Mise en page 1 - Algérie news quotidien national d'information
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A C T U<br />
5<br />
Nouveaux rebondissem<strong>en</strong>ts dans l'affaire des 17 familles m<strong>en</strong>acées<br />
d'expulsion à B<strong>en</strong> Aknoun<br />
Quand les lois de la République<br />
sont bafouées !<br />
Nouveaux rebondissem<strong>en</strong>ts dans l'affaire des 17 familles résidantes à la cité Sonelgaz III de B<strong>en</strong> Aknoun (Alger),<br />
m<strong>en</strong>acées d'expulsion de leurs maisons qu'elles occup<strong>en</strong>t depuis 1983. En effet, l'acte de transfert de propriété, sur<br />
lequel s'est basée la même <strong>en</strong>treprise pour acquérir le terrain où sont érigées les habitations des familles, s'est avéré<br />
« faux et illégal ».<br />
Reportage de Aïssa Moussi<br />
ce qu'atteste un docum<strong>en</strong>t<br />
des services des domaines de la<br />
wilaya d'Alger, <strong>en</strong> notre possession.<br />
Dans toute la parcelle C'est<br />
acquise par la société Sonelgaz, une partie<br />
d'une superficie de plus de trois hectares<br />
apparti<strong>en</strong>t bel et bi<strong>en</strong> à la Mutuelle générale<br />
des travailleurs des industries électriques et<br />
gazières (Muteg), l'acte de propriété<br />
n°18/2168 du 06.6.1962 faisant foi. Il s'avère<br />
donc que les 3 hectares ont « fait l'objet de<br />
transcription à la Sonelgaz <strong>en</strong> tant que patrimoine<br />
indu par le truchem<strong>en</strong>t d'un acte de<br />
transfert <strong>en</strong>tâché d'irrégularités établi par le<br />
notaire Maître Bouzid Sedrati le 07.6.2001 »,<br />
dénonc<strong>en</strong>t les adhér<strong>en</strong>ts de la Muteg dans<br />
un communiqué qui nous a été transmis<br />
récemm<strong>en</strong>t, suite à la découverte de cet acte<br />
établi par la Sonelgaz et jugé de « faux et<br />
usage de faux ». C'est dire que cette société,<br />
bi<strong>en</strong> qu'elle soit propriétaire légale des neuf<br />
hectares transférés de l'ex-Entreprise gaz<br />
d'Algérie (EGA), il n'<strong>en</strong> demeure pas de<br />
même pour les 3 hectares et plus restant de<br />
l'<strong>en</strong>semble du terrain de plus de 12 hectares.<br />
Les adhér<strong>en</strong>ts de la Muteg accus<strong>en</strong>t, dans la<br />
même foulée, l'ex-conservateur qui, <strong>en</strong> date<br />
du 23 mars 2002, a <strong>en</strong>registré et publié le<br />
transfert de la parcelle, propriété de la<br />
mutuelle, à la Sonelgaz, sans même consulter<br />
le conseil d'administration de la Muteg.<br />
Ils dénonc<strong>en</strong>t « un comportem<strong>en</strong>t inexplicable,<br />
incompréh<strong>en</strong>sible et injustifié » du<br />
fonctionnaire de l'Etat dont la mission est de<br />
faire « obstruction » à toute t<strong>en</strong>tative de «<br />
faux <strong>en</strong> écriture publique et auth<strong>en</strong>tique »<br />
selon l'article 215 de la section III du code<br />
pénal.<br />
Faux et usage de faux<br />
Pis, le même <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t est confirmé<br />
par l'actuel conservateur, selon le « négatif »<br />
<strong>en</strong> notre possession. En respect des statuts<br />
de la Muteg, cette dernière devait être<br />
consultée pour avoir l'accord de son conseil<br />
d'administration. Il est le seul organe habilité<br />
à pr<strong>en</strong>dre la décision de transfert.<br />
L'actuel conseil est donc appelé à <strong>en</strong>gager les<br />
actions nécessaires <strong>en</strong> vue de la reconstitution<br />
du patrimoine mobilier et immobilier<br />
de l'ex-Caisse mutuelle complém<strong>en</strong>taire et<br />
d'activités sociales du personnel des industries<br />
électriques et gazières d'Algérie<br />
(CMCAS). Cette dernière a acquis, sous<br />
l'acte de propriété n°18/2168 du 06.6.1962,<br />
indiqué plus haut, le terrain de plus de 3<br />
hectares par achat auprès de Garcia sur acte<br />
notarial établi le 28.05.1962 par Maître<br />
Porsat Louis Marcel. Le prix était de 170 000<br />
francs français, est-il indiqué dans le docum<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> notre possession. Par le transfert<br />
des bi<strong>en</strong>s mobiliers et immobiliers de la<br />
