Production Maintenance n°59
Maintenance conditionnelle : intervenir au plus près, au bon moment
Maintenance conditionnelle : intervenir au plus près, au bon moment
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DOSSIER 14<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE :<br />
intervenir au plus près, au bon moment<br />
Actualités<br />
Un laboratoire de<br />
maintenance connectée<br />
dans le ferroviaire<br />
6 44 54 70<br />
<strong>Maintenance</strong> en<br />
production<br />
Enquête sur le rôle<br />
des start-up dans la<br />
maintenance de demain<br />
N° 59 | Octobre-novembre-décembre 2017 | Trimestriel | 20€<br />
<strong>Maintenance</strong><br />
mécanique<br />
Les économies d’énergie au<br />
cœur des préoccupations de<br />
la maintenance<br />
Prévention des<br />
risques<br />
Lutter contre les risques<br />
électriques et les<br />
projections chimiques
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ÉDITORIAL<br />
Pas de ré-industrialisation<br />
de la France sans maintenance<br />
Olivier Guillon<br />
Rédacteur en chef<br />
Après le succès qu’engendre la French Tech, Bercy a décidé de lancer le 2<br />
octobre dernier, une nouvelle marque baptisée French Lab. Parfaitement<br />
inscrite dans la lignée de sa « cousine » numérique, celle-ci se définit<br />
comme un label identifiable à un origami en forme de coq bleu, dont le rôle est<br />
de fédérer l’ensemble des industriels français et de mettre en commun leurs<br />
compétences afin de « chasser en meute » à l’international.<br />
À l’heure où les grandes manœuvres et les mariages de raison deviennent<br />
monnaie courante sur le Vieux Continent pour contrer les géants qui se sont<br />
rapidement formés en Chine et en Inde, il paraît malgré tout nécessaire que<br />
l’Hexagone redore son blason à<br />
l’international afin de profiter elle<br />
« Réindustrialiser le pays ne servira à rien si en<br />
face on ne trouve plus personne pour entretenir<br />
et réparer l’outil de production. »<br />
aussi de la reprise économique.<br />
L’idée du label French Lab n’est<br />
certes pas nouvelle (combien de<br />
fois a-t-on, en France, poussé les<br />
industriels et la recherche à se<br />
fédérer, à commencer par les pôles de compétitivité créés en 2005), mais elle a<br />
le mérite de donner un nouveau souffle.<br />
On regrettera toutefois que dans le discours prononcé par le locataire de Bercy<br />
n’apparaisse qu’une seule fois le mot « maintenance ». Et le terme n’est évoqué<br />
que lorsque Bruno Lemaire aborde le problème du recrutement et la pénurie<br />
d’emplois dans l’industrie. Mis à part les 15 milliards que le gouvernement<br />
devrait consacrer à la formation professionnelle, le ministre n’a pas de réponse<br />
pour enrayer le phénomène et créer, avec le ministère de l’Éducation nationale<br />
par exemple, des établissements dotés de vrais moyens (à commencer par des<br />
machines) pour former les compétences nécessaires. Réindustrialiser le pays ne<br />
servira à rien si en face on ne trouve plus personne pour entretenir et réparer<br />
l’outil de production.<br />
Olivier Guillon<br />
/@productionmaint<br />
ÉDITEUR<br />
MRJ Informatique<br />
22 Boulevard Gambetta<br />
92130 Issy-les-Moulineaux<br />
Tel : 01 84 19 38 10<br />
Fax : 01 34 29 61 02<br />
www.production-maintenance.com<br />
/<strong>Production</strong><strong>Maintenance</strong><br />
/@productionmaint<br />
Direction :<br />
Michaël Lévy<br />
Directeur de publication :<br />
Jérémie Roboh<br />
Rédacteur en chef :<br />
Olivier Guillon<br />
COMMERCIALISATION<br />
Publicité :<br />
Sonia Cheniti<br />
s.cheniti@mrj-corp.fr<br />
Diffusion et Abonnements :<br />
vad.mrj-presse.fr<br />
Prix au numéro :<br />
25 €<br />
Abonnement 1 an :<br />
85 € / 4 numéros<br />
Étranger :<br />
100 €<br />
Règlement par chèque<br />
bancaire à l’ordre de MRJ<br />
RÉALISATION<br />
Conception graphique :<br />
Eden Studio<br />
Maquette, Impression :<br />
Pauker Holding Kft.<br />
Baross utca 11-15.<br />
H -1047 Budapest - Hongrie<br />
N°ISSN :<br />
1632 - 4153<br />
Commission paritaire :<br />
0 414 T 83 214<br />
Dépôt légal : à parution<br />
Périodicité : Trimestrielle<br />
Numéro : 59<br />
Date : Octobre-novembredécembre<br />
2017<br />
RÉDACTION<br />
Comité de rédaction :<br />
Nello Comelli (Afim) Olivier Guillon<br />
Karim Kalfane (Afim) Michel Martin<br />
(Afim) Claude Pichot (Afim)<br />
Ont collaboré à ce numéro<br />
Éric Bantegnie (Ansys), Quentin<br />
Cellier (dB Vib Instrumentation),<br />
Rémy Lepron (3M), Yoann<br />
Maurin (groupe Acoem), Daniel<br />
Mazières (UESystems Europe),<br />
Allan Rienstra (SDT Ultrasound<br />
Solutions), Sudhir Sharma (Ansys),<br />
Bruno Turlan (Boge)<br />
Membre du réseau REPM-EMPN<br />
CRÉDITS<br />
Photo de couverture :<br />
© imantsu - Riga, Latvia<br />
Photo :<br />
iStocks<br />
Toute reproduction, totale ou<br />
partielle, est soumise à l’accord<br />
préalable de la société MRJ.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I1
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SOMMAIRE<br />
DOSSIER<br />
SPÉCIAL MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
14<br />
14 Mieux utiliser les ultrasons pour améliorer la maintenance<br />
conditionnelle<br />
20 Services de maintenance conditionnelle : SKF prend les devants<br />
24 Les rectifieuses de l’usine Schaeffler d’Haguenau sous haute surveillance<br />
26 L’apport logiciel à la maintenance conditionnelle et prévisionnelle<br />
28 <strong>Maintenance</strong> prévisionnelle et fiabilité à l’ère de l’industrie 4.0<br />
30 <strong>Maintenance</strong> prévisionnelle des installations haute tension : la chasse aux<br />
décharges partielles<br />
34 Intégrer l’analyse vibratoire dans une stratégie de maintenance conditionnelle 4.0<br />
38 Pourquoi 60% des roulements meurent-ils prématurément ?<br />
Actualités<br />
6 Midest, Smart-Industries,<br />
Industrie et Tolexpo se fédèrent<br />
pour former Global Industrie<br />
6 Création en Vendée d’une<br />
plateforme de formation au risque<br />
amiante<br />
6 3M finalise l’acquisition de Scott<br />
Safety<br />
6 Olivier Leroux, nouveau de<br />
directeur du Cetim-Certec<br />
6 Le Cimi signe un partenariat avec<br />
Stäubli Robotics<br />
8 Bombardier Transport et ses<br />
partenaires inaugurent Surferlab,<br />
un laboratoire de maintenance<br />
connectée<br />
8 Un plateau tournant pour faciliter<br />
la surveillance d’installations<br />
8 Suez lance un centre de pilotage<br />
intelligent de gestion et de<br />
valorisation des déchets<br />
8 Reprise de l’entreprise TSI<br />
<strong>Production</strong> et de nouvelles<br />
ambitions<br />
10 Sepem Rouen se renforce dans<br />
l’usine 4.0 et lance des cycles de<br />
conférences techniques<br />
<strong>Maintenance</strong> en<br />
production<br />
44 Enquête : La maintenance à<br />
l’heure de l’industrie 4.0 - le rôle<br />
clef des start-up<br />
49 Des start-up au cœur des<br />
économies d’énergie<br />
52 Un jumeau numérique pour<br />
optimiser la maintenance<br />
<strong>Maintenance</strong><br />
mécanique<br />
SPÉCIAL ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
54 Mettre le responsable<br />
<strong>Maintenance</strong> au cœur de la<br />
question énergétique<br />
60 Jet Moteurs fait du développement<br />
durable un atout stratégique<br />
62 Les moteurs WEG améliorent<br />
l’efficacité des compresseurs de<br />
gaz dans la pharmaceutique et<br />
l’agroalimentaire<br />
66 Réduire les coûts dans l’air<br />
comprimé<br />
Prévention des<br />
risques<br />
70 Électricité et intervention de<br />
maintenance : la priorité à l’analyse<br />
des risques<br />
72 Quelques règles à connaître<br />
pour lutter contre les risques de<br />
projection<br />
74 L’innovation comme rempart<br />
contre les produits dangereux<br />
Outils<br />
79 Agenda<br />
80 Index<br />
80 Liste des entreprises citées et<br />
des annonceurs<br />
PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I3
©SKF<br />
© Olivier Guillon<br />
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE EN PRODUCTION<br />
Dossier : quels outils pour la<br />
maintenance conditionnelle<br />
p.14 à 43<br />
Intervenir au plus près, et surtout, au bon moment. Tel est<br />
le leitmotiv de la maintenance conditionnelle. Mais outre les<br />
multiples moyens de « monitorer » l’outil de production, en<br />
particulier les machines tournantes, il convient de respecter<br />
certaines règles mécaniques afin de ne pas surveiller<br />
n’importe quoi, autrement dit des équipements en bonne<br />
santé, pendant que d’autres sont en train de fortement se<br />
dégrader.<br />
Enquête sur ces start-up qui<br />
font de la maintenance p.44 à 53<br />
À l’heure où la French Tech connaît ses heures de gloire et où<br />
les start-up donnent l’impression d’être le salut de l’industrie,<br />
qu’en est-il de leur rôle pour la maintenance à proprement<br />
parlé ? Car au-delà des outils numériques et les solutions<br />
toujours plus simples et conviviales pour générer de la<br />
donnée sur les équipements de production, il est essentiel de<br />
maintenir un savoir-faire avant tout humain.<br />
© Endel-Engie<br />
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
Spécial Économies d’énergies<br />
p.54 à 69<br />
Plus que jamais au centre de toutes les attentions, l’efficacité<br />
énergétique se révèle être aussi un élément au cœur de la<br />
stratégie d’entreprise, en particulier dans l’industrie. Mais<br />
comme en témoignent les différents intervenants de ce<br />
dossier, réduire la consommation d’énergie n’est pas chose<br />
simple et mener une telle démarche nécessite d’impliquer le<br />
personnel de maintenance.<br />
© Uvex<br />
PRÉVENTION DES RISQUES<br />
Lutter contre les projections<br />
chimiques et les risques<br />
électriques p.70 à 78<br />
La prévention contre les risques électriques et les projections<br />
chimiques sont certes deux domaines de sécurité différents,<br />
mais ils ont toutefois pour point commun d’être souvent<br />
invisibles et sans pitié pour l’opérateur ou le technicien de<br />
maintenance. S’en prémunir, c’est avant tout se former puis<br />
se protéger avec des équipements de protection individuelle<br />
toujours plus performants et adaptés.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I5
ACTUALITÉS<br />
EN BREF<br />
3M finalise l’acquisition de<br />
Scott Safety<br />
3M a annoncé avoir finalisé l’acquisition<br />
de Scott Safety auprès de<br />
Johnson Controls pour une valeur<br />
totale de 2 Md$. Scott Safety est un<br />
fabricant de premier plan d’équipements<br />
de protection tels que des<br />
appareils de protection respiratoire<br />
autonomes, des dispositifs de détection<br />
de gaz et de lutte contre l’incendie.<br />
Cette gamme de solutions<br />
innovantes vient ainsi compléter le<br />
portefeuille de 3M dans le secteur<br />
de la protection individuelle.<br />
Olivier Leroux, nouveau de<br />
directeur du Cetim-Certec<br />
Le Centre de ressources technologiques<br />
en mécanique et matériaux,<br />
associé au Cetim, a nommé le<br />
1 er octobre dernier Olivier Leroux<br />
comme directeur. Cet ingénieur<br />
Arts et Métiers et diplômé de l’IAE<br />
est entré au Cetim en 2006. Olivier<br />
Leroux s’attachera notamment à<br />
poursuivre l’accompagnement des<br />
entreprises vers l’industrie du futur<br />
et plus particulièrement dans les<br />
domaines des conceptions innovantes<br />
et fiabilisées, de la fabrication<br />
additive métallique, ou encore<br />
de l’amélioration continue.<br />
Le Cimi signe un partenariat<br />
avec Stäubli Robotics<br />
Le centre de formation continue<br />
dédié aux métiers de la production<br />
et de la maintenance industrielle,<br />
et le constructeur français<br />
de robots industriels 4 et 6 axes<br />
viennent de signer une convention<br />
de partenariat dans le domaine<br />
de la formation. Par cet accord,<br />
le Cimi propose à sa clientèle des<br />
formations catalogue du constructeur.<br />
Ces stages – qui se déroulent<br />
à Blois – s’adressent à un public<br />
d’utilisateurs de cellules robotisées<br />
(opérateurs, régleurs, conducteurs<br />
de ligne, techniciens de maintenance)<br />
ou de programmateurs.<br />
ÉVÉNEMENT<br />
Midest, Smart-Industries,<br />
Industrie et Tolexpo se fédèrent<br />
pour former Global Industrie<br />
Les quatre entités – Midest,<br />
Smart-Industries, Industrie et<br />
Tolexpo – se fédèrent désormais<br />
pour donner naissance à Global<br />
Industrie. Organisé à Paris Nord Villepinte<br />
du 27 au 30 mars 2018, cet événement de<br />
dimension internationale entend réunir<br />
toutes les étapes de la chaîne de valeur<br />
industrielle. Organisé par GL Events et<br />
soutenu par des autorités publiques, l’Alliance<br />
pour l’industrie du futur (AIF) et<br />
les organisations socio-professionnelles,<br />
Global Industrie rassemblera dans une<br />
même unité de temps et de lieu tout l’écosystème<br />
industriel : start-up, offreurs<br />
de produits/solutions, équipementiers,<br />
sous-traitants, donneurs d’ordres, grands<br />
groupes, régions.<br />
L’événement rassemblera ainsi fin mars<br />
toute la chaîne de valeur : recherche &<br />
innovation, conception, production,<br />
services, formation, et l’ensemble des<br />
PRÉVENTION<br />
Apave, référent de la maîtrise des<br />
risques techniques, humains et<br />
environnementaux et spécialiste<br />
des formations santé et<br />
sécurité au travail, a annoncé la création<br />
à la Roche-sur-Yon d’une plateforme<br />
unique de formation aux risques<br />
amiante. Conforme aux exigences de la<br />
Direccte, ce plateau technique de 200 m 2<br />
(le seul sur le département de la Vendée)<br />
entend apporter une réponse concrète aux<br />
besoins accrus en prévention et aux enjeux<br />
filières utilisatrices : transports & mobilité,<br />
énergies, agroalimentaire, infrastructures,<br />
biens de consommation, chimie, cosmétologie,<br />
pharmacie, mécanique, défense/<br />
militaire, métallurgie, sidérurgie… Par<br />
ailleurs, un espace dédié à la maintenance<br />
devrait être maintenu (même si celui-ci ne<br />
fera plus l’objet d’un salon à part entière<br />
comme l’était, à l’origine du moins, <strong>Maintenance</strong><br />
Expo).<br />
EN SAVOIR PLUS > industrie-expo.com<br />
Création en Vendée d’une plateforme<br />
de formation au risque amiante<br />
de santé et sécurité au travail. Objectif :<br />
former jusqu’à 200 personnes chaque<br />
année.<br />
Cette plateforme pédagogique reproduit<br />
une multitude de situations professionnelles.<br />
Intérieur de bâtiment, dalles de<br />
sol, flocage, joints de bride, canalisations,<br />
couvertures, etc. : Apave propose une<br />
formation pratique concrète en permettant<br />
aux stagiaires des mises en situation en<br />
conditions réelles dans le cadre de formation<br />
sous-section 4 (interventions d’entretien<br />
ou de maintenance sur des matériaux<br />
susceptibles d’exposer à l’amiante).<br />
EN SAVOIR PLUS > apave-formation.com<br />
6 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
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ACTUALITÉS<br />
EN BREF<br />
Un plateau tournant pour<br />
faciliter la surveillance<br />
d’installations<br />
Igus vient de lancer un plateau<br />
tournant intelligent monté sur<br />
des éléments de glissement en<br />
polymères. Celui-ci vient compléter<br />
la gamme isense dédiée à la<br />
maintenance prévisionnelle. Ces<br />
plateaux tournants en polymères<br />
(PRT) sans graisse et sans entretien<br />
sont utilisés en priorité dans les<br />
installations devant être robustes<br />
pour résister à de fortes charges.<br />
Le système Isense PRT intelligent<br />
mesure l’usure du plateau à l’aide<br />
d’un capteur et prévient l’utilisateur<br />
lorsque le plateau doit être changé.<br />
Suez lance un centre de<br />
pilotage intelligent de<br />
gestion et de valorisation<br />
des déchets<br />
Après Visio, les centres de pilotage<br />
du service de l’eau, Suez lance<br />
Valovisio, les centres de pilotage<br />
intelligents pour la gestion et la valorisation<br />
des déchets. Le premier<br />
centre Valovisio a été inauguré<br />
aujourd’hui à Caluire-et-Cuire, près<br />
de Lyon. Le lancement de Valovisio<br />
s’inscrit dans une volonté affirmée<br />
de Suez de se positionner comme<br />
le leader des services smart dans<br />
le secteur du recyclage et de la<br />
valorisation des déchets.<br />
Reprise de l’entreprise TSI<br />
<strong>Production</strong> et de nouvelles<br />
ambitions<br />
Fondé à Montceau-les-Mines en mai<br />
1988 et spécialisé dans la maintenance<br />
industrielle, des travaux neufs<br />
et du parachèvement, TSI <strong>Production</strong><br />
va être repris par David Guerchon<br />
et Thierry Coquio. Les deux associés<br />
ont pour objectif « d’élargir le<br />
périmètre d’action de l’entreprise au<br />
niveau national et de ositionner la<br />
société comme un prestataire global<br />
en maintenance industrielle ».<br />
FERROVIAIRE<br />
Bombardier Transport et ses<br />
partenaires inaugurent Surferlab, un<br />
laboratoire de maintenance connectée<br />
Bombardier Transport, Prosyst<br />
et l’université de Valenciennes<br />
et du Hainaut-Cambrésis<br />
ont inauguré inauguré<br />
le mercredi 25 octobre leur laboratoire<br />
commun Surferlab, un projet soutenu<br />
et labellisé par le pôle de compétitivité<br />
i-Trans. Officiellement lancé en<br />
présence de Xavier Bertrand, président<br />
de la région Hauts-de-France, ce laboratoire<br />
est dédié à la recherche de solutions<br />
industrielles innovantes dans le<br />
domaine des technologies numériques<br />
embarquées. Son objectif est de rendre<br />
le transport plus sûr et plus intelligent<br />
en mettant en oeuvre des solutions de<br />
maintenance prévisionnelle et d’intelligence<br />
artificielle.<br />
Hébergé par le laboratoire Lamih<br />
(UMR CNRS 8201), Surferlab est<br />
doté d’un budget de 2,1M€, en partie<br />
financé par le conseil régional Hautsde-France,<br />
et constitué d’une équipe de<br />
seize permanents (trois collaborateurs<br />
Prosyst, quatre de Bombardier, neuf<br />
enseignants-chercheurs de l’université<br />
de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis),<br />
ainsi que deux ingénieurs<br />
d’étude et deux post-doc.<br />
TROIS THÉMATIQUES DE<br />
RECHERCHE ORIENTÉES SUR LE<br />
VÉHICULE AUGMENTÉ<br />
Les thématiques de recherche<br />
de Surferlab sont orientées autour<br />
de trois axes prioritaires : la maintenance<br />
connectée et prévisionnelle,<br />
l’apprentissage<br />
et modèle en<br />
intelligence<br />
artificielle,<br />
et la conception<br />
et l’optimisation<br />
du<br />
cycle de vie du<br />
produit dans<br />
un contexte<br />
de développement<br />
durable.<br />
À court terme,<br />
l e s t r a v a u x<br />
de recherche<br />
de Surferlab se concentreront sur «<br />
le véhicule augmenté » pour rendre<br />
les systèmes de transport connectés,<br />
coopératifs et autonomes. Ils<br />
deviennent ainsi des acteurs intelligents<br />
capables d’anticiper des<br />
problèmes techniques (portes, climatisation,<br />
pression…), de les signaler et<br />
même de coopérer avec les opérateurs<br />
en leur parlant directement ! Surferlab<br />
est l’aboutissement d’une précédente<br />
collaboration s’appuyant sur le<br />
fonds unique interministériel (FUI)<br />
initiée par ses trois membres fondateurs<br />
: Surfer (Surveillance ferroviaire<br />
active) - un système de diagnostic et de<br />
détection des pannes embarqué dont la<br />
vocation est de développer une maintenance<br />
prévisionnelle des portes d’un<br />
train et ainsi augmenter la disponibilité<br />
du matériel.<br />
8 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
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Les mauvaises pratiques de<br />
graissage sont la cause majeure de<br />
défaillance des roulements.<br />
De nombreux départements de maintenance planifient<br />
inutilement les intervalles de regraissage en se basant<br />
sur une périodicité préétablie. Il en résulte des<br />
roulements avec trop ou trop peu de graisse qui<br />
n’atteignent pas leur durée de vie théorique.<br />
Le LUBExpert vous dit quand<br />
graisser... et en quelle quantité.<br />
La graisse réduit le frottement dans les paliers. Moins<br />
de friction signifie une plus longue vie. Le LUBExpert<br />
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ACTUALITÉS<br />
ÉVÉNEMENT<br />
Sepem Rouen se renforce dans l’usine<br />
4.0 et lance des cycles de conférences<br />
techniques<br />
Pour sa deuxième édition, le salon Sepem<br />
Nord-Ouest qui se déroulera à Rouen<br />
fin janvier marquera un tournant en<br />
accueillant pour la première fois deux<br />
cycles de conférences, l’un portant sur<br />
la maintenance industrielle, l’autre sur<br />
la sécurité et la prévention des risques.<br />
Par ailleurs, Sepem Rouen confirme<br />
son virage vers l’industrie du futur, déjà<br />
pris avec succès à Angers en septembre<br />
dernier.<br />
La deuxième édition du salon Sepem Nord-<br />
Ouest ouvrira ses portes au parc des expositions<br />
de Rouen du 30 janvier au 1er<br />
février 2018. Cet événement s’annonce<br />
déjà très prometteur, et ce à plusieurs titres. Tout<br />
d’abord, en ce qui concerne sa commercialisation,<br />
notons que pas moins de 627 exposants (contre 467<br />
en 2016 !) prendront place sur une surface d’exposition<br />
de 14 000 m 2 , soit 3 000 m 2 de plus qu’il y a<br />
deux ans, lors de la première édition rouennaise.<br />
Cette forte hausse de l’offre exposants – « qui pourtant<br />
était déjà complète en juin 2017, soit sept mois<br />
avant l’ouverture de l’événement », se réjouit Philippe<br />
Dutheil, directeur des Sepem Industries – devrait<br />
permettre sans problème au salon de dépasser les<br />
5 000 visiteurs.<br />
Il faut dire que l’agglomération Rouennaise est<br />
très centrale. Celle-ci se situe au cœur d’un réseau<br />
routier et autoroutier permettant aux industriels<br />
de la zone de chalandise de se rendre sur le<br />
salon en moins de deux heures. À seulement 135<br />
kilomètres de la capitale, les Franciliens se voient<br />
Sepem Rouen va accueillir plus de 620<br />
exposants. Il vise les 5 000 visiteurs<br />
ainsi proposer un salon cœur d’usine accessible de Paris en moins d’une heure<br />
et demi par le train, et ce avec tous les avantages d’un Sepem Industries en<br />
région. Outre les départements normands de Seine-Maritime et du Calvados,<br />
la zone de chalandise s’étend de l’Eure et l’Eure-et-Loir à la Somme en passant<br />
par la Manche, l’Orne et l’Oise sans oublier l’Ile-de-France.<br />
ORIENTATION VERS L’USINE DU FUTUR ET LES ÉVÉNEMENTS AU<br />
CŒUR DU SALON<br />
Outre la création d’un espace dédié aux sous-traitants rassemblant pas moins<br />
de soixante-dix exposants (spécialisés dans la mécanique, les prototypes ou<br />
encore les « moutons à cinq pattes »), cette édition rouennaise se distinguera<br />
également de la précédente de par la volonté des organisateurs de faire évoluer<br />
le Sepem Nord-Ouest vers l’industrie du futur – à l’image du dernier salon<br />
qui s’est déroulé en septembre à Angers. « Afin de répondre aux demandes des<br />
nos visiteurs, nous organiserons un parcours "expert" portant sur le programme<br />
de l’usine du futur, indique le patron du Sepem, qui ajoute que cette tendance<br />
nouvelle vient s’ajouter au concept de l’événement qui, lui, reste inchangé : un<br />
salon cœur d’usine, facilement et rapidement accessible, doté d’une offre technologique<br />
dense répondant à des problématiques très techniques ». Par ailleurs, de<br />
nombreux visiteurs issus de grandes entreprises, d’institutions et de délégations<br />
à l’image de Renault Cléon feront le déplacement afin de découvrir l’offre étendue<br />
composée d’au moins 30% de sociétés régionales.<br />
Mais afin d’aller plus loin et de répondre encore davantage aux questions techniques<br />
de la part des visiteurs, les organisateurs des Sepem Industries ont<br />
décidé pour la première fois d’organiser deux cycles de conférences. L’un porte<br />
sur la maintenance industrielle (voir le programme en encadré), l’autre sur la<br />
santé et la sécurité ; organisées par la Carsat Normandie ainsi que le CNPP,<br />
ces conférences porteront notamment sur le repérage de l’amiante au moment<br />
de la réalisation des travaux, les risques d’explosion, l’analyse de vulnérabilité<br />
ou encore la gestion de crise.<br />
10 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
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ROUEN DANS LA LIGNÉE DE LA<br />
DERNIÈRE ÉDITION DU SEPEM<br />
CENTRE-OUEST<br />
La dernière édition angevine, outre le<br />
succès qu’elle a connu avec une fréquentation<br />
de visiteurs industriels en hausse de<br />
10% (4 975 pour être exact, venus découvrir<br />
l’offre des quelque 500 exposants), s’est<br />
illustrée comme le premier Sepem à avoir<br />
pris un virage résolument tourné vers l’industrie<br />
du futur. « Cette offre, nous allons<br />
la retrouver à Rouen », affirme Philippe<br />
Dutheil.<br />
La tendance ne date pas d’hier dans les<br />
Sepem ; d’une offre complète dans les<br />
métiers de la maintenance et de la production,<br />
le Sepem Industries continue de s’étof-<br />
De plus en plus d’automatisation<br />
et de robotisation sur les Sepem.<br />
Exemple ici, sur un stand à Angers<br />
Programme des premières Conférences<br />
de la <strong>Maintenance</strong> – Sepem Rouen 2018<br />
Animateur : Olivier Guillon<br />
Réalisée en partenariat avec le magazine <strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong><br />
MARDI 30 JANVIER<br />
Matinée :<br />
