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Journal de Saclay n°31 - CEA Saclay

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1 e TRIMESTRE 2006 > N°31Centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>LE JOURNALDOSSIER40 ans d’astrophysique spatiale au <strong>CEA</strong>M2M : contrôle industriel haut <strong>de</strong> gamme p.11Feu vert pour SPIRAL2 à Caen p.12Un réacteur prototype <strong>de</strong> 4 ème génération pour 2020 p.14


ÉditorialÉditeur<strong>CEA</strong> (Commissariatà l’énergie atomique)Centre <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>91191 Gif-sur-Yvette Ce<strong>de</strong>xDirecteurYves CaristanDirectrice <strong>de</strong> la publicationDanièle ImbaultRédacteur en chefChristophe PerrinRédactrice en chef adjointeSophie AstorgAvec la participation <strong>de</strong>Dominique MazièreIconographieChantal FuseauConception graphiqueMazarine2, square Villaret <strong>de</strong> Joyeuse75017 ParisTél. : 01 58 05 49 25Crédits photos<strong>CEA</strong>/DapniaNASACFHTCNESESAESA/A Le Floc’hObservatoire européen australCNRSCICLOPS Institute, USAESA/ D HardyESA/ A. Abergel<strong>CEA</strong>/SAp<strong>CEA</strong>/ L Godart<strong>CEA</strong>/ L Koch<strong>CEA</strong>/ C Fuseau<strong>CEA</strong>/S AstorgR Lefevre et al LEM-<strong>CEA</strong>E Dujardin et al LEM-<strong>CEA</strong>Telescope Canada-France-Hawaï/ JC Cuillandre/ CoelumEDFESA & the ISOGAL team<strong>CEA</strong> GanilN° ISSN 1276-2776 - Centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>Droits <strong>de</strong> reproduction, texte et illustrationsréservés pour tous paysPhotos <strong>de</strong> couverture : En haut à gauche, simulation numérique du Soleil ;en bas à gauche, le télescope SIGMA ; à droite, image <strong>de</strong> Megacam.Sommaire n° 31Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 2Dossier : 40 ans d’astrophysiquespatiale au <strong>CEA</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 3M2M : contrôle industrielhaut <strong>de</strong> gamme . . . . . . . . . . . . . . . . . page 11Feu vert pour SPIRAL2 à Caen . . . . . . page 12Nanotube <strong>de</strong> carbone interrupteur. . . page 13Un réacteur <strong>de</strong> 4 ème génération . . . . . . page 14Brèves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 15Instruments actuellement en service, conçuset réalisés avec la participation du SAp :ill.1 Soho et Ulysse, en orbite autour du Soleil. Cassini-Huygens en orbite autour <strong>de</strong> Saturne. ill.2 XMM-Newtonet Integral en orbite autour <strong>de</strong> la Terre. ill.3 L’équipedu SAp à <strong>Saclay</strong>, le Very Large Telescope à Paranal (Chili)et le CFHT (Canada France Hawaï Telescope) à Hawaï.Le 21 mai 1965, uninstrument du <strong>CEA</strong>enregistrait pour lapremière fois un rayon Xcosmique, à bord d’unballon situé à près <strong>de</strong>quarante kilomètresd’altitu<strong>de</strong>. Cet événementsigne le début <strong>de</strong> l’astrophysiquespatiale au <strong>CEA</strong>.Depuis l’origine, l’activité du Serviced’astrophysique (SAp) à <strong>Saclay</strong> se fon<strong>de</strong>sur un partenariat fort entre le <strong>CEA</strong> et leCNES 1 , qui financent à parité cesprogrammes. Ce service compte égalementune unité mixte <strong>de</strong> recherche <strong>CEA</strong> –CNRS – Université Paris VII.Les missions du SAp couvrent à la fois ledéveloppement d’instruments au sol ouembarqués dans <strong>de</strong>s satellites et l’interprétationd’observations <strong>de</strong> provenancesvariées. Pour résumer à grands traitsl’histoire du SAp, on distingue plusieurspério<strong>de</strong>s marquées successivement parla détection <strong>de</strong> particules cosmiques,l’astronomie X et gamma, l’astronomieinfrarouge et la sismologie solaire et stellaire(Soho). Le recoupement d’observationsà différentes énergies fournit unebase soli<strong>de</strong> pour l’interprétation. Avecl’avènement d’ordinateurs massivementparallèles, la simulation numériquerenforce la compréhension <strong>de</strong>s processusphysiques en jeu. Ce dossier du3<strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> ne pourra retenir <strong>de</strong>cette histoire foisonnante que quelquesévénements ou découvertes parmi beaucoupd’autres. Il est organisé pour l’essentielpar domaines d’énergie.Spécialiste <strong>de</strong> détecteurs, le SAp estl’artisan <strong>de</strong> nombreuses premièresmondiales en instrumentation dédiée àl’astrophysique spatiale, souvent encollaboration avec le Léti 2 : premièrematrice <strong>de</strong> détecteurs infrarouges (ISO) 3 ,première matrice <strong>de</strong> détecteurs gammaau tellurure <strong>de</strong> cadmium (Integral) et<strong>de</strong>main, première matrice <strong>de</strong> bolomètres 4pour l’infrarouge lointain (Herschel). Cettecompétence est reconnue au point quele SAp a été sollicité par un laboratoireaméricain pour fournir un instrumentinfrarouge pour la son<strong>de</strong> Cassini-Huygens. Au fil du temps, ce services’est imposé sur la scène internationalecomme un laboratoire d’astrophysique <strong>de</strong>premier plan, tant pour l’instrumentationque pour l’interprétation. Il est <strong>de</strong>venu uneforce <strong>de</strong> proposition et un acteurincontournable pour <strong>de</strong> nombreux projetsscientifiques, qui se sont concrétisés en <strong>de</strong>véritables expériences dédiées à <strong>de</strong>sproblématiques scientifiques spécifiques.Je profite <strong>de</strong> ce premier éditorial <strong>de</strong> l’annéepour vous présenter mes meilleurs vœuxet je suis heureux que 2006 s’annonceaussi riche pour notre centre <strong>CEA</strong> que2005. Cette année verra en effet notammentles démarrages du synchrotronSOLEIL, <strong>de</strong> NeuroSpin et du pôle <strong>de</strong>compétitivité mondial SYSTEM@TICPARIS-RÉGION, qui apporteront <strong>de</strong>nouveaux atouts pour renforcer sa visibilitéinternationale en tant que site <strong>de</strong>recherche d’excellence.Yves Caristan,Directeur du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.1 CNES : Centre national d’étu<strong>de</strong>s spatiales.2 Léti : Laboratoire d’électronique et <strong>de</strong> technologie<strong>de</strong> l’information, au centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> Grenoble.3 Les mots imprimés en vert et en gras sont expliquéspage 10.1 24 Bolomètre : thermomètre utilisé pour mesurer<strong>de</strong> faibles quantités <strong>de</strong> chaleur produites par unrayonnement.


