éphémères et curiosités : un patrimoine de circonstances - Arald
éphémères et curiosités : un patrimoine de circonstances - Arald
éphémères et curiosités : un patrimoine de circonstances - Arald
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Actes du colloque Éphémè res e t curios ité s : <strong>un</strong> patr i moine <strong>de</strong> circon stances .Cha mbér y, 2 3 <strong>et</strong> 24 s e pt e mbr e 200 4, da n s l e c adre du Mo is du pa tr imo in e écrit.collectionneur vous dit : « Je ne vous donne pas c<strong>et</strong>te superbe affiche si vous ne prenez pasle cendrier qui va avec », il faut savoir établir <strong>de</strong>s limites <strong>et</strong> on ne prend que les supportspapier. En ce qui concerne les relations avec les collectionneurs, on rencontre parfois aussi leproblème du collectionneur qui a fait sa collection dans <strong>un</strong>e optique précise ; or <strong>de</strong> notrecôté, se pose la cohérence <strong>de</strong> notre propre collection. Pour reprendre l’exemple <strong>de</strong>sétiqu<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> fromage, il y en a beaucoup qu’on a ach<strong>et</strong>ées à bon escient (en général on lesa ach<strong>et</strong>ées, on n’a pas tellement accepté <strong>de</strong> dons) ; donc c’est <strong>un</strong> ensemble qui est constituéavec <strong>de</strong>s fichiers, les camemberts sont séparés <strong>de</strong>s bries, on a fait <strong>de</strong>s renvois thématiques.La collection est collée par région ; mais si vous cherchez <strong>de</strong>s thèmes, si vous voulez <strong>de</strong>smoines, <strong>de</strong>s belles bergères, <strong>de</strong>s belles fermières ou <strong>de</strong>s vaches, vous cherchez dans lesfichiers, <strong>et</strong> vous les trouvez dans les albums (nos collections ne sont pas numérisées niinformatisées). Face à nous, on a parfois <strong>un</strong> collectionneur qui arrive avec <strong>un</strong>e superbecollection d’étiqu<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> fromage ; mais lorsqu’on regar<strong>de</strong> à l’intérieur, on s’aperçoit queparmi les cinq mille étiqu<strong>et</strong>tes, il n’y en a que <strong>de</strong>ux cents qui nous intéressent. C’est engénéral très mal vu du collectionneur ; il faut alors discuter avec lui. Certains collectionneursacceptent <strong>de</strong> dissocier la collection ; en général, ce ne sont pas les collectionneurs mais les<strong>de</strong>scendants <strong>de</strong> collectionneurs, soit ceux à qui c’est complètement égal, parce que cela lesencombre ; dans les cas extrêmes ils nous annoncent : « Je j<strong>et</strong>te <strong>de</strong>main, prenez tout, triez<strong>de</strong>dans ». Nous nous r<strong>et</strong>rouvons alors en tant que conservateurs face à <strong>un</strong> <strong>de</strong>voir moral :l’héritier s’est déchargé <strong>de</strong> la responsabilité morale sur nous. On ne peut pas gar<strong>de</strong>r entière<strong>un</strong>e collection qui a été constituée à bon escient dans l’esprit du collectionneur, parce qu’il yaurait <strong>de</strong>s doublons, <strong>de</strong>s triplons, <strong>et</strong> que cela n’entrerait pas dans la cohérence <strong>de</strong> nosfichiers. On est alors obligé <strong>de</strong> démanteler <strong>un</strong>e collection. Ce n’est pas toujours très facilemoralement, déontologiquement parlant. Voilà pour l’héritier à qui cela est égal ; on trouveaussi l’héritier (en général la femme) qui défend pied <strong>et</strong> poing l’œuvre <strong>de</strong> son mari : il s’agitalors d’<strong>un</strong>e négociation (lorsqu’elle a proposé sa collection partout, <strong>et</strong> que personne n’en avoulu, elle revient) ; on rencontre enfin le collectionneur qui ne donne rien parce qu’ilestime (<strong>et</strong> on comprend parfaitement sa position) que c’est « tout ou rien ». Parfois, il y a<strong>de</strong>s anecdotes amusantes : la collection est dans <strong>un</strong> « packaging » précis (si j’ose dire) ; labibliothèque Forney est <strong>un</strong> bâtiment médiéval dépourvu <strong>de</strong> meubles anciens – or on ytrouve <strong>un</strong>e très belle commo<strong>de</strong> Louis XV, parce qu’<strong>un</strong>e collectionneuse, pour ses cartespostales, avait partagé les tiroirs <strong>de</strong> sa commo<strong>de</strong> pour organiser méthodiquement sacollection. Lorsqu’elle est venue nous voir, elle a dit : « Vous prenez la commo<strong>de</strong> avec lescartes postales, ou rien ». Les cartes postales sont <strong>de</strong>s cartes postales publicitaires divines,viennoises, du début du siècle – il était impossible <strong>de</strong> laisser passer cela ; donc nous avonspris la commo<strong>de</strong>, <strong>et</strong> c’est pour cela qu’on a <strong>un</strong>e commo<strong>de</strong> Louis XV à Forney.• Jean-François JacquesPassons aux questions <strong>de</strong> la mise en valeur <strong>et</strong> du traitement <strong>de</strong>s collections. Ce quim’intéresserait à présent, c’est <strong>de</strong> savoir comment vivent ces collections. On a parlé <strong>de</strong>scollectionneurs qui viennent en amont ; on s’aperçoit que souvent les collectionneurs sontaussi d’<strong>un</strong>e certaine manière ceux qui vont avoir besoin d’utiliser la collection ; j’imagine queces collections ne sont pas seulement constituées pour elles-mêmes <strong>et</strong> pour être conservées– elles sont nécessairement constituées pour servir à quelque chose, soit pour servir à <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s historiques ou sociologiques, <strong>et</strong> les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mise en valeur ne sont pas <strong>un</strong>iquementles mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mise en valeur traditionnels par l’exposition temporaire, régulière ou pas,organisée par l’établissement. Ce serait intéressant d’approfondir c<strong>et</strong>te notion d’utilisateur.