Collectionneurs en situation - L'espace de l'art concret

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Biographies des collectionneurs Collectionneurs participants au projet : José Louis Albertini, Arsfutura, Francine et Francis Carrère, Michel Fedoroff, Pierre-Louis Ezavin, Gilles Fuchs, LGR, Bernard Massini. Ce projet est né du souhait de construire une exposition qui ne serait pas seulement la concrétisation du choix d’une seule personne, le commissaire de la manifestation, mais serait le reflet de plusieurs regards : ceux des collectionneurs invités à participer, aux côtés des artistes, à cette aventure, une expérimentation qui serait une formidable occasion de partager un autre rapport à l’œuvre, qui provoquerait surtout des déplacements inédits au sein de nos pratiques respectives. Je remercie chaleureusement tous les acteurs de ce projet, les collectionneurs, artistes, et autres protagonistes essentiels, comme les galeries, qui ont accompagné cette idée avec enthousiasme et se sont prêtés au jeu. Qui dit jeu, dit aussi règles, et parmi celles-ci un exercice évident : faire les présentations et demander aux collectionneurs de se définir par leur situation géographique, sociale, et/ou professionnelle mais aussi selon leur statut de collectionneur. L’exercice de style bien connu de la rédaction de la biographie auquel ils ont bien voulu se soumettre reflète parfaitement la diversité de leur personnalité, de leurs parcours avec les mêmes points communs : cette passion partagée pour l’art contemporain et cet engagement sans faille auprès des artistes qu’ils apprécient et soutiennent. Nous avons pris le parti-pris de ne pas homogénéiser les textes des différentes biographies afin de conserver au plus près l’esprit de ceux qu’ils présentent. Fabienne Fulchéri - Directrice de l’Espace de l’Art Concret José Louis Albertini Artiste choisie : Sandra Lorenzi C’est grâce à la curiosité, au romanesque et à l’émotionnel que sa vie a commencé. Sa première et véritable formation culturelle a été celle des Arts Plastiques (Ecole de Beaux Art - disparue, - Rue Tonduti de L’escarène à Nice - en 1955). Sur ce terrain préféré, il est resté très idéaliste et sans discontinuer sous la véritable influence de l’art de son temps. Il a gardé, pendant tout ce long temps, continuellement, une passion simple pour l’art du présent. Elle est devenue pour lui un véritable instrument de découverte, de curiosité et d’apprentissage. Dès le début, petitement et lentement, il est devenu un collectionneur raisonnable, adorant les travaux sur papier. Il a accumulé des œuvres, mais seulement celles pour lesquelles, il était tout simplement enthousiaste, sans complication abusive. On pouvait l’imaginer d’emblée, captif de ses œuvres d’art, comme si son activité de collectionneur allait de pair avec un isolement, ……. Et bien non, ……. Pendant tout ce temps, sa pensée ne tient pas en place, son chemin de collectionneur se déploie à l’air libre et dans le mouvement. Tout au long de cette captivante histoire d’amour avec l’art, il raconte sa propre histoire avec passion. S’il n’a pas pu ou pas su, se déployer dans une vie d’artiste dont probablement il rêvait, il est devenu par contre responsable d’une bonne agence d’architecture. Il est l’auteur, dans le monde entier, de nombreux et beaux travaux. Tout au long de ce cheminement professionnel, il a découvert de façon constante, la grande, la nécessaire et véritable corrélation de l’art de son temps avec son métier d’architecture. Pendant toutes ces années de travail, il a aimé la confrontation ou le partage de son métier avec sa ou ses visions de l’art. Les arts plastiques sont certainement un des domaines artistiques où la totale liberté d’expression et des moyens de production restent encore entiers. Mais est-ce vraiment la réalité d’aujourd’hui Pour lui, il s’agissait d’esquiver une intégration discutable à ce milieu culturel, de déguerpir d’un ghetto artistique souvent trop enfermé dans « le cercle » bordé d’objectifs personnels, de conserver cette notion de liberté sans toutes les contraintes des divergences ou des a priori primaires. Ainsi, différemment, pendant 30 années, au travers de 3 lieux de galeries successives, (New York, Nice et Mougins), il s’est consacré à un geste idéaliste, celui de faire en sorte que les autres, le grand public, profitent aussi d’un immense plaisir, …… celui d’établir et de partager une relation naturelle qui soit à la fois, un instrument capable de transmettre des émotions, de sensibiliser le grand public à une autre vision de l’art et lui donner l’envie de voyager ailleurs, et bien évidemment d’ouvrir leur esprit sur les œuvres de jeunes artistes méditerranéens. L’art d’aujourd’hui a soutenu sa passion pour l’architecture autant que l’architecture a soutenu sa passion pour l’art de son temps. Arsfutura Artistes choisis : Krijn de Koning et Djamel Tatah L'idée de créer Arsfutura est née en 2005 au cours de conversations croisées entre Maurice Gozlan, Jean-François Torres et Serge Le Borgne. Cette idée était alors, et est encore, fort simple et n'était que le constat de différentes envies comme par exemple une volonté commune de travailler de façon très proche avec des artistes, les accompagner de façon intellectuelle et financière dans leur travaux.La difficulté de certains artistes à produire sereinement ces oeuvres est souvent liée à des contingences financières. Il nous est donc apparu évident que Arsfutura devait devenir une "unité de production". Nous avons donc produit depuis lors plusieurs artistes à qui nous avons en fait "passé commande". Ces productions entrent, en partie bien sûr, dans la collection
