Par toi Israël Sera Béni Sera Béni - Hassidout
Par toi Israël Sera Béni Sera Béni - Hassidout
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ב"ה<br />
<strong>Par</strong> <strong>toi</strong><br />
<strong>Israël</strong><br />
<strong>Sera</strong> <strong>Béni</strong><br />
—Genèse<br />
48:20<br />
Extraits choisis d'une nouvelle<br />
Biographie de la Rebbetsin<br />
'Haya Mouchka en français<br />
Ce livret met l'accent sur<br />
Son séjour en France<br />
En l'honneur de l'anniversaire<br />
de la Rebbetsin<br />
25 Adar 5770
Extraits du livre de Malka Schwartz sur la Rabbanit 'Haya<br />
Mouchka à paraître prochainement. Celui-ci sera disponible en<br />
français, en espagnol et en russe, B"H.<br />
Malka Schwartz est l'auteur de quatre autres publications sur<br />
les Rabbanits 'Habad. Aux Etats-Unis, les Nashei 'Habad de<br />
Crown Heights ainsi que de nombreuses shlu'hot à travers le pays<br />
ont fièrement offert ses livres aux participantes de leurs<br />
conventions et différents évènements. Ce livre a été revu par<br />
Michoel Seligson et traduit en français par Mme Katy Allouche.<br />
Pour soutenir cette publication, envoyez vos dédicaces (pour un<br />
être cher ou pour une sim'ha) par courriel à starsisrael@gmail.com<br />
ou appeler Sim'ha au 050-4182-777.
<strong>Par</strong> <strong>toi</strong> <strong>Israël</strong> sera béni<br />
— Genèse 48:20<br />
En l'honneur de l'anniversaire de la Rebbetsin<br />
25 Adar 5770<br />
“Le 25 du mois est relié à l'octroi de toutes formes de<br />
bénédictions pour les Juifs.”<br />
— Le Rabbi de Loubavitch 1<br />
Tous droits de reproduction réservés<br />
Rédaction, recherche et adaptation de Malka Schwartz<br />
Conseiller d'his<strong>toi</strong>re et de recherche : Rav Michael Seligson<br />
Corrections : Simcha Chairsky<br />
Composition : Yossef-Yts'hak Turner<br />
Couverture : Rami Sharabi<br />
Traduction en français : Katy Allouche<br />
Contact: malkalschwartz@gmail.com<br />
Publié par Stars l'Organisation pour l'Avancement de la Jeunesse"<br />
───────<br />
1. Sefer HaSi’hot 5752, vol. 1, p.156; Si'hot Kodesh, p. 402; Sefer HaSi'hot, vol. 2, p.<br />
373.<br />
3
COMMENT FETER SON ANNIVERSAIRE *<br />
Quelques semaines après la disparition de la Rebbetsin, le<br />
Rabbi lança en son honneur la campagne en faveur de la<br />
célébration de son anniversaire. Voici donc une liste des<br />
coutumes à respecter le jour de son anniversaire telles que<br />
recommandées par le Rabbi. Il convient de les diffuser et<br />
d'encourager chacun à les appliquer ** :<br />
1. On a l'habitude de monter à la Torah le Chabbat<br />
précédent son anniversaire. Si l'anniversaire tombe un<br />
jour où on lit la Torah, on montera aussi ce jour là. [Bien<br />
entendu, tout ceci s'applique aux hommes. Une femme<br />
s'efforcera si possible d'être présente à la synagogue lors<br />
de la lecture de la Torah 2 ].<br />
2. On augmentera sa contribution à la tsédakah avant les<br />
offices du matin et de l'après-midi. Si l'anniversaire tombe<br />
Chabbat ou Yom Tov, on donnera une somme d'argent<br />
supplémentaire à la tsédakah avant Chabbat (et de<br />
préférence, après aussi).<br />
3. On consacrera plus de temps et d'efforts dans sa téfilla. On<br />
priera avec plus de concentration, on réfléchira à la<br />
grandeur du Créateur et on récitera les psaumes avec plus<br />
de ferveur aussi. (Si possible, on lira l'ensemble du séfer<br />
Téhillim.)<br />
───────<br />
*<br />
Réédité avec la permission des Si'hot en anglais<br />
**<br />
Ces coutumes sont extraites de HaYom Yom —du 11 Nissan ; Sefer HaMinhagim<br />
Chabad, p. 81, Letters of Lubavitcher Rebbe, Vol. 6, Letters #1,548, #1,858; Vol. 7<br />
#1,898, #1,929, #2,022, #2,066, #2,097, #2,116, #2,146, #2,210, #2,226, et al.<br />
1. Commentaire du rédacteur<br />
5
4. On étudiera le psaume qui correspond à son nouvel âge, 3<br />
et on le récitera chaque jour tout au long de la prochaine<br />
année. 4 (Ainsi, celui qui atteint l'âge de vingt ans<br />
commencera à lire le psaume 21.)<br />
5. En plus des études régulières quotidiennes ('Houmash,<br />
Téhillim, Tanya et Rambam), on étudiera en ce jour, un<br />
passage de la Torah — Torat haniglé — et un autre dans<br />
les enseignements ésotériques — Torat ha'hassidout.<br />
6. On étudiera un discours 'hassidique par cœur 5 (au moins<br />
en partie) que l'on prononcera en présence d'un groupe<br />
de gens, le jour de son anniversaire ou à un autre moment<br />
propice, en particulier à la Séouda chlichit du Chabbat<br />
suivant.<br />
7. On s'efforcera de contacter d'autres Juifs et leur enseigner<br />
la Torah et la 'hassidout, à partir d'un véritable sentiment<br />
d'Ahavat <strong>Israël</strong>.<br />
8. On s'isolera un moment pour procéder à une<br />
rétrospective de sa conduite durant l'année passée 6 — en<br />
cherchant tout ce qui justifie repentir et correction — et on<br />
prendra de bonnes résolutions pour les années futures.<br />
───────<br />
3. “Yé’hidout” à des enfants Bar Mitsva — Likoutei Si'hot, vol. 20, p. 578; vol. 26, p.<br />
347, etc.<br />
4. En plus de la fameuse coutume d'étudier chaque Rosh 'hodesh une partie du<br />
psaume correspondant à son âge — “Si le psaume est composé de plusieurs<br />
versets, on en étudiera deux ou trois chaque mois. S'il contient moins de douze<br />
versets ...on les étudiera plusieurs fois de façon à étudier ce même psaume<br />
toute l'année durant.” (Letters of Previous Rebbe, vol. 5, #1339).<br />
5. Là où ton cœur te porte mais d'une manière consciencieuse — Letters of<br />
Lubavitcher Rebbe, Vol. 7, #2097.<br />
6. Voir Letters, ibid. #2226: “Représente-<strong>toi</strong> une yé'hidout que tu as eue dans le<br />
passé, les questions que tu as posées au Rabbi et les réponses qu'il t'a<br />
données— et étudie ses enseignements.”<br />
6
9. On prendra la résolution d'un nouvel acte de piété ou<br />
d'une observance plus scrupuleuse dans quelque<br />
domaine 7 — à condition que cela reste à notre portée. 8<br />
10. On fêtera son anniversaire avec sa famille et ses amis et<br />
