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Il<br />
La noblesse a pris <strong>la</strong> monarchie française au berceau: c'est elle qui lui<br />
servit <strong>de</strong> soutien dans son enfance, qui l'illustra dans son -âge mûr, et qui <strong>la</strong><br />
maintint durant huit siècles dans son état <strong>de</strong> gloire et <strong>de</strong> prospérité. Après<br />
avoir, en temps <strong>de</strong> paix, assisté son prince dans les conseils, elle s'armait au<br />
premier cri <strong>de</strong> guerre, et vo<strong>la</strong>it sous les drapeaux français, combattre pour le<br />
triomphe <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix ou pour <strong>la</strong> défense <strong>de</strong> <strong>la</strong> patrie. La gendarmerie féodale,<br />
cette milice <strong>de</strong> gentilshommes, supportait toute les fatigues <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre, dé-<br />
cidait toutes les victoires. Faire le récit <strong>de</strong> ses exploits, ce serait énumérer les<br />
fastes <strong>de</strong> <strong>la</strong> nation; il faudrait citer Bouvines, Taillebourg, Formigny, Ravenne<br />
et Marignan. A ces noms glorieux, opposerait-on les noms <strong>de</strong> Crécy,'<strong>de</strong> Poitiers<br />
et d'Azincourt.? La noblessepourrait encore répéter avec fierté les paroles du<br />
vaincu <strong>de</strong> Ravie « 'fout est perdu, fors l'honneur.))<br />
La gloire <strong>de</strong>s armes, dont les seigneurs étaient si jaloux, ne leur fit jamais<br />
oublier qu'il en existait une autre non moins estimable. L'histoire et <strong>la</strong> poésie<br />
comptentdans les rangs <strong>de</strong> <strong>la</strong> noblesse leurs plus gran<strong>de</strong>s illustrations. Les<br />
chroniques <strong>de</strong> Geoffroy <strong>de</strong> Villehardouin, <strong>de</strong> Joinville, <strong>de</strong> Philippe <strong>de</strong> Coin-<br />
mines, les chansons du cliMe<strong>la</strong>in <strong>de</strong> Coucy, du -sire <strong>de</strong> J3<strong>la</strong>cas, <strong>de</strong> Richard-<br />
Coeur-<strong>de</strong>-Lion, <strong>de</strong> Thibaut comte <strong>de</strong> Champagne, attestent que, loin (le par-<br />
tager l'ignorance générale <strong>de</strong> leur siècle, comme on le croit vuigairenierit, les<br />
barons du moyeri-ôgefurent toujours h <strong>la</strong> tète <strong>de</strong> <strong>la</strong> civilisation et du progrès<br />
<strong>de</strong>s lumières, -<br />
Partout où il y avait qudque gloire à recueillir, quelque service, àrendre,<br />
<strong>la</strong> noblesse était là, prèLe à remplir sa mission.<br />
Si <strong>la</strong> magistrature se recrutait le plus souvent <strong>de</strong> <strong>famille</strong>s plébéiennes, c'était<br />
pourles éleverjusqu'à l'ordre nobiliaire; et les chargesjudiciaires,ausiibicnque<br />
les concessions royales et les lettres patentes, ouvraient aux hommes <strong>de</strong> mérite<br />
et <strong>de</strong> talent un chemin toujours facile pour arriver aux premiers rangs <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
hiérarchie sociale.<br />
«Parler <strong>de</strong> <strong>la</strong> noblesse du temps passé, dira-ton peut-ètrc, c'est abor<strong>de</strong>r le<br />
doniaine <strong>de</strong> l'histoire; mais s'occuper <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> nos jours, c'est fàire un<br />
contre-sens, commettre un anachronisme; car son règne est maintenant ter-<br />
ruiné, o Nous répondrons à cette objection par ces mots <strong>de</strong> Montesquieu<br />
Sans no&te.tçv, point Ï/C inoiiai'chic; et nous ajouterons avec les auteurs <strong>de</strong> l'En.eyc(opddie,<br />
qu'on n'accusera pas saris doute d'avoir été d'aveugles défenseurs<br />
un ré g ime Féodal -.Sarn<br />
?tOhl(s$e, point <strong>de</strong> monarque On marche OU (lespot isnne ou<br />
â l'anarchie. il peut exister quelquefois, il est vrai, au sein <strong>de</strong>s troubles révo-<br />
lutionnaires, une fusion apparente (les divers éléments du corps social; mais<br />
cet état transitoire, véritable chaos, ne saurait être <strong>de</strong> longue durée. Quand<br />
l'ébullition popu<strong>la</strong>ire n cessé, on reconnait qu'elle n'a produit d'autre résultat