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InItIatIves / école, collège
Ce n’est visiblement pas un samedi
comme les autres… Dans le hall
d’entrée du collège Saint-Vincent,
dans le XVIII e arrondissement
de Paris, le brouhaha habituel a laissé
place ce 1 er octobre à un calme olympien,
à peine ponctué par l’arrivée de parents
d’élèves. Une fois la lourde porte refermée,
la vingtaine de participants s’engouffre
dans les escaliers pour rejoindre
la salle et s’asseoir derrière
les pupitres. Face au tableau,
les attend déjà Raphaël
Hamard, qui va pendant près
de deux heures les initier à
la gestion mentale.
Derrière ce concept un peu
abscons se cache un ensemble
de recettes permettant
aux auditeurs studieux de
comprendre les processus
d’apprentissage pour ensuite
aider leur progéniture. « Il
n’y a pas d’un côté les élèves
qui auraient un don et de
l’autre ceux qui n’en auraient
pas. La preuve Les performances
changent parfois
Des parents se forment...
d’une année sur l’autre », indique l’orateur,
qui s’appuyant sur les travaux
d’Antoine de La Garanderie, son grandpère,
dissèque les grandes étapes « de
ce qui se passe dans notre tête ».
Cette introduction terminée, commencent
les travaux pratiques, l’idée étant
de faire en sorte que les parents deviennent
eux-mêmes acteurs de la formation.
Deux par deux, ils sont ainsi invités à
mémoriser une photo et à donner des
indications à leur partenaire pour que
celui-ci soit ensuite capable de reconnaître
l’image. Certains parlent de l’atmosphère
générale qui s’en dégage ; d’autres, en
revanche, insistent sur les détails. Deux
manières de retracer les modes de fonctionnement
du cerveau, qui prouvent
qu’il n’y a pas une seule façon d’apprendre
mais plusieurs pour arriver au
résultat. Traduction concrète pour les
parents : à eux de trouver celle qui correspond
le mieux à leur enfant.
L’exercice ne laisse pas indifférente
une assistance prise au jeu, à la recherche
de caps pour orienter ses boussoles. Certains
ont déjà des convictions bien
établies : « L’école n’apprend pas à apprendre.
Aussi, c’est désormais à nous
D. R.
Pour accompagner les parents
dans l’éducation de leurs enfants,
les Apel 1 de trois établissements
du Nord-Est parisien ont lancé
un cycle de formations et
de conférences. La première étape
d’un projet ambitieux qui vise
à rapprocher l’école et les familles.
de faire ce travail », remarque Martine 2 ,
prête à se retrousser les manches. Même
son de cloche du côté de Zora ou de
Nadia, en quête de solutions.
Projet global
LAURENCE ESTIVAL
Raphaël Hamard face à des parents avides de savoir ce qui se passe dans une tête.
C’est justement pour épauler les parents
que les Apel 1 de trois établissements du
Nord-Est parisien – le groupe scolaire
La Madone auquel appartient le collège
Saint-Vincent, et les écoles du Sacré-
Cœur et Saint-Louis – ont initié l’année
dernière un cycle de conférences et de
formations conçues spécialement pour
eux. Quelques parents ayant déjà bénéficié
de cours sur la gestion mentale au
printemps dernier ont d’ailleurs demandé
cette année une piqûre de rappel. « Je
me suis notamment rendu compte que
je m’énervais moins quand j’aidais ma
fille à faire ses devoirs car j’ai compris
que mon comportement ne faisait que
la stresser davantage », note Pascale.
Face à ce succès, l’opération a été
élargie à de nouveaux participants. Cet
atelier est le premier d’une série de
quatre qui vont s’échelonner pendant
toute l’année scolaire. Des conférences
sur la dyslexie, sur les intelligences multiples
ou l’alimentation devraient compléter
ce dispositif.
Ce cycle de formations et de conférences
n’est d’ailleurs que la première
pierre d’une démarche bien plus ambitieuse,
conduite main dans la main par
les responsables des établissements
concernés et les associations de parents
d’élèves. « Nous devons faire rentrer
les parents dans l’école »,
résume Thierry Courrège,
directeur du groupe scolaire
La Madone. Une tâche
exaltante qui ne doit pas
masquer les difficultés :
« Nous ne touchons que la
frange la plus mobilisée »,
remarque Isabelle Faivre,
une des responsables de
l’Apel à l’origine de ce
projet. Elle rappelle toutefois
que lors de la conférence
sur le racket, la
drogue et internet, donnée
au printemps dernier par
le commissaire de police
de l’arrondissement, une
centaine de participants avaient répondu
présent… La mayonnaise commence
d’ailleurs à prendre en ce samedi matin
où les parents qui se sont déplacés offrent
un bon échantillon de la diversité des
habitants de ce quartier populaire.
1. Association des parents d’élèves de l’enseignement libre.
2. Tous les prénoms ont été changés.
UNE CULTURE PARTAGÉE
zParmi les initiatives dans les cartons,
les trois Apel citées dans notre article
envisagent d’inviter les parents au musée et
de les initier à l’histoire des arts afin de leur
donner des points d’ancrage pour développer
la curiosité et l’imaginaire de leurs enfants.
« Il s’agit également de partager des
références pour bâtir ensemble une culture
commune car sans ce ciment, il n’y a pas
de communautés », souligne Isabelle Faivre,
de l’Apel, qui souhaite que ce brassage soit
le plus large possible, afin d’épouser
les différentes cultures des participants.
« Je ne suis d’ailleurs pas du tout opposée
à organiser un échange autour d’un thé à la
menthe », ajoute-t-elle. Les parents saisirontils
la balle qui leur est ainsi lancée LE
N° 345, octobre-Novembre 2011 Enseignement catholique actualités 41