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Spinoza : vie, immortalité, éternité - de Charles Ramond

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<strong>Spinoza</strong> : <strong>vie</strong>, immortalité, éternitémoins selon qu’elles seront plus ou moins puissantes. De ce point <strong>de</strong> vue,on pourrait argumenter en faveur <strong>de</strong> la démocratie, du point <strong>de</strong> vuespinoziste, non pas pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> supériorité morales ou <strong>de</strong> valeurs,mais tout simplement parce que <strong>Spinoza</strong> caractérise rigoureusement lesrégimes démocratiques comme <strong>de</strong>s « machines à fabriquer <strong>de</strong> la paix parl’estimation quantifiée <strong>de</strong>s suffrages » 13 , si bien que le Traité Politique necaractériserait selon moi la démocratie comme « régime absolu », c’est-àdireau fond comme un régime qu’on ne pourra plus dépasser une fois qu’ilse sera universellement installé, régime, donc, <strong>de</strong>stiné à durer indéfiniment,ou, si vous voulez, régime « immortel », que parce qu’un tel régimeinstaure, par la loi du compte, le règlement permanent et constant <strong>de</strong>sconflits qui pourraient l’affaiblir <strong>de</strong> l’intérieur. La démocratie me semble donc<strong>de</strong>voir être conçue, d’un point <strong>de</strong> vue spinoziste, à la fois comme le régimele plus enviable en ce que c’est celui où règne le plus la paix, maiségalement, et <strong>de</strong> ce fait même, comme le régime le plus durable et le pluspuissant, plus durable et plus puissant même que les régimes les plus<strong>de</strong>spotiques.Une fois posée cette valorisation ontologique <strong>de</strong> la durée commepersévérance ou prolongation indéfinie <strong>de</strong> toute chose singulière, on estmieux en mesure d’apprécier, je crois, ce qui fait la singularité <strong>de</strong> la penséespinozienne <strong>de</strong> la <strong>vie</strong>, et qui, me semble-t-il, peut expliquer dans unecertaine mesure sa postérité, voire sa dimension tout particulièrementcontemporaine.La première question serait <strong>de</strong> savoir si <strong>Spinoza</strong> fait <strong>de</strong> la <strong>vie</strong> unphénomène à part dans l’ordre universel <strong>de</strong> la nature. Comme on sait, laréponse <strong>de</strong> Sylvain Zac, dans son ouvrage <strong>de</strong> 1963 sur l’idée <strong>de</strong> <strong>vie</strong> dans lapensée <strong>de</strong> <strong>Spinoza</strong> 14 , était négative. Pour Zac, <strong>Spinoza</strong> étend la <strong>vie</strong> àl’univers entier, et toute sa philosophie, <strong>de</strong> part en part sous l’influence <strong>de</strong>13 C’est du moins la définition que je propose dans la conclusion <strong>de</strong> ma« présentation générale » du Traité Politique <strong>de</strong> <strong>Spinoza</strong>, op. cit.14 Sylvain Zac, L’Idée <strong>de</strong> <strong>vie</strong> dans la philosophie <strong>de</strong> <strong>Spinoza</strong>. Paris : PUF, 1963.282 p.17/23

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