murail une influence<br />

déterminante dans l’élaboration de son style. Altitude<br />

8000 pour petit orchestre, l’une des premières pièces dont<br />

il soit toujours satisfait, constitua une tentative précoce –<br />

et controversée, en 1968 – de réintroduction de consonances<br />

simples comme les octaves et les accords communs<br />

au sein d’une syntaxe musicale non référentielle, et<br />

reflète, dans une certaine mesure, l’influence de Ligeti.<br />

C’est à la suite d’un séjour en Italie en tant que lauréat du<br />

Prix de Rome que Murail connut un autre enthousiasme<br />

important ; il y fit la connaissance de Giacinto Scelsi<br />

(1905-1988), le grand «outsider» de la musique italienne.<br />

Les incursions de ce compositeur à l’intérieur même des<br />

sons dans des œuvres empreintes de radicalisme comme<br />

Quatre pièces sur une seule note (1959) et la diversité des<br />

transformations graduelles de Quatuor à cordes n° 4 (1984)<br />

furent pour Murail des révélateurs importants dans la découverte<br />

de sa propre identité musicale.<br />

Murail eut cependant besoin de plusieurs années pour<br />

intégrer avec succès ces divers éléments ; en fait, ce ne<br />

fut pas avant 1974, avec l’œuvre orchestrale Sables, que<br />

ceux-ci finirent par se mettre en place. Cette pièce est la<br />

plus extrême qu’il ait écrite, en ce sens qu’elle constitue<br />

une tentative de continuité totale, dans laquelle les seuls<br />

repères sont les consonances occasionnelles de spectres<br />

harmoniques qui filtrent ici et là au travers d’une structure<br />

dérivant lentement – schéma qui pourrait avoir été<br />

repris par son codisciple Gérard Grisey, qui développe<br />

la même idée dans ses œuvres Dérives (1972) et Périodes<br />

(1973) ; le résultat obtenu par Murail sonne cependant de<br />

façon résolument différente (sensiblement plus riche et<br />

plus « française »).<br />

Ce qui est également caractéristique chez Murail, c’est<br />

l’absence totale de rupture dans le développement continu<br />

de la musique – et tout particulièrement l’absence<br />

de silence. Cette prédilection pour l’évolution continue<br />

(prédilection partagée à cette époque par quelques<br />

compositeurs minimalistes, notamment Steve Reich)<br />

se traduit chez le compositeur par une fascination pour<br />

le processus en tant qu’outil d’élaboration d’une structure<br />

musicale. Mémoire/Érosion (1976), concerto pour<br />

cor et neuf instruments, en est un exemple typique : le<br />

processus est ici adapté du procédé électronique numérique<br />

dit de « boucle de réinjection », grâce auquel un<br />

son live est joué de façon répétitive et copié par une série<br />

de machines sur plusieurs bandes, avant d’être renvoyé<br />

à la première pour être combiné à un son différent. Le<br />

processus est ici entièrement simulé par des instruments<br />

live, chaque note jouée par le cor étant imitée, puis graduellement<br />

déformée par l’ensemble. La musique possède<br />

alors un degré important de périodicité et de prévisibilité,<br />

mais ces caractéristiques sont sujettes à une<br />

dénaturation constante qui les conduit à se transformer<br />

en leur propre contraire, alors que les échos du cor repris<br />

par l’ensemble deviennent de plus en plus approximatifs.<br />

Murail commença par la suite à enrichir sa syntaxe musicale<br />

grâce à d’autres analogies obtenues par des procédés<br />

électroniques, notamment la modulation en anneau<br />

et la modulation de fréquence. Ces deux processus<br />

concernent la production de timbres de combinaisons<br />

– sommes et soustractions de paires de fréquences – qui<br />

produisent un spectre sonore richement varié effaçant<br />

toute distinction entre harmonie et timbre : on peut les<br />

entendre de façon indifférenciée sous une forme ou sous<br />

une autre, et cet espace d’ambiguïté psychoacoustique<br />

très particulier a constitué une source de fascination<br />

durable chez le compositeur. Murail et Grisey se rendirent<br />

tous deux compte de bonne heure qu’ils pouvaient<br />

dégager des analogies compositionnelles très puissantes<br />

tant grâce à l’étude du comportement des instruments<br />

traditionnels que de celle de l’électroacoustique même ;<br />

cette découverte mit en évidence un ensemble réellement<br />

très différent de possibilités formelles et harmoniques.<br />

26


Les spectres obtenus par la modulation en anneau sont<br />

explorés sous toutes leurs facettes dans Treize couleurs<br />

du soleil couchant (1978) pour piano, violon, violoncelle,<br />

flûte et clarinette avec modulation en anneau, ainsi que<br />

dans Les Courants de l’espace (1979) pour ondes Martenot<br />

avec modulation en anneau et orchestre. Dans la grande<br />

pièce orchestrale Gondwana (1980), Murail utilisa tout<br />

d’abord des modulations de fréquence pour générer les<br />

champs harmoniques – procédé généralement associé<br />

à la musique informatique –, obtenant un canevas quasi<br />

symphonique impressionnant d’ampleur qui traduit la<br />

cristallisation de toutes les préoccupations du compositeur<br />

à l’époque : beaucoup des évolutions formelles de la<br />

musique sont modélisées sur des spectres instrumentaux<br />

réels (particulièrement les cloches et les cuivres), aussi<br />

cette pièce constitue-t-elle peut-être, chez Murail, un<br />

summum en matière d’exploitation de formes continues,<br />

évoluant dans une absence de silence.<br />

Après Gondwana, Murail suivit à l’<strong>Ircam</strong> en 1980 le stage<br />

de composition et d’informatique musicale pour compositeurs,<br />

et passa les deux années suivantes à travailler à<br />

Désintégrations. Cela marqua le début d’une phase nouvelle<br />

dans son œuvre. Il se mit à délaisser les processus<br />

ininterrompus au profit d’un langage musical plus<br />

souple. Ce changement d’orientation fut favorisé par<br />

son travail sur les systèmes informatiques sophistiqués,<br />

dont on commençait alors à disposer, systèmes qui accroissaient<br />

la vitesse des calculs spectraux, augmentaient<br />

considérablement la multiplicité des choix possibles en<br />

vue de l’élaboration d’un processus, et rendaient celui-ci<br />

plus imprévisible encore ; à cette époque également, les<br />

silences se mirent à jouer un rôle de plus en plus important<br />

dans la musique de Murail en fonctionnant comme<br />

les éléments d’une ponctuation lui permettant de délimiter<br />

des sections.<br />

Cette souplesse nouvellement acquise trouva son<br />

prolongement dans deux pièces ultérieures pour<br />

orchestre, Sillages (1984, commande de la Kyoto Bank<br />

créée par Seiji Ozawa) et Time and again (1985, créée<br />

par Simon Rattle), ainsi que dans un oratorio de grande<br />

ampleur, Les Sept Paroles du Christ en croix (1986-1989),<br />

l’œuvre peut-être la plus ouvertement dramatique et<br />

expressive à ce jour ; les évolutions spectrales sont ici<br />

plus complexes et plus développées qu’auparavant, les<br />

formes regorgent d’interruptions, « de flashbacks, de<br />

prémonitions, de boucles ».<br />

Il arrive souvent que des formes se chevauchant soient<br />

imbriquées les unes dans les autres, à moins que, comme<br />

dans Vues aériennes pour cor et trio de pianos, la musique<br />

n’examine une forme unique sous quatre angles différents,<br />

chacun d’entre eux jouant à un degré varié sur la<br />

distorsion des formes initiales, et conférant à la musique<br />

une ambivalence et une dialectique accrues. Allégories<br />

(1990) répond à une autre limitation : à la fois les détails<br />

et les formes de grande ampleur sont entièrement dérivés<br />

du geste d’ouverture ; chacun de leurs éléments respectifs<br />

fait parfois l’objet d’un agrandissement, comme s’il passait<br />

sous la loupe d’un microscope, et va jusqu’à constituer<br />

des sections entières de musique, alors qu’à d’autres<br />

moments il est tronqué, compressé et réarrangé de manière<br />

différente pour engendrer un répertoire d’une<br />

grande richesse harmonique et mélodique. Il se dégage<br />

ici une unité, rarement atteinte dans la musique contemporaine,<br />

entre microformes et macroformes, entre composants<br />

gestuels, syntaxe musicale et structure.<br />

Serendib (1992) pour grand ensemble signale une nouvelle<br />

orientation : il s’agit sans doute de la musique la plus discontinue<br />

que la compositeur ait écrite à ce moment. Difficile<br />

même de se figurer que cette dernière pièce, ainsi<br />

que Mémoire/Erosion ou Sables, aient été conçues par la<br />

même personne à près de vingt ans d’intervalle, en dépit<br />

de ressemblances curieuses - et probablement fortuites<br />

- entre les revirements brusques et dramatiques qui prédominent<br />

tant dans ces dernières et la syntaxe fluctuante<br />

et discontinue de sa toute première œuvre, Couleur de mer<br />

(1969) [...]. *<br />

Ces années quatre-vingt-dix marquent, en effet, un tournant<br />

esthétique décisif pour Tristan Murail. L’élargissement<br />

des modèles sonores à des catégories non instrumentales<br />

ou technologiques, l’adoption d’une écriture<br />

formelle moins directionnelle, l’émergence de gestes<br />

mélodiques particulièrement mémorisables sont les<br />

signes d’une évolution majeure qui se poursuit jusqu’aux<br />

pièces les plus récentes. L’Esprit des dunes pour ensemble<br />

et électronique (1994) cristallise cette tendance entamée<br />

depuis Allégories (1989-1990) et Serendib (1992). La<br />

pièce, devenue emblématique du chemin parcouru depuis<br />

les années soixante-dix, atteint un magistral équilibre<br />

entre recherche et expression musicale. Le changement<br />

de paradigme esthétique intervenu dans les années<br />

quatre-vingt dix concerne plus particulièrement quatre<br />

aspects de l’esthétique de Murail : un travail pré-compositionnel<br />

plus élaboré grâce aux nouvelles technologies,<br />

l’utilisation de sources sonores issues de la nature pour la<br />

modélisation, le recours à des métaprocessus pour composer<br />

la discontinuité formelle et l’attention portée aux<br />

phénomènes de mémorisation.<br />

Il est patent que les avancées technologiques des années<br />

quatre-vingt-dix ont favorisé une nouvelle approche<br />

