Pauline Duc (191102011) Thérèse Dreyer - AUXILIAIRES DU ...
Pauline Duc (191102011) Thérèse Dreyer - AUXILIAIRES DU ...
Pauline Duc (191102011) Thérèse Dreyer - AUXILIAIRES DU ...
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
À L’ÉCOUTE DE SAINT IGNACE<br />
qui habite notre engagement qui<br />
compte, une dynamique qui part du<br />
bas, là où les choses commencent et se<br />
fondent, avec les petits et les pauvres,<br />
un grand désir qui ne peut être effectif<br />
que si nous le laissons être celui de<br />
Dieu même, de son Royaume ou de sa<br />
gloire. Alors, la place des uns et des<br />
autres dans le champ social est évaluée<br />
de manière juste. Le regard ignatien<br />
paraît plus pertinent, en fait, que<br />
la position un peu théorique du « think<br />
global, act local », pour la bonne raison<br />
qu’il prend en compte avant tout<br />
le jeu des relations entre les personnes,<br />
auxquelles une grande attention est<br />
portée par Ignace, chacune à sa place,<br />
en bas ou en haut. Les « moyens »<br />
d’agir mettent toujours en œuvre des<br />
relations, avec ceux du haut comme<br />
Le haut et le bas<br />
En évoquant un « sentir », une intelligence<br />
et un cœur ouverts, nous nous<br />
approchons un peu du style ignatien,<br />
qui nous rend attentifs à un « sentir »<br />
du dessein de Dieu qui peut être discerné<br />
au lieu même où nous sommes<br />
appelés à agir, de ce que l’Évangile<br />
appelle le Royaume.<br />
Pour saint Ignace, la tension que nous<br />
avons vue entre « global » et « local »<br />
est plutôt située entre le haut et le bas.<br />
Le regard d’Ignace se porte davantage<br />
et très généralement vers le bas<br />
de la société, vers les petits (vers le<br />
« local »), parce que c’est du bas que<br />
partent les choses, du bas que part le<br />
mouvement qui pourra porter vers de<br />
grandes choses. Par exemple, ce sont<br />
les jeunes, « en bas », qui sont au point<br />
de départ des transformations des<br />
« printemps arabes ». Le souci premier<br />
d’Ignace est de permettre une capacité<br />
d’action « en bas », « localement »,<br />
de trouver les moyens d’en dégager<br />
les possibilités : c’est un travail de libération,<br />
comme ceux des femmes en<br />
Amérique latine ou en d’autres mouvements<br />
analogues. Mais, s’il y a un<br />
bas, Ignace sait très bien qu’il y a un<br />
« haut », en toute réalité sociale : il y<br />
a ceux et celles qui se trouvent aux<br />
commandes, en position de pouvoir.<br />
Parce que ceux qui sont « en haut »<br />
(au niveau « global ») pourraient (!)<br />
servir de manière efficace les capacités<br />
du « bas », il n’y a pas de service<br />
solide du « bas » sans un travail avec<br />
le « haut ». C’est en fait la dynamique<br />
Penser globalement,<br />
agir localement<br />
La route est longue. Le terrain est vaste,<br />
à la dimension du monde ! Et nos engagements<br />
sont bien petits ! Jean-Marie<br />
Carrière, sj, responsable de JRS France *,<br />
donne un éclairage puisé dans le patrimoine<br />
laissé par Ignace de Loyola.<br />
DR<br />
Saint Ignace de Loyola peint par Rubens.<br />
�������������������������<br />
�����������������������<br />
���������������������������<br />
avec ceux du bas. Et parce qu’ils sont<br />
des moyens, ils peuvent aussi être une<br />
grâce - mot fort cher à Ignace. On<br />
comprend alors l’importance accordée<br />
à la « gratitude » qui, en toutes relations<br />
que nous engageons, en haut ou<br />
en bas, au global comme au local, soutient<br />
le mouvement et la dynamique de<br />
celles-ci et constitue la vraie garantie<br />
des « grandes choses ».<br />
temps de partage et de réflexion. S’il<br />
est difficile de maîtriser l’information,<br />
et d’en débattre pour éclairer un engagement<br />
local, c’est cependant nécessaire.<br />
Nous savons d’expérience que<br />
le service rendu à des personnes, ici<br />
et dans le lieu qui est le nôtre, gagne<br />
beaucoup en qualité lorsque nous habituons<br />
notre regard à se porter audelà<br />
du souci quotidien et du problème<br />
– souvent lourd et prenant – de cette<br />
situation-là. En fait, n’avons-nous pas<br />
besoin, pour agir localement, d’un<br />
« sentir » plus large, d’une intelligence<br />
ouverte qui permet de situer les choses<br />
à leur juste place ? Penser globalement,<br />
agir localement, c’est une « tension »<br />
que nous avons à vivre.<br />
Penser globalement, agir localement.<br />
Le mot d’ordre<br />
est bien connu, et semble<br />
évident. Par exemple, comment<br />
croire rendre un service<br />
pertinent à des réfugiés sans faire<br />
au moins l’effort de comprendre la situation<br />
des pays d’où ils ont fui, et sans<br />
être conscient des politiques d’asile en<br />
Europe ? Dans le monde « connecté »<br />
dans lequel nous vivons aujourd’hui,<br />
le mot d’ordre semble évident, mais il<br />
n’est peut-être pas si simple que cela à<br />
mettre en pratique.<br />
Essayer de prendre en compte un niveau<br />
« global » implique de savoir maîtriser<br />
une information plus qu’abondante. La<br />
multitude des sources et des réseaux<br />
suppose de faire des choix. Il faut du<br />
temps pour trouver l’information qui<br />
soit réellement utile pour l’action locale.<br />
Et puis, il faut « penser » globalement,<br />
ce qui est plus qu’être informé !<br />
Cela suppose des confrontations, des<br />
JEAN MARIE CARRIÈRE, SJ<br />
* Jesuit Refugee Service, service jésuite des réfugiés.<br />
37<br />
36