Le diagnostic territorial : outil de l'action publique - Lara

.« Est-ce le rôle de l’Etat d’avoir un point de vue sur une agglomération commeLongwy ? », se demande par exemple l’Agence d’Urbanisme. Pour elle, rien n’est moinsévident — y compris en matière de contractualisation qu’elle perçoit comme aussi« féconde » qu’« à sens unique » : de l’Etat régional en direction des collectivités locales. Siles « enjeux de l’Etat » ne rencontrent peu ou prou jamais ce qui est perçu localementcomme « les enjeux de l’agglomération », il y a donc, selon elle, méprise sur la notion de« point de vue de l’Etat » et donc sur l’exercice de diagnostic partagé. Pour la DDE, aucontraire, et au-delà d’un contexte troublé par la réclamation (techniquement légitime maispolitiquement explosive) d’un « droit d’inventaire » par la collectivité locale de l’action du« système PED », ces difficultés de coopération découlent du manque de vision globaled’acteurs locaux qui peinent à se fédérer à une échelle intercommunale suffisamment vaste.Vient enfin la dimension transfrontalière qui ne fait que rajouter à l’acuité de cesquestions de ”gouvernance territoriale”. La partie française représentant moins de la moitiéde cette agglomération, « le rôle de l’Etat est [donc] très particulier », analyse encorel’Agence, puisque son point de vue ne peut concerner qu’une portion minoritaire du territoireen jeu. Aussi est-ce logiquement la « prudence » qui domine encore aujourd’hui de la part del’Etat, ce dernier ayant toujours tendance à se tourner vers les acteurs locaux pour connaîtrece qui se passe de l’autre côté de la frontière. Toutes choses qui font que l’exercice dediagnostic partagé semble avoir eu « moins de sens ici qu’ailleurs » 10 . Ou plutôt à la fois« moins de sens » et « plus de sens », faudrait-il rajouter, selon que l’on considèrel’agglomération transfrontalière de Longwy comme un territoire ”en marge” (géographique etsocio-économique), ou comme un territoire ”laboratoire” dans le contexte duquels’expérimentent plus fortement qu’ailleurs les incertitudes et contradictions d’une actionpublique territoriale française en mutation.Et s’il fallait conclure en rebouclant sur les interactions entre « systèmes d’acteurs »et « diagnostics de territoire » au-delà des effets de contexte ou d’apprentissage, nouscéderions volontiers au raccourci emprunté par la DDE sous forme de la maxime suivante :« le diagnostic partagé c’est d’abord beaucoup d’apparences, ensuite plus ou moins desubstance et enfin énormément de rapports de force ».10 Ainsi que nous le rappelle l’Agence d’urbanisme, et même en possession de données chiffréesconcernant les deux autres pays, les différences nationales des mécanismes de régulation font quel’on ne peut jamais saisir « très simplement » les dynamiques socio-spatiales d’une agglomérationtransfrontalière comme Longwy.55