on louera et remerciera le Saint béni soit-il ; si possible, on<br />
prononcera la bénédiction de chéhé'hyanou sur un<br />
nouveau fruit — avec le bonheur et la joie revenant à<br />
l'accomplissement d'une mitsva. 9<br />
Photo du Rabbi précédent et du Rabbi, 25 Adar 5695 (1935), le<br />
jour de l'anniversaire de la Rebbetsin 'Haya Mouchka.<br />
───────<br />
7. En commençant par ajouter un temps pour étudier la 'hassidout (Letters, ibid.,<br />
#2066).<br />
8. Il convient de prendre la décision d'un tel regain de scrupule à Roch Hachana,<br />
l'anniversaire de la création du premier homme. La même idée prévaut donc<br />
pour l'anniversaire de chaque individu (voir Si'ha, A'haron chel Pesach 5748 fn.<br />
33) — Letters, ibid.<br />
9. Si’hot : 25 Adar; A'haron chel Pesa’h (et. al.) 5748.<br />
7
LA REBBETSIN ’HAYA<br />
MOUCHKA<br />
Le premier mot de la bénédiction des cohanim, "koh"<br />
("ainsi", vous bénirez les enfants d’<strong>Israël</strong> 10 ) s’écrit en hébreu<br />
avec les lettres kaf, hé, "ה , qui est aussi une manière de<br />
désigner le vingt-cinquième jour du mois.<br />
כ<br />
Le 25 Adar 5736 (au printemps 1976), précisément le jour<br />
de son anniversaire, la Rebbetsin 'Haya Mouchka dînait avec<br />
le Rabbi dans leur appartement de Président Street, à New<br />
York, lorsqu’on sonna à l’entrée. Leur intendant, le rav<br />
’Hessed Halberstam 11 ouvrit la porte et réceptionna un beau<br />
bouquet offert à la Rebbetsin par l’organisation féminine<br />
"Néchei H’abad" ; ce bouquet était accompagné d’une lettre<br />
contenant des demandes de bénédictions.<br />
Le rav Halberstam donna les fleurs à la Rebbetsin et la<br />
lettre au Rabbi. Le Rabbi refusa de prendre la lettre en<br />
affirmant qu’elle était destinée à sa femme. Le rav<br />
Halberstam insista alors en soulignant : "Cette lettre est<br />
pourtant bien pour le Rabbi, car elle contient des demandes<br />
de bénédictions" mais le Rabbi lui répondit : "Elle aussi peut<br />
bénir."<br />
Le rav Halberstam remit donc la lettre dans les saintes<br />
mains de la Rebbetsin, pensant dans son for intérieur que, de<br />
toute façon, c’est par le zékhout du Rabbi, par son mérite, que<br />
la Rebbetsin peut donner des bénédictions. Le Rabbi, lisant<br />
dans ses pensées, lui rétorqua: "Mon épouse est capable de<br />
bénir par son propre mérite''.<br />
───────<br />
10 Nombres, VI, 23. Ce passage est aussi récité après les premières bénédictions que<br />
l'on prononce chaque matin.<br />
2 L'intendant du Rabbi et de la Rebbetsin de 1971 à 1988.<br />
8
Le rav Halberstam se demanda : "Quelle est donc la<br />
différence entre la brakha du Rabbi et celle de la Rebbetsin ?".<br />
Dès lors, s’engagea un dialogue :<br />
Le Rabbi : "As-tu étudié Dérekh Mitsvotekha 12 ?<br />
Le rav Halberstam : "Oui".<br />
Le Rabbi : "Quel chapitre?"<br />
Le rav Halberstam : “Celui concernant la mitsva de la<br />
téfilla".<br />
Le Rabbi : "Tu dois sûrement savoir la différence qui<br />
existe entre le niveau immanent de D-ieu, mémalei kol almin et<br />
le niveau transcendant de sovev kol almin. Les bénédictions<br />
que je donne tirent leur origine du premier niveau mémalei kol<br />
almin, ce qui signifie que la personne doit aussi agir par ellemême<br />
afin que la brakha se réalise. En revanche, lorsque la<br />
Rebbetsin gratifie un être de sa brakha, la brakha se réalise<br />
automatiquement, même s’il ne fait rien pour cela, car elle<br />
procède du second niveau sovev kol almin." 13<br />
Cette capacité de la Rebbetsin à prodiguer des<br />
bénédictions ne fut révélée qu’à une poignée de gens. Lors du<br />
dernier discours que nous avons eu le mérite d’entendre du<br />
Rabbi le jour du yahrzeit de la Rebbetsin, il associa sa<br />
disparition au verset 14 : <strong>Par</strong> ton intermédiaire, <strong>Israël</strong> sera béni,<br />
───────<br />
12 Commentaire sur les mitsvot du Tséma’h Tsédek.<br />
13 Raconté par le Rav Halberstam lui-même. Ce dernier y ajouta : "Il arrivait parfois<br />
que le téléphone sonnait tard dans la nuit, avec au bout du fil, quelqu’un demandant<br />
des brakhot du Rabbi. Si le Rabbi était disponible, la Rebbetsin relayait le message à<br />
son mari. Sinon, elle avait l’habitude de répondre : "Ne vous en faites point, tout ira<br />
bien". Dans ce dernier cas, après enquête auprès de la personne, le rav Halberstam<br />
constatait que bien souvent tout s’était arrangé pour le mieux. La Rebbetsin<br />
n’agissait cependant ainsi que lorsque son mari ne pouvait pas répondre.<br />
14 Genèse XLVIII, 20 ; dans ce verset, Jacob promet à Joseph que les parents juifs<br />
béniront leurs enfants en leur souhaitant de devenir comme ses propres fils,<br />
Ephraïm et Ménaché.<br />
9
une allusion directe au fait que la Rebbetsin 'Haya Mouchka<br />
était elle-même une source de bénédictions.<br />
Quelques jours plus tard, le Rabbi ajouta 15 : "Le 25 du<br />
mois est relié à l’octroi de toutes formes de bénédictions pour<br />
les Juifs."<br />
Et les vivants doivent la prendre à cœur 16 : le Rabbi revint<br />
plusieurs fois sur ce verset après la disparition de la<br />
Rebbetsin. Il voulait ainsi nous encourager à l’imiter dans nos<br />
propres vies. À nous par conséquent de savoir embrasser les<br />
différents sens du mot "bénédiction" et de les utiliser pour<br />
enrichir notre existence et celle des autres. Rapprochons ainsi<br />
nos cœurs au travers de la mitsva d’aimer son prochain, tel<br />
que l’amour de la Torah et de Hashem nous y entraînent ;<br />
n’est-ce pas là la quintessence de la 'hassidout 17 ?<br />
───────<br />
15 Le verset cité dans la note précédente commence en hébreu par le terme Békha<br />
("<strong>Par</strong> ton intermédiaire"), qui s’écrit avec les lettres Beth et Khaf, correspondant à la<br />
valeur numérique de 22. Or le 22 (du mois de Chévat) est le jour du Yahrzeit de la<br />
Rebbetsin. Ainsi, non seulement le jour de sa naissance mais aussi la date de sa<br />
disparition expriment une allusion à ses pouvoirs de bénédictions.<br />