CMCAS à la Muteg, Sonelgaz n'aura aucun<br />
justificatif valable pour expulser ces familles<br />
de leurs habitations, faut-il expliquer. A<br />
moins qu'il y ait des « manigances » <strong>en</strong>tre<br />
l'<strong>en</strong>treprise publique et les membres du<br />
conseil d'administration de la Muteg, pour<br />
que « la mafia du foncier », comme les surnomm<strong>en</strong>t<br />
les pères des familles, puiss<strong>en</strong>t<br />
mettre à exécution leur plan machiavélique<br />
et jeter dehors des familles qui occup<strong>en</strong>t des<br />
maisons depuis 30 ans.<br />
Bouterfa pointé du doigt<br />
En référ<strong>en</strong>ce au compte r<strong>en</strong>du n°02/07<br />
du Comité Infrastructure, séance du mardi<br />
10.7.2007 présidée par M. Nouredine<br />
Bouterfa, P-DG du Groupe Sonelgaz, le terrain<br />
sera destiné pour la construction de villas,<br />
indiqu<strong>en</strong>t les habitants de la cité qui<br />
subiss<strong>en</strong>t des pressions énormes puisque les<br />
notifications d'expulsion ont déjà été<br />
<strong>en</strong>voyées et seront appliquées incessamm<strong>en</strong>t.<br />
« Ce sera des villas de haut standing<br />
avec des piscines pour eux, leurs amis et<br />
leurs <strong>en</strong>fants », dénonce un des habitants.<br />
Accusant le P-DG de Sonelgaz de « m<strong>en</strong>teur<br />
et avide », les protestataires nous feront<br />
savoir qu'ils avai<strong>en</strong>t adressé des lettres au<br />
présid<strong>en</strong>t de la République, au Premier<br />
ministre, au ministère de l'Energie et des<br />
Mines ainsi qu'au ministère de l'Intérieur et<br />
des Collectivité locales, sans qu'elles (les institutions<br />
de la République, Ndlr) nous<br />
répond<strong>en</strong>t. De « soi-disant » <strong>en</strong>quêtes sont<br />
décl<strong>en</strong>chées à la suite de ces correspondances,<br />
mais, ajout<strong>en</strong>t-ils, « les <strong>en</strong>quêteurs ne<br />
sont jamais v<strong>en</strong>us nous voir ». Par contre,<br />
quand ces derniers s'adress<strong>en</strong>t à<br />
M. Bouterfa, il les rassure qu'il nous aurait<br />
proposé des logem<strong>en</strong>ts meilleurs que ceux<br />
que nous occupons actuellem<strong>en</strong>t. Sur le<br />
sujet, notre interlocuteur est catégorique :<br />
« C'est faux ! ». D'après le même habitant<br />
qui a préféré s'exprimer sous couvert d'anonymat,<br />
« la plupart des familles occup<strong>en</strong>t<br />
des pavillons de 5 pièces, alors que Bouterfa<br />
ALGERIE NEWS Dimanche 31 mars 2013<br />
propose des logem<strong>en</strong>ts F3 ». Et ce n'est pas<br />
tout. A cela, il faudra ajouter le loyer qui<br />
sera, selon lui, « multiplié par 15 ! ».<br />
Ministres, wali délégué,<br />
les domaines, la<br />
Conservation foncière et<br />
autres…<br />
Il n'y a pas que le P-DG de Sonelgaz qui<br />
est pointé du doigt. Le notaire Maître<br />
Bouzid Sedrati, « <strong>en</strong> connaissance de cause<br />
et <strong>en</strong> étant un officier de l'Etat », a commis,<br />
selon les familles, un délit de « faux et usage<br />
de faux » lorsqu'il a établi , <strong>en</strong> 2001, l'acte de<br />
transfert de propriété <strong>en</strong> violation des lois et<br />
règles <strong>en</strong> vigueur. Les responsables de la<br />
Conservation foncière et ceux des domaines<br />
de la wilaya d'Alger, eux, sont accusés de<br />
« complaisance ». Ils n'ont pas, explique-ton,<br />
hésité à agir dans la précipitation pour<br />
l'<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t, le 9 juin 2001, de l'acte <strong>en</strong><br />
question établi deux jours auparavant, soit le<br />
7 du même mois et de la même année. Ce<br />
n'est pas l'unique erreur qu'ils ont commise<br />
puisque la grosse bourde c'est que ces responsables<br />
ont <strong>en</strong>registré l'acte <strong>en</strong> faisant<br />
référ<strong>en</strong>ce à un plan cadastral du 13 octobre<br />
2001, pour le valider. Un plan qui n'était pas<br />
<strong>en</strong>core publié officiellem<strong>en</strong>t. Incroyable,<br />
mais vrai !<br />
Vu cette transgression des lois, les habitants<br />
ont saisi le directeur des Domaines de<br />
la wilaya d'Alger, M. Salah Boualeg. Hélas, ils<br />
