Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays & Cristiana-Nicola
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l’assurance et expliquent la familiarité qui s’instaure entre lui et<br />
Jésus :<br />
Allez Jésus, sois cool, ne me laisse pas couler ! Allez, Jésus, allez, Sidna<br />
Aissa ! (Idem : 70)<br />
Et du coup, les rôles sont inversés par la subversion<br />
grotesque car ici c’est un jeune musulman, qui fait partie du<br />
commun des mortels, et qui rappelle au Fils de Dieu, l’un des<br />
commandements que Dieu son Père lui a enseigné et que les adeptes<br />
des religions révélées, Juifs, Chrétiens et Musulmans connaissent par<br />
cœur sans l’appliquer :<br />
C’est toi qui as dit que nous sommes tous des frères ! Alors applique<br />
maintenant ! voilà, je te donne l’occasion. (Id.)<br />
Chez un méditerranéen, la communication joint<br />
nécessairement le geste à la parole pour que l’effort de persuasion<br />
aboutisse. En interprétant le rôle de l’immigré Mohamed, l’acteur se<br />
livre à des gesticulations effrénées qui dynamisent la scène. Par le jeu<br />
du mouvement dansant des jambes, le balancement du buste tantôt à<br />
gauche tantôt à droite, les hochements de tête, les clins d’œil et les<br />
soulèvements des sourcils, toute sorte de gesticulation et de<br />
mimique, le corps couvre le langage et « produit un effet<br />
d’immédiateté corporelle, événementielle et psychologique », comme<br />
dirait Patrice Pavis (1996 : 73). Dans cette tentative de solliciter la<br />
connivence de Jésus et de le rallier à sa cause, le personnage ou<br />
l’acteur vide la cérémonie de sa dimension religieuse et mystique et<br />
l’inscrit dans la banalité quotidienne.<br />
A voir l’acteur dans son dédoublement, jouant Jésus et<br />
Mohamed à la fois, on penserait à deux vieilles connaissances<br />
discutant tranquillement place du marché ! Le tableau que la scène<br />
théâtrale renvoie au public, celui de deux hommes conversant<br />
fraternellement, relève sans aucun doute de la trivialité quotidienne.<br />
Mais l’idée que l’un des hommes soit, par la force de l’illusion<br />
théâtrale, JESUS de Nazareth libéré de vingt siècles du figement de la<br />
crucifixion dans les ténèbres des églises et faisant la causette comme<br />
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