L'Essentiel Prépas n°13_janvier 2018 HD
L'Essentiel Prépas est la publication mensuelle de l'Essentiel du Sup dédiée aux professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales. Le dossier de mois-ci sera consacré à la diversité dans les grandes écoles.
L'Essentiel Prépas est la publication mensuelle de l'Essentiel du Sup dédiée aux professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales. Le dossier de mois-ci sera consacré à la diversité dans les grandes écoles.
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JANVIER <strong>2018</strong> | N° 13<br />
ÉCONOMIQUES<br />
& COMMERCIALES<br />
PAROLES DE PROF<br />
Les humanités : un élément-clé du continuum prépas - grandes écoles, une formation pour la vie<br />
ENTRETIENS<br />
Florence<br />
Legros<br />
ICN BS<br />
DOSSIER<br />
Comment les grandes écoles<br />
s’ouvrent toujours plus<br />
à la diversité<br />
Rémy<br />
Challe<br />
INSEEC BS<br />
Le campus de l’Edhec à Lille<br />
TOMORROW<br />
*<br />
IT’S ME<br />
* Demain m’appartient<br />
FOR TOMORROWERS ®<br />
ON NE RÈGLE PAS DES PROBLÈMES NOUVEAUX<br />
AVEC DES SOLUTIONS ANCIENNES.<br />
«Echangeons ensemble sur<br />
notre pédagogie Tomorrowers»<br />
Sébastien Chantelot<br />
Directeur ESC Pau Business School, 06.63.88.12.09<br />
MASTER GRANDE ÉCOLE<br />
esc-pau.fr
EDITO<br />
HEC bientôt<br />
vendue au Qatar ?<br />
Sommaire<br />
JANVIER <strong>2018</strong> | N° 13<br />
Les ESSENTIEL DU MOIS 3 à 8<br />
On se demande un instant si on a bien entendu… Mais oui le président de la<br />
CCI Paris Ile-de-France, Didier Kling, vient bien d’évoquer la vente possible<br />
de ses écoles au Qatar ou à la Chine : « Le Qatar a déjà acheté le PSG et là<br />
comme en Chine nous rencontrons des entreprises qui se disent intéressées<br />
par le rachat de nos écoles, d’HEC, de l’Essec, de l’ESCP… » Et le président<br />
de CCI France, Pierre Goguet, de rappeler : « Une entreprise chinoise a bien<br />
racheté Brest Business School ».<br />
150 millions d’euros ponctionnés<br />
Si les chambres de commerce et d’industrie agitent aujourd'hui la menace de la<br />
vente de leurs plus beaux fleurons académiques – « Nous avons prévenu les pouvoirs<br />
publics, à eux d’assumer les conséquences de leurs décisions », affirme Didier Kling<br />
– c’est qu’elles risquent d’être confrontées à une nouvelle baisse de leurs moyens en<br />
<strong>2018</strong>. Le projet de loi de finances <strong>2018</strong> prévoit en effet, une baisse de 150 millions<br />
d’euros de la taxe pour frais de chambre (TFC) affectée aux CCI. Une nouvelle ponction<br />
budgétaire de plus de 47 millions d’euros affecterait celle de Paris remettant en cause<br />
son soutien à ses écoles. Les 10 millions que reçoivent chaque année HEC, l’Essec<br />
et ESCP Europe, les 9 millions de l’Esiee, les 4 de Ferrandi (les autres écoles sont à<br />
l’équilibre) devraient ainsi progressivement tendre vers… 0.<br />
« Nous avons prévenu nos écoles qu’elles avaient trois ans pour devenir indépendantes<br />
financièrement de nous », reprend Didier Kling. Un nouvel équilibre qui était prévu à ESCP<br />
Europe mais… pour 2022 et qui ne sera pas forcément facile à atteindre, d’autant que<br />
les écoles sont confrontées à une concurrence de plus en plus effrénée. D’où l’hypothèse<br />
d’un renfort - et même d’une vente pure et simple ! – de groupes étrangers.<br />
Quel avenir pour la taxe d’apprentissage ?<br />
À ces interrogations sur la pérennité des revenus tirés de la taxe pour frais de<br />
chambre s’ajoutent des craintes sur une réforme possible de la taxe d’apprentissage.<br />
Alors qu’une commission travaille à un projet de réforme et devrait bientôt rendre<br />
ses conclusions, une somme vertigineuse de changements semble sur la table : les<br />
régions pourraient perdre la gestion de la taxe d’apprentissage au profit des branches<br />
professionnelles, les contrats d’apprentissage et de professionnalisation fusionnés, les<br />
centres de formation d'apprentis (CFA) rétribués au contrat (c’est déjà le cas pour ceux<br />
de professionnalisation) ou encore la collecte transférée à de nouveaux acteurs. Un<br />
point qui inquiète tout particulièrement les CCI chargées aujourd'hui de collecter un<br />
bon tiers de la taxe.<br />
Dans ce contexte de plus en plus tendu, une dernière menace agite les esprits : la<br />
disparition possible de la partie de la taxe d’apprentissage que touchent les écoles au<br />
travers de ce qu’on appelle le « barème » (partie de la taxe d’apprentissage que les<br />
entreprises affectent librement aux établissements de leur choix). « Beaucoup d’écoles<br />
connaîtront de sérieuses difficultés et certaines risquent même de disparaître. Nous<br />
avons le sentiment que les effets sur les business schools de ce genre de décisions<br />
ne sont pas un sujet de préoccupation pour un gouvernement qui estime qu’il faut<br />
d’abord s’occuper des bacheliers professionnels », regrette<br />
le directeur général de Grenoble EM, vice-président de la<br />
Conférence des Grandes écoles (CGE) au sein de laquelle<br />
il préside le Chapitre des écoles de management, Loïck<br />
Roche, qui en conclut : « Nous avons un peu le sentiment<br />
d’arriver après la bataille. Que la phase de réflexion n’est là<br />
que pour entériner une copie déjà quasiment définitive. En<br />
tout cas pour s’en écarter le moins possible. Ce qui ne doit<br />
pas nous empêcher d’essayer d’être entendus… »<br />
Olivier Rollot<br />
Rédacteur en chef<br />
Les grandes<br />
écoles<br />
à l’heure de<br />
la diversité<br />
• « L’Essentiel du Sup - <strong>Prépas</strong> » est une publication du groupe<br />
| 33 rue d’Amsterdam | 75008 Paris<br />
• Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont<br />
• Rédacteur en chef : Olivier Rollot | o.rollot@headway-advisory.com<br />
• Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />
| f.boleduchomont@headway-advisory.com - 01 71 18 22 62<br />
• Photo de couverture : Edhec<br />
ENTRETIEN 9 & 10<br />
Florence Legros (ICN)<br />
« Nous voulons travailler<br />
toujours plus ensemble dans<br />
l’esprit d’Artem »<br />
DOSSIER 11 à 14<br />
ENTRETIEN 15 à 17<br />
Rémy Challe (INSEEC)<br />
« Mon job, c’est que<br />
les étudiants aient un job ! »<br />
PAROLE DE PROF 18 & 19<br />
Les humanités : un élément-clé<br />
du continuum classes préparatoires<br />
- grandes écoles, une formation<br />
pour la vie<br />
REPÈRES 20<br />
L’enseignement privé<br />
en forte hausse<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 2 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
L’ESSENTIEL DU MOIS<br />
Classements :<br />
synthèse à mi-chemin<br />
Après « l’Etudiant » et « Le Figaro » et avant « Le Point » et « Le Parisien » cela a été au<br />
tour de « Challenges » de sortir son classement des écoles de management fin décembre.<br />
En voici une synthèse et une comparaison avec les deux premiers.<br />
Rang Écoles Challenges Le Figaro l'Etudiant Moyenne<br />
1 HEC Paris 1 1 1 1,0<br />
2 Essec 3 2 2 2,3<br />
3 ESCP Europe 2 3 3 2,7<br />
4 EM Lyon BS 4 4 4 4,0<br />
5 Edhec BS 5 5 5 5,0<br />
6 Grenoble EM 10 5 6 7,0<br />
7 Skema BS 6 8 8 7,3<br />
8 Audencia BS 9 7 7 7,7<br />
9 Neoma BS 7 9 8 8,0<br />
10 Kedge BS 8 10 11 9,7<br />
11 Toulouse BS 11 11 11 11,0<br />
12 Rennes School of Business 13 12 10 11,7<br />
13 Montpellier BS 12 13 13 12,7<br />
14 ICN BS 17 14 14 15,0<br />
15 EM Normandie 16 15 16 15,7<br />
16 Télécom EM 14 17 18 16,3<br />
17 EM Strasbourg 15 18 17 16,7<br />
18 Burgundy School of Business 22 16 15 17,7<br />
19 La Rochelle Business School 19 19 19 19,0<br />
20 ISC 21 21 20 20,7<br />
21 ISG 18 23 22 21,0<br />
22 Inseec 20 22 22 21,3<br />
23 ESC Clermont 24 20 21 21,7<br />
24 ESC Troyes 23 24 24 23,7<br />
25 ESC Pau 25 25 25 25,0<br />
26 Brest BS 26 26 26 26,0<br />
53 places de plus pour les élèves de prépas<br />
En <strong>2018</strong> les grandes écoles de management proposent<br />
en tout 53 places supplémentaires aux élèves issus de<br />
classes prépas. Avec une hausse de 30 places c’est la<br />
Burgundy School of Business qui progresse le plus et<br />
augmente ainsi ses effectifs de 70 places en deux ans.<br />
Augmentent également leur recrutement l’emlyon BS,<br />
l’Edhec BS et Télécom EM (+20 places cette année),<br />
2 360 euros<br />
En 2015, un enseignant du ministère de<br />
l’Éducation nationale perçoit en moyenne<br />
2 360 euros nets par mois selon une note du<br />
ministère de l’Éducation nationale sur L'évolution<br />
du salaire des enseignants entre 2014<br />
et 2015. Dans ce cadre les professeurs agrégés<br />
et de chaire supérieure gagnent 0,6 fois<br />
plus que les professeurs des écoles et 1,2 fois<br />
plus que les professeurs contractuels. Avec un<br />
salaire net moyen de 3 540 euros par mois, les<br />
professeurs agrégés et de chaire supérieure<br />
bénéficient en effet à la fois de grilles de rémunération<br />
les plus élevées et d’un nombre important<br />
d’heures supplémentaires. 90 % d’entre<br />
eux gagnent au moins 2 500 euros par mois,<br />
jusqu’à plus de 4 500 euros pour les 10 %<br />
les mieux rémunérés. À l’inverse, 80 % des<br />
professeurs des écoles perçoivent un salaire net<br />
mensuel moyen inférieur ou égal à 2 500 euros.<br />
En 2015, malgré l’absence d’évolution de la<br />
valeur du point d’indice, les enseignants déjà<br />
rémunérés par le ministère de l’Éducation nationale l’année<br />
précédente ont, en moyenne, perçu un salaire net supérieur<br />
de 3,8 % en euros constants. Parmi les enseignants<br />
Comme d’habitude le classement des écoles<br />
de management de « Challenges » - qui paraît<br />
tous les deux ans – distingue écoles postbac<br />
et post-prépas. Pour les écoles post prépas si<br />
le top 5 est relativement similaire aux deux<br />
autres classements déjà parus dans « l’Etudiant<br />
» et « Le Figaro » la suite est beaucoup<br />
moins classique puisque c’est Skema qui<br />
prend la tête du peloton des « challengers »<br />
devant Neoma et Kedge. Les habituelles 6 e et<br />
7 e , Grenoble EM et Audencia se retrouvent<br />
respectivement à la 10 e et à la 9 e place. La<br />
désillusion est encore plus cruelle pour<br />
Burgundy School of Business reléguée à une<br />
obscure 22 e place quand les deux autres classements<br />
la voyaient en moyenne 15 e . Au<br />
contraire l’ISG remonte à la 18 e place quand<br />
elle était en moyenne 23 e dans les deux<br />
autres. n<br />
ESCP Europe (+15), Audencia et Montpellier BS (+10) et<br />
enfin l’ICN BS, Toulouse BS et Rennes SB (+5 places pour<br />
chacune).<br />
À l’inverse, l’Inseec, l’ESC Pau et l’ISC baissent largement<br />
leur recrutement : de 30 places pour les deux premières<br />
et 25 pour la troisième. C’est également le cas dans une<br />
moindre mesure de l’ISG (-10 places). n<br />
titulaires, la moitié d’entre eux observent effectivement une<br />
hausse de leur salaire net. Cependant, près de 20 % voient<br />
leur salaire stagner et 30 % leur salaire diminuer. n<br />
EN BREF<br />
→ Vincenzo Esposito Vinzi,<br />
47 ans, a été nommé<br />
directeur général de<br />
l’Essec. Doyen des<br />
professeurs il assurait<br />
l’intérim du poste depuis<br />
le départ de Jean-Michel Blanquer.<br />
Docteur en statistiques de l’Université<br />
Federico II de Naples, titulaire<br />
d’un master en économie et gestion<br />
d'entreprise, il a été professeur de<br />
statistiques à l'Université Federico II<br />
de Naples avant de rejoindre l’Essec<br />
en 2007. En 2011 il est élu doyen des<br />
professeurs par l’ensemble du corps<br />
professoral permanent puis réélu en<br />
2015 avec 93 % des voix. Membre du<br />
Comité éxécutif de l’ESSEC en tant<br />
que directeur général adjoint aux<br />
affaires académiques depuis 2011, il<br />
était responsable de la gestion et du<br />
développement du corps professoral.<br />
Il aura maintenant la lourde tâche de<br />
succéder à un directeur si emblématique<br />
que rien ne satisferait plus sa<br />
tutelle que de le voir y revenir un<br />
jour…<br />
→ Sophie Gay Anger, 51 ans, a été<br />
nommée directrice du<br />
programme Grande<br />
Ecole de SKEMA<br />
Business School, sous la<br />
responsabilité de Patrice<br />
Houdayer, directeur des<br />
programmes, de l’international et de<br />
la vie étudiante qui assurait l'intérim<br />
de la fonction depuis <strong>janvier</strong> 2017.<br />
Elle remplace à ce poste Geneviève<br />
Poulingue, nommée directrice du<br />
campus de SKEMA à Belo Horizonte<br />
en <strong>janvier</strong> 2017.<br />
Après avoir obtenu un MBA (1991)<br />
puis un PhD (1996) spécialisé en<br />
finance de l'Université de Laval au<br />
Québec, Sophie Gay Anger a été<br />
maître de conférences à l'Université<br />
de Fribourg. Professeur de finance,<br />
elle entre à l’EM Normandie en<br />
2008 et y dirige le campus de Paris<br />
de 2013 à 2014 avant de rejoindre<br />
SKEMA Business School en tant que<br />
directrice adjointe du Programme<br />
Grande Ecole sur le campus de Paris.<br />
Peu après, elle est également nommée<br />
directrice du KCenter, service dédié<br />
à l'accompagnement de l'innovation<br />
pédagogique à SKEMA. Dans ce<br />
cadre, elle a codirigé le projet de<br />
lancement de la nouvelle plateforme<br />
pédagogique K2 qui permet aux<br />
étudiants de SKEMA de collaborer<br />
et co-créer de manière synchrone<br />
partout dans le monde.<br />
→ Frank Bostyn a été nommé dean<br />
du College of Business<br />
and Economics de la<br />
United Arab Emirates<br />
University. Il était<br />
jusqu’en avril 2017<br />
directeur de Neoma BS.<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 3 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
NANTES | PARIS | BEIJING | SHENZHEN<br />
6 e au SIGEM<br />
depuis 2002<br />
LEARN<br />
CREATE<br />
#SUCCEED<br />
«Parce que l’audace s’affirme avec le savoir, nous développons vos expériences,<br />
Parce que le talent s’exprime grâce à la culture, nous multiplions les influences,<br />
Parce que leadership et responsabilité doivent se faire écho, nous visons plus haut.<br />
Notre vocation ? Vous permettre de développer la vôtre ! »<br />
Nicolas Arnaud – Directeur Audencia Grande Ecole<br />
www.audencia.com<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 4 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
. Ils augmentent de 0,3% dans la filière scientifique, qui concentre près des deux tiers des<br />