Transformation Digitale et <strong>Maintenance</strong> Connectée : mener une stratégie<br />
d’asset management en lien avec les technologies d’exploitation des données –<br />
exemple sur place avec un utilisateur<br />
Intervenant : Bruno Barbanson, Strategic <strong>Maintenance</strong> Consultant EMEA chez<br />
Rockwell Automation<br />
Après-midi :<br />
Économies d’énergies : les solutions à mettre en place dans l’usine et leur mise<br />
en œuvre pour réduire sa facture énergétique<br />
Intervenant : Rabah Achemaoui, directeur maintenance d’Endel-Engie<br />
MERCREDI 31 JANVIER<br />
Matinée :<br />
Performance : Comment bâtir une véritable organisation fonctionnelle de la<br />
maintenance ?<br />
Intervenant : Matthieu Jolens, fondateur et dirigeant de la société J.i.c., ancien<br />
leader <strong>Maintenance</strong> pour Danone France<br />
Après-midi :<br />
GMAO : faire du logiciel de GMAO un véritable atout stratégique pour optimiser<br />
les interventions de maintenance<br />
Intervenant : Christophe Boutruche, Méthodes <strong>Maintenance</strong> & Administration<br />
Technique – société Agro Mousquetaires<br />
JEUDI 1 ER FÉVRIER<br />
Matinée :<br />
Santé et sécurité : Comment combiner les risques liés à ses activités de<br />
maintenance dans l’environnement industriel du client ?<br />
Intervenant : Jean-Jacques Robert, directeur QPE & Développement durable au<br />
sein du groupe Engie<br />
Pas moins de dix navettes gratuites effectueront<br />
des départs entre 7h45 et 8h30, et des<br />
retours en fin de journée<br />
fer vers les métiers les plus technologiques<br />
afin de proposer de nombreux exposants<br />
dans des secteurs comme le Lean Management,<br />
les automatismes, la métrologie,<br />
la robotique et plus généralement,<br />
l’industrie 4.0. Mais à Angers, l’arrivée<br />
de nouveaux exposants a confirmé cette<br />
tendance à l’automatisation et à la robotisation<br />
; parmi eux figuraient des grands<br />
noms tels que Bosch, Schunk, Schmersal<br />
ou encore l’un des leaders mondiaux de la<br />
robotique industrielle, Yaskawa, qui était<br />
présent sur deux stands.<br />
Autre exemple de présence forte d’une offre<br />
robotique<br />
La prochaine édition angevine (la<br />
sixième !) se déroulera du 8 au 10 octobre<br />
2019. Au programme : un agrandissement<br />
de la surface d’exposition permettant d’accueillir<br />
une cinquantaine d’exposants<br />
supplémentaires ; de plus, un hall entier<br />
devrait être dédié à la machine-outil et à<br />
la robotique.<br />
Olivier Guillon<br />
12 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
EN PRATIQUE<br />
Mieux utiliser les ultrasons pour<br />
améliorer la de maintenance conditionnelle<br />
Daniel Mazières, responsable Marché Francophone chez UESystems Europe, un spécialiste<br />
mondial des instruments de mesure des ultrasons, revient sur les bonnes pratiques à adopter<br />
dans le domaine de la maintenance conditionnelle à partir de cette technologie.<br />
Les pratiques de maintenance<br />
et de fiabilité ont considérablement<br />
évolué au cours des dix<br />
dernières années. Alors que le<br />
terme maintenance était jadis synonyme<br />
de tâches basiques et « d’entretien<br />
», il est aujourd’hui devenu quasi<br />
systématiquement synonyme de fiabilité.<br />
Le domaine de la fiabilité est actuellement<br />
en phase de transition et de forte<br />
évolution. Les acteurs de la maintenance<br />
sont de plus en plus proactifs<br />
dans le déploiement de leurs stratégies<br />
et de plus en plus réactifs lorsqu’une<br />
défaillance équipement se produit. Les<br />
outils de surveillance d’état disponibles<br />
aujourd’hui sont également plus avancés.<br />
Ils peuvent même dans certains<br />
cas donner des informations quasi-instantanées<br />
permettant à l’utilisateur de<br />
réaliser un diagnostic en temps réel.<br />
Les appareils mobiles tels que tablettes,<br />
smartphones et autres PDA permettent<br />
également d’améliorer et de rendre très<br />
accessibles les applications de maintenance.<br />
Par ailleurs, les systèmes de<br />
surveillance d’état permanents et à<br />
distance ont aussi beaucoup évolué.<br />
La technologie des Ultrasons est un<br />
acteur majeur de cette surveillance<br />
d’état. Autrefois réduite à la seule<br />
application de détection de fuites,<br />
cette technologie est aujourd’hui de<br />
plus en plus utilisée par les professionnels<br />
de la maintenance et de la fiabilité.<br />
La courbe I-P-F ci-dessous reflète<br />
ces pratiques.<br />
La courbe I-P-F montre que la technologie des ultrasons permet une détection très précoce des<br />
défaillances et de l’usure des roulements<br />
Nous devons nous préoccuper de l’intervalle P-F situé après la détection d’une défaillance<br />
mais aussi de l’intervalle I-P avant que celle-ci n’apparaisse. Pour le cas d’un roulement<br />
nouvellement installé, l’intervalle I-P constitue généralement la période pendant laquelle<br />
sont effectuées les opérations d’équilibrage et d’alignement d’arbre. C’est aussi avant l’apparition<br />
d’une défaillance que la technologie ultrasonore joue un premier rôle essentiel par<br />
la mise en place d’une lubrification appropriée et optimisée.<br />
Pour un roulement correctement monté, il est prouvé qu’au moins 60% des défaillances<br />
prématurées de ce dernier sont dues à une lubrification non appropriée. Qu’il s’agisse de<br />
sur-lubrification ou sous-lubrification, une stratégie de graissage non appropriée dégrade<br />
les conditions d’utilisation des roulements et en affecte la durée de vie : usure prématurée<br />
et apparition des premiers modes de défaillances.<br />
Le niveau ultrasonore d’un roulement étant représentatif de son niveau de friction, la technologie<br />
des ultrasons est aussi utilisée pour optimiser la lubrification et éviter les excès<br />
de graisse.<br />
Sur le suivi d’un roulement, une augmentation du niveau ultrasonore en décibels<br />
alerte sur un besoin en lubrification. Il s’agira alors d’écouter le roulement pendant<br />
son graissage : la graisse réduisant son niveau de friction interne, on note également<br />
une diminution du niveau ultrasonore pendant le graissage. Lorsque ce niveau ultrasonore<br />
ne diminue plus, la graisse a fait son effet et l’inspecteur arrête son graissage.<br />
14 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I15
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
La mise en œuvre d’une stratégie de graissage optimisée à<br />
l’aide des ultrasons permettra ainsi de ne graisser que les<br />
roulements qui en ont besoin et avec la quantité de graisse<br />
appropriée. On évite ainsi le surgraissage qui est destructeur<br />
pour les roulements. Dans le cas d’un roulement présentant<br />
déjà un excès de graisse lors de son écoute ultrasonore, l’action<br />
de graissage s’accompagne à l’inverse d’une augmentation<br />
du niveau de bruit. L’inspecteur s’abstiendra alors de<br />
rajouter de la graisse.<br />
PAR OÙ COMMENCER ?<br />
Les deux premières questions que se posent les nouveaux<br />
utilisateurs de la technologie ultrasonore sont : « Comment<br />
définir une valeur de référence ? » et « Comment savoir si ce<br />
que j’écoute est bon ou mauvais ? ». Ce sont des questions très<br />
pertinentes car il n’y a jusque-là généralement pas d’historique<br />
de mesure ultrasonore sur l’équipement testé. Les nouveaux<br />
utilisateurs ne sont par ailleurs pas encore familiers à l’utilisation<br />
de la technologie pour cette application.<br />
Nous allons développer trois méthodes de diagnostic dans cet<br />
article. Pour définir les valeurs de références, nous aborderons<br />
deux méthodes : la méthode comparative et la méthode<br />
de suivi de tendance. Nous examinerons ensuite la méthode<br />
d’analyse des enregistrements ultrasonores permettant de<br />
réaliser un diagnostic complet, précis et qui répondra à la<br />
question : « Est-ce que ce que j’écoute est bon ou mauvais<br />
? ». Lorsqu’un signal ultrasonore enregistré dans l’appareil de<br />
prise de mesure est reproduit dans le logiciel d’analyse spectrale,<br />
nous pourrons alors visualiser et analyser ce signal selon<br />
les deux modes suivants : FFT et Temporel. Certains instruments<br />
à ultrasons ont même la capacité de visualisation de ces<br />
formes d’ondes FFT et Temporelles en embarqué. L’utilisateur<br />
pourra ainsi corréler ce qu’il écoute à ce qu’il voit pendant la<br />
prise de mesure. Cette caractéristique est très intéressante et<br />
très pratique afin d’avoir un premier diagnostic in situ. Un<br />
concept parfois appelé « imagerie ultrasonore ».<br />
LA MÉTHODE COMPARATIVE<br />
Une manière très simple de savoir rapidement si ce que j’écoute<br />
est « bon » ou « mauvais » est d’utiliser l’approche par comparaison.<br />
Grâce à cette méthode, l’inspecteur compare simplement<br />
les niveaux en décibels de roulements identiques, mesurés<br />
au même endroit sur des équipements identiques. À l’aide de<br />
cette méthode, l’inspecteur « entraîne » également son oreille<br />
à la signature sonore des machines tournantes testées. Il est<br />
évident que la signature sonore d’un roulement présentant un<br />
défaut particulier sera différente de celle d’un roulement sans<br />
défaut. La valeur de référence peut alors être définie comme la<br />
moyenne des niveaux ultrasonores en décibels pour les points<br />
comparés. Cette valeur de référence est paramétrable dans le<br />
logiciel de suivi de tendance ultrasonore.<br />
Points de mesures sur six moteurs identiques. Le niveau ultrasonore<br />
en dB ne diffère pas de plus de 3dB d’un moteur à l’autre sauf pour le<br />
moteur B. La mesure du moteur B était supérieure de 12 dB par rapport<br />
aux 5 autres moteurs<br />
LA MÉTHODE DE SUIVI DE TENDANCE<br />
La méthode de suivi de tendance est la méthode préférée pour<br />
établir les références et niveaux d’alarmes associés à chaque roulement.<br />
En utilisant cette méthode, l’inspecteur établit d’abord une<br />
ronde d’inspection vierge et prépare sa base de données dans le<br />
logiciel dédié. La ronde d’inspection désignant tous les équipements<br />
et points de mesures est ensuite chargée dans l’instrument<br />
d’inspection ultrasons. Lors de l’inspection, l’utilisateur n’a qu’à<br />
suivre cette ronde sur l’écran de son instrument. Il va ainsi d’équipement<br />
en équipement, effectue et enregistre les mesures dans<br />
son instrument. Cette opération est très rapide et très simple. Les<br />
données ainsi mesurées et collectées sont ensuite transférées au<br />
logiciel de suivi ultrasons pour donner lieu à un graphe de suivi<br />
de tendance comme dans l’exemple ci-dessous. Les fréquences<br />
de tests sont établies en fonction de la criticité des équipements,<br />
des risques de défaillances et des historiques de données collectées.<br />
Ces fréquences sont en général ajustées et optimisées au fil<br />
des inspections.<br />
Lorsque les références sont prises, les rondes de collectes<br />
peuvent par exemple être effectuées de façon mensuelle voire<br />
tous les deux ou trois mois. Lorsqu’une intervention est effectuée<br />
sur l’équipement, un changement de roulement par exemple, il<br />
est nécessaire de prendre une nouvelle référence. Cette nouvelle<br />
valeur sera ensuite paramétrée comme référence dans le logiciel<br />
de suivi.<br />
16 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
Capture d’écran pour une ronde d’inspection de trois pompes. Le point<br />
DriveA a été développé pour afficher l’historique des six mesures<br />
effectuées. La mesure du 20 mars en gras représente la référence.<br />
Deux niveaux d’alarmes ont été atteints dans l’historique de ce point.<br />
Une alarme basse le 20 mai (point en jaune), une alarme haute le 20<br />
juillet (point en rouge).<br />
Représentation graphique des mesures au point DriveA. La droite verte<br />
correspond au niveau de référence, la droite jaune au niveau d’alarme<br />
basse, la droite rouge au niveau d’alarme haute. Les valeurs mesurées<br />
sur six mois (une mesure par mois) sont représentées par la ligne<br />
bleue. La ligne noire correspond aux mesures de températures qui ont<br />
été effectuées sur ce palier.<br />
PARAMÉTRAGE DES NIVEAUX D’ALARMES<br />
Dès lors que les références ont été établies, soit par la méthode<br />
comparative, soit par la méthode de suivi de tendance, les niveaux<br />
d’alarmes peuvent être définis. Une alarme basse correspond à<br />
un problème de lubrification, une alarme haute à un défaut sur le<br />
roulement testé. Suite à un très grand nombre de données et de<br />
cas étudiés, une moyenne représentative pour placer ces niveaux<br />
d’alarmes est : +8dB / référence pour les alarmes basses, +16dB /<br />
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I17
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
référence pour les alarmes hautes. Ces valeurs doivent être adaptées<br />
au cas par cas selon les vitesses de rotation, charges, types<br />
de roulements et d’équipements.<br />
IMAGERIE ULTRASONORE<br />
Grâce aux progrès réalisés dans la conception des instruments<br />
et logiciels ultrasonores, on peut visualiser les formes d’ondes<br />
des ultrasons détectés. Lorsqu’au cours d’une inspection, un<br />
niveau d’alarme est atteint, certains instruments permettent en<br />
temps réel d’avertir l’inspecteur (alarme in situ) et de visualiser<br />
puis d’enregistrer le signal ultrasonore associé. Cette technique<br />
permettra de corréler la signature sonore du roulement inspecté<br />
à la forme d’onde en vue FFT et Temporelle. Ceci présente un<br />
gros avantage pour la compréhension des phénomènes à l’origine<br />
du défaut.<br />
Il s’agira dans un deuxième temps d’enregistrer ce signal ultrasonore<br />
pour l’analyser sur un logiciel d’analyse spectrale approprié.<br />
Cette méthode permettra d’une part de confirmer l’origine<br />
de la défaillance, d’en effectuer l’analyse par ailleurs. Enfin grâce à<br />
cette technologie toutes ces informations pourront être extraites<br />
des logiciels ultrasonores afin de rédiger des rapports d’inspections<br />
précis et pertinents.<br />
EXEMPLE D’IMAGERIE ULTRASONORE<br />
L’image ci-contre a été prise par un instrument à ultrasons lors de<br />
la collecte de données. Il s’agit d’une mesure ultrasonore sur un<br />
moteur de pompe. On note les paramètres et valeurs des mesures<br />
effectuées sur la photo elle-même. L’installation compte dans ce<br />
cas huit pompes identiques.<br />
Pompe 3 (Spectre Correct)<br />
Pompe 4 (Spectre présentant un Défaut)<br />
Les logiciels d’analyse spectrale d’aujourd’hui comportant des<br />
calculateurs de fréquences ultrasonores, ils permettent d’effectuer<br />
l’analyse des défauts constatés.<br />
Lors de la prise de mesure, les niveaux en décibels et formes<br />
d’ondes ont été enregistrés. Les photos ci-dessous correspondent<br />
aux captures d’écran d’un logiciel d’analyse spectrale<br />
pour deux pompes différentes. Il s’agit des formes d’ondes<br />
ultrasonores en vues FFT. On note très simplement et visuellement<br />
des formes d’ondes différentes qui s’accompagnent<br />
dans le casque de l’utilisateur de deux signatures ultrasonores<br />
différentes.<br />
Pompe 4 : spectre ultrasonore<br />
Présence d’harmoniques à la fréquence de 175,8 Hz<br />
18 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
UNE STRATÉGIE PLUS SIMPLE À METTRE EN ŒUVRE<br />
QU’IL N’Y PARAÎT<br />
La mise en œuvre d’une stratégie de maintenance conditionnelle<br />
à l’aide de la technologie des ultrasons est beaucoup plus<br />
simple qu’il n’y paraît. Grâce à l’évolution technologique des<br />
systèmes de collecte et analyse de données, les équipes de<br />
maintenance et de fiabilité peuvent aujourd’hui très rapidement<br />
et très simplement implémenter une stratégie de maintenance<br />
conditionnelle efficace à l’aide des ultrasons. Un autre bénéfice<br />
de cette technologie est la mise en œuvre de plusieurs applications<br />
avec un seul et même instrument : détection de défaillances<br />
mécaniques (roulements, paliers, moteurs, pompes,<br />
réducteurs...), lubrification intelligente, détection de défaillances<br />
électriques (cellules HT, transfo, lignes...), réduction des<br />
dépenses énergétiques avec la détection de fuites (air comprimé<br />
et gaz, vannes ou encore purgeurs de vapeur). Lors de la mise<br />
en place d’un programme de maintenance à l’aide des ultrasons,<br />
il est préférable de dédier les équipes pour les différentes<br />
applications. Cette démarche facilitera le démarrage des<br />
inspections et permettra un retour sur investissement rapide.<br />
D’un point de vue de la base de données et rondes d’inspections<br />
il est préférable de commencer par une partie de l’usine et non<br />
par l’usine entière. Les équipements les plus critiques devront<br />
être testés en premier. Il est aussi judicieux de créer plusieurs<br />
rondes d’inspections correspondant à des groupes d’équipements<br />
plutôt que de créer une seule ronde pour toute l’installation<br />
industrielle.<br />
Pour la partie machines tournantes, l’efficience de la technologie<br />
permet d’obtenir des résultats rapides avec un minimum<br />
d’analyse. Il serait donc inutile de vouloir analyser les spectres<br />
ultrasonores de chaque roulement inspecté. On réservera cette<br />
démarche aux roulements défaillants dont on souhaite identifier<br />
la cause origine du défaut. Le suivi de tendance des valeurs<br />
en décibels apporte à lui seul une information très pertinente et<br />
précoce sur le niveau de dégradation et d’usure des roulements.<br />
Il serait par ailleurs dommage de ne pas exploiter les informations<br />
contenues dans les suivis de tendance afin d’optimiser la<br />
lubrification. D’autant qu’une lubrification appropriée et optimisée<br />
permettra d’éviter pas mal de défaillances et de réduire<br />
les coûts de maintenance. Ainsi, si un pas en avant doit être fait<br />
pour améliorer ou implémenter une stratégie de maintenance<br />
conditionnelle sur une installation industrielle, la technologie<br />
des ultrasons doit être sérieusement considérée.<br />
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I19
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
TENDANCES<br />
Services de maintenance conditionnelle :<br />
SKF prend les devants<br />
La maintenance<br />
conditionnelle est une<br />
longue histoire chez SKF, au<br />
point que l’entreprise, l’un<br />
des leaders mondiaux des<br />
roulements pour l’industrie,<br />
a développé une série de<br />
solutions et de services<br />
visant à répondre aux besoins<br />
du marché.<br />
Identifiée depuis les années 90 comme<br />
un levier stratégique pour le groupe<br />
suédois, la maintenance conditionnelle<br />
s’est progressivement imposée<br />
chez SKF comme un moyen de mieux<br />
identifier et prévenir les pannes chez les<br />
utilisateurs de roulements. « Nos clients<br />
nous appelaient pour nous alerter qu’un de<br />
leurs roulements faisait un bruit anormal<br />
ou pour nous demander combien de temps<br />
il allait encore tenir, se souvient Christophe<br />
Godel. Nous avons toujours considéré qu’il<br />
était du ressort d’un fabricant comme SKF<br />
de répondre à ce type de questions. » C’est<br />
à partir de ce moment-là que le groupe<br />
s’est orienté vers une démarche visant à<br />
renforcer la maintenance conditionnelle<br />
de ses roulements et la surveillance des<br />
machines, des installations ou des véhicules<br />
dans lesquels ils se trouvent ; « nous<br />
n’avons pas tardé à l’utiliser au profit de<br />
nos clients afin de les aider à mieux planifier<br />
leurs interventions », poursuit le directeur<br />
de la SKF Solution Factory France.<br />
UN CONTEXTE TOUJOURS PLUS<br />
FAVORABLE<br />
Un monde sépare l’aube de l’an 2000 et<br />
aujourd’hui. D’un point de vue technologique,<br />
les solutions mises en œuvre pour<br />
Le groupe suédois a fait du service un axe stratégique<br />
assurer le suivi en condition réelle des<br />
équipements sont aujourd’hui suffisamment<br />
matures pour en tirer d’importants<br />
bénéfices. La connectivité des systèmes,<br />
l’Internet des objets (IoT) et la possibilité<br />
de surveiller à distance des installations<br />
complètes et dans le moindre détail<br />
se révèlent dans le même temps de plus<br />
en plus simples à utiliser. En parallèle<br />
se développe le Big Data, moyen sans<br />
lequel ces millions de données ne pourraient<br />
être exploitées. Enfin, une autre<br />
Joël Baichère (à gauche) et Christophe Godel (à<br />
droite), respectivement responsable de l’ingénierie<br />
commerciale (comprenant notamment le « condition<br />
monitoring » et le « remote monitoring ») et directeur<br />
de la Business Unit Solution Factory France chez SKF<br />
en France.<br />
tendance est venue renforcer la maintenance<br />
conditionnelle : la perte progressive<br />
du savoir-faire en interne ; un phénomène<br />
devenu aujourd’hui une triste réalité mais<br />
qui incite des industriels de plus en plus<br />
nombreux à se recentrer sur leur cœur<br />
d’activité. « Si la maintenance de premier<br />
niveau se ré-internalise, l’expertise s’externalise<br />
de plus en plus car de nombreux industriels<br />
ont perdu, notamment au moment de<br />
la crise, des savoir-faire pointus ».<br />
Les spécialistes ont donc pris la main sur<br />
20 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
le « maintien en condition opérationnelle »<br />
des équipements industriels. Parmi eux<br />
ne se trouvent pas uniquement des prestataires<br />
de maintenance ; les fournisseurs<br />
de technologies eux-mêmes s’impliquent,<br />
voyant par le service une manière de fidéliser<br />
la clientèle. Mais certains fabricants<br />
à l’image de SKF ont voulu aller plus loin.<br />
« Nos clients ne veulent plus d’un équipement<br />
mais toute la connaissance qui lui est<br />
propre, précise Joël Baichère. C’est pourquoi,<br />
nous travaillons avec eux pour identifier<br />
leurs besoins dans le cadre d’un projet<br />
plus global. En somme, nous ne vendons<br />
plus un système pour un système mais<br />
nous le valorisons à travers un programme<br />
adapté, en fonction des besoins, de ses<br />
compétences, de ses impératifs de production,<br />
de la complexité de ses machines et<br />
de l’environnement des équipements. Cela<br />
comprend naturellement le suivi de l’outil<br />
de production afin d’identifier les problèmes<br />
récurrents. On parle désormais de fiabilisation<br />
».<br />
DES SOLUTIONS POUR<br />
S’ADAPTER AUX EXIGENCES DES<br />
INDUSTRIELS<br />
Bien ancienne est l’idée pour SKF d’être<br />
plus qu’un simple fournisseur de roulements<br />
et de se poser comme un partenaire<br />
industriel capable de faire profiter de son<br />
expérience à travers une offre de services<br />
globale. Le groupe suédois a par exemple<br />
lancé SKF Premium, une offre associant<br />
Vers toujours plus de mobilité<br />
En lançant un nouveau capteur portatif,<br />
QuickCollect, SKF réaffirme l’intérêt de<br />
l’utilisation du smartphone dans la collecte<br />
et l’interprétation des données sur l’état<br />
des machines. Le capteur QuickCollect<br />
de SKF surveille les vibrations et la<br />
température et transmet ces données<br />
à un appareil mobile. Les données sont<br />
ensuite renvoyées vers l’application<br />
appelée QuickCollect qui assure ensuite<br />
le diagnostic des machines à des fins<br />
de stockage et d’analyse. Une seconde<br />
application, SKF DataCollect, offre aux<br />
utilisateurs de QuickCollect la possibilité<br />
Pour SKF, la mobilité répond à un vrai besoin chez les industriels<br />
d’étendre les capacités de diagnostic,<br />
de gérer et de surveiller les tâches de<br />
maintenance et les données d’inspection,<br />
avec la possibilité de s’inscrire et de se<br />
connecter au Cloud de SKF pour accéder<br />
aux supports des experts SKF à distance.<br />
« Les technologies sont désormais matures<br />
et, surtout, déjà disponibles et à moindre<br />
coûts, contrairement aux solutions 100%<br />
industrielles que l’on trouvait sur le<br />
marché il y a encore quelques années et<br />
qui nécessitaient des développements<br />
spécifiques et onéreux », précise Joël<br />
Baichère.<br />
la fourniture de roulements et les services<br />
nécessaires ; « notre objectif est de couvrir<br />
l’ensemble de la chaîne, du roulement que<br />
l’on va installer sur la machine aux technologies<br />
de surveillance en passant par un<br />
système de lubrification, les pièces détachées<br />
ainsi que le service réparation et changement<br />
de pièces et de composants au bon<br />
moment », précise Joël Baichère.<br />
Ce programme, qui comprend préalablement<br />
un diagnostic et une analyse des<br />
besoins, fait l’objet d’un mode de facturation<br />
« classique », lissé dans le temps ; ce<br />
qui n’est pas le cas d’une autre offre, baptisée<br />
Rotation For Life ; celle-ci s’appuie sur<br />
des critères d’engagement vis-à-vis du client<br />
(comme des objectifs de hausse de productivité,<br />
de fiabilité des machines, de réduction<br />
des temps de process etc.). En somme,<br />
ce programme sécurise le client dans la<br />
mesure où la rémunération de SKF est<br />
indexée sur la performance selon des engagements<br />
pris à partir d’indicateurs. « Cette<br />
offre s’applique notamment chez des industriels<br />
possédant des systèmes de convoyage<br />
dotés de très nombreux roulements, dévoile<br />
Christophe Godel. Ces énormes équipements<br />
critiques font l’objet d’une surveillance<br />
de tous les instants sur le palier de rouleau<br />
et la lubrification. Dans le cadre de notre<br />
programme Rotation For Life, nous avons<br />
mis en place un plan de surveillance et de<br />
