Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays & Cristiana-Nicola
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Un petit pois, il est vrai, n’a pour ainsi dire pas de poids. Pas<br />
plus d’ailleurs – j’ai honte d’avoir à le dire parce que nous sommes<br />
tous menacés de le devenir – qu’un Ethiopien ou n’importe qui ne<br />
peut prétendre en avoir. Quel poids ce dernier, comme bien d’autres<br />
du Tiers monde d’une planète qui jure vouloir en finir avec la faim,<br />
peut-il avoir quand (bien avant le 11 septembre 2001) il est devenu<br />
avéré qu’il y va de son intérêt et des siens, de ce qu’il lui reste de<br />
dignité, de sa vie de taire sa voix, de contenir et de tuer dans l’œuf<br />
cette excentricité qui lui a été donnée au même titre que n’importe<br />
quel autre, pour ne pas rejoindre le camps de la honte de<br />
Guantanamo parce que sa culture, du moins ce qu’il en reste, tarde<br />
volontairement ou involontairement à se mettre à l’heure mentale et<br />
économique des fast-foods, que la couleur de son mental et de sa<br />
culture ne sert pas les intérêts côtés au CAC 40, au Dow Jones ou à la<br />
Bourse de New York pourtant très heureux de pouvoir profiter des<br />
parts d’autorisation de pollution inexploitées par son pays ? Et ce<br />
n’est pas faute de n’avoir pas commencé à porter des <strong>Jean</strong>s, dansé sur<br />
les rythmes de M. Jackson, offert, par procuration obligée, autant le<br />
thé de convivialité traditionnellement partagé en souriantes réunions<br />
ou bu le Coco cola de l’oncle Sam dont les emballages lui servent de<br />
toit que cru le langage tenu en pareilles circonstances par des<br />
diplomates certes cultivés mais essentiellement choisis, on l’oublie,<br />
pour leurs talents de négociateurs acquis aux intérêts de maîtres élus<br />
pour protéger et accroître le P.I.B. de nantis qui n’ignorent pourtant<br />
pas que le bonheur des uns fait le malheur des autres.<br />
Cela n’aurait pas été et cesserait si ces négociateurs, tous<br />
bords confondus, dont la seule tenue vestimentaire est une injure à<br />
ceux qui marchent pieds nus, regardaient le monde autrement qu’à<br />
travers l’étroite fenêtre d’un mental stratégiquement élevé dans une<br />
culture du préjugé défavorable et la méfiance de tout écart par<br />
rapport à son modèle de civilisation qu’aujourd’hui la mondialisation<br />
économique (adjectif plus sciemment qu’inconsciemment omis, tant il<br />
est devenu évident que le culturel s’évalue en termes financiers) est<br />
sur le point de consacrer et qui y est si pernicieusement arrivée,<br />
contre les intérêts mêmes de ceux qui l’ont imposée, que nous vivons<br />
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