ù les femmes constituent moins d’un tiers des inscrits. Ils diminuent dans la filière<br />
%) et dans la filière littéraire (-0,4%)<br />
S STABLES A LA RENTREE<br />
PLUS DE 83 % L’ESSENTIEL DES INSCRITS DU MOIS SONT DANS UN<br />
CPGE : évolution<br />
de redoublements<br />
contrastée<br />
(7 460).<br />
représentant environ 17 % des effectifs.<br />
des effectifs en 2016-2017<br />
classes préparatoires aux grandes La parité n’est pas acquise dans les CPGE, où les<br />
estent stables à la rentrée 2017 et femmes<br />
Effectifs<br />
ne<br />
selon<br />
constituent<br />
le ministère<br />
que<br />
de<br />
43<br />
tutelle<br />
% des<br />
en<br />
inscrits.<br />
2017-<strong>2018</strong><br />
La<br />
ent les 86 500 étudiants. En dix ans, féminisation est en outre très hétérogène selon la<br />
CPGE A ont la rentrée crû de 2017, plus les de effectifs 10 000 des classes filière prépas : alors sont que restés les femmes MEN stables. et représentent Ils augmentent Autres près dans des<br />
Total<br />
la filière scientifique mais diminuent trois dans quarts les filières des économique effectifs<br />
MESRI<br />
en filière et littéraire. littéraire<br />
Ministères En et dix 55 ans, % des les<br />
effectifs ont crû de plus de 10 000 étudiants. inscrits Public en filière économique, 70 349 elles sont 1 758 moins d’un 72 107<br />
s par année en 2017-<strong>2018</strong><br />
Avec 86 500 étudiants les effectifs des<br />
tiers dont dans femmes la filière scientifique. 30 888 707 31 595<br />
classes préparatoires aux grandes écoles Privé 14 333 38 14 371<br />
Hommes se sont stabilisés Femmes à la rentrée Ensemble 2017 selon<br />
une note du ministère de l'Enseignement<br />
dont femmes<br />
Evolution des effectifs<br />
5 395<br />
en 2017-<strong>2018</strong><br />
17 5 412<br />
24 108 supérieur, de 19 la 387 Recherche et 43 de 495 l’Innovation<br />
Public + Privé 84 682 2016-2017 1 796 2017-<strong>2018</strong> 86 478<br />
(MESRI). La filière scientifique concentre<br />
25 363 17 620 42 983<br />
près des deux tiers des effectifs (53 848),<br />
dont femmes<br />
Filière scientifique<br />
36 283 724<br />
53 681<br />
37 007<br />
53 848<br />
4 776 en hausse de 2 687 0,3%. Les autres 7 463 étudiants dont femmes, en % 42,8 40,3 42,8<br />
Évolution annuelle, en % 0,9 0,3<br />
se répartissent dans les filières économique Les établissements privés hors contrat sont conventionnellement<br />
49 471 (23%) et littéraire 37 007 (15%). Les filières 86 478 économique<br />
rattachés % par rapport aux différents à l'effectif ministères total selon la formation 62,1 dispensée. 62,3<br />
et littéraire voient leurs effectifs dimi-<br />
opolitaine + DOM.<br />
Filière Champ économique : France métropolitaine + DOM 20 168 20 056<br />
nuer de 0,6% et 0,4%.<br />
/ Système d'information Scolarité du MEN, Source Évolution : MESRI-SIES annuelle, en / % Système d'information 0,8 Scolarité du MEN, -0,6<br />
n charge -0,2% de l’agriculture. de nouveaux entrants. Les effectifs Safran du Ministère en charge de l’agriculture.<br />
des nouveaux entrants en CPGE sont en légère % par rapport à l'effectif total 23,3 23,2<br />
baisse à la rentrée 2017 (-0,2%). Une baisse<br />
s par filière d’abord en imputable 2017-<strong>2018</strong><br />
Les Filière établissements littéraire relevant des 12 624 Ministère 12 574 de<br />
à la filière économique,<br />
l’éducation<br />
qui voit son nombre de nouveaux entrants Évolution annuelle,<br />
nationale<br />
en %<br />
et Ministère de<br />
-0,8<br />
l’enseignement<br />
-0,4<br />
diminuer de 2,5% sur un an. Dans les filières supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI)<br />
Hommes<br />
scientifique<br />
Femmes<br />
et littéraire, le nombre<br />
Ensemble<br />
de nouveaux comptent<br />
% par rapport<br />
84<br />
à<br />
700<br />
l'effectif<br />
étudiants<br />
total<br />
(y compris<br />
14,6<br />
établissements<br />
14,5<br />
entrants augmente de 0,6% sur un an. privés Ensemble conventionnellement rattachés) 86 473 et forment 86 près 478<br />
37 102 16 746 53 848<br />
93,5% de bacheliers généraux. Les de Évolution 98 % annuelle, des inscrits en % en CPGE. Les 0,6 établissements 0,0<br />
9 bacheliers 105 généraux 10 951 sont très 20 largement 056 restants relèvent principalement du Ministère de la<br />
% par rapport à l'effectif total 100,0 100,0<br />
3 majoritaires 264 parmi 9 310 les nouveaux 12 entrants 574 en Défense (1 100 étudiants) qui forme 1,3 % du total<br />
CPGE avec 93,5% des effectifs. C’est dans la étudiants<br />
49 filière 471 littéraire 37 qu’ils 007 sont le plus 86 représentés 478 Champ : France de CPGE. métropolitaine + DOM<br />
Source : MESRI-SIES / Système d'information Scolarité du MEN,<br />
(99,2%) alors que la filière économique est Safran du Ministère en charge de l’agriculture.<br />
opolitaine<br />
celle<br />
+ DOM<br />
UNE BAISSE MARQUEE DES NOUVEAUX<br />
qui a le recrutement le plus diversifié<br />
/ Système<br />
puisqu’elle<br />
d'information<br />
accueille<br />
Scolarité<br />
9,8%<br />
du<br />
de<br />
MEN, ENTRANTS DANS LA FILIERE ECONOMIQUE<br />
bacheliers<br />
n charge de l’agriculture.<br />
La filière scientifique concentre près des deux tiers<br />
technologiques.<br />
des effectifs (53 850), en hausse de 0,3 %. Les autres<br />
43% de femmes. Si les femmes ne constituent<br />
que 43% des inscrits elles sont 55% en<br />
nfondues, les effectifs de deuxième étudiants Origine se des répartissent nouveaux dans entrants les filières en 2017-<strong>2018</strong> économique<br />
urs de 1,2 % à ceux des effectifs de (23 %) et littéraire (15 %). Les filières économique et<br />
filière économique, près des trois quarts en<br />
Filière Filière Filière<br />
Ils sont filière néanmoins littéraire pour supérieurs moins d’un tiers aux dans la littéraire voient leurs scientifique<br />
% et mique -0,4 % sur raire un an).<br />
effectifs écono-<br />
diminuer litté-<br />
à la rentrée Total<br />
mière filière année scientifique. des nouveaux 2017 (respectivement -0,6<br />
r entrée 7 460 précédente redoublants. (42 Toutes 700), filières ce confondues,<br />
les effectifs de deuxième année sont<br />
Bacheliers généraux 93,7 89,1 99,2 93,5<br />
Note Flash n°26 – décembre 2017<br />
inférieurs de 1,2% à ceux de première année. S 93,7 41,9 23,3 70,2<br />
Ils sont néanmoins supérieurs aux effectifs de ES - 46,6 22,8 14,6<br />
première année des nouveaux entrants de la<br />
L - 0,6 53,1 8,7<br />
rentrée précédente (42 700) en raison d’un<br />
nombre relativement important de redoublements<br />
(7 460).<br />
technologiques<br />
Bacheliers<br />
5,6 9,8 - 5,7<br />
83% dans le public. Les CPGE sont en<br />
grande majorité situées dans des établissements<br />
publics dépendant à 98% du MESRI.<br />
Les établissements restants relèvent principalement<br />
du ministère de la Défense (1100<br />
étudiants) qui forme 1,3% du total étudiants<br />
de CPGE. Quant aux établissements privés ils<br />
représentant environ 17% des effectifs (pour<br />
18,5% de l’ensemble des effectifs étudiants<br />
en France).<br />
31,3% en Ile-de-France. Un élève sur trois<br />
étudie en Ile-de-France et, à elle seule, Paris<br />
concentre près d’un élève sur cinq. Cette<br />
répartition est stable dans le temps.<br />
ETABLISSEMENT PUBLIC<br />
qui Les s’explique CPGE sont par en un grande nombre majorité relativement situées important dans des<br />
établissements publics, les établissements privés<br />
Bacheliers<br />
professionnels<br />
0,2 0,4 - 0,2<br />
Autres origines (1) 0,5 0,6 0,8 0,6<br />
Total 100,0 100,0 100,0 100,0<br />
Effectifs d'entrants<br />
2017<br />
Evolution annuelle, en<br />
%<br />
25 790 9 968 6 881 42 639<br />
0,6 -2,5 0,6 -0,2<br />
(1) Université y c. IUT, vie active, étudiants étrangers et autres<br />
Champ : France métropolitaine + DOM<br />
Source : MESRI-SIES / Système d'information Scolarité du MEN,<br />
Safran du Ministère en charge de l’agriculture.<br />
Les effectifs des nouveaux entra<br />
légère baisse à la rentrée 2017<br />
est imputable à la filière écon<br />
EN BREF<br />
nombre de nouveaux entrants d<br />
→ → « Il est temps d’être soi-même »<br />
avec un l’EM an. Strasbourg Dans les filières scien<br />
nombre de nouveaux entrants a<br />
un an.<br />
Les bacheliers généraux s<br />
majoritaires parmi les nouveau<br />
représentant 93,5 % des effectif<br />
littéraire qu’ils sont le plus rep<br />
effectifs). La filière économiqu<br />
recrutement le plus diversifié<br />
9,8 % de bacheliers technologiq<br />
UN ETUDIANT DE CPGE S<br />
EN ILE-DE-FRANCE<br />
Cette fois-ci plus question de montrer<br />
des Les homonymes classes des préparatoires personnalités. aux g<br />
L’EM pas Strasbourg réparties a dévoilé de sa façon nouvelle uniform<br />
campagne de communication<br />
étudiant sur trois étudie en Ile<br />
institutionnelle à travers une première<br />
saga seule de 11 annonces la ville publicitaires de Paris concentre<br />
proclamant CPGE « sur Il est cinq. temps d’être Cette répartitio<br />
soi-même temps. ».<br />
→→<br />
Meilleures associations<br />
étudiantes : Répartition la Course croisière des effectifs<br />
EDHEC l’emporte<br />
Talonnée dans certains classements<br />
par Grenoble EM, l’Edhec domine<br />
toujours sa consœur grenobloise pour<br />
Paris - Ile-de-France<br />
la valeur de ses associations<br />
d’étudiants % par : rapport la Course à l'effectif croisière total Edhec<br />
l’emporte cette année selon le<br />
classement Autres Aneo capitales devant régionales Forum métropo<br />
ESTP, % le par « Chti rapport » (toujours à l'effectif l’Edhec), total<br />
« Le petit tou » de Toulouse BS et<br />
l’Altigliss Reste de de Grenoble la France EM. Mais<br />
attention<br />
% par<br />
cette<br />
rapport<br />
dernière<br />
à l'effectif<br />
classe quatre<br />
total<br />
associations dans le top ten pour trois<br />
à l’Edhec… Ensemble<br />
→→Champ Un MOOC : France d’HEC métropolitaine parmi les 5 les + DOM<br />
plus Source populaires : MESRI-SIES en France / Système d'infor<br />
Si c’est Safran un MOOC du Ministère américain en qui charge de l’agric<br />
domine le classement des MOOCs les<br />
plus Les regardés douze en France capitales que vient de métropo<br />
publier regroupent Coursera deux près MOOCs de 30 % des eff<br />
français n’en complètent pas moins le<br />
top 5 dont le Devenir entrepreneur du<br />
changement d’HEC Paris. Développé<br />
en partenariat avec l'association Ticket<br />
for Change, ce nouveau cours d'HEC<br />
Paris a été conçu pour « inspirer et<br />
accompagner toutes les personnes qui<br />
veulent changer la société, mais qui ne<br />
savent pas par où commencer ».<br />
→→<br />
NEOMA Business School et<br />
NEOMA Alumni sortent leur 3 ème<br />
livre<br />
Avec plus de 8 % des emplois dans<br />
l’Union Européenne et plus de 12 % en<br />
France, l’économie sociale et solidaire<br />
devient un débouché professionnel de<br />
premier plan. NEOMA Business<br />
School et NEOMA Alumni y<br />
consacrent justement leur troisième<br />
livre : « L’économie sociale et solidaire<br />
face aux enjeux du management ».<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 5 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13<br />
MESRI-SIES
L’ESSENTIEL DU MOIS<br />
EN BREF<br />
→→<br />
emlyon et l’Inria<br />
partenaires d’un programme<br />
de création d’entreprises<br />
L’Inria et emlyon business<br />
school mettent en place<br />
un partenariat visant au<br />
déploiement d’un programme<br />
d’actions spécifiques pour<br />
appuyer les porteurs de<br />
projets entrepreneuriaux<br />
issus des équipes de recherche<br />
de l’institut. Ce partenariat<br />
s’inscrit dans le cadre d’un<br />
programme créé par l’Inria,<br />
le Digital Start-up, qui a pour<br />
objectif d’accompagner les<br />
futurs créateurs d’entreprises<br />
sur les aspects non<br />
technologiques de leur projet.<br />
Ce programme d’actions est<br />
déployé en association étroite<br />
entre la Direction générale<br />
déléguée au transfert et aux<br />
partenariats industriels<br />
d’Inria, IT-translation et<br />
l’incubateur emlyon business<br />
school.<br />
→→<br />
La « Sorbonne<br />
Université » est née<br />
Une nouvelle organisation<br />
pour Audencia<br />
Le groupe Audencia c’est d’abord Audencia BS, mais aussi une école de communication,<br />
Sciences Com qui va devenir Audencia Communication School.<br />
Aujourd'hui, l'école restructure son architecture de marque et se dote d’un projet 100 %<br />
orienté client sous le nom de « One Audencia ».<br />
« Notre premier chantier a été d’homogénéiser<br />
les programmes en nommant un directeur des<br />
programmes, Scott Evans. Nous avons également<br />
changé de statut pour devenir un établissement<br />
d’enseignement supérieur consulaire<br />
(EESC). Enfin, nous rénovons nos bâtiments avec<br />
3 millions d’euros investis », révèle le directeur<br />
général du groupe Audencia, Emeric Peyredieu<br />
du Charlat. Le tout dans l’objectif de poursuivre<br />
le développement effectué au cours des dix<br />
dernières années : deux fois plus d’étudiants, trois<br />
fois plus d’étudiants internationaux, un doublement<br />
du corps professoral… « Parce que nous<br />
sommes plus petits que nos grands compétiteurs,<br />
nous devons progresser deux fois plus vite qu’eux,<br />
tout en ne touchant presque plus de subventions<br />
de notre Chambre de commerce et d’industrie. »<br />
: Trois paramètres<br />
Issue de la fusion entre<br />
l’université Paris-Sorbonne<br />
et l’université Pierre et Marie<br />
Curie, Sorbonne Université a<br />
vu le jour le 1 er <strong>janvier</strong> <strong>2018</strong>.<br />
Sur son logo deux signes<br />
associent le « S » de Sorbonne<br />
et un dôme. Le dôme<br />
« symbolise à la fois Paris, le<br />
quartier latin, et le lieu où la<br />
communauté universitaire se<br />
retrouve ». Il représente « la<br />
force, la pérennité, l’histoire et<br />
le prestige de l’université ». Le<br />
« S » incarne le « cheminement<br />
de la connaissance et évoque<br />
la Seine qui longe plusieurs<br />
sites de Sorbonne Université ».<br />
Le logo est décliné pour<br />
chacune des trois facultés des<br />
Lettres, Médecine et Sciences<br />
et Ingénierie. Chaque faculté<br />
adopte une couleur qui lui est<br />
propre : jaune pour les Lettres,<br />
rouge pour la Médecine, bleu<br />