de la composition. Outre les capacités de traitement et<br />

stockage des ordinateurs, les possibilités accrues des logiciels<br />

d’analyse, de synthèse ou d’aide à la composition<br />

ont ouvert de nouvelles voix de recherche pour les compositeurs.<br />

Tristan Murail ne s’est d’ailleurs pas contenté<br />

d’utiliser les logiciels déjà disponibles, mais s’est luimême<br />

investi à l’<strong>Ircam</strong> dans la conception du logiciel<br />

d’aide à la composition Patchwork (devenu Open Music).<br />

Aujourd’hui, les technologies informatiques permettent<br />

de faciliter le travail pré-compositionnel d’analyse et de<br />

traitement des données, afin de se concentrer sur les aspects<br />

plus « typiquement » compositionnels. Ce potentiel<br />

de calcul, qui autrefois accaparait une bonne partie<br />

du temps et de l’esprit des compositeurs, est devenu<br />

non seulement le moyen d’alléger certaines tâches,<br />

27


mais également de favoriser la liberté de choix par ses<br />

possibilités de simulation et d’organisation. Aujourd’hui,<br />

l’algorithme, comme l’affirme le compositeur, « libère<br />

notre imagination 1 ».<br />

L’outil informatique, dans ses aspects de synthèse sonore<br />

et d’aide à la composition, permet tout d’abord à Murail<br />

de trouver une meilleure intégration entre l’harmonie et<br />

le timbre tout en gardant un contrôle strict sur le matériau.<br />

Il ne s’agit plus seulement de traitement du signal,<br />

mais d’agir sur les données numériques afin de créer des<br />

complexes et des progressions harmoniques. Ainsi, les<br />

distorsions spectrales appliquées aux données des analyses<br />

d’une trompe tibétaine ont produit certains complexes<br />

harmoniques de L’Esprit des dunes. Les extraits de<br />

chant diphonique ont été transformés par re-synthèse<br />

afin de produire des contrepoints artificiels. L’analyse<br />

spectrale d’un son de pluie frappant la surface d’un lac<br />

a permis de déduire les hauteurs de certains passages<br />

du Lac (2001), œuvre pourtant purement instrumentale.<br />

Dans Pour adoucir le cours du temps (2005), quelques sons<br />

bruités (souffle, gong, cloche à vache) ont été harmonisés<br />

de l’intérieur en manipulant les partiels afin qu’ils puissent<br />

s’intégrer parfaitement aux harmonies et aux sonorités<br />

instrumentales.<br />

Ces nouveaux moyens ont eu également pour conséquence<br />

une meilleure fusion entre l’instrumental et<br />

l’électronique. L’esthétique de Murail concernant la musique<br />

mixte repose, dès les premières œuvres, sur un effet<br />

de complémentarité, de fusion et d’ambiguïté entre sons<br />

électroniques et acoustiques (Désintégrations en est un<br />

des meilleurs exemples). L’électronique agit désormais<br />

comme un traitement virtuel des parties instrumentales<br />

soit en doublant certains partiels, soit en ajoutant des<br />

hauteurs non tempérées – ce qui a pour effet de changer<br />

la perception du timbre –, soit en épaississant la texture<br />

ou en renforçant l’attaque par ajout de transitoires. Le<br />

remplacement de la bande par un instrumentiste jouant<br />

sur scène d’un clavier numérique déclenchant les sons<br />

stockés dans un disque dur (depuis Allégories, 1989-1990)<br />

autorise une souplesse temporelle et une intégration, jamais<br />

atteinte auparavant, de l’électronique aux parties<br />

instrumentales. Ces quelques exemples démontrent à<br />

quel point le développement des recherches scientifiques<br />

et des moyens technologiques a permis de progresser<br />

dans le contrôle de l’harmonie « fréquentielle » dans laquelle<br />

l’esthétique de Murail trouve ses fondements.<br />

Cependant, le changement le plus apparent pour l’auditeur<br />

réside dans l’élargissement des modèles sonores.<br />

Alors que les premières pièces font appel à des modèles<br />

issus des technologies électroniques (boucles de réinjection<br />

dans Mémoire/Érosion, modulation en anneaux<br />

dans Treize couleurs du soleil couchant, synthèse FM dans<br />

Gondwana), les œuvres plus récentes sont modélisées<br />

d’après le comportement de sons de l’environnement, de<br />

bruits artificiels, et parfois de sons vocaux. Dans L’Esprit<br />

des dunes (1993-1994), par exemple, les modèles sonores<br />

proviennent d’échantillons de trompe, de guimbarde, de<br />

chant diphonique, de chœur de moines tibétain et même<br />

de bruits « artificiels » (papier déchiré, polystyrène, etc).<br />

Dans les œuvres plus récentes – Le partage des eaux (1995-<br />

1996), Bois flotté (1996), Feuilles à travers les cloches (1998),<br />

Winter fragments (2000), Le Lac (2001) ou Terre d’ombre<br />

(2003-2004) –, une nette tendance à choisir des modèles<br />

sonores issus de la nature se fait jour. Ainsi, l’analyse dynamique<br />

(prenant en compte le comportement temporel)<br />

de sons marins (vague, houle, ressac) a permis de modéliser<br />

le matériau du Partage des eaux ou de Bois flotté. Il ne<br />

s’agit nullement pour Murail d’employer ces sons pour<br />

leur rapport au réel. Même si les parties électroniques<br />

incorporent les sources, celles-ci sont toujours transformées<br />

de sorte que la « surnature » prenne le pas sur la<br />

« nature ». La nature, chez Murail, est une nature rêvée,<br />

stylisée, éloignée de toute esthétique paysagiste (même<br />

pour Légendes urbaines, 2006, qui est pourtant une sorte<br />

de « poème symphonique »).<br />

L’apparition dans la musique de Murail de ces nouveaux<br />

modèles sonores correspond à une évolution de la pensée<br />

formelle du compositeur vers des processus toujours plus<br />

complexes. Les éléments de discontinuités, déjà présents<br />

dès Gondwana (1980), passage de seuils, inversion de<br />

sens d’un mouvement directionnel, processus abrégés,<br />

prennent de plus en plus le pas sur la linéarité et la directionnalité.<br />

La possibilité d’analyser, grâce à l’outil informatique,<br />

le comportement complexe, tant sur le plan<br />

spectral que temporel, de phénomènes sonores naturels a<br />

également conduit le compositeur à infléchir son écriture<br />

formelle. Plus de contrastes et d’opposition, plus de fragmentation,<br />

plus de silences, plus d’imprévisibilité animent<br />

le discours des œuvres à partir d’Allégories (1989-<br />

1990). L’unité entre la microforme et la macroforme<br />

s’obtient désormais à l’aide de métaprocessus parfois<br />

inspirés des théories du chaos comme dans La Dynamique<br />

des fluides (1990-1991), Attracteurs étranges (1992), Serendib<br />

(1992). Cette logique de continuité sous-tendant la<br />

fragmentation de surface, provient chez Murail de l’harmonie<br />

qui, au-delà d’une fonction purement décorative,<br />

soutient la forme. « L’harmonie, souligne le compositeur,<br />

a été un grand atout pour construire ces structures plus<br />

complexes, mais dotées néanmoins d’une clarté perceptuelle<br />

dans leur développement formel 2 ». Elle offre la<br />

possibilité de contrôler, à grande échelle, des phénomènes<br />

de tension/détente, de contraction/dilatation, de<br />

continuité/rupture, d’ordre/désordre etc.<br />

Sur un plan perceptif, peut-être plus que l’élaboration<br />

harmonique, ce sont les objets sonores, les gestes mélodiques,<br />

qui permettent à la mémoire de l’auditeur de<br />

trouver des points d’ancrage. Déjà la forme de pièces<br />

comme L’Attente (1972), Mémoire/Érosion (1976) ou Vues<br />

aériennes (1988) procédait par des retours et des anticipations<br />

de figures sonores explorés sous différentes facettes.<br />

Les années quatre-vingt-dix ont vu la dimension<br />

mélodique prendre une part encore plus active de l’élaboration<br />

formelle. Le motif initial de hautbois de L’Esprit<br />

des dunes (1994), comme la cellule présentée par la flûte<br />

28


au début de Winter fragments (2000), subissent répétitions<br />

et mutations qui, par un jeu constant entre similarité et<br />

différence, guident l’auditeur dans son parcours auditif.<br />

Ils jouent à la fois le rôle d’un motif cyclique, d’une idée<br />

musicale unificatrice et du motto qui concentre en luimême<br />

l’atmosphère de l’œuvre. Ces objets sonores, que<br />

la perception fusionne en une gestalt, fonctionnent selon<br />

le principe de classe d’objets qui s’individualisent, se<br />

transforment, parfois s’entrelacent, au cours du déploiement<br />

de l’œuvre. Les phénomènes d’harmonie/timbre à<br />

grande échelle et la discursivité du discours thématique<br />

servent à cartographier la forme et jouent donc le rôle de<br />

« portulan 3 » – ancien atlas maritime, servant à tracer les<br />

côtes et à indiquer les repères principaux au navigateur<br />

encore dépourvu de boussole.<br />

Au terme de ce parcours, on mesure à quel point la musique<br />

de Tristan Murail témoigne d’une exigence et d’une<br />

constance sans faille. Son travail de compositeur a été<br />

nourri, dès les années soixante-dix, par des recherches<br />

personnelles tant sur le plan technologique (instrumentarium<br />

électrique et électronique, développement de<br />

logiciels) que méthodologique (analyse spectrale, traitement<br />

des données, re-synthèse) et compositionnel<br />

(nouveaux matériaux, harmonie fréquentielle, logique<br />

de continuité formelle, gestalt mélodique). Le tournant<br />

des années quatre-vingt-dix est à ce titre significatif de<br />

l’esprit de recherche et d’exploration qui anime le compositeur<br />

depuis ses débuts. Les renouvellements qui en<br />

ont découlé restent néanmoins fondés sur un rapport<br />

d’équilibre – typique de l’esthétique de Murail –, entre<br />

formalisation et perception. **<br />

Notes<br />

1. Tristan Murail, « En y repensant… », dans Tristan Murail Modèles et<br />

artifices, textes réunis par Pierre Michel, Strasbourg, Presses universitaires<br />

de Strasbourg, 2004, p. 159.<br />

2. Ibid., p. 204.<br />

3. Portulan, cycle de 9 à 10 pièces instrumentales comprenant, à ce jour, Les<br />

Ruines circulaires pour clarinette et violon (2006) et Seven Lakes Drive pour<br />

flûte, clarinette, cor, piano, violon et violoncelle (2006).<br />

*Julian Anderson © <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, traduit de l’anglais par<br />

