CATALOGUE DE LIVRES - Camille Sourget

Le célèbre pamphlet dirigé contre Frédéric II, roi de Prusse.
Elégant exemplaire relié pour sa nièce, qui accéda grâce à lui au trône impérial de Russie
sous le nom de Maria Feodorowna.
35 LES MATINÉES DU ROI DE PRUSSE.
Berlin, 1784.
In-12 de 60 pp., relié à l’époque en demi-chevrette rouge à coins, dos lisse orné de filets et fleurons
dorés, pièce de titre en maroquin vert, fleur-de-lys dorée dans un médaillon mosaïqué en queue du
dos, chiffre couronné doré en tête.
139 x 83 mm.
RARE ÉDITION DE CE PAMPHLET CÉLÈBRE DIRIGÉ CONTRE FRÉDÉRIC II ROI DE PRUSSE.
La première édition parut à Berlin en 1766 sous le titre : « Les Matinées du roi de Prusse, écrites par
lui-même ».
Rédigé dans un style vif, spirituel et ironique, ce pamphlet connut un tel succès qu’il fut réédité une
vingtaine de fois entre 1766 et 1871.
Quérard, Les Supercheries littéraires dévoilées, 92-93 ; Barbier, Dictionnaire des ouvrages
anonymes, III, 83-84.
Les bibliographes en attribuèrent successivement la paternité à Voltaire, à Bonneville (aide de camp
du maréchal de Saxe) ou encore au baron de Patono (officier au service de la Prusse puis de la Russie).
Frédéric avait adressé à Voltaire son premier traité « L’Anti-Machiavel » écrit dès 1739, en signe
d’admiration et pour qu’il le corrige…
Ainsi allait se nouer une des amitiés les plus fécondes et les plus durables du XVIIIe siècle entre un
souverain et un philosophe.
Le pamphlet est divisé en 5 matinées qui permettent à l’auteur d’aborder : les mœurs des habitants
« mes sujets sont braves et durs, peu friands, mais ivrognes, tirans dans leurs terres & esclaves à mon
service, amants insipides & maris bourrus… » ; la Religion « il n’y a rien qui tirannise tant l’esprit
& le cœur que la religion, parce qu’elle ne s’accorde ni avec nos passions, ni avec les grandes vues
politiques qu’un Monarque doit avoir » ; la Justice « J’ai souvent réfléchi sur les avantages que
procure à un Royaume un corps, qui représente la nation, & qui est dépositaire de ses loix ; je crois
même qu’un Roi est plus sûr de la couronne, lorsqu’il la lui donne, ou la lui conserve, mais qu’il
faut être homme de bien & rempli de bons principes pour permettre qu’on pèse tous les jours nos
actions » ; la Politique, particulière et d’Etat « J’entends, mon cher Neveu, par le mot de
Politique, qu’il faut toujours chercher à duper les autres, c’est le moyen d’avoir de l’avantage, ou au
moins de se trouver au pair », ou encore les plaisirs « J’aime beaucoup le spectacle & surtout la
musique, mais je trouve qu’un Opera est bien cher, & le plaisir que je goute à entendre une belle voix
& un bon violon serait bien plus vif s’il ne coutait pas tant d’argent ».
La dernière édition française parut dans le figaro des 17 et 18 septembre 1871 en clôture de sa
campagne antiprussienne, avec cet avis préliminaire : « Le Figaro commence aujourd’hui, dans son
feuilleton, la publication du ‘Testament politique de Frédéric II’. Il est écrit sous forme de conseils à
son neveu. Nous avons acheté le droit de reproduire ce manuscrit extrêmement curieux et dont la
lecture est on ne peut plus attrayante ; son histoire nous a été racontée. Il est resté dans la famille de
l’un des secrétaires de Frédéric, et il a été vendu dernièrement à Londres dans une vente
d’autographes […] Le chapitre sur la religion sert évidemment de guide à l’empereur d’Allemagne et
à son conseiller, dans le moment présent où ils travaillent à façonner en Allemagne une religion
d’Etat ».
PRÉCIEUX ET PIQUANT EXEMPLAIRE IMPRIMÉ SUR PAPIER FORT DE HOLLANDE, SPECIALEMENT RELIÉ POUR
L’IMPÉRATRICE DE RUSSIE MARIA FEODOROWNA (1759-1828), NÉE PRINCESSE DE WURTEMBERG ET
ÉPOUSE DE PAUL IER AVEC SON MONOGRAMME DORÉ AU DOS DE LA RELIURE.
Il porte l’étiquette de la bibliothèque impériale sur le contre-plat de la reliure.
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