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Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays & Cristiana-Nicola

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constater) dans l’allure générale de la production et de la<br />

consommation intellectuelles, que je désespère parfois de l’avenir,<br />

écrivait déjà Valéry en son temps (Op. cit. p. 1065-1066)<br />

Qu’écrirait-il aujourd’hui lui qui poursuivait :<br />

Je m’excuse (et je m’accuse) de rêver quelques fois que l’intelligence<br />

de l’homme et tout ce par quoi l’homme s’écarte de la ligne<br />

animale, pourrait un jour s’affaiblir et l’humanité insensiblement<br />

revenir à l’état instinctif, redescendre à l’inconstance et à la futilité<br />

du singe. (Valéry, 1957 : 1065)<br />

Pourquoi si ce n’est parce que « nul ne peut servir deux<br />

maîtres » (L’Evangile selon Matthieu, VI, 24, Le Nouveau Testament,<br />

1985 : 9) et que nous sommes devenus acculés, tellement nous<br />

craignons pour nos vies et celles de nos familles, à ne servir que le<br />

Veau d’or : celui-là même qu’en visionnaire de l’avenir que nous<br />

connaissons Balzac dénonçait déjà dans Les Illusions perdues et que<br />

Freud interprète en termes d’excréments ? Car l’excrémentiel, que le<br />

langage publicitaire est arrivé à transformer en plaisir orgastique, est<br />

devenu ce derrière quoi le sens, combien frauduleux parce que<br />

univoque, de civilisation nous fait courir. Voilà en réalité à quoi la<br />

civilisation de la jouissance coprophilique nous invite et pourquoi<br />

aussi, après l’espèce de coma dans lequel nous sommes tombés,<br />

notre sentiment à son égard s’oriente heureusement au rejet de<br />

l’artifice de ses réelles odeurs en même temps qu’envie et fascination<br />

par celui qui, par extraordinaire n’a pas encore été pris dans ses<br />

filets; n’a pas encore été séduit par les charmes trompeurs des<br />

« parfums » de ses langages, pourtant signés, et agréables sourires,<br />

commerciaux certes, mais combien nerveux aussi parce que trop peu<br />

sûrs de leurs pouvoirs sur les êtres singuliers que la nature<br />

heureusement fait de chacun de nous : « une création du désir non<br />

du besoin » (Bachelard, 1949 :34), comme Bachelard l’avait si bien<br />

compris. Désir évidemment de l’Autre que je désire autant qu’il me<br />

désire à cause et pour nos différences ; désir qui, pour reprendre<br />

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