éphémères et curiosités : un patrimoine de circonstances - Arald
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Actes du colloque Éphémè res e t curios ité s : <strong>un</strong> patr i moine <strong>de</strong> circon stances .Cha mbér y, 2 3 <strong>et</strong> 24 s e pt e mbr e 200 4, da n s l e c adre du Mo is du pa tr imo in e écrit.Plus généralement, l’influence française auxÉtats-Unis se renforça au gré <strong>de</strong>s vaguesmigratoires, certaines dues aux imprimeurs quidélaissaient l’Europe pour <strong>un</strong>e nouvelle vie.Ces hommes <strong>de</strong> métier laissèrent leurempreinte à travers leurs savoir-faire <strong>et</strong> leuresprit d’entreprise 1 – parmi eux P. S. Duval,lithographe, formé à Paris <strong>et</strong> arrivé àPhila<strong>de</strong>lphie en 1831 à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’<strong>un</strong> patronlocal 2 . Plus tard, après s’être installé à soncompte, il persuada <strong>un</strong> <strong>de</strong>ssinateur enlithographie alsacien, Schuessele, <strong>de</strong> lerejoindre en 1849 3 . C<strong>et</strong>te carte commerciale(figure 1) fut <strong>de</strong>ssinée par Schuessele <strong>et</strong>imprimée par Duval à Phila<strong>de</strong>lphie peu d<strong>et</strong>emps après. Duval <strong>de</strong>vait <strong>de</strong>venir l’<strong>un</strong> <strong>de</strong>schefs <strong>de</strong> file <strong>de</strong> la chromolithographie enAmérique ; il a imprimé <strong>de</strong> nombreuxephemera <strong>et</strong> écrit sur son métier 4 .Figure 1. Réclame chromolithographique <strong>de</strong>l’établissement lithographique <strong>de</strong> P. S. Duval &Co à Phila<strong>de</strong>lphie, <strong>de</strong>ssinée sur pierre parC. Schuessele <strong>et</strong> imprimée par Duval, 1850.230 x 142 mm.Il est presque évi<strong>de</strong>nt que, pour développer mon suj<strong>et</strong> d’aujourd’hui, j’adopte <strong>un</strong>e tripleapproche. Je m’attacherai à démontrer que les similitu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> les différences entre lesephemera <strong>de</strong>s trois pays dont il est question sont trop complexes pour être réduites à <strong>un</strong>eopposition linguistique ou même transatlantique. Comme nos hommes politiques nous l’ontrécemment rappelé d’<strong>un</strong>e façon lumineuse, les alliances ne sont jamais aussi simplesqu’elles en ont l’air.Je vais sans plus tar<strong>de</strong>r abor<strong>de</strong>r la question <strong>de</strong> la terminologie. La Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne <strong>et</strong> lesÉtats-Unis se rangent clairement eux-mêmes sous la bannière <strong>de</strong> l’« ephemera », défini il y avingt-cinq ans par Maurice Rickards comme « The minor transient document of every daylife » [les p<strong>et</strong>its documents passagers <strong>de</strong> tous les jours] 5 . Le mot lui-même était utilisé <strong>de</strong>puis<strong>de</strong>s siècles par les entomologistes pour les insectes ne vivant qu’<strong>un</strong> seul jour (du grec epi,désignant la durée <strong>et</strong> hemeris, le jour). Le terme « ephemera », utilisé pour les documents,date probablement <strong>de</strong> l’entre-<strong>de</strong>ux-guerres, « ephemerist » <strong>de</strong>s années quarante.L’expression française « vieux papiers » a <strong>un</strong>e longue histoire <strong>et</strong> <strong>de</strong>vint monnaie courantegrâce à la publication du livre <strong>de</strong> Grand-Carter<strong>et</strong>, Vieux papiers, vieilles images (Paris, 1896)<strong>et</strong> à la fondation <strong>de</strong> l’association « Le Vieux Papier » en 1901. Le manque <strong>de</strong> terme1 Michael Twyman, « Chromolithography : the European legacy », The ephemera journal, t.10, 2003, pp. 3-26.2 P<strong>et</strong>er C. Marzio, The <strong>de</strong>mocratic art : pictures for a 19th-century America, Londres, Scolar Press, 1979, pp. 23-27, <strong>et</strong>Twyman, « Chromolithography », op.cit.3 Marzio, op. cit, pp. 24-26.4 En particulier, l’article sur « Lithography » dans J. L. Ringwalt, American encyclopedia of printing, Phila<strong>de</strong>lphia, 1871, pp.276-286.5 Voir Maurice Rickards, Collecting printed ephemera, Oxford, Phaidon/Christie’s, 1988, p. 13 (bien que dans c<strong>et</strong> exempleles termes « minor » <strong>et</strong> « transient » soient transposés). La définition a été utilisée pour la première fois dans la littérature<strong>de</strong> la British Ephemera Soci<strong>et</strong>y, fondée par Rickards.