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DRC_MAPPING_REPORT_FINAL_FR

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couverts par le présent rapport, soit l’affaire d’Ankoro 41 , un jugement du 20 décembre<br />

2004 sur des incidents survenus au Katanga en 2002, et l’affaire des Milobs 42 , un<br />

jugement du 19 février 2007 sur des incidents survenus en Ituri en mai 2003.<br />

47. S’il est indéniable que quelques acteurs de la justice militaire congolaise inspirés<br />

par l’adhésion de la RDC au Statut de Rome de la CPI en 2002 et soutenus par la<br />

communauté internationale, ont rendu un petit nombre de décisions courageuses en<br />

matière de crimes internationaux 43 , bravant les obstacles matériels et psychologiques<br />

ainsi que les apparentes pressions politiques, toutes les affaires étudiées illustrent<br />

néanmoins les importantes limites opérationnelles des magistrats militaires. Enquêtes<br />

bâclées et douteuses, actes judiciaires mal rédigés ou insuffisamment motivés, décisions<br />

irrationnelles, violations des droits de la défense et immixtions diverses des autorités<br />

civiles et militaires dans le processus judiciaire sont les tares apparentes qui ont<br />

caractérisé plusieurs de ces décisions, notamment dans les affaires d’Ankoro, Kahwa<br />

Mandro, Kilwa et Katamisi.<br />

48. Le manque de volonté politique de poursuivre les graves violations du droit<br />

international humanitaire commises en RDC est également confirmé par le fait que la<br />

grande majorité des décisions rendues l’ont été suite à des pressions constantes de la<br />

MONUC et d’ONG.<br />

49. Cette léthargie apparente de la justice congolaise par rapport aux crimes de guerre<br />

et crimes contre l’humanité, notamment à l’égard des principaux responsables, ne<br />

pourrait qu’encourager la commission de nouvelles violations graves des droits de<br />

l’homme et du droit international humanitaire qui perdurent jusqu’à ce jour.<br />

Incapacité du système de justice congolais de traiter adéquatement des crimes<br />

internationaux commis sur son territoire<br />

50. En RDC, le problème est moins un problème d'inadéquation des dispositions<br />

pénales qu'un problème de non-application. Bien que, comme l’affirme le Rapport sur<br />

_______________<br />

41 Dans l’affaire d’Ankoro, des enquêtes menées par la MONUC avaient révélé que de violents<br />

affrontements entre les FAC et les Mayi-Mayi, en novembre 2002, avaient causé la mort d’au moins 70<br />

personnes. Des milliers de maisons furent incendiées et détruites, des centaines de bâtiments privés et<br />

publics dont des hôpitaux, des écoles et des églises furent pillés. En décembre 2002, 28 militaires des FAC<br />

furent arrêtés et mis à la disposition de la justice militaire. Sept d’entre eux furent inculpés notamment pour<br />

crimes contre l’humanité. Le procès fut retardé pendant de nombreux mois pour permettre de constituer une<br />

commission d’enquête d’officiers aptes à juger un lieutenant-colonel et, finalement, le Tribunal prononça<br />

l’acquittement de six prévenus et condamna le septième à une peine de 20 mois de réclusion pour meurtre.<br />

Le Ministère public, satisfait de l’arrêt, ne forma pas appel (RMP 004/03/MMV/NMB–RP 01/2003, RMP<br />

0046/04/NMB–RP 02/2004).<br />

42 Dans l’affaire des Milobs, en mai 2003, des membres du Front nationaliste et intégrationniste (FNI),<br />

milice qui sévissait en Ituri, ont torturé et tué deux militaires observateurs de la paix de la MONUC. Sept<br />

miliciens furent inculpés de crimes de guerre plus de trois ans après les incidents. Le Tribunal de garnison<br />

militaire de Bunia, le 19 février 2007, condamna six des prévenus à la servitude pénale à perpétuité pour<br />

crimes de guerre en application du Code pénal militaire congolais et de l’article 8 du Statut de Rome de la<br />

CPI (RP 103/2006).<br />

43 Ce fut le cas des affaires Songo Mboyo (2006), des Milobs (2007), Gety et Bavi (2007), Lifumba Waka<br />

(2008), Gédéon Kyungu (2009) et Walikale (2009).<br />

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