A la fin <strong>de</strong>s années 1950, un service <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> expert endétecteurs <strong>de</strong> rayonnements est chargé <strong>de</strong> mesurer laradioactivité <strong>de</strong> la haute atmosphère induite par les essaisnucléaires aériens. Il faut adapter les appareils pour qu’ilsfonctionnent à bord <strong>de</strong> fusées. En 1962, la découverte <strong>de</strong>srayons X cosmiques aiguise la curiosité <strong>de</strong>s scientifiques.Ces circonstances favorisent l’émergence au <strong>CEA</strong> <strong>de</strong>l’astrophysique spatiale <strong>de</strong>s hautes énergies. Une disciplinequi impose <strong>de</strong>s mesures hors <strong>de</strong> l’atmosphère : à bord <strong>de</strong>ballons stratosphériques, <strong>de</strong> fusées puis <strong>de</strong> satellites carle rayonnement est arrêté par l’atmosphère.« Spatialiser » les technologiesLa spatialisation <strong>de</strong> détecteurs, dérivés à l’origine <strong>de</strong> laphysique nucléaire ou <strong>de</strong> la scintigraphie médicale, est un<strong>de</strong>s métiers du SAp, dont le mot d’ordre est « zéro panne »,dans un environnement hostile et contraint en masse, envolume et en consommation électrique. Typiquement, unemission spatiale compte <strong>de</strong> nombreuses étapes planifiéessur une vingtaine d’années : le montage du projet avec lespartenaires, la conception et la réalisation d’instruments,les tests dans <strong>de</strong>s conditions se rapprochant progressivement<strong>de</strong>s conditions spatiales, l’étalonnage, le lancementet l’exploitation scientifique <strong>de</strong>s résultats. Depuis qu’ilsexistent, ces projets sont conduits dans le cadre <strong>de</strong> collaborations1 européennes, franco-russes (SIGMA) ou américano-européennes(HEAO C, Cassini-Huygens, Soho). Lesobservatoires spatiaux sont ouverts à la communautéscientifique : les temps d’observation lui sont allouésaprès évaluation par un comité <strong>de</strong> spécialistes.L’ASTROPHYSIQUE AU SAPLes compétences présentes à <strong>Saclay</strong> en matière <strong>de</strong> détecteurs <strong>de</strong> rayonnements ont trouvé un richechamp d’applications en astrophysique.2Donner du sens aux observationsEn parallèle aux activités instrumentales se constitue trèstôt un groupe <strong>de</strong> théoriciens, parmi lesquels CatherineCésarsky (actuelle directrice <strong>de</strong> l’ESO 2 ) et Hubert Reeves.L’un d’entre eux, Charles Ryter, résume l’activité d’interprétation: « collecter les observations <strong>de</strong> toutes origines etchercher à leur donner du sens, <strong>de</strong> la cohérence ». Ce travailréalisé à partir <strong>de</strong> mesures effectuées dans tous les domainesd’énergie (<strong>de</strong>puis les on<strong>de</strong>s radio jusqu’aux rayonsgamma) s’est poursuivi sans interruption jusqu’à aujourd’hui.1 Ces collaborations sont dirigées par l’Agence spatiale européenne(ESA), Inter-Kosmos en Russie et la NASA (National Aeronautics andSpace Agency) aux Etats-Unis.2 ESO : European Southern Observatory.Le saviez-vous ?Les expériences durent quelques minutes à bord d’unefusée à 150 km d’altitu<strong>de</strong>, une dizaine d’heures en ballonstratosphérique à 36 km ou quelques mois (jusqu’à 15 ans !)à bord <strong>de</strong> satellites.40 ans d’astrophysiquespatiale au <strong>CEA</strong>1 Vols ballon : un ballon auxiliaire sert à décoller la charge utiledu sol avant <strong>de</strong> l’amarrer au ballon principal, qui est gonflé à part.Ces vols ont lieu en fin <strong>de</strong> nuit.2 Image <strong>de</strong> supernova obtenue par la caméra Megacam au CFHT.1Carte d’i<strong>de</strong>ntitéNom : Service d’astrophysique (SAp)Effectif total : 150 personnes dont 93 permanents <strong>CEA</strong>,8 universitaires et 7 CNRSNombre <strong>de</strong> projets instrumentaux en cours :12 spatiaux et 3 au sol3


40 ans d’astrophysique spatiale au <strong>CEA</strong>ANALYSER LA MATIÈRE COSMIQUEAnalyser la matière venue du cosmos, c’est la première tâche à laquelle se sont attelés lesastrophysiciens du SAp.1A la différence <strong>de</strong>s rayons X et gamma, les « rayonscosmiques » sont constitués <strong>de</strong> particules <strong>de</strong> matière etnon pas <strong>de</strong> grains <strong>de</strong> « lumière ». Ces particules, essentiellement<strong>de</strong>s protons, sont accélérées à <strong>de</strong>s énergiesdéfiant l’imagination. L’Univers contient <strong>de</strong> gigantesquesaccélérateurs <strong>de</strong> particules, près <strong>de</strong> cent mille fois pluspuissants que ne le sera l’accélérateur le plus performant<strong>de</strong> la planète, actuellement en construction au CERN 1 .Cette matière, composée également d’électrons et d’autreséléments en quantités infimes, est la seule qui nousparvienne d’au-<strong>de</strong>là du système solaire. Pour comprendreoù et comment cesparticules se forment, ilfaut mesurer leur énergieet leur composition.Ces mesures sont délicatescar les particulescosmiques sont rares.Par ailleurs, les appareilsdoivent être adaptés àun usage spatial. Parexemple, les détecteursTcherenkov 2 <strong>de</strong> HEAO Csont astucieusementallégés en remplaçant<strong>de</strong>s gaz sous hautepression par <strong>de</strong>s blocsd’aérogel <strong>de</strong> silice, aussi peu <strong>de</strong>nses que le brouillard.2l’explosion, se propagent dans le milieu interstellaire.Alors qu’on sait <strong>de</strong>puis longtemps que les éléments lourdssont issus du « chaudron » <strong>de</strong>s étoiles, l’origine <strong>de</strong>séléments légers est longtemps restée une énigme, qui a étéfinalement résolue par Hubert Reeves dans les années 1970.Il a mis en évi<strong>de</strong>nce le mécanisme <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> certainséléments chimiques : les collisions entre les particulescosmiques et les atomes <strong>de</strong>s milieux traversés engendrent<strong>de</strong>s éléments légers comme le lithium, le béryllium et le bore.1 CERN : Organisation européenne pour la recherche nucléaire, près <strong>de</strong>Genève.2 Détecteur Tcherenkov : en traversant le liqui<strong>de</strong> ou le gaz à une vitessesupérieure à celle <strong>de</strong> la lumière dans ce milieu, les particules cosmiquesinduisent une émission <strong>de</strong> lumière bleutée par les atomes du milieu.C’est cette lumière qui est détectée.3 Supernova : étoile massive qui explose au terme <strong>de</strong> sa «vie » d’étoileen <strong>de</strong>venant momentanément très lumineuse.Quelle composition ?On s’attendait à retrouver dans les rayons cosmiques lacomposition <strong>de</strong>s supernovae 3 , soupçonnées d’être lessources <strong>de</strong> ces particules. Or la mesure a révélé unecomposition plus proche <strong>de</strong> celle du milieu interstellaire que<strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s supernovae. Pourquoi ? Celles-ci apportentbien l’énergie nécessaire pour accélérer les particules,mais par l’intermédiaire <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> choc, qui, suite à12À bord du satellite HEAO C lancé en 1979, une expérience <strong>de</strong>350 kg seulement mesure la composition <strong>de</strong>s particulescosmiques qui sillonnent la Galaxie, un résultat inégaléjusqu’à aujourd’hui.Ulysse est la première son<strong>de</strong> à quitter le plan <strong>de</strong>s planètespour aller explorer les pôles du Soleil. A son bord, un instrumentmesure pour la première fois les paramètres du ventsolaire et <strong>de</strong>s particules cosmiques.4Expériences « tout terrain »« Le ballon était lancé en fin <strong>de</strong> nuit. Il fallait attendre le moment le plus favorable où les vents d’altitu<strong>de</strong> se renversent. Le matériel<strong>de</strong>vait être récupéré pour que les plaques photo puissent être analysées. Il est arrivé que cette quête se transforme en véritableexpédition dans les Alpes, à dos <strong>de</strong> mulets, dans la neige. Une fois, le matériel est tombé sur le toit d’une porcherie. Il n’y a jamaiseu <strong>de</strong> blessé, pas même un cochon… »Lydie Koch-Miramond, astrophysicienne au SAp