16 L’Ecclésiaste VII, 2.<br />
17 Voir Iggéret Kodech, Volume 23, p.132.<br />
10
FRANCE<br />
FRANCE<br />
Durant les huit ans qu'ils demeurèrent à <strong>Par</strong>is, le Rabbi et la<br />
Rebbetsin plantèrent des graines spirituelles: quelques décades plus<br />
tard, ces graines donnèrent leurs fruits sous la forme d'un énorme<br />
mouvement de baalé téchouva parmi les Juifs de France. 1<br />
…A leur arrivée à <strong>Par</strong>is le Rabbi et la Rebbetsin reçurent du<br />
père du Rabbi, Reb Lévi Its'hak, la lettre suivante :<br />
Erev 'hag HaMatsot, 5693<br />
Nous attendions impatiemment votre lettre de <strong>Par</strong>is;<br />
elle nous est finalement parvenue à la fin de la semaine<br />
dernière. Boakhem Léchalom [puisse votre arrivée se<br />
dérouler en paix]. Installez-vous dans votre nouvelle<br />
localité, et puissiez-vous goûter pour toujours la paix et la<br />
tranquillité. Que vous réussissiez dans toutes vos<br />
entreprises, et que vous vous éleviez encore et toujours plus<br />
haut. Et que nous ayons le mérite de vous voir bientôt dans<br />
la joie et la bonté – séla, à jamais.<br />
Le Rabbi et la Rebbetsin louèrent au début un petit<br />
appartement d'une pièce, en mauvais état et situé au dessus<br />
d'une boutique appartenant a un non-Juif. 2<br />
Le Rav Yéhouda Arié Leib Heber loua un bel<br />
appartement pour eux, le meubla à neuf puis tout content,<br />
informa la Rebbetsin qu'elle et le Rabbi pouvaient y<br />
emménager. Elle répondit qu'elle devait d'abord parler à son<br />
───────<br />
1. Bien des années plus tard, la Rebbetsin dit à la femme d’un chalia’h de <strong>Par</strong>is:<br />
“nous avons semé et planté....”<br />
2. A l'hôtel de Maux.<br />
11
mari. Une semaine s'écoula sans réponse ; le rav Heber<br />
reformula sa proposition. La Rebbetsin s'exprima par des<br />
gestes et des mots “Que puis-je faire?” “Mon mari n'est<br />
absolument pas intéressé.” 3, 4<br />
Ils reçurent du Rabbi précédent une lettre de Riga, où ce<br />
dernier demeurait depuis son départ de Russie ; il les<br />
informait de son installation prochaine à Varsovie:<br />
<strong>Par</strong> la grâce de D-ieu<br />
Veille de Roch 'Hodech Eloul 5693<br />
Marienbad<br />
Ma très chère fille et mon très cher gendre,<br />
Nous partons aujourd'hui pour Varsovie 5 , dans d'heureuses<br />
circonstances. Je vous remercie à l'avance de me donner toutes<br />
───────<br />
3. Rabbi Yehudah Aryeh Leib Heber (voir Kfar Chabad # 575, p. 18).<br />
Igros Kodesh, vol. XVI, p. 36, le Rabbi écrit, “...En ce qui concerne le lieu de<br />
résidence, l'avis de la femme a beaucoup de poids— et pour plusieurs raisons.<br />
Donc si vous pouvez convaincre votre femme de façon douce et agréable de<br />
rester là où vous êtes...ce sera bien. Mais si elle n'est pas du tout d'accord, il<br />
vous faudra réaliser son souhait.” [Note du rédacteur : dans ce dernier cas au<br />
contraire, nous voyons que la Rebbetsin s'en remit au souhait du Rabbi et ne<br />
déménagea pas dans le nouvel appartement. C'est probablement là un aperçu<br />
de la façon particulière dont la Rebbetsin se rapportait à son mari : plus que sa<br />
femme, elle était aussi son 'hassid.]<br />
4. On ne peut que supposer pourquoi le Rabbi ne voulait pas vivre dans de<br />
meilleures conditions. Toutefois, lorsque cinq ans plus tard, ils déménagèrent<br />
dans un appartement de deux pièces, Reb Levi Its'hak en souligna les<br />
avantages – selon la kabbala - dans la lettre suivante:<br />
Baruch Hachem, 15 Ména'hem Av, 5698<br />
Mes chers fils et belle fille estimés et bien aimés, pour de longs jours et de bonnes<br />
années:<br />
Quand un appartement comporte deux chambres comme celui dans lequel<br />
vous vivez à présent, c'est à dire une entrée et un séjour, ou une petite chambre et<br />
une grande chambre (selon le Midrash Rabbah, <strong>Par</strong>achat Vayakel) — c'est<br />
une allusion aux deux "hé" du Nom (Divin) qui sont réunis et à partir desquels la<br />
Maison d'<strong>Israël</strong> est bâtie, comme il est dit, "Comme Rachel et comme Léa ,á partir<br />
de toutes les deux fut construite la Maison d'<strong>Israël</strong>.” En outre, le mot “bayit” a<br />
la même valeur numérique que deux fois le mot “or” (lorsqu'on ôte le" alef" selon<br />
la raison connue pour cela). Tout ceci évoque la coexistence de deux lumières....<br />
5. Le Rabbi précédent établira des branches de la Yéchivat Tom'hei Temimim dans<br />
un certain nombre de villes en Pologne. Voir HaYom Yom.<br />
12
FRANCE<br />
les nouvelles vous concernant à l'adresse suivante: Nalevks 7,<br />
Varsovie. Que les bénédictions vous accompagnent, selon le<br />
désir de vos propres cœurs, et de celui de votre père et beau-père<br />
qui vous aime et qui vous bénit avec un amour infini.<br />
La veille de Yom Kippour 5693 (1934), le père du Rabbi,<br />
Reb Lévi-Yitsh'ak, leur envoya sa bénédiction : 6<br />
Des profonds recoins de mon cœur, et du sanctuaire<br />
intime de mon âme, je te bénis, mon fils chéri, en ce jour<br />
saint, au travers des termes de la bénédiction parentale,<br />
“Puisse l'Eternel te réjouir comme il a réjoui Éphraïm et<br />
Ménaché”; et <strong>toi</strong>, ma chère belle fille " Puisse l'Eternel te<br />
réjouir comme il a réjoui Sarah, Rivka, Rachel, et Léa . . .”;<br />
et tous les deux ensemble, “Que D-ieu vous bénisse et vous<br />
protège! Que D-ieu fasse rayonner Sa face sur vous et vous<br />
soit bienveillant! Que D-ieu dirige Son regard sur vous et<br />
vous accorde la paix! ”<br />
Puissions-nous nous voir cette année. . . .<br />
En 1934, juste un an après leur fuite d'Allemagne pour<br />
sauver leurs vies, la Rebbetsin retourna intentionnellement<br />
dans l'antre affreux des nazis, yima'h chémam, pour aider un<br />
autre Juif. Reb <strong>Israël</strong> Arié Leib, le frère du Rabbi, avait décidé<br />
d'émigrer de France en <strong>Israël</strong> et avait donc besoin de papiers<br />
du gouvernement nazi. Le Rabbi voulait se rendre en<br />
Allemagne pour les lui procurer, mais la Rebbetsin proposa<br />
