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EditorialLes lauréats <strong>2012</strong>du Collège <strong>National</strong>d'AudioprothèseD’une année à l’autre, la tradition de publier <strong>le</strong>s mémoires distingués par <strong>le</strong>Collège <strong>National</strong> d’Audioprothèse lors du congrès d’avril nous fournit un échantillonsé<strong>le</strong>ctionné des préoccupations des audioprothésistes nouvel<strong>le</strong>ment diplômés, faceà un métier fait de savoirs mais aussi de cheminements et de remises en question.L’encadrement universitaire s’efface petit à petit devant l’univers de la pratiquequotidienne, mais ce qu’il reste de son enseignement continue à nourrir une réf<strong>le</strong>xiondevant cette pratique, réf<strong>le</strong>xion que <strong>le</strong>s professions modernes et ceux qui <strong>le</strong>sévaluent reconnaissent désormais comme essentiel<strong>le</strong>. Nos professions du monde del’audiologie ont plusieurs privilèges récents : ceux de disposer de solutionsd’appareillages de plus en plus performantes, destinées à des patients de mieux enmieux disposés à <strong>le</strong>ur égard et de plus en plus informés (de plus en plus exigeantsquant aux résultats aussi !), et ce dans un contexte de connaissances de base enphysiologie auditive et psychophysique sans commune mesure avec cel<strong>le</strong>s d’à peinedeux ou trois décennies : comment faire face à ces chal<strong>le</strong>nges pour rendre un servicequi puisse être objectivement reconnu comme meil<strong>le</strong>ur ?Ce numéro conçu par <strong>le</strong>s lauréats <strong>2012</strong> du Collège examine trois séries de questions.Que conseil<strong>le</strong>r aux patients aux surdités <strong>le</strong>s plus diffici<strong>le</strong>s, pour optimiser <strong>le</strong>ursrésultats alors même qu’ils ne font qu’émerger d’une situation d’échec ? Commentrester vigilants face à des appareils de plus en plus perfectionnés dotés d’interfacesde plus en plus automatisées, pour ne pas commettre d’erreurs dues à un excès deconfiance ? Quant aux patients dont la souffrance est réputée exiger une approchemultidisciplinaire et une écoute patiente, comment désamorcer ce qu’il y a de négatifdans <strong>le</strong>ur démarche ? Enfin quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s réponses de la physiologie aux situationsissues des appareillages modernes, où il est devenu pertinent de séparer, dans unsignal de paro<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s informations spectra<strong>le</strong>s, cel<strong>le</strong>s de l’enveloppe temporel<strong>le</strong> et cel<strong>le</strong>sde structure temporel<strong>le</strong> fine ? Jonathan Flament, Camil<strong>le</strong> Mace, Christophe Olivier,Charlotte Rempp et Nicolas Wallaert répondent à ces questions, de manière trèsdidactique et méthodique, portant haut <strong>le</strong> flambeau des centres qui <strong>le</strong>s ont préparésavec succès, et celui de <strong>le</strong>urs encadrants. Les rubriques de cas cliniques et de veil<strong>le</strong>éclairent <strong>le</strong>urs préoccupations et cel<strong>le</strong> examinant l’intérêt et la portée des normes enaudioprothèse nous rappel<strong>le</strong> comment valoriser une activité professionnel<strong>le</strong> aux yeuxdes patients comme des pouvoirs publics. Dès maintenant, <strong>le</strong> volontarisme avec <strong>le</strong>quel<strong>le</strong>s jeunes audioprothésistes affrontent <strong>le</strong>s chal<strong>le</strong>nges actuels ne laisse guère planerd’inquiétude quant à la manière dont ils sauront valoriser <strong>le</strong>ur profession aux yeux despatients et des pouvoirs publics !Paul AvanLes Cahiers de l’AuditionJuil<strong>le</strong>t/août <strong>2012</strong> - Vol 25 - N°43


Le mot du Président du CollègeEric BizaguetLa période estiva<strong>le</strong> ayant reportée à une date ultérieurel’annonce d’évolution touchant notre profession, il estpossib<strong>le</strong> de revenir aux fondamentaux des Cahiers del’Audition, à savoir la transmission et <strong>le</strong> partage desconnaissances.Ce calme relatif ne doit évidemment pas faire oublier que<strong>le</strong>s dossiers à venir cette année seront d’une importancecapita<strong>le</strong> pour notre vie à court terme et pour la qualité denos actes professionnels. La nouvel<strong>le</strong> équipe gouvernementa<strong>le</strong>est en train de se mettre en place et nous allonsconnaître, dans un environnement touché par la crise,<strong>le</strong>urs projets concernant <strong>le</strong>s professions paramédica<strong>le</strong>s, laprise en charge du handicap et des aides auditives ainsique la place donnée aux OCAM et assureurs, sans oublier<strong>le</strong>s dossiers comp<strong>le</strong>xes concernant la formation, <strong>le</strong> DPC, <strong>le</strong>numérus clausus et la validation des diplômes étrangers.Deux artic<strong>le</strong>s doivent de plus retenir notre attention carnotre futur s’y inscrit.En premier, l’interview de Luis Godinho, Président del’UNSAF, qui trace <strong>le</strong>s lignes généra<strong>le</strong>s de la représentationsyndica<strong>le</strong> et des futures négociations ; c’est unechance pour notre profession que <strong>le</strong> successeur de BenoitRoy, que je remercie au passage pour son efficacité etson travail pendant ses mandatures, soit un homme d’expériencepour qui la négociation se construit dans unerecherche de consensus, tout en restant inf<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> avecceux qui représentent une atteinte à notre image et notrequalité future d’exercice. Aidons <strong>le</strong> en adhérant à l’UNSAFcar sa représentativité sera un élément important de notrepouvoir de négociation.En second, un artic<strong>le</strong> de Jean Jacques Blanchet où l’oncomprend mieux l’intérêt des normes dans un but d’harmonisationdes services offerts par <strong>le</strong>s audioprothésistes.Réapparait la notion de service audioprothétique rendu,parent du service médical rendu, qui sera l’une des clésdes futures négociations sur l’encadrement et <strong>le</strong> remboursementdes aides auditives. C’est une chance que cettenorme ait vu <strong>le</strong> jour car sa création permet à notre professiond’avoir défini el<strong>le</strong>-même ses critères d’exercice et deposséder une référence incontestab<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s pouvoirspublics.On voit bien tous <strong>le</strong>s dangers qui nous environnent, maisqui nous obligent aussi à avancer, à progresser en nousremettant sans cesse en question. Si nous voulons unavenir serein au service des déficients auditifs, nousdevons poursuivre nos efforts pour apporter une grandeva<strong>le</strong>ur ajoutée aux progrès techniques récents.Et la présentation lors de la journée du Collège desmémoires des jeunes audioprothésistes postulant auprix de lauréat du Collège <strong>National</strong> d’Audioprothèse endémontre avec efficacité et simplicité l’importance.Je suis toujours émerveillé de la qualité de ces mémoireset je rends hommage aussi bien à ceux qui <strong>le</strong>s ont réalisésqu’à ceux qui <strong>le</strong>s ont encadrés. Ils sont représentatifs denotre futur en associant à notre métier de base défini parla Loi de 1967 l’implant, l’acouphène et la recherche.Profiter de <strong>le</strong>ur <strong>le</strong>cture et utiliser <strong>le</strong>s informations fourniesdans votre pratique de tous <strong>le</strong>s jours. Car il ne suffitpas d’apprendre, il faut intégrer et mettre en application.Comme <strong>le</strong> démontre <strong>le</strong> cas clinique de Philippe Thibaut.Le réglage des implants que je pratique depuis plus de20 ans en est pour moi un exemp<strong>le</strong> parfait. Je ne choisisplus mes gains prothétiques comme je <strong>le</strong> faisais initia<strong>le</strong>mentcar <strong>le</strong>s connaissances et recherches sur l’implantont enrichi cel<strong>le</strong>s concernant <strong>le</strong>s prothèses auditives.L’implant m’a appris à relativiser <strong>le</strong> poids relatif de la périphériepar rapport à l’importance du décodage central. Oncomprend en effet assez bien que l’obtention de résultatsdifférents pour une stimulation identique ne puisse queremettre en question <strong>le</strong> dogme du tout dans la cochlée.On voit donc que regarder des activités relativement éloignéesde notre quotidien permet de progresser.Les données techniques et rubriques fournies par <strong>le</strong>sCahiers de l’Audition tout au long de l’année trouverontcertainement des applications dans <strong>le</strong> sujet de l’EPU<strong>2012</strong> : Presbyacousie, 4 ème âge et surdité. Un rappel initialdes données de base concernant <strong>le</strong> vieillissement et lapresbyacousie permettra à celui qui n’aurait pas assisterà l’EPU 2011 d’intégrer l’ensemb<strong>le</strong> des données de cetteannée.Après ce rappel, nous allons en <strong>2012</strong> poursuivre <strong>le</strong> cheminementavec <strong>le</strong> choix prothétique, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> immédiatet permanent et l’éducation prothétique. Le but : autoriserune adaptabilité de nos choix et de nos actions auxdifférentes informations subjectives et objectives fourniespar <strong>le</strong> patient ; harmoniser la prise en charge pour mieuxrépondre aux pouvoirs publics concernant <strong>le</strong> Serviceaudioprothétique rendu.Espérant que vous serez nombreux à profiter de cetteformation, je serai particulièrement heureux de pouvoir yprésenter 6 nouveaux membres du Collège qui viendrontrejoindre <strong>le</strong> corps professoral mis à la disposition desdirecteurs d’Enseignement et renforcer l’équipe chargéede la formation continue au sein du CNA.????? Eric BIZAGUET????? Audioprothésiste D.E.Président du Collège<strong>National</strong>d’AudioprothèseLCA - 20 rue Thérèse75001 Pariseric.bizaguet@lcab.frLes Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>5


DossierPrix du Collège<strong>National</strong>d'Audioprothèse7 Étude rétrospective sur la comparaison des performancesentre patients implantés cochléaires bilatéraux et patientsimplantés cochléaires unilatéraux avec prothèse auditivecontrolatéra<strong>le</strong>Jonathan FLAMENT15 Sonie et compréhension dans <strong>le</strong> bruit des patients implantéscochléairesCamil<strong>le</strong> MACE18 Interactions des réglages :ce qui est attendu et ce qui est obtenuChristophe OLIVIER28 Distorsions cognitives des sujets acouphéniquesCharlotte REMPP36 Effets d’une lésion cochléaire sur la reconstructiondes informations d’enveloppe temporel<strong>le</strong> à partirde la structure fine du signalNicolas WALLAERT


Étude rétrospective sur la comparaisondes performances entre patients implantéscochléaires bilatéraux et patients implantés cochléairesunilatéraux avec prothèse auditive controlatéra<strong>le</strong>1 RésuméL’homme est fait pour entendre avec deux oreil<strong>le</strong>s. Il estdonc logique de penser qu’une stratégie mixte (un implantet une aide auditive) apporte un bénéfice mais ne peut pasreconstituer <strong>le</strong>s conditions d’une binauralité parfaite. Si te<strong>le</strong>st <strong>le</strong> cas, la stratégie symétrique (deux implants) doit êtresupérieure. L’objectif de notre étude est donc de comparer<strong>le</strong>s bénéfices respectifs de deux stratégies thérapeutiquessur des patients affectés d’une surdité bilatéra<strong>le</strong> sévèreet profonde. Le premier groupe est composé de sujetsimplantés bilatéral. Le second groupe de patients estimplanté cochléaire unilatéral et dispose d’une prothèseauditive controlatéra<strong>le</strong> (bimodal). Chaque patient a été invitéà remplir un questionnaire spécifique. Les questionnairesont été développés spécia<strong>le</strong>ment pour l’étude. Parallè<strong>le</strong>mentnous avons procédé à des audiométries tona<strong>le</strong>s etvoca<strong>le</strong>s.Les résultats ont montré que <strong>le</strong>s membres du groupe depatients implantés bilatéral ont des audiométries tona<strong>le</strong>sappareillées significativement meil<strong>le</strong>ures, surtout dans <strong>le</strong>sfréquences aigües (2000 et 4000 Hz) nécessaires à lacompréhension de la paro<strong>le</strong>. Quant au bénéfice apporté enstéréophonie il est moins marqué mais reste meil<strong>le</strong>ur dans<strong>le</strong>s fréquences aigües (2000 et 4000 Hz).Les résultats en audiométrie voca<strong>le</strong> diffèrent de ceuxobtenus en tona<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s patients en mode bimodal obtiennentde meil<strong>le</strong>urs scores que <strong>le</strong>s patients implantés bilatéral. Onobtient donc, dans ces cas, sur l’oreil<strong>le</strong> controlatéra<strong>le</strong> unbénéfice, en moyenne, de 50% de compréhension à 55 dB.Les réponses aux questionnaires montrent que <strong>le</strong>s patientsimplantés bilatéral respectent plus souvent <strong>le</strong>ur stratégie(deux implants), que <strong>le</strong>s patients en mode bimodal. Cesderniers tendent à alterner <strong>le</strong>s stratégies (l’implant seul, l’implantet l’aide auditive ou l’aide auditive seu<strong>le</strong>). Cela pourraitnous amener à penser qu’ils ne sont pas satisfaits de <strong>le</strong>uraide auditive, or 40% des patients déclarent qu’ils <strong>le</strong> sont. Ladiscussion avec <strong>le</strong>s patients en mode bimodal fait ressortirqu’ils sont souvent attachés à <strong>le</strong>ur aide auditive, malgré desrésultats parfois objectivement peu satisfaisants.L’intégration d’un deuxième implant n’engendre pastoujours un bénéfice immédiat ce qui peut fausser <strong>le</strong>s résultats.Mais <strong>le</strong>s résultats de notre étude démontrent, qu’enmoyenne, l’apport d’un second implant apporte une stéréophoniede meil<strong>le</strong>ure qualité que l’appareil auditif sur l’oreil<strong>le</strong>controlatéra<strong>le</strong>.On peut admettre que du fait de la perte auditive avancée(surdité sévère ou profonde), <strong>le</strong>s aides auditives ont déjàatteint <strong>le</strong>ur efficacité maxima<strong>le</strong>. El<strong>le</strong>s n’offrent que peu deperspectives d’évolution en termes de progression pour<strong>le</strong> patient. L’implant cochléaire, quant à lui, a déjà fait sespreuves dans <strong>le</strong> cas de surdités de ce type avec une rééducationplus ou moins longue.2 Introduction2.1 SujetLe sujet de notre étude s’intitu<strong>le</strong> « Étude rétrospective dela comparaison des performances entre patients implantéscochléaires bilatéraux et patients implantés cochléairesunilatéraux avec prothèse auditive controlatéra<strong>le</strong>. »Définissons rapidement <strong>le</strong>s termes du sujet. Nous menonsune étude rétrospective, c’est-à-dire sur des patients quiont déjà été traités. Nous n’avons, en effet, pas la possibilitéde nous livrer à une analyse du type « avant » « après » surune cohorte de patients que nous suivrions tout au long de<strong>le</strong>ur parcours thérapeutique. L’intuition de départ est simp<strong>le</strong>.Procéder symétriquement sur <strong>le</strong>s deux oreil<strong>le</strong>s devrait êtreplus efficace qu’un appareillage mixte. Une tel<strong>le</strong> intuitionflatte <strong>le</strong> sens de la symétrie mais peut n’avoir aucun fondementni théorique ni empirique. Notre étude propose devérifier si l’examen scientifique corrobore <strong>le</strong> sens commun.2.2 Objectif de l’étudeL’objectif de notre étude est de comparer <strong>le</strong>s bénéficesrespectifs de deux stratégies thérapeutiques sur despatients affectés d’une surdité bilatéra<strong>le</strong> sévère et profonde.Pour ce faire, nous comparons deux groupes de patients quiconstituent nos échantillons.Les patients qui composeront ces deux groupes sont suivispar l’Institut francilien d’implantation cochléaire (IFIC) et ontété implantés dans plusieurs services d’implantation françaisrépartis en Î<strong>le</strong>-de-France.Ils ont tous été implantés dans l’un des trois hôpitaux suivant :l’hôpital Beaujon (Pr. Sterkers), l’hôpital Avicenne (Pr. Frachet)et l’hôpital Beaujon (Pr. Meyer). Ils sont pris en charge, à la finde la première année d’implantation, par l’IFIC.Le premier groupe est composé de sujets implantés bilatéral.Les patients qui composeront ce groupe sont suivis parl’IFIC. Le second groupe de patients est implanté cochléaireunilatéral et dispose d’une prothèse auditive controlatéra<strong>le</strong>(bimodal). L’implant cochléaire des personnes qui composerontce groupe est suivi par l’IFIC. Leur prothèse auditiveest réglée par un audioprothésiste de <strong>le</strong>ur choix.Nous allons comparer <strong>le</strong>s bienfaits respectifs des deux stratégies,sur <strong>le</strong>s deux groupes que nous aurons constitués.Bien évidemment, nous vérifierons que <strong>le</strong>s deux groupesconstituent des échantillons statistiquement comparab<strong>le</strong>s.Notamment, nous veil<strong>le</strong>rons à éviter <strong>le</strong>s biais de sé<strong>le</strong>ction 1dans la constitution des groupes.1. Biais de sé<strong>le</strong>ction : <strong>le</strong>s biais de sé<strong>le</strong>ction affectent la constitutionde l’échantillon d’enquête, c’est à dire <strong>le</strong> processus par <strong>le</strong>quel<strong>le</strong>s sujets sont choisis au sein de la population. Ils sont à craindrechaque fois que l’échantillon d’enquête n’est qu’une sé<strong>le</strong>ction de lapopulation d’étude (Dr. José Labarere).JonathanFLAMENTAudioprothésiste D.E.Centre de préparationau diplôme d’Étatd’audioprothésisteConservatoire nationaldes arts et métiersFaculté de médecineLariboisière - Paris VIIjonathan.flament@gmail.comÉtude réaliséeavec l’aide de :Paul ÉdouardWATERLOT 1Audioprothésiste D.E.Pr Bruno FRACHET 2Oto-rhinolaryngologisteDr Didier BOUCCARA 2Oto-rhinolaryngologisteMartine SMADjA 2OrthophonistePr Pierre KOPP 3Professeur des facultésde Droit et de SciencesÉconomiques1LCA2Institut Franciliend’ImplantationCochléaire3Université duPanthéon-SorbonneLes Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>7


