Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays & Cristiana-Nicola
Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays & Cristiana-Nicola
Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays & Cristiana-Nicola
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
conflits religieux et des spéculations malsaines, à travers un dialogue<br />
interreligieux.<br />
L’appréhension de l’Evangile par le personnage est<br />
l’illustration même de l’attitude tolérante d’un homme qui ne vit pas<br />
sa religion sur le mode fondamentaliste. L’ouverture à une autre<br />
religion lui sauve la vie et lui apporte un sentiment de bien-être et de<br />
paix intérieure : « Il est entré en osmose, en symbiose avec Jésus<br />
Christ », remarque Mohamed Said Fellag (Fellag, 2002). Ce moment<br />
exceptionnel de communion dans l’ignorance totale de la peur est<br />
sans doute sublime.<br />
Le narrateur accentue d’ailleurs la tonalité sublime de<br />
l’épisode par des commentaires qui semblent grotesques mais qui<br />
ont vocation à abolir les frontières entre les religions dans le cadre<br />
d’une interaction et une connivence remarquables entre l’humoriste<br />
et le public. Areski implore Jésus en ces termes : - Oh Jésus, oh Sidna<br />
Aissa ! (Fellag, 2002) (C’est nous qui soulignons)<br />
Et Mohamed Saïd Fellag de commenter les répliques de son<br />
personnage, coupé par un applaudissement :<br />
C’est le nom de Jésus en arabe, en fait c’est le vrai nom, ben oui bien sûr<br />
[ici applaudissement]. Jésus Christ, c’est le nom d’adoption, c’est plus<br />
tard, mais à la base, c’est Sidna Aissa. (Fellag, 2002)<br />
Alors que les Chrétiens rejettent en bloc la religion<br />
musulmane et le message du prophète Mohamed, le musulman<br />
Areski est serein face à la religion de l’autre. Il tire en fait son<br />
assurance d’une religion qui a l’avantage d’embrasser et de<br />
reconnaître toutes les religions révélées et tous les messagers de<br />
Dieu. En raison de cette reconnaissance, le personnage n’a pas le<br />
sentiment d’implorer un étranger en s’adressant à Jésus, il lui parle<br />
en arabe comme il parlerait à Mahomet, et il s’approprie, au nom du<br />
monde musulman, de la Umma, le roi de Nazareth, comme l’indique<br />
le sens de l’apostrophe Sidna formée du substantif Sid (seigneur) et<br />
du déterminant possessif de la première personne du pluriel na,<br />
littéralement, « notre Seigneur ».<br />
14