d'y aller à sa place, ce serait moins dangereux sachant que les<br />
nazis commençaient à emprisonner des personnalités juives.<br />
Lorsqu'ils consultèrent les documents la concernant, les<br />
Allemands s'étonnèrent que son nom de famille, celui de son<br />
mari et celui de son grand- père maternel étaient tous<br />
“Schneerson.” Ils soupçonnèrent qu'il s'agissait donc de faux<br />
───────<br />
6. Likkoutei Levi Yitzh'ak, Igros Kodesh, p. 322.<br />
13
noms et promirent de lancer une investigation lorsqu'ils<br />
auront envahi <strong>Par</strong>is. 7 En dépit de leur suspicion, elle réussit à<br />
obtenir le visa.<br />
La Rebbetsin fit preuve d'un courage étonnant lorsqu'elle<br />
insista d'accomplir cette mission dangereuse à la place du<br />
Rabbi.<br />
Un jour, le Rabbi parut surmené, étrangement pâle et plus<br />
faible que d'habitude. Le rav Heber s'en inquiéta, craignant<br />
que ce surmenage eût un mauvais effet sur la santé du Rabbi.<br />
La Rebbetsin sourit et répondit, “Si vous pensez que ce que<br />
vous dites peut avoir de l'influence sur lui, essayez de lui en<br />
parler.”<br />
Deux jours plus tard, il en parla donc au Rabbi qui lui<br />
répondit, “Je n'ai pas le temps de me reposer. Je suis un<br />
chalia'h (envoyé chargé de mission), et l'on attend d'un<br />
chalia'h qu'il accomplisse sa tâche.” Une des nombreuses<br />
activités que le Rabbi entreprit en France fut l'édition du<br />
journal érudit, HaTamim. 8<br />
Au départ, le Rabbi ne comptait pas poursuivre ses études<br />
à l'université de <strong>Par</strong>is, mais son beau-père lui recommanda<br />
expressément de s'inscrire à la Sorbonne. 9<br />
Le Rabbi dut surmonter de nombreux obstacles avant d'y<br />
être accepté, en particulier :<br />
a) L'université ne prenait pas, en général, de nouveaux<br />
étudiants en cours d'année ;<br />
b) Il n'avait pas gardé avec lui les diplômes obtenus à<br />
Berlin ;<br />
───────<br />
7. Rapporté par la Rebbetsin 'Haya Moushka. Voir aussi 28th of Sivan: A New<br />
Beginning, Laibl Wolf.<br />
8. Out of the Inferno, p. 328, Kehot Publication Society, Brooklyn, NY.<br />
9. HaRabanit. Tout le récit de l'acceptation du Rabbi à la Sorbonne est relaté par<br />
Dr. Shuchatman. Voir aussi Kfar Chabad, #694, p. 20.<br />
14
FRANCE<br />
c) Il ne parlait pas couramment le français.<br />
Le Rabbi précédent demanda au Dr. Meir Shu'hatman<br />
d'intervenir. Après bien des pressions, les vingt et un<br />
membres du conseil d'administration de l'université se<br />
réunirent et décidèrent d'accepter le Rabbi à l'essai pour six<br />
mois.<br />
Dr. Shu'hatman suggéra au Rabbi de voyager chez son<br />
beau-père pour lui faire part des bonnes nouvelles. Le Rabbi<br />
réfléchit un moment puis dit: “D'aprés la halakhah, je dois<br />
d'abord informer ma femme”. Ils se rendirent chez la<br />
Rebbetsin qui semblait avoir pressenti l'heureuse raison de<br />
leur visite. En effet dès qu'elle ouvrit la porte, elle s'écria<br />
ravie, “D-ieu, qu'Il soit béni, t'a accordé le succès!”. Le Rabbi<br />
précédent, quant à lui, accueillit la nouvelle avec un léger<br />
sourire.<br />
La Rebbetsin aida le Rabbi à préparer son dossier<br />
académique pour la Sorbonne. Dans ses moments libres, elle<br />
étudiait aussi le français.<br />
Essayer de vivre selon la Torah à <strong>Par</strong>is représentait alors<br />
un véritable défi. Le Rabbi et la Rebbetsin maintinrent de<br />
façon impressionnante leur grand niveau d'observance,<br />
notamment en ce qui concernait les lois de cacherout.<br />
15
La Sorbonne<br />
Aussi, lorsque le Rav Eliyahou Rei'hman voyagea de<br />
Hongrie à <strong>Par</strong>is, son grand-père lui recommanda de ne se fier<br />
qu'au Rabbi et la Rebbetsin pour tous les problèmes de<br />
cachrout.<br />
Tout le mérite en revenait à la Rebbetsin 'Haya Mouchka.<br />
Le Rabbi lui-même s’en remettait totalement à elle et ne<br />
s'autorisait que la nourriture qu'elle préparait. Il amena la<br />
Rebbetsin avec lui dans la boucherie cacher 10 pour qu'elle<br />
vérifie comment la viande y était cachérisée. Ce n'est qu'après<br />
son accord qu'ils y firent leurs achats.<br />
<strong>Par</strong>fois, la Rebbetsin marchait des kilomètres pour<br />
superviser la traite des vaches dans une ferme, à l'extérieur de<br />
<strong>Par</strong>is, afin que le lait puisse être considéré comme 'halav<br />
<strong>Israël</strong>; elle s'en servait pour préparer des mets lactés au<br />
Rabbi. Avant Pessa'h, c'est elle qui examinait le blé pour les<br />
───────<br />
10. Qui ne vendait que de la viande cacher.<br />
16
FRANCE<br />
matsot et qui les faisait cuire dans un petit four manuel. 11 Ils se<br />
procuraient le vin à Vienne, dans la même cave où le Rabbi<br />
précédent acquérait le sien. 12<br />
Pendant un certain temps, le Rabbi achetait le pain dans<br />
une boulangerie juive située au Pletzel, une grande place à<br />
<strong>Par</strong>is. Il avait bien sûr vérifié que toute la procédure<br />
correspondait à ses exigences de cacherout. Une fois, un Juif<br />
s'approcha de lui, en s’étonnant : "Comment ?!", dit-il, "un<br />
Juif craignant D-ieu comme <strong>toi</strong> achète dans cette<br />
boulangerie?!” Bien qu'on découvrît plus tard que cet homme<br />
tentait de détourner la clientèle de cette boulangerie, le Rabbi<br />
cessa d'y acheter son pain 13 .<br />
C'est probablement parce qu'il se rendait compte que leur<br />
observance méticuleuse de la cachrout affectait leur régime<br />
alimentaire que Reb Lévi Yits'hak leur écrivit la lettre<br />
suivante:<br />
Tachez de renforcer votre santé . . . Vous prendrez soin de<br />
votre vie en mangeant, buvant, marchant, et en relaxant à<br />
la fois votre corps et votre âme. Que D-ieu vous aide à être<br />
en bonne santé tous les jours de votre vie, particulièrement<br />
en cette période faste du mois d’Éloul où nous entrons...<br />
L’année 1939 marqua la fin des années relativement<br />
calmes que le Rabbi et la Rebbetsin avaient pu connaître en<br />
France. De nombreux réfugiés rejoignirent le pays et la<br />