DOSSIERNotre travail permettra de préciser l’intérêt d’une implantation bilatéra<strong>le</strong>en la comparant à l’appareillage bimodal. Nous attacheronsune grande importance à l’amélioration des performances auditivesdans <strong>le</strong>s situations suivantes : l’écoute de la musique, la discriminationdans <strong>le</strong> bruit et la localisation spatia<strong>le</strong> ainsi qu’à la sensationsubjective d’amélioration de confort par <strong>le</strong> biais d’un questionnaire.2.3 ProblématiqueNotre problématique consiste d’abord à constituer deux groupes depatients comparab<strong>le</strong>s.Pour ce faire, nous avons col<strong>le</strong>cté <strong>le</strong>s données recueillies par l’IFICentre 2006 et 2011. Cel<strong>le</strong>s-ci se présentent comme une base dedonnées (midd<strong>le</strong>c@re) qui recense l’intégralité des caractéristiquesde 1600 patients et de <strong>le</strong>ur suivi. On trouve notamment, l’âge, <strong>le</strong>sexe, l’étiologie, des données qualitatives, des comptes rendusmédicaux, etc.Nous avons trié <strong>le</strong>s données de la base midd<strong>le</strong>c@re et retenu <strong>le</strong>spatients qui correspondent à nos critères d’inclusions. Nous avonstiré aléatoirement 9 patients parmi cette liste qui ont une implantationbilatéra<strong>le</strong> et 8 patients qui ont une implantation unilatéra<strong>le</strong> etun appareillage auditif controlatéral. Nous disposons ainsi de deuxgroupes comparab<strong>le</strong>s.S’il s’avère, qu’en moyenne, <strong>le</strong>s patients de l’un des deux groupesbénéficient de meil<strong>le</strong>ures performances auditives, au sens large,ainsi que d’un meil<strong>le</strong>ur confort qualitatif que l’autre groupe, alorsnous pourrons conclure à la supériorité d’une stratégie.Notre étude évalue <strong>le</strong>s bienfaits d’une stratégie en termes multifactoriels.En effet, l’amélioration attendue par une stratégie thérapeutiqueest toujours pluridimensionnel<strong>le</strong>. Nous restreindrons l’étude del’amélioration de la vie des patients aux facteurs suivants (écoute ensituation calme, en situation bruyante, écoute en situation d’écho,écoute de la musique, de la télévision, localisation spatia<strong>le</strong>, améliorationdes performances orthophoniques, amélioration des performancesaudiométriques).Nous ne testons qu’une partie des bienfaits éventuels des stratégiesthérapeutiques, notamment cel<strong>le</strong>s qui font l’objet de mesuresaudiométriques 2 .3 Méthode3.1 Critères d’inclusionNotre étude porte sur la comparaison des résultats d’interventionsur des patients qui satisfont aux critères d’inclusion suivant :- adultes entre 18 et 69 ans,- capacité cognitive norma<strong>le</strong>.- personnes francophones,- surdité bilatéra<strong>le</strong>,- surdité sévère à profonde,- surdité congénita<strong>le</strong> et/ou génétique,- arrivée de la surdité post lingua<strong>le</strong>,- implanté bilatéral ou appareillage bimodal (implant + aide auditive).Un patient est inclus dans l’échantillon s’il satisfait à tous <strong>le</strong>s critères.2. Nous ne mesurons pas, par exemp<strong>le</strong>, l’amélioration de l’insertion socia<strong>le</strong> despatients.3.2 Constitution des groupesLes patients qui composent <strong>le</strong>s deux groupes sont suivis par l’Institutfrancilien d’implantation cochléaire et ont été implantés dansplusieurs services d’implantation français répartis en Î<strong>le</strong>-de-Franceentre 1997 et 2010.Sur l’ensemb<strong>le</strong> des données de la base midd<strong>le</strong>c@re nous avonssé<strong>le</strong>ctionné <strong>le</strong>s patients qui correspondent à nos 8 critères d’inclusions.Ce premier tri a permis d’iso<strong>le</strong>r 160 patients sur une populationinitia<strong>le</strong> de 1600 individus.Parmi <strong>le</strong>s 160 patients, nous avons ensuite sé<strong>le</strong>ctionné <strong>le</strong>s patientsdont <strong>le</strong>s rendez-vous à venir s’étalaient de janvier 2010 à juin 2010,puis de janvier 2011 à juin 2011.Nous avons ainsi constitué deux groupes, <strong>le</strong> premier groupe estcomposé de sujets implantés bilatéral que l’on nommera ICIC toutau long de l’étude. Le second groupe de patients est implantécochléaire unilatéral et dispose d’une prothèse auditive controlatéra<strong>le</strong>,il sera nommé ICAA pour <strong>le</strong> reste de l’étude. Leur prothèseauditive est réglée par un audioprothésiste de <strong>le</strong>ur choix. Seuls 9patients ICIC et 8 patients ICAA ont participé à l’étude. Ce chiffre,apparemment peu é<strong>le</strong>vé au regard des 160 patients, tient au fait que<strong>le</strong>s patients ne fréquentent l’IFIC que pour <strong>le</strong>ur bilan annuel. Le faitque <strong>le</strong>s deux groupes n’aient pas la même tail<strong>le</strong> ne constitue pas unhandicap pour <strong>le</strong> traitement statistique.Nous avons vérifié que <strong>le</strong>s deux groupes constituent des échantillonsstatistiquement comparab<strong>le</strong>s. Notamment, nous avons veillé àéviter <strong>le</strong>s biais de sé<strong>le</strong>ction dans la constitution des groupes.3.3 Protoco<strong>le</strong>3.3.1 Données sur <strong>le</strong>s patientsLes informations cliniques et démographiques, l’âge del’implantation, <strong>le</strong> type d’implant, <strong>le</strong> type de pathologie, l’arrivée de lasurdité et <strong>le</strong> type de stratégie ont été extraits de la base de donnéesmidd<strong>le</strong>c@re.Après avoir recueilli l’ensemb<strong>le</strong> des informations et identifié <strong>le</strong>sdeux groupes de patients distincts, correspondants à nos critèresd’inclusion, chaque patient a été invité à remplir un questionnairespécifique.3.3.2 QuestionnaireLes questionnaires ont été développés spécia<strong>le</strong>ment pour l’étude.Chaque questionnaire est composé d’une partie propre à chaquegroupe (bimodal ou implanté bilatéral) et d’une partie communepermettant une comparaison.Pour <strong>le</strong>s patients implantés bilatéral <strong>le</strong>s questions spécifiquesportent sur :- l’utilisation effective d’une prothèse auditive controlatéra<strong>le</strong> avant laseconde implantation et sur la durée de son port,- <strong>le</strong>s raisons d’une seconde implantation,- <strong>le</strong>s différences ressenties après l’arrivée du second implantcochléaire.Pour <strong>le</strong>s patients bimodal <strong>le</strong>s questions spécifiques portent sur :- <strong>le</strong>s modalités de l’interaction entre l’aide auditive et l’implant,- <strong>le</strong> renouvel<strong>le</strong>ment de l’aide auditive depuis l’implantation,- la durée au bout de laquel<strong>le</strong> l’aide auditive a été portée aprèsl’implantation,- la nécessité de procéder à des réglages après l’implantation.Les questions communes aux deux groupes portent sur <strong>le</strong> type8 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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DOSSIER4.2 Résultats des audiométries tona<strong>le</strong>sLa première étape de comparaison est <strong>le</strong> seuil prothétique, il nouspermet de juger seu<strong>le</strong>ment de l’aspect quantitatif.- Oreil<strong>le</strong> controlatéral (Figure 1 et 2) :On observe une différence significative entre <strong>le</strong> seuil prothétiquedu groupe ICIC et ICAA sur l’ensemb<strong>le</strong> des fréquences testées (p< 0,05)Quand l’on compare <strong>le</strong> seuil prothétique sur l’oreil<strong>le</strong> controlatéra<strong>le</strong>nous n’observons pas de différence significative pour <strong>le</strong>s bassesfréquences (250 et 500 Hz) (p > 0,5 et t = 0,46).Par ail<strong>le</strong>urs, quand l’on compare <strong>le</strong> seuil prothétique sur <strong>le</strong>s hautesfréquences (2000 et 4000Hz) on obtient des différences significatives(p < 0,002 et t = 3,4).On peut remarquer que <strong>le</strong>s résultats sont plus variab<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>groupe ICAA pour <strong>le</strong>s hautes fréquences (Var (ICIC) = 90,6 et Var(ICAA) = 461,5)4.3 Résultats des audiométries voca<strong>le</strong>s4.3.1 Résultats audiométries voca<strong>le</strong>s : listesdissyllabiques de J.-E. FournierLes résultats audiométriques montrent en moyenne de meil<strong>le</strong>ursrésultats pour <strong>le</strong>s patients non implantés bilatéraux lors de la comparaisonavec l’aide auditive, sur l’oreil<strong>le</strong> controlatéra<strong>le</strong> (Figure 5) :- IC controlatéral: compréhension supérieure (10 à 20%) de 30 à55 dB SPL- AA controlatéral : compréhension supérieure (20 à 25%) à partir de60 dB. Le gain vocal quant à lui est supérieur pour <strong>le</strong> groupe ICICquand il s’agit de l’oreil<strong>le</strong> controlatéral ( )(Figure 6).En stéréo <strong>le</strong> gain vocal est toujours supérieur pour <strong>le</strong> groupe ICIC( ) (Figure 7).- Stéréo (Figure 3 et 4) :Sur l’ensemb<strong>le</strong> des fréquences testées (250, 500, 1000, 2000 et4000 Hz) la différence pour <strong>le</strong> seuil prothétique en stéréo n’est passignificative (p = 0,33 et t = 0,43).La différence reste un peu plus marquée pour <strong>le</strong>s hautes fréquences(p = 0,068)Figure 5 : Moyenne audiométrie voca<strong>le</strong> (n=16) : IC-2 VS AA-1Note : Axe des abscisses en dB SPL et axe des ordonnés en pourcentagede discriminationFigure 3 : Seuil prothétique Stéréo (Groupe ICIC)Note : Axe des abscisses en Hz et l’axe des ordonnées en dB HLFigure 6 : Gain vocal IC-2 VS AA-1 (dB SPL)Note : Axe des ordonnées en dB SPLFigure 4 : Seuil prothétique Stéréo (Groupe ICAA)Note : Axe des abscisses en Hz et l’axe des ordonnées en dB HLFigure 7 : Gain vocal Stéréo (dB SPL)Note : Axe des ordonnées en dB SPL10 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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DOSSIER- Les patients du groupe bimodal ne sont que 50% à utiliser <strong>le</strong>urprothèse en complémentarité de l’implant cochléaire 75 à 100%du temps (Figure 13).- Pour <strong>le</strong> groupe ICIC (Figure 14) <strong>le</strong> deuxième implant n’est utiliséque dans 75% à 100% du temps que pour 50% d’entre eux contre70% pour <strong>le</strong> premier implant.- 10% des patients du groupe ICIC ont abandonné <strong>le</strong>ur premier ou<strong>le</strong>ur second implant.- Le groupe ICAA porte plus souvent un implant seul que <strong>le</strong> groupeICIC (Figure 16)- Les raisons d’une seconde implantation :Il apparait que la seconde implantation est une décision personnel<strong>le</strong>dans 33% des cas et de même la raison d’une non-implantation est,dans 30% des cas, personnel<strong>le</strong>.L’équipe médica<strong>le</strong> suit la voie de la seconde implantation dans 27%des cas. On retrouve ce résultat à la question : « pourquoi n’avezvous pas envisagé un second implant cochléaire ? » où la réponse« avis de l’équipe d’implantation » ne représente que 10% despatients. (Figure 17)4.5 Synthèse des résultatsLes résultats nous ont montré que :- <strong>le</strong>s seuils auditifs étaient mieux rétablis dans <strong>le</strong>s fréquences aigüeschez <strong>le</strong>s patients implantés bilatéral (23% sur l’oreil<strong>le</strong> controlatéra<strong>le</strong>),- il n’y a pas de différence sur <strong>le</strong>s fréquences graves entre l’implantcochléaire controlatéral et l’aide auditive classique controlatéra<strong>le</strong>(3%),- <strong>le</strong> pourcentage d’intelligibilité, avec <strong>le</strong>s listes de mots dissyllabiquesde J.-E. Fournier, est plus é<strong>le</strong>vé chez <strong>le</strong>s implantés bimodalque chez <strong>le</strong>s implantés bilatéral,- <strong>le</strong> gain vocal est supérieur pour <strong>le</strong>s patients implantés bilatéral,que ce soit sur l’oreil<strong>le</strong> controlatéra<strong>le</strong> (26%) ou en stéréo (20%),- il existe une préférence pour <strong>le</strong> mode deux implants cochléairesdans des situations comp<strong>le</strong>xes d’écoute : bruit, télévision, musique,écho et pour la localisation spatia<strong>le</strong> (21%),Figure 13. Réponse du groupe ICAA (N=8) sur <strong>le</strong> pourcentage detemps d’utilisation de l’aide auditive en complémentarité del’implant.Figure 16. Comparaison des réponses (N=17) à la question: «utilisez vous seu<strong>le</strong>ment un implant cochléaire ?»Figure 14. Réponse du groupe ICIC (N=9) sur <strong>le</strong> pourcentagede temps d’utilisation du premier implant cochléaireFigure 15. Réponse du groupe ICIC (N=9) sur <strong>le</strong> pourcentagede temps d’utilisation du second implant cochléaireFigure 17. Comparaison des réponses (N=17) sur <strong>le</strong>s raisonsd’une seconde implantation12 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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DOSSIER200 Hz et l’autre est un son comp<strong>le</strong>xe de fréquence fondamenta<strong>le</strong>200+ Hz (si =20 Hz, la fréquence fondamenta<strong>le</strong> sera 220 Hz, etses trois harmoniques 440 Hz, 660 Hz, 880 Hz). est compris entre0 et 214 Hz.Le patient a pour consigne d’écouter <strong>le</strong>s deux sons et de signifier autesteur s’il perçoit une différence entre ces deux sons ou non, grâceaux termes « pareil » ou « différent ».Un algorithme va faire varier pour obtenir <strong>le</strong> plus petit deltaperceptib<strong>le</strong> appelé dans <strong>le</strong> logiciel la « Just Noticeab<strong>le</strong> Difference »(JND). Le détail des réponses du patient apparaît sur la courbe quiaccompagne la va<strong>le</strong>ur du JND.d. PBK (Phonetic Balanced Kindergarten Test)Le « Phonetic Balanced Kindergarten Test » est un test américaincréé en 1949 par Haskins.Une adaptation à la langue française a été réalisée par une étudianteorthophoniste (Lupi, 1998). Il est constitué de quatre listes decinquante mots monosyllabiques phonétiquement équilibrés et issusdu vocabulaire d’enfants de 5 ans.Dans cette étude, pour des soucis de standardisation et de reproductibilité,ce test est réalisé au CD (sans <strong>le</strong>cture labia<strong>le</strong>). Poureffectuer <strong>le</strong> test dans <strong>le</strong> bruit, <strong>le</strong> choix s’est porté sur un bruit ICRA(Dresch<strong>le</strong>r, 2001), <strong>le</strong> numéro 7. C’est un bruit babb<strong>le</strong> composé de sixénonciateurs des deux genres, ainsi représentatif de la vie courante.La liste 1 est émise dans <strong>le</strong> calme à un niveau de 65 dB, cettedernière permet notamment de vérifier si <strong>le</strong> patient rentre dans<strong>le</strong>s critères de sé<strong>le</strong>ction de l’étude. Puis <strong>le</strong>s trois autres listes sontémises toujours à 65 dB et un changement du niveau sonore dubruit ICRA 7 est opéré pour varier <strong>le</strong> RSB. Les rapports suivants :+ 10 (65 dB et 55 dB de bruit), + 5 (60 dB de bruit) et 0 (65 dB debruit) sont testés. Plus <strong>le</strong> RSB est petit et plus la difficulté est importante.Dans ce test, la difficulté est ascendante.3 RésultatsA. Méthode de traitement des donnéesLa régression logistique linéaire a été utilisée pour analyser <strong>le</strong>srésultats. Les performances de compréhension au PBK dans <strong>le</strong>calme, puis cel<strong>le</strong>s réalisées avec un bruit en arrière plan (signal surbruit de + 10, + 5 et 0 dB) ont été comparées :• à la sonie. La pente et la dispersion des points de la droite derégression linéaire ont été étudiées pour <strong>le</strong>s trois fréquencestestées (250, 1000 et 4000 Hz).• au seuil de perception de l’audiogramme, trois groupes defréquences ont été formées : <strong>le</strong>s basses fréquences (250, 500 et750 Hz), <strong>le</strong>s fréquences médiums (1000 et 2000 Hz) et enfin <strong>le</strong>shautes fréquences (6000 et 8000 Hz).• à la va<strong>le</strong>ur du delta fréquentiel, calculée avec l’A§E,• à la durée d’implantation qui correspond à l’expérience du patientavec son implant.B. Données mesuréesa. PBKLes résultats de compréhension moyenne dans <strong>le</strong> calme et dans <strong>le</strong>strois environnements bruyants sont illustrés par la figure 1. Cettedernière présente <strong>le</strong>s scores de compréhension exprimés en pourcentageen fonction des 35 patients.Les résultats sont naturel<strong>le</strong>ment meil<strong>le</strong>urs dans <strong>le</strong> calme et sedégradent lorsque <strong>le</strong> bruit apparaît et que son intensité augmente.Les moins bons résultats sont obtenus pour <strong>le</strong> RSB de 0 dB.Figure 1 : sonie à 1000 Hz (pour l’axe des ordonnées, <strong>le</strong>s numéros correspondent aux niveaux de l’échel<strong>le</strong> de sonie, 0 correspond à «inaudib<strong>le</strong> » et 6 à « trop fort ») en fonction des intensités sonores en dB.Le patient P10 obtient <strong>le</strong>s résultats de compréhension : 80% dans un milieu calme, 76% à un RSB +10 dB, 50% à un RSB 5 dB, et 34% àRSB de 0 dB. P32 obtient respectivement, 66%, 54%, 36% et 14%.16 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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Interactions des réglages :ce qui est attendu et ce qui est obtenuChristopheOLIVIERcristofolivier@gmail.comRésuméLes avancées technologiques proposées par <strong>le</strong>s fabricantspermettent des réglages plus précis et une diversificationdes traitements de signaux. Cependant, la surestimation descapacités de ces traitements, la méconnaissance du fonctionnementdes fameux « cœurs numériques » et l’utilisationdes logiciels mènent à des résultats parfois inattendus.Ce mémoire est réalisé dans l’optique d’éclairer <strong>le</strong>s audioprothésisteset autres utilisateurs sur <strong>le</strong>s risques d’erreur deréglages pouvant avoir des conséquences négatives sur laqualité de l’appareillage.Il apparaît ainsi que <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs annoncées ne reflètentpas toujours <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs effectives. C'est <strong>le</strong> cas des gainsdes sons forts en interaction avec <strong>le</strong>s MPO, notammentdu fait d’une nouvel<strong>le</strong> stratégie liée à l’appareillage openet d'un problème de saturation qui peut être corrigé dansune certaine mesure. Certains résultats de l’audiométrieréalisée par <strong>le</strong>s aides auditives sont aussi remis en questionainsi que certains réducteurs de bruit dont un qui fait l’objetd’une étude de cas.Les cib<strong>le</strong>s de préréglages étant un paramètre essentiellors de l’adaptation du ma<strong>le</strong>ntendant, il est important desavoir quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s interactions qui peuvent se faire avec<strong>le</strong>s logiciels de programmation. Le nombre de niveaux degain par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s liens avec <strong>le</strong>s niveaux d’inconfort ouencore <strong>le</strong>s caractéristiques acoustiques.Ce travail, en grande partie basé sur des études physiques,n’aurait pas été possib<strong>le</strong> sans une écoute attentive despatients.1 IntroductionL’évolution des nouvel<strong>le</strong>s technologies et algorithmes quel’on peut trouver dans <strong>le</strong>s aides auditives est tel<strong>le</strong> que l’ona ni <strong>le</strong> temps de <strong>le</strong>s vérifier ni <strong>le</strong> recul nécessaire pour <strong>le</strong>sanalyser.Le but de cette étude est d’attirer l’attention de l’audioprothésistesur <strong>le</strong>s conséquences des modifications de certainsréglages. Conséquences qui ne sont pas nécessairementattendues. Différentes imperfections techniques, liées auxlogiciels de programmation ou aux traitements de signauxutilisés dans <strong>le</strong>s aides auditives seront mises en évidenceen simulant des situations extrêmes. Le réducteur de bruitNoisebloc de Ponak fera l’objet d’une étude physique ainsiqu’une étude clinique.Il faut préciser que ni la qualité, ni la performance des appareilsne sont remis en cause dans cette étude. L’objectiffinal de cel<strong>le</strong>-ci est avant tout d’améliorer, pour certains casprécis, <strong>le</strong> confort auditif des patients.2 Présentation des différentesmanipulationsPour la recherche d’éventuels défauts, dysfonctionnements,ou erreurs d’affichage, <strong>le</strong>s appareils doivent être contrôlésdans différentes situations. Les signaux d’entrée et <strong>le</strong>sintensités pour <strong>le</strong>s tests sont donc variab<strong>le</strong>s.Les différents paramètres évalués sont <strong>le</strong>s suivants : descourbes de gain, des courbes de niveaux de sortie, desfacteurs de compression, des temps de compression, lasaturation des appareils (action des MPO), l’action desréducteurs de bruit, <strong>le</strong> signal de sortie après un bruit impulsionnel,l’analyse des situations sonores et l’audiométriedirecte.Pour la majorité des tests, l’utilisation de l’analyseur deprothèse auditive Affinity 2.0 de la marque Interacousticsest utilisée.Figure 1 : Présentation du système d’acquisition avec <strong>le</strong>microphone standard, <strong>le</strong> raccord avec <strong>le</strong> tube acoustiqueet une gaine thermoformab<strong>le</strong>Figure 2 : Analyse du niveau de tiers d’octave d’un bruitblanc (à gauche) et d’un bruit rose (à droite) d’après <strong>le</strong>document de Head acoustics 418 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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DOSSIEREn pratique cela dépend de la bande passante de la chaine de mesureutilisée et de l’analyse par octave que l’on aura fixée. Pour la chaînede mesure Affinity, allant de 100Hz à 10KHz, <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs sont légèrementdifférentes. Avec la même analyse de 1/12 d’octave de 100Hzà 10KHz (approximativement 6,5 octaves) cela donne maintenant12x6,5=78 bandes et 10log(78)=19dB. L’utilisation d’une chaine demesure différente n’influence pas beaucoup ces résultats (1dB).En revanche si la fréquence d’analyse passe à 1/3 d’octave, enprocédant de la même manière, la différence avec <strong>le</strong>s sons purs estde 13dB (10log(3x6,5)) et pour 1/24 d’octave : 22dB (10log(24x6,5)).La figure 4 illustre ce raisonnement. Bien sûr la fréquence d’analysene change en rien <strong>le</strong> niveau d’intensité réel du bruit mais seu<strong>le</strong>mentsa représentation. Il est à noter que <strong>le</strong> logiciel de programmationConnexx a un affichage permettant de choisir <strong>le</strong> stimulus dont <strong>le</strong>bruit rose fait partie. De par <strong>le</strong>s tests réalisés et la confirmation deSiemens Audiologie, il s’agit d’une analyse par 1/3 d’octave, <strong>le</strong> paramétragede la chaîne de mesure doit donc en être de même.L’utilisation du bruit rose en audioprothèse apparaît ainsi judicieuse.En effet, lorsque l’affichage du logiciel de programmationest uniquement en sons purs et que l’on teste avec un bruit rose enchaîne de mesure, la réponse de l’aide auditive a la même formeque cel<strong>le</strong> des sons purs. Il faudra simp<strong>le</strong>ment faire une conversionen fonction de la fréquence d’analyse utilisée. Pour ces raisons, laréalisation des tests de saturation avec n’importe quel<strong>le</strong> marqued’aide auditive est possib<strong>le</strong> grâce à lui.De plus, chaque octave comporte une quantité éga<strong>le</strong> de puissancedu bruit ce qui va permettre d’actionner de la même manière <strong>le</strong>sréducteurs de bruits sur l’ensemb<strong>le</strong> des canaux. Enfin étant donnéque ce bruit est stationnaire, <strong>le</strong>ur action en sera d’autant plus rapidecar plus faci<strong>le</strong> à analyser. Pour évaluer l’impact des réducteurs debruit, <strong>le</strong> test se dérou<strong>le</strong> en deux temps : il faut recueillir <strong>le</strong> signalune première fois avant que <strong>le</strong> réducteur de bruit n’ait agi, puisune seconde fois après action complète de celui-ci. Que ce soit engain ou en niveau de sortie, ce qui compte ici, c’est la différenceentre deux temps. D’après Bent<strong>le</strong>r 5 on obtient un résultat définitifdu réducteur de bruit après 30 secondes de stimulation. La premièremesure est faite à T=2s et la deuxième à T=30s.3 Va<strong>le</strong>urs annoncées et réalité3.1. Retard d’affichage du CRchez GN sur Aventa 3.0Le calcul du rapport de compression se fait à partir du rapport dela variation du niveau d’entrée avec celui du niveau de sortie. CeCR est une caractéristique importante. Il peut servir de base pourun premier équipement en fonction de la dynamique résiduel<strong>le</strong> dupatient ou pour un renouvel<strong>le</strong>ment d’appareillage en considérant <strong>le</strong>sCR de l’ancien équipement. Sur <strong>le</strong> logiciel de Gn Resound, Aventa3.0, <strong>le</strong> calcul du rapport de compression est basé sur <strong>le</strong>s avantdernièresva<strong>le</strong>urs de gain affichées. Ainsi la va<strong>le</strong>ur de CR présentéen’est presque jamais la bonne puisqu’el<strong>le</strong> a toujours un temps deretard. Pour avoir un affichage correct il faut modifier légèrement <strong>le</strong>gain sur un canal ou atteindre une va<strong>le</strong>ur maxima<strong>le</strong>.Sur la figure 5 <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs de CR affichées sont de 2,3 pour tous <strong>le</strong>scanaux sauf pour <strong>le</strong> dernier. Les gains annoncés font que <strong>le</strong> calculdu CR sur tous <strong>le</strong>s canaux est de 1 en réalité.Figure 5 : Affichage du logiciel GnResound sur la version Aventa3.0 avec une erreur de calcul du CRFigure (6) : Affichage du logiciel GnResound sur la versionAventa 3.0 après calcul du CREn appliquant une modification sur la dernière bande, <strong>le</strong> calcul de CRdes autres canaux est fait ; comme il n’y a pas eu de modificationsur ces derniers, <strong>le</strong>ur affichage est maintenant de 1 et il est doncjuste (Figure 6).Cette erreur d’affichage a été résolue avec la version suivante dulogiciel.3.2 MPO et affichage des gains3.2.1 Discordance entre gain et MPOL’affichage des gains et de <strong>le</strong>urs courbes n’est pas toujours enadéquation avec la va<strong>le</strong>ur des MPO (Maximum Power Output). Ainsion peut avoir un gain à 80dB SPL d’entrée égal à 25dB, ce quidonne un niveau de sortie au coup<strong>le</strong>ur 2cc de 105 dB SPL. Pourtantd’après la figure 7, on peut avoir pour <strong>le</strong> même réglage un MPO à80dB SPL.En réalité, ce sont <strong>le</strong>s MPO qui sont prioritaires car la courbe detransfert correspondant à ce réglage est une courbe plate prochede 80dB SPL (Figure 8). Or, on a tendance à vouloir baisser <strong>le</strong>sMPO lorsqu’un patient se plaint des bruits impulsionnels. Le gaindes sons forts peut donc se trouver au dessus de la va<strong>le</strong>ur du MPOce qui donnera un signal de sortie « écrasé ». En effet d’aprèsKochkin 6 , la diminution inuti<strong>le</strong> des MPO a des conséquences négatives,puisque <strong>le</strong> signal est écrêté et de ce fait toutes <strong>le</strong>s informationsne sont pas transmises par l’aide auditive au patient. De plus, on ne20 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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DOSSIER3.3 Saturation des aides auditivesEtant donné que la dynamique auditive restituée par l’aide auditiveest importante pour <strong>le</strong> patient, il est normal de tester <strong>le</strong> niveau desortie avec des niveaux acoustiques é<strong>le</strong>vés.D’après MALTY Maryann 7 , pour obtenir <strong>le</strong> niveau de pressionacoustique <strong>le</strong> plus haut possib<strong>le</strong> avec une aide auditive, il faut que<strong>le</strong> gain soit assez é<strong>le</strong>vé et que <strong>le</strong> signal d’entrée soit suffisammentintense pour conduire l’appareil en saturation. Ce signal d’entrée estde 90dB SPL.Chez certains fabricants, l’affichage de la limite de saturation n’estpas toujours fidè<strong>le</strong>. C’est-à-dire que l’appareil peut entrer en saturationsous cette limite. En ce qui concerne celui des sons pursl’affichage est bien souvent correct, en revanche ce n’est pas <strong>le</strong> caslorsqu’il s’agit d’un bruit, par exemp<strong>le</strong> un bruit rose. La différenceque l’on observe au coup<strong>le</strong>ur se manifeste par un niveau de sortieplus bas qu’en théorie sur l’ensemb<strong>le</strong> du spectre. On peut y remédieren partie en baissant, soit <strong>le</strong> MPO, soit <strong>le</strong> gain des sons fortssur <strong>le</strong>s fréquences qui sont en saturation. Ceci afin que la courbe setrouve légèrement en dessous de la limite théorique affichée par <strong>le</strong>logiciel de programmation (Figure 12).Etrangement, cette action a pour conséquence de faire remonter<strong>le</strong> niveau de sortie sur <strong>le</strong>s fréquences qui n’étaient pas concernées(Figure 13). Le problème d’affichage est en partie résolu car <strong>le</strong>niveau de sortie sur l’affichage dans la zone de saturation est plusbas. De plus <strong>le</strong> niveau de sortie mesuré est remonté sur <strong>le</strong> reste duspectre, la courbe affichée est donc maintenant juste sur toutes <strong>le</strong>sfréquences. Néanmoins cela sacrifie une partie du spectre qui n’estpas en saturation sur des sons purs.Par exemp<strong>le</strong>, si <strong>le</strong> gain des sons forts est baissé et/ou <strong>le</strong> MPO sur desfréquences aigües en saturation, cela engendre une augmentationdu niveau de sortie des sons graves et mediums selon <strong>le</strong>s réglages.La dernière version de Connexx ne présente plus ce problème, c’està-direque <strong>le</strong> plus haut niveau de sortie est obtenu avec <strong>le</strong> réglagede MPO au maximum.Le problème étant lié à Connexx, il est présent de la même manièrechez Hansaton et Rexton. Il se produit la même chose sur la puceCORE et SPICE de Phonak.4 Analyse de situations sonoresSous la puce CORE, Phonak a mis en œuvre un système automatiquede changement de programme dans <strong>le</strong>quel l’audioprothésistepeut agir à tous <strong>le</strong>s niveaux. Il s’appel<strong>le</strong> <strong>le</strong> Soundflow. Son fonctionnementen pratique n’est pas tota<strong>le</strong>ment expliqué par Phonakafin de préserver certains secrets de fabrication, néanmoins on peutFigure 12 : Affichages de gains et courbes de niveaux de sortieen bruit rose sur <strong>le</strong> logiciel Connexx de Siemens version6.3.0.2440. Exemp<strong>le</strong> de saturation à 90dB à 2 KHz avant et aprèsdiminution du MPO.Figure 14 : Démonstration de l’INSIGHT avec <strong>le</strong> bruit de party aubout de quelques secondesFigure 13 : Niveaux de sortie au coup<strong>le</strong>ur 2cc avec un bruit rosede 90 dB SPL où la courbe rose représente <strong>le</strong> réglage en saturation,la verte avec la baisse de -3 dB sur <strong>le</strong>s MPOFigure 15 : Forme d’onde(ua) en fonction du temps(s) avec <strong>le</strong>bruit de party Phonak, avec la puce CORE en haut et SPICE en bas22 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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DOSSIERLa comparaison de deux appareils proches en puissance comme<strong>le</strong> Reach66D et 76D montre qu’il n’y a pas de différence entre <strong>le</strong>sgains d’insertion simulés mais qu’il y en a une au coup<strong>le</strong>ur 2cc. Celaconfirme une modification des caractéristiques acoustiques par <strong>le</strong>logiciel. La figure 18 illustre <strong>le</strong> fait que l’appareil <strong>le</strong> plus puissantdélivre un gain inférieur pour la même courbe audiométrique dupatient. La deuxième distinction se fait sur <strong>le</strong>urs courbes de réponseen fréquence au gain maximum, car ils n’ont pas <strong>le</strong> même écouteurni <strong>le</strong> même filtre. Leur forme est donc différente, principa<strong>le</strong>ment dufait de la position des pics. Ceci est l’un des éléments qui montrentl’importance d’avoir deux aides auditives identiques dans unappareillage stéréophonique ; en effet d’après l’étude menée parDecroix G. 8 cela permet d’améliorer pour <strong>le</strong>s patients <strong>le</strong>s capacitésde localisation et de compréhension dans <strong>le</strong> bruit.Figure 20 : Courbe de gain représentant l’atténuation induite par<strong>le</strong> réducteur de bruit avec un bruit rose de 70dB SPL6.2. Cib<strong>le</strong>s fabricant, DSL et NALEn ce qui concerne <strong>le</strong>s pré-réglages, la marque Oticon, soucieuse derespecter à la <strong>le</strong>ttre <strong>le</strong>s cib<strong>le</strong>s DSL (Desire Sensation Level) et NAL(<strong>National</strong> Acoustic Laboratories), ne donne pas <strong>le</strong>s mêmes possibilitésde réglages avec el<strong>le</strong>s par rapport à la <strong>le</strong>ur (VAC). En effetsur <strong>le</strong>ur typologie VAC comportant plusieurs choix de pré-réglages :Energique, Dynamique, Active, Graduel<strong>le</strong> et Calme il permet d’ajuster<strong>le</strong>s réglages sur trois niveaux d’entrée, alors que sur <strong>le</strong>s autres nousn’en avons que 2. Cela se traduit par 2 TK et 2 CR pour <strong>le</strong>s typologiesVAC mais un seul TK et CR pour DSL et NAL. Si l’on a l’habitudede travail<strong>le</strong>r avec <strong>le</strong>s cib<strong>le</strong>s DSL, il est sûrement plus avantageuxd’utiliser une autre cib<strong>le</strong> avec cette marque afin d’avoir plus depossibilités de réglages, néanmoins <strong>le</strong>s typologies VAC ne prennentpas en compte l’UCL du patient. En utilisant cette marque d’appareil,seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s cib<strong>le</strong>s D.S.L tiennent compte de l’U.C.L.en modifiant <strong>le</strong>sMPO mais aussi <strong>le</strong>s facteurs de compression. La nouvel<strong>le</strong> cib<strong>le</strong> NALNL2 prenant en charge 2 TK, une modification a été apportée avecla dernière version du logiciel.7 Réducteur de bruitLa définition du réducteur de bruit semb<strong>le</strong> plutôt simp<strong>le</strong>, mais sonutilisation reste comp<strong>le</strong>xe. En effet <strong>le</strong> but est d’éliminer <strong>le</strong>s bruitsindésirab<strong>le</strong>s ; or d’après Van den BOGAERT 9 , la classification de cesbruits dépend de la perception individuel<strong>le</strong>. Des signaux tels que laparo<strong>le</strong> ou la musique peuvent être considérés comme indésirab<strong>le</strong>sou non suivant la situation et <strong>le</strong>s attentes du patient.Figure 21 : Courbe de gain représentant l’atténuation induite par<strong>le</strong> réducteur de bruit avec un bruit rose de 90dB SPLRéducteur de bruit personnalisab<strong>le</strong> SonicInnovationLe document Formation Technologie Velocity 10 présente <strong>le</strong> réducteurde bruit (RDB) réglab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> logiciel Expressfit. « Les tauxd’amortissement maximum de la réduction de bruit sont appliquésde façon uniforme quelque soit <strong>le</strong> niveau d’entrée. Le Velocity 24permet une personnalisation des taux d’amortissement pour <strong>le</strong>sniveaux d’entrée supérieurs à 50 dB ».Afin de ne pas mettre en jeu <strong>le</strong>s éventuel<strong>le</strong>s interactions liées à lacompression, <strong>le</strong> réglage pour réaliser ces tests était en amplificationlinéaire. L’atténuation du bruit était sur <strong>le</strong> réglage personnalisémaximum comme <strong>le</strong> montre la figure 19. Les tests du RDB(décrit précédemment) effectués à 70 et 90 dB SPL montrent lamême diminution de gain par l’effet du débruiteur (Figure 20 et21). A cela, Sonic Innovation répond que cet écart est trop faib<strong>le</strong>pour observer une réel<strong>le</strong> distinction. Rappelons quand même qu’unedifférence de 20dB représente une intensité 100 fois plus grande.8 Etude physique sur <strong>le</strong> traitementNoisebloc de PhonakFigure 19 : Paramètres de réduction du bruit avec courbe personnaliséemettant en action <strong>le</strong> maximum d’atténuation sur un Velocity24 de Sonic Innovation (10)Les RDB apportent un réel confort aux patients, mais <strong>le</strong>ur utilisationdoit être faite judicieusement.D’après Siemens, dans <strong>le</strong>ur Essentiel Préréglage et débruiteurs 11 ,il est indispensab<strong>le</strong> que la réduction de gain apportée par <strong>le</strong> TPB(traitement de la paro<strong>le</strong> et du bruit) varie en fonction de la dynamiquerésiduel<strong>le</strong> pour éviter de passer sous <strong>le</strong> seuil HTL.Pour que <strong>le</strong> RDB n’ait pas un effet négatif, il faut que <strong>le</strong> niveaude sortie de la prothèse auditive reste dans la dynamique auditivedu ma<strong>le</strong>ntendant. C’est-à-dire, qu’il doit être dépendant du seuild’audition et d’inconfort ou de la compression. Si <strong>le</strong> réducteur de24 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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DOSSIER9.1.3. Dérou<strong>le</strong>ment de l’étudeLors du premier rendez-vous, une audiométrie tona<strong>le</strong> est réaliséeafin de vérifier la stabilité de l’audition. Dans <strong>le</strong> cas contraire unajustement des gains devrait être réalisé cela créant un biais car unnouveau paramètre entrerait en jeu.Un questionnaire créé pour cette étude, évaluant la gêne occasionnéepar <strong>le</strong> réducteur de bruit est rempli avec <strong>le</strong> patient. Desexplications sont données afin que <strong>le</strong> patient fasse la différenceentre la gêne ressentie dans <strong>le</strong> bruit de la gêne occasionnée parl’effet de pompage due au RDB. S’il répond positivement à l’une desquestions posées dans <strong>le</strong> questionnaire et donc à l’évaluation de lagêne dans la situation donnée, on procède en changeant l’importancede l’action de Noisebloc en passant de « modéré » à « léger »sur <strong>le</strong> programme dédié au bruit. Le patient repart avec un questionnaire,qu’il doit remplir 15 jours après <strong>le</strong> rendez-vous.9.2. Analyse statistiqueOn pose l’hypothèse nul<strong>le</strong> Ho selon laquel<strong>le</strong> la modification n’apportepas de différence au patient, alors que l’hypothèse alternativeHa oui.Le Test de Wilcoxon permet d'évaluer des différences éventuel<strong>le</strong>sen fonction des situations à t=0 et t=15 jours. Sur <strong>le</strong>s 20 patientsinterrogés 11 ressentent ce phénomène de pompage. Parmi eux, 10<strong>le</strong> perçoivent comme une gêne.Les résultats obtenus sont en faveur d’une diminution de la gêne(Figure 25) avec un risque de rejeter l’hypothèse nul<strong>le</strong>, alors qu’el<strong>le</strong>est vraie, inférieur à 1%.9.3. Discussion et ConclusionLes RDB ont pour objectif d’améliorer <strong>le</strong> confort tout en préservantl’intelligibilité dans <strong>le</strong> bruit.L’étude récemment menée par PISA Justin 13 sur <strong>le</strong> RDB Starkey,montre que ce RDB ne dégrade pas l’intelligibilité dans <strong>le</strong> bruit, maisne l’améliore pas non plus. El<strong>le</strong> présente <strong>le</strong> fait que l’amélioration dela compréhension est liée au système directionnel.D’après Harvey Dillon 14 , il y a deux méthodes pour améliorer lacompréhension de la paro<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> bruit par une aide auditive :approcher <strong>le</strong> microphone de la source sonore et utiliser un systèmedirectionnel.D’après, KUK F. et coll. 15, 16 , l’amélioration liée au système directionne<strong>le</strong>st d’autant plus grande que l’appareillage ne comporte pasd’évent. Le rapport Signal/Bruit (S/B) est amélioré de 7dB avec uneadaptation occluse lorsque <strong>le</strong> système directionnel est activé. Enappareillage ouvert, cette amélioration est de 1,8dB.Une étude concernant <strong>le</strong> traitement de signal Smart Focus d’Unitronmenée par HAYES Don 17 , montre aussi une amélioration significativede l’intelligibilité dans <strong>le</strong> bruit en système fermé (en systèmeouvert, l’amélioration est presque nul<strong>le</strong>).Néanmoins, ces résultats ont été obtenus comme pour Starkey avec<strong>le</strong> système directionnel activé. Lorsque l’appareil est en omnidirectionnelavec <strong>le</strong> RDB au réglage confort maximum, en système fermé<strong>le</strong> résultat est négatif, en système ouvert il est négligeab<strong>le</strong>.Par conséquent, l’impact du réducteur de bruit dépend de la tail<strong>le</strong> del’évent : plus il est petit et plus son action sera importante.Néanmoins, on peut diffici<strong>le</strong>ment rapprocher <strong>le</strong>s réducteurs de bruitPhonak et Unitron, car même en utilisant la même puce, <strong>le</strong>ur stratégiede traitement du bruit est différente.Un nombre plus important de patients aurait été bénéfique. Cependantcette étude, ainsi que cel<strong>le</strong>s citées précédemment traitant desréducteurs de bruit et des systèmes directionnels, tendent vers uneidée commune.En milieu bruyant, l’impact des réducteurs de bruits dépend du typed’appareillage (ouvert ou fermé) et éga<strong>le</strong>ment de la directionnalitédes microphones. L’impact sera bénéfique si ces trois paramètressont correctement mis en parallè<strong>le</strong>, il sera négatif si l’utilisation duRDB est faite avec excès. La diminution de l’effet du réducteur debruit n’altérant pas la compréhension en milieu bruyant, son utilisationgagnerait à être faite avec une certaine modération.10 ConclusionFigure 25 : Histogramme des moyennes et erreurs standardsrelatives à la gêne à t=0 et t=15 jours par situation, 0 étant lanote donnée lorsqu’il n’y a pas de plainteIl se pourrait que certaines de ces interactions soient <strong>le</strong> résultatd’une méthodologie employée lors de la conception des algorithmes.En effet, <strong>le</strong>s concepteurs ou ingénieurs travail<strong>le</strong>nt généra<strong>le</strong>ment demanière indépendante sans toujours disposer d’une vision globa<strong>le</strong>de la réalisation fina<strong>le</strong> du produit. Par ail<strong>le</strong>urs, du fait de la rapiditédes évolutions technologiques, <strong>le</strong>s avancées ne peuvent être à l’abride tout défaut.Contrairement à ce qu’annoncent certains fabricants, il est danscertains cas risqué d’accorder une entière confiance à ce que peutafficher <strong>le</strong>ur logiciel. Il est prudent de conserver un esprit critiqueet surtout il convient de rester à l’écoute du patient. Des gênesqui peuvent paraître illogiques voire déconcertantes, peuvent enfait s’expliquer si l’on connait <strong>le</strong>s interactions entre <strong>le</strong>s différentsréglages.26 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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Distorsions cognitivesdes sujets acouphéniquesCharlotte REMPPMaître de Mémoire :M. Philippe LURQUINcharlotte.rempp@free.frL’acouphène correspond à la perception d’un son de façonunilatéra<strong>le</strong>, bilatéra<strong>le</strong> ou centra<strong>le</strong>, en l’absence de toutesource sonore externe. D’après Jastreboff (1999), onrelève environ 15% de la population atteinte de ce symptômechronique et 35% ayant déjà ressenti un siff<strong>le</strong>mentd’oreil<strong>le</strong>. La majorité des acouphéniques sont capab<strong>le</strong>sde mettre en place des stratégies d’ajustement efficaces.Cependant, une partie des patients (acouphéniques plaintifs)ne parviennent pas à faire face à ces sons intrusifs etse plaignent davantage des symptômes associés. D’aprèsune étude coréenne, <strong>le</strong>s caractéristiques cognitives tel<strong>le</strong>sque <strong>le</strong>s pensées dysfonctionnel<strong>le</strong>s et fausses croyancesjouent un rô<strong>le</strong> dans la détresse due à l’acouphène (Lee SY,Kim JH, Hong SH, et al, 2004). Cette étude démontre que<strong>le</strong>s pensées et idées fausses sont d’importants facteurs àprendre en compte lors d’un traitement et de l’adaptationpsychologique des patients acouphéniques (Figure 1).Ceux-ci interagissent avec <strong>le</strong>s processus cognitifs, quidonnent naissance à <strong>le</strong>ur tour à des pensées automatiquesinadaptées, appelées éga<strong>le</strong>ment distorsions cognitives.A. Distorsions cognitivesOn définit <strong>le</strong>s distorsions cognitives comme un traitementincorrect de l’information. Ces pensées dysfonctionnel<strong>le</strong>snous amènent à une vision approximative, déformée, voiretota<strong>le</strong>ment inexacte du monde. El<strong>le</strong>s se manifestent habituel<strong>le</strong>mentlorsque nos émotions sont sollicitées et donnentun visage faux de la réalité. Dans ce sens, el<strong>le</strong>s tendent àattribuer un sens particulier à des faits ou des situationssans signification particulière au départ. Ce type d’erreurcommande notre comportement qui va lui-même renforcerla pensée dysfonctionnel<strong>le</strong> qui en est la cause. Ainsi, pourpouvoir modifier <strong>le</strong> comportement d’un individu, il fautmodifier ses pensées dysfonctionnel<strong>le</strong>s.1 Distorsions cognitiveset acouphèneQuand un événement survient, nous l’évaluons et <strong>le</strong> confrontonsà notre pattern personnel de croyances. Lorsque nousvivons un événement émotionnel<strong>le</strong>ment important, noscroyances sont mises à mal : c’est <strong>le</strong> cas lors de l’apparitiond’un acouphène. Ainsi, <strong>le</strong>s schémas de base deprévisibilité et de contrôlabilité deviennent dysfonctionnels.B. Fausses croyances spécifiques àl’acouphèneLa majorité des acouphéniques présentent des distorsionscognitives par rapport à l’acouphène. Ces distorsionsportent sur différents aspects :• Fonctionnel : origine, mécanismes et conséquences del’acouphène,• Emotionnel : influence de l’acouphène sur la vie del’individu (Tab<strong>le</strong>au 1).Figure 1 : Modè<strong>le</strong> de Lee (Lee et al, 2004)Aspect FonctionnelAspect EmotionnelMon acouphène est une maladieJe ne supporterai plus l’acouphèneC’est un signe avant-coureur de problème de santéJe n’aurai plus jamais de si<strong>le</strong>nceL’acouphène est dû au stressIl n’y a pas de solutionMon acouphène va me rendre sourdL’acouphène captera toute mon attentionL’acouphène perturbe mon sommeilL’acouphène va me rendre fouMon acouphène va s’aggraverJe ne pourrai plus faire face à l’avenirIl faut éviter <strong>le</strong> bruit pour protéger l’oreil<strong>le</strong>Tab<strong>le</strong>au 1 : Classification des distorsions cognitives selon <strong>le</strong>urs aspects fonctionnel et émotionnel28 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