1IMAGES DES HAUTES ÉNERGIESA partir <strong>de</strong>s développements <strong>de</strong> détecteurs X et gamma, le SAp s’est forgé une spécialité à la foisinstrumentale et scientifique en astrophysique <strong>de</strong>s hautes énergies.Au cours <strong>de</strong> leur propagation dans le milieu interstellaire,les rayons cosmiques interagissent avec la matière et lerayonnement et produisent une émission <strong>de</strong> rayonsgamma. Le signal correspondant a pu être mis enévi<strong>de</strong>nce par COS B à haute énergie puis par le satelliteaméricain GRO (Gamma Ray Observatory) à basse énergie.Ce signal apparaît commeun fond diffus galactique.Au cours <strong>de</strong> leur accélérationinitiale, les particulescosmiques émettent également<strong>de</strong>s rayonnementsassez intenses pour êtremesurés : <strong>de</strong>s rayons X ontété observés par XMM-Newton dans un reste <strong>de</strong>supernova (voir photo 1), <strong>de</strong>s rayons gamma <strong>de</strong> très hauteénergie ont été détectés par le télescope Hess (situé enNamibie).D’autres signaux X et gamma, sans lien avec les rayonscosmiques, ont pu être attribués à <strong>de</strong>s sources localisées,dont la nature n’a pas pu être i<strong>de</strong>ntifiée immédiatement.« Voir » <strong>de</strong>s rayons invisiblesPour détecter les rayons gamma, les premiers instruments(TD1, COS B) utilisent <strong>de</strong>s chambres à étincelles, sensiblesà la fois aux particules et aux photons gamma.Il faut donc éliminer la contribution prédominante <strong>de</strong>sparticules cosmiques (une surface d’un centimètre carréen voit passer une par secon<strong>de</strong>). Heureusement, celles-cidéposent <strong>de</strong>s traces spécifiques. Pour COS B, les enregistrementsont été analysés manuellement : seul un surcent en moyenne était exploitable…De nombreux dispositifs (SIGMA) intègrent <strong>de</strong>s matériauxscintillants capables d’absorber complètement l’énergieinci<strong>de</strong>nte et <strong>de</strong> restituer cette énergie en lumière visible ouultraviolette, pour laquelle ils sont transparents. Ces instrumentsmatérialisent les traces fugaces laissées par uneparticule ou <strong>de</strong>s rayons X ou gamma. « Voir ces tracesdans les scintillateurs, voir enfin ce qui, jusque-là, étaitinvisible : c’était une gran<strong>de</strong> émotion ! », raconte BernardAgrinier, ancien chercheur au SAp.Un bijou technologiqueAvec Integral est apparue une nouvelle génération <strong>de</strong>détecteurs à semi-conducteur (CdTe : tellurure <strong>de</strong>cadmium), qui n’exigeait plus <strong>de</strong> refroidissement poussécomme auparavant le germanium, et présentait une excellenterésolution en énergie. Pour Integral, le SAp a développéla technologie CdTe en collaboration avec d’autresservices du Dapnia 1 et a conçu une électronique <strong>de</strong> détectionadaptée. La miniaturisation <strong>de</strong> l’ensemble a été menéeen collaboration avec le Léti et la Direction <strong>de</strong>s applicationsmilitaires. Le résultat <strong>de</strong> ce travail est la caméragamma ISGRI : un véritable bijou technologique <strong>de</strong> plus<strong>de</strong> 16 000 pixels !40 ans d’astrophysiquespatiale au <strong>CEA</strong>Former <strong>de</strong>s imagesDétecter ne suffit pas, il faut également concentrer lalumière pour former une image. C’est réalisable en rayons X2Le saviez-vous ?Compter les photonsL’observation en X ou gamma est très différente <strong>de</strong> l’observationen visible : les photons sont rares et sont détectés un par un.L’avantage <strong>de</strong> cette situation est que le signal détecté mesuredirectement l’énergie.5


40 ans d’astrophysique spatiale au <strong>CEA</strong>34avec <strong>de</strong>s miroirs fonctionnant en inci<strong>de</strong>nce rasante 2(XMM-Newton) mais totalement impossible en rayonsgamma. Un progrès décisif se produit avec l’obtentiond’image par « masque codé », une technique validée surSIGMA et reprise pour Integral. Ce procédé consiste àobserver l’ombre portée d’un masque, percé <strong>de</strong> trous etéclairé par la source à étudier, et, à partir <strong>de</strong> là, à calculerl’image <strong>de</strong> cette source, grâce à un décodage numérique.Du fond diffus aux sourcesSi le fond diffus observé par COS B a pu être bien expliquépar l’interaction du rayonnement cosmique avec lamatière interstellaire, il n’en est pas <strong>de</strong> même pour le fonddiffus observé à plus basse énergie par le satellite américainGRO, qui s’est avéré bien plus intense que prévu. Unpremier voile a été levé sur ce mystère grâce au satelliteSIGMA, dont la bonne « acuité » a permis <strong>de</strong> montrer que <strong>de</strong>ssources ponctuelles contribuaient à l’émission galactique.SIGMA a également permis <strong>de</strong> découvrir une nouvelleclasse <strong>de</strong> sources, baptiséesmicroquasars 3 . Cesobjets, dont le moteur estun trou noir <strong>de</strong> quelquesmasses solaires, émet<strong>de</strong>s jets <strong>de</strong> matièreobservables à uneéchelle <strong>de</strong> tempshumaine, contrairementaux quasars dont ils sontpar certains aspects <strong>de</strong>smodèles réduits. Pouravoir le fin mot sur l’originedu fond diffus àbasse énergie, il a falluattendre le satellite Integral, qui, grâce à une acuité et unesensibilité encore accrues, a permis <strong>de</strong> montrer que ce quiavait été pris pour du fond diffus était en fait un ensemble<strong>de</strong> sources ponctuelles. Plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cents sources émettrices<strong>de</strong> rayons gamma ont été recensées dans notreGalaxie ; la plupart sont <strong>de</strong>s « duos », composés d’unastre compact et d’une étoile qu’il phagocyte.Encore <strong>de</strong>s énigmes…Le centre <strong>de</strong> notre Galaxie abrite, on le sait, un trou noirsuper-massif. SIGMA a livré une surprise, confirmée parIntegral : contrairement à ce que les astrophysiciens imaginaient,cet astre n’émet presque rien en X ou gamma, cequi signifie qu’il n’avale plus grand-chose ou bien qu’il s’alimentesuivant un processus encore inconnu.Integral a également mis en évi<strong>de</strong>nce la présence d’unegigantesque zone <strong>de</strong> création <strong>de</strong> paires d’électrons et <strong>de</strong>positons, autour du centre <strong>de</strong> notre Galaxie. Aucune explicationastrophysique convaincante n’a pu être trouvée àce jour et d’autres interprétations plus spéculativescomme la désintégration <strong>de</strong> « matière noire » ont étéévoquées (voir p.9). Encore une énigme dont raffolent lesthéoriciens…1 Dapnia : laboratoire <strong>de</strong> recherches sur les lois fondamentales <strong>de</strong>l’Univers, à <strong>Saclay</strong>.2 La direction <strong>de</strong>s rayons inci<strong>de</strong>nts est très proche <strong>de</strong> la surface du miroir.3 Les quasars sont <strong>de</strong>s cœurs <strong>de</strong> galaxies formés d’un trou noir d’unemasse équivalente à plusieurs millions (voire milliards) <strong>de</strong> Soleils. En attirantla matière <strong>de</strong> la galaxie qui l’entoure, cet astre compact produit undisque d’accrétion et <strong>de</strong>s jets relativistes <strong>de</strong> matière se forment dans ladirection perpendiculaire au disque.1 Image d’XMM-Newton : en blanc les zones où les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong>choc d’une supernova accélèrent <strong>de</strong>s atomes du milieu interstellaire.Le « reste » <strong>de</strong> supernova (orange) est une bulle <strong>de</strong>gaz chaud en expansion.2 Un <strong>de</strong>s trois modules <strong>de</strong> miroirs d’XMM-Newton, vu <strong>de</strong> l’arrière.Chacun <strong>de</strong>s éléments concentriques intercepte un mince« anneau » <strong>de</strong> rayonnement.3 Certains objets observés en rayons gamma sont <strong>de</strong>s étoiles<strong>de</strong>nses en rotation rapi<strong>de</strong>, avalant la matière <strong>de</strong> leur étoilecompagnon. Vue d’artiste.4 Test du satellite Integral dans les laboratoires <strong>de</strong> l’Agencespatiale européenne aux Pays-bas. A l’extrémité du télescope,on distingue le masque codé (damier noir et blanc), quipermet d’obtenir <strong>de</strong>s images à partir <strong>de</strong> rayons gamma.6


