CATALOGUE DE LIVRES - Camille Sourget

Manuscrit autographe original du début du XVIIIe siècle, édité pour la première fois en 1889,
de la relation du pèlerinage fait à la Terre-Sainte et à Rome,
par François-Michel Turpetin en 1715-1716.
22 TURPETIN, François-Michel. Voyage de Jérusalem fait par M. François Michel Turpetin en
l’année 1715.
S.l., s.d. [Beaugency, 1716].
Petit in-4 broché de 137 feuillets. Ecrit à l’encre brune, très lisible, sur papier vergé, de la main de
l’auteur et de celle de son fils. Non rogné.
210 x 170 mm.
MANUSCRIT AUTOGRAPHE ORIGINAL DU DÉBUT DU XVIIIE SIÈCLE DE LA TRÈS INTÉRESSANTE RELATION,
RÉDIGÉE À LA PREMIÈRE PERSONNE, DU PÈLERINAGE FAIT À LA TERRE SAINTE ET À ROME, DU 24 AVRIL 1715
AU 29 AVRIL 1716, PAR FRANÇOIS-MICHEL TURPETIN, « prestre decervant la chapelle de Saint-Estienne
de Beaugency et cy devant marchand au dit Beaugency ».
Parti à pied de Beaugency, près d’Orléans, le 24 avril 1715, Turpetin arrive à Marseille où il embarque
le 1 er juin pour le Levant. Il décrit avec précision les lieux où le bateau mouille pendant le trajet :
Malte, Candie, Chypre, Sidon, Saint-Jean d’Acre, et enfin Jaffa, le 17 juillet, où il rejoint une caravane
partant pour Jérusalem. Il y est reçu le 22 juillet « par une cérémonie très belle et fort touchante ».
Il décrit la vie quotidienne dans la Ville Sainte et les bourgs alentours.
Le 21 août, il retourne à Jaffa et embarque pour Saint-Jean d’Acre. Il gagne ensuite Nazareth, le mont
Thabor et la montagne des Béatitudes. De retour à Saint-Jean d’Acre, il visite le mont Carmel.
L’AUTEUR PREND DE TRÈS NOMBREUSES NOTES SUR LA VIE QUOTIDIENNNE ET LES HOMMES DES CONTRÉES
VISITÉES AVANT DE QUITTER LA TERRE SAINTE LE 8 SEPTEMBRE. IL DÉCRIT DE MANIERE DETAILLEE LES
MOYENS DE LOCOMOTION QU’IL EMPLOIE, LES REPAS QU’ON LUI SERT, LES HABITS PORTES PAR LES
POPULATIONS, LES COUTUMES LOCALES, ETC…
Il arrive à Livourne le 1 er décembre et continue vers Rome où il séjourne du 14 au 25 décembre 1715.
De Rome il part pour Lorette visiter la Santa Casa, puis retourne à Livourne e, suivant l’axe Pérouse-
Florence. Il prend enfin le bateau le 16 mars 1716 et débarque sur l’île de Lérins, d’où il gagne
Cannes, afin d’aller par terre à la Sainte-Baume, via Fréjus, Draguignan, Barjols et Saint-Maximin. Il
visite la grotte de Sainte Marie-Madeleine le 27 mars et retourne vers sa patrie, Beaugency, où il rentre
le 29 avril 1716.
Selon deux notes manuscrites lisibles sur le premier feuillet, cette relation sera recopiée deux fois par
des descendants de l’auteur : tout d’abord en 1773 par son petit-fils, Nicolas-François Turpetin,
avocat, devenu par la suite le premier maire révolutionnaire de Beaugency : « Ce manuscrit original
mérite d’être conservé comme un monument de famille, étant écrit en entier de la main de mon ayeul
et de mon père. Nicolas François Turpetin. Ayeul François Michel père », puis par Jean Chrysostome
Turpetin en 1818, l’arrière petit-fils de l’auteur.
CE MANUSCRIT FUT EDITE POUR LA PREMIÈRE ET UNIQUE FOIS PRÈS DE 200 ANS PLUS TARD, EN 1889 À
ORLÉANS.
« ‘Voyage de Jérusalem par F.-M. Turpetin, de Beaugency, prestre du diocèse d’Orléans’, publié pour
la première fois d’après les manuscrits, avec une introduction et des notes par A. Couret, ancien
magistrat, avocat à la Cour d’appel d’Orléans, docteur en droit et en lettres (Orléans, Herluison,
1889, in-16 elzévirien, XXII-206 pages).
A l’heure où se reforment les anciennes Confréries des pèlerins de Jérusalem, où la vieille question
d’Orient se ranime comme un feu mal éteint, où l’axe de la dévotion chrétienne s’incline de nouveau
vers les Saints-Lieux, c’est faire de l’à-propos que de mettre en lumière ce curieux et pieux itinéraire
accompli par un Orléanais, il y a près de 200 ans. François-Michel Turpetin, officier au grenier à sel
royal de Beaugency, avait 35 ans lorsqu’en 1715 il résolut de faire le périlleux pèlerinage de la Terre-
Sainte. Il en écrivit le récit avec un soin minutieux, relatant avec une attrayante bonhomie les
péripéties de ce long voyage, ses affres dans les tempêtes, à l’approche des corsaires barbaresques
ou des pillards arabes, décrivant les lieux qu’il traverse, recueillant les saintes légendes, se fiant
immuablement à Dieu dans cette succession de périls qui devaient être la préface de son entrée dans
les ordres sacrés. ‘Lisez le récit de son pèlerinage, dit M. Couret, et vous n’aurez point, comme le
sansonnet d’Horace, perdu votre temps ni votre peine’. Lisez d’abord, dirai-je, la savante et
charmante introduction qu’a mise l’éminent historien de l’Ordre du Saint-Sépulcre à ce récit
touchant, à ce joli volume elzévirien que vont se disputer les bibliophiles, et qui fait grand honneur
aussi à cet éditeur d’élite qui s’appelle H. Herluison ».
(Notice tirée de l’Annuaire du conseil héraldique de France, 1890, pp. 300-301).