Création d’une préséance à la thérapieacoustique d’habituation (TRT)D’après Lurquin P. et Duval T. (2010), 70% des sujetstestés accordent une importance relativement grande à<strong>le</strong>urs croyances vis-à-vis de l’acouphène. En général, on netrouve pas de corrélation entre l’ancienneté de l’acouphèneet l’importance des croyances. Cel<strong>le</strong>s-ci sont fortes et <strong>le</strong>spatients y attachent beaucoup d’importance.Les pensées catastrophiques et croyances dysfonctionnel<strong>le</strong>sinfluencent la détresse de l’acouphène. Les idéesfausses entretiennent <strong>le</strong>s émotions négatives que suscitel’acouphène, empêchant ainsi <strong>le</strong> patient à s’habituer àl’acouphène. Ainsi, il semb<strong>le</strong> primordial de prendre encompte <strong>le</strong>s distorsions cognitives dans <strong>le</strong> cadre d’unethérapie d’habituation à l’acouphène ou tout autre typede prise en charge car, el<strong>le</strong>s peuvent être atténuées pardes explications précises re<strong>le</strong>vant du modè<strong>le</strong> de genèse del’acouphène et de son devenir, des possibilités de traitementet de conseils pour mieux vivre avec ce symptôme.2 Création et évaluation d’uneséance de « counselling »portee sur <strong>le</strong>s distorsionscognitivesL’objectif de ce travail réside en la création et l’évaluationd’une séance de conseils directifs spécifiquement portéssur <strong>le</strong>s distorsions cognitives propres à l’acouphène. Noussouhaitons intervenir avant la thérapie acoustique d’habituation(Tinnitus Retraining Therapy), dans <strong>le</strong> but d’amenuiser<strong>le</strong>s fausses croyances et <strong>le</strong>s craintes pour mieuxpréparer <strong>le</strong> patient à la thérapie sonore.l’acouphène (Salvi et al, 1996 ; Lockwood et al, 1998 ;Mühlnickel et al, 1998 ; Eggermont et al, 19990 ; Noreña etal, 1999 ; Kaltenbach, 2005).2. SolutionsIl existe une multitude de prises en charge qui diffèrent depar <strong>le</strong>urs méthodes et <strong>le</strong>urs finalités. Passant de traitementsmédicamenteux (vasodilatateurs, anxiolytiques, antidépresseurs,acamprosate, etc.) aux moyens physiques (oxygénothérapiehyperbare, stimulation magnétique transcraniennerépétitive, acupuncture, hypnose, etc.), on observe peu derésultats significatifs sur l’acouphène. Ainsi, on retrouveprincipa<strong>le</strong>ment deux types de prises en charge prenant encompte <strong>le</strong>s dimensions psychologique et émotionnel<strong>le</strong>.a. La TCC : Thérapie Cognitivo-Comportementa<strong>le</strong>La TCC agit sur <strong>le</strong>s pensées du patient présentant unedistorsion cognitive et sur <strong>le</strong> comportement à adapter faceau troub<strong>le</strong> dont il est atteint, notamment l’acouphène. Cettethérapie a pour but de modifier <strong>le</strong>s comportements et <strong>le</strong>spensées négatives en utilisant des techniques de déconditionnement.Les études évaluant la TCC démontrent que cette méthodeapporte une amélioration quant à la gêne induite parl’acouphène et <strong>le</strong>s conséquences cognitives et comportementa<strong>le</strong>sgénéra<strong>le</strong>ment ressenties par <strong>le</strong>s patients(Andersson & Lyttkens, 1999 ; Londero et al. 2004 ;Robinson et al., 2008 ; Philippot P et al., 2011). Cependant,malgré ces résultats positifs, la TCC ne semb<strong>le</strong> pas avoir deréels impacts sur l’intensité du son perçu.A. Séance de « Counselling »La séance de Counselling dure environ une heure et s’appuiesur des explications ora<strong>le</strong>s et un support visuel. Lesexplications portent sur <strong>le</strong>s fausses croyances du patientet sont faites de mots simp<strong>le</strong>s et d’exemp<strong>le</strong>s illustratifs(métaphores, parabo<strong>le</strong>s) dans <strong>le</strong> but d’optimiser la compréhension.Ces illustrations et animations se trouvent sous laforme d’un diaporama réalisé à l’aide du logiciel « MicrosoftPowerPoint » comportant 77 diapositives.Afin de réaliser un outil comp<strong>le</strong>t, il est nécessaire d’établirun travail de recherche quant aux principa<strong>le</strong>s idées reçues.b. La T.R.T : Tinnitus Retraining TherapyBasée sur <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> neurophysiologique de Jastreboff(Jastreboff, 1999), cette thérapie est proposée pour <strong>le</strong>scas d’acouphène et d’hyperacousie. El<strong>le</strong> repose sur deuxpiliers principaux : une association de conseils directifs(Counselling en anglais) et la stimulation auditive à l’aided’un générateur de bruit blanc (Figure 2).1. Origine de l’acouphèneDans la littérature, différentes théories portant sur l’origineet <strong>le</strong> mécanisme de l’acouphène sont mentionnées.Cependant l’hypothèse prédominante est cel<strong>le</strong> du rô<strong>le</strong> dela plasticité cérébra<strong>le</strong>. Ainsi, on établit que la désafférentationinduite par une perte auditive engendre une réorganisationdu cortex auditif responsab<strong>le</strong> de l’émergence deFigure 2 : Modè<strong>le</strong> neurophysiologique de Jastreboff(Jastreboff, 1999)Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>29


