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Mobilité sociale et dimension de la famille » : une question ... - Melissa

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Français <strong>de</strong>vaient à leur histoire <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> politique, au nombre <strong>de</strong>squels il comptait <strong>la</strong>« capil<strong>la</strong>rité <strong>sociale</strong> », c’est-à-dire <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> se hisser au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s autres (Béjin, 1989 <strong>et</strong>2006, Merllié, 1994, p. 24-25) : pour assurer sa propre réussite, il ne faut pas s’encombrerd’enfants, comme, pour mieux assurer <strong>la</strong> réussite <strong>sociale</strong> <strong>de</strong> ceux-ci, il faut en limiter lenombre. C<strong>et</strong>te opinion n’était pas isolée dans <strong>la</strong> France <strong>de</strong> l’époque : Tar<strong>de</strong>, notamment,emboîte le pas à Dumont (Merllié, 1994, p. 25), <strong>et</strong> on trouve par exemple <strong>de</strong>s observationsvoisines dans le c<strong>la</strong>ssique La barrière <strong>et</strong> le niveau d’Edmond Goblot (paru en 1925 maiscorrespondant à <strong>une</strong> expérience antérieure) : « La dépopu<strong>la</strong>tion est <strong>la</strong> rançon terrible <strong>de</strong> nosmœurs égalitaires. La limitation du nombre <strong>de</strong>s enfants sévit au voisinage <strong>de</strong> <strong>la</strong> frontière <strong>de</strong>sc<strong>la</strong>sses <strong>et</strong> <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre, au-<strong>de</strong>ssus parce qu’on redoute <strong>la</strong> déchéance, au-<strong>de</strong>ssous parcequ’on aspire à l’ascension » (Goblot, 1925/1967, p. 24).Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> son écho contemporain, ce thème d’un lien entre mobilité <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> faiblefécondité a valu à Arsène Dumont <strong>une</strong> postérité intellectuelle qui apparaît durable. Avant d’ensuivre le fil, il importe <strong>de</strong> distinguer les <strong>de</strong>ux <strong>question</strong>s, liées pour lui mais qui ne débouchentpas sur les mêmes analyses, qu’il invitait à poser. Même si le mécanisme psychosociologiquepeut être le même qui pousserait à réduire <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> sa <strong>famille</strong> pour assurer sa propre réussiteou celle <strong>de</strong> ses enfants (l’ambition étant ou non reportée sur d’autres que soi-même), ces <strong>de</strong>uxmises en re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> fécondité avec <strong>la</strong> mobilité ne posent en eff<strong>et</strong> pas les mêmes <strong>question</strong>s<strong>et</strong> n’appellent pas le même traitement.La première, que Dumont explicite davantage, fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> individuelle(comme aspiration au moins) un facteur négatif <strong>de</strong> fécondité (<strong>et</strong> <strong>la</strong> manière <strong>la</strong> plus radicale <strong>de</strong>ne pas s’encombrer d’enfants est <strong>de</strong> ne pas en avoir du tout, ce qui interdit alors d’aménagerleur avenir <strong>et</strong> <strong>de</strong> reporter ses ambitions sur eux), tandis que <strong>la</strong> secon<strong>de</strong>, par le déca<strong>la</strong>gegénérationnel qu’elle implique, fait, dans l’autre sens, <strong>de</strong> <strong>la</strong> faible fécondité <strong>de</strong> leur <strong>famille</strong>d’origine un facteur ou <strong>une</strong> condition <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> <strong>de</strong>s enfants. La premièrehypothèse pose un eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> sur <strong>la</strong> <strong>dimension</strong> <strong>de</strong>s <strong>famille</strong>s <strong>et</strong> doit conduire àvérifier si les individus qui vivent <strong>une</strong> situation <strong>de</strong> mobilité <strong>sociale</strong> ascendante (intra- ouintergénérationnelle) ont moins d’enfants que les autres. C<strong>et</strong>te « social mobility-fertilityhypothesis », d’<strong>une</strong> influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité sur <strong>la</strong> fécondité, a été étayée par exemple sur lesdonnées (Berent, 1952) <strong>de</strong> <strong>la</strong> première gran<strong>de</strong> enquête britannique <strong>de</strong> mobilité <strong>sociale</strong> (celle<strong>de</strong> 1949, exploitée par G<strong>la</strong>ss <strong>et</strong> ses col<strong>la</strong>borateurs, 1954). Elle a donné lieu à <strong>de</strong>s débatss’appuyant sur <strong>de</strong>s résultats statistiques divergents (cf. par exemple <strong>la</strong> critique par B. G.Zimmer du rej<strong>et</strong> par C. F. Westoff dans les années 1960 <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qu’il avait établie dansles années 1950 : Zimmer, 1981 <strong>et</strong> Westoff, 1981). Pour B<strong>la</strong>u <strong>et</strong> Duncan, qui examinent c<strong>et</strong>te<strong>question</strong> dans le chapitre 11 (« Differential fertility and occupational mobility ») <strong>de</strong> leur livresur <strong>la</strong> mobilité <strong>sociale</strong> aux Etats-Unis, c<strong>et</strong>te hypothèse a perdu <strong>de</strong> son actualité avecl’achèvement <strong>de</strong> <strong>la</strong> transition démographique, <strong>et</strong> il est logique que l’intérêt <strong>de</strong>s démographespour les étu<strong>de</strong>s sur <strong>la</strong> fécondité différentielle ait presque disparu (B<strong>la</strong>u <strong>et</strong> Duncan, 1967, p.390).La <strong>de</strong>uxième hypothèse, qu’on pourrait donc appeler « fertility-social mobilityhypothesis », d’<strong>une</strong> re<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>famille</strong> dans <strong>la</strong>quelle ont été élevés lesindividus <strong>et</strong> leur mobilité <strong>sociale</strong> ultérieure, conduit à vérifier si <strong>et</strong> comment, à origine <strong>sociale</strong>donnée, <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie est liée à <strong>la</strong> <strong>de</strong>stinée <strong>sociale</strong>. Dans le livre <strong>de</strong> B<strong>la</strong>u <strong>et</strong> Duncan, elledonne lieu à un chapitre distinct (1967, ch. 9 : « Kinship and careers »). C’est aux analyses<strong>de</strong>s données liées à c<strong>et</strong>te secon<strong>de</strong> hypothèse qu’est consacré le présent travail.3

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