11.07.2015 Views

Département De la charente

Département De la charente

Département De la charente

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Département de <strong>la</strong> <strong>charente</strong>Journéedépartementalede <strong>la</strong> protectionde l'enfance9 juin 2011« Articu<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong>protection administrativeet <strong>la</strong> protection judiciaire »Direction de <strong>la</strong> solidaritéDirection de <strong>la</strong> protection de l'enfance


DÉPARTEMENT DE LA CHARENTE2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance - 9 juin 2011«Articu<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> protection administrativeet <strong>la</strong> protection judiciaire»Ouverture de <strong>la</strong> journée par Michel BOUTANT,Sénateur de <strong>la</strong> Charente, Président du Conseil général page 2Rapport de l'Observatoire départemental de <strong>la</strong> protection de l'enfancepar Philippe DURAND, Responsable de l'Observatoire départementalde <strong>la</strong> protection de l'enfance, Conseil général de <strong>la</strong> Charente page 5Table ronde : l'origine de <strong>la</strong> réforme de <strong>la</strong> protection de l'enfance page 16Avec :- Anne-Sylvie SOUDOPLATOFF, Magistrate, chargée de mission à l'ONEDTable ronde : comment <strong>la</strong> réforme de <strong>la</strong> protection de l'enfance page 23a modifié les pratiques professionnelles et <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de chacun ?Avec :- Nathalie TRELLU, Directrice du STEMO, Direction territoriale de <strong>la</strong> PJJ Poitou-Charentes- Bernard DESVILLES, Chef de service de <strong>la</strong> CRIP et du SEJD, Conseil général de <strong>la</strong> Charente- Bruno LAURENT, Directeur des MECS de Ruelle sur Touvre et de RuffecTable ronde : page 38- enjeux et difficultés de cette articu<strong>la</strong>tion- libertés individuelles et protection de l'enfanceAvec :- Martine PINVILLE, Députée de <strong>la</strong> Charente- Anne-Sylvie SOUDOPLATOFF, Magistrate, chargée de mission à l'ONED- <strong>De</strong>nys BAILLARD, Juges des enfants, Président du tribunal pour enfant d'AngoulêmeClôture de <strong>la</strong> journée par Janine GUINANDIE,Vice-Présidente du Conseil général de <strong>la</strong> Charente, Présidente de <strong>la</strong> commission de l'enfance, de <strong>la</strong>famille et de l'insertion page 492 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 1


Intervention de Michel BOUTANT,Sénateur de <strong>la</strong> Charente, Président du Conseil général- Mesdames et Messieurs les professionnels de <strong>la</strong> Protection de l’enfance,- Mesdames et Messieurs les représentants de l’Autorité judiciaire,- Mesdames et Messieurs les personnels des services sociaux de l’Éducation nationale,- Mesdames et Messieurs les Avocats du Barreau de <strong>la</strong> Charente,- Monsieur le Directeur de <strong>la</strong> CAF de <strong>la</strong> Charente,- Monsieur le Directeur de l’UDAF Charente,- Mesdames et Messieurs les Directeurs d’associations familiales et d’établissements d’accueild’enfants,- Mesdames et Messieurs les Élus, Chers collègues, Chère Janine,- Chers amis,Je suis heureux de vous accueillir ce matin dans cet amphithéâtre du Centre universitaire de LaCouronne.Comme vous devez le savoir, <strong>la</strong> Charente sera aujourd’hui le théâtre de réflexions importantes àplusieurs titres. Ici même toute <strong>la</strong> journée pour <strong>la</strong> deuxième édition de <strong>la</strong> journée départementalede <strong>la</strong> protection de l’enfance, mais aussi au Conseil général puisque nous avons décidé, ce 9 juin,de consacrer une journée départementale à <strong>la</strong> lecture publique.Je n’oublierai pas notre Président de <strong>la</strong> République qui s’est invité aujourd’hui même àLa Rochefoucauld pour évoquer les difficultés liées à <strong>la</strong> sécheresse qui sévit dans notredépartement.Une journée dense, certes, mais que j’ai tenu à débuter à vos côtés comme l’an dernier, car ledomaine de <strong>la</strong> protection de l’enfance n’est pas une compétence obligatoire comme une autre, elleest une responsabilité qui nous engage envers les plus fragiles de nos concitoyens.Je salue et je remercie chaleureusement ma collègue Janine GUINANDIE, Vice-Présidente duConseil général en charge de l’enfance, de <strong>la</strong> famille et de l’insertion, Mme Isabelle DELAGE,Directrice de <strong>la</strong> Direction de <strong>la</strong> solidarité, et l’ensemble de nos col<strong>la</strong>borateurs du Conseil généralqui nous font l’honneur d’être présents aujourd’hui.Je les remercie tout particulièrement pour l’organisation de cette journée de travail. En tant queprofessionnels de terrain, ils ont fait appel aux meilleures compétences pour aborder le thèmeretenu cette année et qui sera abordé dans quelques instants ; je veux parler de l’articu<strong>la</strong>tion descompétences entre <strong>la</strong> protection administrative et judiciaire de <strong>la</strong> jeunesse.Plusieurs intervenants se succèderont autour des tables rondes animées pour l’occasion :- Mme ADAM, Députée du Finistère, Présidente du GIP Enfance en Danger, particulièrementinvestie au sein de <strong>la</strong> mission parlementaire enfance et famille ;- Mme PINVILLE, Députée de <strong>la</strong> Charente et membre de <strong>la</strong> Commission des affaires socialesde l’Assemblée nationale ;- Mme SOUDOPLATOFF, Magistrate, chargée de mission à l’Observatoire national de l’enfanceen danger ;- M. BAILLARD, Juge des enfants, Président du tribunal pour enfant d’Angoulême ;- Mme CHINOUR, Directrice de <strong>la</strong> protection de l’enfance au Conseil général ;- Mme TRELLU, Directrice d’un service de milieu ouvert de <strong>la</strong> protection judiciaire de <strong>la</strong>jeunesse ;- M. LAURENT, Directeur d’un établissement accueil<strong>la</strong>nt des enfants confiés à l’Aide sociale àl'enfance ;- M. DESVILLES, Responsable de <strong>la</strong> Cellule de recueil des informations préoccupantes duConseil général de <strong>la</strong> Charente ;2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 2


- M. DURIEUX, Directeur de l’UDAF.Mme ADAM se joindra à nous en cours de matinée, d’autres intervenants seront présents dansl’après-midi.Qu’ils soient toutes et tous remerciés d’avoir accepté d’apporter leurs témoignages etexpériences. Ce sont autant de contributions utiles et complémentaires pour tous lesprofessionnels dont <strong>la</strong> mission commune a pour objet l’intérêt supérieur de l’enfant.La fameuse loi du 5 mars 2007, ou plutôt faut-il parler de socle légis<strong>la</strong>tif tant les dispositionsqu’elle recouvre sont nombreuses, a profondément modifié le visage de <strong>la</strong> protection de l’enfanceen France.Rappelons-le, tout l’esprit de <strong>la</strong> loi repose sur <strong>la</strong> recherche de l’intérêt de l’enfant en associant lesparents en vue de trouver <strong>la</strong> solution <strong>la</strong> plus adéquate et <strong>la</strong> moins traumatisante pour le noyaufamilial.Accompagner les familles, participer à <strong>la</strong> restauration du rôle des parents dans l’éducation de leursenfants, voici en filigrane le volet préventif d’une loi qui fait des Départements les chefs de file de<strong>la</strong> protection de l’enfance.En somme, prévenir avant de guérir, voici vite résumée <strong>la</strong> mission du Département en matière deprotection administrative. Associer les parents en amont de mesures strictement judiciaires estune tâche complexe et je reconnais volontiers que ce travail social ne s’improvise pas.C’est au prix, je le sais, d’une analyse toujours particulière de chaque situation que <strong>la</strong> saisine de <strong>la</strong>justice est, soit décidée, soit évitée.Les travailleurs sociaux sont donc au cœur du dispositif légal et leur appréciation revêt une granderesponsabilité qu’il convient de reconnaître à juste titre. Les travailleurs sociaux sont, je voudraisle rappeler ici sont l’un des maillons les plus importants de cette chaîne de compétences humaineset techniques au Service de <strong>la</strong> protection de l’enfance charentaise.En Charente, nous avons eu à cœur d’anticiper, voire d’expérimenter les mesures sociales quinous paraissent les plus pertinentes en termes d’efficacité auprès des publics qui à un momentdonné, bénéficient de <strong>la</strong> solidarité départementale. Rappelons que l’année passée, notrecollectivité a consacré plus de 30 millions d’euros pour les actions en faveur de l’enfance.Toutefois, si ce chiffre est éloquent par lui-même, nous avons su impulser certains projets quinous paraissaient en phase avec les besoins exprimés ou dont les travailleurs sociaux nousfaisaient part.J’en citerai les principaux :1) La présence depuis une quinzaine d’années d’une Cellule de signalement au sein desservices de l’Aide sociale à l’enfance du Conseil général.2) <strong>De</strong>s moyens humains : près de 44 % du personnel des Maisons départementales dessolidarités (MDS) consacre leur travail à <strong>la</strong> prévention et à <strong>la</strong> protection de l’enfance.3) La mise en p<strong>la</strong>ce, dès 2006, par notre collectivité, des responsables de pôle enfance ausein des MDS, ce qui a permis une plus grande spécialisation des travailleurs sociaux, dansle domaine qui nous réunit aujourd’hui.4) Je voudrais également souligner l’action prépondérante du Centre départemental del'enfance Leclerc Chauvin (CDELC), qui assure 24h/24 et 7j/7 un accueil d’urgence pour lesenfants en danger immédiat.Je suis heureux de constater que le Département, qui je l’ai dit, reste chef de file, n’est pourautant pas seul dans <strong>la</strong> mise en œuvre de <strong>la</strong> protection de l’enfance.La loi du 5 mars 2007, c’est aussi <strong>la</strong> consécration d’un partenariat et d’une forte complémentaritéqui régit les re<strong>la</strong>tions et <strong>la</strong> répartition des compétences entre le Conseil général de <strong>la</strong> Charente et2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 3


l’autorité judiciaire. Permettez-moi de saluer l’excellent esprit de travail qui anime les re<strong>la</strong>tionsquotidiennes entre les services de <strong>la</strong> protection de l’enfance du Conseil général et les magistratscharentais concernés par cette question.<strong>De</strong>puis 2007, nous avons eu maintes fois l’occasion de formaliser ce partenariat :<strong>De</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce du comité de pilotage de l’Observatoire départemental de l’enfance à <strong>la</strong>signature du protocole de recueil des informations préoccupantes re<strong>la</strong>tives aux mineurs endanger, à chaque étape de <strong>la</strong> montée en puissance de <strong>la</strong> loi de 2007, nous avons tenu àofficialiser les liens qui nous unissent dans cette compétence commune qu’est <strong>la</strong> protection del’enfance.Cet esprit partenarial, ce lien de complémentarité entre protection administrative et judiciaire,ressortira, j’en suis persuadé, des discussions qui animeront cette journée de travail.Une nouvelle fois, je remercie chacune et chacun de sa participation pour ce rendez-vous annuelconsacré à <strong>la</strong> protection de l’enfance. A n’en pas douter, les échanges d’aujourd’hui contribuerontà affiner <strong>la</strong> coopération de nos services respectifs afin de toujours œuvrer en faveur d’une prise encharge solidaire et responsable des Charentais les plus jeunes et les plus fragiles.Je vous remercie de votre attention.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 4


RAPPORT DE L’OBSERVATOIREDEPARTEMENTAL DE LA PROTECTIONDE L’ENFANCE2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 5


Intervention de Philippe DURAND,Responsable de l’Observatoire départemental de <strong>la</strong> protection de l’enfance,Conseil général de <strong>la</strong> CharenteEn introduction à cette deuxième journée de <strong>la</strong> protection de l'enfance, je vais vous présenter,dans un premier temps, le rapport chiffré de l'Observatoire départemental de <strong>la</strong> protection del'enfance puis je ferai un point sur les avancées du schéma de prévention et de protection del'enfance.Je vais également vous livrer tout au long de cette présentation <strong>la</strong> lecture que nous faisons à <strong>la</strong>Direction de <strong>la</strong> protection de l'enfance de ces données chiffrées.N'hésitez pas à intervenir si vous souhaitez compléter ou proposer une analyse différente deschiffres que je vous propose.Tout d'abord quelques éléments de contexte :La Charente comptait en 2009 une popu<strong>la</strong>tion de 352 775 habitants soit une augmentation de 0,3% par rapport à 2008.Le taux de natalité dans le département était de 9,7 pour 1000 en 2009 (< au taux de natalité enFrance qui excédait 12 pour 1000).Globalement, les mineurs représentent 22 % de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion charentaise soit environ 77 000mineurs en Charente.Au dernier trimestre 2010, le taux de chômage pour <strong>la</strong> Charente s'élevait à 9,6 %. Il était sur <strong>la</strong>même période de 9,1 % pour <strong>la</strong> région Poitou-Charentes et de 9,3 % pour <strong>la</strong> France.En Charente, 23 996 demandeurs d'emploi étaient inscrits au 31 décembre 2010 au Pôle emploi,soit une hausse de 7,2 % depuis 2009.Le nombre d'allocataires RSA (revenu de solidarité active) a augmenté en 2010 de 10,68 % parrapport à l'année précédente.LES ACTIONS DE PREVENTION :L'intervention des services sociaux auprès des enfants et leur famille dans le cadre de <strong>la</strong>prévention s'est vue renforcée depuis <strong>la</strong> loi du 5 mars 2007 "réformant <strong>la</strong> protection de l'enfance"et se traduit désormais par divers modes d'action : Suivi prénatalEn 2010, 724 femmes ont été vues à leur domicile par une sage-femme.Durant cette même année, 135 entretiens prénataux du 4ème mois ont été réalisés par une sagefemmede PMI.Le nombre de grossesses déc<strong>la</strong>rées en Charente en 2010 était de 3 393.Au cours de cette même période, 232 femmes enceintes ont été reçues en consultation PMI parune sage femme ou un médecin. Suivi post-natalAu cours de cette même année, les puéricultrices de PMI ont assuré auprès des enfants nouveaunésun suivi et ont ainsi procédé, lors de visites à domicile, à l'examen de 2 700 nourrissons.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 6


Les actions de prévention re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> santé de l'enfant à l'école maternelleEn 2010, environ 10 000 enfants ont bénéficié d'un bi<strong>la</strong>n sensoriel auditif ou visuel. en consultation PMIAu cours de l'année 2010, 1 881 enfants ont été vus au moins une fois en consultation par unepuéricultrice et 2 628 enfants ont été vus au moins une fois par un médecin. Les actions de soutien à <strong>la</strong> parentalité<strong>De</strong> nombreuses actions de soutien à <strong>la</strong> fonction parentale sont menées par les psychologues desMaisons départementales des solidarités (MDS) et par les travailleurs sociaux et médico-sociauxlors de visites médiatisées ou lors d'un accompagnement social. Prévention spécialiséeMission obligatoire du Département, celle-ci est déléguée à 2 associations : l'ASERC (Associationsocio-éducative de <strong>la</strong> région Cognac) et l'APSA (Association de prévention spécialiséed'Angoulême).En 2010, 693 jeunes ont bénéficié d'un accompagnement dans le cadre de <strong>la</strong> préventionspécialisée. Fonds d'aide aux jeunes (FAJ)Le Fonds d'aide aux jeunes permet à des jeunes en difficultés de bénéficier d'aides financièresdans les domaines de l'insertion sociale ou professionnelle.En 2010, 1 513 jeunes ont été aidés en Charente soit une augmentation de 17,5 % par rapport à2009 et dont 44,13 % des aides demandées concernaient des jeunes de 18 à 20 ans. Accompagnement en économie sociale et familiale (AESF) et mesure judiciaired'aide à <strong>la</strong> gestion du budget familial (MJAGBF)En 2010, 19 mesures d'accompagnement en économie sociale et familiale ont été contractualiséesavec les familles pour une durée moyenne de 6 mois.Le nombre assez faible d'AESF contractualisé peut s'expliquer par <strong>la</strong> proximité de cette mesureavec <strong>la</strong> MASP (mesure d'accompagnement social personnalisé). Les travailleurs sociaux ont plutôttendance à développer des MASP que de l'AESF car l'accompagnement peut se faire non pasuniquement sur les prestations sociales mais également sur les prestations familiales. Ce constatcorrespond au bi<strong>la</strong>n qui est fait au niveau national.Sur <strong>la</strong> même période, 134 mesures judiciaires d'aide à <strong>la</strong> gestion du budget familial ont étédécidées par le juge. Techniciennes de l'intervention sociale et familiale (TISF) et Auxiliaires de viesociale (AVS)<strong>De</strong>s interventions sociales et familiales sont conduites chaque année, à <strong>la</strong> demande destravailleurs sociaux, par des TISF et des AVS auprès de familles ayant besoin d'être soutenuesdans leur rôle éducatif et dans <strong>la</strong> prise en charge matérielle de leurs enfants.En 2010, 23 928 heures d'intervention ont ainsi été réalisées auprès de 303 familles. Action éducative à domicile (AED) et action éducative en milieu ouvert (AEMO)Les AED sont mises en oeuvre à <strong>la</strong> demande ou avec l'accord des parents.Par ailleurs, les juges des enfants peuvent prononcer des mesures d'AEMO qui s'imposent auxfamilles. Ces mesures consistent en une intervention d'un travailleur social auprès du ou desmineurs et de ses parents.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 7


