Mise en page 1 - Algérie news quotidien national d'information

A L A U N E
3
Aucun incident enregistré lors du rassemblement de Oued Souf
La leçon de civisme des chômeurs
Le rassemblement des chômeurs, hier, à Oued Souf, a démontré encore une fois que ceux qui se sont élevés contre
l'exclusion, la «Hogra», la mal vie et pour le droit à un poste d'emploi stable sont des gens civilisés, capables de
manifester pacifiquement.
Aucun incident n'a émaillé
l'action à laquelle avait
appelé le Comité national
de défense des droits
des chômeurs (CNDDC), selon
des sources locales. «Le rassemblement
s'est déroulé dans une
parfaite organisation et dans le
calme total», nous a confirmé,
Belkacem Khencha, responsable
du bureau du CNDDC à
Laghouat. Dès les premières heures
de la matinée d'hier, les jeunes
chômeurs commençaient à se
diriger vers la Place du martyr
Hama-Lakhdar au centre-ville de
Oued Souf, avant que le rassemblement
ne soit entamé aux environs
de 8h 30mn, indiquent nos
sources, ajoutant que près de
3 000 personnes ont répondu
favorablement à l'appel du
CNDDC. Un dispositif sécuritaire
a été déployé aux alentours de la
place sans qu'il n'y ait aucune
intervention, pression ou intimidation
sur les lieux. Les manifestants
ont tenu leur rassemblement
sous les regards vigilants des services
de sécurité.
«Sous les applaudissements
des participants, Tahar Belabbas a
pris la parole pour dénoncer la
politique des pouvoirs publics
dans le Sud et les tentatives de
manipulations qui ont visé le
mouvement des chômeurs,
comme il n'a pas omis de répondre
aux campagnes de dénigrement
dont ont été victimes les leaders
de la contestation. Nous
saluons son courage et son honnêteté»,
raconte M. Khencha. En
plus du coordinateur national du
CNDDC, d'autres interventions
ont marqué cette action de protestation,
notamment celle de
Rachid Aouine ou encore la représentante
de SOS Disparus qui s'est
déplacée pour soutenir la cause
des chômeurs du Sud. Plusieurs
militants de différentes wilayas
ont tenu à faire le déplacement à
Oued Souf pour se joindre à la
cause. Par la réussite de cette
action, bien qu'elle n'ait pu rassembler
autant de gens que celle
du 14 mars dernier à Ouargla, les
chômeurs auront marqué un
autre point et réussi leur défi,
celui de manifester pacifiquement
car, après les événements qui ont
Suite aux incidents de Ghardaïa
Graves accusations retenues
contre 8 inculpés
De lourdes charges ont été
retenues contre huit personnes,
placées sous mandat de
dépôt depuis la soirée de jeudi 28
mars 2013 à Ghardaïa, à la suite de
leur arrestation la veille lors des événements,
ayant marqué la manifestation
des jeunes contre la célébration
de la fête du tapis. C'est ce
qu'indique le rapport de l'avocat des
détenus, dont Kamel Eddine Fekhar,
responsable du bureau de Ghardaïa
de la Ligue algérienne de défense des
droits de l'homme (LADDH), et
Bakir Soufghalem, membre de
l'Observatoire algérien des droits de
l'homme (OADH), qui les a visités
dans leur prison. «Outrage à corps
constitué», «atteinte à l'emblème
national», «opposition par des voies
de fait», «destruction et dégradation
des biens d'autrui» et «infraction
relative aux biens», ce sont les griefs
retenus contre eux, selon les articles
146, 160, 187, 396, 407 et 450 du
code pénal. «Vu la gravité de ces
accusations, ils risquent de lourdes
peines pouvant aller jusqu'à 15 ans
de réclusion», a déclaré Yacine Zaïd,
responsable du bureau de la
LADDH à Laghouat, dénonçant une
«intimidation orchestrée contre les
militants de droits de l'homme» et
demandant leur «libération immédiate».En
tout, ils étaient 18 personnes
interpellées mardi 26 mars,
avant que le procureur de la
République ne prononce la liberté
pour deux et la citation directe à
comparaître pour huit d'entre eux,
tandis que les huit autres ont été placés
sous mandat de dépôt. Au cours
de l'entretien qu'il a eu avec les détenus,
l’avocat Ahmine a relevé que
certains ont «fait l'objet de violences
physiques et morales, notamment
Soufghalem et Fekhar Kamel Eddine
qui soupçonnait même la police de
lui avoir administré des substances
qui ont provoqué en lui un effet
anesthésiant». Ces deux militants
ont fait aussi, l’objet d'humiliation,
puisqu'«ils ont été obligés d'enlever
leur habit traditionnel de
Mozabite». C'est d'ailleurs, à la suite
de ces comportements que les 8
détenus à la prison de Chaâbet
Ennichène de Ghardaïa ont décidé
d'entamer une grève de la faim qu'ils
poursuivent toujours. A l'extérieur,
ce sont tous les militants des droits
de l'homme et les chômeurs du sud
du pays qui se mobilisent pour
réclamer leur libération. Des actions
sont déjà en vue. Rien qu'hier, les
chômeurs qui se sont rassemblés à
Oued Souf ont décidé d'une action
de protestation à Ghardaïa dont la
date n'a pas encore été fixée. A signaler
enfin que lors du transfert des
prévenus vers la prison, quelques
accrochages et jets de pierres sur le
camion cellulaire et le convoi de
policiers l'escortant auraient été
enregistrés, selon des sources locales,
mais sans pour autant ralentir la
progression du convoi.