Dominique Lebeau.<br />

** Philippe Lalitte<br />

© <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, 2008<br />

29


PARCOURS DE L’ŒUVRE DE GÉRARD PESSON<br />

PAR MARTiN KALTENECKER<br />

Les premières œuvres de Gérard Pesson mettaient en<br />

œuvre une poétique de l’effacement. Dès Nocturnes en<br />

quatuor, le compositeur écrit que « le discours musical y<br />

lutte contre le silence », que la musique existe sous forme<br />

d’ « ilôts » qui émergent, « comme si la matière sonore<br />

avait été recouverte, estompée, submergée 1 ». Le point de<br />

départ ou la vision primordiale dont tout va se déduire est<br />

ainsi d’ordre poétique : c’est celle d’une musique « derrière<br />

la musique », d’un envers, d’un ailleurs faisant objet<br />

de filtrages ou de soustractions. Cette image va être développée<br />

esthétiquement et poussée musicalement dans<br />

des directions très différentes – travail avec le rebut, les<br />

scories, les objets trouvés, avec la fragmentation des matériaux<br />

et des formes, avec la transcription comme tamis,<br />

ou encore mise en scène du geste de l’instrumentiste qui<br />

indique un ailleurs soustrait. Les images d’une musique<br />

inondée ou excavée viennent souvent à Pesson : « La musique<br />

est le squelette, et ces rares accords qui flottent, la<br />

fibule, la ceinture, l’épée, indices résiduels de la vie tombée<br />

en poussière 2 », écrit-il. Dans les années quatre-vingt,<br />

l’idée d’une « désécriture », ou écriture « blanche », pouvait<br />

être reliée éventuellement à la figure encore prédominante<br />

de Maurice Blanchot ; musicalement en tout cas,<br />

Pesson a marqué une distance par rapport à une musique<br />

post-moderne qui voudrait simplement restaurer l’ordre<br />

tonal, mais aussi par rapport aux courants post-sériel et<br />

spectral, quand ceux-ci se rencontraient dans une sorte<br />

de fascination pour une musique brillante, immédiatement<br />

efficace. Pesson restait dubitatif devant ce qu’il<br />

appellera la « maîtrise instrumentale », la « santé et la<br />

biensonnance », la « musique étincelante, heureuse » ou<br />

encore l’ « efficacité » de certains français contemporains 3 .<br />

La posture poétique initiale conduit ainsi le compositeur<br />

à concevoir tout travail sur les structurations fortes<br />

comme travail sur un reste — toute structure est un reste<br />

ou sera rendue comme tel. Ce pari esthétique ne pouvait<br />

réussir que si l’invention se déplaçait sur un autre terrain,<br />

celui en l’occurrence des techniques et des gestes<br />

instrumentaux, que Pesson a développés et recombinés<br />

constamment, en prenant comme point de départ<br />

les solutions trouvées par Salvatore Sciarrino et surtout<br />

Helmut Lachenmann. La verve et l’ingéniosité des inventions<br />

de Pesson font de son œuvre un rameau authentique<br />

d’une « musique concrète instrumentale »,<br />

qui interroge et déconstruit le matériau grâce au geste<br />

instrumental : techniques de taping sur les cordes, frottement<br />

des cordes avec la paume de la main ou le pulpe du<br />

doigt, petits galets rebondissant sur les cordes du piano,<br />

utilisation de plectres divers, graduation du son soufflé,<br />

intervention de percussions bricolées, d’accessoires ou<br />

ustensiles multiples, qui vont de tuyaux d’air en plastique<br />

jusqu’à une perceuse, dont le sforzato met un terme à la<br />

Gigue. Ces techniques vont aussi, d’un point de vue esthétique,<br />

tenir en échec ce qui serait une musique trop<br />

douce, peut-être trop « sciarinienne », ou encore trop<br />

marquée par une ascendance française. Si le compositeur<br />

écrivait en 1996 qu’« il faut envisager d’admettre que Ravel<br />

soit mon refoulé 4 » , on a plutôt l’impression que les<br />

modes de jeu sont chez lui une façon d’interrompre la «<br />

biensonnance » – les Nocturnes en quatuor faisaient penser<br />

parfois à un Ravel divisé par Webern ; plus tard, les<br />

techniques lachenmanniennes ne s’inscrivent pas dans<br />

quelque mythologie du bruit politisé ou, comme chez certains<br />

compositeurs spectraux, à l’intérieur d’une polarité<br />

entre harmonicité et inharmonicité, mais traduisent une<br />

volonté d’effacement, selon laquelle quelque chose est<br />

proposé et retiré dans le même temps. Ce va-et-vient<br />

marque tantôt le caractère d’œuvres entières (la sèche et<br />

quasi venimeuse Cassation face à un Rescousse découplé,<br />

aux sonorités plus pleines), tantôt l’opposition de différents<br />

moments au sein d’une même œuvre (la première<br />

des Cinq Chansons est capiteuse comme un lilas synthétique,<br />

la seconde sèche et squelettique), ou bien elle sert<br />

à faire contraster des zones formelles où alternent l’harmonicité<br />

et la tendance bruitiste, comme dans Cassation.<br />

Cependant, l’attirance pour l’obstination, la virtuosité<br />

instrumentale, du côté burin de Ravel semble l’emporter<br />

chez Pesson sur celle pour les timbres moelleux et la recherche<br />

harmonique de Debussy.<br />

Le rapport au matériau est marqué par une distance qui<br />

veut ouvrir un jeu avec les connotations plutôt que d’élaborer<br />

des constructions ingénieuses en soi. Les hauteurs<br />

sont donc gommées par les timbres instrumentaux, mais<br />

de surcroît, les grilles « n’arrivent » à la surface que dans<br />

un état lacunaire ; elles représentent un simple réservoir<br />

où l’on puisera ou non, une carrière de matériaux fragiles.<br />

Dans Récréations françaises par exemple, analysé de<br />

ce point de vue par Nicolas Mondon, le réseau des hauteurs<br />

était à l’origine déployé dans un mouvement intitulé<br />

« Histoire de ma guitare », supprimé par la suite, quoique<br />

« noyau harmonique » du recueil 5 : à l’ensemble des<br />

hauteurs des cordes à vide de la guitare, sous différentes<br />

présentations (suite de quartes descendantes couplées,<br />

échelles pentatoniques), s’ajoute un ensemble de successions<br />

chromatiques complémentaires à ces quartes, dont<br />

seront tirées d’autres échelles par sélection d’une note<br />

sur deux ou sur trois (sur cinq dans un autre numéro du<br />

recueil) ; l’une présentera une alternance seconde majeure/tierce<br />

mineure, l’autre une succession de plusieurs<br />

demi-tons. Ces deux échelles sont sous-jacentes à la plu-<br />

30


part des Récréations, mais de manière défective : la « mise<br />

en œuvre » qu’est l’écriture va surtout mettre en lumière<br />

tel intervalle selon le contexte, si bien que toute une pièce<br />

pourra consister en une simple répétition d’une seconde<br />

majeure (n° 7) ou d’une tierce mineure (n° 5). Cette tierce<br />

« pendulaire » est d’ailleurs une sorte de talisman chez<br />

Pesson – prélevé peut-être au début l’« Adagietto » de la<br />

5 e Symphonie de Mahler, elle apparaît un peu partout, des<br />

Nocturnes en quatuor jusqu’à Aggravations et final, où les<br />

musiciens semblent à un moment la faire circuler entre<br />

eux comme un frisbee.<br />

Dans Cassation, le jeu entre un accord en tant que pur ensemble<br />

de hauteurs et en tant qu’objet de connotations<br />

littéraires et musicales est particulièrement frappant. La<br />

cassation, forme de la sérénade, va produire à nouveau<br />

ici l’association à la guitare, ainsi qu’à une courte pièce<br />

que Wagner avait offerte à Cosima, le thème « Porazzi »<br />

en la bémol (<strong>WWW</strong> 93), qui commence par une appoggiature<br />

inférieure de la quinte d’un accord de septième<br />

de dominante. Cet accord, caractérisé par un jeu entre<br />

quinte juste et quarte augmentée, va commander la scordatura<br />

des trois instruments à cordes et produire différentes<br />

échelles, toutes caractérisées par trois intervalles<br />

principaux (seconde mineure, seconde majeure, tierce<br />

mineure). À cela s’ajoutent des gammes « classées »<br />

pour ainsi dire (chromatiques, diatoniques, par tons entiers),<br />

tout cet ensemble n’apparaissant à nouveau que<br />

par intermittence, élimé, gratté, à la fois donné et retiré.<br />

L’œuvre frappe donc davantage par sa couleur instrumentale<br />

et la mise en scène des timbres (les cordes<br />

jouent le plus souvent avec un plectre, le piano ponctue,<br />

la clarinette semble s’étrangler, ne jamais accéder au<br />

chant amoureux), et une excitation rythmique presque<br />

méchante, avec une récurrence des rythmes de marche<br />

et de valse. Ces rythmes anciens reviennent souvent<br />

chez Pesson comme le fonds ou le point fixe qu’il s’agit<br />

de gommer ou de déstabiliser. Clichés ou objets trouvés,<br />

sauvés pour être aussitôt déconstruits et broyés – la valse<br />

dans Le gel, par jeu ou La lumière n’a pas de bras pour nous<br />

porter, un branle du Poitou, une gigue – leur verve passagère<br />

est en contradiction avec les sonorités strangulées et<br />

râpées qui les supportent. Lors de la création de l’opéra<br />

Pastorale, le critique H. K. Jungheinrich écrivait ainsi :<br />

« Le refus du pathos et le souffle court sont sa condition<br />

préalable. Pesson cite toutes sortes de types formels, surtout<br />

des danses, mais ils n’apparaissent pas seulement<br />

(comme chez Stravinsky) à l’état de squelette, mais sont<br />

véritablement pulvérisées. Une écriture aérée, fluide, estompée,<br />

jamais triomphante, qui peut se rapprocher du<br />

trivial (scène de la foire) et de l’humoristique, acquérant<br />

ainsi une légèreté d’insectes. »<br />

Paradoxalement, l’activité de filtrage et de soustraction<br />

paraît conférer a posteriori un statut de quasi-citation à<br />

l’ensemble des objets et figures. D’où une proximité particulière<br />

chez Pesson avec l’activité de la transcription,<br />

qui n’est pas uniquement délassement, vacance, dévotion,<br />

mais ressortit à la même impulsion fondamentale<br />

que la composition proprement dite, avec, ici, l’accent<br />

mis sur la mémoire ou un rapport affectif à tel objet musical,<br />

ou la façon dont il s’est installé dans une subjectivité.<br />

C’est le cas par exemple avec les Nebenstücke (« pièces à<br />

côté », « pièces déduites ») : dans le premier, la Barcarolle<br />

de l’op.10 n° 4 de Brahms est instrumentée comme si<br />

elle s’était « oxydée » dans la mémoire, « comme un objet<br />

tombé dans la mer. Tâcher de la transcrire, c’était la repêcher,<br />

la retrouver assimilée à mes tentatives, chargée de<br />

ce que mon propre travail musical lui avait ajouté, jusqu’à<br />

la soustraire peut-être 6 ».<br />

Enfin, l’idée d’une « musique derrière la musique » se<br />

déclinera à travers un travail sur le geste instrumental,<br />

montré parfois pour lui-même, comme allant vers le son<br />

ou s’arrêtant tout juste avant sa production. Dans la 6 e des<br />

Récréations, Pesson introduit l’idée d’une Knochenmusik<br />

(« musique d’os »), faite uniquement d’une épure fragile<br />

et trouée du texte musical, exécuté par des bruits de clefs<br />

ou les doigts tambourinant sur les cordes ou le corps de<br />

l’instrument ; dans Forever Valley, on trouvera des gestesson<br />

où l’œil doit symboliquement suppléer à l’information<br />

acoustique ; ailleurs, le corps de l’instrumentiste est<br />

sollicité pour des sifflotements, le bruit des pieds, les<br />

mains passant rapidement sur les habits. Le compositeur<br />

propose ainsi le geste et son retournement, le positif et<br />

le négatif, l’avers et l’envers, et cette théâtralisation produit<br />

un niveau supplémentaire de césures au sein d’un<br />

discours où tout conspire à l’interruption. C’est en procédant<br />

la plupart du temps par unités courtes juxtaposées,<br />

par fragments, par bouts et sursauts, que Pesson refuse<br />

ce qu’on pourrait nommer « l’idéologie » du développement<br />

thématique et de la forme souveraine comme aboutissement<br />

suprême du travail compositionnel. D’où une<br />

difficulté à l’écoute : l’auditeur est toujours en quête de<br />

l’arche formelle et des « bonnes » coupes, parfois suggérées<br />

par la texture, parfois par le jeu des musiciens qui<br />

doivent être observés avec attention. Ce jeu troublant<br />

avec la relation entre l’œil et l’oreille – qui tantôt collaborent,<br />

tantôt se combattent – se donne alors comme une<br />

autre figure de l’interrogation du faire musical, toujours<br />

en état d’« ironisation », retourné, scruté, sauvé par la<br />

destruction.<br />

Notes<br />

1. Texte accompagnant l’enregistrement chez Accord/Una Corda.<br />

2. Cran d’arrêt du beau temps, Van Dieren, Paris, 2008, p.183<br />

3. Ibid., p.261.<br />

4. Ibid., p.247.<br />

5. Ibid., p.191.<br />