En 2010, 175 mesures contractualisées d'AED, exercées par les travailleurs sociaux des MDS, ontété mises en p<strong>la</strong>ce auprès de 152 mineurs et de 23 jeunes majeurs.Sur <strong>la</strong> même période, 395 mineurs ont bénéficié d'un accompagnement dans le cadre d'unemesure d'AEMO ordonnée par le juge des enfants et exercée par les éducateurs du SEJD (Serviceéducatif judiciaire départemental). Aides financièresEn 2010, 5 891 familles ont bénéficié d'une ou de plusieurs aides financières pour l'éducation etl'entretien de 10 040 mineurs.Sur <strong>la</strong> même période, 74 jeunes majeurs ont bénéficié d'un ou de plusieurs secours jeune majeur.LES INFORMATIONS PREOCCUPANTES (IP) :En Charente, <strong>la</strong> Cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP), souhaitée par lelégis<strong>la</strong>teur, est créée depuis novembre 2009 même si depuis de nombreuses années un servicedédié au signalement existait déjà.900 Evolution des informations préoccupantes8428007006897426005906105002006 2007 2008 2009 2010Le nombre d'IP enregistrées par les services du Conseil général a augmenté de 43 % au cours deces 5 dernières années.Le nombre de mineurs concernés augmente lui aussi de 34 % passant de 939 en 2006 à 1257 en2010.Cette augmentation n'est pas liée à une évolution démographique dans le département : le ratiodu nombre de mineurs concernés par une IP est passé de 12 ‰ en 2006 à presque 15 ‰ en2010.Il peut y avoir plusieurs explications à cette augmentation :- <strong>De</strong>puis <strong>la</strong> réforme de <strong>la</strong> protection de l'enfance, les IP ne concernent pas forcément dessituations graves et urgentes. Les professionnels prennent en compte les situations dés lespremiers signes de danger ou de risque de danger en réponse aux objectifs de prévention vouluspar <strong>la</strong> loi.- La mise en p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> CRIP qui centralise l'ensemble des informations préoccupantes.Auparavant, certaines situations étaient transmises directement aux procureurs et d'autres auConseil général. Maintenant, l'autorité judiciaire transmet systématiquement à <strong>la</strong> CRIP lesinformations préoccupantes qu'elle reçoit directement.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 8


Origine des informations préoccupantesEn novembre 2009, un protocole partenarial formalisant le circuit de recueil des IP a été signéentre <strong>la</strong> Préfecture, les autorités judiciaires, l'Inspection d'académie, <strong>la</strong> Protection judiciaire de <strong>la</strong>jeunesse et le Conseil général.D ép artem e ntsho rs C ha re nte3 % (3 5)Jus tic e 2 3%(2 97 )D é p arte m e nt d e<strong>la</strong> C h are nte 19 %(2 41 )E d uc a tio nna tio na le 1 5%(19 2 )M airies 1 % (15 )A n on y m es 9 %(1 08 )P a rtic u liers 1 7%(2 12 )A P ID E 3% (3 7)P ro fes s io nn elsm éd ic a ux 7%(8 4)S N A TE D 3%(3 6)On se rend compte qu'actuellement environ 60 % des IP proviennent de ces signataires.Un travail devra être engagé prochainement avec les professionnels médicaux mais égalementavec les services de police et de gendarmerie afin d'améliorer le dispositif. Nature des informations préoccupantesE n fa n ts e n ris q u e d e d a n g e rE n fa n ts e n d a n g e r1 0 0 ,0 %73,1% 26,9%66,3% 33,7%66,3% 33,7%71,4% 28,6%67,7% 32,3%0 ,0 %2 0 0 6 2 0 0 7 2 0 0 8 2 0 0 9 2 0 1 0Sur les 1 257 enfants concernés par une information préoccupante, 406 sont considérés commeétant en danger et 851 en risque de danger. (Selon les définitions de l’Observatoire national de l'action socialedécentralisée)2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 9


Les enfants en risque de danger :S é c u r it é1 8 %N o n r e n s e ig n é8 %E d u c a t io n4 0 %S a n t ép s y c h o lo g iq u e1 6 %S a n t ép h y s iq u e3 %M o r a lit é2 %E n t r e t ie n1 3 %On note une diminution du pourcentage des IP liées à <strong>la</strong> notion de carence éducative par rapport à2009. Les enfants en danger :* * V io le n c e sp s y c h o lo g iq u e s1 3 %V io le n c ep h y s iq u e s4 1 %* N é g lig e n c e slo u rd e s2 6 %V io le n c e ss e x u e lle s2 0 %* Négligences lourdes : l’enfant manque d’attention et des soins élémentaires, ou reçoit des soins totalementinappropriés. Il peut être privé d’hygiène, de nourriture, partiellement ou totalement ; il peut être nourri avec des alimentsinadaptés, être privé de sommeil, etc.** Violences psychologiques : règles et injonctions éducatives contradictoires ou impossibles à respecter, dévalorisations,humiliations verbales, mutisme des parents, chantage, menaces, terreur ...L'année 2010 met en avant les mêmes problématiques principales indiquées dans les IP en 2009 :6 % des enfants concernés par une IP sont victimes de violences sexuelles et 30 % de carenceséducatives.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 10


1 0 0 % Suites données aux informations préoccupantes6 5 %6 0 ,7 %5 8 ,9 %5 6 ,9 %5 1 ,5 %5 4 ,3 %3 0 %7 ,3 % 6 ,4 %9 ,2 %7 ,9 % 8 ,3 %-5 %2 0 0 6 2 0 0 7 2 0 0 8 2 0 0 9 2 0 1 0Ta u x d e ju dic ia ris a tio n d e s IPS ig n a le m e n ts c <strong>la</strong> s s é s s a n s s u iteParmi les informations préoccupantes reçues en 2010 :- 54,3 % ont été transmises à <strong>la</strong> justice sous forme de signalement *- 3,9 % ont donné lieu à un accompagnement social ou médico-social- 6,9 % ont abouti à une mesure administrative (accompagnement ou accueil)- 3,7 % ont été transmises à un autre département- 8,3 % se sont révélées non justifiées- 22,9 % en attente, au 31/12, du résultat de l'évaluation* Signalement : une IP devient un signalement lorsqu'elle est transmise au Procureur ou au Juge des enfants.Il faut retenir que 54 % des IP ont donné lieu à un signalement ce qui représente uneaugmentation par rapport à 2009 et que 8 % se sont révélés injustifiés.En 2010, 457 IP concernant 682 enfants ont donné lieu à un signalement.LA PROTECTION DES MINEURS ET JEUNES MAJEURS : Chiffres de <strong>la</strong> protection de l'enfance (au 31/12) 771 mineurs et jeunes majeurs confiés à l'Aide sociale à l'enfance (ASE) dans le cadre de<strong>la</strong> protection de l'enfance dont :- 11 % sur décisions administratives, 89 % sur décisions judiciaires- 70 % accueillis en familles d'accueil, 30 % en établissement- 13 pupilles de l'état dont 3 ont fait l'objet d'une adoption au cours de l'année 61 mineurs confiés par décision judiciaire à un tiers digne de confiance* 14 mineurs confiés par décision judiciaire directement à un établissementLe nombre de mineurs accueillis représente 1 % de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion mineure charentaise ce qui estinférieur au niveau national qui est de 1,9 % selon l’Observatoire national de l’enfance en danger(ONED).A titre de comparaison, nous avons aujourd'hui 792 mineurs et jeunes majeurs qui sont confiés àl'ASE.* Tiers digne de confiance (TDC) : le juge peut décider de confier l'enfant quand il en va de son intérêt à une autrepersonne digne de confiance.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 11


Profils des mineurs et jeunes majeurs accueillisAccueil familialAccueil en établissement18 - 21 ans16 - 17 ans13 - 15 ans10 - 12 ans7 - 9 ans4 - 6 ans0 - 3 ans-80 -60 -40 -20 0 20 40 60 8018 - 21 ans16 - 17 ans13 - 15 ans10 - 12 ans7 - 9 ans4 - 6 ans0 - 3 ans-40 -20 0 20 40Certaines constantes sont repérables : les nourrissons sont accueillis dans les pouponnières, lesfamilles d'accueil sont sollicitées pour des p<strong>la</strong>cements de longue durée alors que les adolescentssont plus fréquemment p<strong>la</strong>cés en établissement.70 % des enfants confiés à l'Ase sont accueillis par des assistants familiaux du Conseil général.Certains établissements proposent également de l'accueil familial. Répartition géographique des enfants confiés*On note une certaine homogénéité dans le nombre d'enfants confiés sur les MDS des territoiresruraux.Sur le Grand Angoulême et le Cognaçais, le bassin de popu<strong>la</strong>tion étant plus important, le nombred'enfants confiés est logiquement plus important.Sur <strong>la</strong> MDS de Horte et Tardoire, on peut noter que <strong>la</strong> part des mesures judiciaires est moinsimportante que sur le reste du territoire. Par ailleurs nous pouvons remarquer qu'il y a plusd'accueil provisoire jeunes majeurs sur ce territoire.*Répartition géographique des enfants confiés : enfants accompagnés par le référent parent–enfant de <strong>la</strong> MDS du lieud'habitation d'un ou des parents.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 12


73 mineurs etjeunes majeurs60 mineurs etjeunes majeurs99 mineurs etjeunes majeurs62 mineurs etjeunes majeurs73 mineurs etjeunes majeurs104 mineurs etjeunes majeurs71 mineurs etjeunes majeurs110 mineurs etjeunes majeurs115 mineurs etjeunes majeurs2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 13


Evolution du nombre de mineurs et jeunes majeurs par tranche d'âge2 0 01 8 01 6 01 4 01 2 01 0 08 06 04 02 002 0 0 6 2 0 0 7 2 0 0 8 2 0 0 9 2 0 1 00 - 3 a n s 4 - 6 a n s 7 - 9 a n s 1 0 - 1 2 a n s1 3 - 1 5 a n s 1 6 - 1 7 a n s 1 8 - 2 1 a n sOn peut remarquer que depuis quelques années le nombre de mineurs et jeunes majeursaccueillis, par tranche d'âge est assez stable.Cependant, 2 hypothèses faites par l'INSEE pour les années à venir, <strong>la</strong> chute du taux de natalitéet <strong>la</strong> diminution de <strong>la</strong> part des 0-21 ans dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion charentaise. Elles permettentd'envisager, chaque année, un vieillissement des enfants accueillis puis éventuellement une baissedu nombre de ces enfants accueillis.C'est une hypothèse qui reste à vérifier et il semble intéressant de continuer à observer cettepyramide des âges dans les années à venir. Evolution des mesures d'accueil et des mesures d'accompagnement éducatifà domicile8 0 07 4 37 0 47 5 47 7 14 7 5 4 9 3 5 1 85 7 04 0 002 0 0 7 2 0 0 8 2 0 0 9 2 0 1 0E n f a n t s s u i v i s à d o m i c i le ( A E D + A E M O )E n f a n t s c o n f i é s à l'A S EOn peut noter une progression du nombre d'enfants confiés et du nombre d'enfants accompagnésà domicile ce qui peut paraître en contradiction avec l'esprit de <strong>la</strong> loi.Mais étant donné que l'on constate une augmentation du nombre des IP, mécaniquement ce<strong>la</strong>entraîne une augmentation du nombre de prises en charge soit physique soit à domicile. Budget de <strong>la</strong> protection de l'enfanceLe budget consacré à <strong>la</strong> protection de l'enfance est d'environ 31 millions d'euros dont 75 % sontconsacrés à l'accueil des enfants confiés et 9 % (2,8 millions) sont consacrés aux actions deprévention et au maintien dans les familles des enfants (le sa<strong>la</strong>ire des travailleurs sociaux n'estpas ici pris en compte).2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 14


A c c u e ile n f a n ts e tmè r e s is o lé e s1 1 %Pre s ta tio n s e ta llo c a tio n s d e se n f a n tsc o n f ié s3 %A PJM2 %A id e s àd o mic ile9 %A c c u e il e né ta b lis s e me n t3 0 %A c c u e il f a milia l4 5 % Schéma départemental de prévention et de protection de l'enfance 2010 -2014Comme nous avons pu vous le dire lors de <strong>la</strong> précédente journée de <strong>la</strong> protection de l'enfance, 2groupes de travail ont été initiés sur <strong>la</strong> diversification des modes d'accueil et sur <strong>la</strong> prévenance etles actions de prévention.Les réflexions de ces groupes ont débouché sur 2 propositions concrètes :- <strong>la</strong> création d'une commission départementale de coordination en assistance éducative- et l'é<strong>la</strong>boration d'un p<strong>la</strong>n départemental de <strong>la</strong> prévention. La commission départementale de coordination en assistance éducative a pour objectifsde :- améliorer et renforcer les complémentarités entre partenaires pour assurer <strong>la</strong> cohérenceet <strong>la</strong> continuité du parcours de l’enfant,- individualiser les réponses apportées,- garantir une égalité et une homogénéité de traitement sur l’ensemble du territoiredépartemental,- rechercher et réfléchir à de nouvelles réponses aux problématiques rencontrées. Le p<strong>la</strong>n départemental de <strong>la</strong> prévention a pour objectifs de :- contribuer à renforcer <strong>la</strong> cohérence éducative par des actions de soutien en direction desjeunes concernés et de leurs parents,- fédérer dans une démarche cohérente et territoriale les actions déjà engagées par lesdifférents acteurs de <strong>la</strong> prévention,- développer et soutenir les initiatives en rapport avec des problèmes sensibles identifiésdans le département,- construire et mettre en œuvre des projets partenariaux regroupant les compétences etles moyens des collectivités territoriales dont le Conseil général, de l’État, des organismes sociauxet médico-sociaux publics et privés, du secteur associatif,- s'inscrire dans une démarche pérenne des actions de prévention. Orientations 2011/2012 Poursuivre <strong>la</strong> déclinaison des orientations du schéma départemental de prévention et deprotection de l'enfance :- développer le soutien à <strong>la</strong> parentalité,- promouvoir les outils de prévention,- développer <strong>la</strong> prévention précoce autour de <strong>la</strong> naissance. Finalisation et mise en œuvre du document "projet pour l'enfant". Poursuite des groupes de travail "diversification des modes d'accueil" et "prévenance et actionsde prévention" initiés en 2010.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 15


TABLE RONDE :L’ORIGINE DE LA REFFORMEDE LA PROTECTION DE L’ENFANCE2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 16


Intervention d'Anne-Sylvie SOUDOPLATOFF,Magistrate, chargée de mission à l'Observatoire nationalde l’enfance en danger (ONED)Avant d’aborder le thème d’aujourd’hui, je vais rapidement présenter l’Observatoire national del’enfance en danger (ONED) :L'ONED a été créé en 2004 pour pallier les difficultés à disposer en France d’éléments deconnaissance sur <strong>la</strong> protection de l’enfance. Il a été rattaché au Groupement d'intérêt public (GIP)enfance maltraitée, devenu Groupement d'Intérêt public "enfance en danger" (GIPED), qui gère le119. Le conseil d’administration du GIP est représentatif de l’ensemble des institutions concernéespar <strong>la</strong> protection de l’enfance, c'est-à-dire les départements, l’État et le monde associatif.Très rapidement, les missions principales de l’ONED sont les suivantes :- l’ONED vient en appui des partenaires concourant dans le champ de <strong>la</strong> protection de l’enfance,- il tente d’améliorer <strong>la</strong> connaissance de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion d’enfants en danger par <strong>la</strong> mise encohérence des données chiffrées existantes,- il recense les actions innovantes re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> protection de l’enfance (et produit des fiches surces dispositifs disponibles sur le site internet),- il développe les études et recherche (notamment par des appels d’offres annuels en matière derecherche, des journées d’étude, etc. …) et enfin,- il a pour mission de diffuser et faire circuler des informations. Ainsi, sur le sitehttp://www.oned.gouv.fr on trouve en bandeau 5 espaces thématiques : dispositifs et pratiques,données chiffrées, documentation, études et recherches, et ressources juridiques. La loi du 5 mars 2007 réformant <strong>la</strong> protection de l’enfanceLa question de l’articu<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> protection administrative et <strong>la</strong> protection judiciaire trouve sonfondement dans le principe de subsidiarité de l’intervention judiciaire qui constitue un des axes de<strong>la</strong> loi du 5 mars 2007. Cette subsidiarité a pour vocation de renforcer <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du Président duConseil général dans sa mission de protection de l’enfance en faisant en sorte que les mesures endirection des enfants en danger ou en risque soient préa<strong>la</strong>blement mises en œuvre par leDépartement, renvoyant au judiciaire les situations dans lesquelles l’intervention administrativen’est pas possible ou n’est pas opérante. Elle a donc nécessairement des impacts sur les pratiquesprofessionnelles et les p<strong>la</strong>ces des uns et des autres.Après avoir donné quelques éléments sur le critère d’intervention en protection de l’enfanceadministrative ou judiciaire (à savoir le danger ou risque de danger) qui a été réaffirmé commecommun aux champs administratif et judiciaire, je vais ce matin m’appesantir sur les effets de <strong>la</strong>loi sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce des magistrats dans cette nouvelle configuration. Rappel historiqueL’ordonnance du 23 décembre 1958 disposait de façon générale que le juge des enfants acompétence pour prononcer toute mesure de protection et d’éducation à l’égard des mineurs dont"<strong>la</strong> santé, <strong>la</strong> sécurité, <strong>la</strong> moralité ou l’éducation sont gravement compromises*". Ce textedissociait l’enfance en danger de l’enfance inadaptée et sortait des catégories d’enfants définisdans différents textes légaux (vagabonds, prostitués, enfants faisant l’objet d’une correctionpaternelle ou enfants victimes dont le parent avait fait l’objet d’une déchéance de l’autoritéparentale …) pour approcher l’enfant sous le seul angle du danger. <strong>De</strong> façon complémentaire, ledécret du 7 janvier 1959 créait un dispositif administratif de <strong>la</strong> protection de l’enfance qui intégraitles mesures de prévention dans le Service de l’aide sociale à l’enfance (ASE).* Ces termes étaient employés depuis <strong>la</strong> loi du 24 juillet 1889.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 17