menace nazie commença à planer.<br />
En septembre de la même année, les Nazis bombardèrent<br />
et envahirent la Pologne. A cette époque, le Rabbi précédent y<br />
───────<br />
11. Rabbi Eliyahou Rei'hman arriva avant Pessa'h chez le Rabbi et la Rebbetsin et<br />
en fut témoin. Il fut impressionné par l’extrême rigueur dont ils faisaient<br />
preuve. Le Rabbi lui donna des matsot faites à la main, bien que leur nombre fût<br />
limité.<br />
12. HaRabanit. Rabbi Hirsch Lipshitz de Vienne.<br />
13. Ibid. Comme la Rebbetsin l’a raconté.<br />
17
vivait, dans la ville d’Otwock 14 . Dans l’incapacité d’en sortir,<br />
ses jours étaient en danger.<br />
La Rebbetsin 'Haya Mouchka se retrouva dans la situation<br />
qu'elle avait vécue lors de l'emprisonnement de son père à<br />
Spalerka, craignant pour sa santé. Le Rabbi et la Rebbetsin<br />
déployèrent les plus grands efforts pour sauver le Rabbi<br />
Rayats, en dépit des limites et des menaces qui pesaient sur<br />
eux. Ils étaient à l'affût de toute information 15 importante<br />
qu'ils transmettaient à Rabbi <strong>Israël</strong> Jacobson à New York, le<br />
représentant d'Agoudat 'Hassidei 'Habad. C'était la<br />
principale association engagée dans les efforts de sauvetage.<br />
Voici un extrait d'une lettre codée écrite le 10 Novembre 1939<br />
par le Rabbi et la Rebbetsin à cette Agoudat 'Hassidei 'Habad.<br />
On notera comment tous les deux se référent au Rabbi<br />
précédent comme “nos parents”:<br />
Cher Rabbi:<br />
Je tiens à remercier votre honneur pour ses lettres du<br />
22 et 25. Nous n'avons aucune nouvelle de nos parents.<br />
Nous avons appris par la lettre de M. ...qu'ils n'ont pas pu<br />
quitter Varsovie, et nous sommes très inquiets de leur sort.<br />
Rabbi Jacobson tint le Rabbi et la Rebbetsin informés de<br />
tout nouveau développement.<br />
Le "State Department” en Amérique accorda au Rabbi<br />
précédent et sa famille le statut de “membres de la hiérarchie<br />
religieuse 'Habad et de chefs spirituels illustres dont la survie<br />
est cruciale pour le judaïsme mondial.” Ainsi l'Agoudat<br />
'Hassidei 'Habad était habilitée à demander des visas d'entrée<br />
spéciaux pour les membres de la famille du Rabbi, y compris<br />
le Rabbi et la Rebbetsin. Dans la demande qu'ils formulèrent,<br />
───────<br />
14. HaYom Yom, p. A17.<br />
15. Rabbi Liberman, le secrétaire du Rabbi précédent qui se trouvait alors à Riga,<br />
était leur principale source d'information.<br />
18
FRANCE<br />
le Rabbi fut présenté comme l'auteur de HaTamim et un<br />
penseur hors du commun capable de contribuer<br />
considérablement à l'avancement de la philosophie juive.<br />
Conformément aux règles en vigueur, le Rabbi et la<br />
Rebbetsin devaient eux aussi remplir une demande écrite<br />
pour l'obtention de leur visa. Néanmoins, ils n'adressèrent<br />
pas de requête pour des visas spéciaux 16 , mais pour des visas<br />
ordinaires pour l'Amérique, précisant qu'il était un ingénieur<br />
en électronique.<br />
En janvier 1940, les avocats du Rabbi en Amérique<br />
craignirent que les demandes de visas contradic<strong>toi</strong>res du<br />
Rabbi éveillent la suspicion et compromettent les autres<br />
efforts de secours. Ils décidèrent donc de freiner la demande<br />
de visas spéciaux pour le Rabbi et la Rebbetsin jusqu'à ce que<br />
le Rabbi précédent soit sauvé de Pologne.<br />
Le Rabbi s'enrôla dans l'armée française pour pouvoir<br />
apparaître plus facilement en public. Ce fut une sage<br />
décision, car le Rabbi et la Rebbetsin furent arrêtés plusieurs<br />
fois par les autorités qui voulaient s'assurer que le Rabbi<br />
n'était pas un déserteur. La Providence aidant, le Rabbi ne fut<br />
jamais appelé sous les drapeaux. 17<br />
Après plus de six mois d'efforts déployés par des<br />
personnalités centrales dans 'Habad et par la classe politique,<br />
grâce aussi à l'infiltration des services de renseignement<br />
allemand par les États-Unis, le Rabbi précédent fut évacué de<br />
Varsovie sous les bombes. Il fut ensuite conduit à Riga en<br />
Lettonie via Berlin. De là, il s'envola vers Stockholm en mars<br />
1940, et deux jours plus tard, il s'embarqua pour un voyage<br />
de deux semaines vers l'Amérique.<br />
───────<br />
16. Commentaire du rédacteur : sans doute par modestie, pour éviter de<br />
mentionner leur niveau élevé au plan religieux.<br />
17. HaRabanit, p. 62.<br />
19
Le Rabbi précédent<br />
(au moment de gagner les côtes d'Amérique en 1940)<br />
Durant son voyage, il envoya un message pour que l'on<br />
fasse parvenir à son gendre et à sa fille à <strong>Par</strong>is des matsot<br />
chmourot, qui parvinrent bien au Rabbi et à la Rebbetsin. Le<br />
Rabbi précédent arriva à New York le 9 Adar II. Il redoubla<br />
aussitôt d'efforts pour sauver le Rabbi et la Rebbetsin, sa plus<br />
jeune fille, la Rebbetsin Cheïna et son mari Rabbi<br />
Horenstein, 18 et des milliers de ses étudiants, détenus dans<br />
l'Europe gouvernée par les Nazis.<br />
───────<br />
18. Days in Chabad, pp. 2-3. Le Rabbi précédent ne voulait pas quitter la Pologne<br />
sans sa fille, la Rebbetsin Cheïna et son mari, Rabbi Mena'hem Mendel<br />
Horenstein. Mais ce fut impossible car ils étaient des citoyens polonais,<br />
contrairement au Rabbi précédent et d'autres membres de la famille qui eux,<br />
avaient la nationalité lettonienne. Malheureusement, tous les efforts pour<br />
sauver la Rebbeszin Cheïna et son mari s'avérèrent vains et elle fut tuée dans<br />
les chambres à gaz, le deuxième jour de Roch hachana. Son mari périt de la<br />
20
FRANCE<br />
En mai 1940, les Nazis envahirent la France. Une de leurs<br />
premières tâches fut d'établir des listes de citoyens selon leurs<br />
race et religion. Leurs intentions étaient claires, ils avaient<br />
déjà fait leurs preuves dans les pays qu'ils occupaient. On se<br />
souvient du voyage de la Rebbetsin 'Haya Mouchka à Berlin<br />
en 1934 pour chercher les documents concernant <strong>Israël</strong> Arié<br />