lubrification ; ainsi, on se rémunère sur le<br />
taux de fractionnement de la machine ».<br />
Par ailleurs, ce service est en place chez un<br />
acteur majeur de l’éolien. Cet exploitant<br />
rachète un certain nombre d’équipements<br />
âgés parfois d’une quinzaine d’années et sur<br />
lesquels il faut redoubler de vigilance, en<br />
particulier sur des éléments clefs tels que<br />
le mean bearing, ce roulement qui tient les<br />
pales. « N’oublions pas qu’en cas de panne<br />
sur une éolienne, le simple fait de déplacer<br />
une grue coûte près de 200 000 euros ! » Une<br />
spirale de coûts dans laquelle les exploitants<br />
ne veulent plus risquer de s’engager.<br />
SKF leur simplifie alors l’approche dédiée<br />
au roulement en fournissant tout le système<br />
– du capteur au câble – ainsi que la surveillance<br />
et la maintenance sur cinq ans en<br />
passant par la planification des budgets.<br />
Olivier Guillon<br />
22 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
EN PRATIQUE<br />
Les rectifieuses de<br />
l’usine Schaeffler<br />
d’Haguenau sous haute<br />
surveillance<br />
Chez Schaeffler, on a beau concevoir des solutions pour<br />
aider les industriels à réduire leurs interventions, en<br />
interne, on n’en est pas moins concerné par la maintenance<br />
conditionnelle. Et la particularité du groupe allemand,<br />
c’est qu’il se sert de ses propres solutions, à l’exemple du<br />
FAG SmartCheck, un système de surveillance qui a permis<br />
notamment à l’usine d’Haguenau de réduire considérablement<br />
le nombre d’arrêts et de pannes sur ses rectifieuses.<br />
Les équipements les plus visés par la<br />
maintenance conditionnelle sont les<br />
rectifieuses, des machines<br />
particulièrement onéreuses<br />
Michel Lagel<br />
De formation BTS Fabrication<br />
mécanique (diplômé en 1986), Michel<br />
Lagel a démarré sa carrière chez SM<br />
Noral, une société spécialisée dans<br />
la production de systèmes de guidage<br />
complet et d’outillages, acquise par<br />
INA FAG avant de voir la production<br />
répartie dans d’autres entités du<br />
groupe Schaeffler. Il rejoint en 1999<br />
le site d’Haguenau où il occupe<br />
aujourd’hui la fonction de d’Expert<br />
<strong>Maintenance</strong> dans l’entité Fabrication<br />
des guidages linéaires.<br />
La réduction des coûts de maintenance<br />
est une priorité absolue<br />
dans certaines entreprises et<br />
l’unité Schaeffler d’Haguenau,<br />
dans le Bas-Rhin, est une de celles-ci. Cette<br />
usine est spécialisée dans la production de<br />
guidages linéaires mais pas seulement :<br />
« notre activité va bien au-delà, révèle<br />
Michel Lagel, technicien <strong>Maintenance</strong>. Elle<br />
concerne également la modification, la révision,<br />
la modernisation et le retrofit complet<br />
de ces systèmes ainsi que l’automatisation<br />
de machines, la rectification de produits<br />
clefs tels que les rails de guidage » ; et sur<br />
ce dernier élément, Michel Lagel insiste<br />
sur le fait que même l’aspect visuel de la<br />
pièce ou du roulement doit être impeccable,<br />
au risque d’être refusé par le client<br />
pour être perçu – parfois à tort – comme<br />
un produit de non qualité. « Comme sur<br />
une voiture, l’aspect de la carroserie est la<br />
première chose que l’on voit et qui va nous<br />
convaincre de l’acheter ».<br />
Pourquoi l’aspect est-il si important ?<br />
Parce que les utilisateurs d’un guidage<br />
linéaire savent que le moindre défaut sur<br />
un élément risque d’être le signe d’une<br />
usure prématurée. C’est ainsi qu’en 2007,<br />
l’usine d’Haguenau se dote d’un moyen de<br />
mesure, le Detector 3 du fabricant FAG<br />
(groupe Schaeffler). « Cet appareil portatif<br />
nous renseigne sur l’état des roulements<br />
de nos broches, précise Michel Lagel. Il<br />
nous donne aussi la possibilité de comparer<br />
des valeurs et d’analyser les causes d’un<br />
problème sur un produit en exploitant la<br />
base de données du roulement monté,. »<br />
En cas de doute d’un technicien de rectification<br />
sur l’aspect d’une pièce produite,<br />
il suffit de se rendre sur la machine et de<br />
Installation d’une solution FAG SmartCheck<br />
24 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
mesurer la valeur des vibrations générées<br />
par les broches ; « cette opération concerne<br />
toujours l’aspect lors de la rectification et<br />
des ondulations qui apparaissent. Plus ou<br />
moins visibles à l’œil nu sous un certain<br />
angle de vision, celles-ci atteignent des<br />
amplitudes jusqu’à 0,15 microns et leurs<br />
fréquences vont de 1 à 10 mm. Or à partir<br />
de 2 mm, la réflexion de ces ondulations<br />
à la lumière peuvent donner l’impression<br />
d’être très prononcée et devient alors un<br />
critère de non qualité ».<br />
ÉTENDRE LA SURVEILLANCE VERS<br />
LES GUIDAGES<br />
Cette solution, utilisée depuis plus de dix<br />
ans sur les éléments tournants (broches,<br />
molleteurs) sur les rectifieuses de rails,<br />
concernait les roulements mais pas les axes.<br />
L’équipe de Michel Lagel a donc décidé d’aller<br />
plus loin en installant un autre équipement,<br />
plus récent, le SmartCheck de FAG.<br />
Ce système de surveillance conditionnelle<br />
et de diagnostic peut être monté sur les<br />
machines tournantes et les éléments de<br />
guidage linéaire pour informer à distance<br />
de l’état de l’équipement à travers des<br />
données portant sur les vibrations, mais<br />
aussi des informations de vitesse, de température<br />
et de puissance sur plusieurs roulements<br />
en simultané. « Nous sommes en train<br />
de paramétrer le système en fonction de nos<br />
besoins spécifiques en créant des valeurs<br />
limites et des seuils de déclenchement d’arrêt.<br />
Mais nous passons également l’ensemble<br />
de nos machines dans le système informatique<br />
pour accéder à leur état de santé et de<br />
fonctionnement à distance, que ce soit dans<br />
le bureau d’à côté ou à Clamart, où se trouve<br />
le spécialiste de l’analyse vibratoire du groupe<br />
en France ».<br />
Le SmartCheck ne se définit pas seulement<br />
comme un capteur mais comme un<br />
ensemble complet capable de gérer, d’analyser<br />
et de stocker les données de mesure<br />
sur tel ou tel équipement. « Il ne nécessite<br />
pas d’électronique supplémentaire ; tout est<br />
intégré ». On le place sur les points les plus<br />
critiques de la machine, au plus près du<br />
roulement et dans le sens où les informations<br />
vont être transmises dans l’appareil<br />
de mesure afin de détecter les éventuels<br />
problèmes le plus tôt possible.<br />
RENFORCER LA SURVEILLANCE<br />
DES RECTIFIEUSES, UN ENJEU<br />
STRATÉGIQUE<br />
Les équipements les plus visés ? Les<br />
rectifieuses. Qu’elles soient à banc fixe<br />
ou à table, ces machines de marque allemande<br />
sont à la fois longues (elles sont<br />
équipées de rails de guidage atteignant<br />
une longueur totale de 20 mètres) et très<br />
onéreuses (entre 2 et 4 M€ pour une installation<br />
complète). Elles utilisent jusqu’à<br />
trois meules qui rectifient le rail de guidage<br />
et produisent un état de surface parfait.<br />
L’axe X de rectification parcourt chacun<br />
pas moins de 10 000 km par an ! « En cas<br />
de casse, il faut prévoir au minimum quatre<br />
semaines d’arrêt complet de la machine.<br />
Nous ne pouvons pas nous permettre de<br />
faire un mauvais diagnostic, c’est pourquoi<br />
nous avons besoin de savoir si le problème<br />
provient du guidage avant d’entamer toute<br />
opération lourde ».<br />
Avec la mise en place depuis plusieurs<br />
années de ces solutions de mesure, l’usine<br />
d’Haguenau a été capable de détecter de<br />
multiples signaux avant-coureurs d’une<br />
panne potentielle, et de vérifier directement<br />
le bon organe. « C’est un des atouts<br />
majeurs de cette solution dans la mesure où<br />
l’origine des ondulations peut être multiple<br />
et très variée ; les ondulations peuvent être<br />
dues à la qualité de la meule, à un problème<br />
lié au process ou encore à un défaut de<br />
lubrification. Cet instrument nous permet<br />
de rapidement lister, étape par étape, les<br />
éventuelles causes, de mesurer et d’agir au<br />
bon endroit au bon moment. Cela nous a<br />
aussi permis de mieux planifier les opérations<br />
de maintenance préventive, et ce sur<br />
plusieurs années alors qu’auparavant, il<br />
était très compliqué de faire du "systématique".<br />
Les pannes nous tombaient dessus<br />
sans que l’on puisse vraiment être préparés<br />
; SmartCheck nous évite désormais ces<br />
situations d’urgence ». Raison de plus pour<br />
déployer ce système sur de nouvelles technologies<br />
de rectifieuses à trois meules, qui<br />
devraient prochainement intégrer l’unité<br />
alsacienne de Schaeffler.<br />
Olivier Guillon<br />
Detector 3, une solution<br />
mise en place pour<br />
la surveillance et l’équilibrage<br />
PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I25
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
BIG DATA<br />
L’apport logiciel à la maintenance<br />
conditionnelle et prévisionnelle<br />
DSDSystem édite et distribue<br />
depuis près de quinze ans<br />
le logiciel GMAO Altair<br />
Enteprise, proposant un<br />
module de maintenance<br />
préventive complet et ayant<br />
développé une expertise<br />
dans l’exploitation du<br />
Big Data au service de la<br />
maintenance prévisionnelle et<br />
conditionnelle.<br />
La maintenance conditionnelle,<br />
et par extension la maintenance<br />
prévisionnelle, repose sur l’exploitation<br />
de mesures régulières,<br />
voire en temps réel, qui ne sauraient être<br />
interprétées sans le concours de l’outil<br />
informatique. Pour le meilleur comme<br />
pour le pire, le métier de la maintenance<br />
s’oriente donc de plus en plus une profession<br />
du Big Data, collectant toujours<br />
plus d’information pour acquérir la plus<br />
parfaite connaissance du parc technique<br />
et ainsi travailler plus efficacement.<br />
« Le mécanicien de la vieille école pouvait se<br />
vanter de détecter une panne ou une anomalie<br />
rien qu’au son anormal d’un moteur,<br />
explique Bernard Decoster, fondateur de<br />
l’éditeur DSD System. Ce que nous cherchons<br />
à faire avec Altair Enterprise, c’est<br />
amener cette dimension empirique à l’outil<br />
informatique et à plus grande échelle. C’est<br />
ce qui permet de mettre en place une maintenance<br />
préventive plus efficace. » De l’analyse<br />
vibratoire à la thermographie en passant<br />
par le suivi des pannes ou fonctionnements<br />
dégradés, les mesures se font de plus en plus<br />
précises, nombreuses et régulières. Pour<br />
les centraliser, des solutions de supervision<br />
dédiées existent, mais encore faut-il pouvoir<br />
en faire quelque-chose.<br />
DES SOLUTIONS QUI S’ADAPTENT<br />
À TOUS LES PÉRIMÈTRES<br />
D’UTILISATION<br />
Toutes les entreprises n’ont pas encore<br />
mis un pied dans le Big Data et n’ont<br />
pas un réseau de capteurs dernier cri<br />
sur tous leurs équipements. À ceux<br />
pour qui cela relève encore de la<br />
26 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
science-fiction, la GMAO Altair Enterprise<br />
propose des outils de maintenance<br />
conditionnelle simples mais efficaces,<br />
en tous cas incontournables pour une<br />
gestion rigoureuse. Pour Bernard<br />
Decoster, « on peut prendre l’exemple<br />
d’une opération préventive simple et<br />
courante : la lubrification. Les opérations<br />
de ce type doivent être réalisées dès qu’un<br />
délai ou une quantité s’est écoulé. Pour la<br />
vidange d’un véhicule, ça peut être un an<br />
ou 10 000 km, par exemple. Entre deux<br />
vidanges, il faudra également compléter<br />
le niveau d’huile dès qu’il descendra<br />
sous un certain seuil. »<br />
Et de poursuivre : « Il faut donc à la<br />
fois de la traçabilité et de la surveillance,<br />
ce qui est simple pour une voiture<br />
mais moins pour un parc de centaines,<br />
voire de milliers d’équipements. Une fois<br />
paramétrée, la GMAO Altair Enterprise<br />
prévoit automatiquement toutes les<br />
interventions systématiques et conditionnelles,<br />
grâce aux mesures qu’elle reçoit<br />
ponctuellement ou régulièrement… ».<br />
DES APPLICATIONS DE PLUS<br />
EN PLUS POUSSÉES ET<br />
DÉMOCRATISÉES<br />
Qu’on le veuille ou non, la quantité<br />
d’information disponible croît inéluctablement.<br />
Des informations qui ne<br />
demandent qu’à être valorisées. Le<br />
grand avantage de l’outil informatique<br />
sur le mécanicien à l’oreille d’or, c’est<br />
qu’il est capable de gérer une quantité<br />
d’information sans commune mesure,<br />
n’étant limité que par sa puissance et<br />
sa mémoire ; ces derniers atteignant<br />
désormais un niveau bien suffisant pour<br />
l’essentiel des applications de maintenance.<br />
C’est là qu’une GMAO dernière génération<br />
peut tirer son épingle du jeu. « La<br />
GMAO Altair Enterprise ne se contente<br />
pas d’être capable de centraliser des<br />
mesures. Elle leur donne une cohérence<br />
et une utilité. De la maintenance curative<br />
à la maintenance prévisionnelle,<br />
ainsi qu’au travers des outils d’analyses<br />
et reporting, elle permet de diriger l’amélioration<br />
continue de la maintenance. »<br />
Le développement rapide du BIM<br />
dans les entreprises, la modernisation<br />
progressive du parc technique et<br />
l’arrivée d’une génération de responsables<br />
maintenance technophile sont<br />
des facteurs qui font que l’évolution de<br />
marché se constate aujourd’hui d’une<br />
année sur l’autre. « Nos outils sont déjà<br />
prêts pour accompagner les services<br />
maintenance dans cette évolution et<br />
nous continuerons à devancer le besoin<br />
d’innovation sur notre gamme de logiciel<br />
en réinvestissant l’essentiel de nos bénéfices<br />
en R&D pour les années à venir. »<br />
Collecte<br />
de données portable<br />
FALCON FALCON<br />
Smart Condition Monitoring Solutions<br />
Surveillance<br />
sans fil<br />
EAGLE EAGLE<br />
Surveillance<br />
temps réel<br />
MVX<br />
oneprod.com<br />
PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I27
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
BIG DATA<br />
<strong>Maintenance</strong><br />
prévisionnelle<br />
et fiabilité à l’ère de<br />
l’industrie 4.0<br />
Les industriels font face à de nombreux défis stratégiques qu’ils soient courants ou<br />
tactiques. Les plus répandus trouvent leurs solutions grâce aux possibilités de l’ère digitale<br />
actuelle, souvent reprises sous le terme d’industrie 4.0. À travers différentes solutions,<br />
I-Care accompagne les professionnels de la maintenance dans l’intégration de technologies<br />
innovantes.<br />
L’Industrie 4.0 nous apporte,<br />
aujourd’hui, de nouveaux outils<br />
et de nouvelles méthodes pour<br />
répondre aux défis techniques et<br />
sociaux du monde industriel, et ce, tout en<br />
anticipant les nouvelles technologies par<br />
la fourniture de produits de plus en plus<br />
flexibles et personnalisables. Ce nouveau<br />
paradigme est issu des différentes révolutions<br />
industrielles, qui pour rappel sont les<br />
machines à vapeur, la production en masse<br />
de biens grâce à l’électricité, les ordinateurs<br />
et les systèmes automatisés.<br />
La quatrième révolution se déroulera<br />
quant à elle à travers l’utilisation généralisée<br />
des systèmes cyber-physiques (CPS).<br />
Les CPS sont des réseaux d’objets qui interagissent<br />
(en opposition aux équipements<br />
standalone) virtuellement au départ d’entrées<br />
physiques pour fournir des résultats<br />
ou des actions tangibles. C‘est à ce niveau<br />
qu’interviennent les outils développés par<br />
I-Care, à savoir le Wi-Care et I-See.<br />
MAINTENANCE PRÉVISIONNELLE ET<br />
FIABILITÉ 4.0 ?<br />
Les services de maintenance prévisionnelle<br />
et de fiabilité optimisent la maintenance et<br />
ses coûts en prenant en compte les risques.<br />
Le but de tels services est de fournir aux<br />
gestionnaires des informations pertinentes<br />
et compréhensibles pour améliorer<br />
la compétitivité et réduire le gaspillage<br />
de ressources. Tout au long de son cycle de<br />
vie, un équipement est soumis à la probabilité<br />
de défaillance dans le temps (courbe<br />
en baignoire de Weibull). Afin de maîtriser<br />
ces risques, des services tels que la<br />
fiabilité à la conception, la maintenance<br />
préventive, la maintenance prévisionnelle<br />
et proactive doivent être déployés. Chaque<br />
type de services requiert des données pour<br />
répondre aux différents besoins de maintenance<br />
au cours d’un cycle de vie complet.<br />
Aujourd’hui, lorsqu’un équipement est en<br />
fonctionnement, la collecte de données<br />
pour la maintenance prévisionnelle est<br />
effectuée manuellement.<br />
Cette situation mène à un travail coûteux<br />
et fastidieux. Par conséquent, seuls les<br />
équipements critiques sont traités en<br />
maintenance prévisionnelle. Par exemple,<br />
les équipements qui ne peuvent être stoppés<br />
indépendamment du reste du process<br />
ou les équipements qui ont un impact<br />
important sur la sécurité, la santé et la<br />
qualité du travail. Cependant, certains<br />
paramètres de maintenance limitent<br />
encore largement l’utilisation de technologies<br />
en maintenance prévisionnelle,<br />
28 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
tels que le coût d’une expertise externe, le<br />
manque de partage d’informations et les<br />
laps de temps trop longs entre les récoltes<br />
périodiques de données et le rapport associé.<br />
La preuve caractéristique et extrapolée<br />
de ces points est la réduction du nombre<br />
d’équipements suivis à ceux dont le facteur<br />
de criticité est le plus important, et ce à<br />
cause des coûts élevés.<br />
GESTION D’ÉQUIPEMENTS ET<br />
INDUSTRIE 4.0<br />
Sous l’Industrie 4.0, les nouvelles technologies<br />
se focaliseront sur la collecte de plus<br />
de données, plus fréquemment. Celles-ci<br />
seront traitées rapidement et généreront<br />
des indicateurs de performance.<br />
Elles seront, en outre, facilement partageables<br />
entre les hommes de terrain et les<br />
gestionnaires et pourront contenir différentes<br />
informations ou points d’attention<br />
suivant le profil du destinataire.<br />
Pour atteindre un tel but, l’utilisation de<br />
capteurs et de machines connectées au<br />
Cloud, au Big Data ou via l’Internet des<br />
objets industriels (IIoT pour Industrial<br />
Internet of Things) est un prérequis. Cette<br />
étape permettra aux données d’être plus<br />
accessibles et de mettre en place un cycle<br />
de roue de Deming (PDCA) de manière<br />
intuitive. La roue de Deming (PDCA) fait<br />
déjà partie de l’ISO 55000 pour la<br />
gestion d’équipements. Ce<br />
cycle deviendra le nouveau<br />
standard pour tous les<br />
gestionnaires d’entreprise<br />
et les directeurs désireux de rester<br />
compétitifs tout en améliorant la qualité<br />
de vie de la main d’œuvre et en aidant les<br />
investisseurs à prendre les bonnes<br />
décisions au bon moment.<br />
SOLUTION CLOUD ET<br />
WI-CARE<br />
I-see se définit comme<br />
étant une plateforme<br />
Web-based permettant<br />
de gérer l’IIoT que les<br />
capteurs soient câblés ou<br />
sans fil. Il se présente aussi<br />
comme un outil dédié à la fiabilité<br />
et la maintenance prévisionnelle. Il<br />
donne à l’utilisateur la possibilité de gérer<br />
des analyses de données poussées, la planification,<br />
des rapports, des alarmes automatiques<br />
et des KPI’s. Il s’agit d’un outil de<br />
contrôle multi-technologique qui permet<br />
de déterminer l’état de santé des équipements.<br />
Enfin, I-see se présente un portail<br />
de partage de données en ligne, disponible<br />
24/7.<br />
Le Wi-care est un transmetteur sans<br />
fil couplé à un capteur de mesure bien<br />
souvent vibratoire. Il permet la réalisation<br />
d’analyses spectrales en toute sécurité<br />
et à moindre coût. Sa flexibilité donne<br />
également la possibilité de suivre en<br />
température, en ultrasons et en<br />
analyse d’huiles des<br />
équipements dans des endroits difficiles<br />
à atteindre et des conditions extrêmes.<br />
La technologie du Wi-care/I-see fournit<br />
une solution alternative à la collecte<br />
manuelle de données ou la surveillance<br />
en ligne temporaire. Celle-ci démontre des<br />
capacités de diagnostic élevées et réduit<br />
les dépenses sans valeur ajoutée comme<br />
le montage, le câblage et les frais de déplacement.<br />
Couplé au portail I-see, qui ne nécessite<br />
aucune installation ou logiciel, le Wi-care<br />
offre l’accès aux informations liées à l’équipement<br />
à tout moment. Ces informations<br />
sont disponibles sur<br />
smartphone, tablette ou tout<br />
autre accès web moderne.<br />
La qualité et la sécurité<br />
des données sont des<br />
points importants, c’est<br />
pourquoi le Wi-care<br />
dispose des normes de<br />
sécurité les plus reconnues.<br />
La résolution et la<br />
fidélité du spectre surpassent<br />
la plupart des collecteurs de données<br />
portables actuels et égalent les meilleurs<br />
systèmes jamais produits.<br />
THE SKY IS THE LIMIT...<br />
Les gains induits par la solution Wi-care<br />
et I-see sont multiples. Ils vont du service<br />
Wi-care/I-see qui permet l’automatisation<br />
des rapports, des alarmes et des KPI’s, à la<br />
réduction significative des risques (santé,<br />
environnement et sécurité) grâce au fait<br />
qu’il n’est plus nécessaire de se déplacer<br />
sur site. Il n’est également plus nécessaire<br />
d’assurer un contact et un suivi des firmes<br />
extérieures lors des interventions. Enfin, le<br />
risque est monitoré en temps réel.<br />
Wi-care – Schéma de communication<br />
PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I29
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
MAINTENANCE ÉLECTRIQUE<br />
<strong>Maintenance</strong> prévisionnelle des<br />
installations haute tension : la chasse aux<br />
décharges partielles<br />
Les installations d’alimentation électrique haute tension sont souvent très critiques pour la<br />
disponibilité des équipements et moyens de production et représentent aussi un risque majeur<br />
pour la sécurité des personnes. De ce fait, leur maintenance prévisionnelle est devenue tout<br />
aussi importante et courante que celle appliquée aux machines tournantes critiques.<br />
Le premier coupable de la dégradation<br />
des installations est identifié<br />
comme étant l’activité de<br />
décharges partielle de surface ou<br />
interne.<br />
LA DÉCHARGE PARTIELLE DE<br />
SURFACE<br />
Elle fait suite à l’effet « corona » du fait de<br />
la couronne d’ozone créée par l’ionisation<br />
de l’air autour de l’élément. Ce phénomène<br />
se produit lorsque l’isolation n’est<br />
plus suffisante et que l’électricité trouve un<br />
chemin plus court vers un potentiel différent<br />
via l’air ionisé (ozone). Ce genre de<br />
décharge arrive fréquemment sur les têtes<br />
de câbles et autres éléments des cellules<br />
HT laissant parfois des « traces » visibles.<br />
DP de surface<br />
LA DÉCHARGE PARTIELLE INTERNE<br />
Elle se produit lorsqu’un vide est créé<br />
dans l’isolation. Cette décharge partielle<br />
est fréquente dans les câbles des réseaux<br />
HT, dans les isolateurs et parafoudre.<br />
Les conséquences qu’elle peut engendrer<br />
peuvent alors coûter très cher car, une fois<br />
que la défaillance aura eu lieu, il sera difficile<br />
de détecter et localiser rapidement la<br />
partie du câble à l’origine de l’incident.<br />
DP interne<br />
COMMENT REPÉRER CES<br />
DÉCHARGES PARTIELLES AVANT<br />
QU’IL NE SOIT TROP TARD ?<br />
Ces décharges partielles se caractérisent<br />
par l’émission de lumière, de chaleur,<br />
d’odeurs, d’effets électromagnétiques, de<br />
bruit. La lumière et les odeurs sont difficilement<br />
quantifiables, la chaleur pourrait<br />
être détectée via la thermographie infrarouge,<br />
seulement l’inspection des cellules<br />
HT sous tension n’est pas autorisée. L’ouverture<br />
d’une cellule HT a pour impératif<br />
la réalisation d’une consignation, et donc<br />
la coupure d’alimentation. Il reste donc<br />
les effets électromagnétiques et le bruit<br />
à exploiter pour identifier les décharges<br />
partielles.<br />
QUE SE PASSE-T-IL LORS D’UNE<br />
DÉCHARGE PARTIELLE ?<br />
Des électrons sont déplacés et créent une<br />
friction qui engendre des ultrasons. Ces<br />
ultrasons sont détectables dans l’air, seulement<br />
si la cellule n’est pas étanche. Dans<br />
le cas où la cellule est étanche les ondes<br />
sonores se propagent dans le solide et sont<br />
détectables en utilisant une sonde ultrasonore<br />
de contact placée sur l’enveloppe<br />
de la cellule. Les appareils de détection<br />
ultrasonore permettent de transformer<br />
ces ultrasons en sons audibles. Le bruit<br />
pourra être quantifié pour permettre d’évaluer<br />
la criticité.<br />
Dans le cas des décharges partielles<br />
internes, l’air ne circule pas, les ultrasons<br />
ne peuvent donc pas se propager. La sonde<br />
de contact ultrasonore ne pourra rien<br />
détecter à moins de venir l’apposer sur le<br />
US sonde de contact<br />
30 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
TECHNOLOGIES<br />
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machines et installations. Une surveillance des machines intelligente qui apporte la<br />
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I31
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
câble ou l’élément en question, procédure<br />
