Actes du colloque Éphémè res e t curios ité s : <strong>un</strong> patr i moine <strong>de</strong> circon stances .Cha mbér y, 2 3 <strong>et</strong> 24 s e pt e mbr e 200 4, da n s l e c adre du Mo is du pa tr imo in e écrit.• Jean-François JacquesÀ Forney, je ne crois pas qu’il y ait numérisation <strong>de</strong>s documents, mais par contre vous êtesen relations avec les collectionneurs, énormément…• Claudine ChevrelNous avons la troisième collection d’affiches <strong>de</strong> France ; mais les affiches ne sont plus àl’Hôtel <strong>de</strong> Sens : elles sont rangées dans <strong>de</strong>s réserves. On s’est donc <strong>de</strong>mandé très tôt, dès lafin <strong>de</strong>s années 1960 <strong>et</strong> le début <strong>de</strong>s années 1970, comment les gens pourraient voir lesaffiches sans voir les originaux. À l’époque, la numérisation n’existait pas, les cédéroms nonplus ; on a donc fait <strong>de</strong> la substitution par diapositives. Pour le moment, on en est là en cequi concerne les trois collections très précieuses : affiches, papiers peints <strong>et</strong> tissus. Leslecteurs font <strong>de</strong>s recherches dans <strong>de</strong>s fichiers papier, par date, par nom d’artiste <strong>et</strong> parmatière, <strong>et</strong> ensuite se reportent à <strong>de</strong>s clay<strong>et</strong>tes, avec <strong>de</strong>s meubles éclairés électriquementpar-<strong>de</strong>rrière, c’est très facile (ça a l’air compliqué comme ça, mais c’est très facile) : en <strong>de</strong>uxsecon<strong>de</strong>s, ils peuvent aller du fichier à la clay<strong>et</strong>te où est disposée la diapositive représentantle document qui les intéresse, <strong>et</strong> voir tout <strong>de</strong> suite à quoi ressemble le document. Bien sûr,ce serait beaucoup mieux s’ils étaient chez eux <strong>et</strong> pouvaient le voir sur Intern<strong>et</strong>, mais alorson se heurterait à <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> droit sanglants. En ce qui concerne les problèmes <strong>de</strong>droit pour les affichistes, on renvoie systématiquement à l’ADAGP, qui est l’organisme quigère les droits <strong>de</strong>s artistes graphiques en France, comme la SACEM pour la musique, <strong>et</strong> onfait signer <strong>de</strong>s papiers aux lecteurs, qui précisent : vous avez regardé la diapositive, vousavez <strong>de</strong>mandé <strong>un</strong>e reproduction <strong>de</strong> la diapositive, on vous l’a donnée (en général on donne<strong>un</strong>e reproduction qui est bonne mais qui n’est pas directement utilisable pour <strong>un</strong>ereproduction sur quelque support que ce soit) <strong>et</strong> on vous a bien signalé que vous n’avezauc<strong>un</strong> droit à utiliser c<strong>et</strong>te photographie pour <strong>un</strong>e publication, <strong>et</strong>c. Voilà pour les troiscollections prestigieuses. Pour toutes les autres collections, nous n’avons ni informatisationni numérisation ; la numérisation commence, puisque nous avons numérisé c<strong>et</strong>te année nosmille premiers papiers peints. Par contre, nous avons la chance d’être logés dans l’Hôtel <strong>de</strong>Sens, qui est <strong>un</strong> beau bâtiment du XV e siècle, <strong>et</strong> <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> 400 m 2 au rez-<strong>de</strong>-chaussée <strong>de</strong>salles d’exposition : <strong>un</strong>e fois par an, nous réalisons <strong>un</strong>e exposition avec les documents <strong>de</strong> labibliothèque – c’est pour nous fondamental. Nous alternons : parfois <strong>un</strong>e expositionconsacrée à <strong>un</strong> affichiste (ce qui entraîne <strong>de</strong>s donations : nous