Le directeur départemental de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et de l’aide sociale était chargé d’exercer une actionsociale préventive auprès des familles dont les conditions d’existence risquaient de mettre endanger <strong>la</strong> santé, <strong>la</strong> sécurité ou <strong>la</strong> moralité de leurs enfants. La ligne de partage entre autoritéjudiciaire et autorité administrative se fait alors entre danger et risque de danger, le directeurdépartemental devant susciter de <strong>la</strong> part des parents toutes mesures utiles.La loi n°89-487 du 10 juillet 1989 re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> prévention des mauvais traitements à l’égard desmineurs et à <strong>la</strong> protection de l’enfance va cependant brouiller les lignes de cette répartition. Eneffet, elle a en fait promu le principe d’une subsidiarité de l’intervention judiciaire (le Président duConseil général avise sans dé<strong>la</strong>i le Procureur de <strong>la</strong> République si <strong>la</strong> situation est impossible àévaluer ou si <strong>la</strong> famille refuse manifestement d’accepter l’intervention des services de l’aidesociale à l’enfance – article 69 du code de l'action sociale et des familles (CASF)). En revanche,elle concerne les mineurs victimes de mauvais traitements ce qui est plus restrictif que <strong>la</strong> notionde danger qui demeure parallèlement le critère d’intervention du juge des enfants au titre del’article 375 du code civil.Mais il est intéressant toutefois de repérer que <strong>la</strong> loi de 2007 s’inscrit (sur <strong>la</strong> question de <strong>la</strong>subsidiarité) dans <strong>la</strong> continuité de <strong>la</strong> loi de 1989.L’articu<strong>la</strong>tion d’une protection administrative, qui plus est décentralisée, et d’une protectionjudiciaire de l’enfance, inscrites l’une et l’autre dans des textes différents, a été repensée par <strong>la</strong> loi2007-293 du 5 mars 2007 : le juge des enfants intervient lorsque l’enfant est en danger etparallèlement l’information préoccupante porte sur un mineur en danger ou en risque. La notiond’intervention en protection de l’enfance est ainsi homogénéisée.La notion de danger fait partie des concepts flous du droit c'est-à-dire que son contenu n’est pasprécis et renvoie à des critères qu’il conviendra d’apprécier au cas par cas (elle renvoie donc àl’évaluation de <strong>la</strong> situation), ces critères étant susceptibles d’évoluer selon les conceptions d’uneépoque. La loi par ailleurs a prolongé l’explicitation de <strong>la</strong> situation de danger : l’article 375 disposedorénavant que si <strong>la</strong> santé, <strong>la</strong> sécurité ou <strong>la</strong> moralité d’un mineur sont en danger ou si lesconditions de son éducation ou de son développement physique, affectif, intellectuel et social sontgravement compromises, le juge des enfants peut ordonner des mesures d’assistance éducative.<strong>De</strong>ux éléments sont à noter sur ce point :1) La question du développement fait écho à l’autorité parentale – cf. 371-1 du code civildans son écriture de <strong>la</strong> loi du 4 mars 2002 : "Elle appartient aux père et mère jusqu'à <strong>la</strong> majoritéou l'émancipation de l'enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pourassurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne". Cettenotion de développement s’inscrit dans <strong>la</strong> philosophie de <strong>la</strong> Convention internationale des droitsde l'enfant (CIDE).2) Par ailleurs, les travaux parlementaires renvoient c<strong>la</strong>irement sur ce point à <strong>la</strong> questionde l’évaluation de l’enfant : c’est l’évaluation du développement physique, affectif, intellectuel etsocial qui permettra d’apporter des éléments concrets concernant <strong>la</strong> situation de danger del’enfant.Cette approche permet de prendre en compte non seulement les préoccupations concernant lecontexte de vie de l’enfant mais également les effets éventuels sur son développement.Avec <strong>la</strong> loi du 5 mars 2007, les notions de risque d’un côté et de danger de l’autre n’ont plus lemême impact au sens où elles ne fondent plus <strong>la</strong> compétence administrative ou judiciaire enprotection de l’enfance. La protection administrative a vocation à être mise en œuvre dans le casde risque ou de danger, sous réserve de l’accord des parents. En effet, c’est <strong>la</strong> question de <strong>la</strong>capacité ou non de col<strong>la</strong>borer de <strong>la</strong> famille, ou de son accord ou opposition à toute évaluation ouaction qui détermine le passage d’une situation de danger de <strong>la</strong> sphère administrative à <strong>la</strong> sphèrejudiciaire, le risque restant toujours dans le champ de <strong>la</strong> compétence administrative.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 18


La subsidiarité de l’intervention judiciaireEn fait, cette subsidiarité est inscrite dans un circuit entre le Président du Conseil général et leProcureur de <strong>la</strong> République. Le préa<strong>la</strong>ble, pour qu’il y ait subsidiarité de l’intervention judiciaire,c’est que le champ d’intervention des institutions soit identique, puis ensuite de définir les critèresqui permettent de passer de l’administratif au judiciaire. On vient de voir que le champd’intervention est le même (du moins du côté du danger). Reste à déterminer quels sont lescritères permettant <strong>la</strong> transmission au Procureur de <strong>la</strong> République (dont on reparlera plusfinement cet après-midi).C’est dans son article 12 que <strong>la</strong> loi du 5 mars 2007 pose le principe de <strong>la</strong> subsidiarité del’intervention judiciaire, cet article traçant en fait le parcours des informations préoccupantes etc’est en ce<strong>la</strong> qu’on peut dire que <strong>la</strong> loi est une loi de circuit. Il est ainsi prévu que "le Président duConseil général est chargé du recueil, du traitement et de l’évaluation, à tout moment et quellequ’en soit l’origine, des informations préoccupantes re<strong>la</strong>tives aux mineurs en danger ou quirisquent de l’être". Ce principe s’inscrit dans une double dimension :1) Tout d’abord, dans le prolongement de drames portés médiatiquement, il s’agissaitalors de renforcer le dispositif d’alerte des situations d’enfants en danger en permettant auPrésident du Conseil général d’assurer <strong>la</strong> centralisation des informations concernant un mêmemineur et d’en assurer le traitement afin qu’aucune de ces informations ne se perde.2) Ensuite, le rôle ainsi accordé au Président du Conseil général le p<strong>la</strong>ce à l’entrée dudispositif afin de permettre aux situations ne justifiant pas une intervention judiciaire de pouvoirêtre traitée prioritairement par le Conseil général.Nous aborderons cet après-midi les critères de <strong>la</strong> subsidiarité notamment dans les pratiques et leseffets sur les articu<strong>la</strong>tions entre le Président du Conseil général et le Procureur de <strong>la</strong> République.Mais nous pouvons déjà faire états de deux "bémols" à <strong>la</strong> mise en œuvre de <strong>la</strong> subsidiarité del’intervention par le circuit de l’information préoccupante :1) Le premier, c’est que les professionnels des établissements et services publics ayantà connaître de situations de mineurs en danger peuvent adresser directement un signalement auProcureur de <strong>la</strong> République, en raison de <strong>la</strong> gravité de <strong>la</strong> situation de l’enfant. Le légis<strong>la</strong>teur a faitle choix (de mémoire très débattu au parlement) de prévoir un circuit parallèle à celui del’information préoccupante en maintenant <strong>la</strong> possibilité d’un signalement direct qui ne passe paspar <strong>la</strong> Cellule de recueil de l’information préoccupante. La seule obligation est alors que lePrésident du Conseil général soit averti de l’existence de ce signalement direct (il doit enrecevoir une copie) ce qui lui permet d’assurer le rôle de veille qui lui est dévolu.2) Le deuxième bémol est que les critères de subsidiarité s’imposent au Procureur de <strong>la</strong>République mais textuellement pas au juge des enfants : ainsi, le juge des enfants est saisi en casde danger par le Procureur de <strong>la</strong> république, mais aussi par les détenteurs de l’autorité parentaleou le mineur lui-même (ce qui ne le p<strong>la</strong>ce pas uniquement du côté de <strong>la</strong> contrainte) et <strong>la</strong> loi ne ditpas qu’il doit vérifier que les critères de l’article L226-4 sont effectivement remplis. (Article 375 ducode civil : "Si <strong>la</strong> santé, <strong>la</strong> sécurité ou <strong>la</strong> moralité d'un mineur non émancipé sont en danger, ou siles conditions de son éducation ou de son développement physique, affectif, intellectuel et socialsont gravement compromises, des mesures d'assistance éducative peuvent être ordonnées parjustice à <strong>la</strong> requête des père et mère conjointement, ou de l'un d'eux, de <strong>la</strong> personne ou duservice à qui l'enfant a été confié ou du tuteur, du mineur lui-même ou du ministère public. Dansles cas où le ministère public a été avisé par le Président du Conseil général, il s'assure que <strong>la</strong>situation du mineur entre dans le champ d'application de l'article L226-4 du code de l'actionsociale et des familles. Le juge peut se saisir d'office à titre exceptionnel".)La p<strong>la</strong>ce du juge des enfants dans ce nouveau dispositifTout d’abord, <strong>la</strong> loi du 5 mars 2007 n’est pas revenue sur le principe d’un juge des enfantspouvant s’autosaisir de façon exceptionnelle et intervenant en matière d’assistance éducativedans une logique de suivi des situations et de continuité de <strong>la</strong> prise en charge. C’est une approche2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 19


originale dans le cadre judiciaire sur le p<strong>la</strong>n international, mais également d’une certaine manièreen interne de l’institution judiciaire : le juge des enfants en assistance éducative intervient dans <strong>la</strong>continuité alors que le juge est en principe dessaisit lorsqu’il a tranché le litige.La loi de 2007 lui a en outre donné des possibilités supplémentaires pour exercer ses missions deprotection :- notamment en prévoyant officiellement <strong>la</strong> création de dispositifs de prise en charge entrel’AEMO et le p<strong>la</strong>cement ;- elle a par ailleurs maintenu le principe de l’intervention du juge des enfants en assistanceéducative dans les situations pour lesquelles <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> délégation d’autorité parentale voiredu retrait de l’autorité parentale pourraient légitimement se poser, en lui donnant de nouveauxoutils ;- ainsi, le juge des enfants peut autoriser, de façon exceptionnelle et dans l’intérêt del’enfant, un tiers à exercer un acte relevant de l’autorité parentale en cas de refus abusif ouinjustifié ou en cas de négligence des détenteurs de l’autorité parentale ;- il peut également ordonner que le droit de visite du parent s’exerce en présence d’un tierslà aussi lorsque l’intérêt de l’enfant l’exige ;- enfin, <strong>la</strong> loi du 5 mars 2007 lui permet de ordonner une mesure d’accueil pour une duréesupérieure à deux ans, lorsque les parents présentent des difficultés re<strong>la</strong>tionnelles et éducativesgraves, sévères et chroniques, affectant durablement leurs compétences dans l’exercice de leurresponsabilité parentale. Cette disposition a pour objectif de permettre à l’enfant de bénéficierd’une continuité re<strong>la</strong>tionnelle, affective et géographique dans son lieu d’accueil.Elle maintient ainsi le juge des enfants dans une procédure singulière, initiée par l’ordonnance du23 décembre 1958, qui ne mettait toutefois pas l’accent sur les re<strong>la</strong>tions juridiques parentsenfants, mais uniquement sur <strong>la</strong> protection des mineurs en danger, contrairement au texte quinous gouverne aujourd’hui, issue de <strong>la</strong> loi du 4 juin 1970. Cette dernière a en effet réaffirmé lerôle singulier du juge des enfants, mais sa première caractéristique a été de mettre l’accent surl’autorité parentale. Dans l’esprit du légis<strong>la</strong>teur, l’intervention en assistance éducative était alorsconçue principalement dans le cadre du milieu ouvert, (70% des mineurs en assistance éducativeen 1968 étaient <strong>la</strong>issés dans leur milieu naturel dont près de 20% sans mesure, les enfants remisà l’ASE ou à un établissement représentant 30%) les p<strong>la</strong>cements longs devant logiquementaboutir à <strong>la</strong> déchéance de l’autorité parentale dont les conditions étaient assouplies.La loi du 5 mars 2007 a donc maintenu le juge des enfants dans ce travail singulier avec lesfamilles entre mesures administratives d’un côté et délégation ou retrait d’autorité parentale del’autre. La question est de savoir quelle p<strong>la</strong>ce il occupe aujourd’hui, étant précisé que nous avonsune conjonction d’événements entre <strong>la</strong> loi du 5 mars 2007 et les évolutions des politiquespubliques sur le p<strong>la</strong>n judciaire.Le juge des enfants et <strong>la</strong> subsidiarité de l’intervention judiciaireL’article L226-4 du code de l’action sociale et des familles (CASF) détermine les situations danslesquelles il est possible d’adresser un signalement au Procureur de <strong>la</strong> République. Il s’inscritcomme on l’a vu dans <strong>la</strong> volonté d’une centralisation des informations préoccupantes et dans leprincipe prioritaire d’une protection administrative. Toutefois, <strong>la</strong> loi n’a pas modifié l’article 375 ducode civil qui détermine le champ de compétence du juge des enfants. Ce dernier est saisitlorsque l’enfant est en danger et peut être saisit par le Procureur de <strong>la</strong> République (qui assure unfiltre) mais également par les parents ou le mineur lui-même. Il n’est donc pas textuellementsoumis aux critères de l’article L226-4 du CASF et si le légis<strong>la</strong>teur avait effectivement voulu l’ysoumettre, il n’aurait pu être saisit que par le Procureur de <strong>la</strong> République.Nous sommes donc confrontés à des niveaux logiques d’intervention différents au sein même duprocessus de protection de l’enfance qui provoquent des confusions chez les professionnels. Lejuge des enfants est toujours dans l’obligation de rechercher l’adhésion, ce qui est probablementle noyau dur de son exercice professionnel à <strong>la</strong> française. Nous verrons cet après-midi <strong>la</strong> questionde l’accord des familles, de l’adhésion, de <strong>la</strong> contractualisation, etc. ... Mais <strong>la</strong> question est desavoir si <strong>la</strong> recherche de l’adhésion a encore du sens au regard de <strong>la</strong> philosophie de <strong>la</strong> subsidiaritéde l’intervention judiciaire.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 20


Le juge des enfants, le Président du Conseil général et <strong>la</strong> continuité de <strong>la</strong> priseen charge<strong>De</strong>puis <strong>la</strong> décentralisation, <strong>la</strong> mission de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) est confiée au Présidentdu Conseil général, le Département étant responsable du Service de l’aide sociale à l’enfance et enassurant le financement.La loi du 5 mars 2007 p<strong>la</strong>ce le Président du Conseil général dans un rôle stratégique de pilote de<strong>la</strong> politique départementale de protection de l’enfance. Ainsi, <strong>la</strong> prévention entrant dans le champde <strong>la</strong> protection de l’enfance, <strong>la</strong> protection maternelle et infantile est non seulement sous l’autoritémais également sous "<strong>la</strong> responsabilité" du Président du Conseil général. Dans le champ de l’ASE,le Président du Conseil général s’ancre dans son rôle de "Chef de file", du fait comme nous l’avonsvu précédemment de sa mission de recueil, traitement et évaluation de toutes les informationspréoccupantes, mais également dans une mission plus <strong>la</strong>rge lui demandant d’assurer "le suivi et,dans <strong>la</strong> mesure du possible, <strong>la</strong> continuité des interventions mises en œuvre pour un enfant et safamille au titre de <strong>la</strong> protection de l’enfance". En fait, c’est une mission très difficile qui amène àdes transformations profondes des pratiques professionnelles. Quels outils <strong>la</strong> loi a-t-elle mis àdisposition du Président du Conseil général pour ce faire ?- C’est d’abord le rapport circonstancié : lorsqu’une mesure judiciaire est mise en œuvredirectement par un service habilité, ce dernier adresse au Président du Conseil général un rapportcirconstancié, qui permet à ce dernier d’avoir une connaissance de l’évolution de <strong>la</strong> situation dumineur pour lequel il n’est pas chargé d’une mesure. Les débats tournent autour de <strong>la</strong> question desavoir quel contenu doit avoir ce document. Doit-il être le même que le rapport adressé au jugedes enfants ? Mais il s’agit d’une pièce judiciaire qui comporte des règles spécifiques decommunication. Si c’est un autre document, quel contenu pour quelle finalité ?- C’est ensuite le projet pour l’enfant (PPE): les services départementaux et les titu<strong>la</strong>ires del’autorité parentale établissent un document intitulé "projet pour l’enfant" qui précise les actionsmenées auprès de l’enfant, de ses parents et de son environnement, que l’enfant soit pris encharge au titre d’une prestation d’aide sociale à l’enfance ou d’une mesure judiciaire. Il est prévuque ce projet soit adressé au juge des enfants lorsqu’il comporte les conditions d’exercice du droitde visite et d’hébergement des parents (article L223-1 du code de l’action sociale et des familles).La lecture de cet article renvoie à <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du juge des enfants qui assure luiégalement le suivi et <strong>la</strong> cohérence des prises en charge ; qu’en est-il en effet de l’articu<strong>la</strong>tionentre <strong>la</strong> mesure judiciaire et le contenu du projet pour l’enfant ? Comment sont intégrés les motifsde <strong>la</strong> décision et les objectifs posés par le juge des enfants ? Le juge des enfants et sa p<strong>la</strong>ce dans le dispositif judiciaire de <strong>la</strong> protection del’enfanceAu-delà des effets de <strong>la</strong> loi sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du Procureur de <strong>la</strong> République et du Président du Conseilgénéral au sein du dispositif de protection de l’enfance, le juge des enfants est égalementconfronté aux changements de positionnement des institutions concernées par le champ de <strong>la</strong>protection de l’enfance qui le fait forcément bouger de p<strong>la</strong>ce.Il en est ainsi de <strong>la</strong> Direction de <strong>la</strong> protection judiciaire de <strong>la</strong> jeunesse (DPJJ) qui au terme dudécret du 9 juillet 2008 re<strong>la</strong>tif à l’organisation du ministère de <strong>la</strong> justice est chargée de <strong>la</strong>concertation des institutions intervenant au titre de <strong>la</strong> protection de l’enfance. Les missions qui endécoulent sont notamment de garantir une aide aux décisions de l’autorité judiciaire et de luigarantir par le contrôle, l’audit et l’évaluation, <strong>la</strong> qualité de <strong>la</strong> prise en charge de l’enfant. Cesmissions positionnent <strong>la</strong> PJJ dans un travail resserré avec les conseils généraux dans <strong>la</strong> sphèrecivile de <strong>la</strong> protection de l’enfance tout en n’étant plus opérateur des mesures d’assistanceéducative (à l’exception des mesures d’investigation) mais également dans une volontéd’harmonisation des pratiques judiciaires.Les re<strong>la</strong>tions entre les conseils généraux et les services habilités qui interviennent en protectionde l’enfance évoluent ; outre que les services doivent dorénavant adresser un rapportcirconstancié au Président du Conseil général lorsqu’ils sont mandatés directement par le juge des2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 21


enfants (principal interlocuteur jusqu’alors), les nouvelles modalités d’appel à projet prévues par<strong>la</strong> loi n°2009-879 du 21 juillet 2009 les amènent à répondre à un besoin défini par leDépartement dans le cadre du schéma départemental et à inscrire leur force de proposition et leurcréativité au sein d’un cadre prédéfini, ce qui modifie les équilibres re<strong>la</strong>tionnels entre les différentspartenaires, y compris avec le juge des enfants.Globalement, le positionnement de l’ensemble des acteurs institutionnels dans le champ de <strong>la</strong>protection de l’enfance, autour du juge des enfants a donc évolué et <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de ce dernier dans ledispositif n’est pas toujours c<strong>la</strong>irement affirmée. Il est ainsi significatif de voir apparaître dans lestextes normatifs – et notamment <strong>la</strong> loi du 5 mars 2007 - <strong>la</strong> notion fonctionnelle "d’autoritéjudiciaire" qui correspond à <strong>la</strong> fois au parquet et au juge des enfants sans qu’il ne soit pris encompte leur distinction pourtant fondamentale. Conclusion : vers un nouveau juge des enfants ?- La saisine du juge des enfants en raison de son seul pouvoir de contrainte pour des familles quiont, préa<strong>la</strong>blement, bénéficié de <strong>la</strong> recherche d’un travail participatif duquel elles se sontsoustrait,- le rôle dévolu au Président du Conseil général d’assurer <strong>la</strong> continuité des parcours,- <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce redéfinie des acteurs associatifsmènent à penser que le juge des enfants pourrait n’intervenir qu’en tant que "juge-arbitre"abandonnant toute recherche d’adhésion de <strong>la</strong> famille à <strong>la</strong> mise en œuvre de <strong>la</strong> mesure deprotection et imposant sa décision à <strong>la</strong> famille, ou au service gardien sans que pour autantl’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> décision judiciaire à <strong>la</strong> prise en charge éducative ne puisse être pensée etaccompagnée par le magistrat. Ce modèle correspond d’ailleurs peu ou prou aux systèmesjudiciaires européens. Mais force est de constater que <strong>la</strong> figure plus traditionnelle du juge desenfants demeure :- il reste le seul porteur opérationnel de l’articu<strong>la</strong>tion entre le pénal et le civil assurant ainsi<strong>la</strong> cohérence de prise en charge des enfants ayant des procédures en assistance éducative et aupénal ;- il dispose d’une réelle capacité d’intervention dans l’urgence peu habituelle dans <strong>la</strong> sphèrejudiciaire ;- il fixe un cadre de travail qui s’impose à <strong>la</strong> fois à <strong>la</strong> famille et aux professionnels et quiinstaure des modalités de travail c<strong>la</strong>ires pour les uns et les autres.Il reste donc un acteur essentiel dans <strong>la</strong> prise en charge individuelle des enfants.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 22