LA RÉVOLUTION DE L’INFRAROUGEComplémentaire <strong>de</strong> l’astrophysique <strong>de</strong>s hautes énergies, l’astrophysique infrarouge s’est imposée peuà peu comme un outil irremplaçable.Les poussières <strong>de</strong>s milieux interstellaires absorbent plusou moins les rayonnements qui les traversent : beaucoupen visible, un peu moins en rayons X et encore moins enrayons gamma. Ainsi, certaines sources gamma « vues »par Integral n’avaient pas été détectées en X. Les poussièresarrêtent en effet les rayons X et restituent une partie <strong>de</strong>l’énergie emmagasinée en émettant <strong>de</strong>s photons infrarouges.De la même manière, les nuages <strong>de</strong> poussières oùnaissent les étoiles absorbent l’éclat <strong>de</strong>s jeunes astres :l’observation infrarouge s’est donc imposée comme unoutil indispensable pour étudier la formation <strong>de</strong>s étoiles.40 ans d’astrophysiquespatiale au <strong>CEA</strong>1ISOCAM, une caméra « ma<strong>de</strong> in <strong>CEA</strong> »En matière <strong>de</strong> détecteurs, un pas important est franchiavec le satellite européen ISO lancé en 1995. Il est équipé<strong>de</strong> la première caméra spatiale infrarouge (ISOCAM), réaliséeen collaboration européenne sous la direction scientifiqueet la maîtrise d’œuvre technique du SAp. Cette camérautilise <strong>de</strong>s matrices <strong>de</strong> détecteurs <strong>de</strong> 1 024 pixels. Baséesur <strong>de</strong>s composants en silicium dopé au gallium, cettetechnologie a été mise au point au Laboratoire infrarouge(LIR) du Léti, au centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> Grenoble, à l’origine pour<strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong> Défense. Herschel, qui sera lancé en 2007,utilise une autre technologie du Léti, dédiée àl’infrarouge plus lointain.1 Montage <strong>de</strong> la mosaïque <strong>de</strong> détecteurs du satellite Herschel,qui sera lancé en 2007 pour recenser les régions <strong>de</strong> formationd’étoiles.2 ISO révèle une région <strong>de</strong> formation d’étoiles dans la nébuleuse<strong>de</strong> l’Aigle.2Comment naissent les étoilesAu terme d’un dépouillement qui aura duré plus <strong>de</strong> troisans, les observations d’ISO sont comparées à celles dutélescope spatial Hubble : ISO « voit » dix fois plus d’étoilesque Hubble ! Ce sont en particulier les « pouponnières »d’étoiles, entourées d’une enveloppe opaque <strong>de</strong> poussières,qui ont échappé à Hubble. Leur étu<strong>de</strong> conduit à unerévision complète à leur sujet : le plus souvent, elles ne seforment pas spontanément mais dans <strong>de</strong>s flambées« violentes », suite à <strong>de</strong>s événements à gran<strong>de</strong> échelle telsqu’une collision <strong>de</strong> la galaxie hôte avec une autre galaxie.ISO ne permettait pas d’observer avant les <strong>de</strong>rniers huitmilliards d’années <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’Univers 1 . Les matrices <strong>de</strong>plusieurs milliers <strong>de</strong> détecteurs d’Herschel permettront <strong>de</strong>cartographier en trois ans les flambées <strong>de</strong> formation d’étoilesqui se sont produites <strong>de</strong>puis le milliard d’années qui asuivi le Big Bang.1 Plus on observe loin, plus on observe <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> l’Univers jeune.Age <strong>de</strong> l’Univers : 13,5 milliards d’années.Le saviez-vous ?Le successeur <strong>de</strong> Hubble « verra » rougeGrand projet international auquel participe le Dapnia, le télescopespatial James Webb, successeur <strong>de</strong> Hubble, fonctionneradans l’infrarouge vers 2013. Il son<strong>de</strong>ra l’Univers lointain(jeune) : il observera en particulier la première générationd’étoiles, un milliard d’années seulement après le Big Bang.7


La connaissance <strong>de</strong> la masse et <strong>de</strong> la compositionchimique d’une étoile permet <strong>de</strong> déterminer sa structureinterne, mais les phénomènes <strong>de</strong> turbulence liés à la rotationet au magnétisme <strong>de</strong> l’astre compliquent considérablementle tableau : c’est le domaine <strong>de</strong> la magnétohydrodynamique(MHD). L’observation couplée à la simulationMHD du Soleil et <strong>de</strong>s étoiles permet d’appréhen<strong>de</strong>r cesphénomènes complexes.1 Simulation <strong>de</strong>s turbulences du milieu interstellaire.2 Fluctuations <strong>de</strong> températures du Soleil : le rouge correspondaux excès <strong>de</strong> température (+10°C) par rapport à la températuremoyenne (voisine <strong>de</strong> 100 000°C à la profon<strong>de</strong>ur choisie pourle calcul).En parallèle, la LIL puis le Laser Mégajoule produiront àBor<strong>de</strong>aux <strong>de</strong>s plasmas <strong>de</strong> laboratoire, proches <strong>de</strong> lamatière <strong>de</strong>s étoiles. Pendant un milliardième <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>,ces expériences révèleront <strong>de</strong>s propriétés thermodynamiquesou <strong>de</strong>s instabilités qui rendront les simulationsd’étoiles <strong>de</strong> plus en plus réalistes et convaincantes.1 LIL : Ligne d’intégration laser. Entrée en service en 2005 pour lacommunauté scientifique, cette ligne prototype du laser Mégajoule, au<strong>CEA</strong>/CESTA à Bor<strong>de</strong>aux, compte 4 faisceaux (sur 240 en projet).2 Hydrodynamique : branche <strong>de</strong> la physique relative aux flui<strong>de</strong>s enmouvement.40 ans d’astrophysiquespatiale au <strong>CEA</strong>LE CÔTÉ OBSCUR DE L’UNIVERSCosmologie : l’observation fine <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> lentille gravitationnelle* sur la forme <strong>de</strong>s galaxieslointaines permet d’explorer les composantes invisibles <strong>de</strong> l’Univers.Les astrophysiciens raisonnent souvent en cherchant àboucler <strong>de</strong> minutieux bilans <strong>de</strong> matière ou <strong>de</strong> rayonnements.Ils ont ainsi recensé toute la matière observable dans leursinstruments. Dans les années 1970, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la trajectoire<strong>de</strong>s étoiles dans les galaxies les a amenés à invoquer laprésence d’une «matière noire» distribuéeà gran<strong>de</strong> échelle, qui n’émetaucun rayonnement. Par la suite, <strong>de</strong>sobservations concordantes, au cours<strong>de</strong>s années 1990, ont permis <strong>de</strong> mettreen évi<strong>de</strong>nce une accélération <strong>de</strong> l’expansion<strong>de</strong> l’Univers. Une <strong>de</strong>s interprétations<strong>de</strong> cette accélération est qu’ellerésulte <strong>de</strong> la présence d’une « énergiedu vi<strong>de</strong> » : cette notion s’est révélée 1notoirement problématique (avec undésaccord <strong>de</strong> 120 ordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur !) mais elle a donnéson nom au concept d’« énergie noire », concept qui gar<strong>de</strong>aujourd’hui tout son mystère.ordinaire représente environ 3% <strong>de</strong> la masse <strong>de</strong> l’Univers,la matière noire 27% et l’énergie noire 70%. Les astrophysiciensdu SAp, conjointement avec leurs collègues physiciens<strong>de</strong>s particules, participent à la traque <strong>de</strong> cette sidiscrète matière noire avec la plus gran<strong>de</strong> caméra dumon<strong>de</strong> (Megacam), implantée au foyer du télescopeCanada-France-Hawaï (CFHT). Ils cherchent notamment àcartographier systématiquement la distribution <strong>de</strong> lamatière noire dans l’Univers en utilisantl’effet <strong>de</strong> lentille gravitationnelle, quiinduit <strong>de</strong> faibles distorsions sur lesformes apparentes <strong>de</strong>s galaxies lointaines.A l’avenir, la nécessité <strong>de</strong> corrigerles turbulences atmosphériques limiterale champ d’exploration avec <strong>de</strong>stélescopes au sol. DUNE (Dark UNiverseExplorer), un projet spatial en préparation,permettrait <strong>de</strong> s’affranchir <strong>de</strong> cettelimitation, avec à la clé, l’espoir <strong>de</strong>débusquer la matière noire et aussi <strong>de</strong> mieux comprendrela nature <strong>de</strong> la fameuse énergie noire, susceptible <strong>de</strong> modifierla distribution <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s structures dans l’Univers.Recenser les galaxies déforméesÀ présent, les physiciens s’accor<strong>de</strong>nt à dire que la matière* Lentille gravitationnelle : <strong>de</strong>s masses importantes peuvent dévier lesrayons lumineux provenant <strong>de</strong> galaxies lointaines et déformer l’imageapparente qui parvient jusqu’à nous.1 Image <strong>de</strong> l’amas <strong>de</strong> galaxies d’Hercule obtenue par la caméraMegacam au CFHT.9