Leib ; à cause de cette visite, l'appartement du Rabbi et de la<br />
Rebbetsin était sur leur liste d'investigation.<br />
Les agents arrivèrent chez le Rabbi mais il était absent .Ils<br />
interrogèrent alors les voisins sur la religion du Rabbi. Leur<br />
réponse fut “orthodoxe,” un mot qui peut être compris de<br />
différentes façons. Lorsqu'à son retour, on raconta au Rabbi<br />
ce qui s'était passé, il courut au bureau central pour préciser<br />
clairement à l'employé ahuri qu'il était juif.<br />
La situation à <strong>Par</strong>is empirait ; le Rabbi et la Rebbetsin<br />
n'avaient toujours pas de visas pour quitter le pays.<br />
Le 5 juin, comme l'avaient pressenti les avocats, le<br />
Consulat refusa la demande du Rabbi à cause des<br />
informations contradic<strong>toi</strong>res présentées sur les deux<br />
demandes de visa. La situation du Rabbi et de la Rebbetsin<br />
devint encore plus précaire les jours suivants. Les Nazis<br />
entrèrent dans <strong>Par</strong>is et prirent le contrôle de la ville.<br />
Un des voisins du Rabbi et de la Rebbetsin, un général<br />
haut placé dans l'armée française leur proposa de les cacher<br />
dans sa villa personnelle. Le Rabbi déclina l'offre et préféra<br />
quitter <strong>Par</strong>is pour Vichy. Alors qu'ils prenaient la fuite, les<br />
Nazis commencèrent à bombarder la ville. Le Rabbi et la<br />
Rebbetsin s'abritèrent dans une boutique.<br />
Une autre fois, la Rebbetsin aperçut une bombe tomber de<br />
l'avion en direction d'un homme juif, elle le poussa avec<br />
───────<br />
même manière le 25 'Hechvan 5703. Le Rabbi disait toujours le Kaddich, la prière<br />
des endeuillés, le deuxième jour de Roch Hachana.<br />
21
eaucoup d'empressement et, indubitablement, lui sauva la<br />
vie 19 .<br />
La veille de Chavouot, le 11 juin 1940, le Rabbi et la<br />
Rebbetsin réussirent à quitter <strong>Par</strong>is pour Vichy en prenant<br />
l'un des derniers trains. Ils arrivèrent le même jour, juste<br />
avant Yom Tov. Le Rabbi fut obligé de laisser sa valise qui ne<br />
contenait que son tallit et ses téfillin au cocher non juif. Il lui<br />
donna comme instruction de l'apporter à l'hôtel où il devait<br />
résider puis il marcha pendant longtemps avec la Rebbetsin<br />
pour rejoindre leur hôtel.<br />
Le Rabbi et la Rebbetsin restèrent à Vichy jusqu'à la fin de<br />
l'été puis se rendirent à Nice, qui était alors sous l'autorité<br />
italienne. Ils louèrent un appartement à l'hôtel Ruchanbi, à<br />
côté de la gare. La situation était relativement meilleure qu'à<br />
<strong>Par</strong>is ou Vichy, mais le danger était encore grand et la plupart<br />
du temps, les gens restaient enfermés chez eux. <strong>Par</strong>fois le<br />
gouvernement décrétait le couvre feu.<br />
Le Rabbi et la Rebbetsin n'avaient toujours pas reçu de<br />
réponse positive du consulat d'Amérique à <strong>Par</strong>is pour leurs<br />
visas. Le 3 septembre, un avocat représentant l'équipe les<br />
aidant à se sauver, demanda que leurs dossiers soient<br />
transférés au consulat américain de Nice. Le 23 octobre, le<br />
consulat américain de Nice les informa par télégramme 20 de<br />
leur intention de leur octroyer un visa spécial. Trois semaines<br />
plus tard, le 13 novembre 1940, ils revinrent sur leur décision,<br />
───────<br />
19. Plus tard, lorsque la Rebbetsin racontait cette his<strong>toi</strong>re, elle la concluait en<br />
disant, “C'est vrai, j'ai sauvé un juif, mais je l'ai aussi poussé et pour avoir<br />
poussé un juif, on doit faire téchouva.” (Rapporté par Rabbi 'Hessed<br />
Halberstam.) [Commentaire du rédacteur: elle avait sauvé la vie d'un Juif et sur<br />
quoi s'attardait-elle encore des années plus tard ? Sur le fait qu'elle l'avait<br />
poussé ! Ceci montre sa sensibilité totale envers les autres. On peut aussi<br />
apprendre de tout cela que même dans le cas où “la fin justifie les moyens,” on<br />
doit toujours s'efforcer d'agir de façon convenable et avec sensibilité.]<br />
20. On ne sait pas clairement si le télégramme a été envoyé à l'avocat en Amérique<br />
ou bien au Rabbi et à la Rebbetsin.<br />
22
FRANCE<br />
évoquant comme raison une “contradiction” dans leurs<br />
demandes.<br />
En Amérique, pendant ce temps, le Rabbi précédent<br />
faisait de son mieux pour les aider. Il était déchiré par le<br />
temps que tout ce processus prenait. Le 6 Kislev, il envoya à<br />
M. Acher Rabinovitzch, l'avocat principal du Rabbi et de la<br />
Rebbetsin télégramme suivant:<br />
J'ai bien reçu votre télégramme. A ma grande déception,<br />
cependant, rien n'a suivi les grandes promesses et les belles<br />
garanties qu'on vous avait données. J'en suis vraiment<br />
déchiré et profondément peiné. Essayez d'écrire à vos<br />
connaissances— plutôt que de leur téléphoner ou<br />
télégraphier— pour leur demander d'agir sérieusement<br />
pour l'octroi de visas américains aux Horenstein, et pour<br />
que le consul américain de Nice, en France, accorde à Rabbi<br />
Schneerson son visa et qu'il demande au gouvernement<br />
français de les aider à sortir du pays, sains et saufs.<br />
Le Rabbi précédent restait en contact avec le Rabbi et la<br />
Rebbetsin en France, par lettres et télégrammes. Il y<br />
mentionnait régulièrement un certain “Avram,” nom de code<br />
du Rabbi. 21 L'extrait suivant montre que la situation<br />
progressait:<br />
Avram,<br />
...L'Agoudat 'Habad a envoyé ton certificat rabbinique au<br />
consul. Fais nous savoir par télégramme si le consul t'a<br />
accordé le visa et de quel type de permis il s'agit. Tout le<br />
monde va bien. Écris souvent.<br />
───────<br />
21. A Day to Recall, A Day to Remember, p. 64, fn. 17.<br />
Affectueusement,<br />
Schneerson<br />
23
Le 13 décembre, l'Agoudat 'Hassidei 'Habad envoya une<br />
lettre formelle au consul de Nice; elle y réitérait que le Rabbi,<br />
en tant que l'un des chefs principaux du mouvement, était<br />
habilité à recevoir un visa “spécial”. A peu prés à la même<br />
époque, le Rabbi, agissant de son propre gré, demanda le<br />
