12.05.2015 Views

rapport_annuel_2015

rapport_annuel_2015

rapport_annuel_2015

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Rapport sur l'homophobie <strong>2015</strong> • Famille<br />

La parole à…<br />

L'APGL,<br />

Association<br />

des parents et futurs<br />

parents gays et lesbiens<br />

Depuis l’entrée en vigueur de la loi mariage et adoption<br />

en mai 2013, plus de 17 000 couples ont pu se<br />

marier,des centaines d’adoptions intrafamiliales ont<br />

été prononcées et quelques dizaines d’agréments<br />

conjoints pour des adoptions en France ou internationales<br />

ont été délivrés. La loi a produit des effets<br />

et permis à de nombreuses familles de se constituer.<br />

Mais à quelles conditions ?<br />

Il aura fallu toute la ténacité et le courage de<br />

quelques couples de femmes, mères d’enfants<br />

nés grâce à des PMA pratiquées à l’étranger – en<br />

l’occurrence dans les pays voisins européens<br />

(Belgique, Espagne, Danemark) –, pour obtenir de<br />

la Cour de Cassation de faire cesser une homophobie<br />

patente pratiquée par les magistrats réactionnaires<br />

jusqu’au-boutistes qui refusaient contre toute<br />

logique d’appliquer la loi de la République.<br />

Sans oublier les propos tenus, entendus, affirmés,<br />

moralisateurs et inquisiteurs, par des procureurs,<br />

des juges, des greffiers, interrogeant avec plus ou<br />

moins de subtilité le choix fait par ces femmes<br />

lesbiennes de construire leur famille avec le recours<br />

à la PMA. Des femmes contestées dans leur rôle de<br />

parent,parce qu’illégitime en tant que mère sociale,<br />

au motif qu’il faut un homme, un père pour fonder<br />

une famille. A Toulouse, le président du tribunal a<br />

été jusqu’à « recommander » à une requérante<br />

de renoncer à une demande d’adoption plénière pour<br />

une adoption simple, alors même que les enfants<br />

concernés n’ont qu’une seule filiation établie.<br />

Certaines de ces femmes ont dû et doivent encore<br />

affronter des questions, des interrogatoires en<br />

fait menés par des officiers de police ou de gendarmerie,<br />

sur instruction du Parquet si celui-ci en<br />

fait la demande, au cours desquels les personnes<br />

interrogées doivent répondre à des questions de<br />

la plus grande intimité : « Pourquoi ne pas avoir<br />

choisi l’adoption (avec agrément) ? Pourquoi avoir<br />

recours à une PMA ? Avez-vous conscience de<br />

priver votre enfant d’un père ? Comment allez-vous<br />

le lui avouer ? »<br />

Dans certains cas, ce sont de véritables interrogatoires<br />

menés à charge, mettant une pression sur<br />

les personnes interrogées pour les faire avouer<br />

qu’elles ont eu recours à une PMA à l’étranger,<br />

qui pour certains magistrats est constitutif d’une<br />

fraude… Cela a été le cas à Nanterre où le procureur<br />

général se vantait de favoriser ce type<br />

d’enquête avec une certaine liste de questions.<br />

L’APGL en a informé le cabinet Taubira,notamment<br />

en lui transmettant la liste, et depuis le même<br />

procureur a revu sa liste de questions.<br />

Il est à noter que dans l’immense majorité des cas,<br />

d’après nos informations, les fonctionnaires de<br />

police ou de gendarmerie désapprouvent ce qui<br />

leur est demandé, ne comprennent pas pourquoi<br />

les couples en l’occurrence lesbien sont soumis<br />

à un tel traitement, qui relève davantage de l’enfance<br />

maltraitée.<br />

L’autre volet homoparental qui semblait ouvert<br />

par la loi concerne l’adoption conjointe sur<br />

agrément pour des enfants étrangers ou français.<br />

Quelle déception,ce que l’APGL n’avait pas manqué<br />

de souligner, car en réalité, s'il y a bien des agréments<br />

conjoints délivrés, en pratique il n’y a eu<br />

aucune adoption de prononcée. Certes la démographie<br />

de la population des enfants adoptables<br />

explique en grande partie ce constat d’échec,mais<br />

pas seulement, car là aussi, des personnes se sont<br />

vues contestées non pas comme demandeurs à<br />

l’agrément (ce que la loi interdit) mais comme<br />

future famille, quel modèle vont-ils renvoyer ?<br />

Pourquoi l'imposer à ces enfants déjà fragilisés ?<br />

Pour l’heure, les acteurs du monde de l’adoption,<br />

les conseils généraux, les OAA (organismes autorisés<br />

pour l'adoption) qui participent à la mise<br />

en relation entre les adoptants et les enfants et<br />

aussi la secrétaire d’Etat à la Famille ne semblent<br />

pas se rendre compte du besoin de changer les<br />

pratiques et les modalités pour donner une chance

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!