interdite et inenvisageable. Il reste donc<br />
à exploiter les effets électromagnétiques<br />
pour identifier les décharges partielles<br />
internes.<br />
Les décharges partielles internes créent<br />
une Tension Transitoire de Terre (TEV :<br />
Transient Earth Voltage en anglais). Cette<br />
tension est mesurable en apposant un<br />
équipement de mesure TEV sur l’enveloppe<br />
métallique de la cellule. Il est également<br />
possible de détecter ces phénomènes<br />
dans les câbles du réseau HT souterrain.<br />
En plaçant des boucles RFCT (Radio<br />
Frequency Current Transformer) sur la<br />
tresse de terre de chacune des phases,<br />
il est possible de déterminer si la phase<br />
contient ou non une activité de décharge<br />
partielle. Lorsqu’une décharge partielle a<br />
lieu dans l’isolant du câble, un « pic » de<br />
tension (TEV) s’échappe par la tresse de<br />
terre. C’est ce que l’on recherche lors de<br />
l’inspection.<br />
Ces inspections sous tension, si elles ne<br />
Boucle RFCT<br />
Détection TEV<br />
Détection ondes HF<br />
permettent pas de localiser les défauts<br />
dans 100% des cas, permettent à minima<br />
une levée de doute et une prise de décision<br />
: « Oui, il est nécessaire de mettre ce<br />
réseau hors tension pour faire une inspection<br />
complémentaire » ou « Non, ce réseau<br />
ne requiert pas d’inspection complémentaire,<br />
pour l’instant ».<br />
Les décharges partielles internes se<br />
produisent également dans des<br />
éléments tels que les isolateurs,<br />
les parafoudres… Entrer en<br />
contact avec ces éléments, sous<br />
tension, est interdit pour des<br />
raisons évidentes de sécurité. Il<br />
faut donc un moyen de détection<br />
à distance des décharges<br />
partielles internes (DPI).<br />
Hormis la TEV, les DPI produisent un<br />
autre effet électromagnétique : des ondes<br />
ultra-haute fréquence (UHF), directionnelles,<br />
comprises entre 800MHz et<br />
1 000MHz. Il est donc possible de détecter<br />
les DPI grâce à un appareil qui rend<br />
ces ondes UHF audibles et guide l’utilisateur<br />
vers la source de ces ondes, donc vers<br />
l’élément défaillant.<br />
LES SOLUTIONS DE MONITORING<br />
DITES « ONLINE »<br />
Certaines installations hautes tension sont<br />
plus critiques que d’autres. Un complexe<br />
hospitalier, un Data Center (banque, télécommunication)<br />
ou un aéroport possèdent<br />
des installations nécessitant une surveillance<br />
permanente. Il existe des solutions combinant<br />
les différentes technologies évoquées<br />
dans cet article pour avoir un contrôle total<br />
des paramètres physiques de l’installation :<br />
les capteurs TEV, ultrasonores, les boucles<br />
RFCT (pour les câbles), température, humidité.<br />
Toutes les données sont transmises via<br />
GPRS à un serveur dédié pour y être stockées.<br />
Elles sont consultables depuis n’importe<br />
quel navigateur Internet.<br />
CE QU’IL FAUT RETENIR<br />
Toutes ces inspections entrent dans le<br />
cadre d’une maintenance prévisionnelle<br />
et conditionnelle, et permettent une<br />
inspection sous tension, une détection<br />
des défauts avant qu’ils ne soient couteux<br />
et une détection de dégradation via le stockage<br />
de données et le « trending ».<br />
Les conclusions de chacune des inspections<br />
sont simples : l’intervention est<br />
urgente car l’activité de décharge partielle<br />
est importante (l’opération est prévue, le<br />
matériel et la main d’œuvre sont disponibles,<br />
la consignation et la coupure<br />
Solution de monitoring<br />
sont anticipées), le doute subsiste sur<br />
la présence ou pas d’un défaut (on peut<br />
prévoir une coupure/consignation pour<br />
faire une inspection complémentaire), ou<br />
aucune intervention n’est requise, l’équipement<br />
est en bon état.<br />
Cette maintenance prédictive et conditionnelle<br />
permet donc de réaliser de réelles<br />
économies en termes de disponibilité de<br />
la fourniture d’énergie, en termes de main<br />
d’œuvre et en termes de matériel.<br />
Sur le long terme, elle permet une meilleure<br />
connaissance de son parc machines<br />
et une évaluation des priorités à donner<br />
aux travaux / investissements à réaliser<br />
sur et pour l’infrastructure HT. Cependant,<br />
il existe d’autres axes d’investigation<br />
en termes de fiabilisation des installations<br />
Haute Tension et notamment : l’analyse de<br />
pureté du gaz SF6, du taux d’humidité du<br />
SO2 et tout autre gaz de décomposition…<br />
Quentin Cellier<br />
dB Vib Instrumentation<br />
32 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
TECHNOLOGIES<br />
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I33
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
POINT DE VUE<br />
Intégrer l’analyse vibratoire dans une<br />
stratégie de maintenance conditionnelle 4.0<br />
Principale technique utilisée pour la surveillance des organes tournants depuis plus de trente<br />
ans, l’analyse vibratoire permet de collecter rapidement un ensemble de données et de savoir<br />
précisément s’il existe un risque de défaillance et son origine. L’arrivée de l’Industrie 4.0 change<br />
en profondeur les pratiques et usages de cette analyse, de sorte que les industriels expriment<br />
de plus en plus le besoin d’être accompagnés dans leur stratégie. Pourquoi et comment passer<br />
à l’analyse vibratoire 4.0, et quels bénéfices en attendre ? Voici des éléments de réponse.<br />
Yoann Maurin<br />
Diplômé de l’ESPCI, Yoann Maurin a<br />
travaillé pendant cinq ans à la mise en<br />
place de la maintenance conditionnelle<br />
chez un exploitant de parcs éoliens.<br />
Depuis deux ans, il a rejoint Oneprod,<br />
marque du groupe Acoem, au sein de<br />
laquelle il aide les utilisateurs à définir<br />
une stratégie de surveillance pour<br />
les machines complexes. Spécialisé<br />
dans le paramétrage et la création des<br />
algorithmes des logiciels de surveillance<br />
en ligne, il vit au quotidien l’évolution de<br />
la maintenance conditionnelle dans le<br />
contexte de l’Industrie 4.0.<br />
NESTi4.0<br />
Accroître le niveau de<br />
surveillance et la fiabilité,<br />
à ressources constantes ; il<br />
s’agit là selon nous du principal<br />
objectif de l’analyse vibratoire<br />
4.0. Le développement de solutions<br />
dites smart telles que les capteurs sans<br />
fil intelligents et les solutions d’analyse<br />
de données automatiques couplées<br />
à des interfaces Web va permettre aux<br />
équipes de maintenance non expertes de<br />
ces techniques d’analyse d’intégrer plus<br />
de machines dans leur programme de<br />
maintenance conditionnelle et d’intervenir<br />
en toute autonomie et de manière<br />
plus pertinente sur les machines. L’idée<br />
est d’optimiser le travail du chargé de<br />
maintenance en lui donnant à voir, au<br />
sens propre du terme via un tableau de<br />
bord simple, les machines sur lesquelles<br />
il doit réaliser un diagnostic, puis de<br />
l’accompagner dans ce diagnostic.<br />
Cet objectif ne passe toutefois pas nécessairement<br />
par de la surveillance en ligne<br />
; il existe aujourd’hui des systèmes d’analyse<br />
vibratoire « off-line » qui permettent<br />
de suivre facilement des parcs entiers<br />
de machines. Les solutions « on-line »<br />
offrent néanmoins de réelles opportunités<br />
d’amélioration de la fiabilité dans la<br />
surveillance de machines complexes en<br />
utilisant plus de données et en les traitant<br />
plus intelligemment. Sans remplacer<br />
définitivement les experts humains,<br />
c’est à travers le développement de solutions<br />
à base d’intelligence artificielle que<br />
les processus de maintenance pourront<br />
être à l’avenir de plus en plus automatisés.<br />
34 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
La formation, levier de votre<br />
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MANAGEMENT & ORGANISATION<br />
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Automatismes - Supervision - Réseaux<br />
Robotique<br />
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Régulation<br />
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MECANIQUE - FLUIDE - OLEOPNEUMATIQUE<br />
Mécanique<br />
Usinage & Matériaux<br />
Soudage<br />
Oléohydraulique<br />
Pompes - Vannes<br />
Pneumatique<br />
Logiciels industriels<br />
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE : SYSTEMES DE PRODUCTION<br />
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I35
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
« Quel retour sur investissement<br />
attendre d’un système<br />
de maintenance conditionnelle<br />
4.0 ? Une question pour<br />
laquelle il n’existe pas de<br />
réponse toute faite »<br />
ACQUÉRIR LES BONNES DONNÉES<br />
ET POUVOIR LES UTILISER FACILE-<br />
MENT<br />
Ce sont les deux points clés de la maintenance<br />
conditionnelle 4.0. Aujourd’hui,<br />
les solutions proposées sur le marché<br />
(filaires ou non) sont capables de remonter<br />
en quasi continu tous types de<br />
données, mais pour que les prévisions<br />
soient pertinentes, il faut impérativement<br />
choisir les bons indicateurs et les alimenter<br />
correctement. C’est là que se situe la<br />
vraie difficulté en matière d’analyse vibratoire<br />
: un spectre vibratoire est autrement<br />
plus complexe à décrypter qu’une courbe<br />
de température.<br />
Une fois que les indicateurs sont là, l’enjeu<br />
est de pouvoir y accéder le plus simplement<br />
possible ; d’où l’importance des<br />
standards ouverts qui permettent d’interfacer<br />
le logiciel de surveillance avec<br />
un maximum de systèmes et de terminaux.<br />
L’ergonomie est, elle aussi, essentielle<br />
pour faciliter l’usage ; ces nouveaux outils<br />
doivent être parfaitement intuitifs. Mais<br />
nous sommes là dans des sujets communs<br />
à toutes les solutions 4.0.<br />
Courbe de tendance<br />
VALIDER LA RENTABILITÉ DU<br />
SYSTÈME<br />
Quel retour sur investissement attendre<br />
d’un système de maintenance conditionnelle<br />
4.0 ? C’est bien sûr une préoccupation<br />
essentielle des industriels et une question<br />
récurrente chez tous ceux que nous<br />
rencontrons… pour laquelle il n’existe<br />
malheureusement pas de réponse toute<br />
faite. De ce que nous avons pu observer,<br />
la rentabilité d’un système de surveillance<br />
vibratoire « on-line » peut être extrêmement<br />
rapide. Dans les process critiques, la<br />
moindre panne est en effet extrêmement<br />
coûteuse : un laminoir d’aciérie ou une<br />
machine à papier qui s’arrête de fonctionner<br />
génèrent des pertes d’activité de 10 000<br />
à 20 000 euros par heure, et même avec un<br />
arrêt de quelques heures pour remplacer<br />
un roulement, l’investissement peut déjà<br />
être rentabilisé.<br />
Dans l’automobile, une défaillance imprévue<br />
sur une presse d’emboutissage peut<br />
dans les cas extrêmes, amener à délocaliser<br />
la production des gammes pendant plusieurs<br />
mois jusqu’à la réparation du composant en<br />
défaut. Sur ce type d’équipement, le passage<br />
par une preuve de concept est un bon moyen<br />
de valider la rentabilité de la maintenance<br />
conditionnelle avant de la déployer à grande<br />
échelle. C’est la démarche qu’ont adoptée les<br />
« Avec la maintenance<br />
conditionnelle 4.0 les gains<br />
dépassent le cadre des<br />
coûts d’entretien et de la<br />
disponibilité machine »<br />
exploitants de parc éoliens il y a quelques<br />
années. Les résultats ont été si probants que<br />
les capteurs de vibrations sont aujourd’hui<br />
très souvent installés en première-monte.<br />
Ce qu’il est important de noter, c’est qu’avec<br />
la maintenance conditionnelle 4.0 les gains<br />
dépassent le cadre des coûts d’entretien et de<br />
la disponibilité machine. La base de calcul de<br />
rentabilité peut être élargie aux économies<br />
d’énergie réalisées, à l’augmentation de la<br />
qualité en production ou encore au renforcement<br />
de la sécurité des opérateurs. Les<br />
solutions 4.0 contribuent donc à accroître la<br />
rentabilité de la maintenance conditionnelle.<br />
Yoann Maurin - Groupe Acoem<br />
© iStock<br />
36 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
TECHNOLOGIES<br />
PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I37
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
AVIS D’EXPERT<br />
Pourquoi 60% des roulements meurentils<br />
prématurément ?<br />
Allan Rienstra (SDT Ultrasound Solutions –<br />
SDT International) nous fait part d’un retour<br />
d’expérience particulièrement enrichissant<br />
visant à démontrer en quoi la surveillance de<br />
la lubrification joue un rôle primordial dans la<br />
maintenance conditionnelle.<br />
Allan Rienstra est directeur du développement commercial<br />
chez SDT International, un fabricant belge de produits basés<br />
sur la technologie ultrasonore fournissant des solutions qui<br />
contribuent à assurer la fiabilité et l’efficacité énergétique des<br />
usines. Avec vingt-sept ans d’expérience dans la création de<br />
programmes ultrasonores sur les six continents, Allan Rienstra<br />
est co-auteur de « Hear More, A Guide to Using Ultrasound<br />
for Leak Detection and Predictive <strong>Maintenance</strong> ».<br />
Le maintien des outils de production dans un état de<br />
lubrification optimal est source de grande attention.<br />
Les équipes de maintenance et de la fiabilité dédient<br />
des hommes à cette tâche, définissent des procédures<br />
d’intervention, d’indentification, de filtrage ou encore de stockage.<br />
Beaucoup de temps et d’argent sont investis alors que peu<br />
sont les entreprises qui obtiennent des résultats satisfaisants<br />
venant récompenser leurs efforts. Et pour cause, pas moins de<br />
60 % de toutes les défaillances de roulements sont attribuées à<br />
de mauvaises pratiques de lubrification, notamment : l’utilisation<br />
du mauvais lubrifiant ou sa dégradation, le manque ou<br />
l’excès de lubrifiant, sa contamination, le mélange de différents<br />
types de graisses ou encore l’utilisation de roulements étanches,<br />
mais avec le maintien d’un point d’accès pour les graisseurs sur<br />
le moteur (oups !).<br />
L’une des erreurs manifestes qui contribuent à une défaillance<br />
Figure 1 : Collecte de données ultrasonores à l’aide du SDT270<br />
pendant l’apport du lubrifiant<br />
précoce des roulements sont les sur ou sous-lubrification. Elles<br />
sont le résultat de deux facteurs : d’une part, un renouvellement<br />
de graisse programmé en fonction du calendrier et non pas des<br />
besoins en lubrifiant du roulement, d’autre part, la méconnaissance<br />
de la quantité de graisse à injecter. Trop souvent, on rajoute<br />
de la graisse aux roulements avant qu’ils n’en aient besoin. À<br />
d’autres moments, la pompe à graisse « sort » trop tardivement.<br />
Certains techniciens de lubrification estiment intuitivement la<br />
quantité de graisse à injecter alors qu’ils n’ont qu’une vague idée<br />
de la quantité de graisse débitée par leur pompe. D’autres se<br />
contentent toujours de suivre les recommandations du fabricant<br />
de moteur électrique et/ou de machines tournantes. Souvent, ces<br />
« mauvais conseils » sont affichés directement sur la plaque signalétique<br />
du moteur. Ils sont basés sur une formule qui permet de<br />
calculer périodicité théorique d’apport en lubrifiant pour chaque<br />
roulement. Mais sur le plan pratique cette formule est quasi inap-<br />
38 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I39
TECHNOLOGIES<br />
MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
Figure 2 : Deux paliers de ventilateur soumis<br />
à différentes charges. Pourquoi suivent-ils le<br />
même protocole d’apport de graisse ?<br />
plicable pour ne pas dire fantaisiste; les<br />
facteurs de correction qui la composent<br />
sont souvent non maîtrisés et difficiles à<br />
estimer. Certains d’entre eux font varier la<br />
périodicité théorique d’un facteur 10 ! Les<br />
écarts probables et les erreurs possibles qui<br />
en découlent en deviennent grotesques…<br />
au bout de la 3 068 e heure de fonctionnement,<br />
il faut graisser…pourvu qu’elle ne<br />
tombe pas l’heure de table !<br />
Pour bien faire comprendre le problème,<br />
Haris Trobradovic, l’un des nombreux<br />
formateurs globe-trotters de SDT, a<br />
récemment dispensé une formation dans<br />
un site pétrochimique du Moyen-Orient.<br />
« Pendant la formation, nous avons pris des<br />
mesures sur plusieurs machines, relate le<br />
formateur [Figure 1]. L’une de ces machines<br />
était un ventilateur, programmé pour<br />
une re-lubrification dans quelques jours.<br />
La pratique de lubrification habituelle du<br />
client consiste à suivre les recommandations<br />
du fabricant [OEM], tant en ce qui<br />
concerne les intervalles que la quantité de<br />
graisse à injecter. Autrement dit, on rajoute<br />
de la graisse en fonction du calendrier et<br />
on fait confiance au fabricant du moteur<br />
électrique pour la quantité. »<br />
Haris Trobradovic a saisi cette opportunité<br />
et réalisé le regraissage exactement selon<br />
les recommandations du fabricant alors<br />
que les données ultrasonores n’indiquaient<br />
aucun besoin de rajout de graisse. Le suivi<br />
précis de cette procédure de lubrification a<br />
déclenché plusieurs signaux d’alarme. La<br />
figure 2 présente les deux paliers entraînant<br />
le ventilateur. Pourquoi deux paliers<br />
identiques, supportant des charges différentes,<br />
devraient-ils suivre le même protocole<br />
de graissage ? Souvent pour la simple<br />
et mauvaise raison que le graisseur étant<br />
sorti pour lubrifier le palier côté entraînement,<br />
autant lui demander de graisser<br />
sur le palier du côté opposé...se faisant on<br />
croit bien faire mais c’est tout le contraire !<br />
Le formateur SDT a été perturbé par<br />
autre chose : les instructions gravées sur<br />
la plaque signalétique du moteur électrique<br />
(voir la figure 3 – <strong>Maintenance</strong><br />
des paliers à l’aide d’une pompe à graisse<br />
« calibrée »). Les instructions figurant sur<br />
la plaque signalétique précisent d’ajouter<br />
32,7 grammes de graisse (type de graisse<br />
non identifié) toutes les 3 068 heures de<br />
fonctionnement. Première remarque : ces<br />
recommandations ne prennent nullement<br />
en compte l’environnement dans lequel<br />
ce moteur tourne ; climat très chaud et/<br />
ou humide en été, mais froid, neigeux ou<br />
sec en hiver ? Combien de techniciens de<br />
lubrification disposent d’outils permettant<br />
de mesurer le débit de leur pompe à graisse<br />
au dixième de gramme près ?<br />
Figure 3 : Le fabricant demande à l’exploitant<br />
de lubrifier en fonction d’un calendrier<br />
programmé sans tenir compte des conditions<br />
de fonctionnement et environnementales<br />
Un fait positif à noter : la présence d’une<br />
autre plaque (Figure 4) précisant le type<br />
de graisse à utiliser pour le roulement.<br />
Le mélange de graisses incompatibles est<br />
souvent cité comme cause de défaillance<br />
précoce des roulements. Cette même indication<br />
est prise en compte par l’outil ultrasonore<br />
LUBExpert de SDT qui rappelle à<br />
son utilisateur le bon type de graisse à utiliser<br />
avant de procéder à un graissage.<br />
Figure 4 : Ce moteur comporte une deuxième<br />
plaque rappelant aux techniciens de lubrification<br />
le type de graisse à utiliser<br />
Haris Trobradovic et l’équipe de maintenance<br />
prévisionnelle ont poursuivi<br />
l’expérience en fixant le matériel SDT<br />
sur la pompe à graisse, avant de lubrifier<br />
le palier côté entraînement suivant<br />
les recommandations du fabricant. La<br />
figure 5 est une capture d’écran d’UAS,<br />
le logiciel accompagnant LUBExpert. La<br />
tendance représentée dans la partie supérieure<br />
est celle du palier côté entraînement.<br />
En quatre minutes, la valeur RMS<br />
globale s’est élevée de 7 dBµV, tandis que<br />
le facteur crête et la valeur crête augmentèrent<br />
très fortement.<br />
Pour ceux qui ne sont pas familiarisés<br />
avec ces formats de données, le niveau<br />
RMS global, le niveau RMS max et le facteur<br />
crête sont des indicateurs uniques de<br />
l’état de santé des machines, développés<br />
par SDT pour donner une signification<br />
analytique aux données ultrasonores statiques.<br />
La courbe de tendance figurant en<br />
bas du graphique est celle du palier situé<br />
du côté opposé à l’entraînement. L’ajout<br />
de la quantité nécessaire de graisse n’entraîne<br />
aucune variation de la valeur RMS<br />
globale, qui reste stable à 26 dBµV. En<br />
revanche, la chute du facteur crête et de<br />
la valeur crête indique que le palier entre<br />
peut-être en état de défaillance. Malheureusement,<br />
le respect de la procédure du<br />
fabricant a entraîné une sur-lubrification<br />
du palier côté entraînement.<br />
Une maintenance prévisionnelle plus<br />
fréquente à l’aide de technologies complémentaires<br />
comme l’analyse ultrasonore<br />
et vibratoire permet de garantir que<br />
les périodes d’arrêt des machines sont<br />
40 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
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MAINTENANCE CONDITIONNELLE<br />
Figure 5 : Le tracé de tendance de la partie supérieure présente le palier<br />
côté entraînement après lubrification. Celui-ci est fortement sur-graissé<br />
Figure 6 : Les données dynamiques du côté entraînement indiquent l’émergence<br />
de défauts(en haut) après le sur-graissage du palier selon les<br />
recommandations du fabricant<br />
Figure 7 : Le palier situé du côté opposé à l’entraînement présente des<br />
défauts, comme indiqué par ce signal temporel dynamique. La lubrification<br />
assistée par la technique ultrasonore de SDT a permis à l’équipe de maintenance<br />
prédictive d’identifier ce défaut potentiel.<br />
programmées en fonction de leurs états et pas en fonction<br />
d’intervalles théoriques définis par leurs fabricants. Pour<br />
enfoncer le clou, Haris Trobradovic a également capté les<br />
signaux temporels dynamiques du palier côté entraînement.<br />
Comme le montre la figure 6, le signal temporel avant graissage<br />
(en bas) et après graissage (en haut) révèle la formation<br />
de nouveaux pics et impacts. Idéalement, l’huile forme un<br />
fin film très fin entre les roulements et le chemin de roulement.<br />
La sur-lubrification provoque une accumulation de<br />
pression à l’intérieur du palier. Il en résulte une augmentation<br />
des frottements et des impacts, deux phénomènes<br />
facilement détectés à l’aide d’outils ultrasonores spécialisés<br />
comme le LUBExpert de SDT.<br />
Enfin, Haris Trobradovic a collecté des signaux temporels<br />
dynamiques sur le palier du côté opposé à l’entraînement.<br />
Sur la figure 7, le signal temporel du bas présente des pics<br />
dominants qui sont clairement de forme non sinusoïdale et<br />
indiquent la présence d’impacts. Après lubrification pilotée<br />
par ultrasons, ces pics disparaissent. On constate que<br />
le renouvellement de la graisse du côté opposé à l’entraînement<br />
a eu un impact positif clairement illustré dans la vue<br />
temporelle d’UAS.<br />
La première conclusion qui s’impose est que les recommandations<br />
du constructeur préconisant un graissage en fonction<br />
d’un intervalle temps ou d’une durée d’utilisation sont<br />
inadaptées et non fondées. Dans le cas qui nous occupe,<br />
le respect scrupuleux des instructions renseignées sur la<br />
plaque du moteur a entraîné la sur-lubrification du palier<br />
côté entraînement et de facto une diminution de sa durée de<br />
vie probable. L’autre conclusion évidente est que le recours<br />
à une solution de lubrification ultrasonore – LUBExpert –<br />
permet d’une part de surveiller les effets de l’ajout de graisse<br />
et d’autre part de mettre en évidence l’état de défaillance<br />
potentiel du roulement contrôlé.<br />
Dans l’industrie, le technicien de lubrification est généralement<br />
un collaborateur « peu qualifié » et peu valorisé alors<br />
que son rôle est primordial : c’est lui qui est quotidiennement<br />
au contact de l’outil, qui en prend le pouls, l’inspecte<br />
visuellement et forme la première ligne de défense contre les<br />
pannes. Il n’en reste pas moins mal ou trop peu considéré<br />
car son travail ne fait quasiment jamais l’objet de rapports<br />
détaillés. C’est là l’un des autres avantages d’une solution<br />
comme le LUBExpert de SDT, celui de permettre la valorisation<br />
d’une fonction ingrate mais vitale pour le bon fonctionnement<br />
des outils. Il est grand temps d’accorder aux<br />
techniciens de lubrification la reconnaissance qu’ils méritent<br />
pour le rôle important qu’ils jouent en contribuant directement<br />
à la fiabilité de l’usine ainsi qu’à sa rentabilité.<br />
Allan Rienstra,<br />
SDT Ultrasound Solutions<br />
allan@sdthearmore.com<br />
42 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-décembre 2017 I43<br />
Hall 6 - Stand D30-E29 Hall 1 - Stand D15
MAINTENANCE EN PRODUCTION<br />
ENQUÊTE<br />
La maintenance à l’heure de<br />
l’industrie 4.0 : le rôle clef des start-up<br />
La French Tech présente lors du CES<br />
2017 à Las Vegas, était la deuxième<br />
délégation mondiale<br />
© French Tech<br />
En janvier prochain s’ouvrira le plus grand événement mondial dédié à l’innovation<br />
technologique et électronique, le CES de Las Vegas. L’occasion de rappeler le rôle que nos<br />
start-up, de plus en plus renommées à l’étranger à travers la marque « French Tech »,<br />
jouent aujourd’hui dans l’évolution de notre industrie, en particulier dans les métiers de la<br />
