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La condition inhumaine. Le camp de Dachau

Cet ouvrage regroupe quatre textes (dont un inédit) écrits entre 1945 et 1946. L’auteur, résistant, jeune jésuite, a vécu un an, de 1944 à 1945, dans le camp de concentration de Dachau. Écrits par nécessité de témoigner et souci de vérité, ces textes n’hésitent pas à aborder des thèmes aussi difficiles que les conditions de vie des prisonniers, les conflits politiques qui surgissaient entre eux ou la paradoxale liberté que l’on pouvait éprouver dans le camp. Il en tire une grande leçon d’humanité : « Quoi d’autre nous importe, après tout, que de mieux connaître en l’homme ce qui le rend assez maître de son destin pour dominer ainsi et la mort et la vie : cela seul intéresse, à travers les contemporains de Dachau, l’homme de tous les temps. »

Cet ouvrage regroupe quatre textes (dont un inédit) écrits entre 1945 et 1946. L’auteur, résistant, jeune jésuite, a vécu un an, de 1944 à 1945, dans le camp de concentration de Dachau. Écrits par nécessité de témoigner et souci de vérité, ces textes n’hésitent pas à aborder des thèmes aussi difficiles que les conditions de vie des prisonniers, les conflits politiques qui surgissaient entre eux ou la paradoxale liberté que l’on pouvait éprouver dans le camp. Il en tire une grande leçon d’humanité : « Quoi d’autre nous importe, après tout, que de mieux connaître en l’homme ce qui le rend assez maître de son destin pour dominer ainsi et la mort et la vie : cela seul intéresse, à travers les contemporains de Dachau, l’homme de tous les temps. »

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Récit<br />

19<br />

trop <strong>de</strong> mal ; mais quand nous eûmes dépassé Reims,<br />

les phénomènes d’asphyxie commencèrent ; puis après<br />

7 à 8 heures, les cas <strong>de</strong> folie. <strong>Le</strong>s morts qui furent retirés<br />

à l’arrivée [avaient succombé] dès le premier soir du<br />

voyage. Nous ne fûmes pas les plus à plaindre ; dans le<br />

convoi suivant, il y eut 900 morts. Nous, nous eûmes<br />

encore la chance que, pendant le trajet, la pluie rafraîchît<br />

les wagons. Au passage dans les gares, il était répondu<br />

à nos cris <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong>s rafraîchissements par<br />

<strong>de</strong>s quolibets. Une fois cependant nos gardiens feignirent<br />

<strong>de</strong> se laisser attendrir : mais ce fut pour asperger<br />

l’intérieur <strong>de</strong> notre wagon avec l’énorme jet d’eau<br />

d’une pompe locomotive. Nous fûmes inondés, mais<br />

aucun prisonnier ne put boire, et la chaleur humi<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s vêtements qui séchaient sur nous fut encore plus<br />

pénible à supporter.<br />

C’est le 20 juin que nous arrivâmes à <strong>Dachau</strong> ; nous<br />

avions quitté Compiègne le 18. Devant nous et <strong>de</strong>vant<br />

la population alleman<strong>de</strong>, les cadavres furent sortis et<br />

chargés sur <strong>de</strong>s voitures. Nous partîmes à pied. 2 à<br />

3 km nous séparaient du <strong>camp</strong>. Nous y entrâmes par<br />

une porte grillée surmontée <strong>de</strong> l’inscription : « Arbeit<br />

Macht Frei ». En français : « <strong>Le</strong> travail rend libre ». Dès<br />

ce moment, nous nous sommes sentis pris dans l’engrenage<br />

inexorable du <strong>camp</strong> : l’homme est mécanisé ;

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