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Union Postale - UPU

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Lettre gagnante«Oncle» Zhang YimouDanang, le 20 novembre 2009Cher Oncle Zhang Yimou, réali sateur de cinéma!En vous envoyant cette lettre, j’ai compté les jours pour qu’elle vous parvienne. Parfoi s, je m’inquiète et ne sai s si vous prendrezla peine d’ouvrir cette lettre... Cher Oncle Zhang, je souhaiterai s tellement que vous donniez un peu de votre temps précieuxpour lire mes pensées... peut-être vous y trouverez quelque chose qui dépasse le sentiment normal d’un admirateur.J’ai eu cette idée de vous écrire après avoir pri s connaissance, à l’école, du 39 e Concours international de compositions épi s-tolaires pour les jeunes sur la lutte contre le sida. Afin d’avoir une compréhension pratique pour ma composition, j’ai parlé àplusieurs personnes pour savoir comment elles comprennent et se prémuni ssent contre le sida.J’ai demandé à ma grande mère, qui m’a dit: «A mon âge, je ne sai s ce que c’est, ce virus. J’ai entendu dire qu’il vit dans despersonnes aux mœurs relâchées. Ne t’approche pas de ces gens sinon tu l’attraperas.» Pensez-vous! Ma pauvre grand-mamanne comprend rien au sida.Mes parents, eux, m’ont dit: «Le sida est le syndrome d’immunodéficience acqui se, causé par le virus du HIV. Cette maladieest très dangereuse et on ne trouve pas encore de médi cament pour la guérir. Tu doi s absolument éviter les vi ces commela drogue et les relations sexuelles faciles pour te protéger.» Ma mère a même insi sté plusieurs foi s: «Si quelqu’un est atteintdu sida dans ta classe, tu doi s nous le dire pour qu’on te change d’école ou de classe». Vous voyez... même mes parents, fonctionnaires,ont cette attitude de di scrimination envers les gens atteints par la maladie...... J’ai posé la même question à l’ouvrière de la propreté et de l’hygiène publiques. Elle m’a montré les seringues vides jetéespêle-mêle au bord de la route: «Voi s-tu, le virus HIV est dans ces seringues!» Oncle Zhang, la balayeuse de route n’a pas uneconnaissance adéquate sur cette épidémie non plus!Et le patron du resto, il me dit: «Le sida? Si tu voi s une personne très maigre, qui se tient à peine sur ses pieds, qui a beaucoupde boutons sur le corps, c’est sûr qu’elle a le sida! Ne t’inquiètes pas, je ne les lai sse jamai s entrer, car j’ai trop peur qu’ellestransmettent cette maladie à mes clients!»Mon Dieu, comme je plains les pauvres gens qui ont l’apparence décrite et qui ne portent pas le virus! Le patron du restaurantne sait donc pas que le virus VIH ne se propage pas par la nourriture ni par la conversation et que nous vivonsactuellement en coexi stence avec le sida...... J’ai envie d’écrire une lettre appelant tout le monde à améliorer leur connaissance et à changer leur attitude pour luttercontre et prévenir cette maladie. J’ai réflééchi pendant des jours mai s je ne savai s pas par où commencer. J’ai donc lai ssémes papiers et je sui s allée regarder la télévi sion, qui diffuse en ce moment votre film La Cité Interdite. Quel beau cinéma!Le film vous amène tant d’éloges du public! Par toute une série de films de réputation mondiale, tels que Le sorgho rouge,Vivre, Ju Dou, Epouses et Concubines, le Secret des poignards volants, la Cité Interdite... vous avez conqui s le cœur du mondeentier.Tout à coup, une idée me vient: et si j’avai s le talent pour faire un film comme vous? Je me mettrai s tout de suite à fairedes films de grande valeur sur le sida afin d’éveiller la conscience humaine. Oncle Zhang, mon premier film serait sur unehi stoire d’amour émouvante, romantique et tragique à la foi s: lui et elles s’aiment d’un amour