A. M.
ALGERIE NEWS Dimanche 31 mars 2013
LES GENS
marqué la protestation de
Ghardaïa la semaine dernière,
tout le monde s'attendait à ce que
le mouvement bascule dans la
violence et se banalise pour sortir
de sa ligne. Une victoire de plus
pour les chômeurs attachés à
l'unité nationale et à leurs revendications
socioéconomiques légitimes.
Belkacem Khencha se félicite
que «le CNDDC soit arrivé à
transmettre son message au gouvernement
et à l'opinion publique
de la manière la plus civilisée».
4 militants arrêtés
puis relâ chés
Les services de sécurité qui se
sont positionnés au niveau des
accès principaux de Oued Souf
ont tout fait pour retarder des
militants qui venaient de l'extérieur
de la wilaya, indique notre
source qui a été interpellée avec
trois autres camarades, avant
qu'ils soient conduits au commissariat
de la ville. «Nous étions à
deux ou trois kilomètres de Oued
Souf lorsque deux voitures de
police nous ont sommé d'arrêter
la voiture de la même façon qu'on
le fait avec les criminels», dénonce
M. Khencha, ajoutant qu'il a été
embarqué en compagnie de ses
camarades militants venus de
Sétif, Alger et Relizane. Les quatre
personnes arrêtées «sans aucune
raison valable» ont été relâchées
plus tard. «C'était une intimidation
qui ne visait qu’à nous empêcher
de prendre part au rassemblement»,
fustige le même interlocuteur.
Tous les participants à l'action
de protestations d'hier ont
dénoncé les interpellations de certains
militants des droits de
l'homme à Ghardaïa. «Une action
de protestation sera organisée
prochainement en guise de soutien
et pour réclamer la libération
des détenus», indique
M. Khencha.
Aïssa Moussi
Louisa Hanoune
La secrétaire générale du Parti des
travailleurs a appelé, hier à Oran, à «un
sursaut national pour assainir la situation
actuelle, ouvrir les portes aux jeunes et faire
barrage à tous les aventuriers». «Le
gouvernement doit donner des gages à la
jeunesse et modifier le fonctionnement de
l'Agence nationale de l’emploi (Anem),
source de détresse et de désespoir des
jeunes, par d’autres structures», a souligné
M me Hanoune lors d'une rencontre avec les cadres et militants de
son parti de la wilaya d’Oran, estimant que les agences
algériennes et étrangères de l'emploi doivent être soumises à un
contrôle d’évaluation».
Belkacem Sahli
Le secrétaire général de l’Alliance nationale
républicaine (ANR), a appelé hier à Sétif à
« éviter de sur-politiser » les derniers
évènements survenus dans le sud du pays.
M. Sahli a précisé lors d’une rencontre
régionale avec les élus ANR, à la Maison de la
culture Houari Boumédiène, que l’ANR est
«solidaire» avec les chômeurs et «soutient»
les revendications socio-économiques des
jeunes des villes du Sud, mais «refuse» que ces revendications
soient «détournées» de leur objectif déclaré, ou «utilisées» à des
fins visant la déstabilisation du pays. Sahli a considéré que l’unité
du peuple et la souveraineté de l’Etat sont des constantes
nationales «non négociables», fustigeant «les partis politiques»
qui «tentent d’attiser» ces évènements.