réalisons <strong>un</strong>e exposition <strong>et</strong> <strong>un</strong>beau catalogue, en contrepartie les affichistes ou leurs <strong>de</strong>scendants font <strong>un</strong>e donation).Pour chaque exposition, nous avons la possibilité <strong>de</strong> faire <strong>un</strong> catalogue. Par exemple, pourl’exposition ouverte <strong>de</strong>rnièrement, nous avons été r<strong>et</strong>enus dans le cadre <strong>de</strong> la collection« (Re)Découvertes » <strong>de</strong> la FFCB : comme il s’agissait <strong>de</strong> documents admirables, <strong>de</strong>s papierspeints ou maqu<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> papiers peints du XVIII e siècle à nos jours, on a fait comme chaqueannée <strong>un</strong> livre, en complément du catalogue édité par la FFCB, <strong>un</strong> livre entièrement illustré –<strong>et</strong> comme le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’art graphique <strong>et</strong> <strong>de</strong>s collectionneurs en France <strong>et</strong> même à l’étrangerest <strong>un</strong> p<strong>et</strong>it mon<strong>de</strong>, il est vrai que les expositions <strong>et</strong> les publications <strong>de</strong> la Bibliothèque sontconnues dans ce mon<strong>de</strong>-là. Comme la Bibliothèque est <strong>un</strong>e bibliothèque située à Paris, <strong>et</strong><strong>un</strong>e bibliothèque <strong>de</strong> lecture publique, <strong>et</strong> qu’en plus il y a l’attrait <strong>de</strong> l’Hôtel <strong>de</strong> Sens, parmiles visiteurs <strong>de</strong> nos expositions on trouve toujours <strong>de</strong>s visiteurs qui viennent à bon escient(c’est-à-dire qui viennent volontairement, s’intéressent déjà à l’exposition <strong>de</strong> l’annéesuivante, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> aussi <strong>de</strong>s personnes qui lisent l’Officiel <strong>de</strong>s spectacles <strong>et</strong> qui se disent :« Tiens, <strong>de</strong>s papiers peints, ça doit être joli, allons voir », <strong>et</strong> qui découvrent ensuite qu’on faitrégulièrement <strong>de</strong>s expositions <strong>de</strong> métiers d’art <strong>et</strong> d’arts décoratifs, <strong>et</strong> <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s
Actes du colloque Éphémè res e t curios ité s : <strong>un</strong> patr i moine <strong>de</strong> circon stances .Cha mbér y, 2 3 <strong>et</strong> 24 s e pt e mbr e 200 4, da n s l e c adre du Mo is du pa tr imo in e écrit.aficionados assez fervents. Malheureusement, les plus optimistes parlent <strong>de</strong> l’horizon 2007seulement pour l’informatisation <strong>et</strong> la mise en ligne sur le Web, donc on se contente dubouche-à-oreille, <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> collectionneurs, <strong>de</strong> marchands privés, <strong>et</strong> surtout <strong>de</strong>l’impact énorme (dans <strong>un</strong> certain mon<strong>de</strong>… nous ne sommes ni le Grand Palais ni le Louvre)<strong>de</strong> nos expositions <strong>et</strong> <strong>de</strong> nos publications.• Jean-François JacquesAutour <strong>de</strong> la table, y a-t-il d’autres établissements qui ont choisi <strong>un</strong>e politique <strong>de</strong> mise envaleur par la publication ?• Irène PaillardOui, la BDIC : elle organise chaque année <strong>un</strong>e exposition à partir <strong>de</strong> ses fonds, <strong>et</strong> c’estl’occasion d’éditer <strong>un</strong> catalogue. D’autre part, il y a eu <strong>de</strong>s publications autour <strong>de</strong>s fondsd’archives les plus importants : par exemple, le traitement <strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> la LDH a donnélieu à <strong>un</strong>e publication. Jean-Philippe Legois <strong>et</strong> Robi Mor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l’association GERME le saventbien, eux qui publient régulièrement <strong>de</strong>s articles autour <strong>de</strong>s archives étudiantes <strong>de</strong> la BDIC.