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Mobilité sociale et dimension de la famille » : une question ... - Melissa

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chance d’hériter <strong>de</strong> l’outil <strong>de</strong> travail familial si on est enfant ou fils unique que si onappartient à <strong>une</strong> <strong>famille</strong> très nombreuse 12 . La popu<strong>la</strong>tion concernée par c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> aujourd’hui,dans <strong>une</strong> popu<strong>la</strong>tion active massivement sa<strong>la</strong>riée, s’est considérablement réduite. De même,les coûts <strong>de</strong> l’éducation qu’on pouvait évoquer à <strong>une</strong> époque où l’enseignement secondaire,même public, était payant pouvaient être bien plus inégalement ressentis en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong>taille <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s aujourd’hui qu’autrefois. Au contraire, le fait que l’acquisition <strong>de</strong>s positions<strong>sociale</strong>s repose, <strong>de</strong> manière plus importante, sur l’instruction, <strong>et</strong> donc éventuellement sur le« capital » culturel <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s, perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> supposer qu’il s’agit là d’<strong>une</strong> forme <strong>de</strong> ressourcequi a l’avantage <strong>de</strong> se transm<strong>et</strong>tre sans <strong>de</strong>voir se diviser en fonction du nombre <strong>de</strong>s enfantsqui en « héritent ». Ainsi, il y aurait bien <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> penser que, si importantes que restentpar ailleurs les inégalités <strong>de</strong> <strong>de</strong>stinées <strong>sociale</strong>s révélées par les enquêtes sur <strong>la</strong> mobilité<strong>sociale</strong>, ces inégalités aient pratiquement cessé d’être affectées par <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s fratries. Or, lestravaux récents <strong>la</strong>issent plutôt supposer que ces inégalités persistent <strong>et</strong> se diffusent à <strong>de</strong>sgroupes sociaux pour lesquelles elles ne s’appliquaient jusqu’alors guère.5. Pistes <strong>de</strong> recherche : liens avec <strong>de</strong>s <strong>question</strong>s <strong>et</strong> disciplines connexesSi <strong>la</strong> variable « nombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> sœurs » semble jusqu’à présent avoir été peu priseen compte par <strong>la</strong> sociologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong>, d’autres champs disciplinaires en ont eu unusage plus poussé, ce qui conduit à re<strong>la</strong>tiviser le constat proposé dans ce document. Une étapeultérieure <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>vrait préciser davantage le lien, seulement esquissé ci-<strong>de</strong>ssous,avec <strong>de</strong>s thématiques connexes souvent ouvertes par d’autres disciplines, économie,démographie ou encore psychologie.Les théories économiques du capital humain <strong>et</strong> l’interaction entre fécondité, réussitesco<strong>la</strong>ire <strong>et</strong> professionnelle : plutôt Malthus que Dumont ? Ces travaux partent d’<strong>une</strong>représentation a priori <strong>de</strong>s liens entre taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>famille</strong> <strong>et</strong> réussite <strong>de</strong>s enfants inspirée d’unmodèle fondateur, celui <strong>de</strong> l’arbitrage entre « quantité <strong>et</strong> qualité » <strong>de</strong>s enfants, développé auxÉtats-Unis par <strong>de</strong>s économistes <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Chicago (Becker, 1960 ; Becker <strong>et</strong> Lewis,1973 ; Becker <strong>et</strong> Tomes, 1976). Le nombre d’enfants y est considéré comme <strong>une</strong> variable <strong>de</strong>choix reposant sur <strong>de</strong>s préférences <strong>de</strong>s parents, prenant en compte les <strong>de</strong>stins professionnelsanticipés pour les enfants.Sans nier les contraintes nées du partage <strong>de</strong>s ressources, c<strong>et</strong>te théorie tend à nuancerfortement le rôle causal du nombre <strong>de</strong> frères <strong>et</strong> sœurs sur <strong>la</strong> <strong>de</strong>stinée <strong>sociale</strong>. C<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnièrevariable, issue d’un choix, est en eff<strong>et</strong> elle-même déjà un révé<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> <strong>la</strong> situationéconomique <strong>de</strong>s parents, <strong>de</strong> leurs aspirations ou encore <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong>s enfants euxmêmes.Dans <strong>une</strong> application <strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie beckérienne aux données françaises <strong>de</strong> l’enquêteFormation <strong>et</strong> Qualification Professionnelle, Riboud (1988), sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> ses résultats,suggère ainsi que « l’anticipation <strong>et</strong> l’observation <strong>de</strong> qualités ou <strong>de</strong> traits qui ren<strong>de</strong>nt plusaisés les investissements en capital humain incitent les <strong>famille</strong>s à avoir moins d’enfants ».Schématiquement, un enfant ayant <strong>de</strong>s facilités à apprendre incitera ses parents, tout à <strong>la</strong> fois,à lui faire suivre <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s plus longues <strong>et</strong> à avoir moins d’enfants.Ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie dans les analyses <strong>de</strong> mobilitéintergénérationnelle fait en partie écho aux idées d’Arsène Dumont. Elles s’en distinguenttoutefois par le poids attribué aux déterminants économiques <strong>et</strong> le calcul rationnel dans lesdécisions <strong>de</strong> fécondité : Becker (1960) lui-même se situe dans <strong>la</strong> lignée <strong>de</strong> Malthus. Or, c’est12 . Ce constat a été confirmé sur les données <strong>de</strong>s enquêtes Patrimoine 2003-2004 par Gol<strong>la</strong>c (2009).11

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