.2 - le <strong>diagnostic</strong> comme procédureEn quoi le <strong>diagnostic</strong> d’agglomération <strong>de</strong> Longwy est-il moins l’œuvre d’un processuslocal que le produit d’une initiative centrale s’imposant in itinere comme la clé <strong>de</strong>voûte d’une vague <strong>de</strong> contractualisation encore inaboutie ?Rappelons, en guise d’introduction que le processus qui nous occupe ici est d’abordle fruit d’un contexte procédural fort marqué par une volonté gouvernementale <strong>de</strong> concourir àl’établissement d’une ”nouvelle donne” en matière <strong>de</strong> contractualisation et <strong>de</strong> <strong>territorial</strong>isation<strong>de</strong>s politiques <strong>publique</strong>s. Sans entrer ici dans une matière proliférante supposée connuedans ses multiples composantes techniques, réglementaires ou législatives, on rappelleraseulement à propos <strong>de</strong> ladite « démarche <strong>de</strong>s <strong>diagnostic</strong>s d’agglomération » que :« l’objectif pour l’Etat est d’abord, dans ces <strong>diagnostic</strong>s, <strong>de</strong> <strong>territorial</strong>iser son action pouren améliorer la cohérence et l’efficacité, par sa capacité :−−−à travailler sur <strong>de</strong>s territoires et à <strong>de</strong>s échelles pertinentes, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s découpagesclassiques,à mettre en évi<strong>de</strong>nce le ou les principaux enjeux qui doivent structurer son action,à croiser à partir <strong>de</strong> là ses politiques sectorielles et ses divers mo<strong>de</strong>s d’intervention,[…][et que ] le <strong>diagnostic</strong> servira <strong>de</strong> base pour rencontrer les élus <strong>de</strong> la région et <strong>de</strong>sagglomérations, <strong>de</strong> manière à progresser vers un <strong>diagnostic</strong> partagé puis àcontractualiser sur les enjeux essentiels. » 7En analysant l’élaboration du <strong>diagnostic</strong> partagé <strong>de</strong> l’agglomération <strong>de</strong> Longwy, nous nenous intéresserons donc très précisément qu’à la <strong>de</strong>rnière étape du processus local <strong>de</strong> miseen oeuvre d’une procédure interministérielle s’inscrivant elle-même dans une démarchegouvernementale plus large et non encore achevée. Aussi est-ce peu dire que <strong>de</strong> parler d’un« contexte procédural fort » et convient-il d’en préciser les contours. Afin <strong>de</strong> préciser cetordre <strong>de</strong> contraintes et la manière dont il a effectivement pesé (indépendamment du contextelocal) sur notre objet, nous commencerons donc ici par rappeler le régime d’ ”engrènement”procédural ayant conduit les <strong>diagnostic</strong>s d’agglomération <strong>de</strong> leur ”mise sur agenda” jusqu’àleur réalisation.21 – Initiative <strong>de</strong> l’Etat centralDans le mouvement initié par les circulaires du Premier ministre et <strong>de</strong> la ministre <strong>de</strong>l’aménagement du territoire et <strong>de</strong> l’environnement <strong>de</strong> juillet 1998 relatives aux contrats <strong>de</strong>plan, c’est le 22 juillet 1998 qu’est lancée au sein du METL une « démarche <strong>diagnostic</strong> »concernant quelques 140 agglomérations <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 50 000 habitants (au sens <strong>de</strong>s « airesurbaines » définies par l’INSEE). Dès lors, les DRE et DDE sont mobilisées afin <strong>de</strong> « nourrir<strong>de</strong> données récentes et homogènes la connaissance qu’ont les services <strong>de</strong> leur territoire et7 in « Planification stratégique, le point sur les <strong>diagnostic</strong>s d’agglomération », <strong>Le</strong>ttre Espaces n°3,décembre 1998, DGUHC, METL.44
.d’en faire la synthèse afin d’obtenir une vision globale <strong>de</strong> l’agglomération étudiée. » 8 <strong>Le</strong>sdélais sont brefs puisque chaque DRE <strong>de</strong>vra être entendue dès la fin octobre par un groupe”inter-directions” du ministère, auquel sont joints <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> la DATAR et <strong>de</strong> laDIV. Ces rencontres seront préparées avec chaque DRE par un "binôme" <strong>de</strong> la DGUHCcomposé du chargé <strong>de</strong> mission <strong>territorial</strong> concerné et d’un membre du groupe projet mis enplace à la DGUHC pour assurer la maîtrise d’œuvre <strong>de</strong> l’opération. Quant au niveau central,il organisera <strong>de</strong>s auditions et formera un " groupe projet " opérationnel afin <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>senseignements en termes <strong>de</strong> contenu et <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>.