6. Texte accompagnant l’enregistrement chez Æon.<br />

© <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, 2008<br />

31


PARCOURS DE L’ŒUVRE DE MiCHAEL<br />

JARRELL (extraits)<br />

PAR NiCOLAS DONiN ET LAURENT FENEYROU<br />

Attirance pour la littérature, celle de Butor, Duras, Robbe-<br />

Grillet, du Perec de La Vie mode d’emploi, mais aussi de<br />

Dostoïevski, Kawabata, Shakespeare..., privilégiant ainsi<br />

les œuvres à plusieurs niveaux de lecture : où l’œuvre<br />

musicale devient la trace d’une lecture, sa mémoire. Attirance<br />

pour les voix philosophiques singulières de Léonard<br />

de Vinci, peintre, physicien et naturaliste, ou du<br />

poème de Parménide mis en musique dans …car le pensé<br />

et l’être sont une même chose… (2002) pour six voix 1 – dans<br />

la lignée esthétique de Klaus Huber. Attirance pour la dimension<br />

théâtrale, avec, sur un livret de Michel Beretti,<br />

l’opéra de chambre Dérives (1980-1985), neuf séquences<br />

revisitant le mythe de Don Juan, et Lysistrata (1985),<br />

musique de scène pour trois percussions pour Lysistrata<br />

d’Aristophane. Attirance pour la danse, pour la concentration<br />

du rythme du corps chez Dana Reitz, pour l’âpreté<br />

de Reinhild Hoffmann ou de Pina Bausch, qui se manifeste<br />

avec Der Schatten, das Band, das uns an die Erde bindet<br />

(1989) [L’ombre, cette bande qui nous relie à la terre], créé<br />

à Salzbourg dans une chorégraphie d’Etienne Frey, avec<br />

Harold et Maud (1991), créé à Lausanne dans une chorégraphie<br />

du même Etienne Frey, et indirectement avec<br />

Essaims-cribles (1987-1988), conçu comme un « ballet de<br />

chambre » pouvant être joué sans réalisation scénique.<br />

Avec Cassandre (1993-1994) puis Galilée (2005), Jarrell<br />

s’est confronté de plus en plus directement à la scène<br />

et au genre de l’opéra. Ayant d’abord envisagé d’écrire,<br />

d’après le livre de Christa Wolf Kassandra (1983), un opéra<br />

de chambre, Jarrell a finalement conçu un monodrame<br />

pour récitante et ensemble instrumental, renonçant de<br />

fait à la voix chantée mais intensifiant la force littéraire<br />

du drame. « Avec ce récit, je descends dans la mort » annonce<br />

Cassandre à haute et intelligible voix avant de reconstituer,<br />

bribe par bribe, selon les méandres logiques<br />

et affectifs d’une conscience meurtrie, son point de vue<br />

sur la guerre de Troie et la genèse de sa mise à l’écart.<br />

Le rapprochement s’impose avec Erwartung de Schoenberg,<br />

composé à l’orée du xx e siècle, également centré<br />

sur l’attente d’une femme, exprimant ses sentiments et<br />

impressions instant après instant et selon des associations<br />

libres. A quoi s’ajoute un précédent chez Jarrell,<br />

dans Dérives : alors que les personnages entourant D. J.<br />

[Don Juan] attendent qu’il reprenne son rôle de chanteur<br />

d’opéra, ce dernier n’y parvient pas et reste confiné à la<br />

voix parlée. Ici comme dans Cassandre se manifeste un<br />

postulat implicite : chanter sur scène ne va pas de soi, il y<br />

faut une profonde signification dramatique, de sorte que<br />

le chant (et, avec lui, le genre opéra) apparaît ici comme<br />

un point d’arrivée plutôt qu’une donnée de départ. Cette<br />

idée se retrouve, une dizaine d’années après Cassandre,<br />

dans l’opéra écrit par Jarrell à partir de La vie de Galilée<br />

(1938-1955) de Bertolt Brecht. Agé d’une quarantaine<br />

d’années dans la situation initiale (1609), le personnage<br />

de Galilée est progressivement privé de sa voix chantée<br />

à mesure qu’il traverse l’épreuve des controverses publiques<br />

et des procès en Inquisition, jusqu’à assumer<br />

une voix parlée à partir de son abjuration en 1633. Cette<br />

même distinction parlé/chanté sert à construire la trajectoire<br />

symétrique du jeune servant de Galilée, Andrea<br />

Sarti. Prenant conscience de sa vocation de savant au fil<br />

de scènes de la vie quotidienne chez Galilée, c’est ce dernier,<br />

devenu adulte, qui viendra rendre visite au vieillard<br />

en résidence surveillée à perpétuité, afin d’en exfiltrer<br />

ses derniers manuscrits ; personnage secondaire au début,<br />

parlando, il accède au chant dans cette scène finale.<br />

Note<br />

1. Et dans Denn dasselbe ist Erkennen und sein (1999) pour six voix solistes<br />

et ensemble.<br />

© <strong>Ircam</strong>-Centre Pompidou, 2008<br />

32


BiOGRAPHiES<br />

ANDREA AGOSTINI<br />

Diplômé du conservatoire de<br />

Bologne, Andrea Agostini se<br />

perfectionne auprès de Brian<br />

Ferneyhough, Michael Jarrell,<br />

François Paris, Ivan Fedele,<br />

Gilberto Cappelli et Alessandro<br />

Solbiati. Récompensées par de nombreux prix, ses<br />

œuvres sont interprétées par des ensembles comme Otolab<br />

et Alter Ego, dans le cadre de festivals internationaux :<br />

Royaumont, Milan (Nuove Sincronie), Bourges…<br />

Sa curiosité pour les différents domaines d’expression<br />

contemporaine le conduit à composer pour la radio, le cinéma<br />

et le théâtre, ainsi qu’à collaborer avec des groupes<br />

de jazz et de rock – le rock étant au centre de ses préoccupations<br />

depuis 2005. Il est ainsi membre de groupes<br />

comme Frida X et réalise l’électronique en temps réel<br />

pour C-Project, groupe spécialisé dans la sonorisation de<br />

spectacles de théâtre.<br />

En 2008-2010, il suit le Cursus de composition et d’informatique<br />

musicale de l’<strong>Ircam</strong>.<br />

PATRICIA ALESSANDRINI<br />

Diplômée des conservatoires<br />

de Bologne et de Strasbourg,<br />

Patricia Alessandrini se forme<br />

auprès d’Ivan Fedele, de Tristan<br />

Murail et de Thea Musgrave.<br />

En 2008, elle soutient sa thèse<br />

de doctorat en composition à l’université de Princeton<br />

et reçoit une bourse pour poursuivre ses recherches sur<br />

la synthèse selon des modèles physiques en temps réel.<br />

Depuis 2010, elle enseigne la CAO à l’Académie musicale<br />

de Pescara (Italie).<br />

Ses pièces sont données dans de nombreux festivals<br />

(Archipel, Darmstadt, Musica), par le Quatuor Arditti<br />

et les ensembles Accroche Note, Itinéraire, Alternance,<br />

Intercontemporain et New Millennium. Elles intègrent<br />

pour la plupart l’électronique en temps réel et proposent<br />

une relecture des œuvres du passé. Patricia Alessandrini<br />

s’intéresse également aux possibilités offertes par le<br />

multimédia et collabore avec d’autres artistes. Elle se<br />

confronte souvent à des questions politiques et sociales<br />

dans ses œuvres.<br />

GEORGES APERGHIS<br />

Né à Athènes, Georges Aperghis<br />

s’installe à Paris en 1963.<br />

Sa carrière indépendante se<br />

partage entre écriture instrumentale<br />

ou vocale, le théâtre<br />

musical et l’opéra. En 1976, il<br />

fonde l’Atelier Théâtre et Musique qui lui permet de renouveler<br />

sa pratique de compositeur en travaillant avec<br />

des musiciens et comédiens. Ces spectacles s’inspirent<br />

de faits sociaux transposés dans un monde poétique, parfois<br />

absurde ou satirique.<br />

En 2000, deux créations voyagent en Europe : Die<br />

Hamletmaschine-Oratorio (sur un texte de Heiner Müller) et<br />

Machinations, commande de l’<strong>Ircam</strong>. Suivent en 2004 Avis<br />

de tempête à l’Opéra de Lille ; en 2006 Wölfli Kantata (sur des<br />

textes d’Adolf Wölfi) et Contretemps, commande du Festival<br />

de Salzburg ; en 2007 Zeugen pour soprano, ensemble et<br />

marionnettiste, Happy end, une adaptation libre du Petit<br />

Poucet pour ensemble, électronique et film d’animation, et<br />

Teeter-Totter, commandée par le festival de Donaueschingen.<br />

La dernière œuvre de Georges Aperghis, Happiness Daily,<br />

commande de l’Ensemble intercontemporain, a été créée<br />

en avril 2008 à Paris. On le retrouvera en mai 2010 à l’Opéra<br />

Comique avec une nouvelle création, Les Boulingrin, opéra<br />

bouffe d’après Georges Courteline dans une mise en scène<br />

de Jérôme Deschamps et avec le Klangforum Wien dirigé<br />

par Jean Deroyer.<br />

THIERRY BLONDEAU<br />

Né en 1961, Thierry Blondeau<br />

étudie la musique et la littérature<br />

à Paris et à Berlin. Il est<br />

pensionnaire à la Villa Médicis<br />

à Rome de 1994 à 1996 et lauréat<br />

du programme « Villa Médicis<br />

Hors les murs » en 1998<br />

pour une collaboration avec le Musée Tinguely à Bâle. Il<br />

est compositeur en résidence à l’ENM de Brest de 1998<br />

à 2000, à l’Akademie Schloss Solitude en 2000, et à Annecy<br />

de 2000 à 2002, où il participe à la mise en place<br />

du M.I.A. (Musiques Inventives d’Annecy). En 2002 et<br />

2003, il est invité à Berlin par le DAAD.<br />

Sa musique se caractérise par une construction audible de<br />

données acoustiques, spatiales et instrumentales, préoccupations<br />

qui l’amènent en plus des concerts à la conception<br />

d’actions in situ, voire interactives.<br />

Depuis 2003, il enseigne la composition acoustique et<br />

électroacoustique à l’université Marc Bloch à Strasbourg.<br />

33


PIERRE BOULEZ<br />

Compositeur et chef d’orchestre<br />

né en 1925 à Montbrison,<br />

Pierre Boulez étudie<br />

l’harmonie auprès d’Olivier<br />

Messiaen au Conservatoire<br />

de Paris dès 1944. Il se forme<br />

ensuite au contrepoint auprès d’Andrée Vaurabourg, à la<br />

composition auprès d’Olivier Messiaen et à la technique<br />

dodécaphonique auprès de René Leibowitz. En 1946, il<br />

est nommé directeur de la musique de scène de la Compagnie<br />

Renaud-Barrault. Il compose la Sonatine pour flûte<br />

et piano, la première sonate pour piano et la première<br />

version du Visage nuptial pour soprano, alto et orchestre<br />

de chambre. Dès lors, sa carrière de compositeur s’affirme.<br />

En 1951, il se livre à des expériences aux studios<br />

de musique concrète de Pierre Schaeffer à Radio France.<br />

En 1953 naissent les Concerts du Petit Marigny qui prendront<br />

l’année suivante le nom de Domaine Musical, dont<br />

il assurera la direction jusqu’en 1967. Il participe aux<br />

cours d’été de Darmstadt entre 1954 et 1965 et s’y affirme<br />

une des plus fortes personnalités de sa génération.<br />

En 1969, Pierre Boulez dirige pour la première fois l’Orchestre<br />

philharmonique de New York, dont il prendra la<br />

direction de 1971 à 1977. Il est également chef permanent<br />

du BBC Symphony Orchestra à Londres de 1971 à 1975.<br />

En 1975, le secrétaire d’Etat aux Affaires culturelles annonce<br />

la création de l’Ensemble intercontemporain,<br />

dont la présidence est confiée à Pierre Boulez. À la même<br />

période, le président Georges Pompidou lui demande de<br />

fonder et de diriger l’<strong>Ircam</strong> (jusqu’en 1992).<br />

Professeur au Collège de France entre 1976-1995, il est<br />

également l’auteur de nombreux écrits sur la musique.<br />

Ses principales œuvres réalisées à l’<strong>Ircam</strong> sont Répons<br />

(1981-1988), Dialogue de l’ombre double (1985), ...explosante-fixe…<br />

(1991-1993) et Anthèmes 2 (1997). Ses dernières<br />

compositions sont sur Incises, créée en 1998 au<br />

Festival d’Édimbourg, et Dérive 2, dont la dernière version<br />

a été créée en juillet 2006 au festival d’art lyrique d’Aixen-Provence.<br />

JOHN CAGE<br />

Né en 1912 à Los Angeles, John<br />

Cage étudie la composition dès<br />

1934 avec Cowell à New York<br />

puis avec Schoenberg en Californie.<br />

Ses premières compositions<br />

sont de véritables essais<br />

sur la dodécaphonie non sérielle. Une des innovations qui a<br />

fait sa gloire est le piano préparé, qui transforme cet instrument<br />

en un véritable orchestre miniature de percussions.<br />

L’enthousiasme de John Cage pour les philosophies asiatiques<br />

le conduit à une étude très approfondie du Zen à la<br />

fin des années 1940. Sa position vis-à-vis du hasard a une<br />

grande influence aux États-Unis et en Europe, tant sur le<br />

plan philosophique que musical.<br />

Pendant les années 1960, il s’intéresse davantage à l’électronique<br />

live et au mixed media. Dans ses œuvres ultérieures,<br />

il s’inspire de toutes ses expériences, en passant<br />

de la composition aléatoire avec méthode d’écriture<br />

conventionnelle à la notation graphique pour orchestre et<br />

des expériences sur la description verbale avec des instruments<br />

naturels.<br />

Par le simple rejet de l’intentionnalité jugée si nécessaire<br />

à la composition, John Cage a su changer la nature de la<br />

musique telle qu’elle est perçue habituellement. En acceptant<br />

les résultats des opérations aléatoires, en admettant<br />

la possibilité d’une indétermination au niveau de la<br />