TABLE RONDE :COMMENT LA REFORME DE LA PROTECTIONDE L’ENFANCE A MODIFIELES PRATIQUES PROFESSIONNELLESET LA PLACE DE CHACUN ?2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 23


Intervention de Nathalie TRELLU,Directrice du Service territorial éducatif de milieu ouvert (STEMO),Direction territoriale de <strong>la</strong> Protection judiciairede <strong>la</strong> Jeunesse (PJJ) Poitou-CharentesLa loi de protection de l’enfance du 5 mars 2007 affirme le principe de subsidiarité del’intervention judiciaire, et définit l’articu<strong>la</strong>tion entre l’intervention administrative et l’interventionjudiciaire. Ainsi, l’intervention administrative <strong>la</strong>isse p<strong>la</strong>ce à l’intervention judiciaire dans 2situations :1) lors de l’existence d’un danger tel que défini par l’article 375 du code civil et l’interventiondes services de l’Aide sociale à l'enfance (ASE) n’ont pas permis d’améliorer <strong>la</strong> situation, ou refusou impossibilité pour <strong>la</strong> famille de coopérer à <strong>la</strong> mesure exercée par les services de l’ASE.2) lors de l’existence d’une présomption de danger, au sens de l’article 375 du code civil etimpossibilité d’évaluer <strong>la</strong> situation par les services de l’ASE.L’intérêt de l’enfant, <strong>la</strong> prise en compte de ses besoins et le respect de ses droits doivent guidertoute décision le concernant et constituent les principes fondamentaux de l’intervention judiciaire.Aussi, le juge des enfants, saisit, peut prononcer, au stade de l’information, une mesured’investigation. C’est une mesure d’aide à <strong>la</strong> décision pour le magistrat. Cette mission "d’aide à <strong>la</strong>décision des magistrats" est prioritaire pour <strong>la</strong> PJJ, dans le cadre civil comme pénal, car elle tendà favoriser <strong>la</strong> qualité des décisions judiciaires et de <strong>la</strong> conduite des mesures éducatives.La mesure d’investigation présente un intérêt pour le magistrat pour lui permettre de préparer sesdécisions et de faire des choix, et aux services mettant en œuvre les mesures éducatives pourbâtir le projet éducatif en direction du mineur et de sa famille. A ce titre, sa mise en œuvre par lesservices de <strong>la</strong> PJJ s’inscrit donc pleinement dans le dispositif de <strong>la</strong> protection de l’enfance.LA MESURE D'INVESTIGATION, DE QUOI S'AGIT-IL ?Quelques éléments d’histoireHistoriquement, il existait deux mesures : « l’observation en milieu ouvert » et « <strong>la</strong> consultationd’orientation éducative » qui ont <strong>la</strong>issé p<strong>la</strong>ce en 1991 à <strong>la</strong> Mesure d’investigation et d’orientationéducative (IOE) d’une durée de 6 mois. Le juge des enfants a aussi <strong>la</strong> possibilité de prononcer desenquêtes sociales (durée de 4 mois).Les évolutions légis<strong>la</strong>tives et le souci constant d’améliorer <strong>la</strong> qualité de l’aide à <strong>la</strong> décision desmagistrats ont conduit <strong>la</strong> PJJ à rendre les investigations plus adaptées et adaptables auxprocédures judiciaires et à approfondir leur contenu.Ainsi, au cours de l’année 2011, <strong>la</strong> Mesure judiciaire d’investigation éducative (MJIE) vaprogressivement se substituer à l’Enquête sociale et à l’Investigation d’orientation éducative.Il s’agit désormais d’une mesure d’investigation unique et modu<strong>la</strong>ble. La finalité de l’investigation : entre recherche d’information et é<strong>la</strong>borationd’hypothèse de travailLa mise en œuvre d’une mesure d’investigation doit donc être précédée d’une audience chez lejuge des enfants, c’est un préa<strong>la</strong>ble à une décision ; elle n’est pas susceptible de recours.La durée maximum d’exécution est de 5 mois pour <strong>la</strong> PJJ.Elle est par essence une démarche dynamique :- de vérification des conditions prévues par <strong>la</strong> loi pour l’intervention judiciaire.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 24


- de recueil d’éléments de compréhension éc<strong>la</strong>irant <strong>la</strong> situation du mineur et de sa famille. Il s’agitd’établir un bi<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> situation personnelle, familiale, du mineur, en lien avec son environnementé<strong>la</strong>rgi.- de vérification de <strong>la</strong> notion de danger ou de risque et <strong>la</strong> capacité des parents à prendre encompte ces éléments.- d’évaluation des difficultés du jeune et de sa famille, ainsi que leur potentialité d’évolution. Elleaide le jeune et ses parents à acquérir une meilleure compréhension de leur situation et à mettreeux même en œuvre les solutions propres à résoudre leurs difficultés.Aussi, à défaut de savoir ou de pouvoir assurer <strong>la</strong> protection de leurs enfants, les parents doiventêtre secondés. Et c’est d’abord en s’appuyant sur leurs compétences et les ressources del’environnement familial que l’on peut mieux aider l’enfant et sa famille. Toute interventionimposée pour les aider dans l’exercice de leur responsabilité parentale doit respecter leur p<strong>la</strong>ce.- d’é<strong>la</strong>boration de propositions permettant au magistrat de faire un choix étayé. Il s’agit d’é<strong>la</strong>boreret de formaliser des programmes d’action et d’accompagnement compatibles avec <strong>la</strong>problématique de l’enfant et <strong>la</strong> situation des détenteurs de l’autorité parentale. Les Caractéristiques de <strong>la</strong> mesure d'investigationC’est une mesure unique, d'une durée de 5 mois maximum, modu<strong>la</strong>ble dans son contenu et sadurée. Elle est menée par une équipe interdisciplinaire constituée d’un binôme associant untravailleur social et un psychologue. Adaptabilité du dé<strong>la</strong>i de réalisationDans le cadre civil, <strong>la</strong> mesure sera réalisée dans le dé<strong>la</strong>i prescrit par le magistrat, soit cinq moismaximum. En cours de réalisation, si une audience est prévue ou rendue nécessaire, le servicecommuniquera un rapport intermédiaire.Dans les situations d’urgence, le magistrat pourra ordonner une MJIE que le service PJJ devraeffectuer dans un dé<strong>la</strong>i de 15 jours après notification. Modu<strong>la</strong>rité du contenuLa MJIE comprend un module de base avec le cas échéant sur décision initiale, à <strong>la</strong> suite ou encours d’exercice, un ou des modules d’approfondissement prescrit par le magistrat. Le module de base vise à apporter les éléments d’information et d’analyse incontournables sur <strong>la</strong>personnalité du mineur, <strong>la</strong> situation familiale et sociale, le sens des actes posés ou subit. Lacircu<strong>la</strong>ire re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> MJIE référence ces éléments incontournables au cadre civil et au cadrepénal. Les modules d’approfondissement permettront d’explorer par une approche spécifique desproblématiques particulières repérées d’emblée ou au cours de <strong>la</strong> MJIE.Le contenu des modules d’approfondissement, actuellement en travail, sera traduit dans unréférentiel thématique non exhaustif, auquel le magistrat pourra se référer pour en préciser lecontour. Le recours à ces modules prendra bien évidemment tout son sens dès lors qu’il deviendradéterminant pour éc<strong>la</strong>irer <strong>la</strong> situation du mineur.Exemples de modules d’approfondissement :- l’approfondissement du système familial,- les références identitaires et culturelles du mineur et de sa famille,- <strong>la</strong> santé,- mineurs et sexualité. La mesure d’investigation met en œuvre une approche pluridisciplinaireElle est menée par un éducateur et/ou un assistant de service social, est associé un psychologue,un psychiatre …L'éducateur ou l'assistant social mène une investigation auprès du jeune, des parents et desservices concernés par <strong>la</strong> situation du mineur.Le psychologue procède à l'étude de personnalité du jeune et peut proposer un entretien avec lesparents pour mieux appréhender <strong>la</strong> nature des difficultés.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 25


Leurs interventions font l’objet d’une coordination à travers une articu<strong>la</strong>tion fine visant uneanalyse de <strong>la</strong> situation tout au long de <strong>la</strong> période d’investigation.La mise en perspective de ces différentes approches conduit à <strong>la</strong> recherche de solutions avec uneproposition de prise en charge é<strong>la</strong>borée lors d'une réunion de synthèse.Les analyses, constats et propositions font l’objet d’une présentation au mineur et aux détenteursde l’autorité parentale avec recherche de l'adhésion des intéressés.Le partenariatPour mener à bien l’ensemble des investigations, le service ne peut faire l’économie de consulterce qui a été produit au préa<strong>la</strong>ble et ne peut conduire ces démarches d’évaluation des situationssans se référer à un réseau partenarial qui peut servir d’appui à <strong>la</strong> compréhension desproblématiques confiées ou être source de proposition d’accompagnement et de suivi.Le partenariat développé est :- régulier avec les instances amenées à signaler des situations de danger,- construit dans une logique de travail de proximité avec les intervenants sociaux de secteur et lemilieu sco<strong>la</strong>ire,- continu avec les structures d’accompagnement des mineurs.L’articu<strong>la</strong>tion est essentielle pour inscrire le parcours du mineur dans une cohérence d’ensemble.Le rendu compteLa mesure d’investigation vise à donner sens, à mettre des mots sur des situations de souffrance,d’incompréhension, de conflits ou de danger. Elle est finalisée par une trace écrite qui traduitl’ensemble des démarches effectuées.Cet écrit est adressé au juge des enfants et tend à rendre compte de l’inscription du jeune et desa famille dans leur dynamique spécifique. Les éléments de danger réels ou potentiels sontévalués, les compétences des uns et des autres sont repérées, validées et si possible valorisées àtravers des projets d'action.Les potentialités d’évolution sont mesurées et peuvent faire l’objet d’un projet d’accompagnementspécifique à court, moyen ou long terme. L’adhésion du mineur et de <strong>la</strong> famille est toutparticulièrement recherchée, notamment pour permettre <strong>la</strong> mise en œuvre d’un suivi administratifsi l’intervention judiciaire n’a plus lieu d’être.Ainsi, cet écrit valorise l’opportunité d’organiser une mesure de protection judiciaire ouadministrative en recherchant l’adhésion du mineur et de sa famille. Il formalise plusieurspropositions d’accompagnement éducatif avec les avantages et inconvénients de chacune. Cespropositions peuvent être l’absence de nécessité d’accompagnement éducatif judiciaire,l’accompagnement en milieu ouvert ou encore le p<strong>la</strong>cement…LES LIMITES DE L'INVESTIGATION <strong>De</strong>s situations de plus en plus complexesAvec <strong>la</strong> déjudiciarisation des situations de danger, le juge intervient plus tard dans le déroulementde <strong>la</strong> procédure. Ainsi, lorsqu’une décision judiciaire est prise les situations des mineurs et desfamilles sont en principe plus complexes, plus dégradées.Il sera d’autant plus difficile d’entrer en contact avec les intéressés, de rechercher leur adhésion àcette mesure contrainte d’investigation. Les familles se dép<strong>la</strong>cent moins, ce qui demande auxintervenants sociaux de modifier leurs pratiques professionnelles pour une plus grandeadaptabilité, mobilité au bénéfice des jeunes et des familles faisant l’objet d’une mesured’investigation.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 26


<strong>De</strong>s partenariats locaux sont donc à développer pour un accueil de proximité des jeunes et desfamilles (ex. : convention de partenariat pour le prêt d’un local avec les MDS, Associations …).Lorsque <strong>la</strong> prise de contact avec les jeunes et les familles prend du temps, le dé<strong>la</strong>i maximumd’exécution de 5 mois peut devenir une difficulté. Le contenu du rendu compte ne pourra être lemême que pour une mesure d’investigation plus longue. Une articu<strong>la</strong>tion avec les services partenaires à développerLa mesure d’investigation impose de s’inscrire dans <strong>la</strong> cohérence du parcours du jeune et de safamille, il est donc primordial de prendre connaissance des interventions administratives oujudiciaires antérieures et de préparer les interventions futures, dans le respect de <strong>la</strong> notion desecret partagé. D’où l’importance de travailler en articu<strong>la</strong>tion avec les services partenaires, cettearticu<strong>la</strong>tion doit être développée car elle repose parfois plus sur des réseaux intra personnelsqu’institutionnels.Ce développement de l’articu<strong>la</strong>tion notamment, de <strong>la</strong> PJJ avec les services du Conseil général,pourrait en outre favoriser une plus grande souplesse pour le passage d’une interventionadministrative à une intervention judiciaire et inversement. Ce<strong>la</strong> permettrait aussi une plusgrande adaptabilité des interventions aux besoins évolutifs des jeunes et des familles.N.B. : Le passage d’une mesure judiciaire à un p<strong>la</strong>cement administratif est peu développé, toutcomme il a fallu travailler de plus en plus l’idée qu’une mesure d’investigation judiciaire pouvaitdéboucher sur une intervention administrative pour un accompagnement en milieu ouvert, ilconvient de chercher à développer <strong>la</strong> réciproque pour une mesure de p<strong>la</strong>cement administratif.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 27


Intervention de Bernard DESVILLES,Chef de service de <strong>la</strong> Cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP)et du Service éducatif judiciaire départemental (SEJD),Conseil général de <strong>la</strong> CharenteLA LOI DE PROTECTION DE L’ENFANCE DU 5 MARS 2007Le Conseil général de <strong>la</strong> Charente avait anticipé cette loi.Avant 2007 :Partage des compétences concernant <strong>la</strong> protection de l’enfance entre <strong>la</strong> justice et le Conseilgénéral.<strong>De</strong>puis 2007 :La loi instaure <strong>la</strong> primauté de <strong>la</strong> protection administrative sur <strong>la</strong> protection judiciaire. Et lePrésident du Conseil général comme Chef de file de <strong>la</strong> protection de l'enfance sur son territoire.<strong>De</strong>ux impératifs sont posés par <strong>la</strong> loi :- repérer le mieux possible les situations d’enfants en danger,- et traiter efficacement les informations préoccupantes.Avant 2007 :Un seul mot désignait les différentes interventions : le signalement.Saisine directe du Procureur par les particuliers mais aussi par les partenaires (Éducationnationale, Centre d'hébergement et de réinsertion sociale, …).Intervention du Service éducatif auprès du tribunal avant les audiences afin de préparer celles-ciou de renvoyer sur le secteur.<strong>De</strong>puis 2007:Distinction entre saisine de l'autorité administrative : l'information préoccupante (1) et saisine del'autorité judiciaire : le signalement (2) .Le Conseil général recueille toutes les informations préoccupantes.(1) Définition d'une information préoccupante : « Tout élément d’information, y compris médical,susceptible de <strong>la</strong>isser craindre qu’un enfant se trouve en situation de danger ou de risque dedanger, puisse avoir besoin d’aide, et qui doit faire l’objet d’une transmission à <strong>la</strong> Celluledépartementale pour évaluation et suite à donner ».La notion "de mineur maltraité" est remp<strong>la</strong>cée par celle de "mineur en danger ou enrisque de l’être".(2) Définition du signalement judiciaire : « La loi réformant <strong>la</strong> protection de l’enfance réserve leterme de signalement à <strong>la</strong> saisine du Procureur de <strong>la</strong> République. Le signalement est un acteprofessionnel écrit présentant, après évaluation, <strong>la</strong> situation d’un enfant en danger qui nécessiteune protection judiciaire ».La loi substitue le danger et le risque de danger à <strong>la</strong> maltraitance et harmonise les deuxcodes (code de l'action sociale et des familles et code civil) :- Article L221-1 du code de l'action sociale et des familles : « … tant aux mineurs et à leur familleou à tout détenteur de l'autorité parentale, confrontés à des difficultés risquant de mettre endanger <strong>la</strong> santé, <strong>la</strong> sécurité, <strong>la</strong> moralité de ces mineurs ou de compromettre gravement leuréducation ou leur développement physique, affectif, intellectuel et social, … ».- Article 375 du code civil : « Si <strong>la</strong> santé, <strong>la</strong> sécurité ou <strong>la</strong> moralité d'un mineur non émancipé sonten danger, ou si les conditions de son éducation ou de son développement physique, affectif,intellectuel et social sont gravement compromises … ».2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 28