maintenance.<br />
Les start-up de l’IoT ne<br />
cessent d’innover dans le<br />
domaine de l’industrie 4.0.<br />
Leur crédo, l’analyse en temps<br />
réel de millions de données<br />
visant à alerter au moment le<br />
plus propice l’arrivée d’une<br />
éventuelle panne<br />
La French Tech a le vent en poupe.<br />
L’Hexagone poursuit sa lancée,<br />
surfant sur un marché en plein<br />
essor, sur des outils d’accompagnement<br />
et d’amorçage arrivés à maturité<br />
et, faut-il encore le rappeler, une reprise<br />
économique qui, si elle s’est tant faite attendre<br />
depuis le début de la décennie, semble enfin<br />
s’inscrire dans la durée et se généraliser à tous<br />
les pans de notre économie. Dans ce contexte<br />
favorable, les start-up profitent en outre d’un<br />
regain d’image de la France à l’étranger, certes<br />
portée par les discours europhiles, l’ouverture internationale et les<br />
premiers travaux de notre nouveau président en faveur des entreprises,<br />
mais aussi des effets du Brexit, poussant la finance à fuir les<br />
terres britanniques et passer la Manche pour les contrées du Vieux<br />
Continent au premier rang desquelles la France. Dernier chiffre<br />
positif : 2,78 Md€ de fonds en capital-risque levés à Paris, soit 400<br />
M€ de plus qu’à Londres. Preuve de l’engouement les fonds d’investissement,<br />
et tout particulièrement dans la<br />
French Tech, qui a encore levé des montants<br />
records ces derniers mois, plus de 433 M€<br />
rien qu’en septembre.<br />
Dans la lignée de cette French Tech, Bercy<br />
a signé le 2 octobre dernier en la personne<br />
du ministre de l’Économie et des finances<br />
Bruno Le Maire, le lancement officiel de<br />
la French Lab, un mouvement destiné à<br />
former et à promouvoir « l’écosystème de<br />
l’industrie française », pour reprendre<br />
les mots de Nicolas Dufourcq, directeur<br />
général de BPI France. À en comprendre ses instigateurs, ce<br />
mouvement se présente à la fois comme une nouvelle identité<br />
(un coq bleu), une vitrine de savoir-faire industriels français,<br />
une bannière incitant les entreprises françaises à « jouer collectif<br />
», notamment à l’international, une démarche d’attractivité<br />
pour les talents et les capitaux et, naturellement, un moyen de<br />
rencontre entre « une base industrielle traditionnelle ultra-per-<br />
44 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
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formante et le génie de nos start-up ».<br />
Nous y voilà. Convaincu par la démarche,<br />
Bruno Le Maire a donc donné le coup<br />
d’envoi d’une volonté clairement affichée<br />
d’établir une synergie entre l’industrie et<br />
les nouvelles technologies portées par ces<br />
jeunes pousses, dont les créateurs – débordant<br />
d’idées – sont pour la plupart fraîchement<br />
issus des plus grandes écoles de<br />
commerce et d’ingénieurs. « La révolution<br />
digitale en cours, les révolutions technologiques<br />
en cours sont, pour notre industrie,<br />
une opportunité sans précédent de se réinventer,<br />
affirme haut et fort le locataire de<br />
Bercy. Ce qui fait la force du génie français,<br />
c’est la capacité de se réinventer. C’est<br />
la capacité de saisir les opportunités liées au<br />
digital, à l’intelligence artificielle, au numérique,<br />
pour avoir une industrie plus forte<br />
demain qu’elle ne l’était hier. »<br />
UN MIROIR AUX ALOUETTES ?<br />
Pas si simple cependant. Car à entendre<br />
les professionnels du métier, il ne suffit<br />
pas d’intégrer des outils numériques<br />
La majeure partie des<br />
entreprises du CAC 40 et les<br />
grands industriels tels que<br />
Safran, Engie, PSA, Renault,<br />
Faurecia, Thales, Naval<br />
Group et Total multiplient les<br />
partenariats et des rachats<br />
de start-up afin de lever des<br />
verrous technologiques<br />
dernier cri pour faire de la maintenance.<br />
Or, lorsque l’on déambule dans les allées<br />
pleines à craquer de VivaTechnologies (qui<br />
s’est déroulé à la fin du printemps dernier<br />
à la Porte de Versailles), dans les récentes<br />
Cet origami est devenu le symbole d’une<br />
marque de fabrique française ; à sa droite, en<br />
bleu cette fois, l’emblème de la French Lab,<br />
le pendant de la French Tech pour l’industrie<br />
française<br />
© DR<br />
éditions du salon Smart Industries ou<br />
dans les nombreuses conférences, symposiums<br />
et autres congrès, avant la technologie<br />
à proprement parlée, il y a le discours…<br />
souvent très marketing. « On parle inlassablement<br />
de "maintenance prédictive"or,<br />
au-delà de cette erreur de traduction*, l’idée<br />
même de prédire quoique ce soit est un<br />
non-sens dans les métiers de la maintenance<br />
industrielle, s’insurge Karim Kalfane, maître<br />
de conférences à l’IUT Louis Pasteur Strasbourg,<br />
responsable du pôle <strong>Maintenance</strong>.<br />
Un autre problème réside dans le discours des<br />
start-up visant à tout miser sur la donnée car<br />
lorsqu’on regarde das le détail, au niveau du<br />
Big Data, c’est un bazar sans nom ! Tout le<br />
problème est d’être capable de récupérer l’historique<br />
dans la GMAO mais également de<br />
s’assurer qu’on ne perd pas de la donnée en<br />
route, lors du transfert ».<br />
Les promesses des start-up, un miroir aux<br />
alouettes ? « Non, tempère l’enseignant, car<br />
nous voyons cette tendance d’un très bon œil.<br />
Il faut simplement garder à l’esprit qu’accumuler<br />
de la donnée ne sert à rien si on ne sait<br />
pas quoi en faire ». Autre point critique, celui<br />
de la place du métier de mainteneur dans<br />
les nombreuses applications destinées à leur<br />
faciliter la tâche. De nombreuses idées fleurissent<br />
grâce à l’émulsion créatrice dont font<br />
preuve de nombreux « startupeurs » ; mais<br />
ils demeurent pour beaucoup bien loin de la<br />
réalité du terrain, parfois même de l’industrie.<br />
Jusqu’à en oublier l’essentiel : « profiter<br />
de l’accumulation de données pour la traiter<br />
et en tirer le meilleur passe avant tout par la<br />
rigueur dont on doit faire preuve en remplissant<br />
un compte-rendu d’intervention ; celui-ci<br />
doit en outre être bien pensé à la base. Si on<br />
fait n’importe quoi et que la source de toutes<br />
données – à savoir l’historique technique et<br />
les coûts d’une intervention – est erronée ou<br />
incomplète, les tableaux de bord seront faux<br />
et donc inexploitables ».<br />
À l’origine, c’est même un travail de sensibilisation<br />
et de formation que l’on doit<br />
assurer auprès des équipes, sans quoi les<br />
moins regardants risqueront de ne pas<br />
utiliser correctement les technologies<br />
mises à disposition, se débarrasser de cet<br />
énième outil venant lui compliquer la vie<br />
et décider de ne plus rien renseigner dans<br />
le système ; « RAS, aucun problème, tout<br />
fonctionne pour le mieux », pourra-t-on<br />
lire dans les rapports d’intervention alors<br />
qu’en réalité, l’état de santé de l’équipement<br />
est tout autre.<br />
LA MAINTENANCE PRÉVISION-<br />
NELLE : UNE CIBLE PRIVILÉGIÉE<br />
Les start-up de l’IoT ne cessent pourtant<br />
d’innover dans le domaine de l’industrie<br />
4.0. Leur crédo, l’analyse en temps<br />
réel de millions de données visant à alerter<br />
au moment le plus propice l’arrivée<br />
d’une éventuelle panne. Dans ce domaine,<br />
* « Predictive maintenance » est un terme anglais<br />
qui doit se traduire comme tel : « maintenance<br />
prévisionnelle » et non « prédictive », ce dernier<br />
terme révélant en langue française un caractère<br />
divinatoire. Il est à noter cependant que le terme<br />
même de « maintenance » provient lui aussi d’un<br />
anglicisme.<br />
L’équipe « French Tech » présente lors du CES de Las Vegas 2017<br />
46 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
MAINTENANCE EN PRODUCTION<br />
Quelques chiffres pour comprendre l’impact de la French Tech<br />
Pas moins de 5 000 start-up ont exposé en juin dernier sur<br />
le salon VivaTechnolgy, à Paris. Parmi elles figuraient de<br />
nombreuses jeunes pousses spécialisées dans l’industrie, et<br />
tout particulièrement la maintenance et la surveillance en<br />
temps réel des équipements et de leur état de santé.<br />
La Consumer Technology Association a sélectionné 31<br />
entreprises françaises parmi les Lauréats de l’innovation du<br />
CES 2018 qui se déroulera comme chaque année à Las Vegas,<br />
en janvier prochain ; signe d’une identité forte des start-up<br />
françaises aux États-Unis<br />
Cet automne, le CEA a remis à la société Tridimeo le<br />
trophée de la 200e start-up essaimée de ses laboratoires.<br />
La jeune entreprise propose des solutions de vision<br />
3D industrielle de nouvelle génération, sur la base de<br />
développements du CEA list. Ces solutions permettent<br />
d’automatiser des processus d’inspection qualité ou de<br />
guidage robotique complexes.<br />
Au total, le rapport 2015-2016 de l’Agence du numérique – qui<br />
est notamment à l’initiative de la French Tech révèle que près<br />
9 400 start-up ont vu le jour<br />
qui n’est pour la majeure partie des cas<br />
qu’une mise en application des technologies<br />
Web dans des opérations de maintenance<br />
conditionnelle, les jeunes pousses<br />
sont nombreuses au portillon d’un marché<br />
qui n’attend qu’à s’atomiser. Qu’il s’agisse<br />
des célèbres incubateurs tels que Station F,<br />
Emergys, Antipolis, Geni et EuraTechonologies,<br />
ou de structures de tailles plus<br />
modestes, les start-up proposant des solutions<br />
de supervision des lignes de production<br />
et de l’état de santé en temps réel<br />
de chaque équipement se chiffrent par<br />
dizaines. Lors du salon Viva Technologies,<br />
sur le stand d’Actemium, la marque<br />
du groupe Vinci, les jeunes pousses exposant<br />
des solutions dans ce domaine ont<br />
attiré de nombreux curieux, à l’exemple<br />
d’Actemium Lille Digital Solution ou de<br />
Braincube, une start-up auvergnate qui<br />
propose un outil de management de la<br />
performance industrielle s’appuyant sur le<br />
cœur de processus de l’usine. Idem du côté<br />
de Valeo mais à une plus grande échelle ;<br />
chez cet autre grand partenaire de l’événement,<br />
ce sont plus de trente start-up<br />
qui exposaient ; parmi elles, certaines ne<br />
manquaient pas de mettre en avant des<br />
outils de supervision et de surveillance<br />
avec pour leitmotiv : réduire au maximum<br />
la durée qui sépare l’apparition de la défaillance<br />
et l’intervention afin d’éviter l’arrêt<br />
de production.<br />
Sur le salon, d’autres jeunes entreprises, à<br />
l’exemple de Perfect Industry, proposent<br />
aux entreprises de production d’adopter<br />
des approches innovantes ; avec sa solution<br />
Perfect Improve, la société orléanaise<br />
entend accélérer le déploiement d’un logiciel<br />
dans l’entreprise – en quinze jours<br />
maximum – qu’il s’agisse d’une PME ou<br />
d’une grande entreprise. « L’idée est d’agir<br />
en temps réel sur la performance des équipements<br />
et de mettre en œuvre les outils<br />
les plus pertinents ». Autre exposant sur<br />
Viva Technologies dans le domaine de la<br />
maintenance – conditionnelle et prévisionnelle<br />
–, la société Monixo. Installée<br />
depuis deux ans à Créteil (Val-de-Marne),<br />
Monixo propose une solution complète<br />
« Le numérique ne résoudra<br />
pas les interventions nécessitant<br />
du curatif ; le problème<br />
est qu’entre les systèmes<br />
automatisés et la panne, en<br />
raison du manque de savoirfaire<br />
sur les problèmes de<br />
base, il n’y a rien ».<br />
(allant du software au hardware) pour<br />
anticiper les pannes à partir d’une acquisition<br />
continue et d’une analyse fine des<br />
données. Le savoir-faire de Monixo réside<br />
dans la possibilité de savoir quelle donnée<br />
apporte la bonne information de manière<br />
à intervenir au plus vite, au bon endroit.<br />
LA NÉCESSITÉ DE<br />
RAPPROCHER LES<br />
START-UP DE L’INDUSTRIE<br />
TRADITIONNELLE<br />
Une autre tendance se dessine,<br />
le signe aussi d’une certaine<br />
Perfect Improve, de la start-up<br />
orléanaise Perfect Industry<br />
maturité de la part des start-up et de<br />
leurs investisseurs – dont le montants<br />
des levées de fonds, bien que de plus en<br />
plus nombreuses, n’atteignent plus les<br />
sommets vertigineux des années d’avantcrise.<br />
Cette tendance, c’est le nombre croissant<br />
de partenariats entre les jeunes talents<br />
du numérique et les grands donneurs<br />
d’ordres. Outre les Vinci et autre Valeo<br />
précédemment cités, on peut mentionner<br />
la majeure partie des entreprises du CAC<br />
40 et les grands industriels tels que Safran,<br />
Engie, PSA, Renault, Faurecia, Thales,<br />
Naval Group et Total ; tous multiplient<br />
les partenariats – et des rachats de start-up<br />
afin de lever des verrous technologiques…<br />
On ne peut pas non plus oublier le CEA<br />
qui, en tête des établissements mondiaux<br />
les plus innovants (selon le récent classement<br />
de Reuters qui a néanmoins fait<br />
descendre l’établissement français à la<br />
deuxième marche cette année) continue<br />
d’essaimer encore de nombreuses jeunes<br />
entreprises.<br />
À ce titre, à l’occasion du premier<br />
« Veolia Open innovation Day », portant<br />
sur l’industrie 4.0 et l’opérateur du futur,<br />
IncubAlliance a récompensé le 31 mai<br />
dernier pas moins d’une dizaine de sociétés<br />
telles que Cartesiam, le « Shazam »<br />
des vibrations ;
MAINTENANCE EN PRODUCTION<br />
Le capteur de Cartesiam reconnaît, grâce<br />
à l’intelligence artificielle, la signature<br />
des vibrations normales ou anormales<br />
Pro-Spare redonne vie aux stocks inactifs<br />
Se définissant comme « une porte<br />
d’entrée dans l’économie circulaire »,<br />
Pro-Spare est une plate-forme<br />
Internet innovante qui propose aux<br />
industriels de revendre leurs stocks<br />
dormants non consommés plutôt que<br />
de les détruire, et ainsi permettre à<br />
d’autres de profiter de sources d’approvisionnements<br />
alternatives à des<br />
meilleurs prix et dans de meilleurs<br />
délais. Ces produits concernent à la<br />
fois les consommables, les automatismes,<br />
l’électricité, les fluides ou<br />
encore l’usinage et les équipements<br />
pour la soudure. L’objectif étant de<br />
mettre en relation les industriels<br />
prêts à jeter des pièces, des composants,<br />
des emballages et des matières<br />
premières, pour en faire profiter<br />
d’autres.<br />
comme la célèbre application de reconnaissance<br />
musicale, le capteur de Cartesiam<br />
apprend et analyse les vibrations de<br />
manière totalement autonome et reconnaît,<br />
grâce à l’intelligence artificielle, la signature<br />
des vibrations normales ou anormales.<br />
Il ne se contente pas de détecter un changement<br />
de seuil mais analyse l’empreinte de<br />
la vibration dans toutes ses composantes.<br />
« À seuil égal, notre capteur sera capable<br />
de détecter une anomalie et de la signaler,<br />
précise-t-on au sein de l’entreprise. C’est le<br />
résultat de son analyse (et non toutes les<br />
données) qui sera transmis vers la console<br />
de supervision de votre choix ».<br />
Mobility Work, le<br />
« Facebook » de<br />
la maintenance<br />
Considéré comme le premier<br />
réseau social de la maintenance,<br />
l’outil GMAO de Mobility Work<br />
permet notamment de retrouver un<br />
équipement grâce à la communauté.<br />
Il est possible de consulter pas<br />
moins de 65 millions de pièces de<br />
rechange directement en ligne,<br />
consulter l’historique et toute la<br />
documentation d’un équipement,<br />
gérer les interventions et planifier<br />
les plans de maintenance. Il est<br />
également possible d’analyser des<br />
données sans pour autant posséder<br />
des connaissances particulières<br />
en informatique, se connecter<br />
à l’ERP et suivre avec précision<br />
les consommations de pièces de<br />
rechange. À ce jour, la société<br />
d’Antoine Talva, fondateur et dirigeant<br />
de Mobility Work, revendique plus de<br />
2 millions d’heures d’intervention.<br />
NE PAS SE LAISSER AVEUGLER<br />
PAR LES PROMESSES DU « TOUT<br />
NUMÉRIQUE »<br />
« On ne fait pas du numérique juste<br />
pour faire du numérique ; il faut avant<br />
tout définir un objectif s’appuyant sur des<br />
critères de performances ou de maintenance<br />
», martèle le directeur du Centre<br />
international de maintenance industrielle,<br />
Stéphane Le Gall. Loin d’être<br />
Dans la lignée de cette French<br />
Tech, Bercy a lancé le 2 octobre<br />
dernier la French Lab, un<br />
mouvement destiné à former et<br />
à promouvoir l’écosystème de<br />
l’industrie française<br />
opposé à l’engouement porté par le<br />
phénomène « French Tech », le patron du<br />
Cimi rappelle que le numérique implique<br />
inévitablement des compétences supplémentaires<br />
pour les métiers traditionnels<br />
de la maintenance, rendus déjà de<br />
plus en plus complexes<br />
depuis l’arrivée dans les<br />
années 80 des premiers<br />
systèmes automatisés.<br />
« L’automatisation et la<br />
robotique exigent d’intervenir<br />
de plus en plus<br />
sur des équipements<br />
toujours plus compliqués.<br />
Avant, une courroie<br />
cassait ; l’opérateur<br />
de maintenance savait<br />
quoi faire. Aujourd’hui,<br />
il est obligé d’acquérir<br />
des connaissances<br />
dans le numérique ». Or la rareté fera la<br />
complexité ; des systèmes plus difficiles à<br />
diagnostiquer et à résoudre, nécessitant<br />
des compétences de plus en plus pointues<br />
alors même que celles-ci font toujours<br />
l’objet d’une pénurie bien réelle dans l’industrie.<br />
Autre limite de la part prépondérante du<br />
numérique dans l’industrie, la sécurité<br />
informatique. Il importe d’être très vigilent<br />
car un piratage informatique peut atteindre<br />
n’importe quel système, dans n’importe<br />
quelle entreprise ; « or il est plus difficile<br />
de réparer un problème informatique qu’un<br />
problème mécanique », rappelle le directeur<br />
du Cimi.<br />
Par ailleurs, si les technologies nouvelles<br />
s’appuyant sur l’Internet des objets (IoT)<br />
et autres logiciels d’acquisition de données<br />
permettent de mieux prévenir les pannes,<br />
où se situe le problème ? Tout simplement<br />
dans l’intervention de ces systèmes en tant<br />
que tels (qui relève quasi-exclusivement<br />
des fournisseurs eux-mêmes, à travers<br />
des offres de services payantes) mais<br />
aussi et surtout dans la perte de compé-<br />
Monixo, un acteur dans la maintenance<br />
conditionnelle et prévisionnelle<br />
48 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
MAINTENANCE EN PRODUCTION<br />
ENVIRONNEMENT<br />
Des start-up au<br />
cœur des économies<br />
d’énergie<br />
Les robots humanoïdes, la prochaine étape des start-up<br />
dans l’optimisation de la production industrielle ?<br />
tences en interne sur les fondamentaux des technologies que<br />
l’on trouve dans une installation industrielle. À toujours parler<br />
de numérique, on en vient à oublier l’essentiel : la mécanique,<br />
l’hydraulique, l’électricité, les problèmes liés à la lubrification,<br />
à l’environnement industriel de la machine, aux sollicitations,<br />
vibrations, échauffements etc. « Le numérique ne peut pas tout<br />
résoudre ; on aura toujours besoin de compétences humaines or le<br />
savoir-faire se perd, à tel point que les professionnels de la maintenance,<br />
de plus en plus formés – avec des niveaux d’ingénieur –,<br />
n’ont plus de le sens de la physique ni de la mécanique. Depuis trois<br />
ans, au Cimi, un nombre croissant d’industriels nous demandent<br />
de former à l’usinage conventionnel ! Car lorsqu’une pièce casse,<br />
on ne trouve plus personne pour faire du palliatif. »<br />
Pour Stéphane Le Gall, il est évident que le numérique vient aider<br />
le technicien de maintenance mais n’a pas vocation à le remplacer.<br />
« Le numérique ne résoudra pas les interventions nécessitant<br />
du curatif ; le problème est qu’entre les systèmes automatisés et la<br />
panne, en raison du manque de savoir-faire sur les problèmes de<br />
base, il n’y a rien ». Le challenge de la maintenance industrielle<br />
est précisément là ; combler ce fossé entre les nouvelles technologies<br />
et les besoins réels du terrain, en fonction de l’environnement<br />
industriel de chaque entreprise et du niveau de savoir-faire<br />
dont elle dispose en interne. Un fois matures, les start-up serontelles<br />
en mesure de le relever ? Si tel est le cas, cela ne se fera qu’en<br />
mettant la compétence humaine au cœur de toute initiative.<br />
Olivier Guillon<br />
La modernité, c’est aussi l’environnement.<br />
Réduction de la consommation énergétique et<br />
de toutes sortes d’émissions dans l’air et dans<br />
les eaux, protection de la terre… les moyens de<br />
mettre à profit la technologie et l’industrie 4.0 sont<br />
nombreux, comme en témoignent ces trois startup<br />
qui ne sont que quelques exemples illustrant<br />
un engouement bien réel vers le développement<br />
durable.<br />
La maîtrise des énergies et de leurs consommations<br />
est un sujet délicat en raffinerie. Et DC Brain,<br />
jeune société qui a vu le jour en octobre 2014, en<br />
sait quelque chose. Cette start-up (accessoirement<br />
membre du pôle Systematic) a mis au point une solution d’intelligence<br />
artificielle destinée à l’exploitation des réseaux de<br />
fluide et travaille auprès de clients dans la logistique (ID Logistics),<br />
les flux électriques (Enedis) sans oublier l’énergie, un de<br />
ses domaines de prédilection, avec des clients tels que Biogaz<br />
et Total.<br />
Ela Innovation s’inscrit<br />
dans la durée<br />
Né en 2000, ce spécialiste montpelliérain<br />
de la RFID active (UHF – ultra-haute<br />
fréquence) s’appuie depuis toujours sur<br />
une équipe de R&D capable de travailler<br />
de concert avec la recherche académique<br />
de manière à pouvoir d’innover en<br />
permanence. Le fruit du succès ? La mise<br />
au point d’une technologie d’identification<br />
longue portée par radiofréquence baptisée<br />
Sciel. À ce jour, pas moins de 200 000<br />
équipements RFID actifs Sciel sont<br />
actuellement en service.<br />
Pierre Bonzom,<br />
Pdg-fondateur<br />
d’Ela Innovation<br />
et docteur en<br />
électronique et<br />
traitement du<br />
signal<br />
Pour ce dernier client, la start-up parisienne, sorte de « Waze »<br />
du réseau énergétique, a permis de digitaliser les réseaux de<br />
gaz au sein de la raffinerie Total de Grandpuits (Seine-et-<br />
Marne) afin d’aider l’industriel à gérer d’une part les flux de<br />
la centrale vapeur, d’autre part à éviter les pertes énergie. « On<br />
nous a demandé de développer un modèle mathématique de<br />
tous les réseaux produisant et consommant de la vapeur sur le<br />
PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017 I49
MAINTENANCE EN PRODUCTION<br />
site, et de l’optimiser », précise Arnaud de Moissac, Pdg et co-fondateur<br />
de DC Brain. Sur simple consultation du tableau de bord,<br />
l’opérateur sait immédiatement quelle unité produit de la vapeur,<br />
à la quantité souhaitée.<br />
ENERGIENCY, LA START-UP QUI VEUT FAIRE<br />
ÉCONOMISER DE L’ÉNERGIE PAR LE CLOUD<br />
Fondée et dirigée par Arnaud Legrand, la société Energiency<br />
s’adresse aux industriels en leur proposant de combiner la puissance<br />
du Cloud et de l’intelligence artificielle, l’Internet des objets<br />
industriel et l’analyse Big Data. Depuis sa création en 2013, la<br />
jeune entreprise rennaise d’une vingtaine de salariés a remporté<br />
pas moins de vingt-cinq récompenses pour sa technologie hors<br />
du commun ; elle a notamment été distinguée lors du Concours<br />
du ministère de la Recherche il y a trois ans.<br />
Energiency s’illustre comme le premier logiciel à intégrer la puissance<br />
du Cloud et de l’intelligence artificielle pour analyser en<br />
continu les données issues de compteurs intelligents et identifier<br />
Cette bouée de secours fonctionnant avec l’énergie fournie<br />
à partir de la houle est également dotée de deux panneaux<br />
solaires complémentaires<br />
de nouveaux gisements d’économies d’énergie dans l’industrie. La<br />
société analyse les données énergétiques des sites industrielles.<br />
Disponible sur le Web, « le logiciel produit alors des résultats et<br />
des recommandations aux clients qui réalisent jusqu’à 20% d’économies<br />
», assure Arnaud Legrand. L’objectif de cette solution<br />
est de répondre aux besoins des industriels investissant parfois<br />
massivement dans des capteurs connectés de mieux traiter leurs<br />
données ; « celles-ci sont encore largement sous-exploitées faute<br />
d’outils adaptés ».<br />
GEPS TECHNO MET L’ÉNERGIE DE LA MER AU SERVICE<br />
DES ÉOLIENNES<br />
Lauréat de la dernière édition des prix EDF Pulse 2017 (remis à<br />
cinq start-up le 19 septembre par Jean-Bernard Levy, PDG d’EDF)<br />
dans la catégorie Smart Business, la société GEPS Techno a été créée<br />
en 2013 et rassemble aujourd’hui huit personnes. GEPS Techno<br />
propose aux professionnels intervenant en pleine mer des modules<br />
sur mesure et innovants permettant, de façon plus écologique et<br />
économique, d’alimenter en énergie des installations off-shore.<br />
Ainsi, lorsqu’une ligne de raccordement entre une éolienne<br />
off-shore et sa sous-station tombe en panne, les opérateurs ne sont<br />
plus contraints de recourir à des générateurs diesels de secours<br />
pour continuer à protéger les composants internes de l’éolienne<br />