composition et des concerts, et en ouvrant sa musique à<br />

tous les types d’instruments. L’ensemble de ses œuvres<br />

est d’une variété remarquable ; par la seule liberté qui<br />

s’en dégage, son art témoigne d’une personnalité à part :<br />

à la fois candide, ouverte, et d’un naturel heureux.<br />

Toute l’évolution de son expression montre que John<br />

Cage est plus un créateur dans le sens large qu’un<br />

compositeur traditionnel. Son but était de refuser toute<br />

idée d’intentionnalité dans l’art pour favoriser la notion<br />

de liberté. « Etre artiste, disait John Cage, c’est d’être<br />

engagé par soi-même, et non par quelqu’un d’autre. »<br />

John Cage est mort à New York le 12 août 1992.<br />

ODILE DUBOC<br />

Formée très jeune à la danse<br />

classique, Odile Duboc découvre<br />

très vite d’autres<br />

formes de danse et crée,<br />

dans les années 1970, sa<br />

propre école : les Ateliers<br />

de la danse. À partir des années 1980, elle décide de se<br />

consacrer à la chorégraphie et fonde trois ans plus tard,<br />

avec Françoise Michel, la compagnie à contre jour. En<br />

1990, elle est nommée directrice du Centre chorégraphique<br />

national de Franche-Comté à Belfort au sein duquel<br />

elle crée plusieurs pièces dont Projet de la matière,<br />

trois boléros, Comédie, à la suite... Parallèlement, elle répond<br />

aux invitations de Patrick Dupond et Brigitte Lefèvre<br />

et crée des spectacles pour les danseurs de l’Opéra<br />

de Paris et pour le Ballet du Rhin.<br />

Depuis plusieurs années, Odile Duboc collabore à des<br />

œuvres lyriques, ainsi qu’à des créations théâtrales<br />

autour d’œuvres d’Olivier Cadiot, Jean-Luc Lagarce,<br />

Peter Handke, Edward Bond et Rodriguo Garcia, mises<br />

en scène par Ludovic Lagarde, François Berreur et Jean-<br />

Claude Berutti.<br />

Très intéressée par l’enseignement, elle propose une<br />

formation en danse pour des étudiants en art dramatique<br />

(Théâtre national de Strasbourg en 2004 et Comédie de<br />

Saint-Étienne en 2005).<br />

Odile Duboc quitte ses fonctions de directrice du Centre<br />

chorégraphique de Belfort en 2008 et fonde une nouvelle<br />

compagnie indépendante : à contre jour.<br />

34


MORTON FELDMAN<br />

Né en 1926 à New York, Morton<br />

Feldman étudie auprès de<br />

Vera Maurina Press (qui avait<br />

autrefois côtoyé Scriabine),<br />

de Wallingford Riegger et de<br />

Stefan Wolpe. Il rencontre<br />

Edgard Varèse et John Cage.<br />

Projection 1 (1950), pour violoncelle, est sa première<br />

œuvre. Au cours des années 1960, la lecture de Kierkegaard<br />

s’avère essentielle à la recherche d’un art excluant toute<br />

trace de dialectique. Il noue en 1970 une relation avec<br />

l’altiste Karen Philipps, pour qui il entreprend la série<br />

The Viola in My Life. En 1976, il rencontre Samuel Beckett<br />

à qui il consacre trois œuvres : Neither (1976-1977), Words<br />

and Music (1987) et For Samuel Beckett (1987). Dès 1978, ses<br />

œuvres se risquent à une musique aux nuances infimes,<br />

qui ne transigent plus sur la durée de leur déploiement<br />

au regard des conventions, des possibilités d’exécution et<br />

des attentes du public (Quartet (II) en 1983).<br />

Renommé également pour ses activités d’enseignant,<br />

Morton Feldman meut le 3 septembre 1987.<br />

CARLOS FRANKLIN<br />

Artiste plasticien, Carlos<br />

Franklin se forme à l’Ecole<br />

des beaux-arts de Bogota<br />

puis au Fresnoy, en France,<br />

en 2008. Il participe à des<br />

expositions collectives à<br />

Saint-Domingue, New York, Londres et en Colombie.<br />

En 2007, il est invité au Pocket Film Festival au Centre<br />

Pompidou et il est commissaire d’exposition au Centre<br />

culturel français du Cambodge où il organise la première<br />

exposition d’art vidéo dans le pays.<br />

Carlos Franklin s’intéresse au langage et aux différences<br />

culturelles et sociales présentes dans l’environnement<br />

urbain contemporain ; il analyse la manière dont les pratiques<br />

artistiques s’y inscrivent. Cette réflexion lui permet<br />

de mélanger dans sa production vidéographique et filmique<br />

ses inclinaisons vers l’installation et la performance.<br />

SÉBASTIEN GAXIE<br />

Né en 1977, Sébastien Gaxie<br />

étudie le piano, le piano jazz<br />

et le chant choral. En 2000,<br />

il participe à la session de<br />

composition Voix Nouvelles<br />

à Royaumont où il suit l’enseignement<br />

de Brian Ferneyhough et il intègre la même<br />

année le CNSM de Paris.<br />

En 2005, son disque Lunfardo (Chief Inspector) est salué<br />

par la critique. Son catalogue comprend une trentaine<br />

d’opus allant de la pièce soliste à la pièce pour orchestre,<br />

avec une utilisation fréquente de l’électronique.<br />

Sa musique est donnée en Europe, en Thaïlande et au<br />

Japon. Il écrit également des courts et longs-métrages<br />

pour le cinéma. De 2007 à 2009, Sébastien Gaxie suit les<br />

deux années du Cursus de composition et d’informatique<br />

musicale de l’<strong>Ircam</strong>.<br />

HEINER GOEBBELS<br />

Né en 1952 en Allemagne,<br />

Heiner Goebbels étudie la<br />

musique et la sociologie. Il<br />

compose tout d’abord des<br />

œuvres pour spectacles<br />

(théâtre, vidéo, danse) puis<br />

des pièces radiophoniques. Depuis 1988, il écrit de la<br />

musique de chambre pour l’Ensemble Modern et l’Ensemble<br />

intercontemporain. Heiner Goebbels est invité<br />

régulièrement dans les théâtres et les festivals les plus<br />

renommés et participe aux tournées de ces ensembles.<br />

En 1994, il est professeur invité à l’Institut des sciences<br />

théâtrales appliquées de l’université de Gießen (où il enseigne<br />

aujourd’hui) et, en 1997, à la Musikhochschule de<br />

Karlsruhe. Il prend également part à de nombreux séminaires<br />

et projets artistiques.<br />

Depuis 2006, Heiner Goebbels est le président de l’Académie<br />

du Théâtre de Hessen.<br />

En 2008, sa pièce I went to the house but did not enter, sur<br />

des textes de T. S. Eliot, Maurice Blanchot et Samuel Beckett,<br />

est créée par le Hilliard Ensemble dans le cadre du<br />

Festival d’Edimbourg.<br />

JONATHAN HARVEY<br />

Né en Angleterre en 1939,<br />

Jonathan Harvey se familiarise<br />

au cours de ses études avec la<br />

technique dodécaphonique<br />

et fait plusieurs rencontres<br />

décisives : avec Milton Babbitt,<br />

avec Stockhausen qui le guide<br />

dans son apprentissage des techniques de studio puis,<br />

en 1980, Pierre Boulez l’invite à travailler à l’<strong>Ircam</strong> où<br />

il découvre le courant spectral qu’il considère comme<br />

déterminant pour l’évolution de la musique d’aujourd’hui.<br />

Son œuvre couvre tous les genres : musique pour chœur a<br />

capella, grand orchestre, orchestre de chambre, ensemble,<br />

et instrument soliste. Il compose trois opéras : Passion and<br />

Resurrection (1981), Inquest of Love (1991) et Wagner Dream<br />

(2003-2007).<br />

De 2005 à 2008, Jonathan Harvey est en résidence à l’Orchestre<br />

symphonique écossais de la BBC où il créée Body<br />

Mandala, ...towards a pure land et surtout Speakings en 2008.<br />

Il est considéré comme l’un des compositeurs les plus<br />

imaginatifs de musique électroacoustique. Près de deux<br />

cents représentations de ses œuvres sont données ou retransmises<br />

chaque année et environ quatre-vingts enregistrements<br />

sont disponibles sur CD. Il a reçu de nombreux<br />

prix et enseigne dans de prestigieuses universités<br />

(Stanford, Cambridge…).<br />

35


MICHAEL JARRELL<br />

Né en 1958 à Genève, Michael<br />

Jarrell étudie dans sa ville natale,<br />

aux États-Unis, à Fribourg auprès<br />

de Klaus Huber, puis à l’<strong>Ircam</strong>.<br />

Professeur de composition à<br />

la Musikhochschule de Vienne<br />

depuis 1993 et au Conservatoire de Genève depuis 2004, il<br />

est largement reconnu et récompensé à travers le monde.<br />

À l’instar de Giacometti et de Varèse, Michael Jarrell<br />

utilise des motifs récurrents qui se développent comme<br />

autant de ramifications à travers ses œuvres. Le lien de<br />

l’écriture avec la pensée visuelle est également notable.<br />

Congruences (1989), sa première grande pièce avec électronique,<br />

s’inspire des notions géométriques de plan,<br />

de perspective, d’anamorphose et de figure, projetées<br />

dans une forme temporelle. Quoique s’inscrivant dans<br />

la descendance du sérialisme (élaboration discrète du<br />

matériau, esprit de développement, construction multi-dimensionnelle),<br />

la musique de Michael Jarrell se caractérise<br />

par une certaine transparence de texture, une<br />

pensée originale des notions de figuration et de polarité<br />

harmonique, à l’intérieur d’une conception d’essence<br />

discursive et dramatique.<br />

Deux œuvres dramatiques marquent sa carrière : l’opéra<br />

Cassandre (1994) – intégrant l’univers électronique au<br />

monde de l’orchestre traditionnel – et Galilei – d’après<br />

La Vie de Galilée de Brecht (2006). Sa nouvelle œuvre<br />

de théâtre musical, Le Père, sur une nouvelle de Heiner<br />

Müller, sera créée en juin 2010 dans le cadre du festival<br />

de Schwetzingen (Allemagne).<br />

PIERRE JODLOWSKI<br />

Après des études musicales au<br />

conservatoire de Lyon et à l’<strong>Ircam</strong><br />

pour le Cursus de composition<br />

et d’informatique musicale,<br />

Pierre Jodlowski fonde le collecif<br />

éOle et le festival Novelum à<br />

Toulouse. Lauréat de plusieurs concours internationaux,<br />

il reçoit des commandes des institutions les plus renommées<br />

et collabore avec des ensembles spécialisés en musique<br />

contemporaine ainsi qu’avec les musiciens Jean<br />

Geoffroy (percussion), Cédric Jullion (flûte), Wilhem<br />

Latchoumia (piano) et Jérémie Siot (violon).<br />

Pierre Jodlowski est également très actif dans des circuits<br />

parallèles et il collabore avec d’autres artistes venant des<br />

milieux de la danse, du théâtre, des arts plastiques et des<br />

musiques électroniques. Il travaille aujourd’hui l’image,<br />

la programmation interactive pour des installations et la<br />

mise en scène. Il revendique la pratique d’une musique<br />

« active », tant dans sa dimension physique que psychologique.<br />

Il se produit également dans le cadre de performances.<br />

Ses œuvres sont diffusées en Europe aussi bien qu’en<br />

Amérique du Nord et en Asie. Elles sont publiées<br />

aux Éditions Jobert et font l’objet de parutions<br />

discographiques et vidéographiques.<br />

PHILIPPE LEROUX<br />

Né en 1959 en France, Philippe<br />

Leroux étudie au CNSM de<br />

Paris, ainsi qu’avec Olivier<br />

Messiaen, Franco Donatoni,<br />

Betsy Jolas et Iannis Xenakis. De<br />

1993 à 1995, il est pensionnaire<br />

à la Villa Médicis. Il compose une cinquantaine d’œuvres<br />

acousmatiques, vocales, de musique de chambre, pour<br />

orchestre symphonique et dispositifs électroniques,<br />

commandées par des institutions françaises et étrangères<br />

et jouées dans le cadre de festivals internationaux. Ses<br />

collaborations majeures avec l’<strong>Ircam</strong> sont créées avec<br />

la complicité de la soprano Donatienne Michel-Dansac<br />

: VoiRrex) en 2003 avec également L’Itinéraire sous la<br />

direction de Pierre-André Valade et Apocalypsis, en 2006,<br />

avec Armelle Orieux et l’Ensemble BIT20.<br />

Sa discographie comprend trois disques monographiques et<br />

une dizaine de disques, DVD-ROM et CD-ROM collectifs.<br />

En 2007, De la Texture est créée à San Francisco par le San Francisco<br />

Contemporary Music Player dirigé par David Milness et,<br />

en 2008, Des Autres à l’Arsenal de Metz par l’ensemble Musicatreize<br />

sous la direction de Roland Hayrabedian.<br />

Professeur très sollicité qui a enseigné la composition à<br />

l’<strong>Ircam</strong> de 2001 à 2006, Philippe Leroux est aujourd’hui<br />

professeur de composition à l’université de Montréal<br />

(2009-2011).<br />

PHILIPPE MANOURY<br />

Né en 1952 à Tulle, Philippe<br />

Manoury débute la musique<br />

très jeune et s’engage sur la voie<br />

de la composition dès les années<br />

1970. En 1975, il étudie la<br />

composition musicale assistée<br />

par ordinateur auprès de Pierre Barbaud. Les œuvres de<br />

Karlheinz Stockhausen, Pierre Boulez et Iannis Xenakis<br />

sont ses premières références.<br />

C’est avec la création de Cryptophonos par Claude Helffer<br />

au Festival de Metz en 1974 qu’il se fait véritablement<br />

connaître du public. En 1981, il est invité à l’<strong>Ircam</strong> comme<br />