Avant 2007La loi du 10 juillet 1989 faisait déjà obligation au Président du Conseil général de mettre en p<strong>la</strong>ceun dispositif de recueil d’informations re<strong>la</strong>tives aux mineurs maltraités et de réponse auxsituations d’urgence. Il s'agissait de <strong>la</strong> Cellule signalement du Conseil général de <strong>la</strong> Charente.Tous les signalements ne passaient pas par <strong>la</strong> Cellule (saisine directe du Parquet des partenaireset des particuliers).Par contre, tous les signalements des Maisons départementales des solidarités en direction duProcureur ou du juge des enfants étaient centralisés.<strong>De</strong>puis 2007Signature du protocole partenarial du recueil, du traitement et de l'évaluation des informationspréoccupantes en novembre 2009 par le Préfet de <strong>la</strong> Charente, le Procureur de <strong>la</strong> République duTribunal de grande instance d'Angoulême, le Président du Tribunal de grande instanced'Angoulême, l'Inspecteur d'académie de <strong>la</strong> Charente, <strong>la</strong> Directrice départementale de <strong>la</strong>Protection judiciaire de <strong>la</strong> jeunesse et le Président du Conseil général de <strong>la</strong> Charente.La loi charge le Président du Conseil général du recueil, du traitement et de l'évaluationdes informations préoccupantes, et le charge de <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d'une Celluledépartementale : <strong>la</strong> Cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP) de <strong>la</strong> Charente.Avant 2007Les demandes d'enquête pour évaluation et les mandatements sont faits par <strong>la</strong> Cellulesignalement.Mise en p<strong>la</strong>ce d'un guide de procédure du signalement (en interne, évaluation à 2 Travailleurssociaux, écrits signature unique, passage en commission enfance).L'évaluation faisait déjà état de propositions d'aide à <strong>la</strong> famille, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion était déjàtrès importante entre <strong>la</strong> Cellule signalement et le Substitut chargé des mineurs.<strong>De</strong>puis 2007Toutes les informations sont des informations préoccupantes.Ce postu<strong>la</strong>t existant dans bon nombre de départements, avait une <strong>la</strong>cune importante, le travail desuivi social des familles connues des Maisons départementales des solidarités n'était pas pris encompte. Par conséquent, toutes les informations ne sont pas des informationspréoccupantes.Les CRIP territoriales (Maisons départementales des solidarités et Service éducatif judiciairedépartemental) évaluent l'information préoccupante avant afin de qualifier l'information enfonction de l'accompagnement déjà mis en p<strong>la</strong>ce avec les familles.Mise en p<strong>la</strong>ce du logiciel IODAS-CRIP en mars 2010 pour informatiser le traitement desinformations préoccupantes (IP) sur l'ensemble du territoire afin de :- recueillir les IP : <strong>la</strong> CRIP (Cellule départementale), lieu unique et bien identifié, vers <strong>la</strong>quelleconvergent toutes les informations préoccupantes,- traiter les IP : toute information préoccupante transmise à <strong>la</strong> CRIP implique un traitement. Laloi indique que <strong>la</strong> Cellule est garante de ce traitement.- évaluer les IP: toute information préoccupante implique de procéder à une évaluation (1) de <strong>la</strong>situation. La loi qualifie l’évaluation comme une procédure incontournable.(1) Définition de l'évaluation : L'évaluation est un travail fondamental qui implique une démarcheméthodologique d’observation et de compréhension de <strong>la</strong> situation d’un enfant ou d’un adolescent.Elle s’é<strong>la</strong>bore à partir de l’échange (en visite à domicile, en entretien) qui aura lieu entre lesparents, le mineur concerné et les professionnels amenés à intervenir. Evaluation de l’état de l’enfant au regard des besoins essentiels à son développement(physique, affectif, intellectuel, social), à <strong>la</strong> préservation de sa santé, sa sécurité, sa moralité etson autonomie ; évaluation de l’état des re<strong>la</strong>tions entre l’enfant et ses parents et le potentiel de cesderniers à se mobiliser ; évaluation du contexte familial et environnemental influant sur sa situation et sondéveloppement.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 29


Si suite à l'évaluation il est fait une proposition d’une saisine judiciaire, unargumentaire est indispensable.Les conditions de signalement au parquet sont limitées. Le Président saisit le parquet dessituations de danger dans les cas de :- danger et refus de <strong>la</strong> famille de toute mesure d'aide ou impossibilité de col<strong>la</strong>boration ;- danger et échec des mesures mises en p<strong>la</strong>ce ;- risque de danger et impossibilité d'évaluer ;- risque de danger et nécessité de protection de l'enfant.Le Procureur de <strong>la</strong> République veille au respect de <strong>la</strong> subsidiarité.Une IP peut devenir très rapidement (en fonction de son contenu) un signalement si leséléments recueillis sont le reflet d'une maltraitance physique grave ou de violencessexuelles (saisine directe du Procureur) – protocole signé en novembre 2009.La CRIP départementale est en re<strong>la</strong>tion directe avec le Substitut chargé des mineurs en cas dedanger immédiat. La saisine de l'autorité judiciaire doit être effectuée sans dé<strong>la</strong>i par fax et par unappel téléphonique.Un point important : une enquête pénale n'empêche pas le Service de l'aide sociale àl'enfance (ASE) de mettre en p<strong>la</strong>ce des mesures administratives de prévention ou deprotection si les parents coopèrent et si le juge des enfants n'est pas saisit.Le parquet transmet à <strong>la</strong> CRIP les IP qui lui ont été transmises directement.Le parquet informe <strong>la</strong> CRIP des suites données aux signalements.Le 5 mars 2007, le parlement adoptait, dans un consensus rare, <strong>la</strong> loi réformant <strong>la</strong> protection del’enfance s’appuyant sur le triptyque « PREVENIR – AMELIORER – INNOVER ».Questionnements posés par cette loi :Cette loi est-elle une bonne loi ?Comment améliorer l’articu<strong>la</strong>tion entre protection administrative et judiciaire ?Est-elle facile à mettre en p<strong>la</strong>ce ?Voit-on émerger de nouvelles pratiques intéressantes ?Constate-t-on une baisse des saisines judicaires ?Postu<strong>la</strong>t de cette loi : sortir du judiciaire.Le paradoxe de cette loi en Charente :En 2010, environ une centaine de saisines judiciaires de plus qu'en 2009.En 2011, certains questionnements méritent d'être abordés concernant nos pratiques :1) Questionnements autour de l'évaluation Qu'est ce que l'évaluation d'une IP ?Evaluation de l’IP, besoin de référentiel et d'outil d'évaluation.Il y a sans doute besoin de formaliser une méthodologie de ce type d'évaluation.- Mise en avant du dé<strong>la</strong>i raisonnable de l’évaluation ;- des techniques spécifiques à ce type d’entretien et aux visites à domicile ;- le type d’échange avec les partenaires concernant l’IP (secret professionnel / informationpartagée) ;- l’identification des difficultés familiales et le danger ou risque de danger ;- <strong>la</strong> mise en avant des ressources et des compétences des familles ;- les limites de l’évaluation, il semble facile d’évaluer les difficultés et les carences des famillesmais il est plus difficile d’appréhender et de reconnaître les compétences. <strong>De</strong> cette identificationpourrait ressortir ce qui serait de l'ordre d'une mesure administrative ou de l'ordre d'une demandede saisine judiciaire. Quelles sont les exigences posées par l'institution sur <strong>la</strong> qualité de l'évaluation ?La durée pour le traitement des IP.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 30


Les écrits.2) Questionnements autour du travail sur l'écritQuelle importance donne t'on au rapport d’évaluation ?C'est évidemment un document d’une importance majeure.- Faire apparaître l’ensemble des informations nécessaires à <strong>la</strong> compréhension de <strong>la</strong> situation envue d’une décision ;- il faut envisager au court de l'évaluation, le travail avec <strong>la</strong> famille après l'évaluation de l'IP ;- l'écrit devient dans une IP l’élément déclencheur de l’histoire de l'enfant et de cette famille, dansle cadre d’une prise en charge ASE (création du dossier de l'enfant) ;- l’écrit, élément important du parcours de l’enfant (trace du passage de l'enfant) ;- porter à <strong>la</strong> connaissance de <strong>la</strong> famille le contenu du rapport d’évaluation ainsi que sa conclusion.3) Questionnements sur <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration des familles et <strong>la</strong> recherche des compétences Quelle p<strong>la</strong>ce pour <strong>la</strong> famille ?- Qualifier cette col<strong>la</strong>boration pour l'orienter ;- un premier refus ou un évitement motivent-ils une saisine judiciaire ?- prendre en compte les craintes des familles ;- évolution des savoirs-faire spécifiques en matière d’évaluation ;- le temps et <strong>la</strong> disponibilité pour le travail avec les familles ;- les compétences à reconnaître aux familles ;- une meilleure connaissance entre professionnel et famille.4) Questionnement sur l’accompagnement, les postures professionnelles Faut-il rechercher de nouveaux outils ?- Mieux évaluer des risques de danger ;- trouver le bon moment de <strong>la</strong> saisine administrative ou de <strong>la</strong> saisine judiciaire ;- les arguments justifiants <strong>la</strong> saisine ;- sortir d’une mesure judiciaire ;- le bon moment pour passer le re<strong>la</strong>is ;- 2 questions importantes : « Va-t-on trop loin dans les mesures administratives ? »« Le juge des enfants est-il saisit trop tard ? »La loi de 2007 est basée sur ce questionnement : qui parait compétent ? Articu<strong>la</strong>tion entre administratif et judiciaire.Tous les acteurs œuvrant dans le champ de <strong>la</strong> protection de l'enfance doivent se saisir de cetteinterrogation et en parler ensemble.5) Questionnements autour du travail de prévention Plus il y aura de prévention, moins il y aura d’IP ? Plus il y aura de prévention, plus il y aura d’IP ?Interventions plus précoces, plus ciblées, plus proches, plus intenses.La loi fait de <strong>la</strong> prévention un des axes majeurs du dispositif de protection de l'enfance :- action éducative à domicile (AED) et action éducative en milieu ouvert (AEMO) ;- AED renforcée/ AEMO renforcée (renforcement des accompagnements à tous moments où lebesoin est repérable).La loi charge le Président du Conseil général de veiller au suivi de l’enfant, à <strong>la</strong> continuité et à <strong>la</strong>cohérence des interventions.« Sur <strong>la</strong> base des informations dont-il dispose, le Président du Conseil général veille à assurer lesuivi et, dans <strong>la</strong> mesure du possible, <strong>la</strong> continuité des interventions mises en œuvre pour unenfant et sa famille au titre de <strong>la</strong> protection de l'enfance ».2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 31


6) Questionnements autour de <strong>la</strong> modification des pratiques Les protections administrative et judiciaire s’adressent à des publics <strong>la</strong>rgementcommuns, est-il imaginable qu’un même mineur bénéficie successivement d’une mesureadministrative et d’une mesure judiciaire ?- Faciliter le passage AED - AEMO et inversement ;- faciliter le passage du p<strong>la</strong>cement judiciaire – AED ;- faciliter le passage de l’IP- MJIE - AED ;- faciliter le passage de l’AP - mesure de garde- AP ;- s’appuyer sur les capacités et <strong>la</strong> volonté des familles à être accompagnées sans contraintejudiciaire ou non et bien sûr dans le partenariat et rester dans une construction de projet etd'accompagnement ;- exercer des mesures simultanément, à des moments précis, par différents services, afin defaciliter <strong>la</strong> transmission et l'accompagnement de l'enfant et de sa famille (aller ou revenir pour lesfamilles vers le droit commun) ;- identifier l’organisation d’une protection administrative et les critères fondant le recours au juge.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 32


Intervention de Bruno LAURENT,Directeur des Maisons d'enfants à caractère social (MECS)de Ruelle sur Touvre et de RuffecComme vous l’aurez bien compris, je parle de ma p<strong>la</strong>ce de Directeur de Maison d’enfants àcaractère social (MECS) du secteur associatif.Aujourd’hui comme par le passé, le p<strong>la</strong>cement en établissement a toujours été le dernier recoursenvisagé par les travailleurs sociaux ou les magistrats.Une MECS est une structure qui est ouverte 365 jours par an, 24h / 24 et accueille des enfants oudes jeunes en grande difficulté.Elle peut être mixte ou non, et habilitée à recevoir des jeunes de 6 à 18 ans et jeunes majeurspour ce qui nous concerne ou d’autres tranches d’âges pour mes autres collègues.Les enfants sont confiés par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) ou par les magistrats pour enfantsselon les habilitations de chacun dans le cadre des articles 375 à 375-8 du code civil, del’ordonnance 45–174 du 2 février 1945, du décret 75-96 du 18 février 1975 et des articles 221-1et 222-5 du code de l’action sociale et des familles.Il y a donc comme vous avez pu le constater différents types de p<strong>la</strong>cements, contraints ou non.Ces différences au niveau des accueils impliquent nécessairement des différences au niveau desaccompagnements éducatifs, en fonction de l’adhésion ou non de <strong>la</strong> famille au projet ou à <strong>la</strong>décision de p<strong>la</strong>cement.Quoi qu’il en soit, les enfants ont toujours été confiés dans ce contexte.La question du travail avec les familles s'est toujours posée aux équipes éducatives d'internat.D'ailleurs, <strong>la</strong> loi du 30 juin 1975 ordonnait ses préoccupations autour de cinq grands axes :1) l'emploi optimal des ressources,2) <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rification des responsabilités des intervenants,3) <strong>la</strong> simplification des procédures,4) l'é<strong>la</strong>rgissement du financement des services et5) le dialogue avec les usagers.La réactualisation de cette même loi demande de mieux affirmer <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de l'usager et de sonentourage.Malgré ce<strong>la</strong>, il est vrai que <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce accordée aux familles n’a pas toujours été une priorité car cesdernières ont souvent été considérées comme responsables de <strong>la</strong> situation et dans l’incapacitéd’éduquer leurs enfants à un tel point qu’un p<strong>la</strong>cement s’est avéré nécessaire dans une institutionoù ils sont pris en main par des professionnels censés remettre les choses en ordre.Ces professionnels se sont sentis investis d’une mission quasi exclusivement axée sur le seulenfant, se substituant ainsi inconsciemment à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce des parents.Aussi, il n’était pas rare que des décisions importantes comme l’orientation sco<strong>la</strong>ire d’un jeunesoient prises sans consulter <strong>la</strong> famille parce que celle-ci était remise en cause dans sa légitimité.Ce fonctionnement substitutif et non supplétif était de nature à alimenter l’agressivité des parentsen grande souffrance, agressivité qui, aux yeux des professionnels, ne faisait que confirmer lebien fondé du p<strong>la</strong>cement et par là même <strong>la</strong> disqualification des parents.Toutefois, les lois successives ont progressivement réintroduit les familles à leur p<strong>la</strong>ce de parents.Ainsi, <strong>la</strong> loi du 2 janvier 2002 rappelle que les jeunes ont une famille, et celle du 5 mars2007 nous impose de travailler avec elle.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 33


LA LOI DU 2 JANVIER 2002, dans un premier temps a renforcé : Les droits garantis à l’usager Le respect de sa dignité, de sa vie privée, de son intimité et de sa sécurité. Une prise en charge et un accompagnement individuel de qualité favorisant sondéveloppement, son autonomie ou son insertion en respectant son consentement éc<strong>la</strong>iré ou celuide son représentant légal. La confidentialité des informations le concernant. L’accès à toute information ou tout document re<strong>la</strong>tif à sa prise en charge, sauf dispositionlégis<strong>la</strong>tive contraire. Une information sur ses droits fondamentaux et les protections particulières légales etcontractuelles dont il bénéficie. La participation directe, ou avec l’aide de son représentant légal à <strong>la</strong> conception et à <strong>la</strong> mise enœuvre du projet d’accueil et d’accompagnement qui le concerne. Un droit à une vie de famille. La mise en p<strong>la</strong>ce de documents Le livret d’accueil qui doit permettre à l’usager de connaître les services mis à sa disposition. La charte des droits et libertés portant sur les principes éthiques et déontologiques dont le droitau respect des liens familiaux. Un règlement de fonctionnement définissant les droits et obligations de <strong>la</strong> personne accueillie. Le contrat de séjour ou le document individuel de prise en charge. Le projet d’établissement qui définit notamment les objectifs de l’établissement, l’évaluation deses activités et <strong>la</strong> qualité de ses prestations. Le projet est établi pour une durée de 5 ans.Puis vient LA LOI DU 5 MARS 2007 sur <strong>la</strong> protection de l’enfance qui permet entre autre <strong>la</strong> miseen œuvre de trois objectifs prioritaires :1) renforcer <strong>la</strong> prévention,2) organiser le signalement et3) diversifier les actions et les modes de prise en charge des enfants.C’est sur ce dernier point que les MECS sont appelées à évoluer.Le lieu d’accueil doit être recherché dans l’intérêt de l’enfant et afin de faciliter l’exercice du droitde visite et d’hébergement des parents ainsi que le maintien des liens entre frères et sœurs. L’affirmation de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce des parentsSous <strong>la</strong> forme d’un document intitulé "projet pour l’enfant", cosigné par le Président du Conseilgénéral, les représentant légaux du mineur, ainsi que par le responsable de chacun desorganismes chargés de mettre en œuvre les interventions, et portés à <strong>la</strong> connaissance du mineur. La diversité des prises en chargeL’objectif étant d’aller au-delà de l’alternative aide à domicile/p<strong>la</strong>cement, notamment sous <strong>la</strong>forme d’accueils séquentiels, un accueil à temps complet ou partiel modu<strong>la</strong>ble en fonction desbesoins de l’enfant.La réforme de <strong>la</strong> protection de l’enfance n’a pas fondamentalement changé nos pratiquesprofessionnelles mais elle a davantage questionné <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> MECS, internat éducatif commeseule réponse aux besoins des enfants qui nous sont confiés. Nous savons que <strong>la</strong> réponse toutinternat n’est pas suffisante en elle-même. Mais nous sommes également convaincus qu’elle reste2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 34


