10 La létre de l’<strong>Institut</strong> Biarnés e Gascoû 2008En brembance de Yan Batiste de BegarieAlexis Arette, Moumas, 15 d’aoust 2008Aquéts qui-s soun batuts ch<strong>en</strong>s ayma peleya-s,Permou lou téms qu’at empausabe,Aquéts, ta loégn d’aci qui s’an troubat lou yas,H<strong>en</strong>s la sang e la grabe,Aquéts qui soun partits permou qu’éy lou debé,Quoan tan grane éy la miasse,De nou pas pegueya, pourtan <strong>en</strong> bèt sabéQue la mourt qu’éy <strong>en</strong> face,E que la cau espia, dab courau, drét à drét,Aquére grane e lède estoure,Ch<strong>en</strong>s arré ta-s bira de l’ore e de l’<strong>en</strong>drétOun bi<strong>en</strong>era la raubadoure,Que soun, coum tu, caduts à la bère sesoû,Yan Batiste de Begarie,Dab soùnque lou tesic e la soule rasoûDe-ns e garanti la patrie !Més, per û trauc dou tems, si tournabes aciP’ous milhoucas e p’ou bitàdyẹ,Quin yudyerés que n’ayem poudut reüssiA goarda sancé l’eretàdyẹ ?Si-s mourin <strong>en</strong>tad’ét, que p<strong>en</strong>serén de nousE d’aquéste tems de carrasque,Touts lous caduts, daban la gule dous canoûs,Ta-ns e goarda la tasque ?Ets qui, la màye part, nou sabèn dou francésQu’û drinot aprés à l’escole !Ah, bé-n èr<strong>en</strong> pourtan e s<strong>en</strong>sats e sancésCh<strong>en</strong>s besougn d’aute patricole !Ets qui cantèn dou cèu de Pau la bère luts,E qui cragnèn ta chic l’esprabe,Que- s èr<strong>en</strong> noum<strong>en</strong>tats éts medich : « lous Peluts »,E be-n èr<strong>en</strong> de boune sàbe !E que-s recounegoun h<strong>en</strong>s aquét subernoumLous francés de toute àute race,Touts lous baléns d’<strong>en</strong> bach, d’ous cantès e d’<strong>en</strong> soum,Qui boulèn libera l’Alsace !O bé ! Que diserés, Yan Batiste, de nousSi tournabes ch<strong>en</strong>s méy <strong>en</strong>ténẹLou tan beroy parla d’oun ères tan yelous ?Ta tu que seré quin co-hénẹS’abèm pergut lous mouts qui-t hasèn sauneyaQuoan te boutèn lou fesilh sus l’espàlle ?Permou lous bèrs, quoan coum<strong>en</strong>cès aus garbeya,Qu’estén coum lou bol de la càlle,Quoan, d’<strong>en</strong>ter lous cabélhs, bestide d’or mabén,Yesséch coum û presén qui-s <strong>en</strong>sourelhe !Entertan qui lou blat, tuteyat per lou bénS’<strong>en</strong>ayre, e tout dous secretéye…De la lo<strong>en</strong>gue dou Biarn, qu’éy atau lou secrét :Qu’éy toustém nàtre e ch<strong>en</strong>s nad màsque !Tabé sus lou toû froun, la mèrque dou berrét,Nou l’esfaça pas la dou càsque !E que bastès bercéts, ch<strong>en</strong>s yaméy esta court,D’Afrique à la tèrre Nourdése,Tabé, quoan cregou de-t rauba, la mourt,Au cèu que-s aluquè ûe estéle Biarnése !Més, per s’abé pribats de tan d’autes garbots,De tan de berégnes tan bères,De tan de bèrs leuyès qui saut<strong>en</strong> coum crabots,Maladites si<strong>en</strong> las guèrres !Ah, si poudès tourna passa lou bielh pourtauD’oun lous pielas quilh<strong>en</strong> las boles,Lou parsâ, de segu, nou-u trouberés pas tauQue quoan anabes ta l’escole.Més, coum s’èm amassats e coum se soubi<strong>en</strong>ém,Que serém quauquẹs-ûs <strong>en</strong>coère,A l’arcoélhẹ coum cau, dab lous mouts de toustémQui prab<strong>en</strong> de la noùste tèrre,E qui, decap au cèu, lhèb<strong>en</strong> dab lou saunéy,La pregàri blousse e la cante,E qui-s hèn dous, coum ta bayoula dab l’auréyAquére amistat qui-ns amante !Permou qu’èm quauques-ûs, coum tu, qui demouramLous cintadous de l’eretàdyẹ,Biarnés, cap e tout, au miéy dou gran tapàdyẹ !E, per Diu, que-n demoureram !
