03.01.2015 Views

Collectionneurs en situation - L'espace de l'art concret

Collectionneurs en situation - L'espace de l'art concret

Collectionneurs en situation - L'espace de l'art concret

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Judiciaire dont je sors Major.<br />

Parv<strong>en</strong>u très jeune (25 ans) dans ce métier mal connu parmi les professions juridiques (il n'existe qu'une c<strong>en</strong>taine<br />

d'Administrateurs Judiciaires <strong>en</strong> France) qui jouiss<strong>en</strong>t d'un monopole <strong>de</strong> fait, je développe une Etu<strong>de</strong> dont l'importance ne<br />

cessera <strong>de</strong> croître spécialem<strong>en</strong>t dans le traitem<strong>en</strong>t amiable et contractuel <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises.<br />

L'Etu<strong>de</strong> Niçoise <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t l'une <strong>de</strong>s plus importantes sur le plan régional puis national et emploi une quinzaine <strong>de</strong> collaborateurs<br />

spécialisés dans le droit et la finance.<br />

Depuis 1996, à la faveur <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s réformes <strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises <strong>en</strong> difficulté et <strong>de</strong> la profession, je <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>s avocat à la Cour<br />

d'Appel <strong>de</strong> Paris.<br />

A l'âge <strong>de</strong> 23 ans, une <strong>de</strong>uxième gran<strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre avec un avocat niçois, Maître Augustin Nicolaï, Docteur <strong>en</strong> droit <strong>en</strong> <strong>en</strong><br />

philosophie, m'initie au <strong>de</strong>corum et à la collection d'objets <strong>de</strong> curiosité indissociables <strong>de</strong> mes voyages et d'expéri<strong>en</strong>ces littéraires<br />

et philosophiques.<br />

L'Expéri<strong>en</strong>ce du collectionneur <strong>en</strong> <strong>situation</strong><br />

S'il est vrai, comme le prét<strong>en</strong>d la philosophe exist<strong>en</strong>tialiste, que nous sommes tous <strong>en</strong> <strong>situation</strong>, le collectionneur l'est à plus d'un<br />

titre puisqu'il fabrique un univers peuplé comme l'imaginaire et selon le mot <strong>de</strong> Sartre, lui-même «<strong>de</strong> petits simulacres».<br />

Pour moi, le choix <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> mes collections très conting<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> eux-mêmes, n'ayant pas toujours le statut d' œuvre d'art,<br />

n'est jamais séparé <strong>de</strong> mes expéri<strong>en</strong>ces littéraires ou philosophiques du mom<strong>en</strong>t ou même <strong>de</strong>s voyages organisés pour aller sur<br />

les traces d'un objet particulier ou d'une sculpture par exemple.<br />

J'ai ainsi très récemm<strong>en</strong>t accompli un tour du mon<strong>de</strong> dans le Pacifique Sud à la recherche <strong>de</strong>s lieux où se fabriquai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s<br />

statues Malangan et notamm<strong>en</strong>t un grand Uli <strong>de</strong> Nouvelle Irlan<strong>de</strong>.<br />

Cet objet est collectionné par les surréalistes, et notamm<strong>en</strong>t André Breton qui lui a consacré un poème, était <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u une<br />

obsession celle <strong>de</strong> Breton lui-même qui n'hésitait pas à se séparer du « cerveau à l'<strong>en</strong>fant » un tableau <strong>de</strong> Chirico pour<br />

acquérir cet Uli <strong>en</strong> v<strong>en</strong>te publique.<br />

Tous les mouvem<strong>en</strong>ts rebelles ou subversifs <strong>de</strong>puis le début du siècle ont inspiré égalem<strong>en</strong>t mes choix.<br />

Je n'étais pas né collectionneur, mais le suis <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u <strong>de</strong> la même manière que Proust disait dans la recherche : « … je n'étais<br />

plus le même, mais le défilé heure par heure d'une armée <strong>de</strong> personnages...».<br />

Au fil du temps, je parvins à me néantiser dans l'objet, à <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir l'objet lui-même.<br />

Car le collectionneur a une fonction, celle qui donne du s<strong>en</strong>s à l'objet pour le métamorphoser <strong>en</strong> œuvre d'art dans son propre<br />

univers.<br />

Le collectionneur donne <strong>de</strong> la valeur à l'objet et ce « supplém<strong>en</strong>t d'âme » aux choses qu'il élève au niveau <strong>de</strong> la valorisation <strong>de</strong> soi.<br />