nécessaire et qu’elle doit proposer un éventail de prestations adaptées répondant aux besoins desenfants et de leurs familles ainsi qu’aux attentes de nos partenaires.Ces formes et aménagements de prise en charge existent de façon empirique dans nosétablissements depuis plusieurs années au regard de l’expérience et du bon sens.Les lois de 2002 et 2007 nous imposent de formaliser des pratiques existantes et de les améliorer,au regard des textes applicables et d’en mesurer les contraintes sur <strong>la</strong> forme et le fond.L'objectif est maintenant de travailler avec les compétences des familles, en leur <strong>la</strong>issant faire cequ'elles savent faire et de les accompagner là ou elles sont défail<strong>la</strong>ntes tout en les tenantinformées régulièrement de l’évolution de leur enfant en tenant compte de leur avis et en lesrespectant en tant que parents détenteurs de l’autorité parentale.DIFFICULTES ET INQUIETUDESJe voudrais tout d'abord rep<strong>la</strong>cer <strong>la</strong> MECS dans son contexte juridique, l'association.Une MECS est un établissement géré par une association qui a des valeurs, donc un projetassociatif, une identité, une légitimité.Au même titre que l'association a son projet associatif, l'établissement a son projetd'établissement qui fixe son domaine de compétences, donc ses limites.Les problèmes rencontrés :Une MECS aujourd'hui doit s'adapter à de nouveaux problèmes de prise en charge de plus en plusdifficiles et de plus en plus lourds tant au niveau psychologique que psychiatrique. Les enfantsconfiés aux MECS suite à l'échec des tentatives précédentes ont, ce que j'ai envie d'appeler, desproblématiques multi cartes dont l'une d'entre elles permet d'ouvrir <strong>la</strong> porte de <strong>la</strong> MECS.Serait-ce là, le résultat d'un p<strong>la</strong>cement tardif, conséquence directe de <strong>la</strong> loi de mars 2007 ?La loi de 2007 impose une modu<strong>la</strong>rité de <strong>la</strong> prise en charge, le travail avec les familles, le soutienà <strong>la</strong> parentalité.Je vous rappelle que nous sommes le plus souvent dans le cadre de p<strong>la</strong>cements contraints. Quelle p<strong>la</strong>ce pour l'éducateur de Mecs auprès de <strong>la</strong> famille ?Lors de <strong>la</strong> procédure d'admission d'un enfant en MECS, <strong>la</strong> rencontre avec <strong>la</strong> famille est une phasetrès importante, un élément clé des re<strong>la</strong>tions à venir entre l'établissement et <strong>la</strong> famille. Aussi, ilest indispensable qu'un lien se crée entre l'équipe éducative, le référent institutionnel de l'enfantet <strong>la</strong> famille. Les contacts seront nombreux pendant <strong>la</strong> durée du p<strong>la</strong>cement. Seuls les éducateursde <strong>la</strong> MECS seront en mesure de répondre aux questions précises concernant <strong>la</strong> vie de l'enfant auquotidien. Quelle p<strong>la</strong>ce pour l'éducateur de Mecs pour le référent de l'ASE ?Comment c<strong>la</strong>rifier pour les parents et les enfants les champs de compétences de chacun despartenaires, référent éducatif de l’enfant et référent ASE de <strong>la</strong> Famille ? Quels liens entre ces partenaires du terrain ?Comment faire entendre <strong>la</strong> voix de chaque partenaire sans qu'il y ait prépondérance de l'une surl'autre ?Comment articuler les actions des professionnels de terrain pour qu'elles deviennentcomplémentaires et non concurrentes ?Comment travailler dans le même sens et, ce, dans l'intérêt de l'enfant et le respect desprérogatives des autres partenaires ?2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 35


Quels liens de subordination entre l'établissement et l'ASE, Service gardien ?L'ASE a besoin des établissements autant que les établissements ont besoin de l'ASE.L'établissement est un partenaire de l'ASE et non un "sous-traitant".Les équipes éducatives se sentent dépossédées d’une part de leur mission. Présentes au quotidienauprès de l’enfant, elles se trouvent confrontées à une forme d’inertie liée à <strong>la</strong> complexité desprocédures ainsi qu’aux allers et retours administratifs ASE/établissements. Quelle connaissance du parcours des jeunes confiés ?La loi de 2007 introduit <strong>la</strong> notion de parcours du jeune accueilli. La connaissance du parcours dujeune doit permettre aux acteurs de ne pas perdre de temps, de ne pas refaire des démarches quiont déjà été faites. Ce<strong>la</strong> suppose également un minimum de confiance entre partenaires. Quels moyens pour tenter, en peu de temps, de proposer un projet cohérentpour l'enfant ? Qui fait quoi ?Le service de l'ASE se doit d'avoir un projet pour l'enfant.L'établissement d'accueil doit lui aussi avoir un projet pour l'enfant.Comment s'assurer que ces projets soient convergents ?Quelle p<strong>la</strong>ce pour <strong>la</strong> clinique ? Qui décide ?Le service payeur ? Qui valide ?Le service gardien ? Qui évalue ?Une commission ? Et dans tout ce<strong>la</strong>, où est <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> famille ?Comment est-elle associée, comment sont respectés ses droits ?Comment interpréter <strong>la</strong> présence de plus en plus fréquente des avocats des familles auxaudiences ?Se sent-elle partie prenante ou partie civile ?Au delà de ces interrogations, il est rappelé que l'établissement d'accueil est probablement lemieux à même pour apporter les observations les plus fines quant à l'évolution du jeune ou del'enfant, et qu'à ce titre, ses constatations et indications sont à prendre en compte. <strong>De</strong> fait, cesont les services de l'ASE qui demandent les rapports d'évolution dans <strong>la</strong> perspective desaudiences au tribunal deux mois avant <strong>la</strong> date effective de cette dernière. Comme chacun peutl'imaginer, il peut s'en passer des choses en deux mois ! Les conclusions d’un rapport peuventtrès bien ne plus être d’actualité.Comment créer des outils permettant de donner les informations en temps réel ?<strong>De</strong> plus, on ne peut ignorer les difficultés liées à l’organisation de chacune des structures, milieuouvert, internat. L’interlocuteur n’est pas toujours présent au moment opportun pour apporter <strong>la</strong>réponse attendue.La difficulté de savoir qui fait quoi, avec l’impression de <strong>la</strong>isser des failles dans les prises encharge dans lesquelles les familles et leurs avocats peuvent s’engouffrer (défaut d’information,inertie, demande une cohérence et une grande souplesse dans l’intervention des professionnels).Il n’est pas interdit de se poser <strong>la</strong> question suivante :L’intérêt de l’enfant est-il le même que celui de <strong>la</strong> famille ?Je ne doute pas qu'une décision de p<strong>la</strong>cement ait été prise dans l'intérêt de l'enfant, voire danscelui de sa famille.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 36


Toutefois, je voudrais insister sur <strong>la</strong> violence que peut représenter une telle décision. Violencepour le jeune, bien sûr, pour sa famille, mais aussi pour les jeunes déjà présents dansl'établissement pressenti pour l'accueil.Il ne faut pas oublier, comme le précise Noël TOUYA, "que le groupe d’enfants accueillis en MECSest totalement artificiel, que les jeunes qui le composent n’ont pas choisi d’en faire partie, pasplus qu’ils ne se sont choisis entre eux et ce qui les réunit, ce sont les problèmes personnels etfamiliaux qui les ont amenés à partager ce destin".Le choix d’un établissement ne peut pas être déterminé qu’en fonction des p<strong>la</strong>ces disponibles.En effet, à ce jour, les services de l'ASE connaissent les disponibilités des établissements en termede p<strong>la</strong>ces vacantes. Une p<strong>la</strong>ce disponible ne veut pas dire nécessairement qu'elle corresponde auprofil de l'enfant qu'ils souhaitent confier.Une p<strong>la</strong>ce <strong>la</strong>issée vacante suite au départ d'un jeune majeur ne peut être attribuée à un enfant de6 ans par exemple.Ce<strong>la</strong> soulève une autre question, celle du p<strong>la</strong>cement par défaut et du projet personnalisé pour unenfant qui n’est pas à sa p<strong>la</strong>ce.Il me semblerait souhaitable d’associer, bien en amont, les établissements d’accueil lorsqu’unprojet de p<strong>la</strong>cement se profile même si, en fin de compte, il ne se réalise pas.En effet, mieux le projet aura été préparé, moins le p<strong>la</strong>cement sera ressenti comme violent.Ce travail en amont devrait pouvoir se faire dans le cadre des nouveaux dispositifs comme lesaccueils de jour ou l’accueil séquentiel mais qui posent invariablement <strong>la</strong> question des moyenslogistiques, humains et financiers.L’avenir des Mecs réside dans <strong>la</strong> connaissance qu’auront les services p<strong>la</strong>ceurs des projets de cesétablissements. Le p<strong>la</strong>cement n’est pas une fin en soi, c’est une prescription ponctuelle pouvants’inscrire dans le parcours d’une famille en difficulté, d’un jeune, d’un enfant ou d’une fratrie.Le p<strong>la</strong>cement n’est pas un aboutissement mais au contraire le début d’un nouveau projetfédérateur pour l’usager, projet autour duquel tous les partenaires doivent être présents et actifs,car le temps, s’il peut être un allier précieux peut devenir un adversaire redoutable.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 37


Table ronde :- enjeux et difficultés de cette articu<strong>la</strong>tion- libertés individuelles et protection del'enfance2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 38


Intervention de Martine PINVILLE,Députée de <strong>la</strong> CharenteLe sujet que nous abordons aujourd’hui, l’articu<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> protection administrative et <strong>la</strong>protection judiciaire, est un sujet éminemment important et, il faut bien le dire, sensible.Par ailleurs, <strong>la</strong> barrière entre protection de l’enfance et libertés individuelles est un thème quimérite que l’on puisse définir une ligne de partage juridique au delà de <strong>la</strong>quelle on ne doit pass’aventurer.Sur ces sujets, je ferai un premier constat.L’action publique, dans le domaine de <strong>la</strong> protection de l’enfance, quelle soit administrative oujudiciaire, est souvent source d’incompréhension pour les familles et parfois les enfants.Permettez-moi, à cet instant, d’ouvrir une parenthèse.Trop souvent, l’action publique, de part ses décisions, est vécue de manière coercitive en termesde liberté publique. La difficulté pour trouver une frontière acceptable entre prévention etrépression nous montre que l’action publique peut rapidement être incomprise alors que le butrecherché fait consensus.Or, nous le savons, quel que soit le domaine, une décision doit être comprise, ou, tout du moins,admise par les personnes auxquelles elle s’applique. Il me semble que les situations nées desdifférents stades de perte de l’autorité parentale peuvent illustrer mon propos. Que ce soit dans lecas d’assistance éducative, de délégation de l’autorité parentale, ou de retrait de l’autoritéparentale, le ressenti des parents est souvent douloureux.On peut se féliciter, à ce titre, que les différentes réformes de procédure, qui ont permis auxparents d’avoir accès aux dossiers, permettent de meilleurs sentiments de compréhension.Et il faut aussi le dire, les juges déploient beaucoup de pédagogie à destination des familles. C’estcet effort, j’oserai dire "pédagogique" qu’il faut peut-être plus favoriser, généraliser.Pour aller plus loin, il me semble que nous devrions privilégier une approche personnalisée de <strong>la</strong>re<strong>la</strong>tion entre les professionnels intervenant dans le domaine de <strong>la</strong> protection de l’enfance et lesfamilles. Je ne suis pas là en train de vous dire que ce<strong>la</strong> n’est pas le cas aujourd’hui. Non, j’ai eu,lors de <strong>la</strong> discussion sur <strong>la</strong> proposition de loi sur le suivi des enfants en danger par <strong>la</strong> transmissiondes informations à l’Assemblée nationale, à m’exprimer sur ce sujet.Comme vous le savez, <strong>la</strong> protection de l’enfance est de <strong>la</strong> compétence du Président du Conseilgénéral et <strong>la</strong> loi du 5 mars 2007 a renforcé son rôle central dans le recueil des informationspréoccupantes, <strong>la</strong> prise en charge des enfants en danger et les re<strong>la</strong>tions avec le parquet.Cependant, les services sociaux constatent régulièrement que des familles faisant l’objet demesures éducatives ou d’enquêtes sociales consécutives à un signalement d’enfant en danger,déménagent sans <strong>la</strong>isser d’adresse. Cette faille de notre système de protection de l’enfance estbien connue de certaines familles maltraitantes qui, pour certaines, trouvent dans l’itinérance unmoyen d’échapper aux services sociaux départementaux dès lors qu’elles se savent signalées ouqu’elles refusent les mesures de suivi. Bien entendu, cette attitude qui peut s’apparenter à unefuite, n’est pas généralisée mais il était de notre devoir, en tant que légis<strong>la</strong>teur d’y répondre.Dépôt d’une proposition de loi, étude en commission, puis passage en séance, tel est, dans cescas là, notre démarche parlementaire. Je me dois également ici de préciser qu’une fois une loiadoptée, son application tient en réalité à <strong>la</strong> publication des décrets correspondants. Au mois dejanvier, quand nous avons examiné cette proposition de loi, certains décrets d’application de <strong>la</strong> loide 2007 n’avaient toujours pas été publiés. Pour être tout à fait complète, il est important de voussignaler que nous devons trop souvent légiférer dans l’urgence. Cette proposition de loi nous futprésentée, en commission, le 21 décembre 2010 et nous en avons débattu, en séance, le 13janvier 2011. Pour ma part, je considère qu’il aurait été préférable de pouvoir engager unevéritable concertation avec les acteurs que vous représentez.Cette proposition de loi visait à conférer au Président du Conseil général <strong>la</strong> responsabilité d’obtenir<strong>la</strong> nouvelle adresse d’une famille qui a changé de département et dont l’enfant a fait l’objet d’unsignalement et de <strong>la</strong> transmettre à son homologue du département d’accueil.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 39


Lors de débats, j’ai défendu l’idée qu’il fal<strong>la</strong>it établir une distinction entre une situationd’accompagnement acceptée par <strong>la</strong> famille, ce qui est le cas pour un certain nombre d’entre elles,et celui où <strong>la</strong> famille ne participe pas.Face à cette seconde hypothèse, soit le danger est avéré, et le cas relève d’une protectionjudiciaire, soit il ne l’est pas, et il faut alors évaluer chaque situation de manière particulière.C’est ce type de distinction que j’évoquais au début de mon propos lorsque je par<strong>la</strong>is d’approchepersonnalisée.Lors de nos travaux légis<strong>la</strong>tifs, nous avions à respecter un droit fondamental que nous ne devionspas mettre en péril. Celui de <strong>la</strong> "liberté d’aller et venir" qui est, par définition, une libertéindividuelle. Mais nous avions également à prendre en compte le devoir d’établir un suivi d’unenfant qui avait fait l’objet d’un signalement au nom de <strong>la</strong> protection de l’enfance.Enfin, par cette proposition de loi, pour ma part, j’aurais été favorable à <strong>la</strong> définition deréférentiels nationaux qui auraient constitués des outils nouveaux pour les départements. Peutêtreaurait-il été opportun, par exemple, d’établir une grille déterminant les informations àcommuniquer en fonction du signalement, car il n’est pas forcément nécessaire de transmettrel’ensemble des informations dans toutes les situations.Mon sentiment, pour aboutir à ce point d’équilibre, est, et je connais l’ampleur de <strong>la</strong> tâche, depouvoir établir des distinctions, face à chaque situation, de manière à respecter les libertésindividuelles, comme celle que j’évoquais précédemment, tant que l’enfant ne se retrouve pas endanger.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 40


Intervention d'Anne-Sylvie SOUDOPLATOFF,Magistrate, chargée de mission à l'Observatoire nationalde l’enfance en danger (ONED)On a vu ce matin que <strong>la</strong> subsidiarité se conçoit en réalité à l’entrée dans le dispositif de protectionjudiciaire. On peut voir cependant que <strong>la</strong> mise en œuvre de l’articu<strong>la</strong>tion entre le Président duConseil général et le Procureur de <strong>la</strong> République interroge plusieurs points que nous allonsdévelopper : les critères légaux de l’article L226-4 du code de l’action sociale et des familles(CASF), et plus spécifiquement <strong>la</strong> définition de <strong>la</strong> gravité, mais aussi <strong>la</strong> question de l’urgence, cellede l’infraction pénale et les re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> cellule et le parquet telles qu’elles se sont induites de<strong>la</strong> manière dont <strong>la</strong> loi est appliquée. Les critères légaux de l’article L226-4 du code de l’action sociale et des famillesL’article L226-4 – I prévoit les cas de saisine du Procureur de <strong>la</strong> République par le Président duConseil général et <strong>la</strong> lecture doit en être stricte. Il est en effet prévu que l’enfant est en danger ausens de l'article 375 du code civil(1)et qu’une prestation d’aide sociale à l’enfance mise en p<strong>la</strong>ce n’apas permis de remédier à <strong>la</strong> situation, ou que <strong>la</strong> famille refuse d’accepter l’intervention du Servicede l’aide sociale à l’enfance ou se trouve dans l’impossibilité de col<strong>la</strong>borer avec le service. Enfin, leProcureur de <strong>la</strong> République est également avisé lorsqu'un mineur est présumé être en situation dedanger au sens de l'article 375 du code civil mais qu'il est impossible d'évaluer cette situation.Le rôle du Procureur de <strong>la</strong> République est donc de s’assurer que <strong>la</strong> situation du mineur entre biendans le champ de compétence judiciaire. Il ne peut le faire qu’à partir des éléments contenus dansle rapport qui lui est adressé et qui déterminent l’inefficacité des mesures administratives, le refusde <strong>la</strong> famille de l’intervention administrative (ou l’impossibilité de col<strong>la</strong>borer) ou enfin l’impossibilitéd’évaluer <strong>la</strong> situation. On parle en général de "contractualisation", mais ce n’est pas le terme utilisépar <strong>la</strong> loi.La question du refus par <strong>la</strong> famille de l’intervention administrative peut paraître c<strong>la</strong>ire. En effet,si l’on se réfère à l’article L223-2 du CASF, aucune décision sur le principe ou les modalités del’admission dans le Service de l’aide sociale à l’enfance ne peut être prise sans l’accord écrit desreprésentants légaux du mineur (en dehors des décisions judiciaires). Dans <strong>la</strong> même idée, l’articleL223-1 dispose que toute personne qui demande une prestation ou qui en bénéficie est informéepar les services chargés de <strong>la</strong> protection de <strong>la</strong> famille et de l’enfance des conditions d’attribution etdes conséquences de cette prestation sur les droits et obligations de l’enfant et de sonreprésentant légal. C’est donc en toute connaissance de cause que le représentant légal donne sonaccord écrit.Toutefois, les professionnels de terrain soulignent que <strong>la</strong> priorité de l’intervention administrativeétant c<strong>la</strong>irement énoncée, l’obtention de l’accord de <strong>la</strong> famille est devenu un axe fort de leurintervention au détriment parfois du repérage et de l’évaluation du danger. Par ailleurs, il arriveque l’accord de <strong>la</strong> famille ne soit qu’un accord de façade pour lequel il est difficile de démontrerauprès du Procureur que <strong>la</strong> famille ne permet pas en réalité l’intervention sociale.La subsidiarité de l’intervention judiciaire vient donc interroger <strong>la</strong> nature du travail réalisé auprèsde <strong>la</strong> famille dans le cadre administratif, qui du coup peut s’inscrire dans une démarche proche de<strong>la</strong> recherche de l’adhésion auquel le juge des enfants est soumis, en tout cas dans un processusplus que dans une contractualisation.Je souhaite faire un aparté sur "adhésion" et "accord".(1)Il convient de noter que si l’enfant est en risque de danger, l’intervention judiciaire ne peut pas être sollicitée, y comprissi <strong>la</strong> famille est opposée à l’intervention administrative.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 41