40 ans d’astrophysique spatiale au <strong>CEA</strong>ChronologieLoin d’être exhaustive, la liste ci-<strong>de</strong>ssous ne reflète qu’une partie <strong>de</strong>s missions spatiales auxquellesle SAp a participé, par la fourniture d’un instrument notamment.Nom Pério<strong>de</strong> Domainedu satellite d’exploitation d’énergieUn objectif important <strong>de</strong> la missionTD1 1972 - 1974 Particules, 1 ère chambre à étincelles dans l’espaceX, gammaCOS-B 1975 - 1982 Gamma 1 ère carte <strong>de</strong> la Galaxie en gammaHEAO C 1979 - 1981 Particules Mesure <strong>de</strong>s abondances <strong>de</strong>s élémentsdans le rayonnement cosmiqueUlysse 1990 - 2008 Electrons, Electrons du rayonnement cosmiqueparticuleset en provenance <strong>de</strong> JupiterGranat 1990 - 1998 Gamma Carte du centre <strong>de</strong> notre Galaxie(télescope SIGMA)ISO 1995 - 1998 Infrarouge Formation <strong>de</strong>s étoilesSoho 1995 - 2009 Visible Structure et dynamique interne du SoleilXMM-Newton 1999 - 2010 X Centre galactique, amas <strong>de</strong> galaxies,Sources compactes, plasmas ionisés chaudsIntegral 2002 - 2010 Gamma Carte gamma <strong>de</strong> la Galaxie, trous noirs,nucléosynthèseCassini-Huygens 2004 - 2008 Infrarouge Anneaux <strong>de</strong> SaturneHerschel Prévu en 2007 Infrarouge lointain Formation <strong>de</strong>s galaxies et <strong>de</strong>s étoilesJames Webb Prévu en 2011 Infrarouge proche Observation <strong>de</strong> l’Univers lointain : formationSpatial Telescope et moyen <strong>de</strong>s galaxies et <strong>de</strong>s étoiles, recherche<strong>de</strong> la « première étoile ».GLOSSAIREPionnierEn 1972, le SAp lançait pour la premièrefois au mon<strong>de</strong> une chambre à étincelles(voir p.5) dans l’espace, à bord <strong>de</strong> TD1, lepremier satellite d’astronomie <strong>de</strong> l’agencespatiale européenne.En 2005, le projet Simbol X, porté par leSAp, vient <strong>de</strong> recevoir un accueil favorabledu CNES. S’il est accepté définitivement fin2006, ce sera encore une premièremondiale à l’horizon 2010 : le « vol enformation » du miroir et du détecteur, à unedistance <strong>de</strong> trente mètres l’un <strong>de</strong> l’autre,autorisera une résolution angulaire et unesensibilité inégalées dans un domained’énergie intermédiaire entre les rayons Xet gamma.Images et spectresUn télescope fournit l’image ou le spectre d’une source (décomposition endifférentes énergies). Un spectre « <strong>de</strong> raies » constitue une signature caractéristique<strong>de</strong> l’élément émetteur. Il se décale vers le rouge (basses énergies)si la source s’éloigne <strong>de</strong> la Terre. La mesure du décalage permet <strong>de</strong> calculersa vitesse. Sur le trajet qui nous sépare <strong>de</strong> la source, le rayonnementpeut être diffusé par <strong>de</strong>s poussières ou absorbé par <strong>de</strong>s gaz à l’intérieur <strong>de</strong>nuages interstellaires. Un spectre d’absorption, constitué <strong>de</strong> raies en creux,permet d’étudier la nature <strong>de</strong>s éléments traversés par le rayonnement.X et gamma : <strong>de</strong>s photons très énergétiquesLes photons X et gamma, <strong>de</strong> même nature que la lumière visible, sont beaucoupplus énergétiques : ils peuvent arracher <strong>de</strong>s électrons à <strong>de</strong>s atomes (qui<strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s ions), voire se transformer en paire électron-positon à proximitéd’un noyau lourd, s’ils ont assez d’énergie. On les appelle <strong>de</strong>s rayonnementsionisants. L’émission X provient souvent <strong>de</strong> processus physiques impliquantle cortège électronique <strong>de</strong>s atomes tandis que l’émission gamma estliée à <strong>de</strong>s phénomènes siégeant dans le noyau atomique.10