de l’air marin ; ils peuvent désormais utiliser des stations hydromotrices,<br />
nomades et autonomes. Innovantes tant dans leur<br />
système d’ancrage à l’éolienne que dans leur procédé de récupération<br />
de l’énergie des vagues, elles se font également hybrides :<br />
en cas de mer d’huile, elles peuvent fonctionner grâce à l’énergie<br />
solaire. L’automate gère l’énergie nécessaire et l’utilisateur sa<br />
partie instrumentation.<br />
Olivier Guillon<br />
© Youtube<br />
50 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
MAINTENANCE EN PRODUCTION<br />
AVIS D’EXPERT<br />
Un jumeau numérique<br />
pour optimiser la<br />
maintenance<br />
Le jumeau numérique fournit une nouvelle couche<br />
d’information en reproduisant le fonctionnement des produits<br />
dans les conditions réelles. Une aubaine pour la maintenance,<br />
notamment dans le domaine de l’éolien, comme l’expliquent<br />
dans cet article Éric Bantegnie, vice-président et directeur<br />
général d’Ansys Systems Business Unit, et Sudhir Sharma,<br />
directeur marketing, High-tech Industry chez Ansys.<br />
©Ansys<br />
Un jumeau numérique est constitué<br />
de l’ensemble des informations<br />
numériques disponibles<br />
dans l’entreprise pour un<br />
produit donné, associées aux données d’exploitation<br />
fournies en direct par « streaming<br />
» depuis le terrain. La combinaison<br />
d’une interprétation basée sur la physique<br />
avec une approche analytique permet de<br />
tirer parti de toute la puissance du jumeau<br />
numérique. À l’aide de ces informations, les<br />
ingénieurs peuvent comprendre les modes<br />
de défaillance opérationnels du produit,<br />
prévenir ses arrêts inopinés, améliorer ses<br />
performances actuelles et poser les bases<br />
de la génération suivante.<br />
Le jumeau numérique utilise des modèles<br />
simplifiés d’ordre réduit (Reduced Order<br />
Models – ROMs) construits à partir des<br />
résultats détaillés de calculs 3D physiques<br />
pour raccourcir les temps de simulation et<br />
mettre en valeur les aspects clefs impactant<br />
les performances. Par exemple, le jumeau<br />
numérique d’une turbine à gaz installée<br />
dans une centrale électrique peut fournir<br />
des informations sur le rendement énergétique,<br />
les émissions, l’usure des pales ou<br />
d’autres facteurs importants pour le client<br />
et donc pour l’équipe qui développe le<br />
produit.<br />
L’étude du jumeau numérique permet<br />
aux ingénieurs d’identifier l’origine d’un<br />
problème de performance, d’améliorer<br />
le rendement, l’ordonnancement,<br />
la maintenance prévisionnelle,<br />
d’évaluer les différentes stratégies<br />
de commande et, de manière<br />
générale, d’optimiser les performances<br />
du produit — tout en<br />
minimisant les frais opérationnels<br />
— quasiment en temps<br />
réel. Cette démarche a toute son<br />
importance dans un contexte où<br />
les clients achètent non plus un<br />
produit mais un résultat, les risques<br />
de performances étant transférés à l’entreprise<br />
qui développe le produit.<br />
« Avec le jumeau numérique, nous pouvons<br />
désormais observer un système — par<br />
exemple une éolienne – et isoler précisément<br />
un de ses composants », note Marc-Thomas<br />
Schmidt, architecte en chef de la plateforme<br />
analytique Predix pour la société GE Digital.<br />
« Nous ne parlons pas ici d’une classe<br />
générique d’éoliennes, mais d’une éolienne<br />
en particulier. Nous pouvons étudier l’impact<br />
des conditions météorologiques, l’angle<br />
des pales, le rendement énergétique, et optimiser<br />
individuellement les composants de<br />
cette éolienne. Imaginez le gain global de<br />
performance si nous procédons ainsi avec<br />
toutes les éoliennes du parc… Il y a clairement<br />
là une révolution dans l’ingénierie des<br />
produits. »<br />
CAPITALISER SUR L’IOT<br />
Plusieurs évolutions technologiques ont<br />
favorisé l’émergence du jumeau numérique,<br />
notamment l’amélioration des logiciels<br />
de simulation, des ordinateurs et des<br />
temps de calcul. Mais, le facteur principal<br />
a été l’émergence de l’Internet des Objets<br />
52 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
MAINTENANCE EN PRODUCTION<br />
(IoT) dont les implications dans notre vie<br />
quotidienne ont été amplement documentées.<br />
Les ventes d’appareils connectés<br />
ne cessent d’augmenter : d’ici 2025 elles<br />
devraient atteindre les 11 000 milliards de<br />
dollars par an.<br />
Or, le secteur industriel a été moins réactif<br />
face à l’IoT. Alors que les premières applications<br />
ont été assez simples (activation/<br />
désactivation d’un appareil…), les entreprises<br />
commencent à réaliser le potentiel<br />
énorme des dispositifs d’IoT pour capturer<br />
les données en temps réel.<br />
En plaçant des capteurs assez peu onéreux<br />
sur des produits opérationnels sur le<br />
terrain, les ingénieurs récupèrent tous les<br />
jours de grandes quantités de données<br />
de fonctionnement. En recoupant ces<br />
nouvelles informations avec les résultats<br />
de simulation physique, les ingénieurs<br />
analysent les problèmes de performance,<br />
anticipent une réparation ou une maintenance,<br />
et optimisent les versions futures de<br />
leurs produits dans une perspective d’exploitation<br />
au quotidien.<br />
« La capacité de simuler les défaillances avec<br />
Ansys ouvre de nouvelles voies, note Andrew<br />
Timm, CTO de PTC. La simulation s’applique<br />
aussi bien au niveau de l’ingénierie<br />
amont — le jumeau numérique peut inclure<br />
des informations sur le niveau de contraintes<br />
exercées qu’une pièce ne casse, ou sur l’épaisseur<br />
minimale d’une paroi — que pendant son<br />
exploitation sur le terrain. En cas de problème,<br />
il est possible de tester différentes solutions sur<br />
le modèle simulé et de remonter les informations<br />
afin de résoudre le problème. »<br />
TRANSFORMER UNE VISION EN<br />
UNE RÉALITÉ<br />
Si aujourd’hui les jumeaux numériques sont<br />
principalement utilisés par les fabricants de<br />
systèmes complexes, les progrès technologiques<br />
vont vulgariser ces bonnes pratiques<br />
et les rendre accessibles à un plus grand<br />
nombre d’entreprises avec une palette d’applications<br />
plus large.<br />
Le jumeau numérique révolutionne l’industrie.<br />
Partenaire engagé auprès des<br />
grands industriels, Ansys met son savoirfaire<br />
au service des équipes de développement.<br />
L’éditeur a notamment travaillé avec<br />
General Electric (GE) à l’intégration de ses<br />
logiciels de simulation dans Predix, une<br />
©Ansys<br />
plateforme développée par GE pour traiter<br />
et analyser les données industrielles. Cette<br />
collaboration permet de relier les données<br />
opérationnelles à de puissants outils d’analyse,<br />
et de générer des informations stratégiques<br />
importantes, présentées sous une<br />
forme visible et exploitable via la simulation<br />
numérique.<br />
Ansys collabore également étroitement<br />
avec PTC sur une plateforme d’IoT ThingWorx<br />
— qui sert de passerelle entre des<br />
capteurs à distance et les logiciels de simulation.<br />
A travers l’apprentissage machine<br />
(machine-learning) et la réalité augmentée,<br />
ThingWorx affiche les informations<br />
importantes recueillies sur les appareils<br />
connectés et relie ces données au logiciel.<br />
Comme la plateforme de simulation<br />
Ansys est ouverte et personnalisable, elle<br />
peut s’adapter à d’autres plateformes IoT<br />
existantes ou à venir.<br />
L’éditeur de solutions continue d’enrichir<br />
les nouvelles versions de ses solutions<br />
de simulation numérique, en priorisant<br />
l’intégration transparente de technologies<br />
informatiques, pour que les jumeaux<br />
numériques soient accessibles sur un plan<br />
technique et financier et plus simples à<br />
maîtriser. « Le jumeau numérique a incontestablement<br />
un énorme potentiel. À nous de<br />
nous assurer que chaque client Ansys aura<br />
l’opportunité d’en tirer tous les bénéfices ».<br />
Éric Bantegnie (Ansys Systems Business<br />
Unit) Sudhir Sharma (Ansys)<br />
©Olivier Guillon<br />
PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017 I53
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
ENTRETIEN<br />
Mettre le<br />
responsable<br />
<strong>Maintenance</strong><br />
au cœur de<br />
la question<br />
énergétique<br />
L’efficacité énergétique est sur toutes les<br />
lèvres. Il faut dire qu’au-delà de l’impact<br />
environnemental de l’entreprise, la réduction<br />
des coûts liés à la consommation d’énergie<br />
peut s’avérer particulièrement intéressante.<br />
Dans cet entretien, Rabah Achemaoui,<br />
patron de la maintenance chez Endel Engie,<br />
nous explique comment s’y prendre. Pour<br />
lui, si toute démarche passe avant tout par<br />
un audit énergétique, elle doit inévitablement<br />
impliquer le responsable <strong>Maintenance</strong>.<br />
Rabah Achemaoui<br />
Directeur du département <strong>Maintenance</strong><br />
au sein d’Endel Engie, leader français<br />
des services au nucléaire et de la<br />
maintenance industrielle autour<br />
d’un cœur de métier de spécialistes<br />
du travail des métaux. L’entreprise<br />
rassemble 6 000 collaborateurs pour un<br />
chiffre d’affaires de 700M€<br />
Rappelez en quelques mots les domaines d’intervention d’Endel<br />
Engie et la nature de vos clients ?<br />
Endel Engie opère sur trois grands domaines : construction,<br />
maintenance et démantèlement. Elle intervient majoritairement<br />
dans le secteur énergétique : nucléaire, oil & gas, thermique,<br />
hydroélectricité. Elle est aussi un acteur de référence<br />
en sidérurgie, aérospatial, chimie, agroalimentaire et pharmacie.<br />
Partenaire privilégié des industriels, Endel Engie améliore<br />
la performance des installations de production de ses clients<br />
et leur efficacité énergétique, tout en optimisant leur équation<br />
économique, grâce à des solutions innovantes et des engagements<br />
de résultats sécurisés. Nous opérons dans des environnements<br />
particulièrement exigeants, avec des impératifs constants<br />
de qualité, de sûreté et de sécurité.<br />
Les équipes d’Endel Engie maîtrisent un ensemble complet<br />
de compétences industrielles telles que le pilotage de projets<br />
complexes, l’ingénierie, la réalisation et la logistique. Elles<br />
disposent également de nombreuses compétences spécifiques<br />
comme la tuyauterie, le soudage, la chaudronnerie, l’électromécanique,<br />
les automatismes, la radioprotection ou le contrôle<br />
non destructif.<br />
54 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
On note depuis quelques années une nette évolution des<br />
mentalités à l’égard des consommations d’énergie. Quelle<br />
est en la raison (uniquement réglementaire, économique ou<br />
également liée à une prise de conscience environnementale) ?<br />
Rainurage<br />
Les raisons sont essentiellement réglementaires et financières.<br />
Tout d’abord la norme NF EN 16247-3, publiée par le Comité<br />
européen de normalisation CEN en 2014, a rendu obligatoire<br />
les audits énergétiques pour les entreprises qui ont soit plus de<br />
250 salariés, soit un chiffre d’affaires annuel supérieur à 50 M€ et<br />
un total de bilan dépassant les 43 M€. Les entreprises engagées<br />
dans une démarche d’amélioration continue de leur efficacité<br />
énergétique par la mise en place d’un Système de management<br />
de l’énergie, SMé, certifié selon la norme ISO 50001 sur un périmètre<br />
couvrant 80% de la facture énergétique, sont exemptées<br />
de cette obligation. Cela a sûrement permis de prendre<br />
conscience du poids de la facture énergétique par rapport aux<br />
autres postes de coûts. Néanmoins, la réglementation française<br />
n’impose pas aux industriels de réaliser les préconisations<br />
issues de l’audit. Notre expérience montre que les industriels<br />
réalisent des investissements uniquement si le temps de retour<br />
sur investissement est inférieur à dix-huit ou vingt-quatre mois.<br />
PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017 I55<br />
FR_<strong>Production</strong> <strong>Maintenance</strong>90x274pfad.indd 1 18.09.17 11:43
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
Quels instruments et outils (de mesure,<br />
logiciels ou autres) utilisez-vous<br />
pour identifier les différentes zones<br />
«énergivores» ?<br />
« L’efficacité énergétique doit<br />
s’articuler dans une démarche<br />
structurée qui s’appuie sur<br />
trois leviers : la réduction des<br />
gaspillages, l’optimisation<br />
de l’existant et les nouvelles<br />
technologies. »<br />
La deuxième raison est effectivement<br />
financière, surtout lorsque le coût de<br />
l’énergie a un poids non négligeable dans<br />
le prix du produit ou du service fournis<br />
par les entreprises. Abaisser le poids de<br />
cette facture permet d’être plus compétitif<br />
que ces concurrents.<br />
Enfin, l’efficacité énergétique est une<br />
démarche « gagnante » car elle permet<br />
d’enclencher un mouvement vertueux<br />
d’économies d’énergie mais aussi d’améliorer<br />
la notoriété de l’entreprise. En<br />
effet, en s’engageant dans une politique<br />
de réduction de ses consommations<br />
énergétiques, de ses impacts environnementaux<br />
(notamment les gaz à effet<br />
de serre) et d’amélioration des conditions<br />
de travail de son personnel, nos<br />
clients s’inscrivent dans une démarche<br />
de développement durable qui témoigne<br />
ainsi d’un engagement fort pour être une<br />
entreprise citoyenne, atout perçu par ses<br />
clients.<br />
Nous utilisons plusieurs instruments de<br />
mesure pour réaliser nos audits comme les<br />
caméras thermiques infrarouge avec une<br />
plage de mesure allant de -20°C à 1 200°C<br />
et une correction de la mesure liée à la<br />
réflexion de la température ambiante et à<br />
l’émissivité. Nous utilisons aussi des sondes<br />
de mesure de pression (manomètre, déprimomètre<br />
et tube de Pitot), d’hygrométrie,<br />
de température, de la qualité d’air, de fuite<br />
de gaz, de tachymétrie, conditions climatiques,<br />
etc. Nous avons recours également à<br />
un télémètre laser pour la mesure de précision<br />
et à un énergimètre pour les mesures<br />
de tension, courant, puissance, puissance<br />
apparente, facteur de puissance, distorsion<br />
harmonique, déséquilibre, creux & pics de<br />
tension, transitions, etc. Enfin, nous utilisons<br />
un analyseur de combustion pour<br />
chaudières pour les contrôles et réglages<br />
(gaz, fioul, bois, pellet,.. et à condensation)<br />
et des mesures d’O2, CO2, CO, CO<br />
des fumées, CO crête ambiant, NO/NOX,<br />
CH4, la température ambiante, les fumées,<br />
∆T ECS, la pression et la pression différentielle,<br />
le tirage, le rendement ou encore les<br />
pertes et les excès d’air.<br />
Pour les logiciels, nous avons développé<br />
notre propre logiciel de simulation<br />
ENairGIE pour les centrales d’air<br />
comprimé ; celui-ci nous permet de créer<br />
des programmes (algorithmes) spécifiques<br />
en fonction du profil de consommation du<br />
client et de déterminer/suivre les indicateurs<br />
de performance de l’installation. Pour<br />
56 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
les modélisations des procédés industriels, nous utilisons des<br />
logiciels comme Modelica, ProSim, CoolPack, Autocad, etc.<br />
Nous réalisons également des modélisations thermiques-dynamiques<br />
des bâtiments industriels de nos clients à l’aide du<br />
logiciel « DesignBuilder » qui offre de nombreuses fonctionnalités<br />
comme le calcul de la consommation annuelle d’énergie,<br />
le calcul des déperditions/gains thermiques, le dimensionnement<br />
des équipements de chauffage, de conditionnement d’air<br />
et de refroidissement, le calcul d’économie d’énergie : free-cooling,<br />
récupérateur d’énergie sur air extrait, etc.<br />
Changer de guidages<br />
... et réaliser jusqu'à 40% d'économies<br />
avec les guidages linéaires drylin ®<br />
Lourd<br />
Léger<br />
Comment intervenez-vous afin de réduire les consommations ?<br />
Cela passe-t-il essentiellement par le remplacement de pièces<br />
ou de composants ?<br />
Il peut y avoir de multiples facteurs de surconsommations de<br />
l’énergie comme le manque de maintenance des installations<br />
(pertes de performances), le non-respect des paramètres de<br />
consignes (températures, pressions, débits,…), le mauvais réglage<br />
des systèmes de production des utilités (chaudière, groupe froid,<br />
centrale de production d’air comprimé,…), la marge de sécurité<br />
prise par le producteur des utilités, la planification en défaveur<br />
des consommations d’énergie, des équipements surdimensionnés<br />
par rapport aux besoins de la production, le manque de prise en<br />
charge de la problématique énergie par la production, le comportemental<br />
(dépenses inutiles ou irrationnelles)…<br />
Ainsi, pour réduire les consommations, nous sommes amenés<br />
à re-régler les équipements, à les remplacer, à les réparer, pour<br />
les fuites d’air par exemple, mais aussi à réaliser des actions de<br />
maintenance. Ci-dessous, le résultat très concret d’une opération<br />
d’équilibrage de machine tournante :<br />
La maintenance préventive conditionnelle a un impact sur<br />
l’économie d’énergie : sur le cas N°1, on remarque que pour un<br />
balourd important on fait un gain d’environ 6% d’un point de<br />
vue énergétique. Sur le cas N°2, pour un balourd moyen, on fait<br />
un gain de près de 2%. D’autres actions ont des impacts sur la<br />
consommation comme le contrôle de la tension des courroies,<br />
l’alignement, le serrage, le graissage, etc.<br />
Comment intervenir efficacement sur les installations afin<br />
d’économiser un maximum d’énergie ? Quelles actions mettre<br />
en place ?<br />
L’efficacité énergétique doit s’articuler dans une démarche structurée<br />
qui s’appuie sur trois leviers : la réduction des gaspillages,<br />
l’optimisation de l’existant et les nouvelles technologies. L’audit<br />
énergétique constitue la démarche initiale essentielle pour<br />
garantir une bonne définition des actions de maîtrise de l’énergie.<br />
L’étude approfondie des différents postes consommateurs<br />
d’énergie permet de mettre en évidence des gisements d’économies<br />
d’énergie et de déterminer les actions et les investisse-<br />
Bruyant<br />
Graissé<br />
Silencieux<br />
Propre et<br />
hygiénique<br />
Des mouvements ?<br />
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017 I57
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
ments envisageables pour les exploiter, au<br />
meilleur coût pour l’entreprise.<br />
L’analyse porte sur les consommations<br />
d’énergie des équipements de production<br />
et sur les utilités (éclairage, production<br />
de chaud et de froid, air comprimé, force<br />
motrice,…). Réaliser avec succès cette<br />
démarche suppose toutefois la prise en<br />
compte d’un certain nombre de préalables,<br />
s’agissant du périmètre de l’étude, de l’organisation<br />
interne à mettre en œuvre, du<br />
choix du prestataire à retenir et du déroulement<br />
du processus à concrétiser.<br />
Les préconisations doivent couvrir en<br />
premier lieu les bonnes pratiques aussi<br />
bien comportementales (sensibilisation<br />
et formation du personnel, connaissance<br />
des installations et suivi d’exploitation)<br />
que relatives aux processus d’exploitation<br />
des installations (maintenance, conduite<br />
des procédés, remplacement ou mise en<br />
place de matériels à investissement faible<br />
par exemple). Elles doivent s’intéresser<br />
ensuite aux actions nécessitant des investissements<br />
à coût significatif. Les actions<br />
à mettre en œuvre doivent être mises en<br />
cohérence avec tout engagement du site<br />
ou de l’entreprise (management environnemental,<br />
qualité, développement durable,<br />
etc.). Idéalement les préconisations d’économies<br />
d’énergie pourront être classées<br />
selon un ordre de priorité. Tout d’abord<br />
les actions immédiates, permettant une<br />
économie d’énergie sans nécessité d’investissement.<br />
Ensuite viennent les actions<br />
prioritaires, à mener à court terme, car<br />
ayant un niveau de rentabilité élevé (temps<br />
de retour sur investissement inférieur à<br />
deux ans). Enfin apparaissent les actions<br />
utiles à mettre en œuvre (car de rentabilité<br />
certaine), mais pouvant être différées du<br />
fait d’implications sur le fonctionnement<br />
de l’entreprise (modification des installations,<br />
remplacement des matériels) ou<br />
d’interactions avec des actions prioritaires.<br />
«Le responsable maintenance<br />
doit être un acteur important<br />
dans l’entreprise pour réduire la<br />
facture d’énergie (…). Il connait<br />
ses équipements et peut<br />
associer à la fois les questions<br />
de disponibilité, de fiabilité, de<br />
vieillesse et obsolescence avec<br />
l’efficacité énergétique. »<br />
Endel Engie dispose de la certification de<br />
qualification EN NF 16247-3 concernant<br />
l’audit énergétique des procédés industriels.<br />
Nous suivons les recommandations<br />
de l’IPMVP (protocole de mesure<br />
et de vérification de la performance énergétique)<br />
qui est un protocole destiné à<br />
prouver les gains d’énergie réalisés suite<br />
à la mise en œuvre de solutions d’efficacité<br />
énergétique. Améliorer l’efficacité<br />
énergétique et environnementale de nos<br />
clients est un engagement fort pour notre<br />
entreprise. Nous avons ainsi mis en place<br />
depuis plusieurs années une équipe d’experts<br />
en éco-solutions, implantés sur toute<br />
la France. Notre approche se veut globale,<br />
technique et méthodique.<br />
Une fois sur le site, sur quels équipements<br />
portez-vous l’attention ?<br />
Lors de la réunion d’enclenchement de l’audit<br />
avec le client, on planifie le déroulement<br />
de la visite et des entretiens avec les différents<br />
acteurs du site. La visite des installations<br />
nous permet d’analyser l’existant en<br />
prenant en compte l’ensemble des principaux<br />
postes de consommation énergétique<br />
dont notamment, les procédés de fabrication,<br />
les procédés de fourniture d’utilités et<br />
les locaux de travail sous tous leurs aspects<br />
énergétiques, ainsi que les transports et<br />
manutentions internes au site.<br />
On inspecte notamment l’état de fonctionnement<br />
des équipements et leurs<br />
performances, les consignes énergétiques<br />
(températures, pressions réseaux, débits,<br />
etc.), les fuites et les pertes de charges,<br />
l’inventaire des plaques signalétiques,<br />
les points de mesure ou de réglage, les<br />
systèmes « anti-erreur » (détrompeurs<br />
de contact, de signalement ou chronologique),<br />
les compteurs, les vannes, les blocs<br />
régulateurs, les purges, etc.<br />
Cette inspection du site industriel et des<br />
équipements nous permet d’approfondir,<br />
notamment grâce à la mesure, les besoins<br />
réels en énergie du site et les pistes d’investigation<br />
identifiées comme prioritaires.<br />
Cet approfondissement dans le cadre de<br />
l’audit passe par une phase de réflexion<br />
sur la réduction éventuelle des besoins<br />
énergétiques, par un contrôle du dimensionnement<br />
des équipements en place par<br />
rapport aux besoins et par l’analyse de l’état<br />
de fonctionnement, de leurs conditions<br />
d’exploitation et la recherche des modifications<br />
nécessaires.<br />
Quelles sont les bonnes pratiques à<br />
mettre en œuvre (et les erreurs à ne<br />
pas commettre) pour éviter les pertes<br />
d’énergie ?<br />
La gestion de l’énergie en milieu industriel<br />
est extrêmement complexe et les<br />
contraintes sont nombreuses. Sur le plan<br />
58 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
technique, les interactions entre les équipements<br />
et les énergies sont souvent mal<br />
connues, donc mal maîtrisées par un<br />
manque de systèmes de comptage. Sur<br />
le plan humain, la culture actuelle des<br />
entreprises doit encore évoluer. Il faut se<br />
heurter aux changements des mentalités<br />
et combattre le fameux « on a toujours<br />
fait comme ça, alors pourquoi changer<br />
? ». L’audit énergétique est le point<br />
de départ essentiel pour une bonne définition<br />
des actions de maîtrise de l’énergie.<br />
Il doit idéalement s’insérer dans une<br />
démarche plus globale que l’on peut qualifier<br />
d’étude énergétique. Il s’agit d’identifier<br />
le gisement d’économies d’énergie et d’établir<br />
un plan directeur pour son exploitation<br />
rationnelle afin d’adapter en continu<br />
la stratégie énergétique de l’entreprise.<br />
Une fois réalisé, l’audit énergétique fournit<br />
le socle nécessaire de démarches plus<br />
complètes. Il permet particulièrement de<br />
mettre en œuvre un système de management<br />
de l’énergie (SMÉ - ISO 50001) et de<br />
s’inscrire utilement dans la dynamique des<br />
Plans climat-énergie territoriaux.<br />
À quel niveau le responsable maintenance<br />
peut-il intervenir ? En quoi est-il nécessaire<br />
de l’impliquer davantage dans la question<br />
des consommations d’énergie ?<br />
Le responsable maintenance doit être un<br />
acteur important dans l’entreprise pour<br />
réduire la facture d’énergie car il a en<br />
charge le suivi des principaux consommateurs.<br />
Néanmoins, son budget ne<br />
prend malheureusement pas en compte<br />
cette facture d’énergie. Ce dernier n’est pas<br />
affecté si la facture augmente ou baisse.<br />
Notre sentiment est qu’il devrait porter<br />
cette démarche, car il connait ses équipements<br />