Il est souvent fait référence à l’adhésion des familles en protection administrative alors que ce quiest nécessaire pour mettre en œuvre une prestation de l’aide sociale à l’enfance est l’accord desfamilles. Comme on l’a vu précédemment, aucune décision sur le principe ou les modalités del’admission dans le Service de l’aide sociale à l’enfance ne peut être prise sans l’accord écrit desreprésentants légaux ou du représentant légal du mineur (article L223-2 du CASF). Le formalismede l’accord écrit permet en principe de s’assurer que les droits des familles sont bien pris encompte et respectés.A l’inverse, l’adhésion est une notion plus floue (adhésion au principe de l’intervention judiciaire ?adhésion au contenu des mesures mises en œuvre ?) et s’intègre en réalité dans un processus detravail puisqu’elle doit être "recherchée" par le juge des enfants. C’est d’ailleurs <strong>la</strong> recherche del’adhésion qui fait toute l’originalité de ce magistrat qui ne sait que trop qu’une mesure - fût-elleimposée - n’a de chance de protéger l’enfant que si <strong>la</strong> famille accepte à minima le cadred’intervention, du moins dans le cadre de l’assistance éducative. Les distinctions sont a prioric<strong>la</strong>ires. Toutefois, <strong>la</strong> recherche de l’accord des familles en protection administrative constitueégalement un processus dès lors que dans le cadre de l’évaluation de <strong>la</strong> situation les parents sonteffectivement associés à l’é<strong>la</strong>boration des questions fondamentales que sont les difficultés de leurenfant, son intérêt et les solutions possibles de résolution de ces difficultés. Là aussi, c’est leprocessus qui est en réalité opérationnel.Enfin, le juge des enfants dans un certain nombre de situations obtient avec le temps l’accord de <strong>la</strong>famille sur les mesures mises en œuvre dans l’intérêt de l’enfant ; doit-il alors fermer son dossieren proposant à <strong>la</strong> famille de solliciter une prestation auprès de l’aide sociale à l’enfance ? Lacohérence de l’intervention est souvent alors mise à mal et c’est oublier que l’accord sur uneintervention qu’elle soit administrative ou judiciaire s’inscrit aussi dans une re<strong>la</strong>tioninterpersonnelle ou à tout le moins dans un contexte particulier. Le changement de cadre deréférence voire de service n’est donc pas anodin et n’est pas toujours souhaitable.La question de <strong>la</strong> saisine de l’autorité judiciaire est souvent ramenée à <strong>la</strong> "contractualisation" del’intervention. Pourtant, le texte de loi vise également "l’impossibilité de col<strong>la</strong>borer de <strong>la</strong> famille"qui est une notion plus <strong>la</strong>rge mais également plus difficile à expliciter. Nous sommes alors plutôtdans les situations ou le ou les parents sont dans l’impossibilité de col<strong>la</strong>borer pour des raisonsd’ordre psychique, ou autre affection, ou incapables d’être dans le discernement (sectes), ou qu’ilssont fuyants … Mais les départements auraient intérêt à travailler avec les parquets ce qu’on peuttrouver derrière cette notion.En tout état de cause, <strong>la</strong> loi n°2007-293 du 5 mars 2007 contraint les services des conseilsgénéraux à donner les éléments d’information qui permettront au Procureur de <strong>la</strong> République devérifier si sa saisine entre dans le champ de l’article L226-4 du CASF. Soyons c<strong>la</strong>ir ; il ne s’agit pasd’un contrôle par le Procureur de <strong>la</strong> République de l’intervention des conseils généraux enprotection de l’enfance mais de vérification des critères légaux de sa saisine.Cependant, <strong>la</strong> décision que le Procureur de <strong>la</strong> République est amené à prendre n’est susceptibled’aucun recours ; et ce<strong>la</strong> détermine nécessairement un type de re<strong>la</strong>tion particulière entre le Conseilgénéral et le parquet compte tenu des enjeux d’une telle décision. La question de <strong>la</strong> gravité de <strong>la</strong> situationLe légis<strong>la</strong>teur a maintenu une voie parallèle au circuit des signalements adressés par le Présidentdu Conseil général. Ainsi, <strong>la</strong> loi dispose que les professionnels susceptibles de connaître dessituations d’enfants en danger ou en risque(2)peuvent aviser directement, du fait de <strong>la</strong> gravité de <strong>la</strong>situation, le Procureur de <strong>la</strong> République de <strong>la</strong> situation d’un enfant en danger. Ils adressent unecopie de cette transmission au Président du Conseil général.Elle fait ainsi entrer un nouveau cas de saisine du Procureur de <strong>la</strong> République, tout en maintenantle rôle de centralisation des informations concernant les enfants en danger ou en risque dévolu auPrésident du Conseil général.(2)Article L226-3 du CASF : Les services publics, ainsi que les établissements publics ou privés susceptibles de connaître dessituations de mineurs en danger ou qui risquent de l’être et associations concourant à <strong>la</strong> protection de l’enfance.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 42


Ce<strong>la</strong> dit, <strong>la</strong> gravité de <strong>la</strong> situation amène également le Président du Conseil général à adresser dessignalements avant évaluation approfondie de <strong>la</strong> situation, les cellules de recueil des informationspréoccupantes réalisant une analyse de premier niveau de ces dernières. C’était prévu dans leguide ministériel portant sur <strong>la</strong> CRIP mais également dans les protocoles.La loi n’a pas défini ce que recouvre <strong>la</strong> gravité d’une situation.Nous avons réalisé à l’ONED une étude à partir de <strong>la</strong> lecture de 50 protocoles. Dans le cadre de cesprotocoles prévus par <strong>la</strong> loi et signés dans <strong>la</strong> plupart des départements entre le Président duConseil général et le Procureur de <strong>la</strong> République (mais également le plus souvent par les présidentsdes tribunaux de grande instance, parfois les juges des enfants, le Directeur territorial de <strong>la</strong>protection judiciaire de <strong>la</strong> jeunesse ainsi que les partenaires institutionnels du champ de l’Éducationnationale et de <strong>la</strong> santé), les partenaires se sont souvent efforcés de définir ce que recouvre <strong>la</strong>gravité de <strong>la</strong> situation justifiant un signalement direct ; mais l’absence d’élément dans le texte deloi sur <strong>la</strong> qualification de gravité de <strong>la</strong> situation a entraîné une réelle diversité d’objectivation de cecas de saisine du Procureur de <strong>la</strong> République.Ainsi <strong>la</strong> notion de gravité est caractérisée de plusieurs façons : il peut s’agir de l’urgence, de <strong>la</strong>nécessité d’une protection judiciaire immédiate, ou de l’éventualité que les faits constituent uneinfraction pénale. Les trois niveaux peuvent d’ailleurs être confondus : l’urgence est parfoiscaractérisée par <strong>la</strong> nécessité d’une "mise à l’abri" immédiate. Parfois, <strong>la</strong> gravité résulte du cumul del’urgence et de <strong>la</strong> fermeture du niveau opérationnel de <strong>la</strong> Cellule. La nécessité d’une protectionjudiciaire immédiate est en règle générale définie dans plusieurs protocoles comme étant "<strong>la</strong>situation de péril portant atteinte à l’intégrité physique ou morale de l’enfant et qui nécessite samise à l’abri immédiate". La question de l’urgenceLa loi du 5 mars 2007 ne vise pas l’urgence comme motif de saisine du parquet. Par ailleurs, elleprécise que le Président du Conseil général recueille les informations préoccupantes "à toutmoment" ce qui devrait renforcer l’idée que l’urgence n’est pas un motif de saisine de l’autoritéjudiciaire. Dans ce sens, <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>ire du garde des sceaux du 6 mai 2010 rappelle que "c’est bien lecritère de gravité et non celui d’urgence qui doit présider à l’orientation de ces signalements. LePrésident du Conseil général conserve sa compétence de principe pour gérer les situations pourlesquelles une réponse immédiate s’impose, à charge pour le Département de s’organiser en cesens".Cependant, <strong>la</strong> réalité est souvent plus complexe ; ce<strong>la</strong> pose <strong>la</strong> difficulté d’assurer à tout moment unrecueil, une évaluation et une prise en charge par le Conseil général dans les cas où <strong>la</strong> saisine del’autorité judiciaire ne se justifie pas.Du coup, dans certains protocoles, <strong>la</strong> saisine directe du Procureur de <strong>la</strong> République en casd’urgence est justifiée par <strong>la</strong> nécessité de mettre l’enfant à l’abri de façon immédiate et enconséquence par l’impossibilité d’évaluer le danger ou par le fait que <strong>la</strong> protection administratives’avère d’emblée inopérante, ce qui permet de retourner aux cas de saisine du Procureur prévus àl’article L226-4-I du CASF. L’infraction pénaleL’infraction pénale n’est pas non plus un motif de saisine du Procureur de <strong>la</strong> République prévu par<strong>la</strong> loi du 5 mars 2007. Toutefois, les acteurs de terrain, dans <strong>la</strong> très grande majorité desprotocoles, ont prévu que dès lors que les faits peuvent être qualifiés pénalement, le Procureur de<strong>la</strong> République est saisi au titre de <strong>la</strong> protection de l’enfance (puisque les protocoles sont signés enapplication de <strong>la</strong> loi du 5 mars 2007). Ce<strong>la</strong> pose bien évidemment <strong>la</strong> question de l’articu<strong>la</strong>tion entrel’infraction pénale et <strong>la</strong> protection de l’enfance.Dans certains protocoles, l’infraction pénale est assimilée à <strong>la</strong> gravité, ce qui combine <strong>la</strong> nécessitéd’une protection immédiate et de <strong>la</strong> qualification pénale des faits rapportés. Ainsi, le risque depression sur l’enfant peut justifier sa mise à l’abri immédiate. Par ailleurs, <strong>la</strong> révé<strong>la</strong>tion de faitssusceptibles de constituer une infraction pénale peut empêcher <strong>la</strong> poursuite de l’évaluation. Cen’est donc pas à proprement dit l’existence éventuelle d’une infraction pénale qui justifie <strong>la</strong> saisine2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 43


du Procureur de <strong>la</strong> République – dans le cadre de <strong>la</strong> protection de l’enfance – mais bien lesconséquences des révé<strong>la</strong>tions sur <strong>la</strong> situation de l’enfant.Les situations dans lesquelles <strong>la</strong> saisine du Procureur de <strong>la</strong> République dans le cadre de <strong>la</strong>protection de l’enfance du simple fait de l’existence d’une infraction pénale me paraissent plusproblématiques car ce<strong>la</strong> entraîne une confusion des champs d’intervention judiciaire (pénal etassistance éducative). Or, l’intervention en protection de l’enfance et <strong>la</strong> poursuite d’une infractionpénale n’obéissent pas aux mêmes logiques, en revanche ces deux interventions doivent êtrecorrectement articulées et le rôle du parquet sur ce point est essentiel. Les re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> Cellule et le parquet, telles qu’elles résultent de <strong>la</strong> miseen œuvre de <strong>la</strong> loiLa mise en œuvre de <strong>la</strong> loi a modifié les re<strong>la</strong>tions entre les parquets et les cellules. La création de<strong>la</strong> CRIP a permis au parquet dans <strong>la</strong> plupart des départements d’avoir un interlocuteur unique auniveau du Conseil général. Cette interface facilite les échanges et une approche plus unifiée de <strong>la</strong>protection de l’enfance. Toutefois, l’interprétation différentielle de <strong>la</strong> loi par les acteurs de terrainpeut être source de difficultés dont voici quelques exemples :- La loi du 5 mars 2007, dans le cadre des signalements directs, prévoit que le Procureur de<strong>la</strong> République « transmet au Président du Conseil général les informations qui sont nécessaires àl’accomplissement de <strong>la</strong> mission de protection de l’enfance confiée à ce dernier ». C’est donc leprincipe de subsidiarité qui est mis en musique à partir des signalements directs ou desinformations reçus par le Procureur de <strong>la</strong> République : lorsque ce dernier estime que les critèreslégaux de saisine de l’autorité judiciaire ne sont pas remplis, il renvoie "pour compétence" leséléments à sa disposition (en principe si ces éléments lui paraissent préoccupants), le signalementdirect "devenant" en quelque sorte une information préoccupante. Certains conseils générauxsoulignent d’ailleurs le nombre très important d’informations préoccupantes émanant du parquet(qui est parfois même le premier pourvoyeur d’informations préoccupantes devant ou au côté del’Éducation nationale).Certains parquets ont une interprétation différente de <strong>la</strong> loi et sollicitent les conseils généraux pourévaluation des situations. Ils envoient les signalements directs aux conseils généraux et enattendent un retour. Cette pratique a coïncidé avec <strong>la</strong> disparition de l’usage des recueils derenseignements socio éducatifs au civil réalisés par les services de <strong>la</strong> protection judiciaire de <strong>la</strong>jeunesse (qui n’étaient prévus par aucun texte et correspondaient à une simple pratique). Maiscette pratique n’est pas prévue par <strong>la</strong> loi - même si certains s’appuient sur le principe selon lequel<strong>la</strong> mission du Conseil général est d’évaluer les informations préoccupantes "à tout moment" - etp<strong>la</strong>ce l’autorité judiciaire dans une position inadéquate dans le fait de donner des instructions auConseil général qui est en principe seul compétent pour apprécier <strong>la</strong> nécessité de mettre en œuvreune évaluation face à une information préoccupante.- La loi du 5 mars 2007 a renforcé <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du Président du Conseil général en lui octroyantnotamment une mission <strong>la</strong>rge de recueil, de traitement et d’évaluation à tout moment desinformations préoccupantes qui lui sont adressées sans dé<strong>la</strong>i. Cette formu<strong>la</strong>tion nécessite <strong>la</strong> miseen œuvre d’un dispositif permanent (quelque soit <strong>la</strong> taille du département) particulièrement difficileà mettre en p<strong>la</strong>ce en raison notamment des modalités de mise en œuvre complexe et de son coûtfinancier. L’objectif de <strong>la</strong> loi est de favoriser le passage de l’ensemble des situations par le filtre de<strong>la</strong> Cellule pour permettre de recourir à l’intervention administrative chaque fois que c’est possible,y compris dans des situations d’urgence. Elle permet par ailleurs <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un accueil dansle cadre administratif dans l’urgence et sans demande préa<strong>la</strong>ble des titu<strong>la</strong>ires de l’autoritéparentale, de 72 heures en cas de danger immédiat concernant un mineur ayantabandonné le domicile familial (il s’agit d’une action de prévention) ou de 5 jours lorsque lereprésentant légal du mineur est dans l’impossibilité de donner son accord.Mais l’existence d’un dispositif permanent permettant le recueil de l’information préoccupante, uneévaluation minimum de <strong>la</strong> situation et si nécessaire <strong>la</strong> mise à l’abri d’un enfant dans le cadreadministratif, et ce à tout moment (nuit et week-end compris), existe dans très peu dedépartements. La question se pose d’ailleurs du nombre de situations que ce<strong>la</strong> pourrait recouvrir, <strong>la</strong>situation d’urgence recoupant souvent celle de gravité.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 44


C’est donc dans le cadre des protocoles que les conseils généraux et les parquets s’accordent outentent de s’accorder pour organiser <strong>la</strong> gestion des situations urgentes intervenant pendant <strong>la</strong>fermeture du dispositif "CRIP". <strong>De</strong> fait, les positions des parquets restent différentes en fonctiondes départements, certains parquets acceptant de prendre une ordonnance de p<strong>la</strong>cementprovisoire au vu de l’urgence, d’autres renvoyant au Conseil général <strong>la</strong> nécessité de recourir à <strong>la</strong>mise en œuvre d’un accueil 72 heures. Les articu<strong>la</strong>tions juge des enfants / Conseil généralEn fait, <strong>la</strong> loi n’en fait pas état. En revanche, les protocoles ont pu ça et là prévoir différenteschoses. Ainsi, lorsque le juge des enfants est directement saisi, plusieurs protocoles prévoient qu’ildoit aviser le Président du Conseil général des suites qu’il a donné à cette saisine, bien que <strong>la</strong> loi nele précise pas. Ce<strong>la</strong> dit c’est tout à fait logique sur <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> centralisation des informationsau Conseil général pour qu’il assure sa mission de suivi des parcours. Quelques départementsprévoient que le juge des enfants peut solliciter <strong>la</strong> Cellule pour évaluation. Certains départementsassimilent cette saisine à une information préoccupante et prévoient que le juge des enfants <strong>la</strong>fasse parvenir à <strong>la</strong> Cellule pour traitement. Cette dernière possibilité se heurte à l’idée quepréa<strong>la</strong>blement à l’envoi de l’information préoccupante, le juge des enfants saisi par une autrepersonne que le Procureur de <strong>la</strong> République doit préa<strong>la</strong>blement fermer son dossier en assistanceéducative, en motivant cette fermeture et qu’il ne peut pas le faire au seul motif qu’il envoie <strong>la</strong>situation au Président du Conseil général.L’article 12 de loi n°2007-293 du 5 mars 2007 est axé sur l’entrée dans le dispositif de protectionde l’enfance par le recueil et le traitement des informations préoccupantes. Dans ce cadre, <strong>la</strong> loienvisage les articu<strong>la</strong>tions entre les services du Conseil général et ceux du Procureur de <strong>la</strong>République. Elle ne dit rien des articu<strong>la</strong>tions entre le Conseil général et le juge des enfants.Toutefois, l’article R221-4 du CASF prévoit que "le juge des enfants, saisi en vertu des articles 375à 375-8 du code civil, avise de l'ouverture de <strong>la</strong> procédure ou de l'instance modificative le Présidentdu Conseil général. Le Président du Conseil général communique au juge des enfants lesrenseignements que possèdent ses services sur le mineur et sur <strong>la</strong> famille et lui fournit tous avisutiles".Je voudrais finir sur <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce des familles dans <strong>la</strong> loi du 5 mars 2007 car c’est l’undes autres axes de <strong>la</strong> loi que l’on retrouve à plusieurs endroits : au niveau du droit à soninformation tout d’abord (lors de l’envoi de l’information préoccupante au Conseil général, avantpartage d’informations à caractère secret, envoi d’un signalement ...). Mais aussi par exemple auniveau de l’é<strong>la</strong>boration et <strong>la</strong> signature du projet pour l’enfant.En réalité <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce des familles ou de leur participation réside principalement dans lespratiques professionnelles elles-mêmes autour de <strong>la</strong> manière dont <strong>la</strong> famille est réellement associéeet participative à l’évaluation de <strong>la</strong> situation de l’enfant puis à <strong>la</strong> prise en charge de l’enfant. Ce<strong>la</strong>permettra sans doute une déjudiciarisation souhaitée par le légis<strong>la</strong>teur (rappelons qu’au 31décembre 2007, 78% des décisions de protection de l’enfance sont prises dans le cadre judiciaire…).2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 45


