deux poèmes de jean-baptiste bégarie - Institut Béarnais Gascon
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Yulhet 1911.<br />
LA LUNE<br />
Ô Lune, quel gamin folâtre court plus <strong>de</strong> ravins quand, au plus haut <strong>de</strong> ton logis, tu<br />
affrontes le grand Soleil ?<br />
La voilà rongée du désir fol <strong>de</strong> nous faire <strong>de</strong>s niches et, <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière son nuage comme<br />
un singe moqueur, elle se prend d’un vaste rire.<br />
Parfois encor nous voyons par-<strong>de</strong>ssus le mont brûler la bure bleue du ciel, et se<br />
glisser la belle au crâne chauve : Notre Dame la Lune !<br />
Qu’elle roule comme une boule d’or frôlant doux l’étoile jaune et, songeurs lunatiques<br />
au cerveau retourné, nous la voulons pour Dame.<br />
Qu’elle vole sur les pics <strong>de</strong> neige, cornue comme une tête <strong>de</strong> taureau, et l’enfant<br />
ébloui tire la ri<strong>de</strong>lle du berceau, et la salue.<br />
Un soir <strong>de</strong> ma jeunesse, dans le ciel bleuard, la boule d’or filait quenouille, et tassait<br />
ses rayons en un rare halo : ah ! beau Soir <strong>de</strong> Fée !<br />
L’astre fuyait la morsure doucereuse <strong>de</strong>s goujons, et la lune courait sans plus donner<br />
<strong>de</strong> la tête au ras <strong>de</strong>s galets.<br />
L’œil saoul, je laissai la danse bruire au fil du ru quand une étoile, glissant du ciel<br />
comme un fil, est tombée sur la rive.<br />
C’était un sorcier. Sa verge <strong>de</strong> houx avait lui dans l’obscurité. Je vis un spectre <strong>de</strong><br />
chameau, tout luisant d’yeux, suivre ma trace.<br />
Juillet 1911<br />
traduction D. Aranjo