chercheur et participe depuis aux activités de l’institut.<br />

L’œuvre de Philippe Manoury couvre tous les genres :<br />

pièces solistes, musiques électroniques mixtes, musiques<br />

de chambre, œuvres pour chœur et pour grand orchestre.<br />

Il compose également trois opéras : 60 e Parallèle (1995-<br />

1996), K… (2000-2001) et La Frontière (2003).<br />

Actuellement, Philippe Manoury travaille sur un quatuor<br />

à cordes avec électronique, dont la création est prévue en<br />

décembre 2010 par le Quatuor Diotima. En 2011 verra<br />

la création d’un second quatuor à cordes par le quatuor<br />

Arditti au Festival de Donaueschingen et, en 2012, sera<br />

créé La nuit de Gutenberg, un nouvel opéra pour l’Opéra du<br />

Rhin, sur une mise en scène de Yoshi Oïda.<br />

Depuis l’automne 2004, Philippe Manoury réside aux<br />

États-Unis où il enseigne la composition à l’Université de<br />

Californie de San Diego.<br />

36


MARCO MOMI<br />

Né en Italie en 1978, Marco<br />

Momi étudie aux conservatoires<br />

de Pérouse, de Strasbourg et de<br />

La Haye tout en participant aux<br />

cours d’été de Darmstadt. De<br />

2007 à 2009, il suit le Cursus<br />

de composition et d’informatique musicale de l’<strong>Ircam</strong><br />

et termine actuellement son doctorat à Rome, sous la<br />

direction d’Ivan Fedele.<br />

En 2009 sont créées Ludica par l’ensemble Slagwerk Den<br />

Haag et Iconica III par le Neue Vocalsolisten Stuttgart. Ses<br />

projets comptent une œuvre en collaboration avec l’artiste<br />

visuelle Chiara Vecchiarelli, intitulé Ruine d’image, et<br />

une pièce pour l’ensemble NiIkel, commandée par la<br />

Fondation Ernst von Siemens.<br />

Compositeur en résidence à l’Académie des arts de Berlin<br />

en 2010, il est aussi enseignant et chef titulaire du chœur<br />

Suavis Sonus de Pérouse. Ses œuvres sont publiées à<br />

Milan, chez Nuova Stradivarius et Suvini Zerboni.<br />

MATHILDE MONNIER<br />

Mathilde Monnier collabore<br />

avec Jean-François Duroure<br />

jusqu’en 1987 avant de<br />

travailler seule. En 1994, elle<br />

est nommée à la tête du CCN<br />

de Montpellier Languedoc-Roussillon. Cette nomination<br />

marque le début d’une série de collaborations avec des<br />

personnalités venant de divers champs artistiques : la<br />

plasticienne Beverly Semmes, les compositeurs David<br />

Moss, Heiner Goebbels et eriKm, l’écrivain Christine<br />

Angot, le philosophe Jean-Luc Nancy...<br />

En 2000, pour Montpellier Danse, elle invite de<br />

nombreux artistes à créer un événement intitulé Potlatch,<br />

dérives autour de la question du don et de la dette. Puis<br />

elle engage un diptyque, Signé, signés s’appuyant sur<br />

l’œuvre de M. Cunningham et J. Cage. Parmi ses dernières<br />

créations : 2008 Vallée, spectacle avec le chanteur<br />

Philippe Katerine en 2006 et Tempo 76 qui interroge la<br />

notion d’unisson, sur la musique de Ligeti en 2007. En<br />

2008, elle répond à la commande du Philharmonique<br />

de Berlin en chorégraphiant l’opéra Surrogate Cities de<br />

Heiner Goebbels. Elle crée ensuite avec La Ribot le duo<br />

Gustavia. En 2009, elle signe Pavlova 3’23, pièce pour neuf<br />

interprètes, prenant appui sur la Mort du Cygne.<br />

Parallèlement, il faut noter dans son parcours quatre<br />

films, dont Vers Mathilde, un documentaire réalisé par<br />

Claire Denis et deux livres : Dehors la danse avec Jean-Luc<br />

Nancy, et MW avec la photographe Isabelle Waternaux et<br />

l’écrivain Dominique Fourcade.<br />

TRISTAN MURAIL<br />

Né en 1947 au Havre, Tristan<br />

Murail est diplômé de l’École<br />

nationale des langues orientales<br />

et de l’Institut d’études<br />

politiques de Paris. Il étudie au<br />

CNSM dans la classe d’Olivier<br />

Messiaen. Durant ses années de formation, ses modèles se<br />

trouvent parmi les esthétiques qui s’attachent à créer des<br />

mouvements globaux de masses, de volumes ou de textures<br />

sonores : la musique électroacoustique, les œuvres de<br />

Iannis Xenakis, de Giacinto Scelsi et de György Ligeti.<br />

En 1973, il fonde, avec Michaël Levinas et Roger Tessier,<br />

le collectif de musiciens L’Itinéraire qui deviendra un<br />

laboratoire précieux pour ses recherches dans le domaine<br />

de l’écriture instrumentale, de l’emploi de l’électronique<br />

en temps réel et de la composition assistée par ordinateur.<br />

La même année, il compose La Dérive des continents et Les<br />

Nuages de Magellan qui marquent son premier style ; des<br />

pièces s’apparentant à un magma sonore ininterrompu,<br />

sans articulation ni réelle évolution. Sables (1974) et<br />

Mémoire/Erosion (1975-1976) marqueront ensuite deux<br />

étapes successives du compositeur vers l’épure.<br />

En 1980, les compositeurs de L’Itinéraire participent<br />

au stage de composition et d’informatique musicale<br />

de l’<strong>Ircam</strong>. Cette expérience aura un impact décisif<br />

sur l’évolution de la musique de Tristan Murail qui<br />

commence à utiliser l’informatique pour approfondir<br />

sa connaissance des phénomènes acoustiques. Au début<br />

des années 1990, sa musique atteint un stade extrême<br />

de morcellement, d’articulation, et d’imprévisibilité du<br />

déroulement.<br />

De 1991 à 1997, il collabore avec l’<strong>Ircam</strong> où il enseigne<br />

la composition et participe au développement du<br />

programme d’aide à la composition Patchwork. Depuis<br />

1997, Tristan Murail est professeur de composition à<br />

l’Université Columbia à New York.<br />

Ses œuvres les plus récentes sont : En moyenne et extrême<br />

raison, créée en avril 2009 à Montréal par le Nouvel<br />

Ensemble Moderne (direction Lorraine Vaillancourt)<br />

et Les sept Paroles, créée en avril 2010 au Concertgebouw<br />

d’Amsterdam par le chœur et l’orchestre de la Radio<br />

Néerlandaise (direction Marin Alsop).<br />

PIERRE NOUVEL<br />

Après des études de cinéma<br />

et plusieurs expériences dans<br />

les domaines de la musique,<br />

du graphisme et du multimedia,<br />

Pierre Nouvel crée le<br />

collectif Factoid avec Valère<br />

Terrier. Ensemble, ils s’interrogent<br />

sur les rapports qu’entretiennent son et image.<br />

En 2005, il réalise avec Jean-François Peyret pour le cas de<br />

Sophie K. Il collabore dès lors avec d’autres metteurs en<br />

scène tels que Michel Deutsch, Hans Peter Cloos ou Jean<br />

37


Louis Martinelli. Parallèlement, il participe à des performances<br />

et se produit notamment avec Olivier Pasquet et<br />

Alexandros Markeas. En 2007, il propose avec le compositeur<br />

Jérome Combier Noir Gris, installation sonore<br />

et vidéo présentée au Centre Pompidou dans le cadre de<br />

l’exposition Beckett. En 2008, Zabou Breitman lui confie<br />

la scénographie ainsi que le traitement de la lumière, du<br />

son et de la vidéo pour sa création des gens adaptée des<br />

documentaires de Raymond Depardon urgences et faits<br />

divers. Il signe scénographie et vidéo pour l’opéra Belshazzar,<br />

mis en scène par Philippe Calvario. Dans le cadre<br />

de l’exposition internationale de Saragosse, il réalise une<br />

installation vidéo sur le territoire.<br />

GÉRARD PESSON<br />

Né en 1958, Gérard Pesson<br />

suit des études de lettres et<br />

de musicologie à la Sorbonne<br />

et au CNSM de Paris, avant<br />

d’être pensionnaire de la<br />

Villa Medicis.<br />

Son travail montre une préoccupation constante pour<br />

la scène : après Beau Soir (1990, festival Musica) et Les<br />

Amours de Monsieur Vieux Bois (1990-1991 à l’Opéra<br />

Comique et en tournée), il signe un opéra de chambre,<br />

Forever Valley, sur un livret de Marie Redonnet et dans une<br />

mise en scène de Frédéric Fisbach. Son opéra Pastorale,<br />

d’après L’Astrée d’Honoré d’Urfé, est créé en version de<br />

concert en mai 2006 à Stuttgart puis donné en création<br />

scénique, dans une mise en scène du vidéaste Pierrick<br />

Sorin, au Théâtre du Châtelet en 2009.<br />

De 2008, il est accueilli en résidence au CENTQUATRE à<br />

Paris avec l’Ensemble Cairn pour un cycle de commandes<br />

de deux ans intitulé : Pompes/Circonstances.<br />

À ses débuts, Gérard Pesson avait fondé la revue de<br />

musique contemporaine Entretemps. En 2004, il publie<br />

chez Van Dieren son journal, Cran d’arrêt du beau temps,<br />

réédité en mai 2008. Un second volume de ce journal sera<br />

publié en 2011.<br />

Quatre disques monographiques de ses œuvres sont parus<br />

chez Una corda, Æon et, plus récemment, Col Legno.<br />

Gérard Pesson est producteur à France Musique et<br />

professeur de composition au CNSM de Paris depuis<br />

2006. Ses œuvres sont publiées aux Éditions Henry<br />

Lemoine depuis 2000.<br />

MATTHIAS PINTSCHER<br />

Né en 1971 en Allemagne,<br />

Matthias Pintscher se forme<br />

auprès de Hans Werner Henze<br />

et de Manfred Trojahn. Il<br />

est l’auteur de deux opéras :<br />

Thomas Chatterton (1994-<br />

1998) et L’espace dernier (2004), ainsi que d’un ballet<br />

Gesprungene_Glocken (1992-1993, révisé en 2000). Ses<br />

pièces instrumentales sonnent comme de véritables<br />

dramaturgies musicales et l’influence des arts visuels<br />

et de la poésie est sensible dans la totalité de son œuvre<br />

(Giacometti et Rimbaud notamment). Le compositeur<br />

qualifie sa musique de « Sprach-musiken », mettant<br />

ainsi en valeur l’aspect dramatique de ses pièces et le<br />

pouvoir déclamatif qu’il donne au son. De ses œuvres<br />

récentes, citons son cycle pour cordes et le cycle Sonic<br />

eclipse composé de deux concertos pour cuivre (2009).<br />

Depuis 2007, Matthias Pintscher est professeur de composition<br />

à Munich et directeur artistique de l’Atelier du<br />

festival Printemps de Heidelberg. Il mène également une<br />

importante activité de chef d’orchestre.<br />

ROQUE RIVAS<br />

Né en 1975 à Santiago du Chili,<br />

Roque Rivas suit des études de<br />

composition électroacoustique<br />

et d’informatique musicale<br />

au Conservatoire national<br />

supérieur musique et danse de<br />

Lyon avant d’entrer dans la classe de perfectionnement<br />

en composition au Conservatoire national supérieur de<br />

musique et de danse de Paris. En 2005, il reçoit le prix<br />

Francis et Mica Salabert pour le département de composition<br />

du Conservatoire national supérieur musique et<br />

danse de Lyon. De 2006 à 2008, il suit les deux années<br />

du Cursus de composition et d’informatique musicale de<br />

l’<strong>Ircam</strong> ; sa pièce Cursus 2, Mutations of matter pour cinq<br />