et peut associer à la fois les questions<br />
de disponibilité, de fiabilité, de<br />
«L’audit énergétique est le point<br />
de départ essentiel pour une<br />
bonne définition des actions de<br />
maîtrise de l’énergie. »<br />
vieillesse et obsolescence avec l’efficacité<br />
énergétique. Construire son budget<br />
notamment sur la rénovation ou le remplacement<br />
des équipements en s’appuyant<br />
aussi sur les gains énergétiques est une<br />
solution pertinente pour les responsables<br />
maintenance. Cependant, il est de plus en<br />
plus fréquent dans les entreprises sensibles<br />
aux coûts des énergies qu’un responsable<br />
soit en charge de mener des actions nécessaires<br />
à la réduction de ces coûts.<br />
Propos recueillis par Olivier Guillon<br />
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017 I59
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
PORTRAIT D’ENTREPRISE<br />
Jet Moteurs fait du<br />
développement durable<br />
un atout stratégique<br />
Né il y a plus de vingt ans, le distributeur breton s’est<br />
longtemps démarqué par son implication dans le<br />
développement durable. Des moteurs électriques Cantoni<br />
Motor IE3 – voire IE4 – aux multiples solutions que l’entreprise<br />
propose, Jet Moteurs a su développer chez ses clients une<br />
réelle « éco-attitude ».<br />
Le moteur asynchrone triphasé à<br />
cage est le plus courant dans le<br />
monde. On le trouve partout.<br />
Pour Thierry Le Gal, directeur de<br />
Jet Moteurs, distributeur Cantoni Motor<br />
bien connu depuis sa création en 1995 à<br />
Vitré (Ille-et-Vilaine), « ce type de moteur<br />
est au sommet depuis cinquante ans et il le<br />
sera encore dans cinquante ans ». Celui-ci<br />
représente près de 80% de la consommation<br />
électrique en France, essentiellement<br />
sur des machines tournantes. Présents<br />
partout, ces moteurs électriques s’appuient<br />
depuis longtemps sur la même technologie<br />
et ne présentent pas d’innovations<br />
majeures.<br />
Toutefois, l’accord de Kyoto en 1997 et<br />
la prise de conscience des États puis des<br />
industriels dans la lutte nécessaire contre<br />
les émissions de C02 ont marqué un tournant<br />
: c’est alors le point de départ d’une<br />
politique de réduction des consommations<br />
d’énergies, quelles qu’elles soient. Les fabricants<br />
européens de moteurs réunis au sein<br />
du Comité européen des constructeurs de<br />
machines électriques et d’électronique de<br />
puissance (Cemep) ont alors rédigé une<br />
feuille de route afin d’augmenter les rendements<br />
de leurs produits. De là est adoptée<br />
la directive européenne 634-30 imposant<br />
le calendrier des moteurs IE2 (en juin<br />
2011) puis IE3 en janvier 2015, exigeant<br />
un haut rendement pour les moteurs allant<br />
de 7,5kW à 375kW, avant de descendre<br />
depuis le 1er janvier dernier à des puissances<br />
beaucoup plus faibles (0,75 kW).<br />
Outil de calcul pour analyser les économies possibles en fonction du choix d’un moteur électrique<br />
ADOPTER UNE « ÉCO-ATTITUDE »<br />
Pour Thierry Le Gal, bien au delà de<br />
la prise de conscience (qui n’incite pas<br />
vraiment les industriels – fabricants et<br />
utilisateurs de moteurs – à modifier leur<br />
60 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
Mais il existe encore un autre moyen de réduire sa consommation :<br />
faire appel à l’expertise de l’entreprise bretonne qui, bien au-delà de son<br />
rôle de distributeur, consacre une partie de ses activités au service en<br />
conseillant au mieux les utilisateurs. « On peut parler d’IE3 et même<br />
d’IE4, mais il suffit parfois d’équiper son moteur d’un réducteur et, pour<br />
quelques centaines d’euros seulement, on est capable de faire passer le<br />
rendement de 50 à 80% ». Avec la carte Siti, Jet Moteurs propose à<br />
ses clients des réducteurs couple coniques à la place de la technologie<br />
roue-vis ; « le binôme moteur-réducteur est un excellent moyen de<br />
réduire ses consommations. Et on n’en parle pas assez ! ». On compte<br />
sur Thierry Le Gal, cet « écolo » dans l’âme, pour répandre les bonnes<br />
pratiques auprès d’une industrie qui ne demande aujourd’hui qu’à<br />
consommer moins.<br />
Olivier Guillon<br />
Thierry Le Gal, directeur de Jet<br />
Moteurs et « écolo » dans l’âme<br />
* Cantoni Motor possède pas moins de cinq sites de production en Pologne et une<br />
trentaine de distributeurs répartis sur l’ensemble de la planète. Le groupe produit<br />
près d’un million de moteurs et en exporte la moitié hors d’Europe.<br />
comportement vis-à-vis du gaspillage énergétique), les<br />
normes ont permis de faire évoluer les mentalités. Mais le<br />
distributeur de moteurs Cantoni Motor – groupe italien<br />
auquel appartiennent les moteurs de fabrication européenne<br />
Elektrim* –, outre le fait d’insister sur la modernité<br />
des unités de production en tant qu’usines « éco-responsables<br />
», a développé des outils afin de réduire la consommation<br />
d’énergie. Un aspect fondamental à la fois d’un point<br />
de vue écologique selon le dirigeant mais aussi stratégique<br />
pour l’entreprise qui va dépenser en dix ans près de 98%<br />
de la valeur de son moteur électrique dans sa consommation<br />
énergétique. « Imaginons un moteur de 11kW ; sur un<br />
prix approximatif d’un millier d’euros, l’industriel dépensera<br />
autour de 60 000 euros rien qu’en électricité ! », tient à<br />
préciser Thierry Le Gal, qui ne manque pas d’ajouter que<br />
« Cantoni Motor a développé au sein de sa large gamme,<br />
des moteurs classés IE3 jusqu’à la puissance de 1 400kW<br />
ainsi que des moteurs moyenne tension jusqu’à 10 500V.<br />
Nous proposons même des moteurs répondant aux exigences<br />
IE4 ! »<br />
Exemple d’initiative de Jet Moteurs, le simulateur de<br />
consommation électrique, disponible librement sur le site<br />
Web de l’entreprise, permet, en fonction de sa typologie,<br />
de sa taille, de son parc de machines tournantes et de ses<br />
besoins, de déterminer la consommation électrique des<br />
moteurs. Autre outil, un module permet de choisir le bon<br />
moteur, en fonction de ses cotes fonctionnelles. Ici encore,<br />
l’aspect énergétique est pris en considération ; le logiciel<br />
indique automatiquement, selon le modèle sélectionné, le<br />
rendement et le gain de consommation.<br />
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017 I61
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
CAS D’APPLICATION<br />
Les moteurs WEG améliorent<br />
l’efficacité des compresseurs de<br />
gaz dans la pharmaceutique et<br />
l’agroalimentaire<br />
La compression de gaz est une technique couramment utilisée par un large éventail<br />
d’industries s’appuyant sur la réfrigération, notamment les secteurs agroalimentaire et<br />
pharmaceutique. Dans ce contexte, elle peut jouer un rôle majeur dans l’amélioration<br />
de la productivité et de l’efficacité énergétique. Il n’est donc pas surprenant que le bon<br />
fonctionnement des compresseurs de gaz soit une priorité pour les fabricants mondiaux, tels<br />
que Mayekawa. Cette société a fait appel à la technologie de WEG pour équiper ses derniers<br />
groupes motocompresseurs de conditionnement avec des moteurs fiables à haut rendement.<br />
Les sites belges<br />
de Mayekawa<br />
sont spécialisés<br />
dans la production<br />
de groupes<br />
motocompresseurs<br />
de conditionnement,<br />
des équipements<br />
jouant un rôle<br />
important dans<br />
les procédés de<br />
régulation thermique<br />
Mayekawa est l’un des principaux<br />
fournisseurs de technologies<br />
frigorifiques et<br />
de compression. La société<br />
emploie 3 500 salariés à travers le monde.<br />
Elle propose une gamme complète de<br />
compresseurs de gaz qui permet de répondre<br />
aux besoins d’une grande variété d’applications<br />
nécessitant d’être réfrigérées. L’un des<br />
objectifs clés de Mayekawa est de fournir à<br />
ses clients des solutions éco-énergétiques<br />
à haut rendement pour les procédés d’ingénierie<br />
de ligne, notamment l’acceptation<br />
des matériaux, la décongélation, le réchauffement,<br />
le refroidissement, la congélation,<br />
le conditionnement, l’encaissage, ou encore<br />
le stockage des produits.<br />
Les sites belges de Mayekawa sont spécialisés<br />
dans la production de groupes motocompresseurs<br />
de conditionnement à destination<br />
des industries agroalimentaire, pharmaceutique<br />
et pétrochimique. Ces équipements<br />
jouent un rôle important dans les procédés<br />
de régulation thermique, qui sont essentiels<br />
pour garantir la qualité et la sécurité<br />
de produits tels que les médicaments lyophilisés,<br />
ou même la saveur, la qualité et le goût<br />
des aliments.<br />
GARANTIR LA FIABILITÉ ET<br />
L’EFFICACITÉ<br />
Étant donné le rôle majeur des compresseurs<br />
dans les procédés cruciaux de régulation<br />
thermique, l’efficacité et la fiabilité sont<br />
une priorité pour Mayekawa. Par exemple, sa<br />
série SCV de compresseurs à vis standard se<br />
compose de centrales d’air comprimé à vis<br />
à injection d’huile parfaitement fiables et<br />
faciles à entretenir, qui offrent des performances<br />
optimales tout au long de leur<br />
exploitation. L’utilisation de la série SCV<br />
dans des milliers d’installations frigorifiques<br />
à travers le monde témoigne de son exceptionnelle<br />
qualité.<br />
62 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
Mayekawa compressor<br />
Outre la série SCV, la série GH de Mayekawa<br />
regroupe des compresseurs haute pression<br />
à vis capables de fonctionner continuellement<br />
à une pression de décharge de 5 MPaG.<br />
En utilisant un profil de rotor spécial, la<br />
série GH permet un fonctionnement efficace.<br />
Les compresseurs de la série GH sont<br />
conçus pour plusieurs gaz (hydrocarbures,<br />
hélium, hydrogène, CO 2<br />
, NH 3<br />
, entre autres).<br />
C’est pourquoi ce type de compresseur<br />
est idéal pour des applications comme les<br />
systèmes de congélation à basse température<br />
par CO 2<br />
avec un cycle de dégivrage. La<br />
gamme de Mayekawa comprend également<br />
les compresseurs de la série J, qui offrent un<br />
meilleur coefficient de performance (CDP)<br />
à une température d’évaporation supérieure<br />
grâce à la forme spéciale du rotor, et les séries<br />
HK et HS, qui fournissent les pressions plus<br />
élevées notamment requises par les applications<br />
de pompe à chaleur.<br />
Chaque compresseur a besoin d’un moteur<br />
électrique pour fonctionner. C’est en gardant<br />
cela à l’esprit que Mayekawa a exigé des<br />
moteurs électriques fiables, capables d’entraîner<br />
ses compresseurs efficacement et en<br />
douceur. En vue de répondre à ces exigences,<br />
la société s’est adressée à WEG, qui a préconisé<br />
ses moteurs ouverts abrités (ODP) W22<br />
Super Premium et ses moteurs industriels<br />
W40. « Les moteurs WEG sont réputés pour<br />
leur grande qualité et leur fiabilité ; ils sont<br />
donc parfaits pour nos compresseurs, qui sont<br />
utilisés dans des secteurs où il est primordial<br />
Étant donné le<br />
rôle majeur des<br />
compresseurs<br />
dans les procédés<br />
cruciaux de<br />
régulation<br />
thermique,<br />
l’efficacité et<br />
la fiabilité sont<br />
une priorité pour<br />
Mayekawa<br />
PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017 I63
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
W22 Super Premium range plain<br />
SALON COMPLET<br />
d’éviter les temps d’immobilisation et d’assurer des niveaux<br />
de productivité élevés, explique Michel Ernemann, responsable<br />
Achats de Mayekawa Europe. Non seulement la société<br />
WEG fabrique un matériel extrêmement fiable et sûr, mais<br />
elle offre en outre un excellent service client. Et grâce à son<br />
réseau mondial, elle est toujours prête à nous assister sur<br />
l’ensemble de nos sites à travers l’Europe, l’Afrique, et le<br />
Moyen-Orient. »<br />
RESPECTER LES OBLIGATIONS ENVIRONNEMEN-<br />
TALES<br />
Outre le fait de garantir la fiabilité, Mayekawa attache également<br />
une grande importance à la durabilité et à l’environnement.<br />
« La réduction de notre empreinte environnementale<br />
est pour nous une priorité absolue. Et, lorsqu’il a fallu choisir<br />
Mayekawa avant besoin de moteurs électriques<br />
fiables pour fonctionner et entraîner ses<br />
compresseurs efficacement et en douceur. La<br />
société s’est adressée à WEG, qui a préconisé<br />
ses moteurs ouverts abrités (ODP) W22 Super<br />
Premium et ses moteurs industriels W40<br />
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des moteurs électriques pour entraîner nos groupes motocompresseurs<br />
de conditionnement, nous avons placé l’efficacité<br />
énergétique au premier plan », souligne M. Ernemann.<br />
« Les moteurs WEG, qui sont reconnus pour leurs normes<br />
de rendement élevées, nous aideront à respecter pleinement<br />
les réglementations de la classe IE3. »<br />
Mayekawa nécessitait le matériel de WEG pour se conformer<br />
aux dernières normes en matière de rendement énergétique.<br />
De juin 2011 à ce jour, les réglementations relatives à<br />
la réduction de l’empreinte carbone stipulaient que le rendement<br />
des moteurs ne devait pas être inférieur à la classe<br />
IE2. Toutefois, la nouvelle législation, entrée en vigueur<br />
le 1 er janvier 2015, exige que les moteurs d’une puissance<br />
nominale comprise entre 7,5 kW et 375 kW offrent un<br />
64 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017<br />
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rendement au moins égal à la classe IE3, ou respectent la<br />
classe IE2 et soient équipés d’un variateur de vitesse (VDV).<br />
Les moteurs représentent plus de 40% de la consommation<br />
d’énergie mondiale totale, et 70% de l’énergie employée<br />
dans l’industrie. Les moteurs WEG à haut rendement, qui<br />
entraînent les compresseurs Mayekawa, sont donc avantageux<br />
pour les utilisateurs finaux, les aidant à réaliser d’importantes<br />
économies d’énergie.<br />
Les moteurs W22 Super Premium constituent la seule<br />
gamme standard complète disponible sur le marché dont<br />
le rendement excède les valeurs définies pour la classe IE4<br />
par les nouvelles normes bientôt en vigueur. Ils offrent des<br />
performances exceptionnelles sur l’ensemble de la plage de<br />
puissance comprise entre 3 kW et 355 kW, et présentent<br />
jusqu’à 40% de pertes en moins par rapport aux modèles<br />
précédents. Ces moteurs asynchrones triphasés sont basés<br />
sur la conception mécanique du célèbre moteur W22 de<br />
WEG et répondent aux besoins des utilisateurs industriels<br />
les plus exigeants en autorisant une augmentation de la<br />
productivité, une durée de vie accrue et un plan de maintenance<br />
allégé. Ils conviennent donc parfaitement aux applications<br />
industrielles exigeantes, telles que les ventilateurs,<br />
les souffleries, les pompes et les compresseurs.<br />
Tout comme les moteurs W22, la gamme ODP offre un<br />
degré élevé de fiabilité et de sécurité. Elle a été spécialement<br />
conçue pour assurer une ventilation et une dissipation<br />
de la chaleur optimales. Elle fonctionne par conséquent<br />
à des températures plus basses, garantissant des cycles de<br />
vie étendus et une maintenance simplifiée.<br />
Les moteurs W40 sont les produits les plus compacts de<br />
la famille de moteurs industriels standard de WEG. Ils<br />
conviennent uniquement aux applications non exposées<br />
à la poussière ou à l’humidité. WEG a lancé de nouvelles<br />
tailles de carcasse comprises entre l’IEC280L et l’IEC450,<br />
avec une puissance nominale allant de 185 kW à 1 500 kW<br />
en basses et moyennes tensions. Ces moteurs modulaires<br />
bénéficient d’un indice de protection IP23 ou IP24. Ils<br />
présentent également des niveaux de bruit et de vibration<br />
particulièrement faibles.<br />
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M<br />
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017 I65
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
AVIS D’EXPERT<br />
Réduire les<br />
coûts dans l’air<br />
comprimé<br />
Les systèmes d’air comprimé sont<br />
extrêmement énergivores – et coûteux – mais<br />
il existe des technologies qui permettent de<br />
réduire les coûts, comme l’explique Bruno<br />
Turlan, gérant de Boge France.<br />
Pour fonctionner, la plupart des machines industrielles<br />
doivent être raccordées à une source d’énergie électrique<br />
– ainsi qu’à une source d’alimentation en air<br />
comprimé. C’est notamment le cas de nombreuses<br />
techniques de finition de surface : les systèmes à jet sec et à jet<br />
humide ont besoin d’air comprimé pour projeter l’abrasif sur<br />
la surface à polir ; le revêtement par poudre y fait appel sous<br />
forme ultra sèche (pour empêcher la poudre de s’agglomérer)<br />
et les produits galvanoplastiques sont séchés à l’air comprimé.<br />
Mais la liste ne s’arrête pas là. Les systèmes d’agitation et de<br />
convoyage, les pistolets pulvérisateurs, les fours et extracteurs<br />
à air forcé – tous ces appareils intervenant dans le traitement<br />
de surface – utilisent eux aussi ce fluide essentiel.<br />
Toutefois, l’air comprimé est extrêmement énergivore. Une<br />
entreprise de revêtement ou de finition peut y consacrer jusqu’à<br />
30 % de son budget en énergie, en partie en raison de l’inefficacité<br />
notoire des compresseurs. À cause des insuffisances caractéristiques<br />
de ces systèmes, comme les fuites ou la surpression,<br />
Bruno Turlan,<br />
gérant de Boge France<br />
Récupération de chaleur en usine<br />
environ 45% seulement de l’apport en énergie est utilisé pour<br />
comprimer l’air. Le reste est gaspillé.<br />
Ce problème est entré dans le collimateur du gouvernement.<br />
Ainsi, la nouvelle norme ISO 11011 est entrée en vigueur en<br />
vue de favoriser la réduction de l’utilisation de l’air comprimé,<br />
à l’origine d’une demande accrue en ressources énergétiques.<br />
La norme définit l’obligation de réaliser une évaluation de l’efficacité<br />
énergétique de l’air comprimé – pour déterminer la<br />
quantité d’air comprimé utilisée par une entreprise et les coûts<br />
engendrés par sa production. De plus, grâce à des mesures et<br />
à des modifications simples, il est possible de réduire quasiment<br />
de moitié les besoins en énergie des compresseurs et de<br />
faire baisser ainsi sa facture d’électricité.<br />
RÉDUIRE LES COÛTS GRÂCE À LA RÉCUPÉRATION DE<br />
CHALEUR<br />
Le premier problème à résoudre est le manque d’efficacité<br />
des systèmes. Une proportion élevée d’énergie utilisée pour la<br />
compression de l’air est convertie en chaleur – mais jusqu’à 94%<br />
peuvent être récupérés et utilisés autre part dans l’usine en faisant<br />
appel à un récupérateur de chaleur. À grande échelle, la chaleur<br />
perdue dégagée par les nombreux compresseurs d’air du métro<br />
londonien est utilisée comme source de chauffage urbain. Dans<br />
une entreprise de finition de surface, la chaleur perdue pourrait<br />
facilement être utilisée dans un chauffage ou un chauffe-eau<br />
central, dans le nettoyage industriel, la galvanoplastie, les pompes<br />
à chaleur ou d’autres applications fonctionnant à l’eau chaude.<br />
66 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
Réduire la pression d’un bar peut amener une<br />
baisse de 7% des dépenses de fonctionnement<br />
électrique<br />
L’efficacité de la récupération de chaleur est particulièrement<br />
bonne dans les usines où le compresseur est installé à proximité<br />
de la zone à chauffer – comme un atelier abritant le compresseur.<br />
Si celui-ci est localisé plus loin, il est possible d’acheminer<br />
la chaleur par des conduites. Lorsque les entreprises envisagent<br />
d’investir dans la récupération de chaleur, elles peuvent s’adresser<br />
à un spécialiste des compresseurs qui calcule les économies<br />
potentielles en termes d’énergie et de coûts – et les périodes<br />
d’amortissement possibles – par la réduction des dépenses de<br />
fuel, d’huile et de gaz.<br />
RÉDUIRE LES COÛTS GRÂCE À LA COMMANDE<br />
CENTRALISÉE<br />
Il est possible de réaliser des économies supplémentaires en<br />
faisant appel à une commande centralisée pour piloter deux<br />
compresseurs, voire davantage. Les commandes électroniques<br />
modernes procurent des économies d’énergie nettement plus<br />
importantes car elles opèrent à deux niveaux : elles maintiennent<br />
la pression dans une plage beaucoup plus réduite<br />
(par une surveillance constante de la pression et une activation/désactivation<br />
des compresseurs en fonction des besoins)<br />
et elles prédisent la combinaison optimale de compresseurs en<br />
vue de répondre aux besoins.<br />
Cette optimisation est particulièrement utile partout où sont<br />
utilisées des machines combinant vitesse fixe et vitesse variable<br />
en minimisant le fonctionnement des compresseurs en charge<br />
partielle et à vide. Les systèmes à pression multiple peuvent<br />
procurer des économies significatives. En effet, chaque bar de<br />
pression économisé représente par exemple 7% de coûts en<br />
moins sur la facture électrique. Un système de gestion intelligente<br />
de l’énergie peut amener 30 à 50% d’économies tout en<br />
fournissant un profil d’efficacité transparent et actualisé des<br />
performances du compresseur.<br />
RÉDUIRE LES COÛTS EN ÉLIMINANT LES FUITES<br />
La fuite d’air est l’un des principaux sujets de préoccupation.<br />
Le Carbon Trust estime qu’un trou de 3 mm dans une conduite<br />
d’air comprimé peut coûter à une entreprise jusqu’à 700 € par<br />
an en énergie gaspillée. Pourtant, la prévention est facile à<br />
réaliser : il suffit de contrôler régulièrement la pression ; mais<br />
Solution Airstatus de Boge<br />
PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017 I67
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
ÉCONOMIES D’ÉNERGIE<br />
comment localiser un trou minuscule dans<br />
une conduite d’air de plusieurs mètres?<br />
La réponse est technologique : l’air qui<br />
s’échappe d’un trou est inaudible pour<br />
l’oreille humaine mais facilement perceptible<br />
par un détecteur d’ultrason spécial.<br />
Les fuites peuvent être localisées à près de<br />
15 m de distance ce qui facilite le diagnostic<br />
dans les endroits difficiles d’accès ou<br />
à visibilité réduite. Pour se débarrasser<br />
des fuites, la première mesure à prendre<br />
est de lancer une étude de détection des<br />
fuites. La seconde est de mettre en place<br />
un planning de maintenance pour les<br />
réparer – sinon les retombées seront de<br />
courte durée.<br />
RÉDUIRE LES COÛTS EN FAISANT<br />
BAISSER LA PRESSION<br />
Réaliser une évaluation d’efficacité énergétique<br />
de l’air comprimé permet aussi de<br />
déterminer si une conduite d’air comprimé<br />
Gamme de produits Boge<br />
Boge Duotherm<br />
fonctionne à une pression trop élevée.<br />
Réduire la pression d’un bar peut amener<br />
une baisse de 7% des dépenses de fonctionnement<br />
électrique. L’abaissement de<br />
la pression du système peut permettre<br />
de réduire le nombre de compresseurs<br />
nécessaires en diminuant non seulement<br />
les dépenses d’énergie mais également<br />
les frais de fonctionnement. Moins<br />
de compresseurs entraînent aussi moins de<br />
maintenance – une composante clef de la<br />
stratégie de réduction des coûts !<br />
RÉDUIRE LES COÛTS EN JOUANT LA<br />
CARTE DE LA PROPRETÉ<br />
Les systèmes de compresseur doivent fonctionner<br />
dans un environnement propre,<br />
mais les contaminants présents dans l’air<br />
– comme les particules et les poussières<br />
– sont particulièrement fréquents dans<br />
Faire appel à un système<br />
d’air comprimé coûte<br />
cher. Cependant, associer<br />
technologies et méthodes de<br />
travail innovantes peuvent<br />
l’aider à alléger sa facture<br />
Boge Duotherm<br />
l’industrie de la finition de surface. Ces<br />
contaminants affectent la qualité de l’air<br />
et le fonctionnement des valves, vérins<br />
et appareils auxiliaires. Dans une usine<br />
classique où les produits et sous-produits<br />
manufacturés côtoient une poussière<br />
généralement plus dense, chaque<br />
mètre cube d’air ambiant non traité peut<br />
contenir jusqu’à 180 millions de particules<br />
de saleté ainsi qu’une suspension<br />
à 50-80 % de vapeur d’eau et d’huile.<br />
Pendant la compression, la concentration<br />
de ces particules augmente. Les particules<br />
se combinent à l’humidité, à l’huile<br />
de compresseur et à d’autres lubrifiants<br />
pour former une solution abrasive ou<br />
corrosive qui adhère aux surfaces à l’intérieur<br />
des appareils pneumatiques, provoquant<br />
le grippage des valves et l’usure des<br />
joints et pièces mobiles.<br />
Une solution consiste à monter un filtre à<br />
l’admission du compresseur afin d’éliminer<br />
les grosses particules présentes dans<br />
l’air. Toutefois, la taille de ces filtres est<br />
limitée puisqu’ils ne doivent pas entraver<br />
le flux d’air vers le compresseur. En<br />
conséquence, il faut faire appel en aval à<br />
des préparateurs d’air destinés à éliminer<br />
les plus petites particules ainsi que l’huile<br />
et l’humidité.<br />
De nombreux appareils de filtration<br />
utilisent un élément coalescent mécanique<br />
qui élimine les aérosols d’eau et<br />
d’huile ainsi que les particules solides.<br />
Idéalement, ils sont installés par deux et<br />
en série : le premier fait fonction de filtre<br />
polyvalent et protège le second filtre à<br />
haute performance des contaminations<br />
de masse. Le système de traitement d’air<br />
