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Essentiel Prépas n°17 - mai 2018 - HD

L'Essentiel Prépas, magazine digital entièrement dédié aux prfesseurs des classes préparatoires économiques et commerciales. Magazine édité par HEADway Advisory.

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MAI <strong>2018</strong> | N° 17<br />

ÉCONOMIQUES<br />

& COMMERCIALES<br />

PAROLES DE PROF<br />

« À l’écrit, on élimine, à l’oral, on recrute » : les épreuves d'entretien de personnalité<br />

et de motivation à l'oral du concours d'entrée en école de management<br />

DOSSIER<br />

Comment former<br />

ses étudiants à l’ère<br />

du numérique et<br />

de l’intelligence<br />

artificielle<br />

xxxxxxx<br />

ENTRETIENS<br />

Delphine Manceau<br />

et Sylvie Jean<br />

(Neoma BS)<br />

Emmanuel Métais<br />

(Edhec BS)<br />

YouTube


EDITO<br />

Des Grandes écoles "agiles"<br />

contre des universités<br />

les "boulets aux pieds" ?<br />

Som<strong>mai</strong>re<br />

MAI <strong>2018</strong> | N° 17<br />

Les ESSENTIEL DU MOIS 4 à 8<br />

Dans un point de vue donné aux Échos à l’occasion du premier anniversaire de la<br />

présidence d’Emmanuel Macron, le Prix Nobel d’économie, Jean Tirole, analyse<br />

ainsi la situation de l’enseignement supérieur français : « Face aux grandes écoles,<br />

hautement sélectives, mieux dotées, et agiles grâce à une gouvernance plus souple,<br />

face à une forte concurrence internationale pour les étudiants et les chercheurs,<br />

l'université a des boulets aux pieds. On lui demande de servir de variable d'ajustement<br />

au chômage, de réaliser l'impossible (enseigner dans le même programme<br />

à des étudiants à la préparation très hétérogène) ; on l'a dotée d'une gouvernance<br />

absurde, quasiment sans regard externe ; et l'on a joué au Meccano avec elle en<br />

dévoyant une bonne idée - le programme Idex - pour constituer des mastodontes<br />

hétérogènes et ingouvernables ».<br />

L’émergence de très grandes universités. L’analyse de Jean Tirole a le mérite<br />

d’être claire <strong>mai</strong>s n’en cache pas moins les réels progrès qu’ont réalisés les universités<br />

ces dernières années. Certes la création des Comue (communauté d'universités<br />

et d'établissements) n’a pas produit les effets escomptés, <strong>mai</strong>s n’en sont pas<br />

moins apparues de nouvelles grandes universités. Aix-Marseille, Bordeaux, Strasbourg<br />

et même Paris (PSL, Sorbonne Université et <strong>mai</strong>ntenant l’Université de Paris)<br />

se sont ainsi dotées d’universités de taille mondiale capables de trouver leur place<br />

dans les classements internationaux.<br />

Des écoles d'ingénieurs trop dispersées. Face à ces nouvelles grandes universités<br />

les grandes écoles d’ingénieurs restent encore trop dispersées. Si on fait<br />

exception de l’Institut Mines Télécom (IMT), de Paris Sciences et Lettres ou encore<br />

de Paris Saclay, et en attendant la mise sur orbite de la « New Uni » de l’École polytechnique,<br />

leur taille reste insuffisante pour se comparer avec les grandes universités<br />

de technologie mondiales. Il n’y a guère que dans des classements très pointus,<br />

par exemple leur capacité à former des dirigeants, que l’École polytechnique ou<br />

Mines ParisTech peuvent performer.<br />

Les écoles de management françaises à la pointe de l’internationalisation.<br />

Dans ce paysage contrasté d’un enseignement supérieur français qui n’en finit pas<br />

de se chercher, les écoles de management font figures de championnes. Même si<br />

elles ont quelque peu rétrogradé dans les classements des business schools du<br />

Financial Times, elles y occupent toujours des places de choix. Même la plus petite<br />

d’entre elles accorde à la dimension internationale un poids qu’on ne trouve nulle<br />

part aux États-Unis et rarement dans la plupart des pays européens. Sans doute<br />

aussi parce qu’elles ont dû se singulariser vis-à-vis des instituts d’administration<br />

des entreprises (IAE), gratuits, les écoles de management françaises ont su développer<br />

une vision internationale qui leur permet aujourd'hui de recruter et de s’implanter<br />

à l’étranger.<br />

Et <strong>mai</strong>ntenant ? Alors que le gouvernement va autoriser les regroupements d’universités<br />

et de Grandes écoles à tester de nouvelles formes de gouvernance, il est<br />

plus que ja<strong>mai</strong>s nécessaire pour tous les acteurs de trouver des terrains d’entente<br />

pour faire entendre la voix de l’enseignement supérieur à l’étranger. Comment les<br />

universités pourraient-elles se passer du formidable<br />

travail qu’ont réalisé les écoles de management pour faire<br />

vivre l’enseignement supérieur français à l’étranger ? Et<br />

en retour comment les Grandes écoles pourraient ignorer<br />

l’impact que sont capables d’avoir de grandes universités<br />

reformées ? Le tout est de trouver des formes de coopération<br />

qui laissent chacun s’exprimer. Et ça ce n’est pas<br />

encore gagné…<br />

Olivier Rollot<br />

Rédacteur en chef<br />

ENTRETIEN 10-11<br />

Neoma BS :<br />

un nouveau PGE<br />

pour <strong>2018</strong><br />

PUBLI-INFORMATION 12-13<br />

Pourquoi conseiller Grenoble<br />

École de Management<br />

à vos élèves ?<br />

DOSSIER 14 à 17<br />

Comment former<br />

ses étudiants à l’ère<br />

du numérique et de<br />

l’intelligence artificielle<br />

ENTRETIEN 18-19<br />

« La révolution digitale change<br />

notre métier »<br />

PAROLES DE PROF 20 à 23<br />

Les épreuves d'entretien de<br />

personnalité et de motivation<br />

à l'oral du concours d'entrée<br />

en école de management<br />

REPÈRES 24-25<br />

Étudiants étrangers :<br />

France is back !<br />

"L’<strong>Essentiel</strong> du Sup - <strong>Prépas</strong>" est une publication du groupe<br />

33 rue d’Amsterdam | 75008 Paris |<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont |<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot | o.rollot@headway-advisory.com |<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont |<br />

f.boleduchomont@headway-advisory.com - 01 71 18 22 62 |<br />

Photo de couverture : Fotolia<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 2 MAI <strong>2018</strong> | N°17


NANTES | PARIS | BEIJING | SHENZHEN<br />

DEPUIS 16 ANNÉES<br />

CONSÉCUTIVES<br />

6 e 4 e<br />

CLASSEMENT<br />

SIGEM<br />

INSERTION<br />

PROFESSIONNELLE<br />

« Parce que l’audace s’affirme avec le savoir, nous développons vos expériences,<br />

Parce que le talent s’exprime grâce à la culture, nous multiplions les influences,<br />

Parce que leadership et responsabilité doivent se faire écho, nous visons plus haut.<br />

Notre vocation ? Vous permettre de développer la vôtre ! »<br />

Nicolas ARNAUD<br />

Directeur Audencia Grande École<br />

www.audencia.com<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 3 MAI <strong>2018</strong> | N°17


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

HEC va rejoindre l’École polytechnique<br />

EN BREF<br />

→→<br />

810 000<br />

810 000 candidats<br />

ont confirmé un ou<br />

plusieurs vœux sur<br />

Parcoursup soit près de<br />

50000 plus que l’année<br />

dernière à la même<br />

époque. En moyenne<br />

ce sont 7,7 vœux<br />

qu’ont formulé chaque<br />

candidat. Là aussi<br />

la hausse est nette<br />

puisque ce n’étaient<br />

que 7,1 vœux qui<br />

avaient été formulés en<br />

2017. 68 % de ces vœux<br />

se sont portés sur<br />

des filières sélectives<br />

(CPGE, BTS, DUT,<br />

écoles d'ingénieurs,<br />

etc.) avec des hausses<br />

particulièrement nettes<br />

en IUT (+26 %) et<br />

STS (+15,5 %). Si les<br />

CPGE enregistrent<br />

une augmentation<br />

significative du<br />

nombre de candidats<br />

ayant confirmé un vœu<br />

avec un total de 114 966<br />

(soit une augmentation<br />

de 11,7 %), elles<br />

enregistrent une baisse<br />

du nombre de vœux<br />

confirmés (672596<br />

au total soit -2,3 %<br />

par rapport à 2017).<br />

En tout ce sont 11 %<br />

des vœux confirmés,<br />

soit près de 672000,<br />

qui sont formulés pour<br />

entrer en CPGE.<br />

→ Consultez le<br />

dossier complet<br />

du MESRI<br />

Le conseil d’administration d’HEC a mandaté la direction générale<br />

de l’école pour « initier un projet d’alliance avec le groupement<br />

New Uni » (mené par l’École polytechnique). Cette<br />

nouvelle alliance devrait prendre la forme agile d’une joint-venture<br />

et concentrera son activité autour de projets de recherche<br />

et d’enseignement innovants, à fort potentiel international,<br />

relevant tous du do<strong>mai</strong>ne de la technologie et de l’innovation<br />

