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Spinoza : vie, immortalité, éternité - de Charles Ramond

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<strong>Spinoza</strong> : <strong>vie</strong>, immortalité, éternités’appuie parfois sur les analyses <strong>de</strong> Moreau, et que le même mouvement<strong>de</strong> mise à l’écart <strong>de</strong> l’immortalité vulgaire s’observe chez les <strong>de</strong>ux auteursau profit du couple « finitu<strong>de</strong> / éternité ».Dans ce couple « finitu<strong>de</strong> / éternité », d’ailleurs, et à bien y regar<strong>de</strong>r,la balance ne peut jamais manquer <strong>de</strong> pencher du côté <strong>de</strong> la finitu<strong>de</strong>. C’estque la raison par laquelle la mort se voit essentialisée dans le spinozismene peut manquer à son tour d’y acci<strong>de</strong>ntaliser l’éternité. Dans tous les cas,en effet, règne la statistique, ou, pour parler <strong>de</strong> manière plus conforme àl’époque <strong>de</strong> notre auteur, le calcul <strong>de</strong>s chances. La mort est sans douteacci<strong>de</strong>ntelle en soi, mais la multiplication <strong>de</strong>s chances <strong>de</strong> mauvaisesrencontres nous permet <strong>de</strong> la considérer comme inévitable, nécessaire,donc essentielle. Et inversement sans doute notre éternité est celle <strong>de</strong> notreessence, sans doute nous en avons le « sentiment », mais comme il estnous est « très difficile » et surtout « rare », pour reprendre les tous <strong>de</strong>rniersmots <strong>de</strong> l’Éthique, d’accé<strong>de</strong>r à la sagesse, à la vertu, à la science intuitive,et donc à notre propre éternité, en réalité cet accomplissement <strong>de</strong><strong>vie</strong>nt,dans les faits, acci<strong>de</strong>ntel. Lorsqu’on lit <strong>Spinoza</strong> en termes <strong>de</strong> « finitu<strong>de</strong> » et« d’éternité », on est ainsi conduit, me semble-t-il, par la loi inexorable ducalcul <strong>de</strong>s chances, à majorer dans la condition humaine la finitu<strong>de</strong>, et à yminorer l’éternité. On aboutit ainsi à une vision finalement assez mo<strong>de</strong>ste(je n’ose dire religieuse) du spinozisme, dans laquelle l’essentiel <strong>de</strong> lacondition humaine est d’être fini et mortel, tandis que notre éternité<strong>de</strong>meure l’issue éventuelle et incertaine d’une rencontre ayant fort peu <strong>de</strong>chances <strong>de</strong> se produire.Pour ma part, et quelles que soient les immenses qualités <strong>de</strong> tellesinterprétations, je dois dire que, intuitivement, je n’y reconnais plus vraimentmon <strong>Spinoza</strong>, et, surtout, que trop d’aspects originaux <strong>de</strong> sa doctrine <strong>de</strong> la<strong>vie</strong> m’y semblent <strong>de</strong>voir être laissés <strong>de</strong> côté.D’une part, d’abord, il me semble nécessaire d’insister sur lavalorisation constante, dans le spinozisme, <strong>de</strong> la durée. Ce point a déjà été12/23

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