pour les Sciences et Ingénierie.<br />
Les paramètres sur lesquels peut jouer une<br />
école comme Audencia sont au nombre de<br />
trois : d’abord le nombre d’étudiants, le nombre<br />
de programmes et les frais de scolarité. « Avec<br />
13 500 € par an pour notre programme grande<br />
école, nous sommes assez loin de nos concurrents<br />
comme l’emlyon qui facture 17 500 €.<br />
D’autant que nous avons maintenu nos résultats<br />
aux Sigem en 2017 avec une barre en hausse.<br />
En <strong>2018</strong> nous proposerons dix places supplémentaires.<br />
» Audencia doit également continuer<br />
à progresser dans la formation continue, un axe<br />
dans lequel elle réalise aujour-d'hui 4,5 M€ de<br />
chiffre d’affaires contre seulement 1,5 M€ il y a deux ans<br />
et demi. L’acquisition d’un acteur national de la formation<br />
continue est aujourd'hui prévue. Le troisième levier c’est la<br />
recherche de fonds extérieurs, notamment avec la fondation<br />
Audencia et les alumni. La première campagne a rapporté près<br />
de 10 millions d’euros à l’école (pour un objectif de 8 m€) et la<br />
deuxième est encore en cours de réflexion.<br />
: Une organisation mieux adaptée<br />
3 000 il y a quatre ans, 4 900 aujourd'hui - issus de 95 nationalités<br />
- le nombre d’étudiants augmente alors que la moitié<br />
des professeurs sont étrangers. « Les étudiants sont nos<br />
clients et nous devons plus que jamais nous engager dans leur<br />
réussite en réaffirmant le rôle central de notre corps académique<br />
tout en mesurant mieux son impact », explique Emeric<br />
Peyredieu du Charlat.<br />
Pour définir ses attendus, un diagnostic organisationnel<br />
d’Audencia a été entrepris par le cabinet HEADway Advisory,<br />
spécialiste de l’enseignement supérieur, qui est allé à la<br />
Emeric Peyredieu du Charlat dirige<br />
Audencia BS depuis 2016<br />
rencontre de l’ensemble des personnels, étudiants, alumni.<br />
Trois grandes unités transversales vont être créées :<br />
« Audencia for students », « Audencia for Business » et<br />
« Audencia for research & impact ». Dans ce cadre, le<br />
développement digital va prendre une importance particulière<br />
en s’appuyant sur la direction informatique. « Il faut pouvoir<br />
à la fois centraliser l’activité digitale, pour mutualiser les<br />
efforts et choisir les techniques les plus adaptées, mais aussi<br />
s’appuyer sur les entités les plus avancées comme c’est le<br />
cas aujourd'hui du département formation continue, » confie<br />
Emeric Peyredieu du Charlat.<br />
Ces grandes directions vont également permettre de faire<br />
mieux travailler ensemble les différentes entités. « Dans un<br />
commerce, une activité plus petite souffre si elle est collée au<br />
reste du groupe et ce pourrait être le cas d’Audencia Communication.<br />
Mais il ne faut pas pour autant la tenir à l’écart et<br />
nous allons tester en son sein de nouveaux programmes qui<br />
pourraient ensuite intégrer la business school, » assure Emeric<br />
Peyredieu du Charlat. Un déploiement des programmes d’Audencia<br />
Communication à Paris est même possible. n<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 6 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
L’ESSENTIEL DU MOIS<br />
Les étudiants étrangers ont<br />
une bonne opinion de la France<br />
Neuf étudiants étrangers sur 10 recommandent<br />
la France comme destination<br />
d’études selon l’étude que Campus<br />
France a réalisée avec l’institut Kantar<br />
Public auprès de 14 245 étudiants<br />
étrangers sur l’image et l’attractivité<br />
de la France. Surtout la dynamique<br />
est bonne puisque la France est un<br />
pays plus attractif qu’avant pour 64 %<br />
des étudiants étrangers, devant l’Allemagne,<br />
les États-Unis et le Royaume-<br />
Uni. Seul le Canada bénéficie d’une<br />
attractivité qui progresse davantage<br />
(69 %). Quant aux critiques elles sont<br />
en baisse que ce soit sur le coût de la<br />
vie (39 % d’insatisfaits contre 53 %<br />
en 2011 et 47 % en 2013), les procédures<br />
administratives (46 % d’insatisfaits<br />
contre 53 % en 2011 et 52 %<br />
en 2013), le coût du logement (44 %<br />
d’insatisfaits contre. 53 % en 2011 et<br />
52 % en 2013) et enfin la possibilité<br />
de travailler en France après ses études<br />
(42 % d’insatisfaits contre 52 % en<br />
2013). n<br />
En %<br />
Pour la qualité de la formation en France<br />
Pour ma connaissance de la langue française<br />
Pour l'intérêt culturel de la France<br />
Pour la réputation des établissements ou des<br />
enseignants en France<br />
Pour la valeur des diplômes français<br />
Pour apprendre ou améliorer mon niveau de français<br />
Pour le coût des études en France<br />
Parce que mon établissement a un programme<br />
d'échange avec un établissement français<br />
Pour la qualité de la vie quotidienne en France<br />
Ensemble<br />
Pour l'art de vivre à la française<br />
Parce que j'ai des relations en France<br />
(famille, amis, connaissances)<br />
20<br />
19<br />
Amérique du Nord : 42%<br />
Pour venir étudier en Europe<br />
16<br />
La France, un pays plus attractif qu’avant pour près des deux tiers des<br />
Pour la situation géographique de la France 14 Afrique du Nord : 26%<br />
répondants, La France, undevant pays plus l’Allemagne, attractif les qu’avant Etats-Unis pour et près le Royaume-Uni des deux tiersmais<br />
des<br />
Aucune de ces raisons<br />
derrière répondants, le Canada devant l’Allemagne, les 1 Etats-Unis et le Royaume-Uni mais<br />
derrière le Canada<br />
En %<br />
En %<br />
Sans opinion<br />
Sans opinion<br />
Le Canada<br />
Le Canada<br />
La France<br />
La France<br />
L’Allemagne<br />
L’Allemagne<br />
Les États-Unis<br />
Les États-Unis<br />
Le Royaume-Uni<br />
Le Royaume-Uni<br />
L’Australie<br />
L’Australie<br />
La Chine<br />
La Chine<br />
La Russie<br />
La Russie<br />
2<br />
2<br />
Moins attractif<br />
Moins attractif<br />
2<br />
2<br />
44<br />
44<br />
2 16<br />
2 16<br />
1<br />
1<br />
2<br />
2<br />
2 18<br />
2 18<br />
31<br />
31<br />
11 Ni plus ni moins attractif<br />
11 Ni plus ni moins attractif<br />
25<br />
25<br />
24<br />
24<br />
1 8<br />
1 8<br />
15<br />
15<br />
22<br />
22<br />
21<br />
21<br />
31<br />
31<br />
26<br />
26<br />
29<br />
29<br />
38<br />
38<br />
36<br />
36<br />
40<br />
40<br />
26<br />
25<br />
28<br />
30<br />
32<br />
34<br />
38<br />
41<br />
46<br />
Afrique : 66%<br />
Afrique du Nord : 53%<br />
Afrique du Nord : 55%<br />
Amérique du Nord : 66% / Amérique du Sud : 55%<br />
Amérique centrale : 52% / Asie -Océanie : 52%<br />
Afrique : 48%<br />
Afrique : 55% / Afrique du Nord : 45%<br />
Niveaux logiquement largement supérieurs dans les<br />
zones non francophones comparées au continent africain<br />
Asie -Océanie : 43% / Afrique : 35%<br />
Amérique du Nord : 33%<br />
Europe hors UE : 32%<br />
Plus attractif<br />
Base : Ensemble<br />
Question Base : Ensemble (G1) : Chacun des pays suivants vous paraît-il plus attractif qu’avant, moins attractif qu’avant ou ni plus ni moins attractif qu’avant pour les étudiants étrangers ?<br />
Question (G1) : Chacun des pays suivants vous paraît-il plus attractif qu’avant, moins attractif qu’avant ou ni plus ni moins attractif qu’avant pour les étudiants étrangers ?<br />
14<br />
14<br />
51<br />
51<br />
48<br />
48<br />
45<br />
45<br />
42<br />
42<br />
31<br />
31<br />
Plus attractif<br />
69<br />
69<br />
64<br />
64<br />
Cohorte 1 Cohorte 2 Cohorte 3<br />
69 68 70<br />
69 68 70<br />
78 61 60<br />
78 61 60<br />
53 50 51<br />
53 50 51<br />
50 50 45<br />
50 50 45<br />
44 49 44<br />
44 49 44<br />
39 43 41<br />
39 43 41<br />
33 30 31<br />
33 30 31<br />
18 13 13<br />
18 13 13<br />
Nouvelle<br />
question Nouvelle<br />
question<br />
Cohorte 1 Cohorte 2 Cohorte 3<br />
EN BREF<br />
→→<br />
Kedge BS intègre la Fesic<br />
C’est une vraie ouverture à des<br />
établissements qui ne sont pas<br />
d’obédience catholique comme<br />
la plupart de ses membres<br />
actuels. Réuni le 6 décembre, le<br />
conseil d'administration de la<br />
Fesic a approuvé l'intégration<br />
de Kedge Business School à<br />
compter du 6 décembre 2017.<br />
La Fesic réunit désormais 26<br />
établissements d’enseignement<br />
supérieur privé associatifs<br />
(dont 6 écoles de management,<br />
19 écoles d’ingénieurs et 1<br />
école de sciences humaines et<br />
sociales) qui représentent près<br />
de 63 000 étudiants et 14 200<br />
diplômés chaque année. « Nous<br />
sommes très fiers de rejoindre<br />
la Fesic. Cette adhésion est le<br />
prolongement logique de notre<br />
labellisation EESPIG accordée<br />
par l’État qui reconnaît ainsi<br />
notre contribution, en tant<br />
qu’entreprise académique à but<br />
non lucratif, aux missions de<br />
service public de l’enseignement<br />
supérieur et de la recherche »,<br />
explique José Milano, le<br />
directeur général de Kedge BS.<br />
L'image et l’attractivité de la France pour les étudiants étrangers<br />
L'image et l’attractivité de la France pour les étudiants étrangers<br />
13<br />
13<br />
Welcome to<br />
Dublin & Oxford<br />
Possibilité de suivre la<br />
totalité du cursus en anglais,<br />
à Oxford selon la pédagogie<br />
anglo-saxonne et/ou à Dublin<br />
au cœur des startups et des<br />
nouvelles technologies.<br />
PROGRAMME GRANDE ÉCOLE ● DIPLÔME VISÉ BAC+5 ● GRADE DE MASTER<br />
Pionnière dans l’âme, l’EM NORMANDIE n’a cessé de se réinventer pour offrir à ses étudiants une vision d’avenir, en<br />
adéquation avec les attentes du monde de l’entreprise. Parcours Élite International spécial prépas, Parcours Accompagnement<br />
Professionnel spécial prépas pour l’alternance, les stages d’année optionnelle, de fin d’études… sont autant de clés pour<br />
garantir la réussite et l’épanouissement professionnels futurs des étudiants.<br />
L’ESPRIT DE CONQUÊTE<br />
Programme Grande Ecole<br />
en Formation Initiale.<br />
em-normandie.fr<br />
CAEN ● LE HAVRE ● PARIS ● DUBLIN ● OXFORD<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 7 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
EN BREF<br />
→→<br />
Continuum : revoir les<br />
deuxièmes « Rencontres de<br />
l’APHEC »<br />
Le 17 novembre l’APHEC<br />
organisait justement la<br />
deuxième édition de ses<br />
rencontres annuelles dans<br />
les locaux de l’ESCP Europe<br />
sur la thématique « La filière<br />
classes Les prépas - grandes écoles<br />
de management : un parcours<br />
gagnant ». L’occasion de faire<br />
le point sur l’avenir d’une<br />
filière qui cherche à s’affirmer<br />
comme telle. Vous pouvez<br />
en visionner les débats en<br />
cliquant ici.<br />
rceptions de<br />
la réussite<br />
8<br />
L’ESSENTIEL DU MOIS<br />
C’est quoi réussir aujourd'hui ?<br />
L’incarnation de la réussite ? Steve Jobs. L’entreprise de<br />
leurs rêves ? Apple. Leur principale ambition ? L’épanouissement<br />
personnel. Le concours de recrutement post<br />
bac+2/3 en écoles de management Passerelle a cherché<br />
à mieux connaître les ambitions des étudiants de ses<br />
treize Grandes Écoles membres en réalisant une étude<br />
auprès de près d’un millier de leurs étudiants. « Avoir une<br />
famille heureuse » est le premier marqueur de la réussite<br />
selon les étudiants interrogés, juste devant « concilier<br />
un bon équilibre vie professionnelle / vie personnelle<br />
» et « vivre en conformités avec ses principes ».<br />
A contrario « avoir de nombreux amis » n’est un critère<br />
crucial que pour 9 % quand 64 % sont « tout à fait d’accord<br />
» que la réussite passe par « avoir de bons amis ».<br />
Dans le même ordre d’idée seulement 21 % pensent<br />
qu’une « bonne rémunération » définit la réussite quand<br />
46 % pensent que c’est « l’épanouissement personnel ».<br />
C’est rassurant : 88 % des jeunes interrogés pensent que<br />
le diplôme est « tout à fait » ou « plutôt » important dans la<br />
réussite. Mais c’est très largement la volonté qui favorise<br />
la réussite selon eux devant la confiance en soi. En termes<br />
de compétences « l’esprit d’équipe » l’emporte devant « les<br />
langues étrangères » et l’orthographe. Autre indicateur positif,<br />
s’inspirant de la maxime de Nelson Mandela (« Je ne perds<br />
jamais. Soit je gagne, soit j’apprends ») 97 % des jeunes<br />
estiment que l’échec est un « moyen d’apprendre ». n<br />
Les personnalités associées à l<br />
Question : Indiquez nous les deux personnalités qui selon vous incarnent le mieux votre défin<br />
Question ouverte 2 réponses possibles | Base : 972 répondants<br />
Steve Jobs<br />
Elon Musk<br />
Emmanuel Macron<br />
Barack Obama<br />
Mark Zuckerberg<br />
Bill gates<br />
Xavier Niel<br />
Simone Veil<br />
Oprah Winfrey<br />
18%<br />
12%<br />
10%<br />
9%<br />
8%<br />
8%<br />
4%<br />
4%<br />
3%<br />
LEAD<br />
FOR<br />
CHANGE<br />
Tout va commencer...<br />
…Nous ferons des rencontres. Le monde<br />
va s’ouvrir. Nous serons surpris. Nous irons<br />
découvrir. Nous allons nous chercher. Tout va<br />
s’accélérer. La terre va tourner. L’économie va<br />
bouger. Nous allons évoluer. Nous aurons des<br />
envies. Nous aurons des idées. Tout va changer.<br />
Nous voudrons tout réinventer.<br />
<strong>2018</strong><br />
WE LEAD CHANGE!<br />
bsb-education.com<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 8 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
ENTRETIEN<br />
« Nous voulons<br />
travailler<br />
toujours plus<br />
ensemble<br />
dans l’esprit<br />
d’Artem »<br />
Elles travaillent depuis<br />
près de 20 ans ensemble<br />
mais étaient séparées<br />
géographiquement. Cette<br />
année les trois écoles<br />
membres d’Artem, l’ICN<br />
Business School, Mines<br />
Nancy et l’Ecole nationale<br />
supérieure d’art et de<br />
design de Nancy, se sont<br />
regroupées sur un même<br />
campus. L’occasion<br />
d’encore approfondir une<br />
stratégie d’hybridation<br />
des compétences nous<br />
explique la directrice de<br />
l’ICN, Florence Legros.<br />
Artem ou l’hybridation<br />
des compétences<br />
Il y a près de 20 ans - la<br />
fondation de l’Alliance<br />
Artem date de 1999<br />
-, que les trois écoles<br />
membres d’Artem<br />
(l’Ecole nationale supérieure<br />
d’art et de design<br />
de Nancy, Mines<br />
Nancy et ICN business<br />
school) ont entrepris de<br />
créer des interfaces qui sont aujourd'hui passées dans l’ADN des<br />
