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Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays & Cristiana-Nicola

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S’il vous arrive d’aller un jour à Tanger, soyez indulgents pour<br />

l’état des lieux, la décrépitude, la nostalgie qui occupent les gens attablés<br />

aux cafés, les yeux fixés sur les côtes espagnoles ou sur un horizon de<br />

pacotilles.<br />

Il n’y a rien à voir. Ni monuments, ni musées, ni criques ; pas<br />

même une vieille chose pittoresque qui pourrait vous procurer quelques<br />

sensations brèves mais fortes.<br />

Certes, vous pouvez déambuler dans les rues, humer les odeurs de<br />

cuisines et les parfums qui ont tourné, ou simplement les effluves de<br />

pourriture des sardines jetées sur les trottoirs aux chats qui n’en veulent<br />

pas. Les chats de Tanger tiennent à la vie plus que n’importe quel autre<br />

animal. Ils sont connus pour leur attachement à cette ville, qui doit<br />

probablement leur garantir une petite éternité non négligeable par les<br />

temps qui courent.<br />

Vous pouvez aussi rester chez vous, dans une chambre d’hôtel ou<br />

chez des amis. Vous aurez tort. Car Tanger, qui n’a rien pour retenir le<br />

voyageur de passage, a tout pour le séduire. Mais ce n’est pas visible. C’est<br />

dans l’air. […]. (NE, p. 9).<br />

2. L’intertextualité comme pratique de métissage<br />

Dans la première partie de notre analyse, nous signalions la<br />

manière dont le principe de métissage était exhibé dans le texte de La<br />

Nuit de l’erreur. En recourant au même procédé de mise en abyme,<br />

Tahar Ben Jelloun insiste sur l’intertextualité comme pratique de<br />

métissage : des histoires qui naissent d’autres histoires sont insérées<br />

dans l’histoire de Zina – « notre histoire d’amour s’est versée<br />

simplement dans une autre histoire, celle-là beaucoup plus triste et<br />

plus cruelle » (NE, p. 234), affirme Salim, en parlant de son aventure<br />

avec Zina – pour se verser ensemble dans « la mer des histoires » :<br />

Zina aura été toutes les femmes pour les besoins d’un conte trouvé dans les<br />

eaux mêlées du détroit de Gibraltar, là où l’Atlantique et la Méditerranée<br />

se rencontrent [le métissage de deux espaces culturels y est une fois<br />

de plus, subtilement, suggéré (notre précision)]. Par temps clair, on<br />

distingue une ligne verte où les courants se retrouvent, brassant la « mer<br />

des histoires », rejetant sur la plage celles qui ne valent rien. (NE, p. 305)<br />

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