DOSSIERSelon Londero et al (2006), la TRT permet d’améliorer considérab<strong>le</strong>mentla gêne induite par l’acouphène dans 75% des cas. Denombreuses études similaires démontrent que la TRT est unesolution adaptée et relativement efficace pour <strong>le</strong> traitement del’acouphène (Herraiz C et al. 2005 ; Henry JA et al, 2006 ; Londeroet al, 2006 ; Baracca GN et al, 2007 ; Bauer & Brozoski, 2011).3. Acuité auditiveIl est diffici<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> patient d’intégrer que l’acouphène est dû àune perte auditive s’il pense qu’il n’en a pas. Dans ce cas, nousmontrons et expliquons <strong>le</strong>s résultats des tests personnels du patient,ce qui permet à ce dernier d’avoir une preuve formel<strong>le</strong> de sa perteauditive.4. Evolution dans <strong>le</strong> tempsL’inquiétude principa<strong>le</strong> des sujets acouphéniques est quel’acouphène s’aggrave avec <strong>le</strong> temps. Dans ce cas, il est primordialde mettre <strong>le</strong> patient face à la réalité : sachant que l’acouphène estgénéra<strong>le</strong>ment très proche du seuil d’audition, il est possib<strong>le</strong> que sonintensité augmente lorsque l’audition diminue.5. Supporter l’acouphèneD’une part, on note une corrélation positive entre ancienneté etintensité de l’acouphène (Stouffer et al., 1991). D’autre part, on neretrouve aucune corrélation entre la détresse et l’intensité (Meik<strong>le</strong> etal. 1984 ; Folmer et al, 1999), ainsi que <strong>le</strong> timbre de l’acouphène(Co<strong>le</strong>s et Baskill, 1985 ; Unterainner et al. 2003). Pour d’autres,<strong>le</strong> niveau de l’acouphène est un prédicateur de la sévérité (Henry& Wilson, 1995, Unterrainer et al. 2003) en association avec ladépression et <strong>le</strong> locus de contrô<strong>le</strong>.Le locus de contrô<strong>le</strong> correspond à la manière selon laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s individusperçoivent <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> des événements. On distingue :• Locus interne : tendance à considérer que <strong>le</strong> destin est <strong>le</strong>srésultats de nos actions.• Locus externe : tendance à considérer que <strong>le</strong>s événements sontdûs à des facteurs externes (chance, destin).Les sujets ayant un locus de contrô<strong>le</strong> externe sont plussusceptib<strong>le</strong> d’éprouver des niveaux é<strong>le</strong>vés de détresse, en raisonde <strong>le</strong>ur perception d’eux-mêmes comme ayant peu de contrô<strong>le</strong> sur<strong>le</strong>urs acouphènes (Budd & Pugh, 1995).Ensuite, on retrouve <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de Hallam (1984), qui suggère quel’habituation a lieu lorsqu’un stimulus est connu et qu’il ne demandeaucune mise en action de la part du sujet. Cependant, cette réponsenorma<strong>le</strong> ne se produit pas si <strong>le</strong> stimulus est associé à une évaluationnégative (Figure 3).Le facteur psychologique qui associe <strong>le</strong>s craintes, <strong>le</strong>s pensées etémotions négatives vis-à-vis de l’acouphène sont intimement liéesà la capacité de l’individu à élaborer des stratégies d’adaptation(Lazarus et Folkman, 1984).La recherche de stratégies d’adaptations est appelé en anglais <strong>le</strong> «coping » que l’on distingue en deux types : l’un constitué sur la régulationdes émotions (déplacement de l’angoisse, déni des émotions)et l’autre sur la résolution des problèmes (recherche d’informationsou de soutien, évitement). Dans <strong>le</strong> cas de l’acouphène, on remarqueque <strong>le</strong>s sujets utilisant une stratégie d’adaptation basée sur la résolutiondes problèmes ont significativement une détresse plus importante(Kirsh et al. 1989).L’acouphène est en soi un événement stressant et demande auxsujets atteints d’élaborer des stratégies pour gérer au mieux <strong>le</strong>urssymptômes. Si <strong>le</strong> sujet adopte des stratégies mal adaptées, onobserve un maintien de la gêne et s’instal<strong>le</strong> alors <strong>le</strong> caractère chroniquede l’acouphène empêchant <strong>le</strong> processus d’habituation.6. Lien avec la dépressionSi l’on étudie la préva<strong>le</strong>nce de troub<strong>le</strong>s dépressifs chez des sujetsacouphéniques, allant d’un acouphène passager à sévère, on retrouve62% des sujets ayants des antécédents de troub<strong>le</strong> dépressif et 39%un troub<strong>le</strong> dépressif en cours (Zöger et al. 2006). Ainsi, on remarqueque beaucoup d’acouphéniques présentaient des troub<strong>le</strong>s anxieuxdéjà auparavant. D’autres recherches montrent un lien entre détresseressentie et trait de personnalité (Langguth et al. 2007). Une personnalitéà fort trait de « névrosisme » (instabilité et vulnérabilité émotionnel<strong>le</strong>,tendance à éprouver faci<strong>le</strong>ment des émotions désagréab<strong>le</strong>scomme la colère, l’anxiété ou la dépression) est prédicatrice de lasévérité de l’acouphène. De plus, Hawthorne et O’Connor (1987)expliquent que la sévérité de l’acouphène entretient un lien comp<strong>le</strong>xeavec la santé psychologique, la somatisation des problèmes (deuil,difficulté au travail, différends familiaux, etc.) entretenant la détresseémotionnel<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s désordres psychiques du sujet.Enfin, on remarque éga<strong>le</strong>ment une vulnérabilité intrinsèque chez<strong>le</strong>s sujets acouphéniques plaintifs que l’on peut modéliser par <strong>le</strong>schéma suivant (Figure 4) :Figure 3 : Modè<strong>le</strong> d’habituation à l’acouphène (Hallam et al,1984)Figure 4 : Modè<strong>le</strong> de Vulnérabilité Cognitive de l’étiologie de lapeur et <strong>le</strong> processus d’explicitation la peur (Armfield JM, 2006)30 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


DOSSIER


DOSSIERChacun des patients a suivi une préséance à la TRT de façon individuel<strong>le</strong>portant sur <strong>le</strong>urs croyances propres. La fréquence descroyances relatées par <strong>le</strong>s sujets testés est représentée dans <strong>le</strong>tab<strong>le</strong>au en bas de page.Suite à la séance de « Counselling », nous avons proposé auxpatients un questionnaire d’évaluation basé sur un questionnairedéjà réalisé que nous avons modifié (Eugénie M., 2006). Ce questionnairepermet d’évaluer <strong>le</strong> contenu de la séance, sa longueur, saqualité et son efficacité en termes de dédramatisation et de diminutiondes fausses croyances :1) Les mots utilisés dans cette séance vous paraissent-ils faci<strong>le</strong>s àcomprendre ?2) Les illustrations présentées vous aident-el<strong>le</strong>s dans la compréhensiondes explications ?3) Les explications données vous semb<strong>le</strong>nt-el<strong>le</strong>s simp<strong>le</strong>s ?4) Trouvez-vous que <strong>le</strong>s explications vous concernent ?5) Les explications vous ont-el<strong>le</strong>s éclairé ?6) Comment trouvez-vous la durée de l’exposé ?7) Que pensez-vous du nombre de notions abordées ?8) La présentation a-t-el<strong>le</strong> capté votre attention ?9) L’exposé vous a-t-il rassuré ?10) L’exposé vous a-t-il permis de prendre conscience de vos idéesinquiétantes à propos de l’acouphène ?11) L’exposé vous a-t-il permis d’évacuer vos idées inquiétantes ?moyenne de 4,56 (σ=0,66). En outre, la simplicité des explications(question 3) a été évaluée à 4,38 σ=0,58), comme pour la question(σ=0,58) « Trouvez-vous que <strong>le</strong>s explications données vousconcernent ? ». Quant à la question 5, sou<strong>le</strong>vant la compréhensiondu patient, on obtient un score moyen de 4,29 (σ=0,88), avec 81%des sujets répondants « toujours » et « souvent ».Figure 6 : Moyenne des réponses aux questions 1 à 5C. RésultatsLes résultats obtenus pour <strong>le</strong>s questions 1 à 6 sont représentéssur la figure 6. La première question, portant sur la compréhensiondu vocabulaire utilisé au cours de la séance, obtient en moyenne<strong>le</strong> score de 4,81 (écart-type σ=0,39) et <strong>le</strong>s illustrations utiliséesau cours du diaporama que l’on évalue à la question 2 ont uneFigure 7 : Moyenne des réponses à la question 6CroyancesFréquencePensez-vous que votre acouphène est dû à une 60%maladie ?Pensez-vous que qu’il n’y a pas de solution ? 75 %Pensez-vous que votre acouphène va empirer ? 75 %Pensez-vous que vous ne supporterez plus votre 80 %acouphène ?Pensez-vous que votre acouphène va vous rendre 55 %psychiquement malade ?Pensez-vous que votre acouphène captera toute 75 %votre attention ?Pensez-vous que l’acouphène est dû au stress ? 45 %Pensez-vous que votre acouphène vous empêche de 60 %dormir ?Pensez-vous que l’acouphène peut vous rendre 60 %sourd ?Pensez-vous que vous n’aurez plus jamais de si<strong>le</strong>nce ? 95 %Pensez-vous que vous devez éviter <strong>le</strong> bruit pour 15 %protéger vos oreil<strong>le</strong>s ?Pensez-vous que l’acouphène est signe avant coureurde problème de santé ?35 %Pensez-vous que vous serez moins capab<strong>le</strong> de faire 60 %face à l’avenir ?Tab<strong>le</strong>au 2 : Pourcentage des croyances spécifiques à l’acouphènedes sujets testésFigure 8 : Moyenne des réponses à la question 7Figure 9 : Moyenne des réponses aux questions 8 et 932 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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Effets d’une lésion cochléairesur la reconstruction des informationsNicolasWALLAERT 1,2ChristianLORENZI 1André CHAYS 2StéphaneGARNIER 3Dan GNANSIA 4Agnès ClaireLEGER 1David TimothyIVES 1Yves CAZALS 51 Equipe Audition,CNRS, UniversiteParis Descartes,Eco<strong>le</strong> Norma<strong>le</strong>Supérieure,75005 Paris,France2 Equipe Audition,Service ORL,Hôpital Robert Debré,Reims, France3 GroupementEntendre SAS,France4 Neure<strong>le</strong>c,2720Chemin SaintBernard,06224 VallaurisCedex, France5 Université PaulCézanne,UMR CNRS 6231,13916 Marseil<strong>le</strong>,FrancePrix du Collège<strong>National</strong>d'AudioprothèseRésuméContexte : L’analyse temporel<strong>le</strong> d’un signal de paro<strong>le</strong> etde récentes études psychophysiques ont révélé l’existenced’une nouvel<strong>le</strong> dichotomie dans la perception auditive entrela structure temporel<strong>le</strong> fine (TFS) et l’enveloppe temporel<strong>le</strong>(E). La structure temporel<strong>le</strong> fine correspond aux modulationsde fréquence instantanée du signal alors que l’enveloppetemporel<strong>le</strong> correspond aux modulations de l’amplitude dusignal. Ces études suggèrent que <strong>le</strong> traitement de la TFSest très vulnérab<strong>le</strong> à la présence d’une lésion cochléaire.Ce déficit constitue aujourd’hui l’un des probab<strong>le</strong>s fondementsdes difficultés de perception de la paro<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> bruitfréquemment évoquées par <strong>le</strong>s patients ma<strong>le</strong>ntendants (ME).Toutefois, de récentes études suggèrent que <strong>le</strong>s auditeursnormo-entendants (NE) peuvent maintenir une forte intelligibilitépour un signal ne préservant que la TFS, en utilisantune information d’enveloppe temporel<strong>le</strong> reconstruite à partirde cette même TFS en sortie des filtres cochléaires. L’originedu déficit de structure fine observé chez <strong>le</strong> ME pourrait doncêtre consécutive à :1) une dégradation du traitement temporel auditif d’origineneura<strong>le</strong>2) une altération de la capacité à reconstruire une informationd’enveloppe temporel<strong>le</strong>, à partir des informations de TFS3) un déficit mixte combinant ces deux troub<strong>le</strong>sObjectif : Cette étude évalue donc l’impact d’une lésioncochléaire sur cette capacité de reconstruction de l’enveloppetemporel<strong>le</strong> (E) à partir de la structure temporel<strong>le</strong> fine.Matériels et méthodes : Pour ce faire, l’intelligibilité desyllabes vocodées de façon à dégrader la modulation d’amplitude(AM) pour préserver uniquement <strong>le</strong>s modulations defréquence (FM) est mesurée chez 40 sujets NE et 41 sujetsME atteints de surdité légère à modérée. Les syllabes sontprésentées à 65dB SPL chez <strong>le</strong>s sujets NE. Les sujets MEsont testés dans <strong>le</strong>s mêmes conditions, avec et sans correctionde <strong>le</strong>ur perte auditive tona<strong>le</strong>.Résultats : Les auditeurs ME obtiennent des scores d’identificationsignificativement plus faib<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s sujets NE auxdeux intensités de présentation. Toutefois, une large majoritéde sujets ME montrent des scores d’identification comprisdans l’interval<strong>le</strong> de normalité.Seul un sous-groupe de sujets ME présente des scoresfortement altérés, suggérant une sévère dégradation de lareconstruction d’enveloppe temporel<strong>le</strong> vraisemblab<strong>le</strong>mentinduite par un élargissement des filtres cochléaires d’unfacteur 2 à 4.Conclusions : Globa<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> déficit de perception de structurefine observé chez ces patients ma<strong>le</strong>ntendants semb<strong>le</strong>être attribuab<strong>le</strong> à un troub<strong>le</strong> mixte, combinant un déficitauditif temporel et une altération du processus de conversionFM/AM à l’origine de l’enveloppe temporel<strong>le</strong> reconstruite. Parail<strong>le</strong>urs, il est important de noter qu’une perte auditive légèreà moyenne ne semb<strong>le</strong> retentir que faib<strong>le</strong>ment mais significativementsur <strong>le</strong>s mécanismes de reconstruction d’enveloppetemporel<strong>le</strong>.1 Introduction.De nombreuses études suggèrent que <strong>le</strong>s indices demodulation en amplitude (AM) d’un signal de paro<strong>le</strong>,fréquemment appelée enveloppe temporel<strong>le</strong>, jouent un rô<strong>le</strong>important dans l’intelligibilité, et ce particulièrement dans<strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce (e.g., Drullman, 1995; Shannon et al., 1995).Cependant, des travaux additionnels conduits sur desauditeurs normo-entendants (NE) et ma<strong>le</strong>ntendants (ME)ont suggéré que <strong>le</strong>s indices de modulation de fréquence(FM), parfois dénommée structure temporel<strong>le</strong> fine, contribueraientfortement à l’intelligibilité de la paro<strong>le</strong> chez <strong>le</strong>s NElors de situations d’écoute comp<strong>le</strong>xes : présence de bruit,interférences entre différents locuteurs, compression infiniedu signal... (e.g., Zeng et al., 2005; Gilbert and Lorenzi,2006; Lorenzi et al., 2006, 2009; Drennan et al., 2007;Gilbert and Lorenzi, 2010; Gnansia et al., 2009, 2010;Hopkins et al., 2008, 2010; Ardoint et al., 2011; Eaves etal., 2011). Une atteinte auditive neurosensoriel<strong>le</strong> semb<strong>le</strong>dégrader profondément la correcte perception des indicesde structure temporel<strong>le</strong> fine chez <strong>le</strong> ME, sans qu’un réelconsensus quant à l’origine de ce déficit ne puisse êtreétabli (e.g. Lorenzi et al., 2006).D’après certaines investigations psychoacoustiques(e.g., Saberi and Hafter, 1995; Moore and Sek, 1996) laperception correcte des indices de FM serait assurée pardeux mécanismes auditifs élémentaires: (i) un mécanismepurement temporel basé sur la synchronisation en phasedes réponses des fibres du nerf auditif, ou phase locking,et (ii) un mécanisme tonotopique basé sur un processusde reconstruction de l’information d’enveloppe temporel<strong>le</strong>.Dans ce cas, l’atténuation différentiel<strong>le</strong> du filtragecochléaire engendre une conversion des excursions de FMen une variation dynamique d’amplitude (ou AM) en sortiedes filtres auditifs.En accord avec la théorie tonotopique, des études psychoacoustiques,é<strong>le</strong>ctrophysiologiques et de modélisationont démontré que <strong>le</strong>s indices d’AM d’un signal de paro<strong>le</strong>à bande étroite peuvent être correctement reconstruitsconsécutivement au filtrage cochléaire à partir d’une informationde FM large bande (Ghitza 2001; Zeng et al., 2004;Gilbert and Lorenzi, 2006; Sheft et al., 2008; Heinz andSwaminathan, 2009; Ibrahim and Bruce, 2010; see alsoApoux et al., 2011). Gilbert et Lorenzi (2006) ont ainsidémontré que <strong>le</strong>s indices d’enveloppe temporel<strong>le</strong> reconstruitscontribuent substantiel<strong>le</strong>ment à l’identification desyllabes vocodées préservant uniquement <strong>le</strong>s indices de FMlorsqu’une bande passante large est utilisée pour <strong>le</strong> filtraged’analyse.36 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


d’enveloppe temporel<strong>le</strong>à partir de la structure fine du signalPlus précisément, <strong>le</strong>s indices d’AM reconstruits jouent unrô<strong>le</strong> majeur dans l’identification de syllabes de FM quand<strong>le</strong>s filtres d’analyse utilisés pour la génération du signal sontau minimum 4 fois plus larges que la bande passante dufiltrage auditif sain (i.e., > 4 ERB Nou l’ERB Ncorrespond àla largeur de bande moyenne d’un filtre rectangulaire transmettantla même puissance que <strong>le</strong> filtre auditif du NE jeune;cf. Glasberg and Moore, 1990; Moore, 2007). En accordavec ces études, la corrélation entre l’enveloppe temporel<strong>le</strong>d’origine et l’enveloppe temporel<strong>le</strong> reconstruite à partir dela structure temporel<strong>le</strong> fine en sortie du filtre cochléaireaugmente lorsque l’on accroit la différence de bandepassante (BP) entre filtres d’analyse et filtres auditifs, i.e.lorsque l’on augmente la BP des filtres d’analyse ou lorsquel’on diminue la BP du filtrage cochléaire simulé (Gilbert andLorenzi, 2006; Sheft et al., 2008).En conséquence, et bien qu’une surdité neurosensoriel<strong>le</strong>semb<strong>le</strong> n’avoir qu’un impact restreint sur l’usage desindices d’enveloppe temporel<strong>le</strong> (e.g., Bacon and G<strong>le</strong>itman,1992; Moore et al., 1992; Turner et al., 1995; Füllgrabeet al., 2003; Baskent, 2006; Lorenzi et al., 2006, 2009),une perte de sé<strong>le</strong>ctivité fréquentiel<strong>le</strong>, i.e. un élargissementdes filtres auditifs, pourrait retentir substantiel<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong>processus de conversion FM/AM (voir Moore, 2007) et defait sur la perception des indices d’enveloppe reconstruitsà partir des indices de structure temporel<strong>le</strong> fine. En effet,une modélisation de la réponse du nerf auditif réaliséepar Heinz and Swaminathan (2009) suggère que <strong>le</strong>s informationsd’enveloppe temporel<strong>le</strong> reconstruites à partir dela seu<strong>le</strong> structure temporel<strong>le</strong> fine sont réduites d’environ40% consécutivement à une perte auditive de 30dB HLimputab<strong>le</strong> à la destruction des cellu<strong>le</strong>s ciliées externes.Ainsi, <strong>le</strong>s patients ME de notre étude devraient doncprésenter une intelligibilité réduite en réponse à un signalde structure temporel<strong>le</strong> fine extraite à partir d’un filtred’analyse large bande.Afin de confirmer cette hypothèse, <strong>le</strong>s scores d’identificationobtenus par des sujets NE et ME pour des syllabestraitées sur 3 bandes d’analyse larges (bande passante ≈7-8-ERB N) ont été mesurés.2 MéthodesLa première expérimentation évalue la capacité de40 sujets NE et de 41 sujets ME à identifier des syllabestraitées numériquement sur 3 bandes d’analyse largesafin de préserver uniquement la structure temporel<strong>le</strong> finedu signal et promouvoir de fait la conversion des indicesde structure fine en indices d’enveloppe temporel<strong>le</strong>utilisab<strong>le</strong>s en identification. Une seconde expérimentationa été conduite chez <strong>le</strong>s auditeurs NE afin d’apprécier l’intelligibilitéobtenue sur la seu<strong>le</strong> base des indices d’enveloppetemporel<strong>le</strong> reconstruits en sortie de filtres cochléaires sains(bande passante 1 ERB N) ou élargis afin de simu<strong>le</strong>r uneperte de sé<strong>le</strong>ctivité fréquentiel<strong>le</strong> tel<strong>le</strong> que produite par uneperte auditive modérée ou sévère (2 ou 4 ERB N).A. ParticipantsL’étude a été approuvée par <strong>le</strong> CPP I<strong>le</strong> de France. Préalab<strong>le</strong>mentaux tests, une audiométrie a été réalisée chezchaque patient à l’aide d’un audiomètre Madsen Aurical etd’un casque TDH39 en cabine insonorisée. La perte auditivemoyenne (PTA) de chaque participant a été calculée à partirdes seuils audiométriques compris entre 0.25 et 4kHz.Les auditeurs NE présentent des seuils audiométriquesinférieurs à 20dB HL entre 0.25 et 4kHz. Ils ont toutefoisété divisés en 2 groupes pour l’analyse statistique en raisond’audiométries divergentes au delà de 4kHz : NE jjeunes(n = 16 ; âge moyen = 24 ans ; SD = 3 ans ; étendue =[19;29] ans) et NE aâgés (n = 24 ; âge moyen = 46 ans ;SD = 10 ans ; étendue = [31;63] ans ; PTA 6.5dB HL).Figure 1 : Seuils auditifs moyens en conduction aérienne de l’oreil<strong>le</strong> testée (droite) pour chaque groupe : normoentendants(NE) à gauche et ma<strong>le</strong>ntendants (ME) à droite.Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>37