profond, mai s ne peuvent semarier car l’un des deux a contracté le sida. Le film suivant aurait pour titre Mourir et serait aussi réputé que votre Vivre.Ce film porterait un message: l’homme ne veut jamai s mourir jeune mai s doit s’y soumettre, car parfoi s il ne sait pas que laMort réside dans chaque acte ri squé comme avoir des relations sexuelles non protégées et utili ser des seringues communes…La plupart de mes films s’inspireraient des vies réelles et les héros seraient des victimes du sida: un fonctionnaire qui, toutesa vie, a travaillé et gardé sa dignité pour tout perdre dans un moment de loi sir non contrôlé; un employé du servi ce médi calqui, par négligence, a contracté le virus; une personne qui peine toute sa vie pour bâtir une famille, mai s meurt dans lasolitude et l’indifférence des siens; des jeunes pleins de vie qui dépéri ssent à cause de la drogue... Autant de personnes et autantde sorts différents. Je transmettrai s dans mes films l’amour, la douleur, l’ingratitude et l’ignorance ainsi que les connaissancessur la prévention du sida d’une manière à la foi s douce mai s marquante. Je souhaite créer un pouvoir de persuasion particulier,qui brûlerait les cœurs, calmerait les douleurs, effacerait les complexes et éveillerait la conscience de ceux qui restentencore indifférents devant ce fléau.Mai s, cher Oncle Zhang, ma volonté et mes capacités ne coïncident pas. Vous seul seriez capable de transformer ces rêvesen réalités, pour le bien-être de l’humanité. Je souhaite de tout mon cœur avoir votre attention et compréhension.RespectueusementHo Thi Hieu HienZhang Yimou Photo: GettyimageLe sorgho rougePhoto: ReutersZhang Yimou est l’un des réalisateursles plus prolifiques de Chine etrecueille les faveurs tant de la critiqueque du grand public, dans sonpays natal et à l’étranger. Il a rejointl’Université de cinéma de Pékin en1978, où il a suivi des études decinéaste. Son travail sur One andEight (avec Zhang Jungzhao) et Terrejaune (avec Chen Kaige) a marquéun véritable tournant dans l’histoiredu cinéma chinois. Il s’est très rapidementdistingué en tant que réalisateuravec le film Le sorgho rougeet est devenu, avec Zhang Jungzhaoet Chen Kaige, l’un des cinéastes dela cinquième génération, symbolede l’avènement d’une nouvelle èrepour le cinéma chinois.Le sorgho rouge a élevé ZhangYimou et sa muse, Gong Li, au rangde stars internationales. Ce filmannonçait également ce qui deviendraitla marque de fabrique du réalisateur:une magnifique narrationvisuelle et des figures fémininesfortes. Les deux films qu’il a réaliséspar la suite, Ju Dou et Epouses etconcubines, ont été nominés auxOscars du meilleur film étranger. Ilsfaisaient partie d’une trilogie lancéeavec Le sorgho rouge. La brillantecarrière de Zhang Yimou s’est poursuivieavec des films tels que Theroad home, qui a fait connaîtreZhang Ziyi, l’une des célébrités chinoisesles plus populaires à l’international.Il a aussi réalisé le film QiuJu, une femme chinoise.Le film Hero a également connuun immense succès et est l’un desrares films en langue étrangère àavoir atteint le sommet du boxofficeaux Etats-Unis. Il a d’ailleursété nommé aux Oscars du meilleurfilm étranger. Zhang Yimou a égalementdirigé le spectacle des cérémoniesd’ouverture et de clôturedes Jeux olympiques de Beijing2008, un rôle qui lui a valu aussibien les foudres que les éloges de lacritique.La lettre a été légèrement éditée pour publication. Lisez les trois lettresgagnantes au niveau international: http://tinyurl.com/lettres-gagnantes18 · <strong>Union</strong> <strong>Postale</strong> 4/2010 4/2010 <strong>Union</strong> <strong>Postale</strong> · 19

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