écoles. Durant l’intégralité du cursus des actions pédagogiques<br />
impliquent les étudiants des trois écoles par petits groupes : en<br />
première année les « creative business days », en deuxième année<br />
les étudiants se retrouvent chaque vendredi autour de projets<br />
transverses issus d’une problématique venue du monde réel,<br />
et les étudiants de troisième année travaillent ensemble pendant<br />
des périodes bloquées « Artem Insight ». Pendant trois ans ils<br />
apprennent à se connaître avant de se séparer quand ils partent<br />
en stage. « Nous travaillons à un projet de mobilier connecté<br />
pour notre TechLab dans lequel seront à la fois impliqués les<br />
élèves ingénieurs (conception technologique), les étudiants de<br />
l’école d’art (usages et design) et ceux de l’ICN pour l’élaboration<br />
d’un business model rentable », explique le directeur des Mines<br />
Nancy, François Rousseau. Ils travailleront ensemble comme<br />
dans une vraie entreprise. Sur le campus de Saint-Dié-des-Vosges<br />
des Mines ils pourront même construire des prototypes que<br />
pourrait ensuite réaliser une entreprise locale.<br />
Olivier Rollot : Votre école, l’ICN Business School, ainsi que l’école d’ingénieurs<br />
Mines Nancy et l’Ecole nationale supérieure d’art et de design<br />
de Nancy, les trois écoles membres d’Artem, viennent de se regrouper<br />
sur le même campus. Qu’est-ce que cela change pour vos étudiants ?<br />
Florence Legros : D’abord ce sont pour eux de meilleures conditions de<br />
travail. Ensuite la possibilité de travailler toujours plus ensemble dans l’esprit<br />
d’Artem. 20 % des cours de notre programme grande école sont déjà<br />
communs avec ceux des Mines. Tous les vendredis après-midi les étudiants<br />
des trois écoles se retrouvent autour de projets communs. Ensemble ils ont par<br />
exemple inventé une prothèse de bras en 3D l’année dernière et ont travaillé<br />
sur sa programmation avec le CHU de Nancy. Professeurs et étudiants se sont<br />
impliqués à fond sur ce projet. Ils travaillent également sur des projets courts,<br />
« Artem Insight », où ce sont les étudiants qui coachent les entreprises.<br />
O. R : C’est ce qu’on appelle la pluridisciplinarité ?<br />
F. L : Cela va plus loin. Il ne s’agit pas de saupoudrer plusieurs disciplines et<br />
de parler de pluridisciplinarité. Nos étudiants explorent des disciplines dont les<br />
vocabulaires sont très différents au travers de projets communs. Et l’étincelle<br />
naît souvent à la marge de chaque discipline quand les étudiants des autres<br />
écoles s’en emparent pour en repousser les frontières. Ils dépassent des frontières<br />
et pourront demain apporter beaucoup aux entreprises qui les recruteront.<br />
C’est ce qu’on appelle l’intelligence collective dans laquelle trois fois un est<br />
supérieur à trois. Dans la théorie économique traditionnelle on estime que les<br />
rendements ne dépendent que de chaque facteur de production. Dans une<br />
croissance « endogène » la productivité est supérieure à celle des deux autres<br />
facteurs pris séparément. Une usine aura par exemple une meilleure productivité<br />
si elle bénéficie d’une route passant devant sa porte. Dans l’éducation les<br />
rendements sont croissants si vous faites travailler ensemble des personnalités<br />
différentes qui sont associées à ce que fait leur voisin plutôt que concentrées<br />
sur leur seule tâche. Il en découle une profusion d’idées et une productivité bien<br />
supérieure. Artem c’est de l’intelligence collective depuis 18 ans !<br />
O. R : C’est pour ces méthodes que vos étudiants, notamment ceux issus<br />
de CPGE, vous rejoignent ?<br />
>>> suite page 10<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 9 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
ENTRETIEN<br />
© ICN BS<br />
→→<br />
De plus en plus<br />
Artem !<br />
Si elle s’appelle toujours<br />
officiellement l’ICN<br />
business school cette<br />
dernière aborde<br />
également fièrement son<br />
appartenance à Artem<br />
sur son site Internet dont<br />
l’URL est d’ailleurs<br />
www.icn-artem.com<br />
→→<br />
5 nouveaux<br />
professeurs en 2017<br />
ICN BS a accueilli cette<br />
année 5 nouveaux<br />
professeurs permanents<br />
pour la rentrée 2017<br />
qui portent la faculté<br />
ICN à 71 professeurs<br />
permanents (dont 86 %<br />
titulaires d’un doctorat,<br />
58 % étrangers par la<br />
nationalité ou par le<br />
diplôme de doctorat) et<br />
24 professeurs affiliés.<br />
→→<br />
D’Ecricome à la<br />
BCE<br />
En 2017 l’ICN quittait<br />
le concours Ecricome<br />
pour intégrer la BCE.<br />
Si certains s’en étaient<br />
inquiétés l’école a<br />
parfaitement rempli les<br />
places qu’elle proposait et<br />
en propose même cinq de<br />
plus cette année passant<br />
ainsi à 265.<br />
Les nouveaux locaux<br />
de l’ICN à Nancy.<br />
>>> suite de la page 9<br />
Ancienne rectrice<br />
F. L : Beaucoup oui, mais certains le découvrent une fois sur le<br />
campus. C’est là que nous nous sommes rendus compte que<br />
nous n’avions pas assez communiqué sur ce que nos trois écoles<br />
faisaient ensemble.<br />
O. R : Vous êtes satisfaite de votre recrutement 2017 ?<br />
F. L : Nous avons tout lieu de l’être. Nous avons recruté de<br />
manière beaucoup plus large que les années antérieures. Par<br />
exemple en faisant venir plus d’étudiants du Grand Ouest.<br />
O. R : Allez-vous recruter plus d’élèves en prépas cette année ?<br />
F. L : Cinq de plus ce qui montera notre recrutement à 265 en<br />
<strong>2018</strong>.<br />
O. R : Vos oraux de recrutement vont-ils évoluer comme<br />
cela a été le cas dans d’autres écoles en 2017 ?<br />
F. L : La créativité demeure à ICN Business School le centre des<br />
échanges avec le candidat grâce au jeu de cartes - que nous<br />
avons remis à jour cette année - qui nous permet de demander<br />
Florence Legros dirige l’ICN Business School depuis juillet 2015. Titulaire<br />
d’un doctorat de sciences économiques et agrégée de l’Université, elle débute<br />
sa carrière comme économiste à la Caisse des Dépôts et Consignations en<br />
1987, puis à la Direction des Retraites de 1992 à 1994, après avoir été directeur<br />
d’études à Dexia. Elle a été professeur à l’Université de Perpignan et à<br />
l’Université de Paris Sud puis directeur adjoint du Centre d'études prospectives<br />
et d'informations internationales, vice-présidente du Club d’information et de<br />
réflexion sur l’économie mondiale (Cirem) et directeur adjoint du programme<br />
européen AIM (adequation of pensions) de 2003 à 2008. Plus près de nous elle a<br />
été rectrice de l’académie de Dijon de 2008 à 2011. Professeur à Paris-Dauphine<br />
depuis 1999, elle y dirigeait l’École Dauphine Assurance avant d’entrer à<br />
l’ICN. Son plus beau succès professionnel ? « Avoir monté la première classe<br />
préparatoire scientifique destinée aux bacheliers professionnels à Montceau-Les-<br />
Mines. Il a fallu pour cela convaincre l’inspection générale que de proposer une<br />
année de plus aux bacheliers professionnels – la prépa dure trois ans – n’avait<br />
rien de discriminant mais était tout simplement nécessaire pour leur permettre<br />
de réussir », confie-t-elle. Aujourd'hui la totalité de ses 20 élèves intègre chaque<br />
année une école, dont un l’École polytechnique en 2016 !<br />
aux candidats de nous raconter une histoire à partir de la carte<br />
qu’ils ont tirée. Mais vous savez entre deux étudiants qui ont l’un<br />
une moyenne au concours de 14/20, l’autre de 19/20 je vais<br />
préférer le premier s’il est en plus champion de patinage artistique.<br />
Nous sommes très sensibles à l’humain, à la curiosité, à la<br />
diversité. Pour se sentir bien dans le cadre d’Artem il faut absolument<br />
s’impliquer dans les travaux des ateliers, les projets développés<br />
tous les vendredis. Nous devons aussi penser notre recrutement<br />
en fonction de cette implication.<br />
O. R : Un autre de vos programmes, le bachelor, connaît un<br />
vif succès. Va-t-il évoluer ?<br />
F. L : Nous faisons face à une demande considérable et nous<br />
pourrions certainement recruter beaucoup plus d’étudiants. Un<br />
succès concrétisé par les excellents classements qu’a notre<br />
bachelor, le plus souvent considéré comme l’un des deux ou trois<br />
meilleurs en France. C’est très rassurant pour les parents du<br />
Grand Est de savoir qu’il y a un excellent diplôme tout près de<br />
chez eux.<br />
O. R : Les diplômés de ce bachelor poursuivent-ils massivement<br />
leurs études ensuite comme c’est le cas<br />
généralement ?<br />
F. L : Pour 85 % d’entre eux c’est effectivement le cas. Passer<br />
par un bachelor cela correspond à une double stratégie : éviter<br />
l’université, en rupture après le lycée, et les classes préparatoires.<br />
C’est certes plus cher que de passer par une classe préparatoire<br />
mais pour entrer dans une bonne classe préparatoire il faut<br />
souvent s’éloigner de chez soi, d’où des coûts de logement et de<br />
déplacements qu’on évite en passant par un bachelor.<br />
Quant à ceux qui préfèrent travailler après leur bachelor chez<br />
nous ils bénéficient de rémunérations très intéressantes : de<br />
l’ordre de 35 à 37 k€ par an.<br />
O. R : Qu’en est-il de votre développement international ?<br />
Pourriez-vous un jour ouvrir de nouveaux campus à<br />
l’étranger ?<br />
F. L : Les experts d’Equis estiment que nous sommes une école<br />
« ouverte sur les autres et sur le monde ». Nous sommes déjà<br />
implantés en Chine et en Allemagne où nous pourrions encore mieux<br />
faire. Mais le plus marquant dans cette optique internationale c’est<br />
que 40 % de nos étudiants démarrent leur carrière à l’étranger et<br />
notamment au Luxembourg. D’où leurs excellents salaires ! n<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 10 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
D O S S I E R<br />
© Fotolia<br />
Les grandes écoles<br />
à l’heure de la diversité<br />
Diversité sociale, de genres,<br />
ouverture aux handicapés, les<br />
grandes écoles s’ouvrent de plus<br />
en plus à toutes les diversités.<br />
Mais le chemin reste<br />
encore long…<br />
Plus de la moitié des Grandes écoles ont aujourd'hui au moins<br />
30 % d’étudiants boursiers dans leurs rangs, contre à peine<br />
un tiers en 2010 (25 % pour les écoles de management, 31 %<br />
pour les écoles d’ingénieurs) selon l’édition 2015 du Baromètre<br />
d’ouverture sociale des grandes écoles réalisé par la Conférence<br />
des grandes écoles et l’association Passeport Avenir. Mais les<br />
étudiants les plus défavorisés (échelons de bourses 5/6/7) ne<br />
représentent encore qu’un tiers de ces boursiers. « La mixité<br />
sociale et la diversité dans le leadership des entreprises sont un<br />
enjeu pour le développement socio-économique du pays. C’est<br />
une question d’équité, mais aussi de bon sens et d’intérêt collectif<br />
que de puiser les talents dans l’ensemble de la population, et<br />
pas seulement la fraction qui connaît les grandes écoles ou qui<br />
s’autorise à y penser », assure la présidente de la Conférence<br />
des grandes écoles, Anne-Lucie Wack.<br />
: Un véritable effort financier<br />
Le Baromètre d’ouverture sociale de la CGE estime à 50 M€<br />
par an le budget global consacré par l’ensemble des grandes<br />
écoles ayant participé au baromètre 2015 de la CGE, à l’ouver-<br />
→→<br />
Une ouverture sociale<br />
qui ne prend pas en<br />
compte les apprentis<br />
Les chiffres d’ouverture<br />
sociale publiés ne prennent<br />
pas en compte les étudiants<br />
en apprentissage (non<br />
éligibles aux bourses<br />
Crous en raison de leur<br />
statut salarié), dont bon<br />
nombre sont issus de milieu<br />
populaire.<br />
>>> suite page 12<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 11 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
D O S S I E R<br />
L’accueil des étudiants<br />
handicapés devient une<br />
priorité dans la plupart<br />
des grandes écoles.<br />
© Fotolia<br />
→→<br />
Faciliter l’accès des<br />
handicapés aux concours<br />
La CGE a publié en<br />
2016 14 fiches pratiques<br />
à destination des<br />
organisateurs de concours<br />
dans les grandes écoles<br />
pour faciliter l’accès des<br />
personnes en situation de<br />
handicap .<br />
>>> suite de la page 11<br />
ture sociale sous toutes ses formes : programmes amont, aide<br />
au financement, personnels et moyens pédagogiques dédiés…<br />
Le budget dédié aux programmes d’ouverture sociale est ainsi en<br />
moyenne de 193000 euros par établissement. En tout 15,2 M€<br />
sont alloués au financement des bourses sur critères sociaux.<br />
Pour augmenter le nombre de jeunes issus de milieux populaires<br />
dans les filières sélectives de l’enseignement supérieur,<br />
les grandes écoles ont fortement investi pour aller les chercher<br />
« à la source » dans les lycées et les collèges. L’ensemble des<br />
programmes proposés par les grandes écoles permettrait d’accompagner<br />
de façon régulière plus de 19000 élèves de lycée<br />
à raison de 80 élèves en moyenne par programme, soit une<br />
progression de 140 % depuis 2010.<br />
HEC propose un programme similaire mais directement en classe<br />
prépa « Chaque année, nous accompagnons avec nos élèves<br />
HEC 380 boursiers de prépas HEC et travaillons à ce que 100 %<br />
d’entre eux soient admis dans l’une des écoles françaises. Et<br />
qu’importe si cela n’est pas HEC, à partir du moment où nous<br />
leur avons donné la chance d’être admis dans une école bien<br />
plus prestigieuse que celle qu’ils espéraient intégrer à leur arrivée<br />
en classes prépa », se félicite le directeur délégué d’HEC, Eloic<br />
Peyrache. Demain, ce seront 380 lycéens issus de quartiers prioritaires<br />
qui seront également concernés avec l’ambition d’avoir<br />
100 % de mentions au bac<br />
: L’apport de l’apprentissage<br />
« L’apprentissage est un levier pour l’ouverture sociale comme<br />
le montre l’étude que nous venons de mener auprès des 120<br />
grandes écoles qui ont développé l’apprentissage : les enfants<br />
d’ouvriers sont deux fois plus présents en apprentissage que<br />
dans la voie classique si on regarde les CSP des parents de<br />
nos apprentis. Si on continuait à le développer ce pourrait être<br />