DOSSIER


DOSSIERAvant <strong>le</strong> début du test, une session d’entrainement réalisée à l’aidede logatomes non traités permet aux participants de se familiariseravec <strong>le</strong> principe du test. Pour chacune des parties, <strong>le</strong>s 48 logatomes/aCaCa/ traités numériquement sont présentés dans un ordrealéatoire. Chaque logatome est présenté séparément pour identificationà l’auditeur, ce dernier devant choisir une réponse parmi 16consonnes. La sé<strong>le</strong>ction d’une réponse sur l’ordinateur déc<strong>le</strong>nche<strong>le</strong> stimulus suivant. Le temps entre deux réponses n’est pas limité,et aucun retour sur <strong>le</strong> caractère correct ou incorrect des réponsesn’est fourni à l’auditeur. Le pourcentage de réponses correctes estcorrigé par <strong>le</strong> niveau de réponse au seuil de hasard, puis transformédans l’échel<strong>le</strong> RAU (Studebaker, 1985). Les scores d’identificationobtenus pour la condition (AM+FM) sont systématiquement évaluésen premier, afin de familiariser <strong>le</strong>s auditeurs avec la procédure detest pour une condition expérimenta<strong>le</strong> peu dégradée. L’intelligibilitédes logatomes est ensuite mesurée pour la condition (FM), avantde terminer avec <strong>le</strong>s conditions (Recov). Toutefois, pour chacun desalgorithmes utilisés, <strong>le</strong>s patients ma<strong>le</strong>ntendants sont testés aux deuxintensités prédéfinies dans un ordre aléatoire. De même, l’ordre deprésentation des conditions Recov (1, 2 et 4 ERB N) est randomiséavant présentation aux sujets normo-entendants.3 RésultatsA. Expérimentation 1La figure 5 montre <strong>le</strong>s scores d’identification individuels et moyens(barre horizonta<strong>le</strong>) exprimés en RAU pour <strong>le</strong>s NE (cerc<strong>le</strong>s) à 65 dBSPL et ME (carrés) avec et sans correction de sonie pour <strong>le</strong>s conditions(AM+FM) et (FM).Pour la majorité des conditions expérimenta<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s données dessujets ME sont plus dispersées que <strong>le</strong>s données des NE. Quand <strong>le</strong>sstimuli furent présentés à 65dB SPL, <strong>le</strong>s scores d’identification dedeux patients ma<strong>le</strong>ntendants sont proches du niveau de réponseau hasard pour <strong>le</strong>s deux algorithmes utilisés. Pour <strong>le</strong>s deux niveauxde présentation, <strong>le</strong>s scores de 25 NE et 20 ME présentent un effet« plafond » dans la condition (AM+FM).Figure 6 : Scores moyens (ligne droite) obtenus par <strong>le</strong>s NE pour<strong>le</strong>s 3 conditions Recov. : 1 ERB N, 2 ERB Net 4 ERB N. Les performancesindividuel<strong>le</strong>s des NE et des ME avec amplification dansla condition FM ont été reportées. Les zones grisées symbolisentl’écart-type dans chaque condition.Les scores d’intelligibilité obtenus ne sont pas affectés par un effet« plancher/plafond » pour la condition (FM) lorsque l’audibilité estcorrigée via une amplification linéaire.Pour chaque groupe d’auditeurs et pour chaque niveau de présentation,<strong>le</strong>s scores d’identification moyens diminuent de 9 à 30 RAUlorsque l’enveloppe temporel<strong>le</strong> de signal est supprimée au sein dechaque bande d’analyse. Pourtant, l’intelligibilité obtenue dans lacondition (FM) reste bien supérieure au niveau de réponse au hasard(tous <strong>le</strong>s scores>50 RAU) pour tous <strong>le</strong>s groupes et tous <strong>le</strong>s niveauxde présentation. La suppression de la modulation d’amplitude réduit<strong>le</strong> score d’identification de 30 RAU chez <strong>le</strong>s sujets NE. Chez <strong>le</strong>s sujetsME, cette même réduction d’information n’affecte <strong>le</strong>ur score que 17RAU lorsque <strong>le</strong>s stimuli sont amplifiés, et de 9 RAU en l’absenced’amplification. Pour chacune des deux conditions expérimenta<strong>le</strong>s,<strong>le</strong>s scores obtenus augmentent avec l’amplification linéaire. L’effetbénéfique de l’amplification est deux fois plus important pour lacondition (AM+FM) (18 RAU) comparativement à la condition (FM)(9 RAU). Cependant, pour chaque niveau de présentation, <strong>le</strong>s scoresmoyens des ME demeurent inférieurs à la norma<strong>le</strong> (de 9 à 40 RAU)pour chacune des conditions.Pour la condition FM, la différence entre <strong>le</strong>s sujets NE et <strong>le</strong>s sujetsME fut deux fois plus faib<strong>le</strong> lorsque <strong>le</strong>s stimuli sont amplifiés (9 RAU)que lorsqu’ils sont présentés à 65 dB SPL (18 RAU). Lorsque <strong>le</strong> signalde FM est amplifié, seu<strong>le</strong>ment 9 des 41 ME montrent des scoresd’identification en dehors de l’interval<strong>le</strong> de normalité (données individuel<strong>le</strong>sen marron), sans qu’aucune particularité (audiologique,étiologie, âge) ne puisse être re<strong>le</strong>vée pour ce sous groupe.Des tests t de Student (avec correction de Bonferroni) sont conduitsà partir des scores RAU transformés afin de comparer <strong>le</strong>s résultatsdes sujets NE et ME pour la condition (FM+AM). Ces analysesdémontrent l’existence de différences significatives entre :(1) sujets NE et ME lorsque l’intelligibilité est mesurée à 65 dB SPL(p


DOSSIER


DOSSIERni la sé<strong>le</strong>ctivité fréquentiel<strong>le</strong> (e.g., Peters and Moore, 1992), ni lacapacité à détecter et discriminer des indices d’enveloppe temporel<strong>le</strong>(e.g., Takahashi and Bacon, 1992; Lorenzi et al., 2006) ne sontaffectés par <strong>le</strong> vieillissement.Contribution de l’audibilité : Les analyses de corrélation entre<strong>le</strong>s scores RAU des ME dans la condition FM et <strong>le</strong>ur PTA sous 4kHzne sont pas significatives (r=-0,18, p=0,27), démontrant ainsique <strong>le</strong> déficit des ME dans la condition de structure fine ne peutêtre expliqué par <strong>le</strong>s différences de PTA. Des analyses statistiquesmontrent éga<strong>le</strong>ment que l’amplification a un effet plus faib<strong>le</strong> dans lacondition FM que dans la condition AM+FM. Au total, ces résultatssuggèrent que l’audibilité réduite des ME n’est pas responsab<strong>le</strong> de<strong>le</strong>ur déficit d’intelligibilité dans la condition FM amplifiée. Commeillustré en figure 2, <strong>le</strong> processus utilisé pour générer <strong>le</strong>s stimuli destructure fine vocodés est équiva<strong>le</strong>nt à une compression à tauxinfini : ainsi, quel<strong>le</strong> que soit l’amplitude du signal avant traitementdu signal, l’amplitude en sortie de l’algorithme est toujours la même.Cet algorithme, en addition avec une amplification linéaire, permetdonc de s’immuniser avec plus de certitudes contre <strong>le</strong>s problèmesd’audibilité des ME.Effets d’entrainement : Des travaux précédents ont montré l’existenced’un effet d’apprentissage significatif chez <strong>le</strong>s sujets NE dansla discrimination d’un signal de structure fine, extraite à partir devocodeurs à haute résolution fréquentiel<strong>le</strong> (e.g., 16 ou 32 bandesd’analyses). Dans la présente étude, tous <strong>le</strong>s auditeurs ne sonttestés qu’une seu<strong>le</strong> fois pour chaque condition expérimenta<strong>le</strong> etpour chaque niveau d’intensité. En conséquence, la capacité d’utilisationdes indices d’enveloppe reconstruits peut être sous estiméedans chaque groupe. Une expérimentation additionnel<strong>le</strong> réalisée sur10 des 40 NE évalue dans quel<strong>le</strong> mesure l’entraînement des auditeurspeut retentir sur <strong>le</strong>ur intelligibilité dans la condition FM. Cesauditeurs NE sont testés à nouveau 10 fois dans la condition FM,durant une seu<strong>le</strong> session. Une ANOVA réalisée sur <strong>le</strong>s résultats deces sessions testant l’apprentissage montre une amélioration significativedu score de 9 RAU entre la première et la dernière liste(F(10,90)=3 ; p


DOSSIER


Métier et TechniqueLes normes en audioprothèseLa certification de service françaiseJean-JacquesBLANCHETAudioprothésiste D.EMembre duCollège <strong>National</strong>d'AudioprothèseCo-rédacteur de lanorme française eteuropéenneMembre de la commissionde normalisation66, rue Bernard Palissy37000 TOURSjj.blanchet@audilab.frL’objet de cet artic<strong>le</strong> est de donnerune vision généra<strong>le</strong> de ce qu’onentend par système qualité, desréférentiels existants et de démontrerl’intérêt pérenne de la mise enplace de tel<strong>le</strong>s structures pour notreactivité.1. Définitionsa. ISO (InternationalOrganization forStandardization)C’est un organisme de normalisationinternational composé d’un réseaude représentants d’organisationsnationa<strong>le</strong>s de normalisation de 163pays.C’est une organisation non gouvernementa<strong>le</strong>.La France est représentée parl’AFNOR (Association Française deNormalisation).Le CEN (Comité Européen deNormalisation) regroupe tous <strong>le</strong>sorganismes européens de normalisation.Une norme est une démarche volontairemais peut devenir une exigencedu marché.Les normes se fondent sur unconsensus international entreexperts représentatifs du secteur.Il existe aujourd’hui plus de 19000normes internationa<strong>le</strong>s.1. Rô<strong>le</strong>El<strong>le</strong>s permettent de développer,fabriquer et fournir des produits etservices plus efficaces, plus sûrs etplus propres.El<strong>le</strong>s donnent un cadre de référencecommun.Il existe 4 types de normes :- Normes fondamenta<strong>le</strong>s : règ<strong>le</strong>sen matière de terminologie, sig<strong>le</strong>s,symbo<strong>le</strong>s, métrologieExemp<strong>le</strong> : EN 13819-2, Protecteursindividuels contre <strong>le</strong> bruit -marquage CE- Normes de spécifications :caractéristiques, seuils de performanced'un produit ou d'un serviceExemp<strong>le</strong> : NF EN 60118-4, Appareilde correction auditive - Partie4 : intensité du champ magnétiquedans <strong>le</strong>s bouc<strong>le</strong>s d'inductionaudiofréquences utilisées à desfins de correction auditive- Normes d'analyse et d'essais :méthodes et moyens pour la réalisationd'un essai sur un produitExemp<strong>le</strong> : ISO 389-1, Acoustique- Zéro de référence pour l'étalonnaged'équipements audiométriques- Normes d'organisation :description des fonctions et relationsorganisationnel<strong>le</strong>s à l'intérieurd'une entité.C’est un système de gestion de laqualité composé d’un ensemb<strong>le</strong>d’exigences pour planifier, maîtriseret piloter des activités.Toute structure certifiée ISO estauditée par un organisme certificateurindépendant lui-même accréditéen France par <strong>le</strong> COFRAC(Comité Français d’Accréditation).Exemp<strong>le</strong> : ISO 9001 : Systèmesde management de la qualité -ExigencesLes normes servent aussi souventà « stimu<strong>le</strong>r » <strong>le</strong>s fournisseurs (ISO14001 pour une conception desproduits plus soucieuse de l’environnement,NF Service pour l’évolutiondes progiciels en fonction desattentes des clients, etc.).El<strong>le</strong>s facilitent <strong>le</strong> commerce entrepays et <strong>le</strong> rendent plus efficace.El<strong>le</strong>s fournissent aux gouvernementsune base technique pour la santé, lasécurité et la législation relative àl’environnement, ainsi que l’évaluationde la conformité.El<strong>le</strong>s servent à protéger <strong>le</strong> consommateur.2. En audioprothèseUne des normes pouvant être appliquéeà notre activité et que certainsgroupements d’audioprothésistesont mis en place au sein de <strong>le</strong>urstructure est la norme ISO 9001.El<strong>le</strong> consiste à démontrer l’aptitudeà fournir régulièrement un produitconforme aux exigences du client etaux exigences rég<strong>le</strong>mentaires applicab<strong>le</strong>s.C’est un véritab<strong>le</strong> outil de managementde l’entreprise par la qualité.Une autre norme applicab<strong>le</strong> estl’ISO 14001 qui concerne la priseen compte de l’environnement et dudéveloppement durab<strong>le</strong>. C’est unedémarche d’amélioration continuepour minimiser <strong>le</strong>s impacts environnementauxet respecter <strong>le</strong>sexigences léga<strong>le</strong>s.A ce jour, dans notre activité, un seulréseau a mis en place un tel référentiel.b. La norme européenneLes normes européennes sontproduites par <strong>le</strong> CEN et sont identifiab<strong>le</strong>spar <strong>le</strong>ur préfixe EN.El<strong>le</strong>s sont obligatoirement reprisesà l'identique dans <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctionsdes membres nationaux du CEN,qui <strong>le</strong>s diffusent en tant que normesnationa<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong>s sont alors reconnaissab<strong>le</strong>sen France par <strong>le</strong> préfixeNF EN.c. La certificationde serviceLa certification de service permetd’attester que <strong>le</strong>s engagements deservices rendus aux clients sontconformes à un référentiel, validéen concertation avec <strong>le</strong>s professionnels,<strong>le</strong>s utilisateurs et <strong>le</strong>s pouvoirspublics.El<strong>le</strong> a pour objectif de faire reconnaîtrela qualité des services offerts.Simp<strong>le</strong> et adaptée, el<strong>le</strong> repose surun référentiel spécifique au métier,basé sur une norme (NF, EN, ISO),avec des objectifs précis et mesurab<strong>le</strong>s.El<strong>le</strong> assure une qualité de servicehomogène et permet de mobiliser44 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


MÉTIER ET TECHNIQUE


MÉTIER ET TECHNIQUEsentants nationaux. Les modificationseffectuées sont rediscutées en commissionsnationa<strong>le</strong>s puis <strong>le</strong>s avis sontremontés vers la commission européenneavec la recherche d’un consensus.Plusieurs réunions du groupe Europeont été nécessaires pour trouver unconsensus.12 pays ont participé aux côtés de laFrance :- Al<strong>le</strong>magne- Autriche- Belgique- Danemark- Espagne- Finlande- Italie- Irlande- Norvège- Pays-Bas- Suède- SuisseD’autres pays n’ont pas participé directementaux réunions mais ont suivi <strong>le</strong>groupe par <strong>le</strong> biais du CEN :- Chypre- Estonie- Grèce- Hongrie- Islande- Lettonie- Lituanie- Luxembourg- Malte- Pologne- Portugal- République Tchèque- Roumanie- Slovénie- Slovaquiec. Le référentiel« La présente Norme européenne concerne<strong>le</strong>s services offerts par <strong>le</strong>s audioprothésistespour améliorer <strong>le</strong>s conditions de viede <strong>le</strong>urs clients. La présente Norme européennespécifie <strong>le</strong> processus de délivrancedes appareils de correction auditive, dupremier contact client au suivi à longterme. La présente Norme européennedéfinit éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s exigences en termesd'éducation, d'installations, d'équipementet de code de conduite. Un système demanagement de la qualité ayant pourobjectif de satisfaire <strong>le</strong> client et de couvrir<strong>le</strong>s éléments du service est éga<strong>le</strong>mentun point essentiel des exigences. Laprésente Norme européenne concerne <strong>le</strong>sservices offerts à la majorité des clientssouffrant de troub<strong>le</strong>s de l'audition. Certainsgroupes de personnes ma<strong>le</strong>ntendantestels que <strong>le</strong>s enfants, <strong>le</strong>s personnes souffrantd'autres handicaps ou <strong>le</strong>s personnesporteuses d'implants, peuvent nécessiterd'autres services que ceux stipulés dansla présente Norme européenne. »Voici <strong>le</strong> sommaire de la normeNF EN 15927Avant-proposIntroduction1 Domaine d’application2 Références normatives3 Termes et définitions4 Conditions préalab<strong>le</strong>s du service4.1 Généralités4.2 Exigences de formation4.2.1 Généralités4.2.2 Exigences pour<strong>le</strong>s audioprothésistes(compétence et diplôme)4.2.3 Formation continue(mini 20 heures/an)4.3 Exigences relatives à l’installation4.3.1 Généralités4.3.2 Accueil4.3.3 Zone de consultation4.3.4 Zones d’audiométrieet d’ajustement4.3.5 Zone de réglage4.3.6 Zone de maintenance SAV4.4 Exigences relatives à l’équipement4.4.1 Généralités4.4.2 Équipement audiométrique4.4.3 Équipement pour otoscopieet prises d’empreintes pourembouts auriculaires4.4.4 Équipement de programmationde l’appareil de correctionauditive4.4.5 Équipement de mesureé<strong>le</strong>ctroacoustique4.4.6 Outils de maintenance SAV4.4.7 Outils de démonstration(bouc<strong>le</strong>)4.5 Exigences éthiques et code dedéontologie4.5.1 Généralités4.5.2 Relations avec <strong>le</strong>s patients4.5.3 Relations avec <strong>le</strong>s médecins4.5.4 Relations avec <strong>le</strong>s collègues4.5.5 Publicité5 Prise en charge audioprothétique5.1 Généralités5.2 Contact patient et inscription5.3 Détermination du profil auditif5.4 Évaluation audiologique (anamnèse)5.4.1 Généralités5.4.2 Otoscopie5.4.3 Audiométrie tona<strong>le</strong>5.4.4 Audiométrie voca<strong>le</strong>5.4.5 Autres tests audiométriques5.4.6 Orientation vers un médecin5.5 Délivrance du système auditif5.5.1 Choix des composants dusystème auditif5.5.2 Préparations pour <strong>le</strong> réglage fin5.5.3 Réglage fin des appareils decorrection auditive5.5.4 Contrô<strong>le</strong> d’efficacitéprothétique5.5.5 Instructions aux patients5.6 Suivi prothétique5.6.1 Généralités5.6.2 Entraînement auditif5.6.3 Suivi prothétique5.6.4 Maintenance SAV6 Système de management de la qualité6.1 Généralités6.2 Documentation6.3 Gestion des réclamationsdes patients6.4 Évaluation des services par <strong>le</strong>patient6.5 Actions correctives• Annexe A (normative) Compétencesminima<strong>le</strong>s de l’audioprothésisteA.1 Description des compétencesA.2 Compétences généra<strong>le</strong>sA.3 Evaluation audiologique-Mesures del’audition et examens physiquesA.4 Profil auditif-Facteurs pertinents enplus de l’évaluation audiologiqueA.5 Sé<strong>le</strong>ction, réglage, vérification etfourniture des appareils de correctionauditivesA.6 Sé<strong>le</strong>ction, fabrication, modification etmaintenance des embouts auriculairesA.7 Modification et maintenance desappareils de correction auditive,accessoires et aides de suppléanceA.8 Interaction avec <strong>le</strong>s patients en vued’une réhabilitation adéquate• Annexe B (informative) Recommandationpour une organisation appropriéede la formation des audioprothésistes• Annexe C (informative) Recommandationrelative aux informationspatients sur <strong>le</strong> processus de réglage46 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


MÉTIER ET TECHNIQUE


MÉTIER ET TECHNIQUE- Analyse des indicateurs- Visite de l’établissementL’audit en lui-même- Nomination d’auditeurs en fonctionde <strong>le</strong>urs expériences dans <strong>le</strong> domaine(ex : autres professions paramédica<strong>le</strong>s,hygiène, etc.).- Vérification par la preuveL’audit de certification est mené par unauditeur indépendant afin de mener uneévaluation impartia<strong>le</strong>.L’audit a un rô<strong>le</strong> officiel. Il est lui-mêmeencadré par une norme (ISO 19011).La durée de l’audit est fixée à partir dudossier de demande et dépend du périmètrede certification.d) <strong>le</strong> référentielNous allons maintenant décrire de façonsuccincte <strong>le</strong>s dispositions d’organisationpour la mise en œuvre des engagementsde service. Les différents critères suivantsseront analysés lors de l’audit :- accessibilité à l’établissement- accueil- physique et téléphonique- état des locaux- contacts établissement- identification des interlocuteurs- mise à disposition de documentsd’informations pertinents- installation et métrologie- zone accueil- zone attente- zone SAV- zone audiométrie/réglage/consultation- hygiène- prise en charge globa<strong>le</strong>- anamnèse- otoscopie et matériel associé- prise d’empreinte et matériel associé- audiométrie liminaire et supraliminaire- choix prothétique- réglages- contrô<strong>le</strong> d’efficacité prothétique- éducation prothétique- bilan d’adaptation- suivi prothétique- maintenance et matériel associé- produits et accessoiresde démonstration- ventes produits et accessoires- gestion des sous-traitants- gestion du personnel- gestion des documents qualité- évaluation de la qualité de service- gestion des réclamations- amélioration de la qualité de servicee) <strong>le</strong>s modalités de suiviLe titulaire doit tout au long de lacertification :- respecter <strong>le</strong>s exigences définies précédemment,- mettre à jour annuel<strong>le</strong>ment son dossierde certification,- informer systématiquement AFNORCertification du changement des caractéristiquesdu service certifié ou dupérimètre de certificationConclusionCette certification de service française aété élaborée avec l’ensemb<strong>le</strong> des acteursde la profession afin d’harmoniser <strong>le</strong>spratiques et nous permettre de valorisernotre activité auprès des pouvoirs publicset des patients consommateurs.La mise en place d’un système qualiténécessite plus ou moins de changementsen fonction des acquis.C’est une démarche volontaire quiimplique <strong>le</strong> chef d’entreprise mais éga<strong>le</strong>menttout <strong>le</strong> personnel qui doit se mobiliserautour de ce projet afin d’améliorerces services pour s’assurer de la satisfactiondes patients.C’est en se structurant, en donnant uneimage de qualité de service homogène eten <strong>le</strong> prouvant que nous pourrons nousprotéger face à l’évolution du secteur etaux tensions que nous sentons de plus enplus au quotidien dans nos laboratoires.Il est à noter que la commission certificationAFNOR de l’UNSAF mettra à ladisposition des adhérents un « pack NF »qui reprendra l’ensemb<strong>le</strong> des dossiersnormatifs adaptés à notre profession.Testez vos connaissances1) La mise en place d'une norme est el<strong>le</strong> obligatoire ?2) La certification de service est el<strong>le</strong> adaptée aux besoins de la profession ?3) La norme europééenne NF EN 15927 est el<strong>le</strong> applicab<strong>le</strong> en l'état ? Vrai Faux Vrai Faux Vrai Faux1) Faux Une norme est unedémarche volontaire mais peutdevenir une exigence du marché.Dans <strong>le</strong> cas de la certification deservice française sur <strong>le</strong>s prestationsoffertes par <strong>le</strong>s audioprothésistes,il est possib<strong>le</strong> qu'à terme <strong>le</strong>sremboursements soient conditionnésà l'obtention de la certification.2) Vrai Ce référentiel construit enconcertation avec <strong>le</strong>s professionnelsdu secteur, <strong>le</strong>s consommateurs et <strong>le</strong>spouvoirs publics a pour but de fairereconnaître la qualité des servicesofferts par <strong>le</strong>s audioprothésistes avecdes objectifs précis et mesurab<strong>le</strong>s.2) Faux La norme européenneprésente un ensemb<strong>le</strong> d'exigencesmais ne détail<strong>le</strong> pas précisementla politique qualité, <strong>le</strong>s différentesresponsabilités, la gestion desdocuments qualités, <strong>le</strong>s moyenshumains et matériels.De plus, pour obtenir un consensusau niveau européen nous avons dûfaire des concessions par rapport auxexigences françaises initia<strong>le</strong>s.48 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