économique. « Ce partenariat renforcé devra s’appuyer, dès sa<br />

création, sur des projets très concrets au service des étudiants<br />

et de la recherche. Je pense à des programmes joints allant<br />

du Master au Doctorat, à des formations pour entrepreneurs<br />

ou encore à des travaux de recherche conjoints sur le modèle<br />

de ceux déjà initiés entre HEC et les écoles du groupement<br />

New Uni », explique Jean-Paul Vermès, le président du conseil<br />

d’administration.<br />

Ecricome veut « davantage d’équité »<br />

dans l’accès au concours<br />

La BCE l’avait annoncé il y a quelques se<strong>mai</strong>nes. À partir de la<br />

session 2020 : le concours Ecricome entend également promouvoir<br />

un renforcement de la logique de filières alors que les candidatures<br />

issues des CPGE technologiques françaises et étrangères sont en<br />

augmentation constante (+6,8 % en <strong>2018</strong>). Le règlement général<br />

des concours sera donc modifié afin que l’inscription au concours<br />

Ecricome Prépa dans la voie technologique (ECT) soit réservée aux<br />

candidats titulaires d’un baccalauréat technologique, technique ou<br />

professionnel. De plus un candidat ayant présenté le concours dans<br />

une voie n’est pas autorisé à le retenter dans une voie différente<br />

l’année suivante. Enfin seuls les candidats en deuxième année de<br />

classe préparatoire pourront s’inscrire au concours.<br />

« Inside Audencia » : 3 jours d’immersion<br />

pour des élèves de prépas<br />

Du 23 au 25 avril, Audencia BS a accueilli 37 étudiants en<br />

première année de classes préparatoires pour leur faire vivre son<br />

programme Grande école pendant leurs congés de printemps. Ils<br />

ont suivi des cours, rencontré des étudiants, découvert le réseau<br />

des diplômés et visité Nantes. Pour sa première édition, l’initiative<br />

a rencontré un large succès auprès des étudiants puisque l’objectif<br />

→ L’École polytechnique cherche son nouveau président qui<br />

devrait être choisi avant l’été. n<br />

initial de 30 places a été dépassé et l’école a dû refuser quelques<br />

dizaines d’étudiants.<br />

→ Si les étudiants invités doivent s’acquitter de leurs frais de<br />

déplacement, Audencia prend en charge l’ensemble des frais d’hébergement,<br />

de restauration et de visites culturelles. n<br />

Un double diplôme architecte-manager<br />

à l’Essec<br />

L’Essec et l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles<br />

(ENSA-V) lancent un double diplôme d’architecte – manager sans<br />

équivalent en France. Ce double cursus, d’une durée totale de<br />

cinq ans, suivi en alternance dans les deux écoles, débouche sur<br />

l’obtention à la fois du Diplôme d’État d’architecte et de l’Essec<br />

Grande École. « Il faut transformer les méthodes de conception et<br />

de mise en œuvre des projets, l'organisation et le pilotage de leurs<br />

acteurs », explique Patrice Noisette, professeur à l’Essec Business<br />

School pour lequel ce double diplôme « répond à ces enjeux en<br />

conjuguant les deux cultures et les compétences de l'architecture<br />

et du management, il forme des professionnels capables de<br />

répondre aux besoins de conduite de projet des grandes agences<br />

internationales pluridisciplinaires d'architecture ou d'urbanisme ou<br />

des grands maîtres d'ouvrage publics ou privés ».<br />

Les étudiants du programme Grande école de l’Essec pourront,<br />

dès l'année de pré-master suivre un programme de sensibilisation<br />

à l'architecture puis intégrer le double diplôme lors d'un<br />

cursus alterné entre les deux établissements. De leur côté, les<br />

étudiants de l'ENSA-V pourront, pendant leur 3 e année, suivre un<br />

programme de sensibilisation au management et intégrer le double<br />

diplôme après leur première année de master sous la forme d'un<br />

cursus alterné. n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 4 MAI <strong>2018</strong> | N°17


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

Grenoble EM rénove son programme<br />

Grande école<br />

« C’est notre responsabilité d’évoluer du modèle de la business<br />

school à celui de la "school for business and society". Une<br />

grande école doit répondre aux étudiants et au monde économique<br />

bien sûr. Mais elle doit aussi proposer une vision et des<br />

solutions aux grands défis hu<strong>mai</strong>ns. » Le directeur général de<br />

Grenoble EM passe aux actes en rénovant son programme<br />

Grande école. Parmi les nouveautés à retenir : un thème par<br />

année pour former des diplômés INSIDE (Inspirés, Novateurs,<br />

Sociaux, Intégrés, Décideurs, Entrepreneurs), un nouveau séminaire<br />

de rentrée en première année ou encore le renforcement<br />

de la capacité d’innovation de nos étudiants, de la réflexivité et<br />

de la transversalité. « Nous mettons pleinement en place le GEM<br />

Learning model (modèle pédagogique de GEM lancé en 2016)<br />

avec ses 4 piliers : l’hu<strong>mai</strong>n au travers de la réflexivité ; les cours<br />

en pédagogie active ; un projet transversal par année qui permet<br />

aux étudiants de mieux comprendre la nécessité de tous les<br />

enseignements de l’année et de mobiliser les connaissances et<br />

compétences qu’ils y ont développées », explique Armelle Godener,<br />

la directrice de la pédagogie (voir « 3 questions à Armelle<br />

Godener » : https://youtu.be/5xp6oNh97ds).<br />

L’objectif de cette nouvelle maquette est de permettre aux futurs<br />

diplômés de l’école, pendant les 10 ou 15 premières années de<br />

leur vie professionnelle, de « répondre aux besoins des entreprises<br />

et de la société en général, et de se réaliser professionnellement<br />

en étant capables de détecter des opportunités, de s’y<br />

préparer, de se lancer et de faire face à la société évolutive qui<br />

est la nôtre aujourd’hui ».<br />

→ GEM a également lancé une nouvelle plate-forme de marque<br />

pour « fédérer toutes les communautés de l’École et renforcer<br />

l’identité distinctive de GEM » en s’appuyant sur un environnement<br />

grenoblois composé de laboratoires, centres de<br />

recherche et départements R&D. Dans cet esprit l’expression<br />

« Business Lab for Society » vient désor<strong>mai</strong>s se positionner sous<br />

le logo de l’école. Quant à sa nouvelle signature, « ACTTHINKIM-<br />

PACT », elle « incite à l’action, celle d’avoir un impact réel sur<br />

sa vie, sa carrière, son entreprise, et la société » (voir le film de<br />

présentation). n<br />

EN BREF<br />

→→<br />

168 millions d’euros par an<br />

Pour la deuxième fois, le<br />

Groupe Sup de Co La Rochelle<br />

s’est soumis à l’étude BSIS,<br />

créée pour mesurer l’impact<br />

des business schools sur leur<br />

environnement local. Son<br />

impact sur son territoire atteint<br />

selon l’étude les 168 millions<br />

d’euros par an.<br />

→→<br />

Emlyon et Neoma primées<br />

par l’AACSB pour leurs<br />

innovations pédagogiques<br />

Afin de valoriser les<br />

innovations pédagogiques<br />

développées par les écoles de<br />

commerce au niveau<br />

international, l'organisme<br />

d'accréditation internationale<br />

AACSB organise depuis<br />

quelques années le challenge<br />

« Innovations that inspire ».<br />

À l’occasion de la 3 e édition de<br />

ce challenge Emlyon et Neoma<br />

figurent parmi les 30 business<br />

schools dans le monde primées<br />

pour leurs innovations<br />

pédagogiques en matière de<br />

formation interculturelle.<br />

Welcome to<br />

Dublin & Oxford<br />

Possibilité de suivre la<br />

totalité du cursus en anglais,<br />

à Oxford selon la pédagogie<br />

anglo-saxonne et/ou à Dublin<br />

au cœur des startups et des<br />

nouvelles technologies.<br />

PROGRAMME GRANDE ÉCOLE ● DIPLÔME VISÉ BAC+5 ● GRADE DE MASTER<br />

Pionnière dans l’âme, l’EM NORMANDIE n’a cessé de se réinventer pour offrir à ses étudiants une vision d’avenir, en<br />

adéquation avec les attentes du monde de l’entreprise. Parcours Élite International spécial prépas, Parcours Accompagnement<br />

Professionnel spécial prépas pour l’alternance, les stages d’année optionnelle, de fin d’études… sont autant de clés pour<br />

garantir la réussite et l’épanouissement professionnels futurs des étudiants.<br />

L’ESPRIT DE CONQUÊTE<br />

Programme Grande Ecole<br />

en Formation Initiale.<br />

em-normandie.fr<br />

CAEN ● LE HAVRE ● PARIS ● DUBLIN ● OXFORD<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 5 MAI <strong>2018</strong> | N°17


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

EN BREF<br />

→→<br />

ICN lance<br />

deux nouvelles<br />

spécialisations<br />

en apprentissage<br />

En plus de la spécialisation<br />

déjà existante en<br />

management de la supply<br />

chain et des achats, l’école<br />

ouvre deux nouvelles<br />

spécialisations dans les<br />

do<strong>mai</strong>nes de la banque<br />

et de la distribution<br />

omnicanal sur le campus<br />

ICN de Metz.<br />

→→<br />

Le bureau du<br />

SIGEM renouvelé<br />

Le SIGEM<br />

(Système<br />

d'Intégration<br />

aux Grandes<br />

Ecoles de Management)<br />

a renouvelé son bureau.<br />

Jean-Christophe<br />

Hauguel, président du<br />

SIGEM depuis 2015<br />

et directeur général<br />

adjoint - directeur<br />

des programmes de<br />

l'EM Normandie, a été<br />

réélu pour trois ans.<br />

Le nouveau bureau est<br />

également composé<br />

de : François Dubreu,<br />

directeur des relations<br />

institutionnelles de<br />

KEDGE Business School,<br />

réélu vice-président,<br />

Béatrice Nerson,<br />

directrice adjointe<br />

de Grenoble Ecole de<br />

Management, réélue<br />

trésorière et Rémy Challe,<br />

directeur de l'INSEEC<br />

Business School, élu<br />

secrétaire.<br />

→→<br />

Les 50 ans de la<br />

Course de l’Edhec<br />

ESCP Europe plus que ja<strong>mai</strong>s à l’ère digitale<br />

« Aujourd'hui un dean doit<br />

s’emparer de la question digitale<br />

! » Directeur général d’ESCP<br />

Europe, Frank Bournois est allé<br />

à la rencontre du monde digital<br />

ces derniers mois en rencontrant<br />

experts et entreprises. En<br />

vue : de vraies innovations dans<br />

la manière d’enseigner pour<br />

répondre aux besoins des entreprises<br />

<strong>mai</strong>s aussi de recruter ses<br />

étudiants. « Nous allons intensifier<br />

nos liens avec les écoles d'ingénieurs pour avoir de plus en<br />

plus d’étudiants double diplômés pour anticiper les besoins des<br />

entreprises », relève Frank Bournois.<br />

Des enjeux spécifiques. Bâti sur un modèle multi-campus ESCP<br />

Europe a, plus qu’aucune autre business school, la nécessité<br />

d’employer les ressources digitales pour faire communiquer ses<br />

campus, ses étudiants, ses professeurs. « Nos activités numériques<br />

ne se substituent pas aux humanités classiques <strong>mai</strong>s les<br />

complètent », assure Frank Bournois, qui avait déjà introduit l’enseignement<br />

