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Spinoza : vie, immortalité, éternité - de Charles Ramond

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<strong>Spinoza</strong> : <strong>vie</strong>, immortalité, éternitéextérieure, elle n’est rien pour une pensée adéquate, elle ne peut être notresouci, elle reste purement acci<strong>de</strong>ntelle et ne concerne donc en rien notreessence », on répondra alors : « sans doute, cette mort, absolumentparlant, est extérieure à votre <strong>vie</strong>, et n’a même aucun rapport avec elle. Iln’en reste pas moins que vous ne sauriez manquer <strong>de</strong> la rencontrer,puisque vous rencontrerez toujours une chose singulière plus puissante quevous-même, qui vous « détruira », c’est-à-dire, pour parler clairement,causera votre mort. Donc en réalité », poursuivra-t-on, « cette mort et cettefinitu<strong>de</strong> vous concernent bel et bien au premier chef : que vous choisissiez<strong>de</strong> considérer cela comme « extérieur » ou « acci<strong>de</strong>ntel » et non pascomme « possibilité la plus propre » ou la plus intime ne change rien àl’affaire : car, statistiquement, vous y <strong>vie</strong>ndrez ». À l’issue d’un tel dialogue,on se sera donc donné les moyens <strong>de</strong> remettre chez <strong>Spinoza</strong>l’apparemment acci<strong>de</strong>ntel (la mort) en position <strong>de</strong> quasi essence. On pourraalors développer une lecture <strong>de</strong> <strong>Spinoza</strong> allant jusqu’à valoriser la mortalitéelle-même, puisque se penser adéquatement sera se connaître comme finic’est-à-dire mortel. Inversement, comme l’écrit Jean-Marie Vaysse, « la peur<strong>de</strong> la mort » se révèlera « au principe du délire finaliste et <strong>de</strong> l’illusionanthropocentrique », puisque « elle est le refus <strong>de</strong> se savoir mortel, savoirqui est celui <strong>de</strong> la science intuitive portée par une acceptation <strong>de</strong> lafinitu<strong>de</strong> » (p. 137). On notera la radicalité du propos, encore soulignée,quelques lignes plus loin, lorsque nous lisons que « le De libertate nes’achève sur l’éternité et la béatitu<strong>de</strong> que pour mieux penser la mort ».« Pour <strong>Spinoza</strong> comme pour Hei<strong>de</strong>gger », il s’agirait donc, je cite encore ettoujours, « <strong>de</strong> penser la positivité <strong>de</strong> la finitu<strong>de</strong> essentielle » (p. 139), et,comme le fait d’être mortel est évi<strong>de</strong>mment l’élément central <strong>de</strong> cettefinitu<strong>de</strong>, on ne s’étonnera pas <strong>de</strong> voir tracé un chemin direct <strong>de</strong> notrecondition <strong>de</strong> mortels à notre éternité : « C’est alors », conclut en effetVaysse en nouant les <strong>de</strong>ux concepts fondamentaux <strong>de</strong> son ouvrage, « c’estalors », donc, « que ‘nous sentons et expérimentons que nous sommeséternels’ car, nous sachant dans l’élément <strong>de</strong> notre finitu<strong>de</strong> essentielle,10/23

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