un levier d’ouverture encore plus massif pour beaucoup de<br />
familles », assure Anne-Lucie Wack. L’apprentissage représente<br />
aujourd'hui 15 % des effectifs des grandes écoles (17 % dans<br />
les écoles d'ingénieurs et 10 % dans les écoles de management).<br />
À l’ESC Pau, 160 des 250 étudiants de chaque promo-<br />
>>> suite page 13<br />
Zup de Co cherche des étudiants tuteurs<br />
Convaincue que le décrochage scolaire n’est pas<br />
une fatalité, l’association Zup de Co agit depuis<br />
plus de 10 ans pour accompagner les jeunes issus<br />
des quartiers populaires. Pour poursuivre<br />
son action et accompagner un nombre croissant<br />
de jeunes, l’association recherche chaque année<br />
2000 étudiants bénévoles et 200 volontaires en<br />
service civique. « Si 5 % des étudiants étaient<br />
mobilisés, nous pourrions réduire drastiquement<br />
le décrochage scolaire en France », expli-<br />
que le fondateur de l’association, François-Afif<br />
Benthanane.<br />
D’un côté ses responsables secteurs dans les<br />
réseaux d'éducation prioritaire (REP) vont à<br />
la rencontre d’étudiants qui viennent à parité<br />
des grandes écoles et des universités. De<br />
l’autre, les coordinateurs dans les collèges proposent<br />
aux élèves en difficulté de travailler avec<br />
nos bénévoles. « Nous mettons à disposition<br />
des étudiants des plateformes numériques afin<br />
d’assurer un suivi efficace des actions engagées<br />
au sein des établissements et une totale traçabilité<br />
des séances effectuées par les binômes étudiant/<br />
collégien, détaille François-Afif Benthanane.<br />
Indispensable, cet outil permet aussi bien<br />
d’obtenir des statistiques fiables et des chiffres<br />
précis sur le nombre de séances effectuées à<br />
l’échelle d’un binôme ou d’un collège que d’avoir<br />
de la visibilité sur la progression des élèves<br />
accompagnés. » n<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 12 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
D O S S I E R<br />
>>> suite de la page 12<br />
tion suivent par exemple leur cursus en apprentissage. « Si on fait<br />
les comptes un étudiant en apprentissage ne paye d’abord que<br />
la moitié des frais de scolarité (l’autre moitié est prise en charge<br />
par son entreprise) soit 13200€ pour trois ans et est rémunéré<br />
en moyenne 1100€ net par mois, soit 26 400€ en deux ans »,<br />
explique le directeur de l’ESC Pau, Sébastien Chantelot.<br />
: Aider les étudiants handicapés<br />
L’accueil des étudiants handicapés est autant un enjeu dans l’enseignement<br />
supérieur que dans les entreprises qui sont soumises<br />
à des quotas dans leur recrutement mais n’ont pas pour autant<br />
l’intention de réserver ces emplois aux personnes peu diplômées.<br />
Un véritable enjeu pour l’enseignement supérieur qui doit mieux<br />
pouvoir recevoir les étudiants souffrant d’handicaps physiques<br />
mais aussi mentaux ou d’apprentissage. Des étudiants souffrant<br />
de troubles « DYS » (troubles spécifiques des apprentissages,<br />
sévères et durables, sans déficience sensorielle ou intellectuelle)<br />
peuvent ainsi être beaucoup mieux être pris en compte à condition<br />
d’adapter les méthodes d’apprentissage (lire ce que fait<br />
Sciences Po).<br />
La CGE et la FEDEEH (Fédération étudiante pour une dynamique<br />
études et emploi avec un handicap) ont signé en 2017 une<br />
convention de partenariat afin de favoriser l’inclusion des étudiants<br />
en situation de handicap. Dans ce cadre la CGE et la FEDEEH<br />
s’engagent mutuellement à agir autant en amont (pour favoriser<br />
la transition vers l’enseignement supérieur des handicapés à<br />
travers la communication autour des projets de tutorats étudiants)<br />
que pendant le cursus mais aussi après la diplomation en facilitant<br />
par exemple la diffusion d’informations et la participation des<br />
entreprises dans les travaux menés par la CGE dans le domaine<br />
du handicap. « Nous sommes même très actifs avec un travail sur<br />
la création d’un « statut international des étudiants en situation de<br />
handicap » qui aidera notamment les étudiants handicapés qui<br />
doivent suivre un stage à l’étranger », confie encore Anne-Lucie<br />
Wack. D’autant qu’il faut réfléchir aux nouvelles formes de handicap.<br />
Par exemple avec des étudiants américains qui rejoignent des<br />
établissements en France accompagnés d’un « EMA », c’est-à-dire<br />
un « emotional material animal » dont ils ont besoin pour étudier.<br />
Une rareté aujourd'hui en France mais de plus en plus courante de<br />
l’autre côté de l’Atlantique. n<br />
Sébastien Gémon<br />
→→<br />
Hommes et femmes<br />
encore inégalement traités<br />
Dans son Baromètre<br />
égalité femmes-hommes<br />
2017, la Conférence des<br />
grandes écoles établit que<br />
si les écoles d’ingénieur<br />
affichent en moyenne un<br />
taux de féminisation 33,3 %<br />
il est de 49,2 % dans les<br />
écoles de management.<br />
Une quasi-égalité qu’on<br />
ne retrouve pas dans les<br />
rémunérations : si on inclut<br />
primes et avantages les<br />
jeunes diplômés managers<br />
hommes gagnent 5600 €<br />
par an de plus que les<br />
femmes (44,5 k€ par an<br />
contre 38,9 k€). Du côté des<br />
ingénieurs la différence est<br />
moins importante : 39,3 k€<br />
contre 36 k€.<br />
>>> suite page 14<br />
Sciences Po ou la « pédagogie du handicap »<br />
« Nous voulons passer d’une stratégie de "compensation"<br />
pour aider nos étudiants handicapés<br />
à des méthodes pédagogiques qui conviennent<br />
à tous nos étudiants », explique la responsable<br />
handicap de Sciences Po, Elsa Geroult à l’occasion<br />
de la signature d’une convention avec<br />
l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour<br />
l'insertion des personnes handicapées) et le<br />
FIPHFP (Fonds pour l'insertion des personnes<br />
handicapées dans la fonction publique).<br />
Un travail de recherche<br />
Quand il s’agit d’aider les étudiants souffrant<br />
d’handicaps visibles comme invisibles (autisme,<br />
troubles « dys », troubles psychiques), les<br />
mesures de compensation se situent essentiellement<br />
aujourd'hui en périphérie de la salle de<br />
cours (attribution de tiers-temps, compensations<br />
humaines ou techniques…) mais encore<br />
peu de réponses concernent les modalités de<br />
transmission et d’évaluation des savoirs. « Depuis<br />
2016 et à partir d’expérimentations menées<br />
par d’autres universités, notamment canadiennes,<br />
Sciences Po a développé des méthodologies<br />
exploitables en interne comme en dehors de<br />
ses murs », explique le directeur de Sciences Po,<br />
Frédéric Mion.<br />
En tout 249 étudiants de Sciences Po - huit fois<br />
plus qu’il y a 10 ans - souffrent aujourd'hui<br />
d’une forme ou d’une autre de handicap.<br />
Certains peuvent avoir passé les épreuves en<br />
profitant de conditions particulières mais ne<br />
plus vouloir en parler ensuite. Au risque de ne<br />
pas pouvoir bien suivre des cours pas adaptés<br />
sachant que la démarche leur revient totalement<br />
sans que l’institution qui les reçoit puisse<br />
l’exiger. D’après les premières évaluations menées<br />
en 2017 à Sciences Po dans plus de 95 %<br />
des cas rencontrés, la phase de décrochage est<br />
en lien avec une situation de handicap invisible.<br />
« Prenons l’exemple du professeur qui demande<br />
de "tracer la frontière" entre les PIB de la France<br />
et de la Suisse dans un diagramme, donc une<br />
courbe, ce sera impossible pour un autiste qui ne<br />
peut pas imaginer qu’une frontière ne soit pas<br />
droite. Alors qu’en parlant de courbe il réussira<br />
parfaitement l’exercice », assure Elsa Geroult.<br />
Des méthodes parfois toutes simples<br />
Sciences Po a réalisé toute une série de petits<br />
films pour montrer aux enseignants comment<br />
adapter leur pédagogie. Diffusés sur le blog<br />
de son pôle handicap à partir de <strong>janvier</strong> <strong>2018</strong><br />
ils seront accessibles à tous ceux qui se demandent<br />
par exemple comment permettre à un<br />
dyslexique de bien lire un cours. Un handicap<br />
relativement facile à surmonter pour peu<br />
qu’on prenne le soin de diviser son cours en de<br />
nombreux paragraphes, de souligner les points<br />
importants ou… d’utiliser une typographie<br />
très lisible type Arial. Mais bien sûr d’autres<br />
pathologies sont beaucoup plus difficiles à traiter<br />
comme la bipolarité ou la dyspraxie.<br />
Sciences Po, l’Agefiph et le FIPHFP ambitionnent<br />
aujourd'hui de se positionner au-delà<br />
du critère d’accessibilité stricte, en analysant les<br />
besoins des étudiants en situation de handicap<br />
et en cherchant, à travers le recours à l’innovation<br />
pédagogique, des solutions adaptées. Il<br />
s’agit de comprendre les besoins des personnes<br />
souffrant de troubles des apprentissages ou<br />
de handicaps favorisant le décrochage ou<br />
des difficultés d’insertion professionnelle<br />
pour « concevoir un enseignement inclusif et<br />
profitable à tous ». « Nous voulons promouvoir<br />
l’universalité de nos méthodes plutôt que des actions<br />
spécifiques pour chaque public », reprend<br />
Elsa Geroult.<br />
Comprendre les compétences<br />
cognitives<br />
Les actions de Sciences Po sur les personnes<br />
atteintes de handicap ont amené l’école à<br />
s’interroger sur les modes d’apprentissage.<br />
Dans le cadre d’un partenariat avec l’Université<br />
McGill (Canada) un « atelier de métacognition<br />
» permet depuis septembre à des étudiants<br />
de première année de mieux connaître le<br />
fonctionnement de leur cerveau. « Nous leur<br />
demandons d’analyser leurs stratégies d’apprentissage<br />
et comment les améliorer avec des<br />
neuropsychologues, des psycho-pédagogistes et<br />
même un philosophe », explique Elsa Geroult.<br />
Autant de réflexions qui vont aussi permettre<br />
de se tourner vers les entreprises. « Nous<br />
travaillons à la mise au point de dispositifs de<br />
travaux collaboratifs avec de grandes entreprises<br />
pour mieux accueillir les diplômés.<br />
Aujourd'hui ce sont des grandes entreprises<br />
qui disposent de structures adaptées, demain<br />
ce sera avec toutes », assure Frédéric Mion.<br />
Aujourd'hui 80 cadres de Canal Plus sont ainsi<br />
formés à la « neurodiversité » afin de comprendre<br />
comment recevoir des salariés un peu<br />
différents mais souvent très créatifs, innovants,<br />
travailleurs dont il serait absurde de se priver.<br />
La Harvard Business Review a même publié en<br />
2017 un article intitulé « Neurodiversity as a<br />
competitive advantage »… n<br />
→ Voir le film de présentation de l’atelier.<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 13 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
suite de la page 13<br />
D O S S I E R<br />
35% des étudiants ont des parents cadres<br />
Toutes formations confondues, 35% des<br />
étudiants ont des parents cadres supérieurs<br />
ou exerçant une « profession intellectuelle<br />
supérieure » alors que seulement 12% des<br />
étudiants sont enfants d’ouvriers et 15 %<br />
d’employés selon la note du MESRI Les effectifs<br />
d’étudiants dans le supérieur en 2016-2017<br />
en forte progression parue le 29 décembre<br />
2017. Les enfants de cadres représentent<br />
plus de la moitié des étudiants en classes<br />
préparatoires, dans les formations d’ingénieurs<br />
(hors université) et dans les ENS. Ils sont peu<br />
nombreux en STS (16%) et dans les formations<br />
paramédicales et sociales (24%), formations<br />
où les enfants d’ouvriers sont surreprésentés<br />
(respectivement 24% et 19%).<br />
A l’université, les enfants de cadres<br />
représentent plus de 30% des effectifs. Les<br />
enfants d’ouvriers sont peu présents en droit<br />
(10%), dans les formations d’ingénieurs<br />
universitaires (10%) et encore moins en santé<br />
(7%), alors que les enfants de cadres sont au<br />
contraire très nombreux dans ces filières<br />
(respectivement 37%, 43% et 49% de leurs<br />
effectifs). Une surreprésentation qui croit avec<br />
le temps. Leur part passe de 31% en licence<br />
à 41% en doctorat. Inversement, alors que<br />
les enfants d’ouvriers représentent 14 % des<br />
étudiants inscrits à l’université en licence, leur<br />
part est seulement de 6% en doctorat. n<br />
Origine sociale* des étudiants français en 2016-2017 (%)<br />
0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0<br />
Ensemble 12<br />
35<br />
13<br />
15<br />
12<br />
13<br />
STS et assimilés<br />
Ecoles paramédicales et sociales***<br />
Ensemble univ.<br />
STAPS<br />
Arts, lettres, langues, SHS<br />
Économie, AES<br />
Universités Préparation au DUT<br />
Sciences<br />
Droit, sciences politiques<br />
Form. d’ingénieurs **<br />
Santé<br />
CPGE et prépas intégrées<br />
Form. d'ingénieurs hors université**<br />
Ecoles normales supérieures<br />
13<br />
15<br />
10<br />
10<br />
9<br />
12<br />
11<br />
10<br />
11<br />
10<br />
10<br />
12<br />
13<br />
8<br />
16<br />
14<br />
24<br />
34<br />
28<br />
28<br />
29<br />
31<br />
36<br />
37<br />
42<br />
49<br />
53<br />
55<br />
60<br />
10<br />
18<br />
15<br />
12<br />
19<br />
14<br />
17<br />
15<br />
12<br />
24<br />
14<br />
29<br />
19 2<br />
15<br />
12<br />
15<br />
18<br />
15<br />
10<br />
17<br />
13<br />
19<br />
15<br />
14<br />
18<br />
17<br />
15<br />
9<br />
14<br />
12<br />
13<br />
14<br />
10<br />
15<br />
17<br />
11 10 10<br />
13 10 7 11<br />
12 10 7 6<br />
12 8 5 7<br />
12 8 3 10<br />
Agriculteurs, artisans, commerçants et chefs d'entreprise<br />
Cadres et professions intellectuelles supérieures<br />
Professions Intermédiaires<br />
Employés<br />
Ouvriers<br />
Retraités et inactifs<br />
* Les proportions sont calculées en excluant les étudiants pour lesquels l’origine<br />
n’est pas renseignée, soit 17 % d’entre eux. L’origine des étudiants n’est pas<br />
renseignée pour moins de 20 % des étudiants dans toutes les filières sauf<br />
pour les écoles de commerce, gestion et comptabilité (35 %) et les écoles<br />
artistiques (38 %), non représentées.<br />
** Y compris les formations d’ingénieurs en partenariat.<br />
*** Données 2015-2016 pour les formations paramédicales et sociales.<br />
Champ : France métropolitaine et DOM.<br />
Sources : MESRI-SIES<br />
Jessica POMMIER<br />
Présentatrice Blogueuse<br />
