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COMBIEN TU M'AIMES? - OFCE - Sciences Po

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UNE ANALYSE ÉCONOMIQUE DE LA POLITIQUE CINÉMATOGRAPHIQUE FRANÇAISEdiminue, et le salaire augmente; et un secteur « artistique », où laproductivité stagne. D’un côté, les salaires des comédiens de théâtre,qui n’ont pas connu de croissance de la productivité depuis l’Antiquité,ne peuvent pas progresser. À l’inverse, dans le secteur progressif, lessalaires ne cessent de progresser en moyenne, suivant plus ou moinsbien le sentier de croissance de productivité du secteur. Du fait de cetteasymétrie, le décalage des rémunérations entre les deux secteurs devraitêtre abyssal, menant à terme à la disparition du secteur artistique (viala migration des travailleurs du secteur artistique vers le secteurprogressif). L’intervention publique peut alors assurer le maintien del’activité artistique à travers une politique de subvention du secteur.Certes, les comédiens n’ont pas pu améliorer suffisamment leurtechnique pour jouer deux rôles simultanément. De même, l’éclairaged’une scène ou la prise de son d’un film nécessite toujours le mêmenombre de personnes qu’au début du siècle. <strong>Po</strong>urtant, la filière ducinéma n’est pas intégralement concernée par cette maladie des coûts.En fait, mis à part le tournage du film, la productivité du secteur suitles mêmes évolutions que l’ensemble de l’économie. Sur les tournages,à cet écart croissant de productivité relative s’ajoute une irrégularitéchronique à laquelle les partenaires sociaux ont répondu par la mise enplace d’un statut particulier. Le statut de l’intermittence, contenu dansles annexes VIII et X de l’UNEDIC, reconnaît cette flexibilité. Du faitde cette précarité inhérente de l’emploi des techniciens, la nature deleur chômage est originale et distincte de celui du régime général. Lessommes reversées aux intermittents représentent un revenu decomplément à leur activité, et non un revenu de remplacement en casde réalisation d’un risque, la perte de l’emploi. Une part du déséquilibrechronique de ce régime devrait être pris en charge par l’État etnon par les seuls salariés du régime général qui n’ont pas vocation àsubventionner un secteur en particulier.Enfin, sur le marché des talents, le phénomène de superstars mis enévidence par Rosen (1981) représente bien une « maladie des coûts »au sens où les cachets accordés aux stars atteignent de tels niveauxqu’ils remettent en cause la profitabilité des films, et donc leur faisabilitéex ante (Dantec et Lévy, 2005). Mais ce n’est en rien la maladieexposée par Baumol et Bowen. La nécessité d’une intervention publiquen’en demeure pas moins, mais cette fois au titre de la diversité culturelleet non plus de la viabilité économique du secteur. En effet, laconcentration de la demande engendrée par le star-system s’oppose àla variété de la consommation culturelle. De plus, pour Adler (1985),le vedettariat transforme en stars ceux qui bénéficient de la promotionla plus importante et qui ont une notoriété déjà établie, et non lesartistes talentueux 32 . Dès lors, le marché, à travers le vedettariat, nonseulement homogénéise les pratiques, mais ne discerne pas la qualité.32. Au contraire des modèles de Rosen (1981) et Mac Donald (1989).297Revue de l’<strong>OFCE</strong> 97

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