Cas clinique 1Une dynamique atypiquePhilippe THIBAUTAudioprothésiste D.E.Membre duCollège <strong>National</strong>d’AudioprothèseCentre Acoustiqued’Assas3 place d’Assas30900 NÎMES04 66 67 17 33ph--thibaut@orange.frMadame L. Denise,68 ans, retraitée.El<strong>le</strong> conserve une activitébénévo<strong>le</strong> de formatrice.El<strong>le</strong> est présente une perte auditivesans doute ancienne, mais el<strong>le</strong> n’ajamais consulté.Les conduits sont de dimensions« norma<strong>le</strong>s », l’approche engain d’insertion simulé sera doncacceptab<strong>le</strong>.Seul problème annexe re<strong>le</strong>vé, et nonélucidé (suivi neurologique en cours)est un clignement très rapide despaupières, et permanent lorsqu'el<strong>le</strong>regarde quelque chose ou quelqu’unà une distance d’environ 1m (propreà une conversation). D’installationrécente il perturbe sa vision. Doit-onvoir là un élément ayant mis enévidence sa gêne par diminution dela capacité à <strong>le</strong>cture labia<strong>le</strong>, sansaggravation particulière de sa perte,ou bien n’est-ce pas annexe maisconnexe ? Une réponse sera donnéedès que <strong>le</strong> neurologue aura fait <strong>le</strong>diagnostic.Sa gêne se manifeste, assezclassiquement, principa<strong>le</strong>ment enréunion, devant la télévision, et lorsde conversation dans <strong>le</strong> calme avecdes interlocuteurs parlant doucement.El<strong>le</strong> n’a pas de problème(problème sans s) au téléphone,qu’el<strong>le</strong> porte à son oreil<strong>le</strong> droite cequi semb<strong>le</strong> logique, mais n’est pastoujours évident.Figure 1 : Copie de l’audiogramme de l’ORL, voca<strong>le</strong> effectuée avec des listesdissyllabiques de FournierFigure 2 : Voca<strong>le</strong> Oreil<strong>le</strong> nues en champ libre lors de la première visite (dissyllabiquesde Lafon)L’audiogramme clinique ne montrepas de Rinne et ne démontre rien departiculier, si ce n’est cette remontéede la fréquence 1000 Hertz surl’oreil<strong>le</strong> gauche, qu’on ne retrouvepas sur mes audiométries.Compte tenu de ce que révè<strong>le</strong>cet audiogramme, il est étonnantqu’el<strong>le</strong> n’ait jamais consulté malgréune tel<strong>le</strong> perte auditive.Pour des raisons esthétiques etmorphologiques, (un appareilà écouteur déporté ne passaitpas dans ses conduits), des minicontours à micro tube ont étéadaptés.Un essai d’embout semi occlusifsur l’oreil<strong>le</strong> gauche se solde parun échec et un rejet immédiat, etpresque vio<strong>le</strong>nt ainsi qu’une résonanceinsupportab<strong>le</strong>, dès la miseen place des appareils éteints. Lesdeux oreil<strong>le</strong>s seront donc équipéesen open.Comme à l’accoutumée, <strong>le</strong>s réglagesinitiaux sont effectués au minimum,environ 10 dB au-dessous descib<strong>le</strong>s, mais même dans ces conditions-là,l’appareillage est rejetéaprès une semaine de port.Lors de la séance suivante detravail, je complète mon approchepar une mesure (estimation toujourstrès subjective) de son MCL. L’UCLest éga<strong>le</strong>ment remesuré pour êtredans <strong>le</strong>s mêmes conditions, etparce. je trouve qu’il est plus aiséde faire tout en même temps pourplus de facilité de jugement comparatifde la part du sujet testé.Là où <strong>le</strong>s UCL ne m’apprenaient pasgrand-chose de particulier, <strong>le</strong>s MCLm’ont surpris :L’oreil<strong>le</strong> droite a un MCL plutôtexagérément bas, et l’oreil<strong>le</strong> gaucheplutôt exagérément haut, surtoutsur <strong>le</strong>s fréquences de 2000 Hz à8000 Hz.Les réglages ont donc été reprissur ces bases, c'est à dire pourl’oreil<strong>le</strong> droite, augmentation desgains moyens, et baisse des gains50 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


CAS CLINIQUE 1


CAS CLINIQUE 1délivrer <strong>le</strong>s gains cib<strong>le</strong>s théoriques(qui de toute façon, ne tiennentpas compte du MCL) ce qui n’estpas très grave, l’obtention du cecompromis entre confort et efficacitéétant primordial.ConclusionIl m’est apparu intéressant derapporter ce cas pour <strong>le</strong>s raisonssuivantes :- De tel<strong>le</strong>s courbes MCL / UCL sontpeu fréquentes.- Ne pas oublier <strong>le</strong>s fondamentaux.- Une (ou plusieurs) erreur(s) sur<strong>le</strong> plan dynamique de l’appareillageest (sont) beaucoup pluspréjudiciab<strong>le</strong>(s) que des erreurssur <strong>le</strong> plan tonal.Ce cas est un demi échec, car <strong>le</strong>srésultats dans <strong>le</strong> bruit, qui n’ontpas été portés ici, sont presqueinsignifiants dans <strong>le</strong>s tests et tota<strong>le</strong>mentinexistants dans la réalitéde Madame L. Les résultats dans<strong>le</strong> calme ne sont éga<strong>le</strong>ment quemoyennement satisfaisants.Au fur et à mesure, l’efficacité del’appareillage progressera.La décision d’appareillage a étéprise par Madame L sur la base desrésultats actuels, et non pas sur unehypothèse incertaine.52 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


Cas clinique 2Une consultation d'acouphène :l'art de savoir rassurer... mais pas trop !Monsieur P. Marc, 44 ans,fonctionnaire territorial, enp<strong>le</strong>ine forme, se présente à laconsultation d'acouphènes.Deux mois auparavant, pendant sesvacances d'été à la mer, il a effectuéun plongeon qui s'est mal passé :dou<strong>le</strong>ur, sensation d'oreil<strong>le</strong> bouchéeà droite, sans vertiges. Depuis cetteépoque, si <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>urs ont disparu,il se plaint encore d'un acouphènede timbre aigu et permanent (légèresensation de résonnance et quelquesdifficultés au téléphone).Il présente quelques antécédentsORL : otites très fréquentes dansl'enfance, avec paracentèses àplusieurs reprises. Il n'a cependantpas été opéré des végétations, ni demise en place d'aérateurs. Il signa<strong>le</strong>des vertiges positionnels 4 ansauparavant, étiquettés Ménière ouvertiges otolithiques par son médecintraitant, sans bilan ORL demandé. Iln'a jamais été exposé à des bruitsvio<strong>le</strong>nts. Il signa<strong>le</strong> une presbyacousiechez sa mère.La gène concernant l'acouphène estminime, il ne l'entend pas dans lajournée dès qu'il y a un fond sonore.Il n'est perçu que dans <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce,mais n'engendre pas d'insomnie.L'acouphène n'est pas pulsati<strong>le</strong>.Monsieur M ne se plaint pas d'hyperacousie.Il ne présente ni vertiges,ni troub<strong>le</strong>s de l'équilibre.Il ne se plaint pas de céphalées, nide cervicalgies, ni de dou<strong>le</strong>urs enregard des articulations temporomandibulaires.Son sommeil est de bonne qualité,bien réparateur. L'acouphène n'apas de retentissement sur ses activitéshabituel<strong>le</strong>s. L'examen cliniquerévè<strong>le</strong> des tympans normaux.L'audiométrie tona<strong>le</strong> met enévidence simp<strong>le</strong>ment un petitscotome sur la fréquence 6000 Hzà droite à -30 dB. Les tympanogrammessont centrés. Les réf<strong>le</strong>xesstapédiens n'ont pas été étudiés.L'audiométrie voca<strong>le</strong> est sensib<strong>le</strong>mentnorma<strong>le</strong> avec des seuil d'intelligibilitéaux environs de 15 dB pourchaque oreil<strong>le</strong> et 100 % d'intelligibilitéà 30 dB.L'acouphènométrie met en évidenceun acouphène centrée sur lafréquence 4000Hz, évalué 2dB décibelsau-dessus du seuil.Au total la présentation clinique estrassurante, l'hypothèse d'un petitbarotraumatisme de l'oreil<strong>le</strong> droiteest retenue.Vient <strong>le</strong> temps d'explications concernantla physiologie de l'audition,physiopathologie des acouphènes,des probab<strong>le</strong>s petits dégâts cellulairesliés au traumatisme et <strong>le</strong>sphénomènes d'habituation progressive.Le patient est rassuré. Onlui prescrit un traitement de typeGinkgo Biloba pendant 1 mois,quelques conseils de protection desoreil<strong>le</strong>s vis-à-vis des bruits vio<strong>le</strong>ntset d'éviter pendant cette période laplongée. Il est recommandé éga<strong>le</strong>mentun contrô<strong>le</strong> audiométrique etclinique dans une année.Deux années et demie plus tard <strong>le</strong>patient consulte à nouveau. « Vousrevenez pour vos acouphènes ? »« Non, non je n'entends plus mesacouphènes mais je n'entends plusnon plus de cette oreil<strong>le</strong> droite ».L'examen clinique confirme untympan toujours aussi normal maisune cophose droite confirmée parl'examen audiométrique tonal etvocal avec masking. Le patient n'apas présenté de vertiges.Des explorations complémentairesprescrites dans l'hypothèse soitd'une éventuel<strong>le</strong> fistu<strong>le</strong> périlymphatique(peu probab<strong>le</strong> compte tenude l'absence de vertige), soit cel<strong>le</strong>d'une pathologie rétrocochléaire.Le patient réalise une I.R.M. qui meten évidence un schwannome vestibulairede grade IV pour <strong>le</strong>quel ilsera opéré par la suite par voie translabyrinthique.Cette observation illustre <strong>le</strong> caractèresubtil de la consultation pour<strong>le</strong>s patients acouphéniques : d'unepart il y a nécessité de dédramatiserla situation afin de laisser<strong>le</strong>s phénomènes d'habituations'instal<strong>le</strong>r progressivement maiséga<strong>le</strong>ment la difficulté de maintenirune certaine vigilance surl'évolution et de reconsulter éventuel<strong>le</strong>menten cas de modificationde la symptomatologie : aggravationdes acouphènes, apparitiond'une surdité plus importante ou devertige. Ces simp<strong>le</strong>s recommandationspeuvent inquiéter <strong>le</strong> patient etal<strong>le</strong>r à l'encontre du but recherché.Ce cas clinique pose aussi la questiondes examens complémentairesdans <strong>le</strong>s acouphènes unilatérauxavec ou sans surdité. La craintetoujours présente à notre esprit estla possibilité d'un neurinome del'acoustique ; Il apparaît toujoursopportun de vérifier son absence.Les PEA sont moins utilisés comptetenu de la sensibilité auditive despatients et de <strong>le</strong>ur fiabilité moindre.L'IRM est l'examen de choix. El<strong>le</strong> ad'ail<strong>le</strong>urs souvent un effet bénéfiquepour <strong>le</strong>s patients : la vue d'une I.R.M.encéphalique norma<strong>le</strong> a éga<strong>le</strong>mentun caractère rassurant ( « il n'y a pasde tumeur, ni d'anevrisme ail<strong>le</strong>urs,<strong>le</strong> cerveau est normal... »). Bienévidemment on prendra <strong>le</strong> soin d'informer<strong>le</strong>s patients sur <strong>le</strong> dérou<strong>le</strong>mentde l'examen chez <strong>le</strong>s patientsparticulièrement claustrophobes oustressés qui présentent une sensibilitéauditive (<strong>le</strong> port de protectionsantibruit est recommandé).En conclusion, on insistera surla nécessité d'un examen ORLapprofondi avant d'envisager laprise en charge thérapeutique del'acouphène.Dr VincentLocheMédecin ORL7 rue Chanzy62000 ARRASLes Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>53


INTERVIEWRéaction symptomatiqued’une profession dynamiquequi reste attentive à sondestin et manifestementen dehors des instancesofficiel<strong>le</strong>s, voire avec unecertaine méfiance vis-à-visde ceux qui sont sensés <strong>le</strong>sreprésenter.Comment analyses-tu cephénomène ?Quels messages aimerais-tu<strong>le</strong>ur communiquer ?Comment canaliser cetteénergie pour lui permettrede devenir positive ?La position de l’UNSAF sur ces questions aété rendue publique dans un communiquéde presse du 29 juin <strong>2012</strong> auquel je vousinvite à vous reporter.Quels risques vois-tudans <strong>le</strong>s OCAM ?Qui a signé avec el<strong>le</strong>s ?Comment expliques-tu qu'untiers de la profession aitdéjà signé avec el<strong>le</strong>s ?Est-ce pour essayer decapter une clientè<strong>le</strong>inespérée ou cela témoignet'ilde la difficulté decertains de survivre surun marché qui n’est pasextensib<strong>le</strong> à l’infini ?C’est un sujet qui me tient particulièrementà cœur et dont j’étais chargé au sein del’UNSAF avant d’être président. Je penseque tous <strong>le</strong>s audioprothésistes qui se sontengagés suivent un calcul à courte vue. I<strong>le</strong>st à mon sens paradoxal d’accepter <strong>le</strong>principe des prix limites imposés par unréseau d’assureur alors que nous avonstoujours manifesté auprès de la sécuritésocia<strong>le</strong> notre opposition à un tel système.De plus, je ne suis pas certain que cetteadhésion aux réseaux des OCAM soit génératricede l’apport d’un flux nouveau depatients significatif.La tab<strong>le</strong> ronde du congrès <strong>2012</strong> organiséepar l’UNSAF autour de ce sujet d’actualitéimportant a été, au vu de tous, jugée particulièrementintéressante et novatrice avecpour la première fois un débat en directentre <strong>le</strong>s représentants des réseaux, despartis politiques et des audioprothésistes.Son compte rendu a été publié dans <strong>le</strong>sactes du congrès et peut être consulté surnotre site internet (www.unsaf.org) sous<strong>le</strong> titre « Une tab<strong>le</strong> ronde professionnel<strong>le</strong>historique ».Inversement, depuisplusieurs années, <strong>le</strong>s audioprothésistesvoient arriver denouveaux acteurs qui veu<strong>le</strong>nttout changer car ils sont persuadésque <strong>le</strong>ur modè<strong>le</strong> est<strong>le</strong> bon : grande distribution,majors d’optiques, etc.Dans ces modè<strong>le</strong>séconomiques, <strong>le</strong> patient estsouvent la donnée absente.La profession ne doit-el<strong>le</strong>pas s’organiser pour empêcherun exercice contraire àune prise en charge satisfaisantedu patient sourd ?Ne faut-il pas créer un ordreprofessionnel ?Les derniers ordres professionnels quiont été créés ont été extrêmement comp<strong>le</strong>xesà mettre en place, au point que <strong>le</strong>urpérennité pour certains est actuel<strong>le</strong>mentremise en cause.56 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


INTERVIEW


Veil<strong>le</strong> acouphèneLe modè<strong>le</strong> neurophysiologiquede JastreboffPhilippe LURQUINAudioprothésiste,chargé de cours,1000, Bruxel<strong>le</strong>sphilippelurquin@yahoo.frMaud REALLogopède,chargée de cours,1000, Bruxel<strong>le</strong>smaudreal@hotmail.frIntroductionEntamer une rubrique ou une veil<strong>le</strong>consacrée aux acouphènes par descommentaires ultraspécialisés nousa semblé illusoire, sans <strong>le</strong> passageen revue d’une série de prérequis,sans la reprise des fondamentaux,sans l’explication du mode opératoiredont peut se prévaloir chaqueaudioprothésiste, sans <strong>le</strong> rappel desconnaissances essentiel<strong>le</strong>s mises àjour par <strong>le</strong>s chercheurs à la pointede la nouveauté ni même sansl’élimination des idées anciennestoujours véhiculées par certains.Le premier vo<strong>le</strong>t de cette veil<strong>le</strong>acouphène sera donc l’explicationdu modè<strong>le</strong> de Jastreboff, père dela méthode TRT (Tinnitus RetrainingTherapy). Derrière ce termeanglo-saxon, il faut bien rappe<strong>le</strong>rque sa traduction bien maladroiteen « Thérapie acoustique d’habituation» ne nous satisfait guère.En effet la connotation négative duterme habituation évoque invariab<strong>le</strong>mentla résignation, l’abandonde la lutte, la position de faib<strong>le</strong>ssedu patient face au grand vainqueur(l’acouphène). Pensez seu<strong>le</strong>ment àprononcer <strong>le</strong> mot à l’anglaise et làune connotation nouvel<strong>le</strong> vous vientà l’esprit cel<strong>le</strong> d’un mécanismescientifique, d’une fonction neurologique,de physiologie humaine bienconnue.C’est la raison pour laquel<strong>le</strong> jepar<strong>le</strong>rai plus volontiers de thérapieacoustique de l’acouphène carnous ne nous limiterons pas intentionnel<strong>le</strong>mentà la T.R.T. mais nousinclurons <strong>le</strong>s méthodes validéespour autant qu’el<strong>le</strong>s soient accessib<strong>le</strong>sà l’audioprothésiste (utilisationde musiques ou de fracta<strong>le</strong>s parexemp<strong>le</strong>).RappelHistoriquement avant l’apparition etla clarification opérée par Jastreboff,il y a eu une préhistoire...et dans cel<strong>le</strong>-ci ont circulé unevariété d’idées fausses mais ausside tentatives plus ou moins réussiesde solutionner <strong>le</strong> problème del’acouphénique. Du côté des audioprothésistesil y eût bien sûr l’appareillagetraditionnel sans l’obligationde considération des mécanismescentraux et surtout sans soutienémotionnel ni séances de conseilsdirigés. Certains ont cependant avecbon sens et compréhension fourniun certain nombre d’informationsrassurantes. Ils avaient alors obtenuquelques succès...Il y eût aussi la technique dumasquage de l’acouphène suivantl’idée limpide mais simpliste que « si<strong>le</strong> patient est dérangé par <strong>le</strong> bruitdans son oreil<strong>le</strong>, l’audioprothésistepeut solutionner <strong>le</strong> problème enexpédiant dans l’oreil<strong>le</strong> acouphéniqueun son de fréquence plusou moins similaire pour masquer<strong>le</strong> son irritant ». Le bruit (bruit debande étroite) doit être diffusé à uneintensité suffisante pour masquerl’acouphène : soit un niveau égalà la perte auditive sur la fréquencede l’acouphène plus une vingtainede décibels pour atteindre <strong>le</strong> deltad’assourdissement et masquer unacouphène qui se présente invariab<strong>le</strong>mentcinq à dix décibelsau-dessus du seuil. L’idée estévidemment très bonne mais seheurte à trois écueils :• si un patient ne supporte passon acouphène : comment peut-ilsupporter un autre son qui lui seraitsupérieur de 10 à 15 décibels ?• la dynamique auditive sur desoreil<strong>le</strong>s acouphéniques peut êtretrès pincée soit en raison du recrutement(mécanisme périphérique)soit en raison d’hyperacousie(mécanisme central) fréquemmentassociée à l’acouphène. (cetteassociation est si fréquente, 40à 50 % des cas que nous reviendronssur ce diagnostic différentie<strong>le</strong>t sur cette pathologie méconnuedans une prochaine veil<strong>le</strong>).• Au retrait de l’appareil aprèsdisparition de l’inhibition résiduel<strong>le</strong>l’acouphène, <strong>le</strong> siff<strong>le</strong>ment maudit,<strong>le</strong> chuintement insupportab<strong>le</strong>, <strong>le</strong>tintement abhorré revient. « Onne soigne pas une arachnophobieen supprimant <strong>le</strong>s araignéesautour de soi ». Imaginez doncune thérapie basée uniquementsur l’éviction tout en sachant quecel<strong>le</strong>-ci ne peut être constante etque <strong>le</strong> stimulus masqué revientimmanquab<strong>le</strong>ment notamment aumoment de se mettre au lit !Jastreboff a eu un immense méritecelui de rappe<strong>le</strong>r que <strong>le</strong> problème del’acouphénique n’est pas seu<strong>le</strong>mentun problème auditif. Au travers deson modè<strong>le</strong> qui reprend <strong>le</strong>s structurescortica<strong>le</strong>s hautes responsab<strong>le</strong>sde la perception et de l'évaluation,mais aussi <strong>le</strong>s structurescortica<strong>le</strong>s basses (mésencépha<strong>le</strong>,diencépha<strong>le</strong>) responsab<strong>le</strong>s desassociations émotionnel<strong>le</strong>s et dela peur (système limbique) ou desmécanismes de détection (filtressous-corticaux) responsab<strong>le</strong>s de lamise en état d’a<strong>le</strong>rte par détectionde contrastes auditifs (Figure 1).Deux bouc<strong>le</strong>sLe modè<strong>le</strong> contient deux bouc<strong>le</strong>sappelées bouc<strong>le</strong> basse et bouc<strong>le</strong>haute.La bouc<strong>le</strong> basse est un mécanismeinconscient, reprenant la source (<strong>le</strong>mécanisme de détection) <strong>le</strong>s associationsémotionnel<strong>le</strong>s et la gêne.Les structures neurologiques impliquéessont donc successivement sil’on en croit <strong>le</strong>s dernières découvertesen matière de neurophysiologie: <strong>le</strong> noyau cochléaire, <strong>le</strong>s filtressous-corticaux situés au niveaudu mésencépha<strong>le</strong> puis <strong>le</strong> systèmelimbique situé au niveau du cerveauarchaïque et plus précisémentpéri-thalamique puis l’activation dusystème nerveux autonome...58 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


VEILLE ACOUPHÈNES


VEILLE ACOUPHÈNESLes flèches sont bilatéra<strong>le</strong>s ce qui expliquequ’un mécanisme inverse va cohabiter etque <strong>le</strong>s conséquences peuvent devenirmécanisme de renforcement. En voiciquelques exemp<strong>le</strong>s : l’activation dusystème nerveux autonome peut êtreperçue par l’individu (l’augmentation durythme cardiaque, par exemp<strong>le</strong>). Cettesensation peut exacerber en retour lapeur puis la détection. L’individu devientà l’écoute de la moindre réaction neurovégétativeconséquente à ses angoisses.Ce mécanisme est connu en psychologiesous l’appellation « peur de la peur ».De même la pensée (évaluation) peutactiver <strong>le</strong>s sentiments négatifs (systèmelimbique) liés à la perception mais <strong>le</strong>système limbique et <strong>le</strong>s sentiments négatifspeuvent aussi embal<strong>le</strong>r la pensée.Enfin, de l’autre côté du modè<strong>le</strong>,l’acouphène va générer une détection.Cependant, n’oublions pas que <strong>le</strong>s filtressous corticaux lorsqu’ils fonctionnent(c’est-à-dire lorsque la détection n’estpas associée à une idée négative) peuventlimiter la perception de l’acouphènepar un mécanisme inhibiteur. Parmi <strong>le</strong>smécanismes inhibiteurs, nous citeronsune possib<strong>le</strong> activité du faisceau olivocochléairemédian (<strong>le</strong> célèbre effet Col<strong>le</strong>t)ou un mécanisme de ségrégation dessources qui permettra l’attention partagéeplutôt que soutenue et donc un impactfonctionnel moindre pour l’acouphénique.Parlons un peu d’une flèche... inexistantemais pourtant bien présente dans l’espritde certains professionnels : cel<strong>le</strong> qui lieraitla source et la diminution de la gêne. Cen’est, en effet, pas parce que l’on soignela source qu’automatiquement la gênediminue. Il faut pour cela une désactivationdu mécanisme de détection decontraste qui peut être obtenue par l’administrationd’un bruit blanc (Figure 2) ;de plus il faut travail<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s idées fausseslors d’entretiens avec <strong>le</strong> patient. A cecis’ajoute l’inhibition de la gêne, de latension, de l’énervement par la relaxation(la sophrologie, l’hypnose, par exemp<strong>le</strong>,donnent de bons résultats). Chacun l’auracompris l’approche pluridisciplinaire estun plus incontestab<strong>le</strong> (Figure 1).Le modè<strong>le</strong> est dit neurophysiologique(notre titre...). Ce qui signifie que cemécanisme est inscrit dans nos gêneset se retrouve chez chaque être humain.Il permet à chaque audioprothésiste des’y retrouver et de trouver la réponseau problème d’un patient sans tomberdans la facilité qui consiste à dire que <strong>le</strong>problème est « psychologique » ce quiimplique traditionnel<strong>le</strong>ment un sousentendupsychopathologique !Pour Jastreboff <strong>le</strong> problème est neurophysiologique,il est l’effet normal d’uncerveau normal et d’une pensée, audépart au moins, norma<strong>le</strong>.Le travailde l’audioprothésisteNotre fonction au regard de ce modè<strong>le</strong>sera multip<strong>le</strong>. Il faut ici rappe<strong>le</strong>r que denombreuses personnes ne se plaignentpas ou peu de <strong>le</strong>ur acouphène. Il existe unedistinction essentiel<strong>le</strong> à établir. Au regarddu modè<strong>le</strong> de Jastreboff la différencetient d’abord au tri opéré par <strong>le</strong> systèmelimbique du patient : l’acouphène est-ilvécu négativement ou comme neutre ?Notre cerveau sensoriel possède, eneffet, la faculté de « filtrer » ou de ne pasfaire accéder à la conscience <strong>le</strong>s stimulirépondant à trois conditions : ceux-cidoivent être connus, continus et neutres.Si l’acouphène répond <strong>le</strong> plus souvent auxdeux premières conditions, <strong>le</strong> problèmede l’acouphénique est <strong>le</strong> plus souvent quel’acouphène est connoté négativement.Il va donc falloir modifier <strong>le</strong> stimulus, cecipeut être fait en remplaçant l’acouphènepar un son d’une autre fréquence. Plus de90 % des acouphènes non pulsati<strong>le</strong>s sontcontenus dans la bande 4000-8000 Hz.Le remplacement par un bruit blanc demême intensité permet un nouveau tri,une connotation neutre, une remise enfonction des filtres sous-corticaux etune solution du problème non pas par lasuppression mais par l’oubli ou plus exactementla sortie du champ de consciencede l’acouphène. Ainsi, <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de l’audioprothésiste« vise à » faire passer <strong>le</strong> patientdu groupe des acouphéniques (très) plaintifsà celui des acouphéniques peu ounon-plaintifs. L’acouphène ne disparaîtpas mais <strong>le</strong> nombre d’heures par jour où i<strong>le</strong>st irritant est nettement diminué.Figure 2L’autre rô<strong>le</strong> que nous devons jouer est derestaurer des idées vraies dans l’esprit dupatient. Nous avons vu au travers de cemodè<strong>le</strong> <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> des idées fausses, notreobjectif sera d’expliquer la « neurophysiologie» de l’audition et la normalitédu mécanisme. C’est cette tâche qui estréputée chronophage, el<strong>le</strong> n’en demeurepas moins essentiel<strong>le</strong> dans une prise encharge de qualité. Nous en repar<strong>le</strong>ronsprochainement.60 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