ActualitésDU LABORATOIRE À L’ENTREPRISEM2M : CONTRÔLE INDUSTRIEL HAUT DE GAMMECréée en 2003 pour valoriser une technologie développée au <strong>CEA</strong> à <strong>Saclay</strong>, la société M2M commercialise <strong>de</strong>ssystèmes innovants <strong>de</strong> contrôle industriel par ultrasons. Elle bénéficie du soutien <strong>de</strong> ses actionnaires : <strong>de</strong>sindustriels importants du secteur (Tecnatom, Métalscan et Euraltech) et le fonds <strong>de</strong> capital risque <strong>CEA</strong>-Valorisation.Forte d’une douzaine <strong>de</strong> salariés, la société M2M s’estconstruite autour d’une spécialité du SYSSC 1 : le contrôleindustriel par ultrasons « multiélément », une techniqueopérant dans <strong>de</strong>s configurations difficiles d’accès. Elle estnée au terme d’une collaboration <strong>de</strong> quatre ans au seind’un GIE 2 , associant un laboratoire du SYSSC et <strong>de</strong>spartenaires industriels. L’actionnaire majoritaire estTecnatom, une gran<strong>de</strong> entreprise du contrôle industriel quiouvre à M2M le marché <strong>de</strong>s gros systèmes. M2M estimplantée près <strong>de</strong> Châlons-sur-Saône à proximité d’unefiliale <strong>de</strong> Tecnatom, spécialiste <strong>de</strong> systèmes <strong>de</strong> dimensionsplus mo<strong>de</strong>stes, et aux Ulis, en Essonne.InterviewOlivier Roy, Directeur techniqueExpert en contrôle non<strong>de</strong>structif au <strong>CEA</strong>, vous avezrejoint M2M à sa création.Comment avez-vous vécu cechangement ?O.R. : C’était une évolution naturelle.Mon travail n’a pas beaucoup changé àmon arrivée chez M2M, la perceptionque j’en ai a en revanche beaucoupévolué. Il faut communiquer cette motivationaux autres personnes, c’est trèstrès intéressant…Echographie industrielleComme l’échographie médicale, la métho<strong>de</strong> repose surl’analyse <strong>de</strong> la propagation d’on<strong>de</strong>s ultrasonores à l’intérieur<strong>de</strong> la pièce à tester. Ces on<strong>de</strong>s sont produites et détectéespar <strong>de</strong>s céramiques piézo-électriques, capables <strong>de</strong>convertir un signal électrique en signal ultrasonore et viceversa. La technique « multiélément » exploite, non pas unou <strong>de</strong>ux capteurs, mais plusieurs dizaines <strong>de</strong> capteurs, quisont pilotés par une électronique spécifique et fonctionnenten parallèle. Il <strong>de</strong>vient possible <strong>de</strong> balayer l’ensemble duvolume <strong>de</strong> la pièce sans déplacement. La clé <strong>de</strong> l’avancetechnologique <strong>de</strong> M2M rési<strong>de</strong> dans le couplage du logiciel<strong>de</strong> simulation CIVA 3 (développé au SYSSC) à l’électronique<strong>de</strong> comman<strong>de</strong>. M2M propose à ses clients un système surmesures, ainsi que la formation associée. Mais s’il lesouhaite, le client a la possibilité <strong>de</strong> reconfigurer le systèmefourni par M2M pour une autre application.1 SYSSC : Service système et simulation pour la surveillance et le contrôle,du <strong>CEA</strong>-LIST (Laboratoire d’intégration <strong>de</strong>s systèmes et <strong>de</strong>s technologies).2 GIE : groupement d’intérêt économique.3 Le logiciel CIVA simule le contrôle d’une pièce industrielle par ultrasonsnotamment.Adaptée au contrôle <strong>de</strong> fabrication ou à la maintenance,la technologie intéresse l’aéronautique(ailes en composites,...), l’industrie nucléaire (cuvedu réacteur, tuyauteries,...), le secteur ferroviaireet l’automobile.11


ActualitésFEU VERT POUR SPIRAL2 À CAENEn mai 2005, le projet d’envergure européenne SPIRAL2 a reçu l’approbation du Ministère délégué àla recherche pour être construit auprès du Grand accélérateur national d’ions lourds 1 (GANIL) à Caen.Classé « Gran<strong>de</strong> installation <strong>de</strong> recherche européenne »<strong>de</strong>puis 1994, le GANIL accueille une communauté scientifiqueeuropéenne <strong>de</strong> plusieurs centaines <strong>de</strong> membres quidépasse le seul domaine <strong>de</strong> la physique nucléaire.Les chercheurs viennent sur place réaliser une expériencequi utilise les faisceaux d’atomes ionisés 2 du GANIL, accélérésà <strong>de</strong>s vitesses proches <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> la lumière.Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années, la recherche internationales’est focalisée sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s noyaux « exotiques ».Produits lors du Big Bang et dans les étoiles, ces élémentsont disparu <strong>de</strong> la Terre.Les premiers noyaux synthétisés ont révélé <strong>de</strong>s propriétéstotalement inattendues : <strong>de</strong>s cohésions accrues, <strong>de</strong>s déformationsinsoupçonnées, <strong>de</strong>s radioactivités nouvelles, etc.Des milliers <strong>de</strong> noyaux restent à découvrir ! S’ils parvenaientà les produire, les chercheurs comprendraientmieux les lois qui gouvernent le comportement <strong>de</strong>snoyaux.Une source <strong>de</strong> noyaux exotiquesLa future installation SPIRAL2 produira en abondance <strong>de</strong>snoyaux exotiques lourds, riches en neutrons et protons.Au cœur <strong>de</strong> la future machine, un accélérateur linéairesupraconducteur, délivrant <strong>de</strong>s faisceaux d’ions parmi lesplus intenses du mon<strong>de</strong>, bombar<strong>de</strong>ra une cible <strong>de</strong>matière. Les réactions induites engendreront <strong>de</strong>s milliards<strong>de</strong> noyaux exotiques. Extraits, triés, accélérés, les noyauxles plus intéressants seront assemblés en faisceauxpermettant <strong>de</strong> nouvelles analyses. Ainsi SPIRAL2 ouvrira <strong>de</strong>nouveaux horizons à la physique et à l’astrophysiquenucléaires. Cette plate-forme expérimentale rassembleraégalement les communautés <strong>de</strong> physique atomique, <strong>de</strong>physique du soli<strong>de</strong> et <strong>de</strong> radiobiologie autour <strong>de</strong> la matièresous irradiation.Premiers faisceaux en 2010De plus, SPIRAL2 sera la source <strong>de</strong> neutrons rapi<strong>de</strong>s la plusperformante pour les dix prochaines années. Elle permettrad’effectuer <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> données neutroniquesqui contribueront à rendre l’énergienucléaire encore plus sûre et respectueuse <strong>de</strong>l’environnement.Avec cet investissement financé par le <strong>CEA</strong>, leCNRS, la Région Basse-Normandie, les collectivitésterritoriales et soutenu par l’Union européenneet <strong>de</strong>s collaborations internationales, larecherche française s’inscrit pleinement dansune dimension européenne. Les premiers faisceauxsont attendus pour 2010.1 Ce laboratoire, qui a le statut d’un Groupement d’intérêtéconomique entre le <strong>CEA</strong> et le CNRS, est une « antenne »du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.12 Un atome ionisé (ou ion) a perdu un ou plusieurs électrons.Les ions du GANIL sont complètement « épluchés» : ils sontréduits à l’état <strong>de</strong> noyaux, privés d’électrons.1SPIRAL2 complétera l’installation actuelle (photo) pour mieux comprendreles lois qui gouvernent la cohésion <strong>de</strong>s noyaux.12


