Histoire de la famille des Allemans

- VII
Par malheur, quelle confiance poilvait-onaccordei L un annalisie Ccl
que Conrad, dont l'ouvrage est une compilation grossière où fourmillent
les erreurs ci, les contradictions? De quelle autorité devait
être son récit quand il parlait de détails oubliés depuis quatre siècles,
sans indiquer à quelle source il les avait puisés?
L'opinion de la Chronique d'Ursperg, longtemps négligée, fut
néanmoins adinisepar presque tous les écrivains du seizième siècle.
Ils la combinèrent avec celle cl'Aimoin , quoique [expression ex
Gcnnanid profuqui , Germain fugitif, laissât peu de probabilité h
l'origine saxonne des Capétiens; et, pour mieux flatter l'arnou rpropre
des princes de la maisonde France, ils se servirent d'une
identité de noms et rattachèrent Witikind, père de Ilobert le Fort,
à la race de Witikind le Grand chef des Saxons, en cr&int un
degré intermédiaire et renouant ainsi la 'chaîne (les générations.
Pasquier, ayant adopté l'opinion de ses contemporains, s'exprimait
ainsi clans ses flcc/,erc/,es sur la Franco o Witikjjid eut un
fils nominé Théodoric ou Thierri, duquel naquit Witikind il, et de
celui-ci vint ]Robert, qui fut commis par Charles le Chauve à la
défense des Marches de Touraine et d'Anjou.), A ce système de filiation
fondé sur des hypothèses et sur des fhbles, on pouvait O[)—
poser de fortes objections. Witikind le Grand moulut en 807, dans
la maturité de l'âge: Robert le Fort, son arrière-petit-/i.is, florissait
trente-cinq ans plus lard céiait accumuler un peu les générations.
En outre, la parenté de ces deux personnages aurait offert trop
dimporiance historique pour è1re passée sous silence phi- Conrad
(leLichtenav, si elle eût eu la moindre apparence de vérité. Afin de
irancher la première difficulté, on rapprocha les degrés généalogiques,
en supprimant celui de Thierri; mais on donna plus de
force à l'autre objection, car Robert le Fort devenait ainsi petit-fils.
du célèbre Witikind;
D'ailleurs, comme l'a démontré George Eckard dans ses Origines
Saxonnes, c'étaient des écrivains modernes qui , les premiers,
avaient donné à Witikind le Grand plusieurs fils imaginaires, dont
ils avaient fait autant de chefs de races illustres, pour flatter l'orgueil
(les grandes maisons souveraines. Ils ne s'accordaient ni sur
le nombre de ces princes, ni sur leurs actions, ni sur leurs noms
propres et leurs titres. Une telle incertitude rendait l'imposture
trop évidente.
Cette filiation mensongère avait pour dernier désavantage de
n'ajouter que trois degrés à la généalogie des Capétiens. La vanité