• Christian HottinAu Centre <strong>de</strong>s archives du mon<strong>de</strong> du travail il y a eu, fin 2002, <strong>un</strong>e publication importante 1sur <strong>un</strong>e série <strong>de</strong> documents qui pourraient paraître éminemment <strong>éphémères</strong>, puisqu’ils’agissait <strong>de</strong> carn<strong>et</strong>s <strong>de</strong> croquis <strong>de</strong> l’architecte Roland Simo<strong>un</strong><strong>et</strong> : <strong>éphémères</strong> sans doute parleur fragilité, par leur p<strong>et</strong>it format, mais en même temps extrêmement importants pourRoland Simo<strong>un</strong><strong>et</strong>, puisqu’il avait <strong>un</strong>e forme <strong>de</strong> fétichisme pour <strong>un</strong> certain modèle <strong>de</strong> carn<strong>et</strong>(il a utilisé le même pendant près <strong>de</strong> trente ans) ; il avait lui-même constitué en quelquesorte ses carn<strong>et</strong>s en série autonome à l’intérieur <strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> son agence. Ce sont <strong>de</strong>sdocuments qui ne sont entrés qu’avec beaucoup <strong>de</strong> réticence <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> sa légataire<strong>un</strong>iverselle, car il y avait <strong>de</strong> multiples possibilités d’acci<strong>de</strong>nts pour ces documents lors <strong>de</strong> laconsultation (étant donné le caractère fragile <strong>de</strong>s carn<strong>et</strong>s à spirales) ; l’autre difficulté étantliée au fait que ces carn<strong>et</strong>s <strong>de</strong> croquis <strong>de</strong> Roland Simo<strong>un</strong><strong>et</strong>, qui étaient à usage strictementpersonnel, présentent sur 10 000 documents très peu d’images légendées, mêmesommairement. L’idée donc fut <strong>de</strong> réaliser <strong>un</strong> DVD-Rom <strong>de</strong> ces carn<strong>et</strong>s, dans lequel chaqueimage, chaque <strong>de</strong>ssin ou chaque texte (car il y a <strong>de</strong>s brouillons <strong>de</strong> l<strong>et</strong>tres ou <strong>de</strong> discours)serait d’abord i<strong>de</strong>ntifié, légendé <strong>et</strong> in<strong>de</strong>xé selon <strong>un</strong> certain nombre <strong>de</strong> paramètres. Lesimages ont été numérisées <strong>de</strong> leur côté, <strong>et</strong> ensuite on a relié les <strong>de</strong>ux pour offrir <strong>un</strong>epossibilité d’interrogation multicritères, en fonction aussi bien du lieu géographique que <strong>de</strong>la fourch<strong>et</strong>te chronologique, ou encore du type d’élément architectural recherché. A priori,maintenant, la consultation <strong>de</strong>s originaux n’est plus possible, sauf s’il y a litige ou doute surl’authenticité ou sur l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> tel ou tel proj<strong>et</strong>. Ce DVD-Rom a donc été donc <strong>un</strong>important proj<strong>et</strong>, mené largement par Georges Mouradian <strong>et</strong> son équipe (Alice Thomine,Au<strong>de</strong> Roëlly <strong>et</strong> Virginie Thiéry) à partir <strong>de</strong> fin 1999, <strong>et</strong> qui a <strong>de</strong>mandé plusieurs années d<strong>et</strong>ravail.1 Roland Simo<strong>un</strong><strong>et</strong> : carn<strong>et</strong>s <strong>de</strong> croquis, DVD-ROM, Roubaix, Archives nationales – Centre <strong>de</strong>s archives du mon<strong>de</strong> du travail,2002.