du coding dans son école il y a deux ans : « Un succès<br />

fou ! Mais il faut aussi regarder du côté du design, de l’éthique,<br />

de la sociologie pour bien développer sa dimension digitale. Notre<br />

idée directrice : le digital doit être au service d’une pédagogie<br />

augmentée ».<br />

D’ici 2022 un tiers des enseignements d’ESCP Europe seront<br />

dispensés en ligne, un autre tiers dans le cadre d’enseignements<br />

traditionnels et le reste en petits groupes. « Nous nous appuierons<br />

largement sur des temps pédagogiques numérisés réalisées<br />

par notre corps professoral <strong>mai</strong>s pas seulement. L’excellence est<br />

aussi développée dans nos établissements partenaires », reprend<br />

Frank Bournois. L’école construit aujourd'hui une grande bibliothèque<br />

numérique pour pouvoir utiliser dans ses cours l’ensemble<br />

des ressources de l’école. « Notamment en executive education<br />

nous pourrons répondre de manière beaucoup plus rapide aux<br />

demandes des entreprises », commente Vasquez Bronfman, dean<br />

associé en charge de l’enseignement numérique de l’école. Cela<br />

signifie également la nécessité de repenser les espaces de cours<br />

pour permettre à ce nouveau modèle de fonctionner.<br />

ESCP Europe a déjà créé trois MOOCs sur Coursera (en « éco-<br />

management », « management interculturel » et « business européen<br />

») et surtout un master executive 100 % en ligne (l’EMIB).<br />

D’abord sur son campus de Madrid, puis en anglais et en français<br />

à la rentrée prochaine. Cette année ce sont 42 étudiants<br />

qui le suivent du monde entier. « Nous nous adressons à des<br />

personnes qui ne peuvent pas facilement se déplacer et qui, où<br />

qu’ils soient, peuvent toujours accéder à la formation », explique<br />

Vasquez Bronfman. Autres libertés du cursus : celle de suivre son<br />

cursus au moment qui vous convient et dans un laps de temps<br />

assez large. « Les entreprises veulent former dans le monde entier<br />

en associant le on line et le présentiel et nous allons créer un track<br />

"blended" pour réunir les deux. » Un « mélangé » qui devrait être la<br />

norme dans les années à venir pour Frank Bournois. Le cours de<br />

« prérequis », qui est proposé aux étudiants qui rejoignent l’école<br />

et rattrapent les cours pendant l’été, sera ainsi digitalisé en forme<br />

« blended » cette année.<br />

20 experts interrogés. Au sein de l’observatoire des mutations<br />

numériques Netexplo sept grandes entreprises se sont jointes<br />

à ESCP Europe pour mesurer ses impacts sur leur organisation.<br />

Vingt experts comme Alex Lebrun (responsable de la recherche sur<br />

l’intelligence artificielle chez Facebook), Dov Moran (créateur de la<br />

clé USB) ou Karl Schroder (un auteur de science-fiction canadien)<br />

se sont interrogés sur ce qu’était une entreprise à l’ère digitale.<br />

« Dans la Silicon Valley on se tient les uns les autres, on "rely on<br />

one another". Une start up ne crée ja<strong>mai</strong>s exactement le produit<br />

auquel elle avait songé au début. Le secret c’est le pivot, l’agilité,<br />

la capacité à pivoter d’un projet à un autre », confie Luc Julia, qui<br />

fut l’inventeur du système Siri d’Apple puis directeur de l’innovation<br />

de Samsung. Cette qualité de « pivot » est essentielle et s’accompagne<br />

d’autres comme la résilience, la capacité à communiquer<br />

de manière interculturelle ou, bien sûr, à travailler en groupe.<br />

« Nous devons montrer à nos étudiants la force <strong>mai</strong>s aussi les<br />

limites de ces technologies et notamment du transfert de la<br />

responsabilité du monde à la machine », commente Vasquez<br />

Bronfman. L’expérience de la Moral Machine du MIT, où un<br />

conducteur doit choisir entre plusieurs options d’une voiture autonome<br />

confrontée à un accident, en est une excellente illustration.<br />

« Qui doit survivre, un enfant contre trois personnes âgées,<br />

le conducteur ? Ce sont des enjeux moraux auxquels ne devons<br />

pouvoir réfléchir quand certains pensent même qu’une intelligence<br />

artificielle (IA) pourrait mieux être à même de juger qu’une intelligence<br />

hu<strong>mai</strong>ne. » n<br />

Implanté sur six campus (ici celui de Londres) ESCP Europe est<br />

l’archétype de l’école de management de l’ère digitale.<br />

Pour sa 50 e édition,<br />

la Course Croisière<br />

EDHEC, premier<br />

événement sportif<br />

étudiant d'Europe, s’est<br />

déroulée à Brest du 20<br />

au 28 avril <strong>2018</strong> avec<br />

plus de 230 équipages,<br />

3 000 participants,<br />

12 000 visiteurs<br />

et 23 nationalités.<br />

À l'occasion de cet<br />

anniversaire, un bateau<br />

regroupant les présidents<br />

de la 1 re , 10 e , 20 e , 30 e , 40 e<br />

et 50 e Course, a été réuni<br />

pour la première fois.<br />

© ESCP Europe<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 6 MAI <strong>2018</strong> | N°17


C l u b A d e t e m<br />

d e s D e ć i d e u r s<br />

m a r k e t i n g ,<br />

c o m m u n i c a t i o n<br />

e t d i g i t a l d e<br />

l ' e n s e i g n e m e n t<br />

s u p e ŕ i e u r<br />

En partenariat avec<br />

Lancement le 30 <strong>mai</strong> <strong>2018</strong><br />

www.adetem.org<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 7 MAI <strong>2018</strong> | N°17<br />

# A d e t e m<br />

@ A d e t e m


EN BREF<br />

→→<br />

Christophe Ger<strong>mai</strong>n<br />

est nommé directeur<br />

général d’Audencia<br />

Business School<br />

Directeur général adjoint<br />

d'Audencia depuis plus<br />

de 10 ans, Christophe<br />

Ger<strong>mai</strong>n a été nommé<br />

directeur général<br />

d'Audencia BS le 24 avril.<br />

Un poste qu'il connaît<br />

bien pour en avoir assuré<br />

l'intérim en 2016 avant<br />

la nomination d'Emeric<br />

Peyredieu du Charlat.<br />

Depuis il s'était largement<br />

consacré à la création<br />

de l'antenne chinoise<br />

d'Audencia : la SABS<br />

(Shenzhen Audencia<br />

business school).<br />

Diplômé d’un doctorat<br />

(Université Bordeaux<br />

IV) & de l’IHEE<br />

(Institut des hautes<br />

études de l’entreprise),<br />

Christophe Ger<strong>mai</strong>n a<br />

occupé successivement<br />

à Audencia les postes<br />

de directeur adjoint du<br />

programme Grande école<br />

(2002 - 2007), directeur<br />

académique (2007 -<br />

2015), directeur général<br />

adjoint (2010 - 2015 /<br />

2016 - <strong>2018</strong>), directeur<br />

général par intérim<br />

(janvier 2016-septembre<br />

2016), directeur général<br />

de Shenzhen Audencia<br />

Business School (2016 -<br />

<strong>2018</strong>). « Après ses succès<br />

dans le développement<br />

de notre école SABS<br />

en Chine comme dans<br />

son poste de directeur<br />

général adjoint, confier<br />

les pleins pouvoirs à<br />

Christophe Ger<strong>mai</strong>n pour<br />

accompagner l’école dans<br />

ses prochaines échéances<br />

est une évidence, ne seraitce<br />

que par sa connaissance<br />

fine du milieu de<br />

l'Enseignement Supérieur<br />

et de la Recherche, dont<br />

l’écosystème complexe et<br />

les codes sont spécifiques »<br />

explique Laurent Métral,<br />

le président directeur<br />

général d’Audencia.<br />

Audencia marque<br />

des points à Shenzhen<br />

Cela n’avait rien d’évident au début : quand la plupart des écoles<br />

de management françaises ont préféré s’installer à ou près<br />

de Shanghai, Audencia a choisi en 2016 de s’implanter dans<br />

une ville nouvelle : Shenzhen, aux portes de Hong Kong. « En<br />

septembre 2016 l’Université de Shenzhen avait entrepris des<br />

négociations avec différentes business schools dans le monde et<br />

nous nous sommes montrés les plus réactifs », explique Christophe<br />

Ger<strong>mai</strong>n, directeur de la SABS (Shenzhen Audencia business<br />

school) et <strong>mai</strong>ntenant d’Audencia. Un choix qui pourrait se révéler<br />

