rapport_annuel_2015
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Un événement a particulièrement cristallisé la<br />
transphobie sur Internet et plus largement dans les<br />
médias : la victoire de Conchita Wurst, drag queen<br />
portant la barbe, à l’Eurovision. Moqueries, insultes,<br />
mais aussi incitation à la haine la plus pure lorsqu’un<br />
internaute suggère par une photo sur Twitter de<br />
l’envoyer en camp de concentration. Elle sera également<br />
prise pour cible aussi bien par Dieudonné dans<br />
son nouveau spectacle que par des bulletins d’information<br />
de la Manif pour tous.<br />
Délit de faciès<br />
Que ce soit dans les transports ou dans la rue, il ne<br />
fait pas bon assumer sa transidentité ni même son<br />
androgynie. Regards insistants, commentaires<br />
désobligeants lancés d’une voix bien audible,<br />
insultes homophobes et transphobes mélangées,<br />
agressions verbales et physiques…A la violence des<br />
propos ou des actes se rajoute souvent l’absence de<br />
réactions des témoins éventuel-le-s.<br />
Les victimes se font agresser le plus souvent<br />
seules, sur la base de leur simple apparence physique,<br />
parce qu’ils-elles ne correspondent pas aux<br />
codes établis du masculin et du féminin ; mais<br />
aussi avec leur partenaire suite à des marques<br />
d’affection, parce que leur couple échappe aux<br />
standards normés. Ainsi, un FtoM<br />
raconte qu’on l’a interpellé dans la rue<br />
avec son compagnon en les prenant<br />
pour un couple gay et que l’agresseur<br />
s’est calmé lorsqu’il a cru comprendre<br />
(ou voulu comprendre) qu’il était une<br />
femme – et donc, selon son raisonnement,<br />
que le couple était hétérosexuel.<br />
En dépit de l’apparence masculine de la<br />
victime, c’est sa présumée appartenance<br />
au sexe féminin qui l’a épargnée.<br />
La transphobie suit les logiques propres<br />
à chacun-e…<br />
Plusieurs agressions physiques sont à signaler<br />
dans les lieux publics : coups de poing, coups de<br />
pied, souvent précédés d’insultes. Dans certains<br />
cas, ces agressions entraînent jusqu’à 8 ou 10<br />
jours d’ITT et occasionnent des séquelles aussi<br />
bien physiques que psychologiques.<br />
« Tu<br />
ressembles<br />
à un garçon<br />
mais tu<br />
portes du<br />
rouge à<br />
lèvres »<br />
Tweet signalé à<br />
SOS homophobie<br />
Des client-e-s pas comme les autres<br />
C’est dans la vie quotidienne que se manifeste la<br />
transphobie ordinaire. Les moindres démarches<br />
administratives apparaissent comme un<br />
véritable parcours du combattant.<br />
Lorsqu’au guichet d’une administration<br />
certain-e-s employé-e-s ont sous les<br />
yeux des papiers avec mention du sexe<br />
de naissance de la personne, ils ne se<br />
privent pas de moquer, voire d’humilier<br />
leurs client-e-s trans. Une banque<br />
demande une attestation du chirurgien<br />
ayant opéré la personne, une autre<br />
envoie les relevés de compte avec<br />
l’ancien prénom et « Monsieur » au lieu<br />
de « Madame », tel fournisseur d’accès à<br />
Internet complique la modification du genre des<br />
client-e-s, telle mutuelle refuse de prendre en<br />
compte un changement d’état civil pourtant acté<br />
par la Sécurité sociale… Ces situations engendrent<br />
bien souvent une forme de précarité : en l’attente<br />
d’opérations bancaires ou de remboursements,<br />
comment s’en sortir ?