MES PTITS BOUTS DU MONDE<br />
# Exploratrice à plein temps<br />
–<br />
Promo 2012<br />
Amélie PERRON<br />
Responsable Communication Externe<br />
VOLVIC - GROUPE DANONE<br />
# Randonneuse volcanique<br />
–<br />
Promo 2012<br />
Lisa ATTAFI<br />
Étudiante en Double Compétence<br />
ESC CLERMONT<br />
# Prête à conquérir le monde<br />
–<br />
Promo 2019<br />
Benjamin GATINIOL<br />
Responsable Univers Sports de Balle<br />
DECATHLON FRANCE<br />
# Sportif tous terrains<br />
–<br />
Promo 2011<br />
Jessica POMMIER<br />
“Je fais de ma passion du voyage,<br />
mon métier !”<br />
C’est un semestre d’études en Indonésie qui lui<br />
révèle sa véritable passion : le voyage. Diplômée<br />
en 2012, Jessica entre chez The Walt Disney<br />
Company comme chef de projet puis Supervisor<br />
promotion et brand content pour le cinéma et<br />
la TV à la régie publicitaire Disneymedia+. En<br />
2015, sa passion la rattrape. Elle quitte tout<br />
pour tenter une aventure à la fois humaine et<br />
entrepreneuriale en créant “Mes ptits bouts du<br />
monde”. Elle traverse alors en solo 13 pays en<br />
12 mois, caméra embarquée, et partage ses<br />
découvertes avec plus de 35 000 followers.<br />
Exploratrice à plein temps, Jessica poursuit son<br />
rêve. Elle est aujourd’hui présentatrice blogueuse<br />
pour documentaires.<br />
Lisa Attafi<br />
“L’industrie du cinéma m’attire depuis<br />
toujours”<br />
Actuellement en fin de M1 (PGE2), Lisa s’apprête<br />
à réaliser un rêve : cumuler son attrait pour le<br />
monde du cinéma et de l’audiovisuel à ses études<br />
et son projet professionnel. Elle profite de son<br />
année de césure pour rejoindre Universidad Mayor<br />
au Chili et suivre une spécialisation en “techniques<br />
audiovisuelles et réalisation cinématographique”,<br />
en parallèle de PGE.<br />
Une ouverture exceptionnelle pour une étudiante<br />
déjà prête à conquérir le monde.<br />
Double diplôme ou double<br />
compétence pour tous avec<br />
esc-clermont.fr<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 14 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
ENTRETIEN<br />
Rémy Challe dirige<br />
l’INSEEC BS depuis 2016.<br />
« Mon job, c’est que<br />
les étudiants<br />
aient un job ! »<br />
→→<br />
Le groupe INSEEC<br />
est devenu INSEEC U.<br />
U comme « United ».<br />
U comme « Unique ».<br />
U comme « Universal »<br />
Le groupe né en 2016 de la<br />
fusion du groupe Inseec et de<br />
Laureate France Campus Eiffel<br />
devient Inseec U. Un groupe<br />
rentable sans être pour autant<br />
très rentable avec un chiffre<br />
d’affaires qui est passé de 198<br />
M€ en 2015-16 à 220 M€ en<br />
2016-17 et devrait rapidement<br />
atteindre les 280 M€.<br />
→ Voir la vidéo de<br />
présentation de la nouvelle<br />
identité visuelle du groupe.<br />
L’INSEEC c’est une business school<br />
mais aussi un large groupe dans<br />
lequel les synergies entre les écoles<br />
sont nombreuses. Toujours dans<br />
l’objectif de faciliter l’insertion<br />
professionnelle des diplômés, nous<br />
explique son directeur, Rémy Challe.<br />
Olivier Rollot : L’INSEEC fait partie d’un large groupe qui<br />
compte également une école d'ingénieurs, l’ECE. Cela<br />
vous permet-il de réaliser des programmes communs, de<br />
provoquer cette « hybridation des savoirs » dont on parle<br />
tant aujourd'hui ?<br />
Rémy Challe : INSEEC U. (U. pour United, Unique, Universal)<br />
est en effet un formidable écosystème pour créer des passerelles<br />
entre les écoles et les disciplines. Nous avons ainsi créé un<br />
parcours dédié à l’entrepreneuriat digital, la « Start-up Factory »,<br />
en partenariat avec l’ECE. En ce moment même, une trentaine<br />
d’étudiants de l’INSEEC Business School et de l’école d’ingénieurs<br />
ECE suivent un programme commun pour concrétiser leur<br />
projet de création de start-up, en profitant des campus internationaux<br />
du groupe. Cela a commencé par une semaine de Hackaton<br />
à Genève, sur le campus de CREA GENEVE - une école du groupe<br />
spécialisée dans la création, le digital et la communication -, au<br />
cours de laquelle les managers et ingénieurs ont pu apprendre<br />
à se connaître. Ils sont ensuite partis pour dix semaines à San<br />
Francisco, sur le campus américain d’INSEEC U., pour suivre un<br />
programme qui panache des enseignements et ateliers techniques<br />
(Lean Startup, Design Thinking, Digital Marketing, Growth<br />
Hacking…), des rencontres avec des entrepreneurs de la Silicon<br />
Valley, des conférences, des visites, des événements de<br />
networking…<br />
À leur retour les élèves-entrepreneurs pourront intégrer l’un de<br />
nos incubateurs, à Paris, Bordeaux ou Lyon, ou suivre le fellow<br />
program de notre partenaire Citris Foundry, l’incubateur de UC<br />
Berkeley. À noter que ce programme n’entraîne aucun frais de<br />
scolarité supplémentaire, et que les étudiants peuvent même<br />
bénéficier d’une bourse d’études spécifique.<br />
Ingénieurs et managers ne doivent pas être en concurrence mais<br />
en coopération. Ce que je dis à nos étudiants c’est : « Apprenez<br />
à travailler avec eux, apportez-leur vos compétences ! Profitez<br />
des leurs ! » Par cet échange nos étudiants peuvent acquérir un<br />
peu de « l’esprit ingénieur ». Nous travaillons d’ailleurs également<br />
avec une autre école d’ingénieurs, l’École de Biologie Industrielle<br />
(EBI) de Cergy-Pontoise, qui apporte à nos étudiants son savoirfaire<br />
en matière d’analyse sensorielle, tandis que les élèves de<br />
l’EBI suivent à l’INSEEC des cours de Marketing Digital.<br />
O. R : L’INSEEC est elle-même multi-campus. Comment<br />
vous organisez-vous entre vos campus de Paris, Bordeaux,<br />
Lyon et Chambéry ?<br />
R. C : Pour ce qui concerne le programme grande école nous<br />
ne le délivrons plus qu’à Paris, Bordeaux et Lyon. Notre campus<br />
de Chambéry s’est concentré sur des programmes spécialisés<br />
(Bachelor, MBA, formation continue) qui fonctionnent très bien,<br />
ainsi que sur le développement du CESNI dans le domaine du<br />
sport. INSEEC U. possède également des campus à Londres et<br />
San Francisco qui sont des « hubs » dans lesquels peuvent se<br />
rendre des étudiants de toutes les écoles du Groupe. Ils peuvent y<br />
suivre aussi bien des « Business Sessions » que des programmes<br />
allant d’un semestre à une année complète de cours, sans limite<br />
de places ni surcoût.<br />
Nous avons fait le choix d’être toujours au cœur des villes comme<br />
à Bordeaux, où nous nous situons idéalement sur les quais de<br />
la Garonne à 200 mètres de la Cité du Vin, ou à Lyon où toutes<br />
les écoles du groupe ont emménagé au sein de l’immeuble historique<br />
Citroën, rue de l’Université.<br />
Les candidats admis choisissent librement leur campus, quelle<br />
que soit la ville où ils ont passé leurs épreuves, et la mobilité<br />
inter-campus est toujours possible en cours de cursus.<br />
>>> suite page 16<br />
© Inseec U<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 15 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
ENTRETIEN<br />
>>> suite de la page 15<br />
→→<br />
D’où viennent<br />
les étudiants ?<br />
Plus d’un tiers des<br />
étudiants du programme<br />
grande école de l’Inseec<br />
viennent de prépa. Les<br />
admissions sur titre<br />
progressent pour une<br />
entrée directe en M1, avec<br />
la montée en puissance des<br />
cursus de type bachelor<br />
français ou étrangers<br />
en 3 ans. C’est de là que<br />
proviennent plus de la<br />
moitié des candidatures<br />
en admissions parallèles<br />
aujourd'hui.<br />
O. R : Plus largement comment organisez-vous les cursus<br />
de vos étudiants ?<br />
R. C : Nos étudiants bénéficient d’une infinité de choix et d’opportunités<br />
: des opportunités géographiques (choix du campus<br />
en France, mobilité à l’international en semestre académique ou<br />
double-diplôme), des opportunités académiques (spécialisation<br />
dès le M1, choix d’une majeure ou d’un double-diplôme MSc /<br />
MBA proposé par le Groupe), des opportunités professionnelles<br />
(année de césure, contrat d’apprentissage ou de professionnalisation<br />
selon les campus), et bien sûr des opportunités associatives.<br />
Il n’y a pas deux parcours semblables mais pas non plus<br />
de patchworks « à la carte ». Nous veillons à ce qu’il y ait toujours<br />
un fil conducteur et que le parcours soit pédagogiquement solide<br />
et cohérent. Nous avons à la fois la volonté d’écouter les souhaits<br />
de chaque étudiant et l’obligation de les doter du capital d’expérience<br />
nécessaire pour trouver un emploi. J’ai coutume de dire à<br />
mes étudiants que « Mon job, c’est qu’ils aient un job ! »<br />
O. R : Aujourd'hui il faut avoir des accréditations pour être<br />
reconnu. Où en est l’Inseec ?<br />
R. C : Nous avons déjà obtenu l’accréditation AMBA pour notre<br />
programme grande école et nous travaillons à obtenir EPAS. Les<br />
accréditations sont devenues un passage obligé pour nos écoles,<br />
et il est vrai qu’elles ont la vertu de nous amener à réfléchir,<br />
dans un temps long, à notre projet pédagogique et à sa mise en<br />
œuvre. Elles nous permettent de formaliser et d’améliorer nos<br />
process et constituent un facteur de reconnaissance et de développement<br />
à l’international.<br />
Cependant, être accrédité ne doit pas devenir une fin en soi.<br />
Les grandes écoles de management françaises n’ont pas attendu<br />
l’arrivée des accréditeurs pour démontrer l’efficacité de leur<br />
modèle, en terme d’employabilité et d’insertion professionnelle<br />
de leurs diplômés ! Par ailleurs, les accréditations ne sont pas<br />
« student centric » mais jugent l’institution. C’est un biais réel qui<br />
fait qu’on travaille plus sur son organisation que sur la mesure de<br />
la réussite des élèves et des anciens.<br />
O. R : Vous recrutez une grande partie de vos étudiants<br />
dans les classes prépas mais ne faites pas le « plein » des<br />
places à pourvoir depuis plusieurs années. Pourquoi ?<br />
R. C : Nous avons progressé en 2017 en passant de 192 à<br />
208 préparationnaires intégrés, tout en remontant en deux ans<br />
la barre d’admissibilité de 1,5 point. Dans un contexte concurrentiel<br />
particulièrement tendu, c’est déjà une réelle satisfaction.<br />
Une barre trop basse (au concours 2015) avait envoyé<br />
un mauvais signal aux professeurs et aux élèves de CPGE.<br />
Remonter notre barre (ce que d’autres écoles n’ont pas fait)<br />
était donc une nécessité. Je crois au cercle vertueux d’une<br />
meilleure sélectivité, qui entraîne l’attractivité, et ainsi de suite.<br />
C’est aussi pourquoi nous proposons cette année 270 places<br />
aux concours BCE, ce qui représente à mon sens un objectif<br />
réaliste et réalisable.<br />
Les préparationnaires qui intègrent l’école sont souvent surpris de<br />
la qualité de nos infrastructures, de nos programmes, de l’accompagnement<br />
dont ils bénéficient, de notre réseau de partenaires et<br />
d’anciens, et de l’ambiance qui règne sur nos campus ! C’est d’ailleurs<br />
assez frustrant de constater le décalage entre la réalité vécue<br />
par nos élèves et l’image parfois perçue par les candidats.<br />
Mais l’une des problématiques majeures de ce concours - qui<br />
ne concerne pas que l’INSEEC -, c’est de voir des écoles du top<br />
10 augmenter régulièrement le nombre de places offertes au<br />
concours. Les 15 places supplémentaires d’ESCP Europe ou les<br />
20 places supplémentaires d’emlyon, vont fatalement assécher,<br />
par un effet domino, le vivier de toutes les autres écoles. Il y a<br />
un phénomène constant et de plus en plus marqué « d’aspiration<br />
par le haut » qui met en péril le recrutement des écoles de<br />
la deuxième partie du classement SIGEM. Comme le nombre de<br />
préparationnaires n’augmente pas, cela devient très préoccupant.<br />
Le Chapitre des écoles de management souhaite globalement<br />
davantage de solidarité entre les écoles de la Conférence des<br />
grandes écoles, mais si ces arguments sont donc entendus, le<br />
décalage demeure entre les bonnes intentions et la réalité.<br />
Il faudrait également faire comprendre aux candidats qui ne sont<br />
pas reçus dans les « meilleures écoles » - au sens de ceux qui<br />
les classent -, que toutes les écoles des concours BCE et Ecricome<br />
sont d’excellentes écoles, membres de la Conférence des<br />
grandes écoles, présentant toutes les garanties d’épanouissement<br />
personnel et professionnel. Il est dommage de se désister<br />
pour aller ailleurs quand on a justement passé deux années à se<br />
préparer à entrer dans des écoles parfaitement adaptées à son<br />
cursus et à son projet.<br />
O. R : Comment organisez-vous les oraux de votre<br />
concours ?<br />
R. C : Chaque matin sur notre campus parisien je reçois personnellement<br />
les candidats pendant toute la période des oraux et<br />
leur explique ce qu’est l’école et à quoi s’attendre. À Bordeaux<br />
et Lyon, les directeurs délégués font de même. Et lors de la<br />
pause de midi, nous inversons les règles du jeu en nous mettant<br />
au milieu de ces mêmes candidats pour répondre à leurs questions.<br />
Pendant 45 minutes, ils peuvent tout nous demander, et<br />
c’est parfois très amusant ! Je précise que cette proximité n’est<br />
pas une « illusion de concours », car ma porte, comme celles de<br />
mes collègues et collaborateurs, demeure ouverte aux étudiants<br />
toute l’année. Nous avons vraiment la volonté de construire tous<br />
nos programmes autour d’eux : l’intérêt de l’étudiant doit être au<br />
cœur de toute prise de décision.<br />
O. R : On parle beaucoup en ce moment du « continuum »<br />
nécessaire entre les classes prépas et les grandes écoles.<br />
Que faites-vous pour l’améliorer ?<br />
R. C : Nos étudiants suivent en effet un cycle de 5 ans dont<br />
les deux premières années sont les CPGE. On ne fait pas deux<br />
années de prépa pour entrer ensuite dans une université ou à<br />
HEC Montréal !<br />
Surtout que ce que l’on apprend en prépa va servir tout au long<br />
de sa vie et de sa carrière : la culture générale, l’esprit critique, les<br />
qualités rédactionnelles, la force de travail et la méthode, la résistance<br />
au stress… autant de ces fameuses soft skills qui dépassent<br />
largement l’horizon du concours. Contrairement à ce que l’on<br />