de plus en plus gagnant…<br />

Une métropole de taille mondiale. La SABS s’est installée<br />

au cœur de ce qui est aujourd'hui la métropole dont le développement<br />

est le plus dynamique dans le monde. Selon les experts<br />

d’Oxford Economics, Shenzhen sera ainsi la septième ville la plus<br />

importante du monde en 2030 ! En cinquante ans – la « zone<br />

économique spéciale » de Shenzhen a été lancée en 1980 – elle<br />

sera ainsi passée du statut de petite ville de 30000 habitants à<br />

celui une métropole de taille mondiale qui compte aujourd'hui plus<br />

de 10 millions d’habitants. Son secret : être à la fois un centre<br />

financier majeur et le siège d’industries de pointe comme le fabricant<br />

de téléphonie mobile Huawei. De son côté l’Université de<br />

Shenzhen, créée en 1983, compte aujourd'hui 34000 étudiants<br />

– dont 1500 étrangers – et 2500 professeurs.<br />

Un développement accéléré. Juillet 2016 : accord entre l’université<br />

et Audencia. Septembre 2016 : lancement de l’école.<br />

Septembre 2017 : lancement des premiers programmes. En un<br />

an la SABS était née. « Nous n’avons absolument pas pour objectif<br />

d’y accueillir tous nos étudiants <strong>mai</strong>s d’y développer certains<br />

programmes liés aux spécificités de la ville, par exemple en<br />

finance, en innovation ou en entrepreneuriat<br />

», reprend Christophe Ger<strong>mai</strong>n.<br />

Le tout dans le cadre d’un joint-venture<br />

où l’université amène ses locaux - et une<br />

partie du financement jusqu’au moment<br />

où les comptes s’équilibreront - et<br />

Audencia son expertise. « Je m’assure<br />

que la qualité soit la même qu’à Nantes<br />

dans le cadre de programmes délivrés<br />

exclusivement en anglais. »<br />

Pas forcément enthousiastes au début,<br />

les étudiants français y découvrent vite<br />

des opportunités de stages et d’emploi<br />

exceptionnelles dans un écosystème très<br />

porteur. Des étudiants chinois y suivent<br />

également les programmes co-construits<br />

par Audencia et l’université de Shenzhen :<br />

des masters en supply chain et management,<br />

un E-MBA et un DBA (Doctorate<br />

of Business Administration). Aujourd'hui<br />

la faculté compte dix professeurs et<br />

ils seront bientôt vingt. D’ici quatre ou<br />

cinq ans ce seront en tout environ 500<br />

étudiants qui y seront reçus chaque<br />

année. S’ils peuvent être logés sur le<br />

campus la plupart préfèrent éviter le<br />

couvre-feu – à 23 heures – et louer des<br />

logements en ville.<br />

Le voyage d’études du E-MBA.<br />

Chinois ou Français les 103 étudiants<br />

du E-MBA d’Audencia étaient présents<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

Le bâtiment de l’université<br />

de Shenzhen dans lequel la<br />

Shenzhen Audencia business<br />

school est implantée.<br />

dès cette année à Shenzhen pour y fêter la fin de leur cursus –<br />

rencontres avec des entreprises, banquet et karaoké à tue-tête<br />

au menu – puis pour se rendre à Hong Kong pour y découvrir<br />

d’autres entreprises. En tout huit nationalités venues en particulier<br />

des campus d’Audencia de Nantes, Paris, Alger et Shenzhen.<br />

Si les Français sont encore les plus nombreux, avec 32 étudiants<br />

les Chinois sont la deuxième nationalité donc ce programme<br />

qui dure de 16 à 20 mois (12 mois en accéléré) et est facturé<br />

38 500 euros. « Un bon value for money dans une école triple<br />

accréditée pour un programme qui comprend la réalisation d’un<br />

projet stratégique individuel quand d’autres le font ensuite »,<br />

relève William Hurst, le directeur de l’Executive Education de<br />

l’école.<br />

Se différencier. Audencia propose aujourd'hui trois MBA différents<br />

: Full Time (plutôt à des cadres, étrangers à 92 %, ayant<br />

entre sept et douze ans d’expérience professionnelle), Executive<br />

Euro MBA (à distance depuis 20 ans avec cinq universités européennes)<br />

et l’Executive MBA. « Le Full Time est le marché le plus<br />

concurrentiel au monde. Il faut se différencier et nous le faisons<br />

avec notre double localisation en France et à Shenzhen », assure<br />

William Hurst, qui note que « seules l’Insead et l’IMD peuvent<br />

faire venir des étudiants chez elles en Europe, les autres cursus ».<br />

Plateforme régionale, le campus de Shenzhen d‘Audencia amène<br />

ainsi des étudiants asiatiques à y étudier avant, peut-être, de se<br />

rendre à Nantes.<br />

Mais au-delà c’est à la formation continue en général que s’intéresse<br />

William Hurst dans les pays où l’école est implantée :<br />

« En Algérie nous formons avec l’ESAA des dirigeants de grands<br />

groupes qui, ensuite, poussent leurs entreprises à nous demandes<br />

des formations sur mesure ». n<br />

© Audencia BS<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 8 MAI <strong>2018</strong> | N°17


Growth<br />

Strategy for<br />

Education<br />

HEADway est le 1 er cabinet de conseil en stratégie exclusivement dédié aux<br />

acteurs de l’enseignement supérieur, de la formation et de la recherche<br />

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Le conseil en stratégie et en<br />

développement sur des problématiques<br />

de positionnement et d’identité, de branding et<br />

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d’organisation et de pilotage de changement,<br />

de transformation digitale et d’internationalisation.<br />

Lettre d’information numérique hebdomadaire<br />

envoyée à 550 managers de l’enseignement<br />

supérieur. Déclinée au format webzine mensuel<br />

pour 2 000 professeurs de classes prépas<br />

économiques et commerciales ainsi que d’un<br />

blog d’information alimenté chaque jour.<br />

La chasse de tête pour les profils<br />

de managers des organisations<br />

académiques et d’enseignants<br />

chercheurs au travers d’une approche<br />

métier exclusive et d’une double<br />

expertise RH et académique.<br />

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et communication (production<br />

des supports print et web, conception<br />

et mise en œuvre de la stratégie<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 9 MAI <strong>2018</strong> | N°17


ENTRETIEN<br />

Neoma BS : un nouveau PGE<br />

Plus de modularité, de rythme, renforcement de sa dimension internationale, extension du continuum<br />

avec les classes prépas, le programme Grande école de Neoma BS va être renouvelé en <strong>2018</strong>. Sa<br />

directrice générale, Delphine Manceau, et la directrice du programme Grande école, Sylvie Jean, nous<br />

