29.12.2014 Views

Journal de Saclay n°32 - CEA Saclay

Journal de Saclay n°32 - CEA Saclay

Journal de Saclay n°32 - CEA Saclay

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Le Temps<br />

EXPLORER LES BRÈVES DURÉES<br />

Des phénomènes fugaces comme la « vie » d’une particule dans un accélérateur ou une réaction<br />

chimique échappent aux chronomètres les plus performants. Des artifices permettent cependant leur<br />

analyse temporelle très fine.<br />

LA COURTE VIE DU BOSON Z<br />

Le temps <strong>de</strong> vie d’une particule peut être déterminé en<br />

mesurant la probabilité <strong>de</strong> matérialisation <strong>de</strong> la particule<br />

en fonction <strong>de</strong> l’énergie dépensée pour la créer.<br />

Les particules élémentaires constituent un étrange<br />

bestiaire : ainsi, les particules <strong>de</strong> matière interagissent<br />

entre elles en s’échangeant…<br />

d’autres particules,<br />

<strong>de</strong> nature différente, dites<br />

messagères. Par exemple<br />

le grain <strong>de</strong> lumière (ou<br />

photon) est la messagère<br />

<strong>de</strong> l’interaction électromagnétique.<br />

Les accélérateurs<br />

<strong>de</strong> particules ont permis <strong>de</strong><br />

montrer que <strong>de</strong>s messagers<br />

existent également pour<br />

<strong>de</strong>ux autres interactions<br />

fondamentales gouvernant,<br />

l’une la cohésion du noyau<br />

<strong>de</strong> l’atome, et l’autre la<br />

désintégration <strong>de</strong>s noyaux radioactifs. Cette <strong>de</strong>rnière,<br />

appelée interaction faible, admet trois messagers, dont le<br />

boson Z. Au grand collisionneur LEP 1 du CERN, l’énergie<br />

libérée par le choc frontal d’un électron et d’un positron 2<br />

Les points rouges correspon<strong>de</strong>nt à la courbe <strong>de</strong> résonance<br />

du Z et ont été mesurés sur un très grand nombre<br />

<strong>de</strong> collisions. Les énergies <strong>de</strong> collision sont exprimées<br />

en gigaélectronvolts et les probabilités d’interaction en<br />

picobarns (pb), une unité <strong>de</strong> mesure typique <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong><br />

collisions.<br />

était suffisante pour donner naissance à cette particule.<br />

Une fois créé, un Z se désintègre très rapi<strong>de</strong>ment en d’autres<br />

particules, mesurées dans les détecteurs. On parle <strong>de</strong><br />

« voies <strong>de</strong> désintégrations » du Z, qui varient d’une collision<br />

à l’autre et qu’il faut i<strong>de</strong>ntifier par <strong>de</strong>s mesures sur les<br />

particules finales. Grâce à ces mesures, on a pu remonter<br />

aux caractéristiques du Z, comme sa masse ou son temps<br />

<strong>de</strong> vie.<br />

Temps <strong>de</strong> vie et énergie<br />

Le temps <strong>de</strong> vie du Z est extrêmement bref : 2,6.10 -25<br />

secon<strong>de</strong> ! Pour comprendre comment les physiciens ont<br />

pu mesurer très précisément cette durée, il faut s’attar<strong>de</strong>r<br />

1<br />

sur la notion <strong>de</strong> masse. A chaque particule est associée<br />

une masse qui correspond à son « énergie au repos » mais<br />

dans un cadre régi par la mécanique quantique, cette<br />

masse varie un peu d’un Z à l’autre. Il existe une valeur <strong>de</strong><br />

masse préférentielle, mais il est également possible,<br />

quoique moins probable, <strong>de</strong> produire <strong>de</strong>s Z à <strong>de</strong>s masses<br />

légèrement différentes <strong>de</strong> celle-ci. La probabilité d’obtenir<br />

un Z <strong>de</strong> masse donnée a la forme d’une courbe « <strong>de</strong> résonance<br />

» dont la largeur est directement reliée à l’inverse du<br />

temps <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> la particule. Entre 1989 et 1995, au LEP,<br />

les physiciens <strong>de</strong>s particules ont enregistré quelque<br />

17 millions <strong>de</strong> matérialisations <strong>de</strong> Z pour reconstruire point<br />

par point cette courbe <strong>de</strong> résonance. Les caractéristiques<br />

du Z ont ainsi été mesurées avec une précision sans<br />

précé<strong>de</strong>nt. « La finalisation<br />

<strong>de</strong>s résultats vient<br />

<strong>de</strong> s’achever. Grâce au<br />

LEP, la compréhension<br />

<strong>de</strong> l’interaction électrofaible<br />

a fait un pas <strong>de</strong><br />

géant », se réjouit Vanina<br />

Ruhlmann-Klei<strong>de</strong>r, physicienne<br />

au Dapnia.<br />

1 LEP : Large Electron and<br />

Positron colli<strong>de</strong>r.<br />

2 Positron ou positon :<br />

antiparticule <strong>de</strong> l’électron.<br />

La qualité <strong>de</strong>s résultats expérimentaux obtenus sur la<br />

particule Z au CERN permet <strong>de</strong> statuer sur le nombre<br />

d’espèces <strong>de</strong> neutrinos. Les courbes correspon<strong>de</strong>nt à<br />

<strong>de</strong>s prédictions avec respectivement <strong>de</strong>ux, trois ou<br />

quatre espèces <strong>de</strong> neutrinos. Les points expérimentaux<br />

sont présentés avec une barre d’erreur multipliée par<br />

dix pour être visible. Les mesures démontrent qu’il<br />

existe trois espèces <strong>de</strong> neutrinos.<br />

1 Tunnel du LEP au CERN qui a fonctionné <strong>de</strong> 1989 à 2000.<br />

Le grand collisionneur <strong>de</strong> protons (LHC) est aujourd’hui<br />

en construction dans ce même tunnel.<br />

12

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!