S O M M A I R E<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> n o <strong>33</strong> mar.-avr. 2006Premières lignes<strong>Le</strong> mot d’Hélène Simard, directriceMétro-boulot-dodoLE MONDE DU LIVREBabel et bébelles numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8Écrire la violence et la torture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9DES CHIFFRES ET DES LETTRES . . . . . . . . . . . . . . . .10À L’AGENDA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12PORTRAIT D’ÉDITEURÉditions du remue-ménage : Trente ans à balayer... . . .13LIBRAIRE D’UN JOURGilles Gougeon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15LITTÉRATURE QUÉBÉCOISENouveautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17Denis Robitaille : Au large des archives . . . . . . . . . . . . 18Poésie : <strong>Le</strong>s souterrains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19Roxanne Bouchard : Retrouver le sentier perdu . . . . . 20Louis Hamelin: Chronique des gens ordinaires . . . . . . 21Est-ce ainsi que les hommes vivent ? . . . . . . . . . . . . . . . 23LITTÉRATURE ÉTRANGÈRENouveautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26Alain-Fournier : Livre-homme, homme-livre . . . . . . . . . 27L’art du faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28DES MYTHES ET DES HOMMESDe la caverne à la tribu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30Du mythe et des réalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32Des jeunes et des archétypes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34ESSAI | BIOGRAPHIE | DOCUMENTNouveautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35<strong>Le</strong> retour de la Russie impériale . . . . . . . . . . . . . . . . . 37SCIENCE-FICTION | FANTASTIQUE | FANTASYNouveautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38POLAR | THRILLER | NOIRNouveautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39SCIENCE | ZOOLOGIENouveautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40LIVRE PRATIQUE | BEAU LIVRENouveautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40PSYCHOLOGIE | SANTÉNouveautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41Horloge biologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42MUSIQUELuc Plamondon : <strong>Le</strong>s rêveries d’un promeneur... . . . . . 43LITTÉRATURE JEUNESSENouveautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46BANDE DESSINÉENouveautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49Pâté chinois de parutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50DANS LA POCHE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51Il y a quelques semaines, sur les ondes de Télé-Québec, l’équipe derrière le détonnantmagazine Méchant contraste ! 1 consacrait toute sa demi-heure à la gestion. Curieux sujet, trouvez-vous? Que nenni ! En ce début de XXI e siècle, on gère son temps, son poids, son stress,ses émotions, son divorce. On planifie ses funérailles comme ses noces, on case ses vacancesentre deux deadlines serrés. <strong>Le</strong> monde carbure à la performance, à la productivité. No moneyno funny. La société des loisirs est une utopie : les poules auront des dents avant que lasemaine de quatre jours ne soit la norme. Certes, quelques intrépides n’ont pas débattu envain leur cause auprès de leur supérieur, mais combien de compromis ont-ils dû accepterpour obtenir leur long week-end ?Inconnues il y a un siècle et des poussières, les sciences de la gestion et de l’économie onttransformé notre vision du travail et, par ricochet, de l’existence. À travers le prisme du rendementet du profit, le regard porté sur soi, autrui et la société est déformé. Nos aïeux prenaientle temps de vivre, de se raconter des histoires au coin du feu. Aujourd’hui, on brassedu fric et on gère des « ressources humaines » . Tout est affaire de contrôle. Pas questiond’être dans la lune ou de prendre un risque non planifié (quel révélateur pléonasme quevoilà). Oubliez le cadre cravaté calé derrière son bureau ; les gestionnaires sont