avril 2000 - Chambre de la sécurité financière

DOSSIERLe vieillissement rapidede la population :Il y a de quoi s’arracher les cheveux !par Lissia de Bellefeuille12Avril 2000Toutes les études démographiques leconfirment : le taux de natalité est enbaisse au Québec et l’espérance de vie enhausse. Conséquence : nous faisons face àun renversement de la pyramide d’âges,qui n’est pas sans ébranler certains aspectssocioéconomiques de notre société. Levieillissement rapide de la populationdonne des cheveux blancs aux plus jeunesgénérations et pour cause.Aujourd’hui, force est d’admettre que l’augmentationdu nombre de personnes âgées est inéluctable. D’ici2030, l’on prévoit qu’au Québec la proportion des65 ans et plus passera de 12 % à 24 %, ce qui entraîneraune hausse des charges sociales. Nous n’avons qu’àpenser à certains services publics que cette partie dela population sollicitera davantage : le système desanté, les services sociaux et la Régie des rentes duQuébec (RRQ), par exemple. Mais, il n’y a pas que lesfacteurs socioéconomiques imputables à toute lasociété québécoise qui sont touchés, la démocratieaussi. De fait, le nombre de personnes âgées pèsentplus lourd dans la balance que le nombre de jeuneslorsque vient le temps d’aborder la question du poidsélectoral. Voyons ce que nous disent les statistiquesen regard de ces impacts imminents.LA SANTÉ SUR LA CIVIÈRED’abord, qui dit population vieillissante dit augmentationdes problèmes de santé, des consultations chezle médecin et, par conséquent, une hausse des dépensesen santé pour l’État. Selon le Bureau de la statistiquedu Québec (BSQ), une personne âgée coûteenviron deux fois plus cher à l’État qu’un jeune. Et, sil’on se fie aux perspectives démographiques del’Institut de la statistique du Québec [1] , une forte augmentationdu groupe des 65 ans et plus est à prévoir,soit une hausse de 122 %, ce qui permettrait aux aînésde franchir la barre des deux millions. Certaines projectionsétablies prévoient même que les dépensesen santé et services sociaux tripleraient, passant de 13à 40 milliards de dollars entre 1998 et 2050. Il aurait étéétabli que les soins en établissements à long termeseraient ceux qui coûtent le plus cher.LA RRQ PRENDRA SON COUP DE VIEUX EN 2031La Régie des rentes du Québec, pour sa part, doitcraindre secrètement la calvitie de ses coffres. Mêmesi tous les travailleurs québécois contribuent obligatoirementà son régime d’assurance universelle, déjàl’on doute que les fonds de la caisse de retraite soientsuffisants pour assurer une retraite aisée aux plusjeunes. Pourtant, d’après une analyse actuarielle duRégime de rentes du Québec, en tenant compte dutaux de cotisation de 7 % en 1999 et des augmentationssuccessives prévues par la loi, le Régime de rentessera en mesure de respecter ses obligations duranttoute la période de projection, c’est-à-dire jusqu’en2050.Tant mieux si le Régime de rentes du Québec est finprêt parce qu’en 2031, « l’effectif des personnes âgéesdevrait atteindre un sommet, car il sera formé engrande partie des générations nombreuses nées à lafin des années 50. Leur effectif pourrait alors s’établirentre 1,9 et 2,0 millions », rapportent Hervé Gauthier etLouis Duchesne, auteurs du livre Le vieillissement démographiqueet les personnes âgées au Québec (1991). Àtitre de point comparatif, la population québécoise estactuellement estimée à environ 7,3 millions d’habitantset l’on s’attend à ce qu’elle grimpe jusqu’à 7,8millions en 2026. Il ne faut donc pas s’étonner de lacrainte des jeunes de manquer de ressources finan-[1] L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) regroupe, depuis le 1 er avril 1999, les responsabilités et les activités du Bureau de la statistiquedu Québec (BSQ), du Centre de recherche et de statistiques sur le marché du travail (CRSMT), de l’Institut de recherche etd’information sur la rémunération (IRIR) et de Santé Québec.