expliquent comment.<br />

© Neoma BS<br />

© Neoma BS<br />

→ → Delphine Manceau :<br />

d’ESCP Europe à Neoma BS<br />

Après un passage par une plus<br />

petite enseigne – elle dirigeait<br />

l’ebs Paris depuis la mi-mars<br />

2016 – Delphine Manceau, 47 ans,<br />

a pris la direction de Neoma BS<br />

en juillet 2017. Diplômée d’ESCP<br />

Europe, titulaire d’un doctorat en<br />

sciences de gestion (HEC Paris) et<br />

habilitée à diriger des recherches<br />

(<strong>HD</strong>R) de l’université Pierre-<br />

Mendès-France de Grenoble,<br />

Delphine Manceau a été<br />

directrice académique de ESCP<br />

Europe de 2005 et 2008 et en a<br />

dirigé la division « corporate » de<br />

2011 à 2016. Entre les deux elle<br />

a fondé et dirigé l’Institut pour<br />

l’innovation et la compétitivité i7.<br />

→ Sylvie Jean a pris direction<br />

du programme Grande école de<br />

Neoma BS en avril 2017. Elle était<br />

jusque-là directrice des admissions<br />

et de l’année prémaster de l’Edhec<br />

BS. Titulaire d’un DEA en gestion<br />

et d’un doctorat en marketing de<br />

l’université de Montpellier, obtenu<br />

en l’an 2000, Sylvie Jean était<br />

entrée cette même année à l’Edhec<br />

comme professeur de marketing<br />

et y avait notamment coordonnée<br />

le programme bachelor et dirigé le<br />

MSc ingénieur Global Business.<br />

Olivier Rollot : Le programme Grande École (PGE) de Neoma<br />

BS va être largement refondu à la prochaine rentrée.<br />

Pouvez-vous nous donner les grands axes de cette<br />

évolution ?<br />

Sylvie Jean : Nous sommes entrés dans la phase 2 de la<br />

création de Neoma Business School suite à la fusion et, dans<br />

cette nouvelle étape, nous avons souhaité renouveler notre<br />

programme Grande école. Nous créons un nouveau format<br />

qui donne plus de modularité et plus de rythme, dans les lieux<br />

d’études comme dans les contenus. Nous renforçons le va-etvient<br />

entre l’académique et le professionnel. Plutôt que de durer<br />

un an, l’année de césure – pour laquelle opte la grande majorité<br />

de nos étudiants – pourra être divisée en deux périodes de<br />

six mois suivies de cours. Le cycle master pourra être effectué<br />

en deux ou trois ans. Enfin, l’apprentissage est très fortement<br />

présent à Neoma avec 30 % de la promotion. Les étudiants ont<br />

le choix de faire le cursus en apprentissage sur 2 ans (M1 et<br />

M2) ou en 1 an (M2).<br />

Delphine Manceau : La dimension internationale de notre<br />

PGE va également être renforcée. Nous organisons des<br />

échanges académiques avec 300 partenaires dans le monde.<br />

Nos étudiants vivent ainsi une véritable immersion avec, autour<br />

d’eux, peu d’étudiants français chez chaque partenaire. Ils vivent<br />

une expérience d’intégration dans la culture locale et les habitudes<br />

pédagogiques du pays au sein d’établissements dont la<br />

majorité sont accrédités par Equis, AACSB, AMBA ou EPAS. Être<br />

triple accrédités nous facilite la conclusion d’accords avec les<br />

meilleures business schools.<br />

O. R : On parle beaucoup du « continuum » entre les<br />

classes préparatoires et les grandes écoles. Y avez-vous<br />

travaillé dans le cadre de la réforme de votre PGE ?<br />

S. J : Oui. Nous créons à la rentrée prochaine un cours « Humanités<br />

& Management », qui permettra à nos étudiants de faire<br />

le lien avec les grands auteurs qu’ils ont découvert en classe<br />

préparatoire et les cours de management. Le cours est d’ailleurs<br />

conçu avec des professeurs de prépas. Nous proposerons<br />

aussi à nos étudiants un cas fil rouge interdisciplinaire à partir<br />

d’un cas réel d’entreprise qui permet d’aborder différentes<br />

matières enseignées et ainsi de mieux appréhender le passage<br />

entre la classe préparatoire et l’école. Nous revendiquons notre<br />

intérêt pour les CPGE qui représentent 70 % de nos effectifs en<br />

première année, soit 770 étudiants (chiffre stable cette année).<br />

O. R : Comment se déroule l’intégration de vos nouveaux<br />

étudiants ?<br />

S. J : Le service « Talent et Carrière », particulièrement développé<br />

à Neoma, joue un rôle central dans l’intégration des<br />

étudiants à leur nouvel univers. Il les aide à réfléchir sur<br />

eux-mêmes et sur leurs aspirations personnelles et professionnelles.<br />

Dès la rentrée, il organise les « Starting Days ». Cette<br />

année, nous leur avons demandé d’imaginer des produits et<br />

des services innovants en lien avec les jeux paralympiques.<br />

Ils travaillent leur projet en mode action, entrent le « faire »<br />

et amorcent ainsi la transition avec la prépa. Les entreprises<br />

sont présentes et apprécient beaucoup ce moment. L’année<br />

prochaine, le thème privilégié sera la RSE.<br />

O. R : Neoma a toujours eu une dimension hu<strong>mai</strong>ne affichée.<br />

Comment se caractérise-t-elle ?<br />

S. J : Par exemple par les « modules de trajectoire individuelle »<br />

que pilote ce même service Talent et Carrière avec de nombreux<br />

ateliers pendant toute la scolarité. Nous voulons faire cheminer<br />

nos étudiants en donnant une forte place à leur développement<br />

personnel.<br />

O. R : La vie associative aura toujours sa place ?<br />

D. M : Bien sûr et nous allons même la mettre encore mieux en<br />

avant. Notre Parcours Entrepreneuriat Associatif (PEA) associe<br />

cours le matin et projet associatif l’après-midi. Le tout en anglais<br />

et en associant les diplômés. Ce parcours permet de vraiment<br />

faire le lien entre les activités associatives des étudiants et leurs<br />

études, générant des synergies et un apprentissage appliqué.<br />

Être membre actif et impliqué de la vie associative c’est fédérer<br />

des équipes, gérer des budgets, monter des projets. La vie associative<br />

n’est pas un « à côté », elle devient alors centrale dans<br />

l’apprentissage et mobilisée par les enseignants comme champ<br />

d’application.<br />

O. R : Quels doubles diplômes, certifications, peut-on obtenir<br />

à Neoma ? Est-ce possible d’être un manager<br />

ingénieur ?<br />

S. J : Nous proposons à nos étudiants de faire un mastère<br />

spécialisé avec Centrale Supélec. Nous avons aussi des<br />

parcours intégrés avec l’ESIGELEC à Rouen, et d’autres doubles<br />

diplômes, par exemple avec l’URCA (Université de Reims Champagne-Ardenne)<br />

en géopolitique. En termes de certificat, nous<br />

proposons à nos étudiants de passer les niveaux 1 et 2 du CFA<br />

(Chartered Financial Analyst), très reconnu à l’international en<br />

finance. Nous avons aussi 12 doubles diplômes à l’international,<br />

notamment aux Etats-Unis et en Russie, ou encore un DBA joint<br />

avec l’Université Jiao-tong de Shanghai.<br />

O. R : Beaucoup d’écoles de management connaissent<br />

des problèmes financiers. Comment se porte Neoma ?<br />

D. M : Nous bénéficions d’un modèle économique robuste avec<br />

les moyens de nous développer en France et à l’international, de<br />

conduire notre transformation digitale, de construire un nouveau<br />

campus à Reims et de réaménager nos infrastructures à Rouen<br />

(où nous ne savons pas encore si nous rénoverons complètement<br />

le campus ou déménagerons). Nous allons également<br />

développer notre corps professoral en recrutant chaque année<br />

près de 20 nouveaux professeurs. Nous avons aujourd'hui<br />

160 enseignants-chercheurs permanents et nous comptons<br />

monter à 200 dans les trois ans.<br />

O. R : Ce n’est pas trop difficile - trop cher -, de recruter<br />

des professeurs internationaux ?<br />

D. M : Nous ne nous inscrivons pas dans une logique de<br />

« mercato ». Ce que nous offrons, ce sont de bonnes conditions<br />

d’intégration et de recherche pour fidéliser les profes-<br />

>>> suite page 11<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 10 MAI <strong>2018</strong> | N°17


ENTRETIEN<br />

>>> suite de la page 10<br />

seurs français et internationaux que nous recrutons. Il n’est pas<br />

question pour nous de recruter des professeurs qui se consacreraient<br />

uniquement à la recherche. Ils doivent effectuer au moins<br />

120 heures de cours. Je crois fortement dans le modèle de l’enseignant-chercheur<br />

dont la recherche nourrit l’enseignement.<br />

O. R : Quelle est la proportion de professeurs et étudiants<br />

étrangers à Neoma ?<br />

D. M : 60 % de nos professeurs et 25 % de nos étudiants sont<br />

internationaux. Il est possible de suivre les cours entièrement en<br />

anglais dès la première année, et la dernière année du PGE est<br />

quasiment à 100 % en anglais.<br />

O. R : Vous n’ouvrirez ja<strong>mai</strong>s de campus à l’étranger ?<br />

D. M : Si, en partenariat avec un acteur local très bien implanté,<br />

dans un objectif d’immersion dans le système d’enseignement<br />

supérieur du pays. En Chine, nous allons inaugurer à la<br />

rentrée une école commune d’Innovation et de Business avec la<br />

prestigieuse Université de Nankai. Notre école, implantée sur le<br />

campus de Nankai, est située à 100 kilomètres de Pékin au sein<br />

de la zone économique de TEDA (Tianjin Economic-Technological<br />

Development Area), fondée en 1984 et aujourd’hui en rapide<br />

développement. Notre but est d’attirer d’excellents étudiants asiatiques<br />

dans des programmes joints Neoma Nankai. Nous avons<br />

par exemple un programme sur le digital au pays de WeChat et<br />

d’Alibaba qui permet d’avoir une vision complémentaire de l’approche<br />

des GAFA auxquels on se réfère toujours en Europe.<br />

La Chine est aujourd'hui centrale dans notre stratégie internationale.<br />

En atteste notre capacité à recruter des lycéens chinois via<br />

des partenariats avec des lycées d’excellence <strong>mai</strong>s également<br />

via le concours postbac du « Gao Kao » car nos programmes<br />

sont visés par le ministère de l’Enseignement Chinois. Notre<br />

programme CESEM en chinois est également une vraie réussite :<br />

trois années complètes de cours en Chine ! Notre Institut Confucius<br />

for Business nous offre également une très belle visibilité. n<br />

Après ses campus<br />

de Reims, Rouen<br />

et Paris, Neoma BS<br />

s’implante cette<br />

année en Chine<br />

© Neoma BS<br />

Se<strong>mai</strong>ne du Management <strong>2018</strong><br />

Lors de la Journée anniversaire<br />

des 50 ans de la FNEGE<br />

du jeudi 24 <strong>mai</strong> <strong>2018</strong>...<br />

#MANAGEMENT<strong>2018</strong><br />

Le forum<br />

des académiques<br />

et des professionnels<br />

du management !<br />

Inscription obligatoire<br />

Ouverture de<br />

Muriel Pénicaud,<br />

Ministre du Travail<br />

du 22 au 25 <strong>mai</strong> <strong>2018</strong><br />

Cité Internationale<br />

Universitaire de Paris<br />

17 Boulevard Jourdan,<br />

75014 Paris<br />

Clôture de<br />

Frédérique Vidal,<br />

Ministre de l’Enseignement Supérieur,<br />

de la Recherche et de l’innovation<br />

Et de nombreux autres intervenants !<br />

à découvrir sur www.management<strong>2018</strong>.fr<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 11 MAI <strong>2018</strong> | N°17


PUBLI-INFORMATION<br />

Pourquoi conseiller<br />

Grenoble Ecole de Management<br />

à vos élèves ?<br />

© Bruno Ra<strong>mai</strong>n<br />

Vous les avez guidés pendant 2 ans…<br />

Aujourd’hui, vos élèves sont prêts<br />

- grâce à vous et à leur ténacité -<br />

à passer le cap des concours.<br />

Et de<strong>mai</strong>n, que souhaitez-vous pour<br />

eux ? Comme nous à Grenoble :<br />

qu’ils trouvent leur voie, qu’ils<br />

approfondissent leurs savoirs, et<br />

qu’ils agissent en citoyens éclairés.<br />

Voici comment nous envisageons de<br />

continuer à Grenoble Ecole<br />

de Management (GEM) ce que<br />

vous avez entrepris.<br />

Festival Géopolitique :<br />

un record de visites en <strong>2018</strong><br />

19 345 visiteurs, sur place et en ligne,<br />

ont assisté à l’événement sur le thème<br />

« Un 21 e siècle américain ? » en<br />

mars <strong>2018</strong> avec 100 intervenants, des<br />

conférences, des débats, un escape game,<br />

des projections et des expositions.<br />

Depuis sa création, le Festival s’est<br />

attaché à traiter tour à tour des<br />

problématiques géopolitiques globales et<br />

des thématiques pointues liées à un pays<br />

ou une zone géographique précise.<br />

En 2017 : Le pouvoir des villes.<br />

En 2016 : Dynamiques africaines.<br />

En 2015 : À quoi servent les frontières ?<br />

En 2014 : Eurasie, l’avenir de l’Europe ?<br />

Après 10 ans de croissance, le Festival grenoblois est aujourd’hui un événement<br />

d’envergure européenne, connu et très apprécié. Il est parvenu à répondre à sa<br />

mission initiale : créer un lieu de rencontres pour tous ceux qui s’intéressent aux<br />

questions internationales, un carrefour de toutes les géopolitiques accueillant nos<br />