désormaispartout — dans une certaine mesure, vous en êtes un. La gestion est entrée dans les chaumières,s’est incrustée dans le vocabulaire : « capital affectif », « planifier sa retraite »,« s’investir dans une relation », « gérer un conflit ». Une telle révolution dans nos mœursincite à l’introspection.Idem pour la saison froide. Passée l’effervescence des fêtes, l’heure est au cocooning en solitaire,en couple ou en famille. <strong>Le</strong> début d’une nouvelle année coïncide souvent avec l’enviede prendre du temps pour soi, de faire attention à son corps et à son esprit. Pour certains,cette démarche se traduit par un programme de remise en forme, pour d’autres, par la pratiqued’une activité artistique. Dans tous les cas, le but poursuivi est identique : améliorer sasanté, physique et psychologique. En évacuant un trop-plein de stress et en dégourdissantune musculature endolorie, l’être humain cherche à obtenir une meilleure qualité de vie.« Bien dans son livre », la nouvelle chronique que vous découvrirez en ces pages, est née decette volonté. Dans chaque numéro, sur une ou deux pages, un vaste éventail de sujets reliésà l’équilibre du corps et de l’esprit seront traités. Comme coup d’envoi, nous vous proposonsun survol des meilleurs guides dédiés à la grossesse et à la maternité. En cette ère carburantà la réussite professionnelle, les parents sont des gestionnaires de haut niveau. On devraitd’ailleurs prendre pour modèle toutes les mères au foyer. Ces femmes qui abandonnentl’attaché-case au profit des langes sales sont de véritables héroïnes ; courageuses mais n’ayantjamais une minute de repos, elles ont trouvé une forme de bien-être.<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> a également profité de l’hiver pour réfléchir aux notions de mythe et demythologie, à leur ancrage dans la société ancienne et contemporaine, plus spécifiquementdans la littérature. La mythologie ne se résume pas qu’aux dieux foulant l’Olympe. Elle estaussi une science étudiant les origines, le développement et la signification, par exemple, dumythe de Faust, de l’Atlantide, de l’Âge d’Or ou du héros. De même, l’adjectif « mythique »ne relève pas que de l’imaginaire. <strong>Le</strong> mythe, quant à lui, est bien davantage qu’un « écritfabuleux, transmis par la tradition, qui met en scène des êtres incarnant sous une forme symboliquedes forces de la nature, des aspects de la condition humaine » (<strong>Le</strong> Petit Robert de lalangue française 2006). <strong>Le</strong> mythe n’est pas une langue morte ; il est vivant et a de multiplesvisages, que nous vous invitons à découvrir avec nous.Enfin, le <strong>libraire</strong> a envie de vous lire. À compter d’avril, un Courrier des lecteurs vous seraconsacré. Nous attendons impatiemment de vos nouvelles. D’ici là, bonne lecture !1 Seule émission produite à Québec, Méchant contraste ! est diffusée les lundis à 19 h. Fruit d’une collaborationentre plusieurs réalisateurs disséminés à travers le Québec, cette émission d’actualité novatrice, que l’on peut voiren rediffusion (consultez l’horaire dans www.telequebec.tv ), est animée par l’énergique Mathieu Dugal.Hélène Simard a, pendant plusieurs années, travaillé sur le plancher des… librairies.Toute jeune, elle voulait devenir vétérinaire. Nostalgique des années 70 et 80 (de Abba,Kiss et Eurythmics, mais pas des shorts Adidas), elle aime les biscuits, les sapins de Noëlet ses deux chats.M A R S - A V R I L 2 0 0 62