2008 La létre de l’<strong>Institut</strong> Biarnés e Gascoû 11Le Sociologue Pierre BOURDIEUet l’« Occitanie»Souligner que Pierre Bourdieun’avait jamais r<strong>en</strong>ié son Béarnnatal n’est pas un vain mot. Ilavait une conception précise de sesracines et n’avait pas succombé, loins’<strong>en</strong> faut, aux idées à la mode dansl’intellig<strong>en</strong>tsia parisi<strong>en</strong>ne.Je n’<strong>en</strong> veux pour preuve que deuxextraits des écrits du sociologued’avant-garde.Ce que parler veut dire, Fayard, 1982, p.140« Le fait d'appeler «occitan 5 » la langueque parl<strong>en</strong>t ceux que l'on appelle les« Occitans » parce qu'ils parl<strong>en</strong>t cettelangue (que personne ne parle à proprem<strong>en</strong>tparler puisqu'elle n'est que lasomme d'un très grand nombre de parlersdiffér<strong>en</strong>ts) et de nommer«Occitanie», prét<strong>en</strong>dant ainsi à la faireexister comme «région» ou comme«nation» (avec toutes les implicationshistoriquem<strong>en</strong>t constituées que cesnotions <strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t au mom<strong>en</strong>t considéré),la région (au s<strong>en</strong>s d'espace physique)ou cette langue est parlée, n'estpas une fiction sans effet 6 .NOTES :5. L 'adjectif «occitan», et, a fortiori, le substantif«Occitanie» sont des mots savants etréc<strong>en</strong>ts (forgés par la latinisation de langued'oc <strong>en</strong> l<strong>en</strong>gua occitana), destinés à désignerdes pseudo réalités savantes qui, pourle mom<strong>en</strong>t au moins, n'exist<strong>en</strong>t que sur lepapier.6. En fait, cette langue est elle-même unartefact social, inv<strong>en</strong>té au prix d'une indiffér<strong>en</strong>cedécisoire aux différ<strong>en</strong>ces, qui reproduitau niveau de la «région» l’impositionarbitraire d'une norme unique contrelaquelle se dresse le régionalisme et qui nepourrait dev<strong>en</strong>ir le principe réel des pratiqueslinguistiques qu’au prix d'une inculcationsystématique analogue à celle qui aimposé l’usage généralisé du français. »✬✬✬Préface du n° spécial des Cahiers del’Université « Langues <strong>en</strong> Béarn », PUM,Toulouse, 1989, p.5« Puis il y eut, et il y a <strong>en</strong>core, la rev<strong>en</strong>dicationmilitante des "occitanistes" qui, dansleur volonté d'unification inséparable d'uneforme de c<strong>en</strong>tralisme, font ressurgir, à unniveau d'agrégation inférieur, les contradictionsmêmes dont leur lutte est le produit,suscitant la réaction id<strong>en</strong>titaire des "gasconnistes",ou même des "béarnistes", ànouveau m<strong>en</strong>acés d'être <strong>en</strong>gloutis dansune unité plus <strong>en</strong>globante et de voir leurparticularité r<strong>en</strong>voyée au statut de particularisme,leur langue au rang de dialecte, vouéà la correction. »COURS DE BÉARNAISPau, Nay, Pontacq, Arzacq…Paris, Oloron, Gan…Plusieurs localités vont accueillir durant l’année scolaire2008-2009 les cours de langue béarnaise de l’<strong>Institut</strong><strong>Béarnais</strong> et <strong>Gascon</strong>. L’an dernier c’est près de 80 personnesqui ont suivi régulièrem<strong>en</strong>t nos c<strong>en</strong>tres et nous <strong>en</strong>visageonsplus d’une c<strong>en</strong>taine d’inscriptions pour l’année quidébute. La création des cours à Gan et à Oloron devrait nouspermettre de franchir ce palier supplém<strong>en</strong>taire.Nous parlons de « cours », mais si un certain <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ty est disp<strong>en</strong>sé, il serait plus juste de parler de « cercle deconversation ». Plutôt qu’un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t dans la formescolaire que nous connaissons, nous préférons donner à cesrassemblem<strong>en</strong>ts un esprit de r<strong>en</strong>contre conviviale, ou lalangue béarnaise abordée de façon ludique n’est souv<strong>en</strong>tque le prétexte à un mom<strong>en</strong>t de dét<strong>en</strong>te. Ces r<strong>en</strong>contresaboutiss<strong>en</strong>t tout de même à une véritable acquisition de lalangue béarnaise. Des textes d’auteurs anci<strong>en</strong>s ou contemporainsy sont lus et traduits. Le vocabulaire s’<strong>en</strong> trouve <strong>en</strong>richi,la grammaire peu à peu assimilée et les « élèves » ayantacquis une bonne maitrise de la conversation sont ori<strong>en</strong>tésvers la rédaction d’histoires ou d’anecdotes de la vie courante.Principalem<strong>en</strong>t celles du milieu rural. Histoires d’hierou d’aujourd’hui, vécues personnellem<strong>en</strong>t ou par desproches, elles sont le point de passage obligé avant la narrationde récits imaginaires, exercice plus difficile nécessitantune bonne dose d’imagination et une certaine aisance de lalangue écrite. Certains, parmi les plus anci<strong>en</strong>s de nos élèves,s’ori<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t vers cette pratique qui, avou<strong>en</strong>t-ils, leur procureénormém<strong>en</strong>t de plaisir.Dans ce domaine comme tant d’autres il faut faire les premierspas. Assister aux réunions de lancem<strong>en</strong>t, acquérir lesdébuts de la conversation <strong>en</strong> langue béarnaise et découvrirau fil des jours et des semaines la richesse de notre langue.Tous les r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts utiles vous seront précisés <strong>en</strong> appelantle numéro suivant : 05.59.27.63.38.