étudiants, des classes préparatoires, des lycéens, des professeurs, des entreprises et<br />

des experts de tous horizons. n<br />

Disponible en replay sur www.festivalgeopolitique.com<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 12 MAI <strong>2018</strong> | N°17<br />

▼<br />

▼<br />

Pour comprendre le monde<br />

Les entreprises ont besoin de managers qui entendent<br />

le monde dans sa complexité historique,<br />

géographique, politique et économique. Pour défricher<br />

de nouveaux marchés, pour comprendre les<br />

consommateurs, pour imaginer des solutions aux<br />

problèmes locaux.<br />

Pour leur répondre, Grenoble Ecole de Management a<br />

placé la géopolitique au cœur de ses enseignements<br />

fondamentaux, dans le prolongement des enseignements<br />

de prépa. Des cours de tronc commun et des<br />

électifs, un semestre dédié à Columbia University<br />

(NY) et plusieurs doubles-diplômes notamment avec<br />

l’IRIS de P. Boniface, et bien sûr depuis 10 ans le<br />

Festival de géopolitique.<br />

Pour franchir les frontières<br />

En prépa, vos élèves ont pu enrichir leurs connaissances<br />

linguistiques. À Grenoble, ils pourront les<br />

expérimenter, côtoyer en classe des étudiants internationaux,<br />

suivre dès la 1 re année des parcours tout<br />

en anglais ou trilingues. Et surtout partir. S’ouvrir sur<br />

d’autres cultures. En échange, tout naturellement.<br />

Mais aussi en parcours transcontinental à Pékin,<br />

Cambridge, New York, Vancouver ou Montréal pour<br />

un semestre. Ou dans l’une des formations Masters<br />

of Science de GEM dispensées à Berlin ou Singapour.<br />

suite page 13


suite de la page 12<br />

Pour explorer Grenoble et la technologie<br />

Grenoble n’a pas pour seules richesses les montagnes qui la dominent.<br />

Elle est un lieu d’échange, de mixité et d’expérimentation. C’est une<br />

ville jeune, internationale, en mouvement. Une capitale mondiale de<br />

l’innovation et de la technologie.<br />

GEM est née dans ce creuset et a tissé des liens forts avec son écosystème<br />

économique et scientifique. Elle est membre fondateur du<br />

campus d’innovation GIANT axé sur les TIC, l’énergie et la santé. Cet<br />

ancrage technologique a permis à GEM d’imaginer de très nombreux<br />

parcours orientés « techno » : Global Tech, Tech Biz, Entrepreneurs,<br />

Big Data, Management de l’Énergie…<br />

Pour apprendre et en avoir conscience<br />

En classe, vous leur avez appris à travailler dur, à se poser les bonnes<br />

questions, à avoir des fondamentaux solides. À Grenoble, nous allons<br />

poursuivre ce travail. Nous avons revisité la pédagogie du programme<br />

Grande Ecole pour la rentrée 2019. L’objectif : déployer à<br />

grande échelle notre modèle pédagogique, le GEM Learning model<br />

et ses 4 piliers : la réflexivité, la pédagogie active, la gestion des<br />

imprévus et la transversalité. L’objectif de cette nouvelle maquette<br />

est double : donner du sens à ce qui est dispensé pour obtenir un<br />

engagement fort des étudiants ; permettre à nos futurs diplômés de<br />

répondre aux besoins des entreprises et de la société en général,<br />

d’être capables de détecter des opportunités professionnelles, de s’en<br />

emparer et de se lancer sereinement.<br />

Pour découvrir de nouvelles manières<br />

d’apprendre<br />

À l’instar des écoles d’ingénieurs qui proposent des Fab Labs, GEM propose<br />

à ses étudiants des Business Labs, véritables plateformes pédagogiques<br />

où l’étudiant peut tester ce qu’il apprend en situation réelle<br />

ou virtuelle. Le « magasin connecté » sert de terrain aux cours de finance,<br />

de droit, de marketing, ou de management de l’innovation. Les<br />

apprentissages par l’expérience comme les Serious games, les live business<br />

cases, les MOOC, les Edtechs sont omniprésents tout au long des<br />

années passées à Grenoble. Pour accueillir et accompagner ces pédagogies<br />

innovantes, deux nouveaux campus expérientiels et immersifs<br />

ouvriront d’ailleurs à Paris et à Grenoble en 2019 et 2020.<br />

Pour bâtir sa carrière et être guidé<br />

Le vécu hors de la salle de classe contribue à façonner les étudiants.<br />

Un département complet de GEM y est dédié. Il fédère l’ensemble des<br />

services nécessaires pour leur permettre de profiter pleinement de leur<br />

expérience à GEM (financement des études, diversité, intégration, développement<br />

personnel) <strong>mai</strong>s également de développer leurs « business<br />

skills » indispensables pour s’épanouir professionnellement. De l’entrée<br />

à la sortie de l’école, quels que soient les parcours choisis (alternance,<br />

apprentissage, chez un partenaire international ou français, en création<br />

d’entreprise, en association), chaque étudiant bénéficie d’un accompagnement<br />

qui le guide vers l’emploi. 93 % de nos jeunes diplômés trouvent<br />

un emploi en moins de 4 mois, et 22 % débutent à l’international.<br />

Pour découvrir de nouveaux champs<br />

Nous ne vous apprendrons pas que la transversalité des savoirs favorise<br />

l’ouverture d’esprit. Pour en faire une réalité, nous avons noué de<br />

nombreux doubles diplômes avec des écoles ou universités françaises<br />

qui n’enseignent pas la gestion et le management. Les étudiants de<br />

GEM peuvent dès la 1 re année suivre en parallèle des licences de droit,<br />

philosophie, histoire, économie et lettres à l’Université Grenoble<br />

Alpes. En 2 e et 3 e année, l’univers des possibles s’élargit avec des<br />

doubles diplômes en ingénierie, design, luxe, humanitaire… Un atout<br />

PUBLI-INFORMATION<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 13 MAI <strong>2018</strong> | N°17<br />

▼<br />

▼<br />

indéniable pour les entreprises qui se disputent ces doubles profils,<br />

forts d’une culture business et d’une connaissance sectorielle acquises<br />

simultanément.<br />

Pour agir et penser la société de de<strong>mai</strong>n<br />

Dans un monde en mouvement, où la plupart des enfants nés en <strong>2018</strong><br />

occuperont des métiers qui n’existent pas encore, dans des pays actuellement<br />

émergents et avec des modes de collaboration qui relèvent<br />

encore de la science-fiction, notre but à tous, en tant qu’enseignants,<br />

est d’armer au mieux les étudiants pour une succession de carrières<br />

dans un monde global et imprévisible.<br />

Grâce aux recherches de ses professeurs, GEM est aujourd’hui reconnue<br />

dans le monde académique pour ses travaux autour du digital, de<br />

l’énergie, de la santé, de l’économie du partage, de l’entrepreneuriat<br />

et de la paix économique. Ces savoirs produits par GEM irriguent tous<br />

ses cours et permettent aux étudiants d’éprouver les sujets qui impacteront<br />

la société de de<strong>mai</strong>n.<br />

Convaincus que ce sont eux qui pourront faire bouger les entreprises<br />

et peut-être la société toute entière, nous les préparons à reconnaître<br />

et affronter les phénomènes émergents, à se forger leurs propres opinions<br />

par l’expérimentation et la pensée en action.<br />

Pour toutes ces raisons, GEM est un choix logique, ambitieux,<br />

celui d’une école en mouvement, à la fois visionnaire et<br />

solidement ancrée dans le monde actuel.<br />

Grâce à vous, nous accueillons des étudiants cultivés,<br />

travailleurs et ambitieux.<br />

Comme vous, nous aimons notre métier, nos étudiants, et<br />

fondons tous nos espoirs dans leur capacité à inventer des<br />

solutions concrètes aux grands défis hu<strong>mai</strong>ns et à s’épanouir<br />

en tant que femmes et hommes éclairé(e)s.<br />

GEM dans les classements<br />

> Classée 6 e business school française par la presse française<br />

(L’Étudiant, Le Point, Le Parisien) et 5 e par le Figaro<br />

> Top 25 européen<br />

> Top 50 mondial


D O S S I E R<br />

Comment former<br />

ses étudiants à l’ère<br />

du numérique et<br />

de l’intelligence artificielle<br />

C’est sans doute le défi qui englobe tous les<br />

autres : comment répondre à la vertigineuse<br />

expansion du numérique et de l’intelligence<br />

artificielle ? Tant pour répondre aux<br />

besoins des entreprises que pour<br />

former ? Une question qui<br />

taraude tout l’enseignement<br />

supérieur et jusqu’au plus<br />

haut niveau de l’État.<br />

© Fotolia<br />

Le hall de Kedge BS à Bordeaux<br />

L<br />

’ère numérique pas encore digérée, les formateurs doivent<br />

<strong>mai</strong>ntenant faire face à la montée en puissance d’une intelligence<br />

artificielle (IA) qui s’apprête à tout bouleverser. « La<br />

nouvelle école que nous devons inventer devra nous permettre<br />

de relever le défi immense de notre utilité dans un monde bientôt<br />

saturé d’intelligence artificielle », promet Laurent Alexandre<br />

dans son livre « La Guerre des intelligences » (JC Lattès). « Il<br />

y a 20 ans nous formions des diplômés qui allaient travailler<br />

dans le marketing et la finance. Nous avions remarquablement<br />

appris à des étudiants à aller puiser dans des stocks de connaissance<br />

», confirme Bernard Belletante, le directeur d’emlyon BS<br />

qui remarque que « 2020-2030 va être la décennie de l’intelligence<br />

artificielle. Ce qui signifie que notre responsabilité c’est<br />

de développer les compétences d’individus qui vont devoir<br />

travailler dans des systèmes complexes t ». Exactement ce que<br />

professe Laurent Alexandre en remarquant : « Chaque année<br />

800 000 jeunes se présentent sur le marché de l’emploi. Serontils<br />

mis en concurrence avec des robots dopés à l’IA faible ? ».<br />

: Quelle place pour les hu<strong>mai</strong>ns ?<br />

Certaines études, comme celle de Frey et Osborne (Frey &<br />

Osborne, 2013), évaluent à 47 % le nombre d’emplois aux<br />

États-Unis à « risque de substitution » par des robots matériels<br />

ou logiciels. Une analyse plus récente de l’OCDE (Arntz, Gregory,<br />

& Zierahn, 2016) évalue un risque plus faible en partant du<br />

principe que « les tâches automatisables à l’intérieur d’un emploi<br />

donné seront remplacées par d’autres tâches moins automatisables<br />

». 9 % des emplois de l’OCDE seraient à un risque supérieur<br />

à 70 % d’être automatisables. Plus 10 à 15 % des emplois<br />

qui vont disparaitre dans les 10 ans du fait de la digitalisation<br />

et autant qui seront créés. Mais en tout ce seront au moins la<br />

>>> suite page 15<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 14 MAI <strong>2018</strong> | N°17