Veil<strong>le</strong> TechniqueLes innovations des industrielsOticonPertes auditivessévères-profondes :nos connaissances -notre approcheRavi Sockalingam, PhD Aud(C), SeniorAudiologist, Oticon A/S, Smørum, DenmarkPeter Lundh, MSc Senior Audiologist,Oticon A/S, Smørum, DenmarkDonald Schum, PhD, Vice President,Audiology and Professional Relations,Oticon Inc., Somerset, NJ, USAOn estime qu'environ 11% despersonnes ma<strong>le</strong>ntendantes ont uneperte auditive sévère à profonde 1 .Parce que ce pourcentage estmoins important que <strong>le</strong> pourcentagede personnes avec pertes auditiveslégères à moyennes, il y a unmanque général de compréhensionde <strong>le</strong>urs caractéristiques particulièreset des solutions de réhabilitationaudiologique. Avec l'utilisationcroissante des implants cochléaires,on assiste à une diminution del'attention portée au réglage del'amplification acoustique pour cespatients. Cependant, puisque tous<strong>le</strong>s patients de ce groupe ne sont pasimplantés et que l'utilisation d'aideauditive controlatéra<strong>le</strong> augmente,il est important pour <strong>le</strong> cliniciend'être au courant des évolutions desapproches prothétiques relatives àce groupe de patients.Cet artic<strong>le</strong> tente de donner un aperçude la nature des pertes auditives deperception sévères à profondes, descaractéristiques particulières despatients concernés et des approchesde traitement du signal qui peuventêtre utilisées pour <strong>le</strong>s traiter efficacement.La surdité de perception est associéeà une perception altérée du volumeet une réduction de la plage dynamique,c'est-à-dire une réduction del’écart entre <strong>le</strong> seuil d'audition et <strong>le</strong>seuil d'inconfort (UCL). En d'autrestermes, l'UCL n'augmente pas dans<strong>le</strong>s mêmes proportions que <strong>le</strong> seuild'audition (Figure 1).Pour <strong>le</strong>s personnes atteintes depertes auditives sévères à profondes,cette dynamique peut se réduireà 30 dB, voire moins. Et, en raisonde cette dynamique réduite, fournirune amplification au-dessus du seuild'audition sans dépasser l'UCL peutdevenir très compliqué.Obtenir de l'audibilité sur une largebande de fréquence est nécessairepour optimiser la perception de laparo<strong>le</strong>. Et fournir autant d'informationsauditives que possib<strong>le</strong>afin d'obtenir un score maximald'intelligibilité est d'une importancecrucia<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s personnesatteintes de pertes auditives sévèresà profondes. Toutefois, une simp<strong>le</strong>amplification de la paro<strong>le</strong> à desniveaux supraliminaires n'amènepas forcément à une meil<strong>le</strong>ureperception de la paro<strong>le</strong> du fait desdifficultés que ces personnes ont àtraiter cette paro<strong>le</strong> supraliminaire.En fait, l'intelligibilité peut mêmedécroître avec l'amplification 2 .Il existe deux raisons à cela. Premièrement,à haut niveau de sortie,une plus large partie de la cochléeest stimulée et de ce fait la précisiondu décodage de la paro<strong>le</strong>diminue 3 . C'est pour cela qu'unniveau de sensation plus faib<strong>le</strong> estpréconisé pour <strong>le</strong>s niveaux é<strong>le</strong>véspar <strong>le</strong>s méthodologies DSL [i/o] etNAL-NAL1.Deuxièmement, toute perte auditiveentraîne une perte de résolutionauditive. A la fois <strong>le</strong>s résolutionstemporel<strong>le</strong> et fréquentiel<strong>le</strong> peuventêtre affectées. De la perte de résolutionfréquentiel<strong>le</strong> ou de sé<strong>le</strong>ctivitédécou<strong>le</strong> un élargissement desfiltres auditifs qui permet au bruit demasquer plus faci<strong>le</strong>ment la paro<strong>le</strong>.Cet élargissement, une limitationinhérente au système auditif, estparticulièrement prononcé chez <strong>le</strong>spersonnes atteintes de pertes auditivessévères à profondes 4 . Ceciexplique pourquoi ces personneséprouvent des difficultés importantesde perception de la paro<strong>le</strong>dans <strong>le</strong> bruit.La résolution temporel<strong>le</strong> est souventréduite par la perte auditive ce quisignifie que la capacité à coderavec exactitude la chronologie desévénements auditifs est perturbée.Ce phénomène est marqué parune moins bonne performancepar rapport aux personnes normoentendantessur <strong>le</strong>s tâches tempo-Caractéristiquesdes pertes sévèresà profondesFigure 1 : Seuils d'inconfort et de confort pour <strong>le</strong>s personnes atteintes de pertesneurosensoriel<strong>le</strong>s (moyenne sur <strong>le</strong>s fréquences 500, 1k, 2k et 4 kHz). Adoptéà parttr de : Dillon (2001), Hearing Aids, Page 236, Figure 9.1, BoomerangPress, Australie.62 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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VEILLE TECHNIQUEappareil Super Power Oticon Chili - estconçu pour faire exactement cela. Il traite<strong>le</strong> signal d'une manière presque linéairetant que <strong>le</strong> niveau du signal d'entréereste stab<strong>le</strong>. Lorsque <strong>le</strong> niveau du signald'entrée change de façon spectaculaire,il comprime <strong>le</strong> signal. Pour <strong>le</strong>s sons fortssoudains l'attaque et <strong>le</strong> retour très rapidesaident à garder <strong>le</strong> signal en dessous del'UCL. De cette façon, <strong>le</strong> signal de sortieest toujours dans la plage dynamique(donc audib<strong>le</strong>), confortab<strong>le</strong> et avec unedistorsion minima<strong>le</strong>. Speech Guard traitela paro<strong>le</strong> de manière linéaire <strong>le</strong> pluslongtemps possib<strong>le</strong> et la comprime rapidementquand il <strong>le</strong> doit, combinant ainsi<strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur des deux systèmes (linéaire etnon linéaire) en évitant <strong>le</strong>urs pièges 11 . Lamanière de fonctionner de Speech Guarda été largement décrite par ail<strong>le</strong>urs 12 etserait au-delà du champ d'application decet artic<strong>le</strong>. Il a éga<strong>le</strong>ment été clairementdémontré que Speech Guard améliorel'intelligibilité de la paro<strong>le</strong> et réduit l'effortd'écoute dans <strong>le</strong> bruit 13 pour <strong>le</strong>spersonnes ayant des pertes auditiveslégères à modérées.Prescrire <strong>le</strong> juste gain est la fonction clé detout système d’amplification. La méthodologiedoit travail<strong>le</strong>r de concert avec <strong>le</strong>système de compression pour produireun signal de sortie clair, audib<strong>le</strong> et confortab<strong>le</strong>pour une perte auditive donnée. Lastratégie d'amplification est généra<strong>le</strong>mentbasée sur <strong>le</strong> principe de la compensationde la sensation sonore. Pour <strong>le</strong>spertes auditives sévères à profondes, i<strong>le</strong>st souvent nécessaire de modifier cettecompensation pour sauvegarder l’enveloppetemporel<strong>le</strong> de la paro<strong>le</strong> amplifiée.Les études de modélisation de la sensationsonore réalisées au centre de recherched'Eriksholm ont fourni la base pour unecompensation sonore destinée aux pertesauditives sévères à profondes 14 . Toutes<strong>le</strong>s cib<strong>le</strong>s de gain pour <strong>le</strong>s pertes auditivessévères à profondes doivent prendre encompte <strong>le</strong> risque de Larsen car <strong>le</strong>s aidesauditives prévues pour ces pertes sontgénéra<strong>le</strong>ment utilisées avec de très fortsniveaux de sortie. Dans cette perspective,une formu<strong>le</strong> prescriptive appelée DynamicSpeech Enhancement - Super Power(DSEsp) a été développée par Oticon dans<strong>le</strong> but de déterminer <strong>le</strong> niveau de sensationsuffisant pour la paro<strong>le</strong> sans atteindrela limite de Larsen tout en assurant unemodification raisonnab<strong>le</strong> de l'enveloppetemporel<strong>le</strong> du signal de paro<strong>le</strong> amplifié.Larsen AcoustiqueLe Larsen est généra<strong>le</strong>ment contrôlé parune réduction de gain dans <strong>le</strong>s canaux defréquence où <strong>le</strong> risque est é<strong>le</strong>vé. Toutefois,il en résulte une réduction de gain indésirab<strong>le</strong>pour l'audibilité de la paro<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>sfréquences où <strong>le</strong> Larsen apparaît. DSEspminimise cette baisse du signal de paro<strong>le</strong>en déplaçant <strong>le</strong> seuil de compression ou<strong>le</strong> TK à un niveau supérieur permettantà la paro<strong>le</strong> d'être traitée sans réductionsupplémentaire de gain. Par suite, <strong>le</strong> gainpour <strong>le</strong>s sons faib<strong>le</strong>s tels que par exemp<strong>le</strong><strong>le</strong> bruit de climatisation ou de ventilationest réduit. Ce sont des bruits importunsqui masquent <strong>le</strong> signal de paro<strong>le</strong> cib<strong>le</strong>.La réduction du gain pour <strong>le</strong>s sons faib<strong>le</strong>saide éga<strong>le</strong>ment à atteindre un autreobjectif important de l'amplification : lapréservation de la dynamique de la paro<strong>le</strong>et donc la qualité de la paro<strong>le</strong> en permettantun traitement plus linéaire du signa<strong>le</strong>n particulier sur <strong>le</strong> spectre de la paro<strong>le</strong>(Figure 2).DirectivitéUne autre considération importante dansla gestion des pertes auditives sévères àprofondes est l'utilisation de microphonesdirectionnels pour améliorer l'intelligibilitédans <strong>le</strong> bruit. Une amélioration importantede 9 dB du rapport signal/bruit a étémesurée pour ce groupe de patients 15 .Lorsque la directivité est activée, <strong>le</strong>ssons provenant des côtés et de l'arrièresont atténués afin que l'auditeur soit enmesure de se concentrer et de suivre laparo<strong>le</strong> venant de face. Un effet secondairede la directivité traditionnel<strong>le</strong> est laperte de certaines informations de bassefréquence. Cela peut poser un problèmesérieux à l'utilisateur s’il a son auditionrésiduel<strong>le</strong> principa<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s bassesfréquences. Les personnes atteintes depertes auditives sévères à profondes ontune longue expérience avec <strong>le</strong>s appareilsauditifs et peuvent réagir négativementaux effets de la directivité : réduction del'audibilité des sons de basse fréquenceainsi que de ceux émanant des côtés etde l’arrière. Ces personnes peuvent avoirfondé <strong>le</strong>ur audition sur ces fréquences.Une solution pour contrer <strong>le</strong>s effets del'atténuation des basses fréquences estd'utiliser un système de directivité tel quecelui qui équipe <strong>le</strong>s appareils Oticon : ladirectivité haute fréquence. Avec un telsystème de directivité partagée, l'aideauditive reste en mode omnidirectionnelsur <strong>le</strong>s basses fréquences et en modedirectionnel sur <strong>le</strong>s hautes fréquences.RésuméLes personnes atteintes de perte auditivesévère à profonde représentent un groupedistinct de personnes ayant des besoinsparticuliers. De nombreux élémentsimportants sont à prendre en considérationdans la compensation des pertesauditives sévères à profondes : stratégied'amplification, Larsen et directivité.Figure 2 : Fonction Entrée/Sortie illustrant la gestion du Larsen avec un système sansDSEsp (gauche) et avec DSEsp (droite)La technologie numérique de traitementdu signal, si el<strong>le</strong> est appliquée judicieusementet soigneusement peut offrir denombreux avantages en termes d'audibilité,de compréhension de la paro<strong>le</strong> et deconfort.64 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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VEILLE TECHNIQUEPhonakF<strong>le</strong>xVolume, F<strong>le</strong>xControlIndividualisationdes performancesautomatiquesIntroductionLe réglage du gain d’une aide auditivepar son utilisateur est la possibilité la plusancienne et la plus connue pour adapterl’appareil à ses besoins individuels danschaque situation auditive (Cox et A<strong>le</strong>xander,1991). L’amplification des premièresaides auditives était ajustée à l’aide d’unpotentiomètre analogique rotatif. Il a étéremplacé plus tard par des organes decommande programmab<strong>le</strong>s. De nouvel<strong>le</strong>ssolutions se sont développées au coursdu temps pour permettre à l’utilisateurd’avoir une influence interactive sur <strong>le</strong>gain de son appareil. La synchronisationbinaura<strong>le</strong> des réglages faits par l’utilisateuret <strong>le</strong>s algorithmes autodidactes, entreautres, font partie de ces systèmes. Toutes<strong>le</strong>s solutions avaient cependant un pointcommun: <strong>le</strong> réglage du gain était globa<strong>le</strong>t ne tenait pas compte des besoins del’utilisateur qui pouvaient évoluer. Lesnouvel<strong>le</strong>s aides auditives de la GénérationSpice+ de Phonak proposent F<strong>le</strong>xVolumeet F<strong>le</strong>xControl. F<strong>le</strong>xVolume permet d’avoirun contrô<strong>le</strong> de gain adapté sur <strong>le</strong>s différentesfréquences. Avec F<strong>le</strong>xControl,Phonak a développé une toute nouvel<strong>le</strong>méthode composite qui applique nonseu<strong>le</strong>ment un réglage de volume sé<strong>le</strong>ctifen fréquence, ajusté selon l’importancede la perte auditive, mais incorpore aussid’autres fonctions d’épuration du son pouroptimiser l’audition.Que cherchons-nousen augmentant oudiminuant <strong>le</strong> volume ?clairement en augmentant <strong>le</strong> volume oud’avoir moins de gêne en <strong>le</strong> diminuant.Un ma<strong>le</strong>ntendant a ses propres préférencesquant aux sons et au volumesonore et ces préférences peuvent variersignificativement d’un sujet à l’autre.C’est là que <strong>le</strong>s compétences uniques del’audioprothésiste sont particulièrementprécieuses pour ajuster l’appareil afin derépondre aux besoins et aux préférencesspécifiques de l’utilisateur. Un utilisateurdoit cependant pouvoir ajuster lui-mêmeson aide auditive car il n’est simp<strong>le</strong>mentpas possib<strong>le</strong> dans une cabine d’appareillagede la rég<strong>le</strong>r de tel<strong>le</strong> sorte qu’el<strong>le</strong>fonctionne de façon optima<strong>le</strong> en toutescirconstances. On n’atteint généra<strong>le</strong>mentpas une audition optima<strong>le</strong> dans une situationspécifique en changeant seu<strong>le</strong>ment<strong>le</strong> volume sonore, mais en ajustant <strong>le</strong>sréglages du programme adapté à cettesituation. C’est pourquoi il est nécessaired’avoir un nouvel outil fonctionnanten coulisses, dont l’algorithme permetà l’utilisateur d’ajuster d’une façon plusspécifique ses préférences auditives àchaque situation d’écoute. Deux systèmesde personnalisation du contrô<strong>le</strong> de volumesont disponib<strong>le</strong>s sur la plateforme Spice+.Du réglage de gain classique àF<strong>le</strong>xVolumeLa première étape de personnalisation desajustements utilisateurs est de pouvoirintégrer un système de réglage du volumeadapté à la configuration individuel<strong>le</strong> de laperte auditive du patient. C’est la fonctionF<strong>le</strong>xVolume (Figure 1).Les niveaux de modification de gain canalpar canal sont déterminés par la perteauditive ainsi que <strong>le</strong> couplage acoustiquedu patient.F<strong>le</strong>xVolume modifie la gestion du gainafin que <strong>le</strong>s canaux importants pour lacompréhension du patient soient plusaugmentés que <strong>le</strong>s autres et que ceux quigênent <strong>le</strong> patient dans <strong>le</strong> bruit soient diminuéspour <strong>le</strong> confort.F<strong>le</strong>xControl : <strong>le</strong>s bases sontposées par la nouvel<strong>le</strong> pucenumérique SPICE+Phonak est la première société à développerun algorithme qui réponde auxcritères d’ajustements de volume parl’utilisateur de façon plus spécifique à sespréférences auditives, en exploitant <strong>le</strong>spossibilités de la plateforme Spice+.L’objectif du processus de développementétait de concevoir une fonction de contrô<strong>le</strong>qui puisse être utilisée par l’utilisateur del’aide auditive et qui puisse aussi :• Permettre à l’utilisateur d’ajuster sonaide auditive, selon ses préférencesuniques, dans chaque situation.• Permettre au système auditif de retenirces ajustements, afin de pouvoir mieuxprédire <strong>le</strong>s souhaits de l’utilisateur et luifaciliter l’utilisation de ses appareils àl’avenir.• Améliorer l’efficacité et la qualité duprocessus prothétique en enregistrant<strong>le</strong>s données provenant de ce contrô<strong>le</strong>.En termes techniques, F<strong>le</strong>xControlcomprend deux fonctions de base. Lapremière est un contrô<strong>le</strong> de volume intelligentqui prend en compte la configurationde la perte auditive, la courbe de réponseet <strong>le</strong>s gains souhaités, c’est F<strong>le</strong>xVolume.La seconde intègre <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> des fonctionsSoundC<strong>le</strong>aning de la plateformeSpice+, y compris l’antibruit du vent,l’antibruit et l’anti-réverbération. Alors queQuand un utilisateur augmente oudiminue <strong>le</strong> volume sonore de ses aidesauditives, veut-il vraiment avoir un appareilplus ou moins fort? Probab<strong>le</strong>mentpas! Les systèmes automatiques actuel<strong>le</strong>mentdisponib<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s aides auditivesnumériques modernes <strong>le</strong>ur permettentde fonctionner avec <strong>le</strong> volume sonorerequis dans chaque situation. Quand unutilisateur ajuste lui-même ses appareils,il essaie généra<strong>le</strong>ment d’entendre plusFigure 1 : Comparaison du contrô<strong>le</strong> de volume standard (à gauche) avec F<strong>le</strong>xVolume (àdroite) sur la bande passante d’une aide auditive.68 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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VEILLE TECHNIQUESiemensLes intra-auriculairesMotion TM de Siemensdésormais équipés dela technologie XCELCIC Motion TM XCELEfficacité et discrétionLes nouveaux intra-auriculaires MotionXCEL sont disponib<strong>le</strong>s en différentestail<strong>le</strong>s (CIC, CT et ITE) et 4 niveaux deperformance (701 : 16 canaux / 501 : 12canaux / 301 : 8 canaux / 101 : 6 canaux)pour assurer la correction des pertes auditiveslégères à sévères.Ils sont équipés de programmes établisen fonction des environnements sonoresrencontrés par <strong>le</strong> patient et qui s’ajustentautomatiquement en fonction des situations.Ainsi, même en environnementsonore comp<strong>le</strong>xe, aucun ajustementmanuel de programme ou de volumen’est nécessaire, ce qui assure un confortd’écoute permanent.Grâce à <strong>le</strong>ur petite tail<strong>le</strong> et à <strong>le</strong>ur conceptionergonomique, ils se placent confortab<strong>le</strong>mentdans <strong>le</strong> conduit auditif pourdevenir très discrets. Cette discrétion estéga<strong>le</strong>ment assurée par <strong>le</strong> large choix decoloris proposés par Siemens : <strong>le</strong>s intraauriculairesMotion XCEL se déclinentainsi en 5 cou<strong>le</strong>urs, du beige au brun, pours’adapter parfaitement à toutes <strong>le</strong>s teintesde peau et de cheveux.• XCEL-Amp, un nouveau mode decompression qui allie qualité sonore etaudibilité : deux seuils d’enc<strong>le</strong>nchementAGC-I, constantes de temps longuestype CVA (Contrô<strong>le</strong> de Volume Automatique)et couplage asymétrique descanaux de compression.• XCEL-Fit, la nouvel<strong>le</strong> formu<strong>le</strong> de préréglageassure un équilibre précis entreconfort d’écoute et intelligibilité sur unmodè<strong>le</strong> psycho-acoustique combinantaudibilité effective et qualité sonorepour obtenir la meil<strong>le</strong>ure acceptationspontanée.• XCEL-View, une nouvel<strong>le</strong> interfaceutilisateur qui affiche simultanément<strong>le</strong>s courbes de l’appareil, <strong>le</strong>s seuils dupatient et la courbe d’audibilité effectivede façon à personnaliser au mieux <strong>le</strong>sréglages.Intras Motion XCEL, l’Xcel<strong>le</strong>nce SonoreHaute précision grâce àiScan TMCT Motion TM XCELITE Motion TM XCELLes intra-auriculaires Motionde Siemens sont équipésd’XCEL, la nouvel<strong>le</strong> générationBestSound TM TechnologyAprès Eclipse, <strong>le</strong> péritympanique deSiemens, ce sont maintenant <strong>le</strong>s intraauriculairesMotion qui sont équipésde la technologie XCEL. Cette avancéeapporte au patient – et à chaque étapede sa rééducation auditive – <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>urcompromis possib<strong>le</strong> entre intelligibilité dela paro<strong>le</strong> et confort d’écoute.iScanAprès <strong>le</strong> lancement, en avrildernier, de la technologieXCEL pour <strong>le</strong>s contoursd’oreil<strong>le</strong>s, Siemens proposecette technologie exclusivepour <strong>le</strong>s intra-auriculaires.Alliance de confort etperformance, ils répondentaux attentes de nombreuxpatients.Avec XCEL, la nouvel<strong>le</strong> génération Best-Sound Technology, Siemens a complètementrevu et amélioré l’adaptation dusignal à la perte auditive. Pour atteindrece but, Siemens a développé 3 nouvel<strong>le</strong>scaractéristiques innovantes :iScan 5.0 de Siemens combine un hautniveau de technologie et une fiabilité demesure extraordinaire pour offrir à vospatients des aides auditives parfaitementadaptées à <strong>le</strong>ur conduit auditif.iScan 5.0 utilise la technologie 3D avectriangulation par code cou<strong>le</strong>ur. L’empreinteest fixée sur <strong>le</strong> plateau rotatif, où unelumière chromatique scanne l’empreintepar points lumineux, sous ses différentsang<strong>le</strong>s. Pendant que la caméra capturel’objet, <strong>le</strong> logiciel iScan 5.0 traduit <strong>le</strong>s70 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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VEILLE TECHNIQUEStarkeyAméliorer <strong>le</strong> réglagedes aides auditives :présentation de SoundPointJ. Andrew Dundas, Ph.D. & Susie Va<strong>le</strong>ntine, Ph.D.Réglage des aides auditives àl’ère du numériqueTraditionnel<strong>le</strong>ment, l’optimisation de laqualité sonore des aides auditives passepar un entretien avec <strong>le</strong> patient et l’ajustementdes réglages de l’appareil. Ceprocessus aboutit certes à un résultatmais au prix d’un manque d’efficacitécertain, car il faut parfois plusieurs visitespour parvenir à des réglages subjectivementacceptab<strong>le</strong>s.Dans certains cas, <strong>le</strong> patient décide dese faire rembourser ses appareils sansattendre d’avoir obtenu une qualité sonoreoptima<strong>le</strong>.Ce document présente SoundPoint, unenouvel<strong>le</strong> méthode de réglage assisté par<strong>le</strong> patient qui complète <strong>le</strong> processus deréglage traditionnel et transfère une partiedu contrô<strong>le</strong> de la qualité sonore au patient.Alternative élégante à la méthode « entretien/réglage», ce système lui permet dese déplacer dans l’univers sensoriel desdifférentes possibilités de réglage de sesaides auditives.Sur un clavier ou à l’aide d’une souris, ilrèg<strong>le</strong> son appareil de manière intuitive,fluide et transparente et atteint la qualitésonore subjective qu’il préfère sans sesoucier de la comp<strong>le</strong>xité acoustique deses propres perceptions auditives.Les méthodes basées sur <strong>le</strong>s donnéesaudiométriques peuvent prescrire desgains très différents des réglages favorisdes patients (Jiejon et al., 1990) probab<strong>le</strong>mentparce que <strong>le</strong>s algorithmes nesont pas à même d’intégrer la variabilitéindividuel<strong>le</strong> en termes d’augmentationde la sonie, de niveau d’écoute <strong>le</strong> plusconfortab<strong>le</strong> (MCL) ou de niveau de confortsupérieur (UCL) car ils calcu<strong>le</strong>nt l’objectifde prescription à partir de la moyennedes données de test fournies par un vasteéchantillon d’auditeurs (Kiessling, 2001).Ainsi, Keidser et Dillon (2006) ont découvertque <strong>le</strong> niveau de confort d’écouted’une personne peut s’écarter jusqu’à 18dB des cib<strong>le</strong>s prescrites par NAL-NL1.La littérature médica<strong>le</strong> généra<strong>le</strong> suggèreque <strong>le</strong>s résultats thérapeutiques sontmeil<strong>le</strong>urs quand <strong>le</strong>s patients participent auprocessus de prise de décision.Cette observation se retrouve dans lalittérature sur <strong>le</strong>s aides auditives et nousrappel<strong>le</strong> que l’appareillage a de meil<strong>le</strong>ureschances de succès quand <strong>le</strong>s réglagessont conformes aux préférences individuel<strong>le</strong>sdes patients (Dillon et al., 2006).Ces résultats confirment l’avantage potentielde la personnalisation du réglage desaides auditives afin d’arriver à une qualitésonore acceptab<strong>le</strong> après la vérification del’audibilité adéquate des entrées voca<strong>le</strong>s.En bref, l’optimisation de la qualité sonoretenant compte des préférences individuel<strong>le</strong>sfait la différence entre équiper uneperte auditive et adapter une personne.SoundPoint - OriginesSoundPoint est un outil informatique detraitement des signaux développé pardes chercheurs des Laboratoires Starkey.Conçue comme un moyen rapide et simp<strong>le</strong>d’ajustement d’algorithmes comp<strong>le</strong>xes detraitement des signaux, cette interface deréglage des aides auditives assisté parl’auditeur permet à celui-ci de combiner64 paramètres en temps réel et quasimentinfini et de définir ses réglages préférés.La figure 1 représente une patiente entrain d’utiliser SoundPoint avec son iPad.Les réglages effectués avec SoundPointdépassant la simp<strong>le</strong> régulation du gain,son interface doit être plus qu’un simp<strong>le</strong>égaliseur graphique. C’est pourquoi<strong>le</strong> développement initial du système acherché à organiser l’espace de contrô<strong>le</strong>de manière à autoriser des changementsfluides et intuitifs de la qualité sonore. I<strong>le</strong>st rapidement apparu que, pour faciliterl’utilisation de l’interface aux auditeurs, ilfallait que l’espace de contrô<strong>le</strong> possèdeune cohérence sensoriel<strong>le</strong>. Le respect decette exigence nécessitait deux composantesmajeures.Tout d’abord, un mouvement dans unedirection donnée devait entraîner un changementcohérent d’une qualité sonoredonnée. Ensuite, un déplacement de petiteamplitude dans l’espace de contrô<strong>le</strong> devaitlégèrement modifier <strong>le</strong> son des aides auditiveset un déplacement de grande amplitudedevait donner un changement d’ordrede grandeur sensoriel supérieur.Résultat : quand <strong>le</strong>s patients se déplacentdans l’espace de contrô<strong>le</strong>, diversajustements sont fusionnés et appliquésaux aides auditives. L’organisation del’interface <strong>le</strong>ur permet de se déplacer versdes réglages favoris similaires sur <strong>le</strong> plansensoriel d’essai en essai, ce qui permetd’atteindre avec fiabilité la qualité sonoredésirée dans l’environnement SoundPoint.Des essais avec comparaison desmoyennes appariées ont révélé que <strong>le</strong>sutilisateurs préfèrent <strong>le</strong>s réglages de <strong>le</strong>ursaides auditives obtenus avec cet agencementorganisationnel optimisé plutôtqu’avec <strong>le</strong>s agencements par tri aléatoireet <strong>le</strong>s agencements autogénérés.Figure 1 : Une patiente définit <strong>le</strong>sréglages de ses aides auditives avecl’interface à distance de SoundPoint suriPad.Figure 2 : Écran de mode d’emploi deSoundPoint. Les patients sont invités à :a) se déplacer dans l’espace de contrô<strong>le</strong>,b) baliser <strong>le</strong>s zones prometteuses,c) comparer ces zones,d) définir <strong>le</strong>urs zones favorites.Figure 3 : Exemp<strong>le</strong> de déplacement dansSoundPoint. Les réglages intéressantssont signalés par des éping<strong>le</strong>s de cou<strong>le</strong>ur.Lors de la comparaison directede réglages favoris, <strong>le</strong> favori actif estmis en évidence par des anneaux quitournent autour de l’éping<strong>le</strong>. Le favoriretenu se transforme en étoi<strong>le</strong> dorée.72 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