Intervention de <strong>De</strong>nys BAILLARD,Juge des enfants, Président du tribunal pour enfant d'AngoulêmeL’articu<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> protection de l’enfance administrative et judiciaire doit s’organiser autour dedeux exigences fortes :1) s’assurer et garantir ce qui fait <strong>la</strong> spécificité (ou les spécificités) de l’interventionjudiciaire,2) définir et garantir ce qui fonde l’action administrative : le consentement à l’aide.La loi de 2007 apparaît comme l’expression d’une réflexion engagée depuis plus de 40 ans sur <strong>la</strong>nécessité de construire d’autres rapports entre <strong>la</strong> protection de l’enfance et <strong>la</strong> promotion du rôledes parents pour éviter de les disqualifier.L’évolution de <strong>la</strong> société ne favorise pas <strong>la</strong> réalisation de cet objectif : l’ampleur du dangerconcernant les enfants n’a pas régressé mais a changé de nature, c’est ce qui ressort des étudessur les signalements menées par l’Observatoire national de l'action sociale décentralisée (ODAS)de 1992 à 2006 (en 2006 sur 100 000 enfants signalés en danger 20 000 l’étaient pourmaltraitance et 80 000 pour risques dont <strong>la</strong> très grande majorité pour des raisons liées à delourdes carences éducatives, une grande précarisation sociale et ce qui a été justement nomméeune précarisation re<strong>la</strong>tionnelle).Celle-ci tend à s’imposer comme le premier facteur pathogène pour les familles sous <strong>la</strong> pousséede deux évolutions dont <strong>la</strong> convergence peut induire des risques pour l’enfant : celle de <strong>la</strong>transformation de <strong>la</strong> famille et celle de <strong>la</strong> régression et de <strong>la</strong> fragmentation des espaces desocialisation.Dans un tel environnement <strong>la</strong> loi de 2007 permet une articu<strong>la</strong>tion plus c<strong>la</strong>ire et plus lisible entreles différents acteurs de <strong>la</strong> protection de l’enfance en prévoyant que les réponses à l’enfance endanger doivent être prioritairement recherchées dans le cadre administratif.Elle permet, par <strong>la</strong> diversification des prestations, des modes de prise en charge souples etadaptables aux situations singulières des enfants et de leur famille.Elle donne mission au Président du Conseil général d’organiser, y compris lorsque l’enfant faitl’objet d’une mesure judiciaire, "entre les services du département et les services chargés del’exécution de <strong>la</strong> mesure, les modalités de coordination en amont, en cours et en fin de mesure,aux fins de garantir <strong>la</strong> continuité et <strong>la</strong> cohérence des actions menées" (article L221-4 du CASF).Ainsi, <strong>la</strong> notion de parcours, bien qu’elle ne soit pas utilisée par <strong>la</strong> loi, est introduite en filigranepar les nécessaires coordinations entre services qui doivent se mettre en p<strong>la</strong>ce non seulement àun moment donné mais aussi dans le temps, par l’articu<strong>la</strong>tion de prestations et/ou de mesures quivont se succéder.La dynamique induite par <strong>la</strong> notion de parcours et les articu<strong>la</strong>tions entre les différentes institutionsqui ont à connaître de <strong>la</strong> situation d’un enfant, intègre l’intervention judiciaire et impose del’identifier dans ses spécificités.Celle-ci est subsidiaire et doit par conséquent trouver son sens dans une application temporairede <strong>la</strong> contrainte judiciaire et de <strong>la</strong> restriction des droits des parents dans l’intérêt de l’enfant etpour faire cesser le danger.Elle doit ainsi respecter certaines exigences : Elle doit veiller à se fonder limitativement sur les critères d’intervention de l’article 375 ducode civil.Un travail reste toujours à faire ou à refaire pour définir ces notions avec l’ensemble des servicesintervenants avant l’autorité judiciaire, une fois que celle-ci est saisie et après ... qu’est ceaujourd’hui et maintenant que le danger moral ? Quelle définition doit-on donner au dangerpsychologique pour un très jeune enfant ou un adolescent. Elle doit nécessairement être ponctuelle ou temporaire.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 46


La loi fait obligation au juge de limiter les mesures qu’il confie à des services, ce qui correspond à<strong>la</strong> quasi totalité de nos décisions. La plupart de celles-ci sont revues chaque année.Combien de temps un service sur mandat judiciaire doit-il intervenir ? Est-il normal que certainsdossiers judiciaires (de p<strong>la</strong>cement le plus souvent) durent 3, 5, 10 ans ? N’est-on pas dans autrechose que de l’aide aux familles (qui l’acceptent d’ailleurs parfois bien volontiers devenues"incapables" d’exercer leur rôle après un long désinvestissement et une perte d’ "habitudes").Pourquoi revoir les dossiers systématiquement à <strong>la</strong> fin de chaque échéance, re<strong>la</strong>nçant ainsi àchaque fois <strong>la</strong> question du maintien ou non de <strong>la</strong> mesure judiciaire ? Ne devrait-on pas plutôtassigner à cette mesure judiciaire des objectifs précis pour sa durée et considérer que <strong>la</strong> duréefixée, sauf exception, est celle "utile" ? Elle doit être circonscrite.C’est à dire porter sur un "mineur" pour "une" cause d’intervention ; doit-on encore aujourd’huiétablir des signalements pour des fratries entières au motif que les mêmes causes produiraient lesmêmes effets ? Elle ne doit strictement porter limitation que de certains droits des parents :Aux termes de l’article 375-7 du code civil : "les père et mère de l’enfant bénéficiant d’unemesure d’assistance éducative continuent à exercer tous les attributs de l’autorité parentale quine sont pas inconciliables avec cette mesure".Est-on sur cette question, malgré les indéniables avancées et <strong>la</strong> réflexion menée sur cesquestions, encore parfois bien rigoureux sur l’ensemble de ses droits que les parents conservent :droits de consentir à certains actes (mais lesquels ?), droit d’être informé, pour le moins, desactes courants ...La juridictionnalisation de <strong>la</strong> matière de l’assistance éducative (par le renforcement global ducontradictoire : accès aux dossiers, auditions systématiques des parties y compris avant unedécision d’investigations, des droits de <strong>la</strong> défense) nous conduit à être plus exigeant sur cesquestions au nom du respect des libertés individuelles.L’institution judiciaire doit d’abord s’imposer ces exigences pour effectivement s’articuler et nonpas se substituer (durablement et parfois sans plus trop de sens) à l’action naturelle d’aideapportée par le Département aux enfants et aux familles.Le Département dispose d’importants moyens pour remplir cette mission ; il suffit de se reporteraux dispositions du chapitre II du CASF et les articles L222-1 et suivants.Le chapitre III de ce code nous rappelle quelles sont les exigences qui s’imposent au service duConseil général pour associer le représentant légal aux aides apportées et aux actions menées.Pour mémoire, il suffit de se reporter aux dispositions des articles L223-1 et suivants. Quelquestermes issus de ces articles éc<strong>la</strong>irent ce propos : "information, accompagnement à l’entretien par<strong>la</strong> personne de son choix", établissement d’un document "projet de l’enfant" dont le contenu esttrès précis et là encore d’un haut niveau d’attentes (actions menées, objectifs, cohérence etcontinuité, co-signature parents/Président du Conseil général et transmission au juge en cas dep<strong>la</strong>cement judiciaire) ...L’article L223-1 du CASF et plus précisément le suivant, L223-2, ne font que décliner <strong>la</strong> questionde l’obtention de l’accord des parents aux mesures demandées ou proposées.Un examen des termes de l’article qui est le pivot de l’articu<strong>la</strong>tion, sa cheville, ou son axe :l’article L226-4 du CASF apparaît alors nécessaire :Il faut, de façon impérative, continuer l’exploration et <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rification des critères de saisine par lePrésident du Conseil général de l’autorité judiciaire, en l’espèce le parquet.- Le 1 er de l’article reste re<strong>la</strong>tivement mystérieux dans son interprétation :"mineurs ayant déjà fait l’objet de mesures qui n’ont pas permis de remédier à <strong>la</strong> situation" : dequoi parle t-on ?Les services du Département disposent de l’ensemble des moyens propres (service des MDS,établissement éducatif, CDE) ou de services habilités ou agréés pour intervenir dans le champ de2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 47


<strong>la</strong> protection de l’enfance (établissements habilités) ; ils peuvent bien entendu faire appel àd’autres moyens médico-éducatifs (établissements spécialisés, service de pédopsychiatrie ...) pouraider des mineurs et leurs familles ;de quoi parle-t-on ? : d’une impossibilité des départements à développer les moyens de protectiond’assistance des mineurs dont ils ont <strong>la</strong> charge ?- Dans le même ordre d’idée je ne m’attarderai pas sur l’autre cas de saisine de l’autoritéjudiciaire : l’impossibilité d’évaluer <strong>la</strong> situation réelle de l’enfant.Ce dernier critère de l’intervention judiciaire est parfaitement compréhensible et pertinent : iln’aboutira pas nécessairement à une action de protection judiciaire in fine mais on comprend toutl’intérêt de demander à des services d’enquête dépendant directement de l’autorité judiciaire deprocéder à une vérification avec des moyens plus intrusifs afin de comprendre et d’évaluer.- En revanche, je pense qu’il est beaucoup plus utile de s’attarder aujourd’hui par quelquesquestions, mais surtout à l’avenir dans d’autres moments de travail, sur <strong>la</strong> première partie dudeuxièmement de cet article qui parle justement de ce fameux consentement à travers les notionsde refus d’accepter l’aide éducative ou l’impossibilité de col<strong>la</strong>borer.Ces cas d’ouverture de l’intervention judiciaire constituent des critères beaucoup plus complexes àcerner et méritent une réelle réflexion puisque se jouent là encore des questions de liberté dechoix d’éducation et plus <strong>la</strong>rgement de rapport entre le cadre social et <strong>la</strong> liberté d’action desindividus.Qu’est ce que le refus d’accepter l’intervention :- <strong>De</strong>s questions de temporalité se posent : à partir de quel moment y a t-il refus ? Après unerencontre ? <strong>De</strong>ux ou trois ? Un mois ? Sur <strong>la</strong> durée d’aide proposée ?- Sur quoi porte le refus ? Le diagnostic en tout ou partie ? Les moyens à mettre en oeuvre ?- Ces questions font-elles ou doivent-elles faire l’objet de "protocolisation" plus fine ?Qui refuse de consentir :Un parent, les deux, le beau parent ? Cette question n’est pas sans importance dans les famillesrecomposées où il n’est pas rare de ne pouvoir contacter utilement l’un des parents (pourtanttitu<strong>la</strong>ire de l’autorité parentale conjointe avec l’autre parent ...) ou au contraire l’un s’oppose parprincipe.Qu’est ce que l’impossibilité de col<strong>la</strong>borer avec le service ? L’absence des parents, d’un parent ?La ma<strong>la</strong>die mentale compromettant <strong>la</strong> validité du consentement va<strong>la</strong>ble et éc<strong>la</strong>iré ? D’un parentou des deux ?Pour conclure je n’ai pas, à ce stade, de réponse à ces questions sinon embryonnaires mais jecrois qu’elles sont à poser pour avancer dans ce qui sera une articu<strong>la</strong>tion plus satisfaisante del’intervention administrative et judiciaire.Ce travail sera rendu aussi plus complexe que le légis<strong>la</strong>teur (sage de ne pas donner trop derigidité à <strong>la</strong> définition de certains concepts qui demeurent à approfondir dans <strong>la</strong> confrontation denos débats) a aussi parfois maintenu des moyens qui permettent d’éviter cette fameuse (etcomplexe) articu<strong>la</strong>tion comme le sont <strong>la</strong> saisine directe du juge des enfants par les familles ellesmêmesou du Procureur en cas de "gravité" de <strong>la</strong> situation (article L226-4 CASF).2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 48


Intervention de Janine GUINANDIE,Vice-Présidente du Conseil général de <strong>la</strong> Charente,Présidente de <strong>la</strong> commission de l'enfance, de <strong>la</strong> famille et de l'insertion- Mesdames et Messieurs les professionnels de <strong>la</strong> Protection de l’enfance,- Mesdames et Messieurs les représentants de l’Autorité judiciaire,- Mesdames et Messieurs les personnels des services sociaux de l’Éducation nationale,- Mesdames et Messieurs les Avocats du Barreau de <strong>la</strong> Charente,- Monsieur le Directeur de <strong>la</strong> CAF de <strong>la</strong> Charente,- Monsieur le Directeur de l’UDAF Charente,- Mesdames et Messieurs les Directeurs d’associations familiales et d’établissements d’accueild’enfants,- Mesdames et Messieurs les Élus, Madame <strong>la</strong> Députée,- Chers collègues,- Chers amis,Avant toute chose, je souhaite remercier toutes les personnes qui sont intervenues aujourd’huiautour des tables rondes organisées dans le cadre de cette deuxième journée départementale de<strong>la</strong> protection de l’enfance.Je remercie tous les agents de <strong>la</strong> Direction de <strong>la</strong> solidarité qui ont permis le renouvellement d’uneexpérience que nous avions initiée l’an dernier. Un grand merci à Mme PINVILLE et Mme ADAM, àmesdames et messieurs les magistrats et directeurs d’établissement pour <strong>la</strong> qualité des échangesqui se sont succédés tout au long de cette journée de travail.Les travaux de ces rencontres reflètent assez bien l’investissement quotidien de notre collectivitéet de nos partenaires institutionnels au service des enfants en situation de danger.Comme l’a souligné le Président Boutant ce matin, <strong>la</strong> tâche qui nous incombe est de grandeampleur : 771 mineurs et jeunes majeurs sont confiés au Président du Conseil général et 1257enfants ont été concernés par une information préoccupante, (soit pour ce dernier chiffre, uneaugmentation de 40 % en 5 ans) et dont plus de <strong>la</strong> moitié a donné lieu à un signalementjudiciaire.<strong>De</strong>vant l’ampleur de ce phénomène – que <strong>la</strong> crise et <strong>la</strong> précarité qu’elle génère n’excusent pasmais qui n’est pas non plus étrangère à cette situation – le Département a initié, en 2010,l’é<strong>la</strong>boration d’un schéma de prévention et de protection de l’enfance. Adopté par l’Assembléedépartementale en 2009, il est le fruit d’une longue réflexion de tous les acteurs dont les missionssont liées à <strong>la</strong> protection de l’enfance. Ce sont plus de 300 personnes qui ont été sollicitées dansce cadre et plusieurs groupes de travail ont été constitués afin de décliner des propositionspermettant d’initier des mesures ou de les améliorer lorsqu’elles étaient préexistantes. Chacune,chacun, a pu faire part de ses retours d’expérience, de ses constatations recueillies sur le terrain,et ainsi apporter sa contribution à ce schéma.Nous nous sommes attachés à faire de cet outil d’intervention un instrument au service de <strong>la</strong>prévention, je le rappelle, des situations préoccupantes ou à risque.Vous le savez, une commission départementale de coordination en assistance éducative ad’ailleurs été créée, réunissant les différentes institutions et les associations investies dans lechamp de <strong>la</strong> protection de l’enfance.Ce matin, le Président Boutant a évoqué le terme de "partenariat" pour définir <strong>la</strong> complémentaritéde nos institutions respectives. J’ajouterais le mot "coordination" pour caractériser les solutionsque nous préconisons pour privilégier les actions de soutien à <strong>la</strong> fonction parentale.Conseiller les parents, trouver un terrain d’entente afin de privilégier le maintien des enfants dansles familles, soutenir <strong>la</strong> parentalité, voici les objectifs que les travailleurs sociaux de notreinstitution, nos col<strong>la</strong>borateurs, poursuivent au quotidien.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 49


Le travail de terrain, voici ce qui détermine les actions que nous menons auprès de ces centainesd’enfants charentais qui retiennent toute notre attention.Merci à toutes et à tous, intervenants et travailleurs sociaux, de participer à cette noble mission,sans doute l’une des plus engagées, au sens humain du terme, au service de notre popu<strong>la</strong>tion.Vous êtes les témoins directs de cette possibilité dont disposent encore nos concitoyens d’êtreentendus, accompagnés et de s’adresser à des interlocuteurs compétents et à l’écoute desdifficultés auxquelles ils sont parfois confrontés. Ils ne peuvent le faire que parce que leDépartement demeure un grand service public de proximité auquel nous sommes profondémentattachés.Mesdames et Messieurs les intervenants, chers col<strong>la</strong>borateurs, je vous remercie sincèrementd’avoir participé à cette session de travail et vous donne d’ores et déjà rendez-vous l’an prochainpour une nouvelle édition de ces rencontres consacrée à <strong>la</strong> protection de l’enfance.Je vous remercie de votre attention.2 ème journée départementale de <strong>la</strong> protection de l’enfance – 9 juin 2011 50


Département de <strong>la</strong> <strong>charente</strong>Direction de <strong>la</strong> solidaritéDirection de <strong>la</strong> protection de l’enfance31 boulevard Émile Roux16917 Angoulême cedex 9Tél. 05 16 09 76 46www.cg16.fr

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!