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Claude Semal se raconte… - SABAM.be

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A l’occasion de la repri<strong>se</strong> à l’Espace Magh d’Enfant de solo, unspectacle bien plus intériorisé qu’à l’accoutumé, il était debon ton d’effectuer un bilan sur le parcours de ce trublionengagé qu’est <strong>Claude</strong> <strong>Semal</strong>. Nous l’avons rencontré.Vous êtes un artiste-auteur pour le moinspluridisciplinaire et prolifique. Pouvez-vousnous retracer votre parcours artistique ?<strong>Claude</strong> <strong>Semal</strong> : C’est une “carrière” qui n’en est pas une. Jesuis sorti à 17 ans de rhéto en “latin / sciences”, j’ai travailléun an comme apprenti maroquinier, et à dix-huit ans, je gagnaisdéjà ma vie comme chanteur (au “Grenier aux chan -sons”) et comme comédien (au “Théâtre des Jeunes de laVille de Bruxelles”). Pour cor<strong>se</strong>r le tout, j’ai tout arrêté à 20ans pour devenir pendant six ans “militant professionnel” àl’hebdomadaire POUR. Je ne suis revenu à la scène qu’autournant des années ’80 avec un premier 33 tours autopro -duit (Les Convoyeurs Attendent en 1982). Mais les cho<strong>se</strong>sont vraiment redémarré en 1986 avec Odes à ma douche,un spectacle de chansons mis en scène par Charlie Degotte,qui a été joué plus de 300 fois dans le monde. Depuis lors,j’ai sorti une vingtaine de spectacles et une dizaine de disque<strong>se</strong>t donc continué à mener de front toutes ces activités :chanson, cabaret, écriture, théâtre, cinéma et journalisme. Jesuis aussi retourné à l’école “sur le tard” (entre ’87 et ’89)pour une formation d’acteur à “La Kleine Akademie” deLuc De Smet, une école bilingue inspirée par la pédagogiedu mouvement et du masque de Jacques Lecocq. Para -doxalement, c’est ce parcours atypique qui fait que je suistoujours là aujourd’hui. C’est en prenant des routes de traver<strong>se</strong>que j’ai continué à avancer…Vous travaillez plus généralement en solo.Est-ce une volonté, histoire d’avoir une li<strong>be</strong>rtétotale sur l’écriture ?Au bout du compte, j’ai aussi <strong>be</strong>aucoup travaillé en duo :avec Georges Van den Broeck, Jacques-Ivan Duchesne, EricDrabs, Ivan Fox ou Eric Bribosia. Rien à voir avec la li<strong>be</strong>rté.C’est plutôt une contrainte de production. Contrairement àune sotte réputation qui m’a parfois été faite, je n’ai jamaisété un “artiste subsidié”. Ni moi, ni ma compagnie, n’avonsjamais touché un euro de frais de fonctionnement. J’aitoujours navigué dans une certaine clandestinité médiatique,et toujours joué dans des salles petites ou moyennes. Dansces cas-là, avec le technicien qui nous accompagne, c’estdéjà difficile de payer trois salaires avec la vente d’un spec -tacle. Même quand je suis chaleureu<strong>se</strong>ment accueilli par uneinstitution culturelle, comme le Théâtre Le Public et les Mar -tyrs, ou par un plus petit théâtre, comme La Samaritaine,l’Espace Magh ou les Riches Claires, je travaille avec desdemi budgets ou “à la recette”. Il faut le savoir. Et il faut “faireavec” : c’est le lot commun de la culture en Belgique francophonequand on n’est pas soi-même directeur de théâtre.Pourquoi "Enfant de solo" maintenant? Etait-il tempsde faire le bilan de votre carrière artistique?J’ai toujours aimé les récits autobiographiques, particulièrementle “tome 1”, celui de l’enfance et de l’adolescence. Toutest dans la graine, et en même temps, tout est ouvert, toutreste possible. Aujourd’hui, j’ai 57 ans. C’est vieux pour unchanteur. Mais à cet âge-là, certains écrivains ont encoreleur œuvre devant eux. Qui sait vraiment où j’en suis dansma propre vie ? Avec 40 ans de bouteille comme “citoyenactif”, je pen<strong>se</strong> toutefois avoir croisé quelques combats demon temps, et, en racontant mon parcours et l’histoire de maCLAUDE SEMALSE RACONTEfamille, je pen<strong>se</strong> avoir évoqué notre histoire commune. Maisje ne me <strong>se</strong>ns pas vraiment à l’heure du bilan. Alors que laBelgique, par contre, est peut-être en train de dépo<strong>se</strong>r lesien. Moi, je suis le papa d’un gamin de trois ans : je visplutôt dans le pré<strong>se</strong>nt et dans l’avenir.Qu'est ce que vous nous préparez comme nouvellecréation pour janvier 2012? Après Enfant de solo,on ne sait plus trop à quoi s'attendre?Dans l’immédiat, un nouveau CD chez “Franc’amour” et unspectacle “solo” aux “Riches Claires” en janvier 2012, dansune mi<strong>se</strong> en scène de Laurence Warin : Ceci n’est pas unchanteur <strong>be</strong>lge.Je suis également en train d’écrire un spectacle théâtral etmusical à douze personnages sur les relations entre laFrance et la Belgique : France Belgique Camping. Et j’aiaussi un projet de spectacle solo (en flamand !) qui metient fort à cœur : Waarom praat-ik het Vlaams als eenSpaan<strong>se</strong> Koe ? (Pourquoi je parle Flamand comme unevache espagnole ?). Pourtant, aussi absurde que cela puis<strong>se</strong>paraître, cela fait trois ans que je ne trouve pas de co-producteurspour ces spectacles, ni en Flandres, ni à Bruxelles,ni en Wallonie. La Belgique est en train de <strong>se</strong> déchirer —peut-être de disparaître ? Je suis sans doute l’artiste <strong>be</strong>lgequi a le plus mis cette question au centre de son travail. Maistout le monde préfère regarder ailleurs. Allo, Freud ?En attendant, à ma modeste échelle et comme “citoyen”, j’aiaussi lancé Tartine et Boterham, une initiative pour promouvoirle bilinguisme à travers des tables de conversation<strong>se</strong>ntre francophones et néerlandophones. Pour vivre en<strong>se</strong>mble,ou, à défaut, l’un à côté de l’autre, cela me <strong>se</strong>mble pluspositif et plus concret que de faire la grève du <strong>se</strong>xe ou <strong>se</strong>lais<strong>se</strong>r pous<strong>se</strong>r les poils sous les bras !(François Stas<strong>se</strong>ns)Plus d’infos : www.myspace.com/claude<strong>se</strong>mal7<strong>SABAM</strong> MAGAZINE 65 > 2011

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