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VEILLE TECHNIQUEpresse). Le réglage de <strong>le</strong>urs appareils aété effectué en deux temps : avec Sound-Point lors d’une première visite et par unaudioprothésiste expérimenté à l’occasiond’une deuxième consultation.L’ordre de réglage a été randomisé,contrebalancé et suivi d’un essai sur <strong>le</strong>terrain de deux semaines pour chaqueméthode. Après chaque réglage, desmesures ont été effectuées avec unmicrophone sonde pour évaluer l’audibilitédes entrées voca<strong>le</strong>s et un indice d’intelligibilitévoca<strong>le</strong> (Speech Intelligibility Index,SII, American <strong>National</strong> Standards Institute[ANSI], 1997) a été calculé à l’aide dumicrophone sonde et de données audiométriques.Les participants ont répondu à des questionnairesvisant à évaluer <strong>le</strong>s avantagesperçus, <strong>le</strong>ur satisfaction et <strong>le</strong>ur degré deconfiance dans <strong>le</strong> processus de réglage.Les auteurs ont découvert dans <strong>le</strong>ur étudequ’une majorité significative de participantsappréciait <strong>le</strong>s réglages avec SoundPointen termes de qualité sonore etd’intelligibilité voca<strong>le</strong> perçue.Les participants ont indiqué que <strong>le</strong> systèmeétait faci<strong>le</strong> à utiliser, intuitif et uti<strong>le</strong> pourarriver à des réglages acceptab<strong>le</strong>s.Concernant <strong>le</strong>s données d’audibilité,il est apparu que la performance dereconnaissance voca<strong>le</strong> prédite par SIIne différait pas de manière significativeen fonction des modes de réglage. Cesrésultats suggèrent que <strong>le</strong>s trois objectifspremiers de SoundPoint ont été atteints,puisqu’il a été possib<strong>le</strong> de rég<strong>le</strong>r la qualitésonore dans de fortes proportions sansperte d’audibilité. Les participants se sontdéplacés dans <strong>le</strong> système avec aisance etont préféré ses résultats à ceux obtenuspar <strong>le</strong>s méthodes traditionnel<strong>le</strong>s.Les essais expérimentaux et cliniquesmenés avec SoundPoint en valident l’applicationau réglage des aides auditives.Les résultats de ces études démontrent<strong>le</strong>s avantages des aides auditives assistéspar <strong>le</strong>s patients.Les professionnels proposant <strong>le</strong> réglagedes appareils avec SoundPoint peuventdonc s’attendre à ce que <strong>le</strong>s patientsindiquent un plus grand avantage perçu etsoient encore plus satisfaits des réglagesde <strong>le</strong>urs aides auditives qu’avec <strong>le</strong>sméthodes traditionnel<strong>le</strong>s.Exercer une influence positive sur l’avantageperçu et la satisfaction des porteursd’aides auditives posait un véritab<strong>le</strong> défiaux cliniciens depuis de nombreusesannées. Même des avantages mesurab<strong>le</strong>sen termes de performance n’entraînaientsouvent qu’une amélioration minime del’avantage perçu.La littérature médica<strong>le</strong> rapporte que laparticipation accrue des patients auxdécisions thérapeutiques <strong>le</strong>s concernantaugmente <strong>le</strong>ur satisfaction à l’égard dutraitement. Les nouvel<strong>le</strong>s études consacréesà SoundPoint confortent ces observations.SoundPoint rapproche <strong>le</strong> patientet l’audio-prothésiste, facilite la communicationet donne de meil<strong>le</strong>urs résultatssubjectifs du réglage.RéférencesAmerican <strong>National</strong> Standards Institute. (1997).Methods for the calculation of the speech intelligibilityindex (ANSI S2.5-1997). New York: Author.Cox, R.M, A<strong>le</strong>xander, G.C. (1987): Developmentof the connected speech test (CST). Ear Hear.8(Supp<strong>le</strong>ment), 119S-126S.Dillon, H., Zakis, J.A., McDermott, H., Keidser,G., Dresch<strong>le</strong>r, W., & Convery, E. (2006).The trainab<strong>le</strong> hearing aid: what will it do for clientsand clinicians? The Hearing Journal, 59(4), 30-36.Kiessling, J. (2001). Hearing aid fitting procedures– state-ofthe- art and current issues. ScandinavianAudiology, 30(1), 57-59.Liejon, A., Eriksson-Mangold, M., & Bech-Karlsen,A. (1984). Preferred hearing aid gain and basscutin relation to prescriptive fitting. ScandinavianAudiology, 13, 157-161.Sherbecoe, R.L., Studebaker, G.A. (2002). Audibility-indexfunctions for the connected speech test.Ear Hear. 23, 385-398.Va<strong>le</strong>ntine, S., Dundas, D., and Fitz, K. (in press).SoundPoint: A patient centered fitting experience.Hearing Review.74 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


VEILLE TECHNIQUE


Actualitésdu monde de l’audiologieCommuniqués de presseUn nouveau directeur des Ventes chez GN HearingGN Hearing renforceson équipe commercia<strong>le</strong>avec l’arrivée d’unnouveau Directeur desVentes Région Nord,Brice ProvostAprès avoir débuté sa carrièreprofessionnel<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> monde desassurances, il a rejoint <strong>le</strong> secteur del’audioprothèse avec Phonak.Ses huit années passées sur <strong>le</strong>terrain lui ont apporté une expertisetechnique, ainsi qu’une connaissanceaigue des besoins et desattentes des principaux acteurs dece marché.Homme pragmatique, Bricesouhaite avant tout valoriser <strong>le</strong>partage d’expériences dans sanouvel<strong>le</strong> fonction « GN Hearingpossède un énorme potentiel.Ensemb<strong>le</strong> avec Michel Le<strong>le</strong>ux,Directeur Général, et Franck Venturelli,Directeur des ventes RégionSud, nous souhaitons mettre ensynergie nos différentes pratiquesafin de répondre au plus près auxbesoins des audioprothésistes.Les gammes de produits de GNHearing bénéficient déjà des meil<strong>le</strong>uresinnovations technologiques.Nous allons donc renforcer <strong>le</strong>sservices, et proposer de nouveauxoutils pour accompagner <strong>le</strong>s audioprothésistes.»N’hésitez pas à nous contacterService marketing : Géraldine Cousingcousin@gnhearing.frou 01 60 53 06 79Christine Petit a reçu <strong>le</strong> prix international de recherchesur <strong>le</strong> cerveau <strong>2012</strong>, « The Brain Prize ».De gauche à droite : Péter Somogyi,Karen STEEL, György Buzsàki, ChristinePETIT, Tamàs FreundChristine Petit, Professeure auCollège de France et chercheurà l’Institut Pasteur, à l’Inserm etl’Université Pierre et Marie Curie, areçu ce 9 mai <strong>2012</strong> à Copenhague<strong>le</strong> prix international de recherchesur <strong>le</strong> cerveau <strong>2012</strong>, « The BrainPrize ».Ce prix met à l’honneur sestravaux pionniers sur la surditéhéréditaire chez l’homme : l’identificationdes gènes impliqués, lamise en lumière des mécanismesdéfectueux ainsi que la découvertede nouvel<strong>le</strong>s propriétés del’organe sensoriel auditif. El<strong>le</strong>partage cette récompense internationa<strong>le</strong>avec Karen Steel, généticiennede la souris, chercheur auWellcome Trust Sanger Institute auRoyaume-Uni.Accompagnées des trois récipiendairesde l’an dernier, ce prix <strong>le</strong>ura été décerné par The Grete LundbeckEuropean Brain ResearchFoundation « pour l’excel<strong>le</strong>nce de<strong>le</strong>urs travaux ayant contribué, auniveau mondial, à l’améliorationdes connaissances sur la régulationgénétique du développementde l’oreil<strong>le</strong> et la découverte desmécanismes moléculaires de sonfonctionnement. Leurs recherchesont permis d’élucider <strong>le</strong>s causesd’un grand nombre de formes desurdité. »Vous pouvez retrouver son interviewinédite dans <strong>le</strong> N°1-<strong>2012</strong> desCahiers de l’Audition ou sur notre sitewww.<strong>le</strong>scahiersdelaudition.frrubrique <strong>PDF</strong> et sommaires.76 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


ACTUALITÉS


ACTUALITÉSDU Audiophonologie et phoniatrieau CHRU de Lil<strong>le</strong>78 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


ACTUALITÉS


ACTUALITÉSDiplôme Universitaire Année <strong>2012</strong>-2013Référents en SurdicécitéResponsab<strong>le</strong>sPr Régine BRISSOT, Dr Isabel<strong>le</strong> RIDOUX,M Serge BERNARD, M Jean BRIENS, PrSylvie ODENT, Pr Jean- François CHARLIN,Pr Benoît GODEYObjectifs1) Assurer une qualité é<strong>le</strong>vée de formationde personnes référentes auprèsdes personnes atteintes de surdicécité,afin de permettre à la personne sourdaveug<strong>le</strong>de disposer des moyens enaides techniques et humaines nécessairesà une vie plus autonome et plusparticipative.2) Elaborer et accompagner un projet individuelpersonnalisé de prise en chargede la personne atteinte et de son environnement.3) Savoir mobiliser <strong>le</strong>s compétences etcréer une synergie entre <strong>le</strong>s ressources,afin d’introduire <strong>le</strong>s pratiques innovantesnécessaires à la prise en comptedes besoins de ces personnes handicapéesdans <strong>le</strong>ur lieu de vie.Public concernéTout professionnel souhaitant développerses compétences auprès des personnesatteintes de surdicécité. Autorisation dudirecteur de l’enseignement.Durée de la formationDu 5 octobre <strong>2012</strong> au 25 mai 2013.Une année. Enseignement théorique :100 heures. Enseignement pratique :50 heures, dont 25 heures de stage.Organisation en 8 séminaires mensuels,<strong>le</strong>s vendredis et samedis.ProgrammeModu<strong>le</strong> 1 : Reconnaître et évaluer lasurdicécité.Modu<strong>le</strong> 2 : Mettre en oeuvre un projetde vie et un accompagnement personnalisés: technologies de rééducation etréadaptation dans la surdicécité, aides àla communication à la mobilité, adaptationde l’environnement, ressources médicosocia<strong>le</strong>set éducatives, environnementsocial et législatif.Modu<strong>le</strong> 3 : Savoir rassemb<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s compétences: sociologie du changement et desinnovations.Contrô<strong>le</strong> des connaissancesAssiduité, examen écrit et soutenanced’un mémoireInscriptionjusqu’au 30 octobre <strong>2012</strong>Nombre de places limitées : 50 étudiantsMontant des droits : Formation initia<strong>le</strong> :400 € + droits universitaires (environ200 €). Formation continue individuel<strong>le</strong>ou conventionnée 900 € + droits universitaires(environ 200 €)Renseignementsadministratifs et inscriptionsFaculté de Médecine de Rennes 1,Av du Pr Léon Bernard. 35 000 RennesSecrétariat universitaire 02 99 28 42 19Catherine Chauchixcatherine.chauchix@univ-rennes1.frScolarité 3ème cyc<strong>le</strong> 02 23 23 46 32.Lisa Martin lisa.martin@univ-rennes1.frUnité de Soins pour Personnes Sourdeset Ma<strong>le</strong>ntendantes. CHRU de Rennes.2 avenue <strong>le</strong> Guilloux35033 Rennes Cedex.Tél 02 99 28 37 30 fax 02 99 28 37 29.Dr Ridoux Anne Coquemontisabel<strong>le</strong>.ridoux@chu-rennes.franne.coquemont@chu-rennes.frRéunion de printemps de l'AFOP 2013,vendredi 5 avril 2013 à ToursOtologie de l'enfant & de l'ado<strong>le</strong>scentQuel<strong>le</strong> est la meil<strong>le</strong>ure prise en charge de l'otite chronique en 2013 ?Leçons de technique chirurgica<strong>le</strong> : Otoplastie, Canaloplastie.Actualités : PFP, Surdité de transmission à tympan normal.Cas cliniques aux experts : Malformations du labyrinthe, tumeurs de l'étage moyen de la base.Innovations en otologie : qiel avenir à cet âge ?Contact et renseignements : afop2013@univ-tours.fr80 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


AGENDA


AGENDANovembre <strong>2012</strong>Colloque de la FNO « Mieux aider <strong>le</strong>presbyacousique à comprendre »Fédération Nationa<strong>le</strong> des OrthophonistesVendredi 16 novembre à ReimsLa Fédération Nationa<strong>le</strong> des Orthophonistes travail<strong>le</strong> depuis denombreuses années sur la prise en charge orthophonique despersonnes âgées et plus particulièrement sur la presbyacousie.Temps fort de la réf<strong>le</strong>xion de la Fédération, ce colloque rassemb<strong>le</strong>ranotamment des médecins ORL, gériatres, audioprothésistes,etc. Il sera éga<strong>le</strong>ment est l’occasion de poursuivre et delancer des travaux sur cette thématique en lien avec la politiquede santé.Infos : fno@wanadoo.fr3 ème Colloquede l’AFREPAAssociation Française des EquipesPluridisciplinaires en Acouphénologie« Entendre l’acouphène et en souffrir »Les 16 et 17 novembre <strong>2012</strong> à BordeauxLe Pr René DAUMAN, président du Congrès, et son équipeoraganisent 2 nouvel<strong>le</strong>s journées de formation dédiées àtoutes <strong>le</strong>s professions concernées par la prise en charge del’acouphène chronique.Audioprothésistes, ORL, sophrologues, psychologues, médecinsgénéralistes, y trouveront à nouveau de riches informationsautour de conférences et d’ateliers pratiques.Infos : www.afrepa.orgDécembre <strong>2012</strong>ACFOS Formationprofessionnel<strong>le</strong>« L’accompagnement des parents dans larééducation orthophonique de l’enfant et del’ado<strong>le</strong>scent sourd. Aptitude et qualités del’orthophoniste »3 et 4 décembre <strong>2012</strong> à ParisInfos : contact@acfos.org17 ème EPUCyc<strong>le</strong> de formationPost Universitaire7 et 8 décembre à ParisA la suite des cyc<strong>le</strong>s précédents, <strong>le</strong> thème « Presbyacousie.4 ème âge et surdité » a été retenu, avec un programme étalé surdeux années. Après avoir traité en 2011 des bases concernant<strong>le</strong> vieillissement et la presbyacousie, <strong>le</strong> bilan pré-prothétique et<strong>le</strong>s premières étapes de la prise en charge et du choix prothétique,l’EPU <strong>2012</strong> poursuivra <strong>le</strong> choix prothétique, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong>immédiat et permanent, l’éducation prothétique des patients du3 ème et 4 ème âge, aussi bien sans pathologie qu’en présence detroub<strong>le</strong>s associés. Ces deux EPU doivent conduire à comprendre<strong>le</strong>s impacts de l’âge sur l’audition et <strong>le</strong>s structures centra<strong>le</strong>s dedécodage, à pouvoir expliquer au déficient auditif son passé etson présent pour lui préparer un avenir de qualité grâce à l’appareillageauditif. Comme chaque année, cette manifestationsera complétée par une exposition des industriels, fabricantset importateurs de matériels d’audioprothèse et de matérielsimplantab<strong>le</strong>s (voir programme en page 72)Infos : cna@orange.fr28 ème Mini-Conventiondu BIAP à ParisBureau Internationald’AudiophonologieLes 17 et 18 novembre <strong>2012</strong> à ParisLes membres du BIAP se réunissent en cette fin d’année dans<strong>le</strong>s locaux du CEOP pour travail<strong>le</strong>r de nouveau sur <strong>le</strong>s recommandationsen cours de réalisation ou adoptées lors de laConvention de Berlin au mois de Mai.Infos : www.biap.orgACFOS Formationprofessionnel<strong>le</strong>« L’accompagnementdes ado<strong>le</strong>scents sourds »10 et 11 décembre <strong>2012</strong> à ParisInfos : contact@acfos.org82 Les Cahiers de l’Audition - N°4/<strong>2012</strong>


ANNONCES


ANNONCESLa Mutualité Française deDORDOGNE rechercheun(e) audioprothésistediplômé(e) débutant ou nonpour la responsabilité de notre centre deBergerac- CDI- Temps p<strong>le</strong>in sur 4 jours ½ ou temps partiel- Centre créé en 2008, très bien équipé.- Présence d’une assistante- Poste à pourvoir dès maintenant.Envoyez vos courriers de candidature,CV, photo et prétentions à :Mutualité Française DordogneDirection Généra<strong>le</strong>BP 5013 - 7 rue du Président Wilson - 24 000 PérigueuxTél : 05-53-35-04-31Offres d’emploisVentes et achats de matérielCessions et recherchesde fonds de commerceDéposez vos petites annonces !Pour tout renseignement :Collège <strong>National</strong> d’AudioprothèseCol<strong>le</strong>ge.Nat.Audio@orange.fr03.21.77.91.2484

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