D O S S I E R<br />

© Skema<br />

>>> suite de la page 14<br />

moitié qui seront profondément impactés. « Et pour la première<br />

fois dans tous les secteurs à la fois. Notre premier défi collectif<br />

de prendre conscience de l’ampleur de la mutation. La compétition<br />

entre les grandes économies va se jouer sur ce do<strong>mai</strong>ne ;<br />

et nous n’avons pas vocation au low cost ! », insiste la ministre<br />

du travail, Muriel Pénicaud devant les partenaires sociaux réunis<br />

en ce début d’année au congrès de CentreInffo. Car il n’y aura<br />

pas que les chauffeurs routiers qui seront remplacés par des IA à<br />

l’ère de la conduite autonome. Même les professionnels les plus<br />

reconnus aujourd'hui, au premier chef les médecins, sont potentiellement<br />

menacés d’une transformation majeure de leur activité.<br />

Face au monceau de données qui va être traité par les entreprises<br />

médicales, ils risquent en effet de n’être bientôt que de<br />

simples intermédiaires entre celles-ci et leur malade. Comme les<br />

infirmières le sont aujourd'hui avec eux ? « Quand les machines<br />

permettent des diagnostics plus précis que les hu<strong>mai</strong>ns, les<br />

médecins doivent se concentrer sur l’écoute de leurs patients. Et<br />

être formés pour ça », positive le politologue américain et auteur<br />

de l’ouvrage « In Defense of a Liberal Education » Fareed Zakaria<br />

lors du Wise, le congrès consacré chaque année à l’éducation à<br />

Doha. « L’IA professeur peut venir en aide au professeur hu<strong>mai</strong>n<br />

qui ne peut être expert en tout. Les élèves sont de plus en plus<br />

habitués à apprendre avec une IA depuis leur enfance par leurs<br />

jeux », assure Jingfang Hao, fondatrice de l’entreprise chinoise<br />

Skema BS démarre son année par un travail en<br />

commun entre les étudiants de tous ses campus<br />

WePlan et écrivaine. « En utilisant les technologies un professeur<br />

peut enseigner individuellement plutôt qu’à la classe », estime<br />

James Crabtree, professeur à l’université de Singapour. Ce que<br />

défend également Jörg Dräger pour la Fondation Bertelsmann<br />

en estimant que « c’est toute la différence entre une éducation<br />

fondée sur un tableau noir central, que nous avons fini par adopter,<br />

et celle qu’on donnait auparavant à des enfants de tous âges<br />

mêlés dans la même classe qui se for<strong>mai</strong>ent individuellement<br />

avec leur propre cahier de connaissance ».<br />

Autant de questions qui viennent rappeler que le premier<br />

challenge est de répondre à la demande massive d’éducation<br />

dans le monde. « Avec l’hétérogénéité des classes, la nécessité<br />

de psychologues, de matériel, etc. chaque élève coûte 2,5 fois<br />

plus cher à éduquer aux États-Unis qu’il y a trente ans », établit<br />

Jörg Dräger, qui ne voit pas comment on pourrait être « efficace<br />

pour répondre à ces demandes sans un recours massif aux<br />

nouvelles technologies ». Mais faut-il créer ses propres technologies<br />

ou utiliser celles des grands acteurs comme Google, qui<br />

s’améliorent à mesure que de plus en plus d’utilisateurs les<br />

adoptent ? Une question que pose James Crabtree devant le<br />

« coût exorbitant des nouvelles technologies », sans se poser les<br />

questions qu’on se pose souvent en Europe sur l’appropriation<br />

des data par les grands acteurs du web.<br />

>>> suite page 16<br />

→→<br />

Comment former les cadres<br />

qui manquent au numérique ?<br />

Alors que toutes entreprises<br />

sont en pleine mutation<br />

numérique, les entreprises du<br />

secteur, et notamment celles<br />

qui sont regroupées dans leur<br />

syndicat professionnel, le<br />

Syntec Numérique, ne savent<br />

plus comment trouver tous les<br />

cadres dont elles ont besoin.<br />

« Nous créons en moyenne 11 000<br />

emplois nets par an et recrutons<br />

chaque année 40000 cadres<br />

quand l’industrie en recrute<br />

26000, la banque-assurances<br />

13 000 ou encore le commerce<br />

18 000. Le numérique est un<br />

secteur qui tire la croissance de<br />

toute l’économie », assure le<br />

président de Syntec Numérique,<br />

Godefroy de Bentzmann, qui<br />

s’attend à une croissance de<br />

+ 3,6 % en <strong>2018</strong> et revendique<br />

19 000 créations nettes d’emplois<br />

en 2016. « Chaque année il nous<br />

manque 10 000 diplômés dans<br />

la branche, dont une majorité<br />

d’ingénieurs », confirme le<br />

délégué général de l’association<br />

Talents du numérique (ex Pasc@<br />

line) qui réunit entreprises et<br />

établissements du numérique.<br />

Créer des « EdTech » françaises et européennes<br />

Les défis liés au digital devraient idéalement reposer sur le développement<br />

d’« EdTech » françaises. Aujourd'hui, 90 % des investissements<br />

dans le monde viennent des États-Unis et de Chine. « On estime<br />

qu’on y a investi 3,5 milliards d’euros ces trois dernières années sur<br />

un marché de l’éducation de 180 milliards d’euros. C’est à la fois peu<br />

et beaucoup en progression avec des besoins considérables en Chine<br />

– 250 millions de personnes à former – et aux États-Unis le besoin de<br />

produire un enseignement moins coûteux », commente Marie-Christine<br />

Levet, co-fondatrice du premier fond d’investissement européen<br />

dédié à l’éducation et la formation, Educapital. Un sujet tellement<br />

sensible pour Neoma BS qu’elle crée un incubateur d’EdTech « Nous<br />

voulons devenir un lieu d’expérimentation avec un accélérateur d’entreprises<br />

EdTech pour tester les avancées technologiques et les nouvelles<br />

approches pédagogiques. Toutes les composantes de l’apprentissage<br />

peuvent être repensées avec des salles modulables et des espaces de<br />

co-working ouverts vers les start up », explique sa directrice générale,<br />

Delphine Manceau, dont l’école va également devenir éditeurs de cas<br />

virtuels qui seront diffusés, d’ici un an, par la Centrale de cas et de<br />

médias pédagogiques. En tout l’Observatoire des start up de la Ed-<br />

Tech liste aujourd'hui plus de 300 start up en France. « Beaucoup sont<br />

sous financées et vivent d’appels à projets ministériels pour lesquels<br />

elles tordent leur modèle initial », constate Marie-Christine Levet<br />

dont le fonds dispose aujourd'hui de 47 millions d’euros qui vont être<br />

investis dans 15 à 20 sociétés pour « leur assurer de la pérennité et sélectionner<br />

une quinzaine de champions européens pour ne pas laisser<br />

Google et Apple s’emparer de tout le marché… ». n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 15 MAI <strong>2018</strong> | N°17


D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 15 : Développer les bonnes compétences<br />

À la suite de la publication fin mars <strong>2018</strong> du « Rapport sur l’intelligence<br />

artificielle » (IA) du mathématicien et médaillé Fields<br />

Cédric Villani, un programme national pour l’IA va être initié en<br />

France. Coordonné par l’Inria (Institut national de recherche en<br />

informatique et en automatique), il va s’appuyer sur un réseau de<br />

quatre ou cinq instituts spécialisés pour former de plus en plus de<br />

jeunes à ces nouveaux défis tout en développant une recherche<br />

de pointe. Mais aussi utiliser au mieux les technologies digitales,<br />

au sens large, pour mieux enseigner à des étudiants dont on<br />

redoute qu’ils tombent sinon dans les griffes des GAFAM (Google,<br />

Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ou de leurs équivalents<br />

chinois, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Huawei et Xiaomi).<br />