d'Arsfutura, et ont été décidées en fonction des lieux privées où elles seraient visibles. Il en est ainsi, et par exemple, pour des séries d'oeuvres de Anne Marie Jugnet & Alain Clairet, de Marina Abramovic ou bien encore de Su-Mei Tse ou Krijn De Koning. Francis et Francine Carrère Artiste choisi : Cédric Teisseire Dans les années 70, Jean Pierre FAURE, boxeur professionnel gagne au loto. Ne sachant que faire d’une somme rondelette, ses amis enseignants, dentistes, médecins l’encouragent à ouvrir une galerie d’art. L’espace d’Art Prospect était né à Agen. Sous l’influence de Jérôme BOIXEL, artiste peintre et à ses heures professeur d’anglais, nous avons vu défiler en ce lieu tous les grands de la Figuration Narrative : Tirouflet, Rancillac, Monory, Adami, Messac, Proweller, Babou etc.…Notre rôle consistait à tartiner le foie gras lors des vernissages. Sans aucun écho local et nous même tous plus ou moins fauchés, la galerie a fermé. Mais les yeux de tout le petit groupe d’alors étaient désormais ouverts et sensibles. Ensuite sont venus les galeries, et leur rôle éducatif indispensable pour nous qui n’avions plus guère le temps de flâner. Nous sommes ainsi devenus plus amateurs que collectionneur de peinture contemporaine, car être collectionneur nécessite une rigueur et une logique dans ses choix. Trop éclectiques dans notre mode de vie et de pensée, cela nous a conduits à plus d’amateurisme, à plus de légèreté en quelque sorte. On y a perdu peut être en reconnaissance, mais on y a gagné en liberté. Notre choix a été plus ou moins cohérent. Michel Fedoroff Artistes choisis : Florian Pugnaire et David Raffini D’origine russe, Michel Fedoroff est né dans l’Oise et a été élevé à Paris après que ses parents aient fui la révolution de 1917. Il entre comme apprenti en 1962 dans une société de diffusion de musique où il fera toute sa carrière, gravissant peu à peu tous les échelons. Il devient le directeur et le propriétaire de l’entreprise Mood media, classée numéro 1 mondial du secteur. En 1992, il décide de s’installer à Monaco pour rejoindre sa femme et partage son temps depuis lors entre la capitale et le sud de la France. Son intérêt pour l’art naît précocement, dès ses 16 ans, alors qu’il découvre la beauté des paysages de l’Oise. Les villes d’Auvers et Pontoise l’amènent naturellement à regarder les toiles de Van Gogh et de Pissarro. L’histoire dramatique de certains artistes et la grande précarité de leurs conditions de travail lui donnent envie dès cette époque de construire un village d’artistes. Il s’initie un temps à la pratique artistique qu’il abandonne assez rapidement pour s’intéresser à l’histoire de l’art. Il commence alors à collectionner des affiches, puis des éditions limitées et progressivement la notion de « signature » de l’artiste devient un élément déterminant dans ses choix. Il acquiert alors son premier original et entame une nouvelle relation à l’art qui devient vite essentielle pour lui : le dialogue avec l’artiste vivant. Cet échange avec les créateurs va rapidement s’étendre aux autres acteurs de la sphère artistique et constitue à présent le moteur que le monde des affaires ne lui apporte plus. Pour se définir, Michel Fedoroff préfère le terme d’amateur à celui de collectionneur et avoue avoir beaucoup de mal à se séparer des œuvres qu’il a acquises au fil du temps, celles-ci ayant trouvé leurs places dans son environnement domestique mais aussi dans son histoire personnelle. Il s’attache aujourd’hui à défendre et à soutenir la jeune création actuelle et il a pour se faire mis en œuvre un projet ambitieux qui prend corps depuis quelques années sur la petite commune de Bargemon dans le Var. Depuis l’acquisition en 1996 d’un vaste domaine, il transforme ce terrain parsemé de fermes agricoles en véritable paradis pour les passionnés d’art et de nature. La création de ces ateliers pour artistes, la construction de ces résidences et lieux d’exposition apparaissent comme une suite logique dans son parcours, une façon singulière et engagée de faire partager sa passion pour l’art. Pierre-Louis Ezavin Artiste choisi : Richard Woleck Mon parcours professionnel Je suis né en Algérie à Mostaganem, le 23 juillet 1952, d'une famille de quatre enfants d'origine Alsacienne et Espagnole du Sud. En 1962, je suis rapatrié à 10 ans avec ma famille au Rouret puis à Nice. Deux grandes rencontres vont moduler mon parcours professionnel et ma vie de collectionneur indissociables de mes goûts littéraires et philosophiques. A la FAC de droit de Nice où je rencontre Monsieur Fernand Derrida, cousin du philosophe, qui va orienter non seulement mon choix professionnel mais aussi mon esprit pour la critique et la déconstruction des concepts d'une nouvelle discipline en plein essor : le droit de la faillite et le droit économique. Cette rencontre sera déterminante du choix d'un métier puisque grâce à Monsieur Derrida, j’accomplis un stage de 3 ans chez un Syndic à Nice. Les crises économiques des années1970-1980 me poussent très naturellement à passer le concours national d'Administrateur
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