>>> suite page 17<br />
© INSEEC<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 16 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
ENTRETIEN<br />
>>> suite de la page 16<br />
pense parfois, la prépa ne prépare pas qu’au concours : elle<br />
prépare à l’école et à la vie professionnelle future.<br />
Nous participons donc aux réunions régulières organisées<br />
par l’APHEC pour favoriser le dialogue et créer ce lien indispensable<br />
entre grandes écoles et classes préparatoires. Nous<br />
menons également des actions auprès des CPGE tout au long<br />
de l’année (visites et conférences dans les lycées, invitation<br />
des élèves sur nos campus, diffusion d’outils méthodologiques,<br />
invitation des professeurs à nos jurys d’oraux, cordées<br />
de la réussite…) pour expliquer à quoi ressemble un cursus<br />
dans une grande école de management et aider les préparationnaires<br />
à se projeter dans l’après concours.<br />
O. R : Vous êtes secrétaire du Sigem. Pensez-vous qu’il<br />
faille organiser les admissions sur titre sur le même<br />
modèle ?<br />
R. C : Je n’en vois pas l’intérêt, c’est un jeu à somme négative.<br />
Si le Sigem fonctionne aussi bien aujourd’hui, c’est parce<br />
qu’il s’adresse à un public « captif » et parfaitement connu.<br />
C’est bien différent pour les admissions sur titre où nos écoles<br />
sont en concurrence avec d’autres acteurs. Il suffit de se<br />
rendre sur un salon de l’éducation pour voir que les écoles<br />
membres de la CGE sont loin d’être majoritaires… Je crains<br />
que créer un « Sigem des AST » ne nous mette en position<br />
de faiblesse vis-à-vis de ces autres concurrents, qui n’appartiennent<br />
pas à notre communauté, et qui s’adressent directement<br />
aux candidats avec des pratiques parfois douteuses.<br />
Cela consisterait à créer des règles contraignantes, qui ne<br />
s’imposeraient pas à tous, à commencer par les plus « agressifs<br />
», commercialement parlant…<br />
Entre les écoles membres de la Conférence des grandes<br />
écoles, des règles de bonne conduite doivent suffire. J’ai<br />
d’ailleurs participé, en tant qu’animateur du groupe de travail<br />
« Amont/concours » du Chapitre, à la rédaction d’une charte<br />
éthique, acceptée unanimement par les écoles.<br />
En revanche, il est de notre responsabilité de mieux communiquer<br />
auprès des familles et des candidats qui sont de plus<br />
en plus tentés par l’entrée dans des écoles « mystérieuses »,<br />
ne disposant ni du visa ni du grade de master, mais qui font la<br />
promesse d’un cursus « gratuit » en contrat de professionnalisation.<br />
Les étudiants ne sont pas des clients, et une formation<br />
n’est pas un produit de consommation courante ! Les<br />
étudiants nous confient leur projet, leurs espoirs, deux ou trois<br />
ans de leur vie et une partie de leur avenir… C’est un investissement<br />
qui mobilise parfois toute une famille, et cela nous<br />
impose de grandes responsabilités.<br />
O. R : Vous avez des projets de programmes nouveaux ?<br />
R. C : Nous allons lancer un véritable parcours autour du<br />
développement durable et de la RSE à compter de la rentrée<br />
<strong>2018</strong>. C’est un projet ambitieux qui constituera un quatrième<br />
pôle à partir du M1, à côté de la finance, du marketing et du<br />
management. Nous avons déjà des professeurs et des enseignants-chercheurs,<br />
des partenaires institutionnels et académiques,<br />
des entreprises prêtes à nous confier leurs problématiques,<br />
des projets de double-diplôme et de certifications… Ce<br />
programme « Green Business School », qui nous permettra de<br />
développer également une nouvelle approche pédagogique, ne<br />
concernera sans doute qu’une trentaine d’étudiants, parce que je<br />
ne suis pas certain que le marché soit aujourd’hui prêt à en recevoir<br />
davantage. Mais nous donnerons aussi à tous nos étudiants<br />
la possibilité de suivre un parcours optionnel en développement<br />
durable qui sera comme une « troisième langue » pour ceux qui<br />
souhaitent en maîtriser les enjeux. Ce projet s’inscrira également<br />
dans un partenariat avec l’ECE.<br />
O. R : Vous êtes un directeur un peu atypique, extrêmement<br />
présent sur les réseaux sociaux, parfois avec un ton<br />
décalé. C’est important aujourd'hui de communiquer<br />
autrement avec les jeunes ?<br />
R. C : Pas seulement avec les jeunes ! Si je suis aussi présent<br />
sur les réseaux sociaux c’est d’abord et avant tout pour incarner<br />
l’école et créer un lien direct avec ceux qui reçoivent mes<br />
messages, qu’ils appartiennent ou non à la communauté INSEEC.<br />
Sur LinkedIn je parle ainsi à nos 50 000 anciens qui apprécient<br />
de recevoir des nouvelles de leur école, et qui me répondent<br />
quotidiennement par des remerciements, des offres de stages à<br />
diffuser, des propositions de partenariats ou de conférences…<br />
Cette forte présence de l’INSEEC sur le réseau contribue également<br />
au développement de la « marque école » auprès des<br />
recruteurs de nos élèves et diplômés. Et quand, une fois sur dix,<br />
je communique de manière décalée - par exemple quand j’ai<br />
changé ma photo de profil pour Halloween - le post devient viral<br />
et crée du « trafic » sur mon profil, valorisant ainsi les posts plus<br />
sérieux. Communiquer efficacement sur les réseaux suppose<br />
de définir une ligne éditoriale, de trouver « le bon ton », de faire<br />
preuve de justesse, de sincérité et de réactivité, d’alterner les<br />
types de messages et… de prendre parfois des risques !<br />
J’encourage d’ailleurs tous nos étudiants à être actifs sur LinkedIn<br />
sans attendre leur recherche d’emploi, et il m’arrive d’animer<br />
personnellement des ateliers pour les aider à créer ou améliorer<br />
leur profil. n<br />
L’Inseec est implantée sur les quais à Bordeaux.<br />
→→<br />
D’autres ressources<br />
du groupe<br />
L’INSEEC business school<br />
utilise d’autres ressources<br />
du groupe comme par<br />
exemple une formation<br />
certifiante sur le luxe<br />
développée par Luxury<br />
Attitude (le « eMovie<br />
learning ») à laquelle<br />
sont ajoutés des cours en<br />
présentiel. Même chose<br />
avec Crea Genève et la<br />
certification au marketing<br />
digital « Learning7 »,<br />
proposée à tous les<br />
étudiants de M1.<br />
© INSEEC BS<br />
Un entretien en deux temps<br />
Pendant les oraux l’entretien individuel se<br />
déroule en deux temps : d’abord l’étudiant<br />
choisit un sujet parmi deux tirés au sort<br />
(culture générale et actualité), puis dispose<br />
d’une vingtaine de minutes pour préparer un<br />
exposé de 5 à 7 minutes qu’il présentera devant<br />
le jury. Ce dernier est composé d’un binôme :<br />
un professeur de l’INSEEC accompagné d’un<br />
ancien élève ou d’un professeur de CPGE.<br />
Après avoir interrogé le candidat sur son exposé,<br />
le jury va faire connaissance avec lui en partant<br />
du questionnaire de personnalité préalablement<br />
rempli. L’oral dure environ 50 minutes en tout<br />
et donne lieu à des notes qui peuvent aller de 0<br />
à 20. « Le jury doit vraiment donner son avis sur<br />
chaque candidat, en jugeant sa performance, son<br />
potentiel, sa motivation, et attribuer une note qui<br />
ne doit rien à la complaisance », promet Rémy<br />
Challe. Pour les épreuves de langues, l’INSEEC<br />
est centre IENA sur ses trois campus, à Paris,<br />
Bordeaux et Lyon.<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 17 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
PAROLES DE PROF<br />
© TBS Bibliothèque 4A5167 Manuel Huynh<br />
Les humanités : un élément-clé du continuum<br />
classes préparatoires - grandes écoles,<br />
une formation pour la vie<br />
Par Frédéric Munier, agrégé d’histoire, professeur d’histoire-géographie-géopolitique au Lycée Saint-Louis, Paris.<br />
Professeur affilié à Skema Business School.<br />
Si aux États-Unis, les formations de management intègrent des éléments en<br />
humanités tout leur long, en France, l’enseignement de ces disciplines y est largement<br />
dévolu aux classes préparatoires. À l’heure où les écoles repensent leurs maquettes<br />
pédagogiques, plus que jamais, les humanités peuvent être un lien fort dans le<br />
continuum prépas-grandes écoles.<br />
Pour des raisons qui tiennent à l’histoire des filières préparatoires et à leurs<br />
liens avec les écoles de management, il a prévalu une répartition, somme<br />
toute rationnelle, entre les enseignements de classes préparatoires assurés par<br />
des enseignants de l’Éducation nationale et ceux des grandes écoles, dispensés<br />
par des enseignants-chercheurs en sciences de gestion. Aux premiers<br />
revient l’enseignement de « disciplines-socles », telles que les mathématiques,<br />
les langues, la culture générale, l’économie, l’histoire, la géographie et la géopolitique,<br />
aux seconds le management, le marketing, la stratégie, etc. Néanmoins,<br />
si le modèle « 2 ans de prépa, 3 ans d’école » est la règle, le passage<br />
de la prépa à l’école n’est pas de même nature pour tous. En effet, dans le cas<br />
des filières scientifiques et littéraires, certes les lieux et les programmes<br />
changent mais les matières enseignées et l’esprit restent grosso modo les<br />
mêmes. Les ingénieurs poursuivent des études de mathématiques, les normaliens<br />
se spécialisent dans l’option qu’ils avaient privilégiée au concours avant de<br />
passer, pour la plupart, une agrégation.<br />
Rien de tel dans les grandes écoles de management. Les disciplines enseignées<br />
en classes préparatoires ne le sont plus, ou presque, en grande école :<br />
à la culture générale, la macro-économie, la géopolitique succèdent la<br />
micro-économie, le marketing, le management, la stratégie, la finance, la<br />
comptabilité etc. En d’autres termes, dans les classes économiques et<br />
commerciales (dites EC) plus que les autres, le concours vaut comme une<br />
rupture. Si l’on ajoute à cela le fait que le monde de l’enseignement public et<br />
celui de l’entreprise sont, en France, bien souvent face à face plus que côte à<br />
côte, on comprend que l’espace qui sépare les prépas et les grandes écoles<br />
soit, dans le cas des études de management, plus grand qu’ailleurs. Sans<br />
compter que le corps enseignant des grandes écoles de management, désormais<br />
internationalisé, est naturellement, moins au fait du système des classes<br />
préparatoires, spécifique à la France.<br />
C’est fort de cette analyse que, depuis 2016, l’Association des professeurs<br />
des classes préparatoires économiques et commerciales (APHEC) a mis sur<br />
pied des « réunions de continuum », associant des professeurs de prépas,<br />
des représentants des grandes écoles ainsi que l’Association des Proviseurs<br />
de lycées à classes préparatoires aux grandes écoles (APLCPGE). Ce dialogue,<br />
désormais régulier, a fait émerger un certain nombre de pistes et d’idées<br />
fécondes, notamment celle que l’année de L3, dite « pré-master », est celle sur<br />
laquelle doivent se focaliser toutes nos attentions. Les étudiants y sont souvent<br />
>>> suite page 19<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 18 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
PAROLES DE PROF<br />
>>> suite de la page 18<br />
déboussolés ; ils ne retrouvent pas l’esprit généraliste qui faisait la force et<br />
l’intérêt des classes préparatoires. Nous aimerions montrer ici que le renfort<br />
de disciplines « humanistiques » pourrait non seulement être le moyen de<br />
faciliter cette transition mais en outre qu’il s’agit d’un impératif pour l’avenir<br />
des futures générations de managers.<br />
: Les humanités, une vieille idée, un concept neuf ?<br />
Si en France, le mot fait vieillot, pour ne pas dire désuet, aux États-Unis, les<br />
« humanities » constituent autant de départements prestigieux dans les<br />
grandes universités. Les Anglo-Saxons y rangent l’histoire, les langues, la politique,<br />
l’ethnologie , le droit, les arts, la philosophie, bref autant de domaines<br />
qui touchent à l’homme et à la culture. À certains égards, le meilleur équivalent<br />
français serait « culture générale » avec le problème que son champ,<br />
immense, est difficile à délimiter. Quoi qu’il en soit, ce type d’enseignement est<br />
dispensé tout au long des formations du supérieur outre-Atlantique. Et probablement<br />
qu’il gagnerait à l’être en France aussi et ce, à plus d’un titre.<br />
Il est d’abord des raisons pragmatiques qui devraient pousser les écoles<br />
à étoffer leur offre autour de ces disciplines. Les promotions de L3 sont<br />
marquées par une forte diversité. Si la plupart des étudiants sont issus de<br />
classes préparatoires, ils ne proviennent pas des mêmes voies. Les titulaires<br />
d’un baccalauréat scientifiques, passés par la voie ECS, ont suivi un enseignement<br />
approfondi de géopolitique, les économistes (ECE) d’économie et<br />
de sociologie, les techniques (ECT) de sciences de gestion. S’ajoute à eux un<br />
volume, variable selon les écoles, d’étudiants issus de l’université ou de formations<br />
en deux ans - BTS ou DUT - dont les parcours sont fort différents. Il est<br />
de fait très important de donner à chacun d’eux un ADN commun, facteur de<br />
cohésion pour l’ensemble de la promotion. Quoi de plus simple que de passer<br />
par… la culture précisément. Elle parle à tous, ne demande guère de pré-requis<br />
et constitue un capital intangible fort utile dans la vie. Après tout, la lecture<br />
des grandes œuvres de la littérature permet par exemple d’approcher par<br />
procuration un grand nombre de types humains tandis que la connaissance<br />
des philosophies orientales ouvre à une meilleure compréhension de l’Asie par<br />
exemple. Car la culture, c’est avant tout la prise de hauteur dont la jeunesse<br />
manque, par définition. Les générations qui accèdent aujourd’hui aux études<br />
ont une appréhension du monde beaucoup plus vécue que celles du passé<br />
- le développement planétaire du tourisme y est pour beaucoup mais aussi le<br />
fait qu'ils soient des digitales natives habitués à surfer dans le cybersespace<br />
mondial ; il est une véritable porte d’accès vers l’autre - mais qui, bien souvent,<br />
s’attache à la surface. Beaucoup de nos étudiants admissibles aux oraux se<br />