<strong>Le</strong> monde du livreL’éditorial deStanley PéanBabel et bébellesnumériques<strong>Le</strong> jeudi 27 janvier dernier, Lise Bissonnette, grande patronne de la non moins Grande Bibliothèque duQuébec, avait convié une bonne soixantaine d’intervenants des sphères de l’édition, de l’éducation, de l’histoire,de l’archivistique et d’autres sciences humaines, dont la sécurité publique, à une intense journée deréflexion sur les enjeux de la numérisation de l’information et des grandes œuvres du patrimoine d’ici etd’ailleurs. La journée était animée par le professeur Jacques Grimard de l’École de bibliothéconomie et dessciences de l’information de l’Université de Montréal.Ainsi, ce vieux fantasme des fanatiques de science-fiction n’est plus très loin de se concrétiser : d’ici quelquesdécennies, voire quelques années, nous pourrions avoir accès par l’intermédiaire de nos ordinateurs personnelsà plusieurs millions de livres anciens en mode traitement de texte, avec possibilité de recherche par mot,d’analyse lexicale, d’indexation en ligne, etc. <strong>Le</strong> rêve! De quoi prouver aux détracteurs de l’Internet que lesexploits réalisés dans le champ des nouvelles technologies de la communication peuvent servir à d’autresfins qu’au clavardage des ados ou à la diffusion d’images et de vidéos pornographiques.Ainsi, après l’état des lieux sur les fonds numérisés au Québec présenté par M me Bissonnette elle-même, lesconférenciers invités ont abordé tour à tour des questions aussi fondamentales que les normes et standardsde numérisation, les notions de droit d’auteur et de propriété intellectuelle, les conditions d’accès, les difficultésde conservation et la sécurité dans le domaine, ainsi que la nécessaire coordination des programmesde numérisation et des infrastructures d’échange.Cela dit, contrairement à une idée reçue et fort répandue, la numérisation des documents d’archives oud’œuvres artistiques n’implique pas forcément leur diffusion sur ces supports, ainsi que beaucoup de participantsau colloque de janvier dernier n’ont cessé de le répéter. On n’insistera d’ailleurs jamais assez surl’étendue des possibilités quant à l’utilisation de la technologie numérique pour des fins d’archivage et deconservation de l’information historique et culturelle.Néanmoins, en ce qui concerne la littérature et la diffusion de celle-ci, il est normal pour nous qui œuvronsdans ce domaine de nous interroger sur les développements de ce qui pourrait éventuellement changer du toutau tout notre rapport aux œuvres de l’esprit. À ce chapitre, l’exposé « Numérisation et droits d’auteur » deGhislain Roussel, secrétaire général et directeur des affaires juridiques pour la Bibliothèque nationale, avaitl’immense mérite de cerner avec concision et pertinence les enjeux de la numérisation du patrimoine littéraireet des œuvres contemporaines, tant pour les écrivains que pour les lecteurs.Ces enjeux sont multiples, il va sans dire, puisque s’affrontent plusieurs secteurs du droit aux vocations divergentes,ce qui donne parfois au débat des allures de tour de Babel : notamment, le droit d’auteur, le droitd’accès à l’information, le droit de communication publique par télédiffusion, et j’en passe. Et malgré toutesles garanties qu’offrent de bonne foi des administrateurs consciencieux tels ceux de la Bibliothèque nationale,M. Roussel reconnaissait l’existence chez les créateurs et autres ayants droit des œuvres à numériser d’unepeur non fondée, mais persistante quant à la portée de la licence accordée et l’exploitation de l’objetnumérisé.Certes, ce n’est pas demain la veille du jour où œuvres romanesques ou poétiques circuleront principalement,voire exclusivement en format numérique, téléchargeable sur un ordinateur de table ou de poche, etoù l’écran à cristal liquide aura définitivement remplacé la page imprimée. Ne nous leurrons pas par romantisme: il se peut très bien que cela se produise, et voilà pourquoi il importe de nous préoccuper d’ores etdéjà des répercussions de cette révolution technologique.Raison de plus pour s’intéresser à ces questions… en allant, par exemple, quérir chez son <strong>libraire</strong> les livresimprimés, reliés et sentant bon l’encre qui nous renseigneront sur le sujet !Rédacteur en chef du journal le <strong>libraire</strong>, président de l’Union des écrivaines et écrivains québécois,animateur à la radio de Radio-Canada, Stanley Péan a également publié de nombreux romans etrecueils de nouvelles. Lorsqu’il n’écrit pas, Stanley Péan, mélomane depuis toujours, casse lesoreilles de ses proches en faisant ses gammes à la trompette.M A R S - A V R I L 2 0 0 63