NANOTUBE DE CARBONE INTERRUPTEURDes chercheurs du DRECAM 1 à <strong>Saclay</strong> ont établi la loi <strong>de</strong> déformation d’un nanotube 2 <strong>de</strong> carbonesoumis à un champ électrique et ont mis à profit cette compréhension pour fabriquer, pour la premièrefois par autoassemblage, un nano-interrupteur.ActualitésLes « MEMs 3 » associent sur une même « puce » diverséléments mécaniques, optiques, électromagnétiques outhermiques et <strong>de</strong> l’électronique. Capteurs ou actionneurs,ils sont aujourd’hui utilisés dans l’automobile (airbag), lesune électro<strong>de</strong>. Le dispositif du <strong>CEA</strong> est la première réalisation<strong>de</strong> ce genre à bénéficier <strong>de</strong> techniques <strong>de</strong> contrôle dupositionnement <strong>de</strong>s nanotubes développées au LEM. Desurcroît, une fois en contact avec l’électro<strong>de</strong>, le nanotubey reste même sous une tension très réduite. Cettepropriété peut être mise à profit pour réaliser <strong>de</strong>s mémoirespar exemple.1périphériques informatiques (cartouches d’imprimantes àjet d’encre), le médical, le spatial et la défense. Ces technologiesaccompagnent la miniaturisation <strong>de</strong> la microélectronique.Pour une taille <strong>de</strong> composant inférieure aumillième <strong>de</strong> millimètre, on parle <strong>de</strong> « NEMs » 3 . En <strong>de</strong>ssousd’un certain seuil, il <strong>de</strong>vient nécessaire <strong>de</strong> changer radicalement<strong>de</strong> technologie.Une solution éléganteAlors qu’il est très difficile d’usiner <strong>de</strong>s matériaux massifs auxdimensions requises, l’assemblage <strong>de</strong> nanotubes 3 <strong>de</strong>carbone constitue une solution élégante.Un nanotube <strong>de</strong> carbone fixé aux <strong>de</strong>ux extrémités etsuspendu au-<strong>de</strong>ssus d’un support conducteur a étéétudié. Lorsqu’une tension électrique lui est appliquée, ilest soumis à une force électrostatique attractive et sedéforme. Les chercheurs du Laboratoire d’électroniquemoléculaire (LEM) ont établi théoriquement une loid’échelle reliant cette déformation aux paramètres géométriqueset électrostatiques et ont pu vérifier cette loi enmesurant directement la déformation <strong>de</strong>s nanotubes parmicroscopie à force atomique.Forts <strong>de</strong> cet acquis, les chercheurs du LEM ont fabriquéun nano-interrupteur. Lorsque le nanotube est soumis à unpotentiel électrique, il se déforme et entre en contact avecPartenariatsLes applications d’ores et déjà envisageables vont <strong>de</strong>scapteurs <strong>de</strong> force ultra-faibles jusqu’aux commutateurs <strong>de</strong>signaux <strong>de</strong> hautes fréquences pour les télécommunications.Pour aller plus loin, il faudra parvenir à intégrer sur unemême puce le nano-interrupteur et le système électronique.Ce problème se trouve au cœur du nouveau projeteuropéen NANO-RF, coordonné par l’Ecole polytechniquefédérale <strong>de</strong> Lausanne et qui implique différents laboratoiresdu <strong>CEA</strong> et du CNRS, ainsi que d’autres partenaireseuropéens.1 DRECAM : Département <strong>de</strong> recherche sur l’état con<strong>de</strong>nsé, les atomes et lesmolécules.2 Les nanotubes <strong>de</strong> carbone ont typiquement un diamètre <strong>de</strong> quelques milliardièmes<strong>de</strong> mètre (nanomètres) et une longueur <strong>de</strong> quelques millionièmes <strong>de</strong> mètre.3 MEMs ou NEMs : systèmes micro (ou nano) – électro - mécaniques.21 C’est au laboratoire d’électronique moléculaire que le nanointerrupteurà nanotube <strong>de</strong> carbone est conçu, réalisé et testé.2 Image en microscopie électronique à balayage d’un nanotube« multiparois » suspendu au-<strong>de</strong>ssus d’un substrat <strong>de</strong> siliciumdopé.13


ActualitésCONÇU PAR LE <strong>CEA</strong>UN RÉACTEUR DE 4 ÈME GÉNÉRATION EN 2020Dans son allocution aux forces vives <strong>de</strong> la Nation, le chef <strong>de</strong> l’Etat a annoncé le 5 janvier 2006 la réalisationd’un prototype <strong>de</strong> réacteur <strong>de</strong> 4 ème génération. La conception en est assurée par le <strong>CEA</strong>.Dans un contexte <strong>de</strong> croissance constante <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>énergétique et <strong>de</strong> réchauffement climatique, l’énergienucléaire, non émettrice <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre et nonsoumise aux contraintes d’approvisionnement du pétroleou du gaz, présente un certain nombre d’avantages. C’estpourquoi, <strong>de</strong>puis 2001, une dizaine <strong>de</strong> pays, au traversnotamment du Forum international Génération IV*,mettent en commun leurs efforts pour développer unenouvelle génération <strong>de</strong> systèmes nucléaires capables <strong>de</strong>répondre aux besoins énergétiques du futur.Sûreté et compétitivitéCes systèmes nucléaires doivent constituer "la quatrièmegénération" <strong>de</strong> réacteurs. Dans le cadre du ForumGénération IV, la communauté internationale spécialisée(dont <strong>de</strong>s chercheurs du <strong>CEA</strong>) travaille au développement<strong>de</strong> ces nouveaux systèmes nucléaires, caractérisés par unniveau <strong>de</strong> sûreté accru, une meilleure compétitivité économiqueet une aptitu<strong>de</strong> à recycler le combustible afin <strong>de</strong>valoriser les matières fissiles (uranium, plutonium) et <strong>de</strong>minimiser par transmutation la production <strong>de</strong> déchets à vielongue (actini<strong>de</strong>s mineurs).Trois conceptsEn 2002, le Forum international Génération IV a retenu sixconcepts <strong>de</strong> systèmes nucléaires. Sur ces six concepts, le<strong>CEA</strong> en a retenu trois sur lesquels il concentre ses efforts :- VHTR (Very High Temperature Reactor system), un réacteurà très haute température (1000°C-1200°C), refroidi àl’hélium, dédié à la production d’hydrogène ou à la cogénérationd’hydrogène et d’électricité,- GFR (Gas-cooled Fast Reactor system), un réacteur àneutrons rapi<strong>de</strong>s et à caloporteur hélium,- SFR (Sodium-cooled Fast Reactor system), un réacteurà neutrons rapi<strong>de</strong>s et à caloporteur sodium.La décision du chef <strong>de</strong> l’Etat <strong>de</strong> mettre en service pour2020 un réacteur <strong>de</strong> recherche pour la 4 ème génération <strong>de</strong>réacteurs nucléaires va ainsi permettre au <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> testerun <strong>de</strong> ces concepts. Avec ce calendrier, les premiers réacteurs<strong>de</strong> génération IV <strong>de</strong>vraient voir le jour à l’horizon 2040.Voir aussi : www.cea.fr* Le Forum international Génération IV, lancé en 2001 à l’initiative duDépartement américain <strong>de</strong> l’énergie, rassemble dix pays : Afrique du Sud,Argentine, Brésil, Canada, Corée du Sud, Etats-Unis, France, Japon,Royaume-Uni, Suisse, ainsi que l’Union européenne.11Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la décomposition <strong>de</strong> l'eau selon le procédéio<strong>de</strong>/soufre pour produire <strong>de</strong> l’hydrogène et alimenter<strong>de</strong>s piles à combustible. Ce procédé utiliserait la chaleurproduite par les réacteurs <strong>de</strong> 4 ème génération.14


