Manpower Planning - Sesa - UCL

22
II. Le personnel infirmier et soignant
Belgique, deux conditions limitent l’accès à la formation infirmière : la réussite d’un
concours de connaissances générales (dont le taux de réussite dépend d’un numerus
clausus), et le paiement d’un minerval. Toutefois, les étudiantes ayant réussi ce concours et
ayant accès à la formation infirmière ont alors un taux de réussite nettement plus élevé que
celui observé en Belgique où il varie, selon les années et les niveaux d’études, entre 40 et 50
%. On se trouve en fait face à deux modes de régulation différents de l’accès aux études et
au marché de l’emploi.
L’absence de concours d’entrée aux formations en soins infirmiers en Belgique est un
élément explicatif important de l’attraction exercée sur les étudiants français potentiels. Le
concours est en effet un sujet de discussion et d’angoisse intarissable pour les candidats 7 ,
mais aussi de frustration en raison de la difficulté inhérente à un concours très général et des
nombreux échecs subséquents.
Face à la perspective du concours ou à l’échec qui en a résulté, de nombreux candidats à la
profession infirmière préfèrent envisager une formation à l’étranger.
Bien que sur le marché de l’emploi infirmier belge les deux titres (graduat et brevet) ne
soient pas équivalents, au niveau européen ils donnent accès au titre d’infirmière
responsable en soins généraux (IRSG). Pratiquement, cela signifie que le brevet et le
graduat acquis en Belgique sont, en France, équivalents. En effet, dans la communauté
européenne, il existe une législation communautaire visant à la reconnaissance mutuelle des
diplômes, certificats et autres titres d’infirmières responsables en soins généraux 8 . Cette
directive établit les critères minimaux de formation de l’infirmière. A reconnaissance
identique du diplôme dans l’hypothèse d’un retour sur le marché du travail français, les
candidats témoignent d’un intérêt plus marqué pour le brevet infirmier, en raison des
exigences moindres, surtout au niveau théorique 9 .
Si l’on admet que les EENR n’exerceront pas en Belgique, les conséquences sont très
importantes quant à l’attractivité réelle de la profession et aux perspectives pour l’avenir.
Suite aux enquêtes effectuées en 1996 et 2000 par le SESA, le taux d’attraction réel auprès
des jeunes de 18 ans résidant en Belgique serait inférieur de 0.12 à 0,45 point de
pourcentage pour le graduat et de 0,84 à 1,78 point de pourcentage pour le brevet, les
ramenant en réalité à 5 et 2,1%.
La figure 2.1.1.3.2.3. présente cette évolution de 1990 à 2000. On comparera utilement les
taux des années 1993-94 à 1999-2000 à ceux de la figure 2.1.1.2.1 et du tableau annexe
2.1.1.2.1.
7 Comme on peut s’en convaincre en lisant les sujets postés dans les forums infirmiers sur Internet.
Voir par exemple http://www.infirmiers.com
8 Conformément à la Directive 77/452/CEE du 27 juin 1977, qui établit les critères minimaux de
formation de l’infirmier qualifié (par ex. au moins 3 ans d’études ou 4 600 heures d’enseignement
théorique et pratique, une expérience clinique adéquate…)
9 C’est du moins l’hypothèse que nous proposons pour rendre compte de cette réalité. Toutefois, il
serait intéressant de s’interroger sur la motivation des candidats étrangers optant pour le graduat. Il
est en effet très probable que ce choix obéit également à une rationalité, mais d’un autre ordre,
moins instrumentale sans doute. Cette filière offre par exemple une gratification symbolique en
raison d’un prestige supérieur. Il se peut aussi, mais cela paraît peu vraisemblable que certains se
dirigent vers le graduat, à défaut d’être informés de l’existence du brevet… Dans tous les cas,
l’hypothèse explicative proposée se révèle incomplète pour comprendre de manière exhaustive la
logique d’orientation vers l’une ou l’autre filière des étudiants étrangers.