Actes du colloque Éphémè res e t curios ité s : <strong>un</strong> patr i moine <strong>de</strong> circon stances .Cha mbér y, 2 3 <strong>et</strong> 24 s e pt e mbr e 200 4, da n s l e c adre du Mo is du pa tr imo in e écrit.photo <strong>et</strong> cinéma Louis Lumière qui ouvre aux métiers <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> vue photo ou cinéma ?Là intervient le Destin qui fixe le même jour les <strong>de</strong>ux concours d’entrée !C’est le cinéma qui l’emporte <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te décision va conditionner toute ma vie professionnelle<strong>et</strong> intellectuelle ! Si la prise <strong>de</strong> vue ne fut pas pour moi la voie royale à cause <strong>de</strong> ma visionmonoculaire, le montage me parut passionnant : à défaut <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s images, j’allaisorganiser celles <strong>de</strong>s autres <strong>et</strong>, là encore, l’image était au ren<strong>de</strong>z-vous !À 18 ans, je découvre l’<strong>un</strong>ivers familial <strong>de</strong> ma future épouse <strong>et</strong> suis fasciné par l’appartement<strong>de</strong> ses grands-parents, véritable caverne d’Ali Baba, où <strong>de</strong> nouvelles images apparaissent <strong>et</strong>me subjuguent : albums <strong>de</strong> cartes postales (photos ou illustrées), albums <strong>de</strong> chromos <strong>et</strong> <strong>de</strong>découpis mais surtout <strong>un</strong> magnifique album<strong>de</strong> prospectus commencé le 1 er janvier 1900par <strong>un</strong> membre inconnu <strong>de</strong> la famille <strong>et</strong> quim’apparaît comme la plus belle chose vuejusqu’alors ! Un raccourci <strong>de</strong> l’art publicitaire<strong>de</strong> l’époque que <strong>de</strong>s mains attentionnéesavaient constitué dans le seul but <strong>de</strong> m’ouvrirà ce mon<strong>de</strong> magique <strong>de</strong> la publicité anciennedont on pouvait observer les débuts naïfs <strong>et</strong>touchants. Que d’images merveilleuses pourl’adolescent ignorant que j’étais alors !Aujourd’hui encore, c<strong>et</strong> album, qui mesemblait <strong>de</strong>stiné <strong>et</strong> dont j’ai hérité, mefascine <strong>et</strong> m’émerveille toujours chaque fois que je le feuill<strong>et</strong>te ! Non seulement lesillustrations sont d’<strong>un</strong>e qualité exceptionnelle, mais c<strong>et</strong> ensemble est <strong>un</strong>ique ! Ce seraitvraiment pour moi <strong>un</strong> très grand bonheur <strong>de</strong> pouvoir le faire éditer tel quel comm<strong>et</strong>émoignage <strong>de</strong> son époque.De c<strong>et</strong>te découverte va donc naître <strong>un</strong> nouvel engouement pour la carte postale ancienneillustrée <strong>et</strong> les grands illustrateurs comme Mucha, Kirchner, Cappiello, Vincent, Ogé, Rabier,Fabiano, Jossot <strong>et</strong> tant d’autres.Plus largement, à travers ces cartes postales, c’est tout le mouvement « Art nouveau » quim’interpelle : je découvre Gallé <strong>et</strong> l’École <strong>de</strong> Nancy, Guimard <strong>et</strong> Majorelle, je parcours Paris à
Actes du colloque Éphémè res e t curios ité s : <strong>un</strong> patr i moine <strong>de</strong> circon stances .Cha mbér y, 2 3 <strong>et</strong> 24 s e pt e mbr e 200 4, da n s l e c adre du Mo is du pa tr imo in e écrit.la recherche d’immeubles 1900, je m’émerveille <strong>de</strong>vant les stations <strong>de</strong> métro rescapées <strong>et</strong> jevais même consacrer mon film <strong>de</strong> promotion à la tour Eiffel, suj<strong>et</strong> pourtant « bateau », maisque le banlieusard que je suis découvre avec le reste !Ainsi, pendant <strong>un</strong>e dizaine d’années, j’accumule au fil <strong>de</strong>s brocantes les cartes postalesd’illustrateurs, j’achète quelques vases <strong>de</strong> Gallé <strong>et</strong> Daum (encore abordables à l’époque !) <strong>et</strong>divers bibelots 1900 qui vont conditionner mes goûts <strong>et</strong> la décoration <strong>de</strong> mon appartement.Dans c<strong>et</strong> Art nouveau, la publicité n’est évi<strong>de</strong>mment pas absente puisque tous s’y sontessayés avec plus ou moins <strong>de</strong> succès. Les expositions alors passionnantes du Musée <strong>de</strong> lapublicité, situé rue <strong>de</strong> Paradis dans <strong>un</strong>e ancienne faïencerie, m’attirent beaucoup <strong>et</strong> jedécouvre Forney avec quelques expositions comme « L’exotisme oriental » <strong>et</strong> surtout « PaulIribe » qui me dévoilera la transition, vers 1910, <strong>de</strong> l’Art nouveau à l’Art déco, interrompue<strong>et</strong> r<strong>et</strong>ardée par la guerre <strong>de</strong> 14-18.Pour mon entourage, je commence à passer pour <strong>un</strong> « original » <strong>et</strong> <strong>un</strong>e exposition va révélermon appartenance à ce mon<strong>de</strong> étrange <strong>de</strong>s collectionneurs – il s’agit <strong>de</strong> « Ilscollectionnent » en 1974 au musée <strong>de</strong>s Arts décoratifs, rue <strong>de</strong> Rivoli. C’est <strong>un</strong> autre choc <strong>et</strong><strong>un</strong>e révélation pour moi. Tout se collectionne, pour peu qu’on veuille bien regar<strong>de</strong>rautrement tout obj<strong>et</strong> en apparence insignifiant : tick<strong>et</strong>s <strong>de</strong> transports, fers à chaussures,sables <strong>de</strong> tous pays… D’<strong>un</strong> seul coup, je ne me sens plus seul <strong>et</strong> cela me réconforte malgréles sourires amusés, voire outrés, <strong>de</strong> quelques visiteurs <strong>de</strong>vant certaines vitrines : masques àgaz, grenouilles empaillées… En 1975, j’ai ainsi acquis environ 5 000 cartes postales mais lemarché s’organise trop à mon goût avec salons, cotes, argus <strong>et</strong> boutiques spécialisées : lacarte postale ancienne <strong>de</strong>vient alors <strong>un</strong> placement <strong>et</strong> cesse <strong>de</strong> m’intéresser dans la mesureoù le hasard <strong>de</strong> la découverte disparaît. C’est alors qu’au Village suisse je découvre <strong>un</strong>e boîte<strong>de</strong> cigar<strong>et</strong>tes égyptiennes <strong>de</strong> la marque ERIDAN dont le graphisme n’est pas sans rappelercelui <strong>de</strong> mes chères cartes postales !Ma première boîteLe prix est modique <strong>et</strong> le ver entre dans le fruit avec c<strong>et</strong>te première boîte que plus <strong>de</strong>4 000 autres vont rejoindre au fil <strong>de</strong>s années, mais je ne le sais pas encore… La jolie femmequi l’orne est à mon goût <strong>et</strong> c’est la seule chose qui motive mon achat car bien sûr, àl’époque, j’ignore tout <strong>de</strong> ces obj<strong>et</strong>s ; comment sontilsfabriqués <strong>et</strong> imprimés, mis en forme ? Je n’en aiauc<strong>un</strong>e idée. Le collectionneur <strong>un</strong> peu lassé <strong>et</strong>écœuré par ce qu’est <strong>de</strong>venu le marché <strong>de</strong> la cartepostale rebondit. Au fur <strong>et</strong> à mesure <strong>de</strong> mes nouvellesacquisitions, je découvre dans quelques ouvragesanglais le mon<strong>de</strong> fascinant <strong>de</strong> la boîte en tôlelithographiée. Provenant <strong>de</strong> Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne, lespremières boîtes illustrées contenant <strong>de</strong>s biscuits(H<strong>un</strong>tley & Palmers, Macfarlane…) vont faire écoledans le mon<strong>de</strong> entier. Leur fabrication est particulièrement complexe <strong>et</strong> fait appel à <strong>de</strong>nombreux corps <strong>de</strong> métiers très spécialisés <strong>de</strong> la forge <strong>et</strong> <strong>de</strong> la ferblanterie. Autrerévélation : l’impression du métal à plat est lithographique <strong>et</strong> ainsi chaque couleur nécessite<strong>un</strong>e pierre lithographique différente ; quand on sait que H<strong>un</strong>tley & Palmers utilisait jusqu’à15 couleurs pour ses plus belles pièces, cela laisse rêveur ! Le champ est tellement vaste que