Le collectionneur organise le mon<strong>de</strong> qui l'<strong>en</strong>toure sur une préoccupation esthétique et non utilitaire.<br />

Le collectionneur est donc par excell<strong>en</strong>ce un être <strong>en</strong> <strong>situation</strong>, il n'est jamais que pour soi, il est toujours pour quelque chose,<br />

comme la consci<strong>en</strong>ce phénoménologique elle-même.<br />

Il y a autant <strong>de</strong> collectionneurs que <strong>de</strong> collections.<br />

Pour ma part, je cherche le rapport qui existe <strong>en</strong>tre mes collections <strong>de</strong> blousons d'aviateurs <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> guerre mondiale,<br />

avec <strong>de</strong>s Tikis Maoris, <strong>de</strong>s poupées Kashina, un grand Uli <strong>de</strong> Nouvelle Irlan<strong>de</strong>, la figuration narrative, <strong>de</strong>s livres rares, le Pop'Art,<br />

les montres, <strong>l'art</strong> africain, les stylos, le mobilier mo<strong>de</strong>rniste et les formes géométriques <strong>de</strong> <strong>l'art</strong> conceptuel russe.<br />

Mais le mot collectionner dans sa racine latine colligere ne veut-il pas dire relier, relier les choses <strong>en</strong>tres elles.<br />

Toutes ces choses form<strong>en</strong>t un réseau <strong>de</strong> signification qui leur donne un s<strong>en</strong>s par rapport au lieu qui est le collectionneur lui-même,<br />

son moi intime autant que sa propre maison.<br />

Gilles Fuchs<br />

Artiste choisi : Céleste Boursier-Moug<strong>en</strong>ot<br />

Né à Paris <strong>en</strong> 1931, Gilles Fuchs est un grand collectionneur français dont l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t dans le mécénat culturel remonte à<br />

plus <strong>de</strong> tr<strong>en</strong>te ans. Passionné par l’art contemporain qu’il considère comme un exceptionnel laboratoire <strong>de</strong> création, ce juriste<br />

international acquiert sa première œuvre à l’âge <strong>de</strong> vingt ans : un Magritte.<br />

Mais cette passion va bi<strong>en</strong> au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’acquisition d’œuvres : tout au long <strong>de</strong> sa carrière, il va sout<strong>en</strong>ir le travail <strong>de</strong>s artistes et<br />

contribuer à mieux faire connaître l’art contemporain, tout particulièrem<strong>en</strong>t la scène française à laquelle il est très attaché.<br />

En 1994, il fon<strong>de</strong> avec quelques amis l’ADIAF, Association pour la Diffusion internationale <strong>de</strong> l’Art Français, qu’il prési<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis<br />

1998.<br />

En tant que Présid<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’ADIAF <strong>de</strong>puis 1998 : il consacre toute son énergie à développer les activités <strong>de</strong> cette association dont<br />

il a été l’un <strong>de</strong>s fondateurs <strong>en</strong> 1994 et qui est aujourd’hui le plus important regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> collectionneurs d’art contemporain<br />

<strong>en</strong> France . Une association qui s’est donnée pour objectif <strong>de</strong> sout<strong>en</strong>ir la scène française et promouvoir les artistes résidant <strong>en</strong><br />

France sur le marché international.<br />

Préoccupé par le « l<strong>en</strong>t effacem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’art français sur la scène internationale », Gilles Fuchs a été parmi les premiers à<br />

réagir. Mobilisant au sein <strong>de</strong> l’ADIAF les collectionneurs privés <strong>de</strong> toute les régions <strong>de</strong> France, il a comm<strong>en</strong>cé sa présid<strong>en</strong>ce <strong>en</strong><br />

organisant l’exposition «France, une nouvelle génération » prés<strong>en</strong>tée à Madrid dans le cadre <strong>de</strong> l’ARCO, puis à Sintra au<br />

Portugal et au Kraft <strong>de</strong> Reims. D’autres ont suivi comme « Photopolis », exposition <strong>de</strong> jeunes photographes français organisée<br />

<strong>en</strong> Belgique, puis « Arrêts sur Image » prés<strong>en</strong>tée au Kunst-Werke <strong>de</strong> Berlin.<br />

En 1999, il lance l’idée du PRIX MARCEL DUCHAMP, premier prix <strong>de</strong> collectionneurs créé pour promouvoir la scène artistique

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!