<strong>Le</strong> 9 octobre 1999, une circulaire ministérielle est adressée aux préfets <strong>de</strong> région etaux directeurs régionaux <strong>de</strong> l’équipement afin <strong>de</strong> préciser l’exercice d’un « pré-<strong>diagnostic</strong> »Equipement. Elle rappelle <strong>de</strong> manière non limitative les principaux thèmes qui doivent êtreexaminés, tels que l’analyse <strong>de</strong> l’armature urbaine au niveau régional, la structuration <strong>de</strong>l’agglomération, les phénomènes <strong>de</strong> fragilisation et <strong>de</strong> ségrégation <strong>de</strong>s espaces urbanisés,le logement, les liens entre transports et urbanisme, la question foncière, les stratégiesd’implantation <strong>de</strong>s entreprises, la gestion durable <strong>de</strong>s ressources et <strong>de</strong>s espaces naturels,les réseaux et services urbains, les équipements publics, la qualité urbaine.A partir du 23 octobre 1998, chaque DRE est reçue par un groupe ”inter-directions”du ministère, auquel se joignent la DATAR, la DIV et la DNP du ministère <strong>de</strong> l’aménagementdu territoire et <strong>de</strong> l’environnement. <strong>Le</strong>s présentations abor<strong>de</strong>nt les points prévus dans lacirculaire du 9 octobre, suivant un plan recommandé : présentation <strong>de</strong> l’armature urbainerégionale, en privilégiant les aires urbaines <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 50 000 habitants ; ouverture sur lesrégions voisines, et notamment sur les agglomérations les plus importantes ; grands enjeuxterritoriaux : déplacements, habitat, environnement, etc. ; présentation <strong>de</strong> quelquesagglomérations à enjeux majeurs ou représentatifs.Ces échanges doivent permettre dans chaque région <strong>de</strong> « resituer l’exercice » ainsique <strong>de</strong> préparer un « rapport élaboré du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’Etat », le plus souvent possible« en liaison avec les préfets et les autres administrations décentralisées ». Ces dossiers« d’une quinzaine <strong>de</strong> pages, illustrés <strong>de</strong> cartes, auxquels s’ajouteront <strong>de</strong>s annexes par aireurbaine » <strong>de</strong>vront être fournis par chaque région pour le 15 janvier 1999.Après réception par la DGUHC <strong>de</strong> 170 <strong>diagnostic</strong>s d’agglomérations (un tiers <strong>de</strong>l’ensemble <strong>de</strong>s communes représentant <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> la population française), et analyse <strong>de</strong>ces documents en interministériel (DGUHC, DR, DTT, et PUCA pour le METL ; DATAR etDNP pour le MATE ; ainsi que la DIV) <strong>de</strong> février à mars, c’est une première phase <strong>de</strong> travailqui se conclut les 27 et 28 mai 1999 par l’organisation d’une séance nationale <strong>de</strong> restitutionaccompagnée <strong>de</strong> la diffusion d’un document provisoire d’étu<strong>de</strong> appelé "Synthèse <strong>de</strong>s<strong>diagnostic</strong>s d’agglomération".Engagée au départ pour les contrats d’agglomération, il est décidé que la démarchese poursuive et s’éten<strong>de</strong> (« tant pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> fond que <strong>de</strong> calendrier ») au rythme et àl’ensemble <strong>de</strong> l’exercice <strong>de</strong> contractualisation (contrats <strong>de</strong> ville, contrats Etat-régions, voiredocuments uniques <strong>de</strong> programmation européens, qui <strong>de</strong>vraient tous être signés avant le 1erjanvier 2000). <strong>Le</strong>s contrats d’agglomération et <strong>de</strong> pays pourront ensuite être signés <strong>de</strong>manière progressive et conformément au calendrier <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> plan c’est-à-dire jusqu’àla fin <strong>de</strong> 2003. Ainsi, le 1 er avril 1999 une circulaire interministérielle portant sur « lapréparation <strong>de</strong>s <strong>diagnostic</strong>s préalables aux processus <strong>de</strong> négociation <strong>de</strong>s futurs contrats »ordonne d’« approfondir » et d’« élargir le travail déjà engagé par les services du ministère<strong>de</strong> l’Équipement » afin d’aboutir, « au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la préparation <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> ville et <strong>de</strong>s8 in « Diagnostic d’agglomération — une démarche généralisée », <strong>Le</strong>ttre Espaces n°2, octobre 1998,DGUHC, METL.45