doit impérativement correspondre aux<br />
besoins spécifiques de l’application, en<br />
tenant compte notamment des facteurs<br />
comme le débit d’air volumique et<br />
la qualité de l’air. Généralement, un<br />
compresseur utilisé dans une installation<br />
de sablage nécessitera davantage<br />
de protection qu’un compresseur<br />
utilisé en galvanoplastie, par exemple.<br />
Toute entreprise qui doit faire appel à un<br />
système d’air comprimé sait que l’énergie<br />
constitue un facteur de coût important.<br />
Cependant, une série de nouvelles<br />
technologies et de méthodes de travail<br />
innovantes peuvent l’aider à alléger sa<br />
facture. •<br />
68 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017 I69
PRÉVENTION DES RISQUES<br />
EN PRATIQUE<br />
Électricité et<br />
intervention de<br />
maintenance : la<br />
priorité à l’analyse<br />
des risques<br />
Si les risques électriques provoquent<br />
moins d’accidents qu’il y a vingt ans,<br />
la vigilance des collaborateurs ne doit<br />
en aucun cas fléchir. Afin de réduire<br />
encore davantage le nombre d’accidents<br />
d’électrisation, une analyse fine des<br />
risques est prioritaire.<br />
Encadrée au sein de la norme NF C 18-510, l’habilitation<br />
électrique est, comme le précise l’INRS, « une exigence<br />
réglementaire pour les travailleurs effectuant des opérations<br />
sur des installations électriques », avant de rappeler<br />
que celle-ci nécessite une formation préalable. Les opérations<br />
portant sur des installations industrielles varient suivant qu’il<br />
s’agisse d’intervenir sur les installations elles-mêmes ou sur<br />
les moyens de production ; « intervenir dans une installation<br />
industrielle, c’est prendre inévitablement en compte<br />
le risque électrique mais pas seulement car le risque<br />
mécanique et fluidique, en particulier pour les équipements<br />
sous pression, sont bel et bien présents », souligne<br />
Jean-Pierre Beauliet, électricien de formation et spécialiste de la<br />
sécurité électrique depuis une vingtaine d’années ; il est également<br />
fondateur de ComST, une maison d’édition d’ouvrages et de<br />
manuels techniques destinés à l’industrie.<br />
UNE ACCIDENTOLOGIE EN FORTE BAISSE<br />
Les accidents du travail d’origine électrique ont fortement chuté en<br />
vingt ans. Les accidents par électrocution font moins de dix victimes<br />
chaque année et le taux d’électrisation (cas où le corps a été traversé<br />
par l’électricité) a lui aussi diminué. À la Carsat, on tempère un peu ses<br />
bonnes tendances dans la mesure où « la gravité des risques électriques<br />
demeure élevée et que les risques mortels ont été multipliés par dix ».<br />
Outre la désindustrialisation du pays en vingt ans, cette baisse<br />
est liée à de multiples facteurs à commencer par la méfiance<br />
accrue des nouvelles générations dans l’électricité associée<br />
au développement d’une culture de sécurité en entreprise,<br />
en particulier dans l’industrie, et à l’arrivée de nouveaux<br />
métiers comme les responsables sécurité, HSE/QSE et<br />
autres préventeurs. De plus, les normes ne cessent d’évoluer<br />
et s’adaptent toujours un peu plus à la réalité du<br />
terrain. Enfin, l’habilitation électrique, « reconnaissance<br />
de l’employeur de la capacité d’un employé à<br />
accomplir en sécurité vis-à-vis du risque électrique,<br />
les tâches qui lui sont confiées » (INRS) et la responsabilité<br />
pénale de l’employeur ont renforcé la vigilance vis-àvis<br />
de la prise en compte des risques électriques.<br />
LE RÔLE CLEF DE L’ANALYSE DES RISQUES<br />
« Au delà de l’habilitation obligatoire, il est essentiel de mener<br />
une analyse des risques électriques la plus rigoureuse possible »,<br />
insiste Jean-Pierre Beauliet. Prioritaire, celle-ci doit démarrer<br />
par une bonne connaissance de son parc machines et de<br />
toutes les installations – industrielle ou non – qu’abrite le site.<br />
Ensuite vient l’évaluation des distances entre les différentes<br />
zones de passage, de dangers potentiels et de risques entraînant<br />
une interdiction de pénétrer absolue sans autorisation.<br />
70 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
PRÉVENTION DES RISQUES<br />
Des testeurs électriques pour mesurer la<br />
tension et le courant sans cordons de mesure<br />
Les testeurs électriques Fluke T6<br />
offrent un moyen rapide d’effectuer<br />
des relevés électriques sur des<br />
panneaux de distribution et des boîtes<br />
de raccordement. Ces outils<br />
captent un champ électrique<br />
dans le « U » de la fourche<br />
permettant de prendre<br />
des mesures en<br />
toute simplicité.<br />
Outre la<br />
simple<br />
détection, ces testeurs électriques<br />
permettent de mesurer la tension AC,<br />
le courant et la fréquence sans cordons<br />
de mesure, sans oublier la tension AC/<br />
DC, la résistance et la continuité, grâce<br />
aux cordons de mesure fournis. L’un<br />
des objectifs premiers des testeurs<br />
Fluke T6-600 et T6-1000 : faire que<br />
les électriciens travaillent dans des<br />
conditions plus sûres. Ils peuvent<br />
mesurer la tension jusqu’à 1 000 V avec<br />
la fourche ouverte sans cordons de<br />
mesure ni conducteurs à nu.<br />
Puis vient le balisage et la prise en compte<br />
de la hauteur et de l’exiguïté, de l’accessibilité<br />
de la zone, des risques de fluides,<br />
mécaniques et autres…<br />
Enfin, une des règles absolue en matière<br />
d’intervention sécurisée demeure la bonne<br />
communication entre le chargé de consignation<br />
et le chargé de travaux. Chacun<br />
doit rester dans son rôle et ne pas en sortir.<br />
Surtout, le passage d’information doit<br />
être garanti entre les deux opérateurs : le<br />
chargé de travaux ne peut démarrer l’intervention<br />
que lorsqu’il en a l’autorisation,<br />
autrement dit lorsque le chargé de<br />
consignation a bien signé le document<br />
l’engageant sur la mise hors tension, la<br />
condamnation des énergies et sa vérification<br />
et la mise à terre. Une fois l’intervention<br />
terminée, le chargé de travaux délivre<br />
une attestation de fin de travaux, preuve<br />
qu’il a fini et que l’on peut déconsigner les<br />
énergies. « De cette communication claire<br />
va dépendre la sécurité des travaux ».<br />
Olivier Guillon<br />
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017 I71
PRÉVENTION DES RISQUES<br />
AVIS D’EXPERT<br />
Quelques règles à<br />
connaître pour lutter contre<br />
les risques de projection<br />
Rémy Lepron, chef de groupe Service Technique de 3M,<br />
explique comment faire face aux risques liés à la projection<br />
de substances issues des produits chimiques et biologiques,<br />
mais pas seulement, puisqu’entrent en compte également les<br />
projections dites mécaniques, tout aussi présentes dans les<br />
interventions de maintenance et de réparation.<br />
Incontournable, l’évaluation s’impose<br />
comme la première étape<br />
d’une démarche de prévention<br />
des risques chimiques. Que ce soit<br />
dans une usine, lors de travaux de maintenance,<br />
d’entretien ou de construction,<br />
on peut résumer l’évaluation des<br />
risques de projections à quelques cas<br />
clairement identifiés dans les normes<br />
de conception d’EPI à l’image de l’EN<br />
166 par exemple pour les lunettes de<br />
sécurité. L’INRS a regroupé ces risques<br />
sous forme de tableau synthétique dans<br />
le document ED 798.<br />
LES RISQUES CHIMIQUES ET<br />
BIOLOGIQUES<br />
Les risques apparaissent lorsqu’un<br />
produit liquide est projeté (sous<br />
forme de gouttelettes ou de projections<br />
liquides) et peut réagir avec les<br />
composants de l’œil ou la peau, mais<br />
également lorsque les micro-organismes<br />
sont susceptibles de contaminer<br />
l’individu. Il s’agit de produits à base<br />
d’eau, de solvants et de produits agressifs<br />
(irritant, corrosif, acide, base…).<br />
Même en présence de ces produits sans<br />
projection, par exemple sous forme<br />
de brouillard, les substances peuvent<br />
migrer dans la peau et atteindre l’œil.<br />
Le brouillard est d’ailleurs souvent<br />
© 3M<br />
plus dangereux car les opérationnels<br />
pensent ne pas avoir été exposés… et<br />
la nuit, le produit fait son effet sur la<br />
peau et les yeux, générant des irritations<br />
voire pire.<br />
Au niveau des risques mécaniques cette<br />
fois, trois niveaux de projection ont été<br />
définis pour protéger contre la projection<br />
de particules lors d’opérations d’usinage<br />
comme ponçage, meulage, fraisage…<br />
Ils vont au-delà de la simple résistance<br />
renforcée des lunettes à branches adaptées<br />
à la simple présence de poussière.<br />
Mais ces niveaux sont difficiles à évaluer<br />
au sein d’une entreprise lors de l’évaluation<br />
des risques, si bien qu’il est nécessaire de se<br />
référer aux caractéristiques et aux vitesses<br />
de fonctionnement des machines ou des<br />
Milieu agroalimentaire<br />
Versaflo TR-600<br />
outils de l’atelier afin de identifier les catégories<br />
(souvent supérieur à la première de<br />
45m/s). Il est alors possible de déterminer<br />
la résistance aux chocs de particule à<br />
basse énergie (ponçage), à moyenne énergie<br />
(meulage, fraisage, décapage) et à haute<br />
énergie (décapage haute pression). Une<br />
catégorie de lunettes de protection inférieure<br />
à la basse énergie existe (sécurité<br />
renforcée) ; elle est souvent utilisée pour<br />
les lunettes de sécurité à la vue.<br />
LA SECONDE ÉTAPE : PRÉVENIR ET<br />
PROTÉGER<br />
Un risque sans exposition n’est qu’un<br />
danger : d’où l’importance de la protection<br />
collective. Alors laissons les carters de<br />
protection sur les machines… Mais dans<br />
certains cas, cela ne suffit pas et il est indispensable<br />
de protéger les opérationnels. En<br />
matière de protections collectives, l’intérêt<br />
est que ces solutions protègent toutes<br />
les personnes simultanément. Elles sont<br />
à la fois fiables et contrôlables, et indépendantes<br />
de l’individu. De leur côté, les<br />
72 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
PRÉVENTION DES RISQUES<br />
© 3M<br />
protections individuelles sont souvent présentées comme étant le dernier<br />
rempart de la protection. Elles aussi sont souvent considérées comme<br />
fiables et contrôlables mais, à l’inverse, dépendantes de l’individu.<br />
Puis vient l’étape de la sélection. Lors des visites terrain, on constate que<br />
beaucoup d’opérationnels portent des lunettes à sécurité renforcée mais<br />
n’apportant pas une sécurité suffisante. Concernant les gants, les casques,<br />
les combinaisons, ces EPI ont aussi leur importance car ils peuvent protéger<br />
des ces risques parfois invisibles à l’œil nu ou sous-estimés, à l’instar<br />
du brouillard de produit chimique. Il est donc important de rappeler ces<br />
principes de base de protection.<br />
Une visière peut éviter des brulures chimiques au niveau du cou, des<br />
oreilles et des yeux. Une visière électrique peut prévenir des risques de<br />
brûlure au visage et au cou voire des perforations cutanées. Il reste cependant<br />
des risques pour lesquels il est essentiel de prévenir des salariés de<br />
maintenance : les huiles hydrauliques minérales et les lubrifiants intègrent<br />
des additifs très toxiques. Un fluide sous pression qui s’échappe d’une<br />
tuyauterie peut ne représenter qu’une fuite, mais il entraîne en réalité<br />
un danger mortel. Prenons l’exemple d’un opérateur voulant identifier<br />
l’origine d’une fuite manuellement. Une fuite peut lui piquer au doigt ;<br />
il aura identifié la fuite mais après quelques heures, les tissus de sa peau<br />
vont nécroser. Si cette piqûre n’est pas traitée en urgence, l’amputation<br />
sera la seule option ! Porter des gants peut aider, mais le mieux reste tout<br />
de même de consigner tout équipement avant d’entreprendre une intervention<br />
de maintenance.<br />
Rémy Lepron (3M) et Olivier Guillon<br />
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017 I73
PRÉVENTION DES RISQUES<br />
REPORTAGE<br />
L’innovation comme rempart contre les<br />
produits dangereux<br />
Afin de toujours mieux répondre aux besoins des utilisateurs en matière de protection, le<br />
fabricant d’EPI Uvex investit fortement dans la production mais aussi et surtout dans la R&D.<br />
L’exemple à Lunebourg, en Basse-Saxe, au sein de l’unité de fabrication de gants.<br />
Historiquement, à Lunebourg, l’or blanc ne<br />
signifie pas la neige – et encore moins les<br />
pistes de ski – mais le sel, précieuse denrée<br />
qui a fait durant près d’un millénaire la<br />
richesse de la ville. Mais depuis le XXe siècle, c’est l’industrie<br />
qui a pris le relais. Et comme l’histoire n’est pas à<br />
une ironie près, c’est au moment où, à la fin des années 80,<br />
l’exploitation de ce condiment jadis tant convoité prend<br />
fin que naît l’entreprise Uvex*, faisant de Lunebourg non<br />
plus la capitale du sel mais celle des gants de protection !<br />
Dernière évolution en date de la plus vaste usine de gants<br />
d’Europe, un investissement de 25 M€ dans de nouveaux<br />
locaux ainsi que le renforcement des moyens de production<br />
et de R&D. Formant la troisième aile de l’imposante<br />
unité de production, la dernière extension de l’usine de<br />
Lunebourg est sortie de terre il y a trois ans. La construction<br />
de ce nouveau bâtiment était devenue nécessaire<br />
pour répondre aux besoins de croissance de production,<br />
tant actuels qu’à venir.<br />
La production fonctionne en 3-8 et se divise en deux<br />
grandes zones, l’une dédiée au textile, l’autre au revêtement<br />
chimique, sorte de seconde peau du gant. Ici, pas<br />
moins de 250 salariés (dont 200 en production et 5% de<br />
la masse salariale en R&D) travaillent à la fois sur des<br />
postes manuels et des cellules robotisées, en particulier<br />
pour l’enduction de gants de protection chimique. Deux<br />
impressionnantes lignes à deux étages armées de plusieurs<br />
robots et d’un carrousel enchaînent les opérations d’enduction<br />
rotative. Autre opération nécessaire à la fabrication<br />
d’un gant haute protection, le sablage, qui constitue<br />
une étape indispensable pour prémunir les futurs utilisateurs<br />
des risques de projection et assurer une résistance<br />
à la haute pression.<br />
Olivier Guillon<br />
* Uvex est né en 1926 et a fêté ses 90 ans l’an dernier.<br />
À Lunebourg, l’usine a vu le jour en 1986<br />
Ligne d’enduction de gants<br />
Ligne dédiée au textile<br />
L’usine abrite des postes<br />
manuels et des lignes<br />
automatisées<br />
74 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
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PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017 I75
PRÉVENTION DES RISQUES<br />
Trois questions<br />
à Franz Keller,<br />
directeur du site Uvex<br />
de Lunebourg<br />
Que représentent les produits dits dangereux dans votre activité ?<br />
Franz Keller : Ils ont toujours représenté un marché important,<br />
en particulier lorsque nous avons démarré il y a une trentaine<br />
d’années avec des clients tels que BASF ou Bayer. Mais<br />
nous constatons que l’automobile est un secteur également très<br />
consommateur de produits dangereux dans la mesure où la<br />
production utilise des agents chimiques destinés aux pièces<br />
mécaniques, sans oublier les ateliers de peinture ainsi que le<br />
recours à des lubrifiants de refroidissement et des huiles de graissage<br />
utilisés pour les pièces métalliques à la fois en production<br />
et dans les ateliers de montage.<br />
Comment répondez-vous aux besoins des techniciens de maintenance<br />
contraints d’intervenir sur plusieurs sites différents et de réaliser<br />
des tâches variées ?<br />
Nous avons déjà réalisé la première génération de produits à<br />
base de coton nitrile dont l’éventail d’applications est bien plus<br />
large que les gants auparavant conçus à partir de PVC. Ceux-ci<br />
couvrent plus de 80% des applications chimiques. Mais nous<br />
insistons sur l’importance de la formation dans la mesure où les<br />
risques viennent souvent du fait que les EPI sont mal utilisés.<br />
On remarque notamment que les gants PVC sont appelés dans<br />
le jargon les « gants pétroliers » alors même qu’ils n’assurent pas<br />
76 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
PRÉVENTION DES RISQUES<br />
La balise de détection<br />
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de protection plus de 10 minutes au contact des produits que<br />
l’on trouve dans cette industrie.<br />
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Outre le respect des normes et les innovations technologiques,<br />
notre rôle en tant que fabricant est de conseiller nos clients en<br />
fonction de leurs besoins et de leurs activités. Nous avons à ce<br />
titre développé un service, le Chemical Expert System (CES),<br />
sorte de guide d’application vis-à-vis des risques chimiques, qui<br />
dirige le visiteur vers un tableau synthétique et, en fonction de<br />
ses paramètres, un choix à cocher. Enfin, rappelons que notre<br />
centre de R&D teste quotidiennement de nouvelles substances<br />
chimiques ; à ce jour, nous répertorions plus de 100 000 références<br />
dans nos bases de données.<br />
Comment se traduisent vos efforts de R&D dans les produits qu’Uvex<br />
met sur le marché ?<br />
Les produits que l’on trouve aujourd’hui dans l’industrie sont de<br />
plus en plus agressifs. Nous poursuivons nos recherches de façon<br />
à toujours placer la protection en priorité. Mais nous travaillons<br />
aussi à rendre nos produits les plus confortables possibles,<br />
à l’exemple d’une de nos nouveautés dont l’intérieur du gant a<br />
été conçu à partir de bambou pour plus de douceur. Par ailleurs,<br />
notre objectif n’est pas de multiplier les références mais de développer<br />
des gants de plus en plus polyvalents. Nous sommes<br />
également en train de développer des gants connectés équipés<br />
de puce RFID, capables de communiquer avec les machines et<br />
d’informer l’opérateur s’il se trouve dans une zone dangereuse,<br />
s’il est autorisé à accéder à cette installation, si la machine est<br />
à l’arrêt pour intervenir dessus et quels EPI il doit porter. Les<br />
applications seront nombreuses.<br />
Propos recueillis par Olivier Guillon<br />
Contactez-nous!<br />
info@oldhamgas.com - 0800-653-426<br />
PRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017 I77
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AVIGNON* : 25 - 27 septembre 2018<br />
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Les éditions<br />
SUD-OUEST et SUD-EST<br />
changent de dates :<br />
--- TOULOUSE / 4 ème édition ---<br />
26 - 28 mars 2019<br />
--- AVIGNON / 6 ème édition ---<br />
25 - 27 septembre 2018<br />
78 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017<br />
WWW.SEPEM-INDUSTRIES.COM I 05 53 49 53 00 I CONTACT@EVEN-PRO.COM
AGENDA<br />
Les 21, 22 et 23 novembre 2017<br />
Europack Euromanut CFIA<br />
Fin novembre, Eurexpo Lyon accueille<br />
Europack Euromanut CFIA, l’événement<br />
professionnel dédié aux filières<br />
industrielles. Sur près de 25 000 m 2 , ce<br />
salon mettra en relation l’offre process,<br />
emballage et manutention répondant aux<br />
besoins des marchés et des utilisateurs de<br />
tous les secteurs de l’industrie… Avec 12 000<br />
visiteurs attendus et 550 exposants, cette<br />
troisième édition s’articulera autour de trois<br />
pôles : Process, Emballage et Manutention.<br />
À Lyon Eurexpo<br />
www.europack-euromanut-cfia.com<br />
Du 27 au 30 mars 2018<br />
Midest<br />
Salon spécialisé en sous-traitance<br />
industrielle, Midest joue un rôle dans<br />
le sourcing et la mise en relation entre<br />
donneurs d’ordres et sous-traitants. Le<br />
salon leur permet d’évaluer et d’affiner<br />
leur panel de sous-traitants, d’identifier<br />
les bons partenaires, de nouer des<br />
contacts déterminants pour la réussite de<br />
leurs projets, de s’informer et d’échanger<br />
sur les sujets clés de l’industrie et de<br />
découvrir les tendances technologiques.<br />
À Paris Nord Villepinte<br />
www.midest.com<br />
Du 27 au 30 mars 2018<br />
Industrie Paris<br />
Classé au Top 5 des salons industriels européens,<br />
Industrie est aujourd’hui le plus grand<br />
événement dédié à l’industrie en France,<br />
rassemblant plus d’un millier d’exposants<br />
et 22 000 visiteurs en quatre jours. Avec la fédération<br />
Global Industrie (qui associe Industrie<br />
Paris à Midest, Smart Industries et Tolexpo), le<br />
salon parisien atteindra 2 700 exposants sur<br />
près de 100 000 m 2 de surface d’exposition.<br />
Plus d’informations au sujet de Global<br />
Industrie en page 6 du magazine.<br />
À Paris Nord Villepinte<br />
www.industrie-expo.com<br />
Du 27 au 30 mars 2018<br />
Smart Industries<br />
Pour sa troisième édition, Smart Industries<br />
se déroulera sur près de 10 000 m² et<br />
devrait accueillir plus de 10 000 visiteurs<br />
et 400 exposants venus présenter leurs<br />
solutions en matière d’usine connectée<br />
intelligente, collaborative et efficiente.<br />
Soutenu par l’Alliance Industrie du Futur<br />
et parrainé par l’Elysée, Smart Industries<br />
abritera des conférences et des dizaines de<br />
start-up. Par ailleurs, un grand concours<br />
sera organisé pour les jeunes…<br />
À Paris Nord Villepinte<br />
www.smart-industries.fr<br />
Le 23 novembre 2017<br />
<strong>Production</strong> Temps Réel<br />
Spécialement dédiée aux solutions de<br />
M.E.S., M.O.M., Data Analytics, IoT et Lean<br />
Manufacturing, cette journée permettra<br />
aux industriels de passer le cap du<br />
manufacturing.<br />
À Toulouse<br />
www.production-temps-reel.com<br />
Du 6 au 9 mars 2018<br />
Simodec<br />
La biennale dédiée à l’industrie du<br />
décolletage ouvrira ses portes aux parc des<br />
expositions de la Roche-sur-Foron.<br />
À La Roche/Foron (74)<br />
www.salon-simodec.com<br />
Le 5 avril 2018<br />
Innova-<strong>Maintenance</strong><br />
La journée dédiée à l’innovation en<br />
maintenance revient à Strasbourg avec des<br />
conférences techniques et un invité surprise.<br />
À l’IUT Louis Pasteur de Schiltigheim -<br />
Université de Strasbourg<br />
www.iut-lps.fr<br />
PRODUCTION MAINTENANCE • N°58 • Août-Septembre 2017 I79
INDEX<br />
Au sommaire du prochain numéro :<br />
©Siemens<br />
TECHNOLOGIES<br />
• Dossier spécial : la maintenance et son<br />
rôle stratégique dans l’industrie du futur<br />
MAINTENANCE EN PRODUCTION<br />
• Le secteur de l’agroalimentaire<br />
à l’honneur<br />
MANAGEMENT<br />
• Spécial GMAO : les bonnes<br />
pratiques à adopter pour<br />
réussir son intégration<br />
©Corim<br />
©DR<br />
MAINTENANCE MÉCANIQUE<br />
• Se doter des meilleures<br />
technologies pour assurer<br />
l’étanchéité au sein de ses<br />
équipementse<br />
PRÉVENTION DES<br />
RISQUES AU TRAVAIL<br />
• Bonnes pratiques et technologies<br />
pour réduire les risques en zone<br />
Atex<br />
Liste des entreprises citées et répertoire des annonceurs<br />
3M6 et 72<br />
APAVE FORMATION 6<br />
AUDINNOV 73<br />
ACOEM 27<br />
ANSYS 52<br />
BITO SYSTEMS 37<br />
BOGE 66<br />
BOMBARDIER TRANSPORT 8<br />
CARL SOFTWARE4 e de couverture<br />
CARTESIAM48<br />
CETIM 6 et 17<br />
CFIA 64<br />
CIMI6, 35 et 48<br />
COMST 70<br />
CORIM SOLUTIONS 4<br />
DBVIB23 et 30<br />
DC BRAIN 49<br />
DIFOPE3 e de couverture<br />
DIMO SOFTWARE 33<br />
DSD SYSTEM2 et 26<br />
ELA INNOVATION 48<br />
ENDEL ENGIE 11 et 54<br />
ENERGIENCY 50<br />
EST-AEGIS 55<br />
EUROPACK EUROMANUT CFIA 79<br />
FRENCH TECH44<br />
GEPS TECHNO 50<br />
GLOBAL INDUSTRIE 6<br />
I-CARE13 et 28<br />
IGUS8 et 57<br />
INDUSTRIE PARIS6, 39 et 79<br />
INFRATEC 61<br />
INNOVA MAINTENANCE 79<br />
JET MOTEURS 19 et 60<br />
KTR 51<br />
MABEO INDUSTRIE 75<br />
MAINTENANCE AND CO 79<br />
MARÉCHAL ÉLECTRIQUE 71<br />
MAYEKAWA 62<br />
MOBILITY WORK 46<br />
MIDEST 6, 41 et 79<br />
MICHAUD CHAILLY 4<br />
MOLYDAL 65<br />
MONIXO 46<br />
OLDHAM 77<br />
PERFECT INDUSTRY 46<br />
PIERRE GUERIN 59<br />
PRO-SPARE 47<br />
PROSYST 8<br />
RS COMPONENTS 7<br />
SCHAEFFLER24 et 31<br />
SDT INTERNATIONAL9 et 38<br />
SEPEM INDUSTRIES10, 78 et 79<br />
SKF 15 et 20<br />
SMART INDUSTRIES6, 45 et 79<br />
STÄUBLI ROBOTICS 6<br />
SUEZ 8<br />
SYNERGYS TECHNOLOGIES2 e de couverture<br />
TSI PRODUCTION 8<br />
TORK 69<br />
UESYSTEMS 14 et 21<br />
UVEX 74<br />
WEG 62<br />
LE CHIFFRE À<br />
RETENIR<br />
40%<br />
Voici la réduction d’émissions<br />
de gaz à effet de serre que<br />
l’industrie française a rejeté<br />
entre 1990 et 2014, selon les<br />
chiffres publiés en septembre<br />
dernier par l’Agence de<br />
l’environnement et de la<br />
maîtrise de l’énergie (Ademe).<br />
Un chiffre encourageant auquel<br />
s’ajoute une baisse de 11% des<br />
consommations énergétiques<br />
dans l’industrie, sachant que<br />
celles-ci représentent, du<br />
moins dans l’Hexagone, près<br />
d’un quart de la consommation<br />
totale d’énergie et un tiers<br />
de l’électricité. Alors que<br />
les États-Unis de Trump<br />
ont décidé de se retirer des<br />
Accords de Paris, il reste aux<br />
plus impliqués de redoubler<br />
d’efforts sur l’efficacité<br />
énergétique dans l’industrie.<br />
Retrouvez nos anciens<br />
numéros sur :<br />
http://www.production-maintenance.com<br />
80 IPRODUCTION MAINTENANCE • N°59 • Octobre-novembre-decembre 2017
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Consultation des informations sur l’équipement concerné :<br />
historique des interventions, documentations techniques…<br />
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