voix, électronique et vidéo, est créée le 7 juin 2008 dans<br />

le cadre du festival Agora.<br />

KENJI SAKAI<br />

Né au Japon en 1977, Kenji<br />

Sakai s’installe à Paris en 2002<br />

après avoir étudié à Kyoto. Il<br />

est l’élève de Frédéric Durieux,<br />

Marco Stroppa, Luis Naón,<br />

Michaël Levinas au CNSM de<br />

Paris et de Michael Jarrell au conservatoire de Genève.<br />

Il est remarqué très jeune : il reçoit le prix de la Music<br />

Competition of Japan pour Chronofaille I (2001) et Mémoire<br />

d’oubli (2002), le grand prix du Concours international<br />

George Enescu pour ...Rhizomes...Chaosmose (2007) et le<br />

premier prix de composition Toru Takemitsu en 2009<br />

pour Hexagonal pulsar.<br />

En 2007-2009, Kenji Sakai suit les deux années du Cursus<br />

de composition et d’informatique musicale de l’<strong>Ircam</strong>.<br />

SARKIS<br />

Sarkis est né à Istanbul en<br />

1938, où il suit l’enseignement<br />

de l’Ecole des beaux-arts,<br />

avant de s’installer à Paris en<br />

1964.Depuis plus de trentecinq<br />

ans, l’artiste imagine des<br />

mises en scène construites à partir d’histoires empruntées<br />

autant à la mémoire des lieux qu’à la sienne, puisant dans son<br />

«trésor de guerre» (collecte d’objets quotidiens, d’objets 38


d’art et ethnographiques, d’images…), un leitmotiv qui<br />

traverse son oeuvre depuis 1976. Alliant notamment le<br />

néon, la vidéo, la photographie, l’aquarelle, et divers<br />

matériaux (Plastiline, verre, eau…) Sarkis «dissémine»<br />

ses installations, selon une stratégie d’infiltration dans<br />

une volonté d’atemporalité et d’éclatement de l’espace qui<br />

lui est propre.<br />

GIACINTO SCELSI<br />

Né en Italie en 1905, Giacinto<br />

Scelsi étudie à Genève avec Egon<br />

Koehler qui l’initie au système<br />

compositionnel de Scriabine puis<br />

à Vienne avec Walter Klein, un<br />

élève de Schoenberg qui le forme<br />

au dodécaphonisme. Au cours des années 1940, il traverse<br />

une grave crise spirituelle qui le conduira à nourrir une<br />

conception renouvelée de la vie et de la musique. En 1951,<br />

il rentre à Rome et mène une vie ascétique, dévolue à la<br />

recherche sur le son, et rejoint parallèlement le groupe<br />

Nuova Consonanza qui rassemble des compositeurs<br />

d’avant-garde. Avec les Quattro Pezzi su una nota sola<br />

s’achèvent dix ans d’intense expérimentation ; désormais<br />

ses œuvres accomplissent une sorte de repli à l’intérieur<br />

du son démultiplié, décomposé en petites composantes.<br />

Suivent plus de vingt-cinq ans d’activité créatrice au<br />

cours desquelles sa musique est rarement jouée ; il faut<br />

attendre le mouvement des jeunes compositeurs français<br />

Tristan Murail, Gérard Grisey et Michaël Levinas au cours<br />

des années 1970 et le festival de Darmstadt en 1982 pour<br />

voir son œuvre reconnue au grand jour.<br />

Auteur d’essais d’esthétique et de poèmes, Giacinto Scelsi<br />

est mort en1988.<br />

La plupart de ses œuvres sont publiées chez les éditions<br />

Salabert.<br />

OLIVER SCHNELLER<br />

Né à Cologne, Oliver Schneller<br />

étudie entre autres auprès de<br />

Tristan Murail à New York, où<br />

il participe au développement<br />

du studio de musique informatique<br />

de l’université. En 2000,<br />

il suit le Cursus de composition<br />

et d’informatique musicale de l’<strong>Ircam</strong> et, de 2002 à 2004,<br />

il est compositeur en recherche à l’Institut où il réalise<br />

Jardin des fleuves pour ensemble avec électronique live et<br />

spatialisation.<br />

Le catalogue très varié d’Oliver Schneller reflète aussi<br />

bien son aisance avec le medium électronique et les questions<br />

de spatialisation que son attrait pour les traditions<br />

ethniques (il s’est rendu en mission en 1990 au Népal).<br />

Il fait des recherches sur les musiques traditionnelles et,<br />

en 2004, devient directeur artistique du festival Tracing<br />

Migrations qui programme des œuvres de compositeurs<br />

contemporains des pays arabes.<br />

Également saxophoniste, il se produit dans divers ensembles<br />

de musique contemporaine, de jazz et d’improvisation<br />

à Cologne, Amsterdam, Boston et New York.<br />

Depuis octobre 2009, il est professeur de composition<br />

au conservatoire de Stuttgart.<br />

GEORGIA SPIROPOULOS<br />

Née en 1965 à Athènes, Georgia<br />

Spiropoulos s’installe à Paris<br />

en 1996. Elle suit le Cursus<br />

de composition et d’informatique<br />

musicale de l’<strong>Ircam</strong> en<br />

2000 et travaille avec Jonathan<br />

Harvey, Tristan Murail, Brian Ferneyhough, Marco<br />

Stroppa, Philippe Hurel et Ivan Fedele. En 2002, elle<br />

reçoit le prix « Villa Médicis Hors Les Murs » et travaille<br />

comme compositrice en résidence à New York<br />

de 2003 à 2004. L’objet de sa recherche porte alors sur<br />

les interfaces interactives autour de la captation du geste<br />

des chefs d’orchestre.<br />

Elle reçoit de nombreuses commandes et ses œuvres<br />

sont données dans le monde entier. Récemment, elle<br />

a été compositeur en résidence à la Cité internationale<br />

des arts à Paris et, en 2008-2009, elle est compositeur<br />

en recherche à l’<strong>Ircam</strong>. Sa dernière œuvre, Rotations<br />

pour 18 saxophones, est créée en avril 2010 à la Cité internationale<br />

des arts à Paris.<br />

KARLHEINZ STOCKHAUSEN<br />

Né en 1928 en Allemagne,<br />

Stockhausen suit dès l’été<br />

1950 les cours de Darmstadt,<br />

où il forge les grands axes<br />

de toute son œuvre à venir.<br />

Il découvre Schönberg,<br />

Webern puis Messiaen dont il<br />

rejoindra la classe à Paris en 1952. La découverte de la<br />

musique concrète avec Pierre Boulez l’oriente vers le<br />

champ de l’électronique : Gesang der Jünglinge (1956),<br />

qui en restera la référence historique, contient déjà<br />

l’essentiel de sa puissance créatrice : unité globale<br />

résorbant l’hétérogénéité du matériau, exploration de<br />

l’espace (Gruppen pour trois orchestres, 1958 ; Kontakte,<br />

1961) et du temps (Hymnen, 1967). De la notation la plus<br />

millimétrée aux musiques intuitives où disparaît toute<br />

écriture musicale, la puissance de son œuvre multiple<br />

réside dans la mélodie, mise en retrait au temps du<br />

sérialisme orthodoxe des années 1950, mais présente<br />

dès les premières œuvres et jusqu’à l’immense opéra<br />

Licht (1977-2002). Vecteur direct d’une foi profonde<br />

qui a irrigué toute sa création, le principe mélodique<br />

reflète le rapport de Stockhausen au monde, parvenu à<br />

l’apaisement dans ses dernières œuvres qui composent<br />

le cycle inachevé Klang (Die 24 Stunden des Tages).<br />

Karlheinz Stockhausen meurt en décembre 2007 à Kürten<br />

près de Cologne.<br />

39


RAPHAËL THIBAULT<br />

Né en France en 1980, Raphaël<br />

Thibault est diplômé de l’Ecole<br />

nationale supérieure des arts<br />

décoratifs à Paris, et travaille<br />

tout d’abord dans le design lumière<br />

et la scénographie. Puis il<br />

complète ses études à Kyoto où<br />

il réalise son premier long-métrage, Forbidden Loss. Et il<br />

entre en 2007 au Fresnoy, où il développe ses recherches<br />

dans le domaine de la composition des images numériques,<br />

notamment l’intégration d’éléments virtuels.<br />

En 2008 démarre le projet Vox Humana, une performance<br />

audiovisuelle écrite à quatre mains avec la compositrice<br />

Hyun-hwa Cho, qui constitue une tentative de concilier<br />

langage cinématographique et spectacle in situ et dont la<br />

complexité marque un tournant dans la démarche de ce<br />

jeune artiste.<br />

Outre son projet avec le compositeur Pierre Jodlowski<br />

présenté lors d’Agora 2010, Raphaël Thibault travaille actuellement<br />

à la réalisation d’effets spéciaux numériques<br />

pour le cinéma.<br />

CHRISTOPHER TRAPANI<br />

Né en 1980 à la Nouvelle-Orléans,<br />

Christopher Trapani<br />

est diplômé de l’université de<br />

Harvard et du Royal College of<br />

Music de Londres. En 2003,<br />

il s’installe à Paris et se forme<br />

auprès de Philippe Leroux. Après un séjour d’un an à<br />

Istanbul, il suit le Cursus 1 2008/2009. Il est lauréat de<br />

divers prix.<br />

Ses œuvres sont interprétées par le Nouvel Ensemble Moderne,<br />

le Nieuw Ensemble, les ensembles Asko, Cairn…<br />

Et par des musiciens comme le pianiste Sergey Schepkin.<br />

Parmi ses projets pour la saison 2010-2011, on peut citer<br />

un concert monographique au Royal Festival Hall à<br />

Londres dans le cadre de la série Music of Today du Philharmonia<br />

Orchestra, et une version élargie de Westering<br />

pour guitare hexaphonique et orchestre, qui sera créée<br />

par le American Composers Orchestra au Carnegie Hall à<br />

New York, avec le compositeur comme soliste.<br />

ANDRÉ WILMS<br />

Comédien, il est connu au<br />

théâtre où il a travaillé avec les<br />

plus grands metteurs en scène<br />

(Klaus Michael Grüber, Deborah<br />

Warner, Matthias Langhoff,<br />

Jean-Pierre Vincent…) et où il<br />

entretient de fidèles collaboration, notamment avec Michel<br />

Deutsch et Heiner Goebbels, autant qu’au cinéma<br />

où il apparaît notamment dans les films d’Etienne Chatilliez,<br />

de Michel Deville ou d’Aki Kaurismaki. Ses mises<br />

en scène sont montés en France au Théâtre national de<br />

la Colline et à la Comédie Française (Les Bacchantes,<br />

2005), en Allemagne au Schauspiel de Francfort (L’Opéra<br />

de quat’sous, 2006). Ses collaborations musicales sont<br />

nombreuses, en particulier avec les compositeurs Heiner<br />

Goebbels (Ou bien le débarquement désastreux, Max Black,<br />

Eraritjaritjaka) ou Georges Aperghis dans le domaine du<br />

théâtre musical. Avec T&M, il a mis en scène Alfred, Alfred<br />

de Franco Donatoni (1998), Medeamaterial et Momo de<br />

Pascal Dusapin (2000 et 2002).<br />

IANNIS XENAKIS<br />

Compositeur français d’origine<br />

grecque né en 1922 en Roumanie,<br />

Iannis Xenakis est également<br />

architecte et ingénieur<br />

civil. Résistant de la Deuxième<br />

Guerre Mondiale, condamné à<br />

mort, il est réfugié politique en France en 1947 et naturalisé<br />

en 1965.<br />

De 1950 à 1953, il étudie la composition avec Arthur Honegger,<br />

Darius Milhaud et Olivier Messiaen. Puis il va<br />

être soutenu par le chef d’orchestre Hermann Scherchen,<br />

et par Pierre Schaeffer qui l’accueille très librement en<br />

1957 au GRM.<br />

C’est en 1955, avec le scandale de la création à Donaueschingen<br />

de Metastasis pour soixante et un instruments<br />

qu’il se fera connaître. Cette pièce, ainsi que Pithoprakta<br />

(1955-1956), renouvellent l’univers de la musique orchestrale<br />

et proposent une alternative possible à la composition<br />

sérielle, grâce à l’introduction des notions de<br />

masse et de probabilité, ainsi que de sonorités faites de<br />

sons glissés, tenus ou ponctuels. Mais ce sont des œuvres<br />

telles que Nuits (1967) ou les pièces spatialisées Terretektorh<br />

(1965-1966) et Persephassa (1969) qui lui font acquérir<br />

une très large audience.<br />

La parution en 1963 de son ouvrage Musiques formelles<br />

marque une date, en divulguant ses hypothèses de travail.<br />

Xenakis s’efforcera de relier les concepts mathématiques<br />

à l’organisation d’une composition musicale, en utilisant<br />

la théorie des ensembles, la logique symbolique et<br />

le calcul des probabilités. Parmi ses œuvres phare : Nomos<br />

Alpha (1966), Persephassa (1969), Aïs (1979), Tetras<br />

(1983)…<br />

Iannis Xenakis est mort le 4 février 2001 à Paris.<br />

40


iNFORMATiONS PRATiQUES<br />

LES LiEUX<br />

ATHÉNÉE<br />

THÉÂTRE LOUIS-JOUVET<br />

www.athenee-theatre.com<br />

Square de l’Opéra Louis-Jouvet<br />

7, rue Bourdeau<br />

75009 Paris<br />

M° Opéra, Havre-Caumartin, Madeleine,<br />

Saint-Lazare, Chaussée d’Antin<br />

01 53 05 19 19<br />

AUDITORIUM DU LOUVRE<br />

www.louvre.fr<br />

Musée du Louvre<br />

75058 Paris CEDEX<br />

M° Palais-Royal/musée du Louvre<br />

01 40 20 55 00<br />

LE CENTQUATRE<br />

www.104.fr<br />

104, rue d’Aubervilliers/5, rue Curial<br />

75019 Paris<br />

M° Riquet, Crimée, Marx Dormoy<br />

01 55 35 50 00<br />

CENTRE POMPIDOU<br />

www.centrepompidou.fr<br />

75004 Paris<br />

M° Hôtel de ville, Rambuteau,<br />

Les Halles, Châtelet<br />

01 44 78 12 33<br />

CITÉ DE LA MUSIQUE<br />

www.cite-musique.fr<br />

221, avenue Jean-Jaurès<br />

75019 Paris<br />

M° Porte de Pantin<br />

01 44 84 45 00<br />

CITÉ DES SCIENCES ET DE<br />

L’INDUSTRIE<br />

www.cite-sciences.fr<br />

30, avenue Corentin Cariou<br />

75019 Paris<br />

M° Porte de la Villette<br />

01 40 05 70 00<br />

IRCAM<br />

www.ircam.fr<br />

1, place Igor-Stravinsky<br />

75004 Paris<br />

M° Hôtel de Ville, Les Halles,<br />

Châtelet, Rambuteau<br />

01 44 78 48 16<br />

LA GÉODE<br />

www.lageode.fr<br />

26, avenue Corentin Cariou<br />

75019 Paris<br />

M° Porte de la Villette<br />

01 40 05 12 12<br />

PALAIS DE LA DÉCOUVERTE<br />

www.palais-decouverte.fr<br />

Avenue Franklin Roosevelt<br />

75008 PARIS<br />

M° Champs Elysées-Clemenceau,<br />

Franklin Roosevelt<br />

01 56 43 20 20<br />

RADIO FRANCE<br />

www.radiofrance.fr<br />

116, avenue du président Kennedy<br />

75016 PARIS<br />

M° Passy, La Muette<br />

RER C (av. du Pdt Kennedy)<br />

01 56 40 22 22<br />

UNIVERSITÉ PIERRE ET MARIE<br />

CURIE (UPMC)<br />

