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Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays & Cristiana-Nicola

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Si l’intertextualité explicite est dominante dans La nuit de<br />

l’erreur, il y a également dans le texte des traces intertextuelles plus<br />

difficilement saisissables. Nous pensons que ce roman pourrait être<br />

interprété, entre autres, comme une réécriture du mythe d’Ulysse,<br />

plus particulièrement de l’épisode du chant des Sirènes. Comme on<br />

le sait, depuis l’Antiquité, le chant des Sirènes était considéré un<br />

symbole de l’aventure intellectuelle. La rencontre avec Zina/Chérifa<br />

est pour Abid, Bachar, Bilal, Carlos et Salim une expérience-limite,<br />

qui mène à la dispersion du moi et à la suite de laquelle ils<br />

demeurent « comme des loques, l’âme déchirée, pétrifiée, et la tête<br />

disponible pour la folie » (NE). Le seul qui résiste, qui se sauve, est<br />

Salim, l’écrivain : « Pas moi ! Elle ne m’aura pas ! Je dois résister pour<br />

témoigner ! » (NE, p : 274) À la suite de son immersion dans le<br />

monde de la fiction et du dédoublement, il réussira à s’en détacher, à<br />

regagner sa lucidité et sa disponibilité afin de se lancer dans une<br />

nouvelle aventure. Par conséquent, l’image de l’écrivain projetée<br />

dans le texte est celle d’un Ulysse moderne, engagé dans l’aventure<br />

séduisante, mais en même temps dangereuse et extrême, de<br />

l’écriture. Le lecteur est, à son tour, un autre Ulysse, incessamment<br />

exposé aux tentations de la fiction.<br />

Même si elle est moins dense que dans La nuit de l’erreur, la<br />

réécriture mythique est tout aussi profonde dans Les nuits de<br />

Strasbourg. On peut citer l’exemple de Jacqueline, qui tout comme<br />

Antigone, « est celle qui dérange. Elle dérange l’ordre établi. Elle<br />

perturbe les notions de bien et de mal » (Fraise, 1988 : 95). Comme le<br />

souligne Ernstpeter Ruhe, sa faute consiste à ne pas tenir compte de<br />

certaines « spécificités culturelles » (Ruhe, 2008 : 178) dans sa relation<br />

avec Ali qui, repoussé, finira par la tuer, ne pouvant accepter la<br />

rupture, ni l’attitude de la femme qui fait note discordante avec sa<br />

culture. Une autre erreur qui dérange l’ordre établi réside dans sa<br />

relation avec les adolescents maghrébins, avec lesquels elle travaille<br />

en tant qu’animatrice culturelle et qu’elle semble « attirer trop<br />

brusquement vers sa culture ». (Ruhe, 2008)<br />

Au terme de cette analyse, on peut conclure que le métissage<br />

est une pratique incontournable dans le roman maghrébin<br />

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