éphémères et curiosités : un patrimoine de circonstances - Arald
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Actes du colloque Éphémè res e t curios ité s : <strong>un</strong> patr i moine <strong>de</strong> circon stances .Cha mbér y, 2 3 <strong>et</strong> 24 s e pt e mbr e 200 4, da n s l e c adre du Mo is du pa tr imo in e écrit.Les collectionneurs <strong>de</strong> l’époque en France comptent parmi eux <strong>un</strong> moine bénédictin <strong>de</strong>Douai qui rôdait dans les rues <strong>de</strong> Paris sous la Révolution pour récupérer les tractspolitiques 1 , <strong>et</strong> l’avocat bibliophile lyonnais Jean-Louis-Antoine Coste 2 . Ce <strong>de</strong>rnier assembla<strong>un</strong>e remarquable collection d’imprimés régionaux électoraux ou politiques, pour la plupartdu XVII e siècle au début du XIX e siècle. Les autres fonds rassemblés par les premierscollectionneurs français doivent sûrement exister, <strong>et</strong> j’espère bien en entendre parler àl’occasion <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te conférence.Bien que la Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne semble avoir donné le coup d’envoi <strong>de</strong>s collections privéesd’ephemera, le scénario était pratiquement le même au cours du XIX e siècle dans les troispays : <strong>de</strong> nombreux collectionneurs d’importance secondaire, d’images <strong>et</strong> <strong>de</strong> cartes <strong>de</strong> vœuxrestèrent anonymes ; nous les connaissons, cependant, par les inestimables albums <strong>de</strong>collages qu’ils ont constitués avec amour. Mais il y avait aussi <strong>de</strong>s collections très orientées.Les cartes <strong>de</strong> commerce suscitèrent <strong>un</strong> intérêt tout particulier, à commencer pour SarahBanks (1744-1818), dont la collection <strong>de</strong> quelque 6 000 documents est maintenant au BritishMuseum 3 . Dans la secon<strong>de</strong> moitié du XIX e siècle, le baron <strong>de</strong> Rothschild rassembla <strong>un</strong>esuperbe collection <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> commerce françaises, du XVII e au XIX e sièclecomme support à son étu<strong>de</strong> sur le mobilier français <strong>et</strong> l’architecture d’intérieur 4 .C’est l’apanage du XX e siècle, particulièrement l’entre-<strong>de</strong>ux-guerres, d’avoir donné à lapassion <strong>de</strong> la collection <strong>un</strong>e dimension très élargie. Comme par hasard, ceux qui furent sansdoute, dans c<strong>et</strong>te optique, les trois personnages les plus influents, appartenaient aux troispays dont il est question : John Johnson à Oxford, Bella C. Landauer à New York <strong>et</strong> MariusAudin à Lyon.John Johnson (1882-1956) fit <strong>de</strong>s fouilles en Égypte avant la Gran<strong>de</strong> Guerre, ce qui contribuaà lui donner le sens <strong>de</strong> l’intérêt évi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’ephemera. Quand il prit le poste d’imprimeur àl’<strong>un</strong>iversité d’Oxford en 1925, il était à même <strong>de</strong> faire bénéficier l’<strong>un</strong>iversité <strong>de</strong> sa passion,constituant <strong>un</strong>e collection d’ephemera représentative <strong>de</strong> tous les thèmes 5 .Bella C. Landauer (1875-1960) commença sa collection personnelle avec l’acquisition d’<strong>un</strong>ecollection d’ex-libris en 1923. Après ces débuts mo<strong>de</strong>stes, elle passa le reste <strong>de</strong> sa vie àrassembler <strong>un</strong> vaste ensemble d’ephemera, la plupart en rapport avec la ville <strong>de</strong> New York.Quand sa collection passa à l’échelle supérieure, elle fut transférée à la New York HistoricalSoci<strong>et</strong>y où Bella C. Landauer continua à veiller sur elle, tout en l’enrichissant 6 .La troisième gran<strong>de</strong> figure <strong>de</strong> l’entre-<strong>de</strong>ux-guerres fut, à Lyon, l’historien <strong>de</strong> l’imprimerieMarius Audin (1872-1951). Sa collection se composait <strong>de</strong>s ephemera qui lui passèrent entre1 Voir Geoffrey Scott, « English Benedictines and the revolution : the case of Dom Turner (1765-1844), guardsman andgrammarian », in Dom Aidan Bellenger (éd.), The great r<strong>et</strong>urn : the English comm<strong>un</strong>ities in continental Europe and theirrepatriation 1793-94, Bath (Downsi<strong>de</strong> Abbey), History Commission and the South Western Catholic History Soci<strong>et</strong>y, 1994,pp. 28-54. La collection est aujourd’hui à la bibliothèque <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Reading.2 Collection Coste, bibliothèque m<strong>un</strong>icipale <strong>de</strong> Lyon.3 Sarah Banks Collection, Department of Prints and Drawings, British Museum. La plupart <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te collectiondatent <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du XVIII e siècle <strong>et</strong> du commencement du XIX e .4 La collection, au Wad<strong>de</strong>sdon Manor (National Trust), près d’Aylesbury, Buckinghamshire, HP18 OJH, est rassemblée enquatre volumes <strong>et</strong> s’apprête à être cataloguée <strong>et</strong> numérisée.5 Rickards, op. cit, pp. 49-53.6 Ibid, pp. 48-49.