présentent comme d’impénitents voyageurs mais, sous le feu des questions,<br />
s’apparentent davantage à des « Casanova des nations » (Chesterton) qu'à des<br />
ethnologues en herbe.<br />
En outre, la culture générale, véritable concrétion de savoirs issus du passé, est<br />
probablement la meilleure manière d’appréhender le présent et l’avenir. Hannah<br />
Arendt dans La crise de la culture, a bien montré que chaque génération devait<br />
pouvoir enjamber la faille du présent par les acquis du passé. Or, notre présent<br />
est celui de tous les bouleversements : mondialisation, révolution digitale, nanoet<br />
biotechnologies. L’homme pourrait se prendre pour Dieu ; certains dans la<br />
Silicon Valley n’hésitent pas à se rêver immortels d’ailleurs ! Dans cet univers<br />
en plein bouleversement, les savoirs généraux sont autant de balises. Car, sans<br />
arguer du classique argument de la « quête de sens », il est clair que notre<br />
monde, largement désenchanté, peine à l’être par les seules vertus du marché.<br />
L’attrait pour des idéologies extrêmes, de tous horizons, témoigne d’ailleurs du<br />
vide spirituel dans lequel se trouve une partie de nos contemporains. C’est que<br />
le libéralisme n’est pas une idéologie du sens ; née en réponse au déchirement<br />
européen des guerres de religions, elle pose comme critère principal l’utile plus<br />
que le vrai. Si l’on peut comprendre tout l’intérêt pacificateur de cette distinction<br />
dans l’Europe du XVII e siècle, on en mesure les conséquences, par exemple<br />
environnementales, aujourd’hui. Réintroduire l’humain et les savoirs qui lui sont<br />
associés n’est pas un supplément d’âme mais une réponse forte à la technicisation,<br />
parfois aveugle, de nos sociétés. Beaucoup de nos étudiants d’ailleurs<br />
en sont persuadés. Eux qui seront amenés à jouer un rôle important dans le<br />
monde de demain gagneraient à acquérir les savoirs leur permettant de mieux<br />
orienter leur action future. Qui plus est, dans un monde de l’instantané où le<br />
« like » vaut comme nouvelle auctoritas, il n’est peut-être pas inutile de leur<br />
réapprendre les vertus du temps, plus long, de la réflexion - on n’ose pas dire la<br />
méditation - et de la mise à distance.<br />
Enfin, il est à notre sens une dernière raison qui remet les humanités au goût<br />
du jour. À l’âge de la « vidéosphère », qui fait suite à la « logosphère » et la<br />
« graphosphères » - on doit cette typologie à Régis Debray - les processus<br />
cognitifs ont grandement évolué. Plus que de têtes bien pleines, nous avons<br />
besoin de têtes bien faites, capables d’assembler et de composer des savoirs<br />
désormais surabondants : agilité, transversalité, créativité sont les concepts<br />
maîtres du moment. Sans culture générale, rien de cela n’est possible car elle<br />
seule permet d’établir des ponts entre les disciplines, les gens, les périodes,<br />
les espaces. C’est elle qui rend originale la page Google tous les matins. Et<br />
c’est aussi elle qui nous sort des tâches routinières, lesquelles seront d’ailleurs<br />
bientôt menacées par l’intelligence artificielle. Car, comme l’ont bien montré<br />
Frey et Osborne dans leur désormais célèbre étude d’Oxford sur le remplacement<br />
l’homme par l’IA, les métiers qui résisteront le plus à la machine sont<br />
ceux qui travaillent par et pour l’humain. Les humanités sont un vade-mecum<br />
pour le siècle à venir. Comme le soulignait Nicolas Petit, directeur des Opérations<br />
et marketing chez Microsoft France, « l’important dans la transformation<br />
numérique, ce n’est pas la technologie, c’est la culture ». On le comprend,<br />
c’est elle qui, demain plus qu’aujourd’hui encore, risque d’être un facteur de<br />
différenciation en matière de réussite professionnelle, notamment pour les<br />
hauts potentiels qui se destinent à prendre la direction d’opérations complexes.<br />
: Les humanités en école de management<br />
On pourra toujours rétorquer que ces considérations sont stratosphériques.<br />
Et pourtant, force est de constater que les humanités ont d’ores et déjà le<br />
vent en poupe. Bien des formations du supérieur s’en dotent aujourd’hui :<br />
les facs de médecine « développent des modules ou des masters autour des<br />
humanités pour aider les futurs médecins à mieux affronter les bouleversements<br />
technologiques et sociaux en cours » comme le notait « Le Monde »<br />
dans son édition du 1 er <strong>janvier</strong> <strong>2018</strong>. La faculté de Nanterre de son côté<br />
propose désormais plusieurs licences orientées autour des humanités. L’idée<br />
d’une première année d’université offrant un socle vaste d’enseignements<br />
de culture générale – renouant là avec l’ancienne « propédeutique » – fait<br />
aujourd’hui son chemin. L’École polytechnique a toujours cherché à sensibiliser<br />
ses étudiants, futurs ingénieurs et cadres supérieurs aux questions de<br />
culture générale. Une autre École polytechnique, celle de Lausanne, a créé<br />
un « collège des humanités » car, comme le rappelait son président Patrick<br />
Aebischer : « if I want leading scientists, I first want women and men acting<br />
in the service of society ».<br />
Les écoles de management de leur côté sont aujourd’hui de plus en plus<br />
conscientes de ce besoin. Ainsi, la culture générale - entendue dans son<br />
acception la plus vaste qui inclut la géopolitique et la macroéconomie -<br />
principalement dévolue aux classes préparatoires, y est désormais infusée.<br />
Certaines écoles estiment d’ores et déjà que les enseignements qui n’appartiennent<br />
pas directement au champ de la gestion représentent 25 % de leur<br />
grille d’enseignement. Plusieurs proposent désormais des doubles cursus<br />
avec l’université, en histoire, en philosophie, en droit par exemple. Certaines<br />
d’entre elles cherchent à sensibiliser leurs étudiants à ces questions via des<br />
programmes de conférences ou encore en instituant des enseignements<br />
pérennes en la matière ; on pense ici à la chaire Edgar Morin de la complexité<br />
inaugurée à l’ESSEC en 2014. Plus l’époque se spécialise, plus elle doit<br />
se fonder sur des savoirs généraux ; pas de pyramide élevée sans base<br />
solide. D’autres enfin préfèrent faire intervenir des professeurs de classe<br />
préparatoire, occasionnellement ou durablement. C’est le choix notamment<br />
de Skema qui a institué cette année deux nouveaux enseignements en L3<br />
sous les titres de « grands enjeux économiques » et « grands enjeux géopolitiques<br />
». Ces deux disciplines ont pour but d’apporter non seulement une<br />
culture commune aux étudiants mais aussi une hauteur et une transversalité<br />
qui réinsèrent les enseignements de gestion dans un « big picture », un<br />
cadre plus large pourvoyeur de sens.<br />
Moins périssables que les innovations technologiques constantes, la culture<br />
générale et les humanités dans leur version antique – la cultura animi – ou<br />
moderne – les sciences sociales – donnent les moyens de repenser du sens<br />
là où prévaut l’obsolescence. Elles apparaissent comme durables et structurantes<br />
et, paradoxalement, comme d’une grande actualité car elles rendent<br />
intelligible le présent à la lumière de l’expérience du passé. « Homère est<br />
nouveau ce matin et rien n’est peut-être plus vieux que le journal d’aujourd’hui<br />
» disait déjà Charles Péguy, il y a un siècle. n<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 19 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13
REPÈRES<br />
L’enseignement privé en forte hausse<br />
→→<br />
224 000 étudiants dans<br />
l’enseignement supérieur<br />
privé en Allemagne<br />
En Allemagne l’essor des<br />
établissements d’enseignement<br />
supérieur privés a été<br />
particulièrement rapide ces<br />
dernières années : ils reçoivent<br />
aujourd'hui 224 000 étudiants<br />
contre seulement 24000 en<br />
l’an 2000. Présents dans les<br />
27 régions, ils sont au nombre<br />
de 121 soit un tiers du nombre<br />
total d’établissements<br />
d’enseignement supérieur<br />
allemand. Sans surprise 60 %<br />
des cursus sont dispensés en<br />
droit et économie. Contrôlés<br />
par trois organismes différents<br />
ils ne sont financés qu’à<br />
hauteur de 7 % par l’État. Les<br />
frais de scolarité représentent<br />
68 % de leurs revenus avec en<br />
moyenne 6000 € par an à<br />
débourser pour un master et<br />
8000 € pour un master.<br />
Ils emploient quelque 8 000<br />
salariés pour un chiffre<br />
d’affaires total de 1,8 milliard<br />
d’euros.<br />
© Alexis Chezière<br />
Si on en croyait les augures les universités auraient dû être beaucoup plus débordées par les<br />
nouveaux étudiants qu’elles ne l’ont finalement été à la dernière rentrée. Plusieurs études permettent<br />
de comprendre comment de nombreux bacheliers s’en sont finalement détournés et notamment pour<br />
aller dans un enseignement supérieur privé en plein essor.<br />
C<br />
’est l’un des chiffres clés de la nouvelle édition des Repères<br />
et références statistiques sur les enseignements, la formation<br />
et la recherche. Alors qu’à la rentrée 2016, on recensait<br />
en tout 2,6 millions d’étudiants ils étaient 474 000 dans l’enseignement<br />
privé (18,2 % des effectifs), soit une hausse de 5,3 %,<br />
nettement supérieure à celle des inscriptions dans l’enseignement<br />
public (1,7 %).<br />
Comme le soulignent les experts : « En dehors des trois années<br />
2013, 2014 et 2015, le rythme de croissance des inscriptions<br />
dans l’enseignement public a toujours été depuis 1998, inférieur<br />
à celui observé dans l’enseignement privé ». Entre 1998 et 2016,<br />
les inscriptions dans l’enseignement privé ont ainsi augmenté de<br />
87,9 %, soit 222000 étudiants supplémentaires, tandis qu’elles<br />
n’ont augmenté que de 13,9 % dans l’enseignement public, avec<br />
261000 étudiants de plus.<br />
Reste à leur en donner les moyens alors que la subvention<br />
versée par l’État pour chaque étudiant des écoles ayant signé,<br />
à partir de 2010, des conventions de contractualisation est<br />
passée de 1280€ à 780€ en cinq ans. « La contribution de<br />
l’État au soutien de l’enseignement supérieur privé ne doit pas<br />
être considérée comme un coût mais comme une opportunité<br />
dans un contexte budgétaire national fortement contraint : le<br />
financement public d’un étudiant dans une école d’ingénieur ou<br />
de management privée contractualisée est aujourd’hui 10 fois<br />
plus faible que dans une école publique », estime Jean-Michel<br />
Nicolle, président de l’Union des grandes écoles indépendantes<br />
(UGEI) et directeur de l’école d'ingénieurs EPF.<br />
Mais la bonne santé de l’enseignement privé est compromise<br />
par les « coups de bâton » que Bercy leur donne, estiment<br />
beaucoup de directeurs. « Ce dont nous avons besoin c’est d’un<br />
cadre clair et fixe qui dure au moins dix ans. D’un partenariat<br />
gagnant / gagnant avec l’université. Mais on ne peut pas nous<br />
demander juste de nous taire quand nous faisons face à une<br />
concurrence internationale de plus en plus féroce ! », demande<br />
la directrice générale de SKEMA, Alice Guilhon.<br />
: Qui doit payer ?<br />
La question revient souvent dans les propos des responsables<br />
de ces écoles : « qui doit assumer le financement<br />
de nos formations ? ». « Je trouve anormal que les familles<br />
doivent payer aussi cher quand les impôts sont aussi lourds.<br />
En quelque sorte, elles contribuent deux fois. L’État apporte un<br />
soutien financier inférieur à 10 % du coût de nos formations<br />
qui est lui-même inférieur à ceux d’un BTS ou d’un IUT », s’interroge<br />
Jean-Philippe Ammeux, directeur de l’Iéseg et ancien<br />
président de la Fesic, chargé aujourd'hui d’une étude sur le<br />
prêt à « remboursement contingent » pour les étudiants. « Le<br />
gouvernement pourrait nous aider en défiscalisant les frais de<br />
scolarité. Cela ne coûterait pas cher », suggère de son côté<br />
Alice Guilhon.<br />
Et Florence Darmon, directrice l’école d'ingénieurs ESTP et<br />
vice-présidente de l’UGEI, de résumer : « Les grandes écoles<br />
associatives sont particulièrement efficaces sur le plan économique.<br />
L’appui de l’État est très faible, donc les familles paient<br />
des frais de scolarité élevés, c’est malheureusement le résultat<br />
d’une équation qui nous est imposée. Nous coûtons moins cher,<br />
nous plaçons très bien nos étudiants, nous sommes très bien<br />
placés dans les classements internationaux, que demander de<br />
plus ? » n<br />
Olivier Rollot<br />
Les bacheliers se sont moins inscrits à l’université en 2017<br />
Selon les données provisoires établies au<br />
20 octobre 2017 et collationnées dans la<br />
note flash du ministère de l'Enseignement<br />
supérieur, de la Recherche et de l’Innovation<br />
Inscription des nouveaux bacheliers entrant en<br />
première année à l’université en 2017-<strong>2018</strong>, le<br />
nombre d’inscriptions de nouveaux bacheliers<br />
en licence à la rentrée 2017 est de 268 400,<br />
soit une progression de seulement 0,7 % (hors<br />
doubles inscriptions des étudiants en CPGE)<br />
avec 1 700 étudiants supplémentaires. La forte<br />
hausse du nombre de lauréats au bac général<br />
en 2017 (+3,2 %) ne trouve en particulier pas<br />
une traduction équivalente dans le nombre<br />
d’inscrits à l’université qui ne progresse que de<br />
2,5 %. Cette propension moindre à s’inscrire<br />
en première année universitaire hors IUT<br />
s’observe pour toutes les séries du bac général :<br />
les bacheliers ES (+4,5 % d’inscrits pour<br />
un nombre de lauréats en hausse de 5,1 % à<br />
la session 2017), les L (+2,3 % à l’université ;<br />
+3,1 % à la session 2017) et<br />
les S (+1,1 % ; +2,1 % à la session 2017).<br />
Le décalage entre évolution du nombre de<br />
bacheliers et évolution de leurs inscriptions<br />
à l’université est plus fort encore pour les<br />
bacheliers professionnels. Hors IUT il diminue<br />
de pas moins de 14,8 % cette année quand<br />
le nombre de lauréats recule de seulement<br />
1,7 %. Enfin l’effectif des nouveaux bacheliers<br />
technologiques à l’université, toujours hors<br />
IUT, décroît de 4,4 % alors que le nombre de<br />
lauréats progresse de 1,3%.<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 20 JANVIER <strong>2018</strong> | N°13