servent à payer les salaires et les moyens de fonctionnement, principalement lacommunication”, explique Elisabeth Parisis, coordinatrice des projets de médiationde la commune.Halte aux portes fermées: résoudre lesproblèmes – informer les gensLes nouveaux arrivants débarquent généralement avec un grand nombrede questions fondamentales. Ils ont souvent des difficultés pour s’exprimer.Une brochure ne peut dès lors les aider efficacement. D’où l’importance d’uncontact immédiat, une sorte de service “premiers secours - questions urgentes”,qui inspire confiance et soit toujours accessible.A l’Administration communale, l’accueil “direct” est assuré par deux personnesinstallées d<strong>ans</strong> le hall d’accueil. Ces personnes de “première ligne”connaissent tous les services administratifs et sont à même d’accompagnerles nouveaux arrivés jusqu’au service Médiation.En 2008, 92 dossiers ont été ouverts pour des ressortissants de vingt-troispays différents. La plupart des hommes qui s’adressaient au service étaient àla recherche d’un emploi. Les femmes étaient davantage demandeuses d’informationssur les services sociaux.En dehors de la maison communale, des affiches, des dépliants et des bannières,disponibles d<strong>ans</strong> les maisons de quartiers et d<strong>ans</strong> les endroits publics,informent les citoyens de l’existence du service. La médiation se déroule selontrois axes : individuel, collectif et via un observatoire.“L’objectif n’est pas de prendre ces personnes par la main et de les accompagnerd<strong>ans</strong> leurs moindres démarches. Nous leur expliquons la voie à suivre et leur précisonsque notre service reste à leur entière disposition, y compris pour les problèmesde traduction. Nous voulons stimuler leur autonomie,” précise ElisabethParisis. Nous accueillons des personnes de tous les horizons, y compris cellesqui viennent travailler pour les institutions européennes.Des cours de citoyenneté pour maîtriserles rouages de notre sociétéMédiation individuellePendant quatre demi-journées (ou sur rendez-vous), les médiateurs sont présentsà la Maison des Médiations de Schaerbeek. Ils répondent aux questionsles plus diverses sur la vie quotidienne en Belgique : santé, permis de travail,recherche d’un emploi, formations, équivalence des diplômes, culture, loisirs…Ils renseignent aussi les nouveaux venus sur les cours de langue oud’alphabétisation (voir plus loin). Les nouveaux citoyens sont dirigés vers lesstructures compétentes : service juridique ou social, médiateur social, “MissionLocale” pour les demandeurs d’emploi… etc. Une permanence hebdomadaireest aussi assurée à la maison de quartier Dailly.Ces cours accueillent une trentaine de participants par session. Ils exigentpas mal de travail, surtout pour leur préparation. On y explique le fonctionnementdes services de placement, les soins de santé et les mutualités, lepermis de travail, l’équivalence des diplômes, la régularisation, l’accueil desenfants… Des interprètes sont présents, par exemple pour traduire les témoignages“d’anciens nouveaux venus” qui ne maîtrisent pas bien la langue.Ce service fonctionne aussi avec des partenariats extérieurs, qui proposentun éventail global de services aux nouveaux arrivés – tandis que le serviced’accueil aux primo-arrivants de la commune répond à des questions spécifiquesde façon ponctuelle. Deux fois par an, une visite guidée de l’administrationcommunale est organisée en groupe. Le staff d’accueil y participe.<strong>Dix</strong> <strong>ans</strong> d’action <strong>sociale</strong> <strong>urbaine</strong> I page 85