n'auront pas de suite à leur correspondance.<br />
« Pourquoi ? ». La question mérite plus d'approfondissem<strong>en</strong>t.<br />
Face au « sil<strong>en</strong>ce » des<br />
tutelles suscitées et à « l'inaction » du wali<br />
délégué de la circonscription administrative<br />
de Bouzaréah de la wilaya d'Alger, les habitants<br />
de la cité Sonelgaz III de B<strong>en</strong> Aknoun<br />
cri<strong>en</strong>t à l'injustice et au déni de droit des<br />
magistrats du foncier du tribunal de Bir<br />
Mourad Raïs et ceux de la cour d'Alger car, «<br />
toutes les pièces justificatives avai<strong>en</strong>t été<br />
mises à leur disposition et toutes les lois sont<br />
<strong>en</strong> notre faveur », argu<strong>en</strong>t-ils.<br />
L'article 186 de la loi n° 78-12 du 05 août<br />
1978 relative au SGT stipule clairem<strong>en</strong>t<br />
qu'« <strong>en</strong> cas de maladie, d'incapacité ou de<br />
mise <strong>en</strong> retraite du travailleur, le droit au<br />
mainti<strong>en</strong> dans les lieux ou un logem<strong>en</strong>t<br />
déc<strong>en</strong>t est garanti par la loi ». Aussi, l'article<br />
171 de la loi n° 02-01 du 05 février 2002 relative<br />
à l'électricité et à la distribution du gaz<br />
par canalisation, indique que « les droits<br />
acquis par accord collectif des travailleurs<br />
exerçant ou ayant exercé à Sonelgaz sont<br />
préservés jusqu'à la date de promulgation de<br />
la prés<strong>en</strong>te loi ». En dépit de toutes ces lois<br />
<strong>en</strong> faveur des familles, Bouterfa arrive à ses<br />
fins <strong>en</strong> exécutant son plan grâce « aux juges<br />
aux ordres », accus<strong>en</strong>t les habitants dans leur<br />
communiqué. « Malgré cette clarté des lois,<br />
écriv<strong>en</strong>t-ils, les juges ne les respect<strong>en</strong>t pas et<br />
permett<strong>en</strong>t à Bouterfa et à la mafia du foncier<br />
de mettre des c<strong>en</strong>taines de familles dans<br />
la rue ».<br />
Un combat de longue haleine<br />
Parmi ces familles, il faut noter qu'il y a<br />
des handicapés, des malades chroniques, des<br />
fils et des filles de chahids. 16 des 17 chefs de<br />
familles concernés par l'expulsion sont des<br />
retraités et trois sont décédés par arrêt cardiaque<br />
depuis 2007. C'est dire la gravité qu'a<br />
atteint cette affaire. Les faits de cette dernière<br />
remont<strong>en</strong>t à l'année 1989, lorsque les familles<br />
avai<strong>en</strong>t, conformém<strong>en</strong>t à la loi 81-01 du<br />
mois de janvier 1981 portant cession des<br />
bi<strong>en</strong>s immobiliers de l'Etat à usage d'habitation,<br />
introduit auprès de la daïra des demandes<br />
d'acquisition de leurs logem<strong>en</strong>ts. Après<br />
étude de leurs dossiers, il leur a été demandé<br />
de fournir le désistem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>treprise<br />
Sonelgaz, alors que « des voisins de la même<br />
cité ont reçu une suite favorable sans désistem<strong>en</strong>t<br />
de Sonelgaz ! », s'étonne notre<br />
source. Suite à la promulgation, <strong>en</strong> 2003, du<br />
décret exécutif n° 03-269, les familles<br />
concernées ont espéré voir leur problème<br />
pris <strong>en</strong> charge, d'autant que le chef de daïra<br />
les a sollicités pour compléter et réactiver<br />
leurs dossiers introduits <strong>en</strong> 1989. Hélas, la<br />
commission chargée du dossier ne s'est<br />
jamais réunie pour l'étudier. Selon la loi<br />
portant cession des bi<strong>en</strong>s de l'Etat, « la commission<br />
de daïra est t<strong>en</strong>ue de se prononcer<br />
dans un délai de 3 mois à compter de la date<br />
de dépôt de la demande ». Chose qui n'a<br />
jamais été faite. En att<strong>en</strong>dant que l'affaire<br />
nous divulgue tous ses dessous, les 17 familles<br />
de la cité Sonelgaz III sise à B<strong>en</strong> Aknoun<br />
risqu<strong>en</strong>t de se retrouver dehors à tout<br />
mom<strong>en</strong>t. Après plusieurs requêtes, communiqués<br />
et déclarations de dénonciation, sitin<br />
et actions de protestations dans la rue, ni<br />
la justice, ni les institutions de l'Etat ne les<br />
ont rétablies dans leur droit.<br />
A. M.