BrèvesLA VÉGÉTATION EUROPÉENNE PERD SON CARBONEEN PÉRIODE DE CANICULEC’est en observant les effets <strong>de</strong> lacanicule <strong>de</strong> 2003 sur le cycle ducarbone dans l’environnement que<strong>de</strong>s chercheurs du LSCE* associés à<strong>de</strong>s chercheurs européens ontmontré que les conditions <strong>de</strong> sècheresseet <strong>de</strong> canicule extrêmes ontcausé une forte perte <strong>de</strong> CO 2par lesforêts européennes. Il était communémentadmis que la biosphère jouaitun rôle favorable pour la capture dugaz carbonique lorsque les pério<strong>de</strong>s<strong>de</strong> printemps et d’été étaient chau<strong>de</strong>set prolongées puisque l’on pensaitque ces conditions étaient alorspropices à un plus grand développement<strong>de</strong>s espèces végétales.Or, les chercheurs du LSCE et leurscollaborateurs ont utilisé les flux <strong>de</strong>carbone mesurés dans le cadre d’unprogramme européen pour montrerque la végétation pouvait <strong>de</strong>venirémettrice <strong>de</strong> carbone lors <strong>de</strong> caniculeset <strong>de</strong> sècheresses prolongées. Lasynthèse <strong>de</strong>s mesures effectuées àtravers l’Europe, couplée à <strong>de</strong>s simulations,a prouvé que cet effondrementsans précé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la productivitévégétale provoqué par la sécheresse<strong>de</strong> 2003 a conduit à une émission <strong>de</strong>500 millions <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> carbonedans l’atmosphère, annulant quatreannées <strong>de</strong> captation du carbone <strong>de</strong>l’air par la végétation. Reste à savoirsi nos forêts sauront s’adapter auxfutures conditions climatiques ou si, <strong>de</strong>puits <strong>de</strong> carbone elles se transformeronten source, à la moindre canicule,venant amplifier le phénomène d’effet<strong>de</strong> serre dans le futur.* LSCE : Laboratoire <strong>de</strong>s sciences du climat et<strong>de</strong> l’environnement du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.LE GAZ CARBONIQUE MENACE LES ÉCOSYSTÈMES MARINSLes océans capturent une partimportante du gaz carbonique émispar la nature et par les activitéshumaines. Environ un tiers du CO 2atmosphérique (soit 2 milliards <strong>de</strong>tonnes <strong>de</strong> carbone) est ainsi engloutichaque année dans ce gigantesqueréservoir. Une équipe du LSCE vient<strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce un effet àretar<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> ce phénomène, quimenace les écosystèmes marins.Le gaz carbonique dissous secombine avec l’eau <strong>de</strong> mer pourformer un aci<strong>de</strong>. Les chercheursprévoient que l’accumulation <strong>de</strong> CO 2dans les océans conduira d’ici la fin dusiècle à leur acidification progressive.Celle-ci affectera profondément labiodiversité marine, notamment dansles eaux froi<strong>de</strong>s. Parmi les premièresvictimes, on compte les récifs corallienset certaines espèces <strong>de</strong> plancton.L’acidité <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> mer est en effetdéfavorable à la synthèse chimiquedu carbonate <strong>de</strong> calcium, un élémentindispensable à la formation <strong>de</strong>ssquelettes <strong>de</strong> ces espèces. Desrépercussions sur l’ensemble <strong>de</strong> lachaîne alimentaire sont à prévoir.Même si l’ampleur <strong>de</strong> la menace n’estpas encore évaluée avec précision,ces premiers résultats scientifiquesconstituent un signal d’alarmesupplémentaire en faveur <strong>de</strong> la limitation<strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> CO 2.Deux conférences Cyclope portant sur cette thématique ont eu lieu les 28 novembre et 5 décembre 2005.15


DEUX CONFÉRENCES POUR EN SAVOIR PLUSASTROPHYSIQUE : 40 ans <strong>de</strong> découvertesCes <strong>de</strong>ux conférences présentent les gran<strong>de</strong>s étapes, les <strong>de</strong>rniers résultats et les perspectives qui s'ouvrent pourl’exploration spatiale au <strong>CEA</strong>, ainsi que la nouvelle révolution <strong>de</strong> la recherche astronomique qui vise aujourd’huià reconstituer les conditions <strong>de</strong> l’Univers en laboratoire et sur ordinateur.Mardi 21 mars« À la recherche <strong>de</strong> lalumière invisible »par Jean Marc Bonnet-Bidaud,astrophysicien au <strong>CEA</strong> <strong>Saclay</strong>À l’issue <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s espèces, l’homme reste unanimal aveugle à plus <strong>de</strong> 90%. Nos yeux ne sont adaptésqu’à la lumière solaire qui filtre à travers l’atmosphèreterrestre. Cette lumière que nous appelons« visible » n’est qu’une infime partie<strong>de</strong> toutes les lumières possibles.Pour accé<strong>de</strong>r aux lumières invisibles à nosyeux, rayons X, rayons gamma, lumièreinfrarouge, les astrophysiciens ont dû nonseulement inventer <strong>de</strong>s instruments totalementnouveaux mais aussi les propulserau-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l’atmosphère à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>ballons, <strong>de</strong> fusées, <strong>de</strong> satellites.Le premier rayon X d’origine cosmique aété enregistré par les équipes du <strong>CEA</strong> le 21 mai 1965.Depuis, quarante ans d’aventures spatiales et <strong>de</strong> découvertesont révélé une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> phénomènes inattendus :trous noirs, explosions d’étoiles, collisions <strong>de</strong> galaxies …Des premiers balbutiements jusqu’aux énormes observatoiresspatiaux exploités aujourd’hui par les astrophysiciensdu <strong>CEA</strong>, le déchiffrage <strong>de</strong> la face cachée du cosmosa totalement bouleversé notre vision <strong>de</strong> l’Univers.Mardi 28 mars« L’Univers enlaboratoire »par Edouard Audit,astrophysicien au <strong>CEA</strong> <strong>Saclay</strong>Malgré les avancées prodigieuses <strong>de</strong> la conquête spatiale,l'astrophysique reste une science observationnelle. Mis àpart le système solaire proche, le reste du cosmos nousest à jamais inaccessible et pourcomprendre et étudier les astres, nous<strong>de</strong>vons nous contenter <strong>de</strong> la lumièrequ'ils veulent bien nous envoyer.Pour cette raison et afin d'exploiter aumieux cette lumière captée au prix <strong>de</strong>grands efforts, la modélisation numériquejoue un rôle central en astrophysique. Lessupercalculateurs mo<strong>de</strong>rnes permettentainsi <strong>de</strong> « créer » <strong>de</strong>s soleils, <strong>de</strong>s étoiles,<strong>de</strong>s galaxies et même <strong>de</strong>s univers numériquesafin <strong>de</strong>s les étudier sous toutes leurs facettes et <strong>de</strong>mieux comprendre les astres réels.En plus <strong>de</strong>s supercalculateurs, une nouvelle voie s'ouvrepour l’astrophysique avec l’avènement <strong>de</strong>s grands lasers<strong>de</strong> puissance. Ceux-ci permettent en effet <strong>de</strong> recréer enlaboratoire les conditions extrêmes du cosmos. Le rêve <strong>de</strong>l’astrophysicien d’avoir une étoile en laboratoire n’estpeut-être plus si loin...Renseignements pratiques :Accès : ouvert à tous, entrée gratuiteLieu : Institut national <strong>de</strong>s sciences et techniques nucléaires, <strong>Saclay</strong> (voir plan)Horaire : 20 heuresOrganisation/renseignements :Centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>,Unité communication et affaires publiquesTél : 01 69 08 52 10Adresse postale : 91191 Gif-sur-Yvette Ce<strong>de</strong>xLes Jeudis du <strong>CEA</strong>23 février : «Le calcul intensif et ses enjeux», avec P. Leca (<strong>CEA</strong> DAM IdF) et J-F Hammelin (EDF R&D).30 mars : «Le robot et le chirurgien», avec R. Gélin (<strong>CEA</strong> Fontenay-aux-Roses), G. Morel (Laboratoire <strong>de</strong>robotique <strong>de</strong> Paris) et le Dr N. Bonnet (Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière).27 avril : «Les résultats obtenus par le <strong>CEA</strong> en matière <strong>de</strong> recherche sur lagestion <strong>de</strong>s déchets nucléaires», avec M. Tallec (<strong>CEA</strong> <strong>Saclay</strong>).Renseignements : Lieu : café <strong>de</strong> la FNAC Vélizy, centre commercial Vélizy 2, Horaire : 19h30, Entrée libre

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