www.upmc.fr<br />

4 place Jussieu<br />

75005 PARIS<br />

M° Jussieu<br />

01 44 27 21 00<br />

TARiFS<br />

Pass Agora<br />

4 spectacles différents au choix<br />

minimum par personne<br />

Plein tarif 18€, tarif réduit 14€*,<br />

avec le pass Agora 10€.<br />

Tarification spéciale<br />

Concerts à la Cité de la musique :<br />

de 12,60€ à 31€<br />

Films à la Géode, concerts Nuit du<br />

prototype, concert Cage/Sarkis : 5€<br />

Surrogate Cities : 6€, tarif réduit 4€,<br />

gratuit avec le pass Agora<br />

Le Père : de 21€ à 30€<br />

Électron libre : de 7€ à 12€<br />

*Tarif réduit<br />

Étudiants, moins de 18 ans, demandeurs d’emploi,<br />

intermittents du spectacle, Musiconautes<br />

de l’Ensemble intercontemporain, Laissezpasser<br />

Centre Pompidou, carte ministère de la<br />

Culture, groupes à partir de 10 personnes (sur<br />

présentation d’un justificatif).<br />

Étudiants<br />

50 % des billets ou Pass Agora pris en<br />

charge par le Crous. Réservation obligatoire<br />

auprès du Crous avant le 4 juin.<br />

01 40 51 37 05/12<br />

Scolaires<br />

Réservation obligatoire avant le 1 er juin.<br />

Contacter info-pedagogie@ircam.fr<br />

01 44 78 48 23<br />

BiLLETTERiE<br />

PAR TÉLÉPHONE<br />

0 1 44 78 12 40<br />

PAR CORRESPONDANCE<br />

Par l’envoi du bulletin de réservation<br />

avec le règlement à :<br />

<strong>Ircam</strong> Billetterie<br />

1, place Igor-Stravinsky<br />

75004 Paris<br />

PAR INTERNET<br />

www.ircam.fr<br />

www.fnac.com<br />

À L’IRCAM<br />

1, place Igor-Stravinsky<br />

75004 Paris<br />

Du 3 au 31 mai du lundi au vendredi<br />

de 12h à 19h.<br />

Du 1er juin au 19 juin du lundi au<br />

samedi 12h à 19h.<br />

À l’entrée de chaque concert,<br />

45 minutes avant le concert.<br />

41


PARTENAiRES<br />

MÉCÉNAT<br />

FONDATiON JEAN-LUC LAGARDÈRE<br />

Mécène de l’innovation à l’<strong>Ircam</strong> depuis 2008, la<br />

Fondation Jean-Luc Lagardère soutient les jeunes<br />

talents dans les domaines de la culture et des médias :<br />

littérature, cinéma, arts visuels, créations numériques,<br />

animation, musique…<br />

À l’ère du numérique, elle défriche des voies nouvelles<br />

en conjuguant créativité, recherche et solidarité, en<br />

France et à l’international.<br />

Partenaire de l’<strong>Ircam</strong> et de son modèle innovant,<br />

la Fondation Jean-Luc Lagardère finance une thèse<br />

de doctorat sur les nouveaux modes d’interaction<br />

musicale et multimédia, cofinance la production de<br />

projets d’étudiants issus de la formation supérieure<br />

spécialisée en composition, recherche et technologie<br />

musicale, ainsi que le dispositif d’action culturelle<br />

« Les Ateliers de la création » ; enfin, elle aide à la<br />

production d’événements présentés dans le cadre du<br />

festival Agora.<br />

www.fondation-jeanluclagardere.fr<br />

LES PARTENAiRES<br />

Athénée Théâtre Louis-Jouvet<br />

Le CENTQUATRE<br />

Centre Pompidou, Département du développement<br />

culturel (Parole, Spectacles vivants, Vidéodanse)<br />

Cité de la musique<br />

Géode<br />

Musée du Louvre<br />

Radio France<br />

UPMC (université Pierre et Marie Curie)<br />

universcience (Établissement public du Palais de la<br />

Découverte et de la Cité des sciences et de l’industrie)<br />

AVEC LE SOUTiEN DE<br />

Arcadi<br />

Conseil de la création artistique<br />

Réseau Varèse<br />

SACD (Société des auteurs, compositeurs, dramatiques<br />

- Action culturelle)<br />

Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs<br />

de musique)<br />

LES PARTENAiRES MÉDiA<br />

France Musique<br />

Télérama<br />

Retrouvez les concerts du festival Agora 2010<br />

sur France Musique.<br />

Plus d’informations sur francemusique.com<br />

42


iRCAM<br />

Institut de recherche et coordination acoustique/musique<br />

L’<strong>Ircam</strong> est l’un des plus grands centres de recherche<br />

publique au monde se consacrant à la création<br />

musicale et à la recherche scientifique. Lieu unique<br />

où convergent la prospective artistique et l’innovation<br />

scientifique et technologique, l’institut est dirigé<br />

depuis 2006 par Frank Madlener, et réunit plus de cent<br />

cinquante collaborateurs. L’<strong>Ircam</strong> développe ses trois<br />

axes principaux – création, recherche, transmission<br />

– au cours d’une saison parisienne, d’un festival<br />

fédérateur, Agora, de tournées en France et à l’étranger.<br />

Fondé par Pierre Boulez, l’<strong>Ircam</strong> est associé au Centre<br />

Pompidou sous la tutelle du ministère de la Culture.<br />

L’<strong>Ircam</strong>, association loi 1901, organisme associé au Centre Pompidou,<br />

est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication<br />

(Direction des affaires générales, Mission de la recherche et de la<br />

technologie et Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des<br />

spectacles).<br />

L’<strong>Ircam</strong> est membre du réseau Varèse, réseau européen pour la création<br />

et la diffusion musicales, subventionné par le programme Culture de la<br />

Commission européenne<br />

www.ircam.fr<br />

L’UNiVERSiTÉ PiERRE ET MARiE CURiE<br />

L’<strong>Ircam</strong> collabore étroitement avec l’université<br />

Pierre et Marie Curie (Paris-VI) comme laboratoire<br />

d’accueil de ses écoles doctorales et pour l’accueil<br />

de la formation de master Atiam (Acoustique,<br />

traitement du signal et informatique appliqués<br />

à la musique). Ces relations se sont intensifiées<br />

en 2010, Jean-Charles Pomerol, son président,<br />

a été nommé administrateur de l’<strong>Ircam</strong> lors du<br />

conseil d’administration du 10 décembre 2009,<br />

et l’université à rejoint le CNRS et le ministère<br />

de la Culture et de la Communication au sein de<br />

l’Unité mixte de recherche n° 9912 - Sciences et<br />

technologies de la musique et du son - STMS qui<br />

regroupe les activités de recherche scientifique à<br />

l’<strong>Ircam</strong>.<br />

LES CHIFFRES-CLÉS DE L’IRCAM<br />

| 165 collaborateurs : chercheurs, ingénieurs, réalisateurs<br />

en informatique musicale, assistants…<br />

| 60 artistes, compositeurs, intermittents et enseignants<br />

engagés par an.<br />

| Une centaine de chercheurs et doctorants accueillis<br />

par an<br />

| 36 ans de moyenne d’âge<br />

| 15 % de collaborateurs étrangers issus des 5 continents<br />

BUDGET 2010<br />

9 924 600 euros dont 2 802 339 de ressources propres<br />

soit plus de 28 % d’autofinancement. Des ressources<br />

de subvention d’un montant de 6 737 261 (État /<br />

DMDTS / MRT / Prestation CGP). 1 euro de subvention<br />

génère 0,41 cts de recettes propres.<br />

LES CHIFFRES-CLÉS DE LA CRÉATION :<br />

SAISON PARISIENNE, TOURNÉES, FESTIVAL AGORA<br />

| Une trentaine de créations nouvelles par an<br />

(collaborations avec le Centre Pompidou, l’Opéra de<br />

Paris, la Comédie Française, la Cité de la musique, le<br />

Théâtre national de Chaillot, le CENTQUATRE, la Cité<br />

des sciences et de l’industrie...).<br />

| Une quarantaine de concerts en tournées<br />

internationales chaque année (Bruxelles, Vienne,<br />

Budapest, Los Angeles, Chicago, Lucerne, Londres,<br />

Genève, Rome…).<br />

| Des créations chorégraphiques et installations sonores.<br />

| 15 concerts par saison à l’<strong>Ircam</strong>, en collaboration avec<br />

des ensembles renommés.<br />

| 541 œuvres créées à l’<strong>Ircam</strong> depuis sa création.<br />

| Un festival annuel à Paris présentant tous les<br />

champs d’activité de l’<strong>Ircam</strong>, en création, recherche<br />

et transmission. Depuis 2006, la nouvelle formule<br />

du festival Agora connaît une progression de sa<br />

fréquentation et s’élargit aux concerts orchestraux, à<br />

l’installation sonore, au théâtre musical et à l’opéra.<br />

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LES CHIFFRES-CLÉS DE LA RECHERCHE<br />

| Laboratoire constituant une unité mixte de recherche<br />

avec le CNRS.<br />

| 8 équipes de recherche comptant 90 collaborateurs,<br />

30 % de nationalité étrangère.<br />

| 120 publications par an.<br />

| 20 brevets déposés et maintenus.<br />

| 7 environnements logiciels développés et diffusés.<br />

| 1 grande manifestation scientifique annuelle.<br />

| 1 département de médiation qui commercialise les<br />

logiciels <strong>Ircam</strong> via un forum qui compte plus de 1 300<br />

utilisateurs dans le monde, 66 % d’étrangers, 25 %<br />

hors d’Europe.<br />

Les recettes d’activité (80 % des recettes propres)<br />

sont générées par la recherche grâce à sa participation<br />

à de nombreux projets de recherche. Le taux de<br />

financement externe des équipes de recherche s’élève<br />

à 60 % de leurs ressources, personnel compris.<br />

LES CHIFFRES-CLÉS DE LA TRANSMISSION<br />

Action culturelle<br />

| Des parcours « découverte », « création » et « masterclasses<br />

» pour le jeune public (plus de 400 élèves/an).<br />

| Des rendez-vous avec le public : conférences, série<br />

de films « images d’une oeuvre » présentée en avantpremière<br />

avec les artistes, colloques thématiques,<br />

séminaires et académies hors les murs.<br />

| 1 700 établissements scolaires utilisateurs du logiciel<br />

pédagogique Musique Lab développé en collaboration<br />

avec le ministère de l’Éducation nationale.<br />

| 1 médiathèque de recherche disposant d’un fonds de<br />

plusieurs milliers de documents en ligne.<br />

| La base Brahms de documentation sur les<br />

compositeurs, brahms.ircam.fr.<br />

Formation professionnelle et universitaire<br />

| 20 jeunes compositeurs venus du monde entier,<br />

accueillis dans le Cursus de composition et<br />

d’informatique musicale en deux années.<br />

| 22 étudiants scientifiques en Master 2 en partenariat<br />

avec l’université Paris-VI et Suptelecom Paris.<br />

| 290 participants aux 25 stages annuels ouverts au<br />

public professionnel.<br />

| Plus de 16 214 heures de formation/individus par an.<br />

L’ÉQUiPE<br />

DIRECTION<br />

Frank Madlener<br />

COORDINATION<br />

Suzanne Berthy<br />

CONFERENCES<br />

Hugues Vinet / Andrew Gerzso<br />

Gérard Assayag / Olivier Warusfel / Sylvie Benoit / Florence<br />

Quilliard<br />

PEDAGOGIE ET ACTION CULTURELLE<br />

Cyril Béros<br />

Anne Becker / Fleur Gire / Natacha Moënne-Loccoz<br />

PRODUCTION<br />

Alain Jacquinot<br />

Martin Antiphon / Pascale Bondu / Sylvain Cadars /<br />

Christophe Egéa / Agnès Fin / Anne Guyonnet /<br />

Jérémie Henrot / Maxime Le Saux / Guy Merlant / David<br />

Poissonnier / Laetitia Scalliet / Frédéric Vandromme<br />

COMMUNICATION<br />

Claire Marquet<br />

Céline Béranger / Murielle Ducas / Sylvia Gomes /<br />

Vincent Gourson / Aude Grandveau / Deborah Lopatin /<br />

Delphine Oster<br />

BILLETTERIE<br />

Paola Palumbo<br />

Alexandra Guzik / Stéphanie Leroy<br />

RELATIONS PRESSE<br />

Opus 64<br />

Valérie Samuel / Marine Nicodeau<br />

Eracom<br />

Estelle Reine-Adélaïde<br />

CREDITS PHOTOS<br />

p.5 Gérard Pesson © Marthe Lemelle / p.5 Sarkis, Au commencement 19380 © ADAGP /p.6 Pierre<br />

Jodlowski © DR / p.7 Installation de Patricia Alessandrini © Paul Stapleton / p.7 Le CENTQUATRE ©<br />

Jean-Christophe Benoit / p.8 Surrogate Cities © Andreas Knapp / p.8 désert de Gobi © DR / p. 9 La Terre<br />

vue du ciel © Yann Arthus Bertrand / p.10 Espèces d’espaces © Cécile Brossard / p.10 Le Bonheur © DR /<br />

p.11 L’ombre double © DR / p.11 maquette du décor du Père © Stephanie Rauch / p.13 verrière de l’<strong>Ircam</strong><br />

© Myr Muratet / p.17 <strong>Ircam</strong> © Olivier Panier des Touches / p.17 Cité des sciences et de l’industrie ©<br />

S.Chivet / p.17 université Pierre et Marie Curie © Pierre Kitmacher-UPMC / p.18 Vox Humana ©<br />

Raphaël Thibault /p.18 Mutations of Matter © Carlos Franklin / p.19 Montage de notes de Philippe<br />

Leroux © <strong>Ircam</strong> / p. 20 verrière de l’<strong>Ircam</strong> © Myr Muratet / p.22 Avis de tempête, Georges Aperghis ©<br />

Mikaël Libert / p.23 installation du système WFS dans la Cour d’honneur du Palais des Papes © <strong>Ircam</strong> /<br />

p.33 Andrea Agostini © <strong>Ircam</strong> / p.33 Patricia Alessandrini © DR / p.33 Georges Aperghis © DR / p.33<br />

Thierry Blondeau © Jérôme Lelong / p.34 Pierre Boulez © Henry Fair / p.34 John Cage © John Cage<br />

Trust / p.34 Odile Duboc © Françoise Michel / p.35 Morton Feldman © DR / p.35 Carlos Franklin ©<br />

DR / p.35 Sébastien Gaxie © Géraldine Millo / p.35 Heiner Goebbels © DR / p.35 Jonathan Harvey ©<br />

Maurice Foxall / p.36 Michaell Jarrell © Éditions Henry Lemoine / p.36 Pierre Jodlowski © DR / p.36<br />

Phlippe Leroux © Danielle Androff / p.36 Philippe Manoury © Roland Manoury / p.37 Marco Momi ©<br />

<strong>Ircam</strong> / p. 37 Mathilde Monnier © Marc Coudrais / p.37 Tristan Murail © DR / p.37 Pierre Nouvel ©<br />

Armstrong Jones / p.38 Gérard Pesson © Marthe Lemelle / p.38 Matthias Pintscher © Andrea Medici,<br />

Baci & Baci Studios / p.38 Roque Rivas © <strong>Ircam</strong> / p.38 Kenji Sakai © <strong>Ircam</strong> / p.38 Sarkis © Muhsin<br />

Akgn / p.39 Giacinto Scelsi © DR / p.39 Oliver Schneller © DR / p.39 Georgia Spiropoulos © DR / p.39<br />

Karlheinz Stockhausen © Isabelle Lévy / p.40 Raphaël Thibault © DR / p.40 Christopher Trapani ©<br />

<strong>Ircam</strong> / p.40 André Wilms © Céline Gaudier / p.40 Iannis Xenakis © Éditions Salabert.<br />

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