transfert de son dossier au Consul de Marseille. Le Rabbi<br />
précédent envoya un autre télégramme à “Avram”:<br />
Donne-moi des nouvelles de la santé de Mouchka et de<br />
Mendel, leur adresse, et la raison pour laquelle ils ont<br />
demandé le transfert de leur dossier à Marseille.<br />
Celui qui veut votre bien être,<br />
HaRav Schneerson<br />
Dans un autre télégramme daté du 23 Chévat, le Rabbi<br />
précédent écrivait :<br />
Que dois-je faire encore pour sauver Schneerson?<br />
Malgré la gravité de leur situation personnelle, le Rabbi et<br />
la Rebbetsin recherchaient des autres refugiés juifs pour les<br />
aider. L'un des problèmes les plus ardus concernait le<br />
logement. À Nice, il fallait présenter un billet de 100 $,<br />
uniquement pour entrer dans le lobby d'un hôtel. Bien des<br />
Juifs n'en avaient pas. Le Rabbi en possédait un qu'il utilisait<br />
avec ruse. Il recherchait les Juifs qui en avaient besoin et le<br />
leur prêtait à tour de rôle. D'autres Juifs finirent par l'imiter et<br />
utilisèrent cette méthode originale pour aider leurs<br />
coreligionnaires. 22<br />
À cette époque, l'or était confisqué dans tout le pays et<br />
quiconque en détenait se mettait en danger. Une<br />
connaissance du Rabbi et de la Rebbetsin qui possédait<br />
───────<br />
22. [Note du rédacteur : On pourrait penser que si l'on se trouve dans une situation<br />
tellement limitée, il est impossible d'aider l'autre. En vérité, lorsqu'on fait appel<br />
à son volonté et à sa créativité, on découvre qu'il y a toujours un moyen de<br />
venir en aide en dépit - et parfois à cause – des contraintes de cette situation.]<br />
24
FRANCE<br />
plusieurs lingots d'or demanda au Rabbi de les cacher dans<br />
leur appartement, en pensant que les autorités n'y feraient<br />
pas de recherches. Le Rabbi acquiesça. Mais lorsque<br />
finalement, les prospections débutèrent dans leur quartier, la<br />
Rebbetsin proposa au Rabbi de mettre l'or dans un lieu plus<br />
sûr. Le Rabbi refusa, en disant “C'est de l'argent juif...”<br />
Dans tous leurs déplacements, le Rabbi et la Rebbetsin<br />
continuèrent à observer scrupuleusement les mitsvot. Le<br />
Rabbi demanda à un jeune ami, Yaakov Moché Rothschild,<br />
de se procurer du pain pat <strong>Israël</strong>. Il allait donc chaque semaine<br />
allumer le four dans une boulangerie tenue par un Juif non<br />
religieux. Le Rabbi payait pour ce pain et l'utilisait pour lehem<br />
michné, chaque Chabbat. 23<br />
Bien avant Pessa'h, le Rabbi et la Rebbetsin commencèrent<br />
à s'organiser pour la fête. Personne ne pouvait leur envoyer<br />
de la matsa chmoura, donc il ne leur restait plus qu'à en<br />
fabriquer eux-mêmes. Un non-Juif du nom de Roland leur<br />
procura un four que le Rabbi devait cachériser. Il comptait<br />
aussi obtenir de la farine cacher lepessa'h quand se présenta<br />
l'opportunité suivante 24 :<br />
Le Rabbi connaissait un certain Monsieur Bezevorodke,<br />
un fabriquant de miroirs, qui fournissait l'armée française. Il<br />
devait se rendre en Suisse pour des raisons professionnelles.<br />
Il fut heureux de rapporter des matsot chmourot au Rabbi qui<br />
lui en avait demandées. Le Rabbi avait aussi confié à ce<br />
Monsieur Bezevorodke, qu'il se demandait où se procurer du<br />
'hrein pour le Seder” 25 . Le Rabbi parcourut des routes de<br />
montagne dangereuses pour trouver des oignons pour le<br />
plateau du Seder. 26<br />
───────<br />
23. Le 28 Sivan: A New Beginning.<br />
24. Ibid.<br />
25. Raconté par la Rebbetsin et publié dans HaRabanit, p. 64.<br />
26. Ibid.<br />
25
A cause de ses exigences en matière de cachrout, le Rabbi<br />
mangeait à peine. La Rebbetsin essayait par tous les moyens<br />
de lui fournir du sucre, une denrée rare à l'époque. Elle fut<br />
jointe dans ses efforts par leurs voisins et même par le<br />
propriétaire de l'hôtel qui cachait des morceaux de sucre pour<br />
les donner à la Rebbetsin.<br />
Une fois, la Rebbetsin 'Haya Mouchka rencontra au bord<br />
de la plage, à Nice, la femme d'un Rav de Belgique; elle<br />
attendait son mari qui se trempait dans la mer, à une certaine<br />
distance de la plage.<br />
Elles aperçurent un groupe d'Allemands qui marchaient<br />
dans leur direction. Elles s'inquiétèrent surtout pour le mari<br />
qui avait sans aucun doute l'air d'un Juif. Même si les<br />
Allemands n'avaient pas conquis la ville de Nice, les<br />
habitants se méfiaient d'eux.<br />
La Rebbetsin eut une idée. Elle alla dire au maître nageur<br />
en français, “Est ce bien la tête de quelqu'un que je vois làbas,<br />
loin dans la mer ?” Puis elle lui fit comprendre qu'il<br />
vaudrait mieux qu'"ils" ne le voient pas. Le maître nageur<br />
saisit l'allusion, monta sur son canot de sauvetage et<br />
prétendit aller sauver la "personne qui se noyait". Il rejoignit<br />
le Rav et le fit monter sur son canot.<br />
Entre-temps, les Allemands s'étaient rapprochés, et<br />
observaient la scène qui se déroulait dans l'eau. Ils<br />
remarquèrent le Juif et le maître nageur, mais ils étaient à une<br />
telle distance qu'ils s'en allèrent sans problème.<br />
Le maître nageur ramena le Rav un peu plus loin et lui<br />
rendit ses habits. Plus tard dans la soirée, la femme du Rav<br />
envoya un message à la Rebbetsin pour lui dire de ne pas s'en<br />
faire, son mari était rentré à la maison. 27 Cependant la<br />
───────<br />
27. Raconté par la Rebbetsin et publié dans HaRabanit, pp. 64-65.<br />
26
FRANCE<br />
Rebbetsin n'était pas chez elle pour recevoir le message, elle<br />
accomplissait une autre mission importante— chercher du<br />
lait chamour, 'Halav <strong>Israël</strong>.<br />
Finalement le 26 Adar, le lendemain de l'anniversaire des<br />
40 ans de la Rebbetsin, le Rabbi et la Rebbetsin reçurent enfin<br />
les bonnes nouvelles— le Consulat acceptait de leur accorder<br />
leurs visas. Elle en fit part à son père dans une lettre, dont<br />
voici le paragraphe principal :<br />
J'ai été ravie aujourd'hui de recevoir ta lettre du 10<br />
février. Elle était cette fois-ci un peu plus détaillée, et je me<br />