Un observatoireCe nouvel instrument permet de recenser le nombre de personnes aidéespar le service et les questions les plus couramment posées. Une carteglobale du flux des nouveaux arrivants peut ainsi être dressée. Autrementdit, Schaerbeek fait l’objet d’un scan permanent, avec pour résultatune meilleure information pour la politique locale.Pleins feux sur la formation: insister surl’apprentissage des languesSavoir parler et lire la langue de l’endroit où l’on réside n’est pas uniquementutile pour pouvoir s’informer sur la vie de notre société : c’est tout simplementindispensable à la survie, tant <strong>sociale</strong> que pratique. Les parents peuvent aussimieux comprendre les péripéties scolaires de leurs enfants – une priorité !“Notre initiative peut compter sur le conseil permanent d’un partenaire compétenten la matière, l’asbl Lire et Écrire, qui forme et encadre les formateurs”,explique Serge Pahlawan, coordinateur des formations en langue française.Ces deux dernières années scolaires, la priorité a été donnée aux cours defrançais et d’alphabétisation. Ils étaient organisés en six endroits de la commune– contre un seul auparavant. En septembre 2008, les cours de citoyennetésont venus s’y ajouter (384 inscriptions en quelques mois !). Les coursremportent un franc succès auprès des femmes (deux tiers des personnesayant suivi au moins 30% des cours sont des femmes). Le coût est minime :5 euros par an. Pour le néerlandais, la commune travaille en partenariat avecBON (Brussels Onthaal Nieuwkomers).Elisabeth Parisis: “Le concept de primo- arrivant’ est à prendre au sens trèslarge. Il peut s’agir par exemple d’une femme dont le mari vient de décéderet qui n’a jamais appris notre langue. Il s’agit là d’un groupe cible qui mérited’être mieux pris en compte.”Cours de français et d’alphabétisationLe français en tant que langue étrangère est enseigné d<strong>ans</strong> douze classespour les personnes sachant écrire et connaissant notre alphabet. Parmi les286 inscrits, de nombreux Bulgares, Marocains, Turcs et de plus en plus deressortissants d’Europe de l’Est. Ces derniers sont principalement des professionnels.“Un de nos élèves a décroché son diplôme d’infirmier grâce à notrecours de langue”, souligne Serge.Il existe aussi une classe pilote de cours intensifs, exclusivement réservéeaux nouveaux venus, où les cours sont deux fois plus nombreux que d<strong>ans</strong> lesclasses du niveau supérieur (12 heures par semaine). Les trois cours d’alphabétisationcomptaient 42 inscrits. Ces élèves provenaient majoritairementd’Afrique francophone et ne maîtrisaient que la langue parlée.Aucune discrimination n’est faite entre les personnes en ordre sur le planjuridique et les s<strong>ans</strong>-papiers. Les cours de jour voient régulièrement leur populationdiminuer, mais c’était en soi un bon signe : il s’agit principalementde personnes ayant trouvé un emploi. Certains trouvent que les cours sontdifficiles à combiner avec la vie de famille, ou décident simplement de suivreun cours plus intensif ailleurs.Mais le service ne se limite pas à ces seules formations. Fête de fin d’année,camps de 2-3 jours pour les mam<strong>ans</strong> accompagnées de leurs enfantset parfois même de leur mari, visites guidées de plusieurs villes, cinémaavec Lire et Écrire (pour 1 euro !)…“L’ambiance est sympa. J’ai souvent l’impressiond’être d<strong>ans</strong> la peau d’un animateur plutôt que d<strong>ans</strong> la peau d’un prof”,explique Serge. “Les chahuteurs sont rapidement remis à leur place par legroupe lui-même; ce sont des adultes qui prennent leurs responsabilités.”Continuer à faire tourner la boutiqueBien que Schaerbeek compte aujourd’hui cinq fois plus d’élèves – trèsmotivés – d<strong>ans</strong> ses cours de langue et d’alphabétisation qu’avant le coupde pouce fédéral, les services individuels et collectifs pourraient encoreêtre développés. Les besoins restent en effet importants.Facteurs de succès et recommandationsCommuniquer davantage, au départ, d<strong>ans</strong> la langue de contact desprimo-arrivants. Continuer à investir d<strong>ans</strong> la formation des personneschargées de l’accueil. Organiser les services de médiationpour les primo-arrivants en différents endroits et à des heuresadaptées au public cible.Regrouper tous les services aux primo-arrivants sous une seule etunique ‘coupole’ et travailler en synergie avec d’autres services communaux.Mettre en place un financement et un projet à long terme.