réjouis de vous savoir, mes chers tous, en bonne santé.<br />
Quelle information avez-vous reçue des enfants? Le<br />
consulat américain a promis de nous accorder les visas.<br />
Quand nous les recevrons, nous agirons en conséquence....<br />
Nous sommes désolés que vous ayez dû dépenser<br />
tellement d'énergie sur ces visas.<br />
Baisers à père sur sa main, et vous tous, je vous<br />
embrasse et vous serre dans mes bras<br />
Mouchka<br />
Au bas de la lettre, le Rabbi ajouta ces quelques lignes :<br />
Selon mes estimations, vous devriez recevoir cette lettre<br />
aux environs de Pessa'h. Je vous envoie donc mes meilleurs<br />
souhaits pour un Pessa'h joyeux et calme dans tous les sens<br />
du terme, à chacun de vous. Avec mes vœux de réussite<br />
et<br />
bonheur.<br />
Mendel 28<br />
Le consulat américain à Marseille tint sa promesse, et le<br />
20 Nissan, le Rabbi et la Rebbetsin reçurent leurs visas. Le<br />
Rabbi précédent écrit à ce sujet dans une lettre en date du 4<br />
Iyar :<br />
───────<br />
28. HaRabanit, pp. 67-68.<br />
27
Ma fille, Madame 'Haya Mouchka, et son mari, mon<br />
gendre, HaRav HaGaon Rabbi M.M., sont encore en<br />
France, dans la ville de Nice. Grâce à D-ieu, ils ont reçu<br />
leur permis d'entrée dans ce pays. Que D-ieu leur accorde<br />
un voyage agréable et facile et qu'il les gratifie d'une<br />
réussite dans leurs entreprises matérielles et spirituelles.<br />
De Nice, le Rabbi et la Rebbetsin se rendirent à Marseille<br />
pour recevoir leurs visas. Le seul port disponible d'où l'on<br />
pouvait embarquer vers l'Amérique se trouvait à Lisbonne.<br />
Le Rabbi et la Rebbetsin avaient donc besoin de nouveaux<br />
visas pour le Portugal. Le Rabbi précédent les leur procura<br />
grâce à une série de relations et le Rabbi et la Rebbetsin<br />
achetèrent leurs billets pour monter sur ce grand bateau qui<br />
les conduirait aux États-Unis.<br />
Le jour du départ arriva, et ils devaient s'embarquer de<br />
Marseille vers le Portugal. Soudain, ils reçurent un<br />
télégramme du Rabbi précédent les enjoignant de ne pas<br />
voyager. Bien qu'ils n'eussent aucune assurance qu'un autre<br />
bateau quitterait Marseille, ils ne montèrent pas à bord. Ce<br />
n'est que plus tard, qu'ils apprirent que ce même bateau fut<br />
capturé par les Italiens et ses passagers déportés dans un<br />
camp de personnes déplacées, sur une île isolée.<br />
Finalement, le 12 juin, le Rabbi et la Rebbetsin<br />
s'embarquèrent sur le Serpa Pinto vers l'Amérique. Des<br />
ambassadeurs qui fuyaient la France étaient aussi parmi les<br />
passagers. Le voyage fut dangereux, les Nazis lançaient des<br />
obus et des bombes sur les bateaux. Grâce à D-ieu, leur<br />
bateau ne fut pas touché.<br />
28
FRANCE<br />
Le Serpa Pinto<br />
29
ADDENDUM 1<br />
Le Rav Yéhudah Arié Leib Heber et sa famille étaient très<br />
proches du Rabbi et de la Rebbetsin lorsqu'ils vivaient à <strong>Par</strong>is<br />
pendant la deuxième guerre mondiale.<br />
“Au début de la guerre,” raconte le Rav Heber, “j'hésitais<br />
entre rester à <strong>Par</strong>is ou émigrer aux États-Unis. C'était avant<br />
l'invasion de <strong>Par</strong>is par les Nazis, et personne ne pouvait<br />
prévoir alors à quel point l'avenir serait horrible. J'étais à<br />
l'aise sur le plan financier et conscient des incertitudes et des<br />
difficultés de l'immigration.<br />
“Le Rabbi suggéra que je demande conseil à son beaupère,<br />
le Rabbi précédent, qui vivait en Pologne.<br />
“J'en fus extrêmement surpris. Tout contact téléphonique<br />
ou par courrier avec Varsovie était quasiment impossible.<br />
"Envoie-lui un télégramme", proposa le Rabbi. Cela semblait<br />
tout aussi inefficace car les télégrammes non plus n'étaient<br />
pas transmis.<br />
“Tu n'as aucune idée de ce qu'est un Rabbi", dit le Rabbi.<br />
"La lettre et le télégramme n'ont pas besoin d'être remis au<br />
Rabbi pour qu'il en ait connaissance. Et la réponse du Rabbi<br />
n'a pas besoin d'arriver pour que nous la percevions".<br />
“Je m'assis immédiatement pour rédiger ma question et je<br />
me dirigeai ensuite vers le bureau de la Western Union.<br />
"Désolé, il n'y a absolument aucune possibilité de<br />
télégraphier en Pologne, toutes les lignes sont coupées" me<br />
───────<br />
1 Extrait de To Know and to Care, Sichot in English
dit l'employé. Je ne m'attendais vraiment pas à une autre<br />
réponse, mais j'avais fait ce que je pouvais.<br />
“Le lendemain matin, je m'éveillai l'esprit soudain clair…<br />
NICE<br />
A Nice, le Rabbi continua de respecter méticuleusement<br />
les directives du Rabbi précédent, en particulier : étudier avec<br />
quelqu'un la portion quotidienne du 'Houmach avec Rachi, 2 et<br />
organiser un farbrengen, une réunion 'hassidique, chaque<br />
Chabbat Mévar'him. Il rassemblait donc quelques réfugiés juifs<br />
dans la cuisine de l'hôtel et animait un farbrengen avec eux.<br />
───────<br />
2. The 28th of Sivan: A New Beginning, by Rabbi Laibl Wolf.<br />
34
Cette page est dédiée à nos grands-mères adorées<br />
Qui nous manquent beaucoup:<br />
JOSEPHINE FREHA SUISSA BAT AVNER (Z"L)<br />
MATHILDE HADDAD BAT SHMOUEL (Z"L)<br />
ESTHER ALLOUL BAT JOSEPH (Z"L)<br />
ZARA DAYAN BAT DAVID (Z"L)<br />
Que D-ieu repose leur âme en paix<br />
Et que nous les voyions très bientôt avec la venue<br />
De notre juste Machia'h, Amen!<br />
Leur vie est pour nous un exemple qui continue<br />
À nous montrer la voie…
ט''<br />
ה''<br />
Dedicated by<br />
Tova Hinda Siegel<br />
In Memory of My Mother,<br />
Flora Gittel bas Yaakov,<br />
נפטרה ט' טבת תשס<br />
And in Memory of Risha bas Shmuel,<br />
נפטרה ר''ח סיבן תשס<br />
May these two women who exemplified<br />
Jewish motherhood and devotion to their<br />
Communities serve as examples and be an<br />
Inspiration to women everywhere.<br />
In their merit, may we experience the<br />
Revelation of Moshiach and the Geulah<br />
Shalaymah immediately!<br />
36
צפתמן עזרה חיים ח"הרה א"יבלחט בן ה"ע נח ישראל 'הת נשמת לעילוי