Deux grands défis pour notre enseignement supérieur alors qu’un<br />

autre rapport, celui de François Taddei sur la « Société apprenante<br />

» met en avant une autre intelligence : collective celle-là.<br />

Dans son rapport, Cédric Villani propose de multiplier par trois le<br />

nombre de personnes formées en IA à horizon 3 ans. Selon lui<br />

« les formations en mathématiques et en informatique existantes,<br />

qui rassemblent les briques de base utiles à l’intelligence artificielle,<br />

devraient s’orienter naturellement vers l’enseignement de<br />

l’intelligence artificielle ». C’est le cas pour les écoles d’ingénieurs<br />

qui, déjà, mettent sur pied des formations spécifiques sur ce<br />

sujet. L'École polytechnique et Google France viennent ainsi de<br />

créer une chaire internationale d'enseignement et de recherche<br />

dans le do<strong>mai</strong>ne de l'intelligence artificielle qui a « vocation à<br />

renforcer l'écosystème d'excellence en France en IA, en attirant<br />

les talents internationaux et en formant les chercheurs et innovateurs<br />

de de<strong>mai</strong>n. » Le nouveau programme de niveau master<br />

Artificial Intelligence and Advanced Visual Computing de l'X<br />

bénéficiera de son soutien. « Cette chaire nous permettra de<br />

tirer profit de l'excellence française en matière de formation par<br />

la recherche et de double compétence informatique-mathématiques,<br />

pour faire émerger une génération de jeunes talents qui<br />

créeront les métiers numériques de de<strong>mai</strong>n », assure Paule Cani,<br />

professeure à l'École polytechnique et porteuse de la chaire.<br />

Cédric Villani insiste également pour la formation de spécialistes<br />

hybrides. « Nous allons intensifier nos liens avec les écoles d'ingénieurs<br />

pour avoir de plus en plus d’étudiants double diplômes<br />

pour anticiper les besoins des entreprises », relève justement le<br />

directeur d’ESCP Europe, Frank Bournois, qui a été le premier à<br />

introduire le coding dans l’enseignement de ses étudiants. Même<br />

réflexion du côté de Skema BS, qui développe avec Microsoft<br />

une nouvelle gamme de parcours hybrides alliant technologie<br />

et management en formation initiale et continue. « Nous devons<br />

apporter une remise à niveau à nos étudiants sur le plan technologique<br />

<strong>mai</strong>s aussi recruter des étudiants qui manifestent un<br />

vrai intérêt pour cette évolution », analyse sa directrice générale,<br />

Alice Guilhon, quand Bernard Belletante estime s’interroge :<br />

« Dans un an et demi IBM va lancer un calculateur qui traitera<br />

à la seconde 10 puissance 19 opérations. C’est-à-dire la vitesse<br />

du cerveau ! On ne peut plus raisonner, on ne peut plus travailler<br />

de la même manière. Comment former des jeunes qui auront<br />

accès dans une dizaine d’années à des milliards d’objets connectés<br />

? » Une problématique qui passe également par des alliances<br />

entre écoles d’ingénieurs et de management comme celles que<br />

lancent l’Efrei Paris et l’Essca et qui débouche sur la création<br />

d’un bachelor commun et du premier double diplôme manager<br />

/ ingénieur des écoles postbac. « Nos métiers, le marketing, la<br />

comptabilité, la finance, deviennent de plus en plus technologiques<br />

et nous devons attirer et former des jeunes qui ont en eux<br />

>>> suite page 17<br />

Trois questions à Bernard Belletante,<br />

directeur d’emlyon BS<br />

Comment l’enseignement de la<br />

gestion doit-il évoluer dans les<br />

années à venir pour répondre<br />

aux défis du numérique, de<br />

l’intelligence artificielle (IA),<br />

des Big Data, etc. ?<br />

Le schéma n’est pas clair.<br />

Nous avons devant nous un<br />

certain nombre de phénomènes<br />

économiques qui vont impacter<br />

les métiers des entreprises et les<br />

processus de décision. Donc les structures qui forment leurs cadres. Dans<br />

un an et demi sera lancé un calculateur qui traitera à la seconde 10 puissance<br />

19 opérations. C’est-à-dire la vitesse du cerveau ! Cela aura le même<br />

impact sur lui que la grue l’a eue sur nos bras. L’autre révolution c’est celle de<br />

l’intelligence artificielle et toutes ses composantes. Nous allons être face à<br />

des « machines apprenantes » qui vont aller plus vite que notre cerveau.<br />

La deuxième rupture va être celle de la gratuité. L’explosion des puissances<br />

de calcul va rendre gratuit des biens qui étaient payants. Un institut a même<br />

calculé que 75 % de la demande actuelle des ménages allait être gratuite<br />

dans les dix à douze ans. Nous rentrons donc dans une société d’abondance<br />

alors que l’économie est la science de la rareté. Les nouvelles sources<br />

énergétiques sont inépuisables et quasi-gratuites. Les data, qui ont toutes les<br />

caractéristiques d’une matière première, ne s’usent pas quand on les utilise.<br />

Au contraire elles s’enrichissent.<br />

La troisième rupture est celle de l’espace et du temps. Nous entrons dans un<br />

monde d’immédiateté où le temps se fait court et où il faut réagir de plus<br />

en plus vite. Or les robots vont plus vite que nous. Comment réagir ? Avec<br />

quelle éthique ?<br />

Mais comment préparer vos diplômés à tous ces défis ?<br />

C’est notre rôle et c’est aussi pour cela que nous sommes implantés à Shanghai<br />

et Casablanca : pour avoir des capteurs qui nous permettent de réagir<br />

vite. Nos maker’s lab permettent d’apprendre à maîtriser la puissance de la<br />

machine. Nous avons moins besoin de salles, de livres, de cours et plus de<br />

lieux de flux, d’expériences, d’intelligences… pour laisser l’homme maître<br />

de sa destinée. Le « joint initiative agreement » que nous avons signé avec<br />

IBM est là aussi pour cela. Nous avons créé un poste de « directeur des nouvelles<br />

intelligences », membre de notre Comex, pour nous approprier toutes<br />

ces problématiques. Sur les huit professeurs que nous avons embauchés cette<br />

année, quatre ont des spécialités en lien avec l’IA.<br />

Mais quelle est l’utilité d’un campus dans ce nouveau paradigme ?<br />

Il faut créer des « lieux d’émotion » pour donner un sentiment de communauté.<br />

Des événements symboles qui doivent être inoubliables. Cette année,<br />

nous avons réuni tous les nouveaux étudiants de tous nos programmes<br />

ensemble pour un « early makers’ game ». 100 intervenants étaient là pour<br />

créer cette émotion.<br />

Ensuite, ce qui était une école pendant trois ans va devenir une communauté<br />

de compétences tout au long de la vie, un « centre commercial » des<br />

intelligences dans lequel on reviendra régulièrement. Il faut entretenir son<br />

diplôme ! À nous de créer des espaces, réels et virtuels, pour cela. À nous<br />

de matérialiser des portefeuilles de compétences et des communautés<br />

d’apprentissage.<br />

De<strong>mai</strong>n ira-t-on vers un diplôme dans une seule école ou choisira-t-on<br />

d’associer des pièces, comme un Lego, dans différentes business school<br />

labellisées Equis ou AACSB ?<br />

Le futur des business school c’est d’être des communautés d’apprenants et<br />

d’expérience. n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 16 MAI <strong>2018</strong> | N°17


suite de la page 16<br />

ces deux dimensions », remarque le directeur général de l’Essca,<br />

Samir Ayoub.<br />

Mais encore faut-il former les enfants dès le plus jeune âge<br />

« Les besoins de formation en IA ne pourront être remplis qu’à<br />

l’aide d’un renforcement considérable de notre système éducatif<br />

en mathématiques et informatique » insiste Cédric Villani. Il<br />

demande donc – il en parlait déjà dans son précédent rapport<br />

sur l’enseignement des mathématiques –, la mise en place d’un<br />

enseignement d’algorithmique dès le cours préparatoire. Un long<br />

chemin en vue que d’autres prennent déjà. En s’appuyant sur ses<br />

800 millions d’internautes, le président chinois, Xi Jinping, entend<br />

« faire de la Chine une cyber-superpuissance capable, d'ici une<br />

dizaine d'années, d'être le leader mondial en intelligence artificielle<br />

(IA), informatique quantique, semi-conducteurs et réseaux<br />

mobiles 5G ». Que pèseront face à lui et ses BATX (Baidu,<br />

Alibaba, Tencent et Xiaomi), face aux GAFA, les 1,5 milliard d’euros<br />

qu’a prévu de mobiliser Emmanuel Macron pendant son quinquennat<br />

pour développer l’IA en France ?<br />

: Utiliser le digital et l’IA<br />

pour mieux former<br />

D O S S I E R<br />

« Nous devons proposer les pédagogies nécessaires pour former<br />

des jeunes qui vivent déjà dans une "humanité digitale". La vision<br />

digitale est dépassée et nous sommes déjà à nous interroger sur<br />

les effets du transhumanisme ou de l’intelligence artificielle (IA).<br />

Nous sommes dans Asimov ! », s’exclame le directeur de Rennes<br />

SB, Thomas Froehlicher. ESCP Europe construit aujourd'hui une<br />

grande bibliothèque numérique pour pouvoir utiliser dans ses<br />

cours l’ensemble des ressources de l’école. « Notamment en<br />

executive education nous pourrons répondre de manière beaucoup<br />

plus rapide aux demandes des entreprises », commente<br />

Vasquez Bronfman, dean associé en charge de l’enseignement<br />

numérique de l’école.<br />

Une priorité comprise depuis plusieurs années déjà par le<br />

groupe Ionis, dont fait notamment partie l’ISG, qui a créé à cet<br />

effet la plateforme de cours Ionis X sur laquelle elle a 200 à 300<br />

étudiants inscrits pour suivre des cours 100 % en ligne. « L’ensemble<br />

des étudiants de nos écoles d'ingénieurs en utilisent<br />

également les cours dans une logique de classe inversée. C’està-dire<br />

que les notions qu’ils ont apprises en ligne sont ensuite<br />

commentées en cours avec leurs professeurs. En suivant ses<br />

cours à la <strong>mai</strong>son pour réaliser ses TP à l’école l’évaluation des<br />

étudiants est meilleure », se félicite son vice-président exécutif,<br />

Fabrice Bardèche. Une réalité qu’on retrouve également à l’Edhec<br />

dont le BBA on line est une déclinaison d’un programme qui a<br />

été créé il y a plus de dix ans pour<br />

les sportifs. « Aujourd'hui le digital<br />

nous impacte aussi bien dans<br />

le contenu des programmes que<br />

dans les services support ou l’accompagnement<br />

des étudiants »,<br />

signifie son directeur général,<br />

Emmanuel Métais, dont l’école<br />

teste en ce moment des chatbots<br />

qui répondront aux questions<br />

des étudiants concernant leurs<br />

carrières. En commençant par des<br />

étudiants en MBA. Une première<br />

approche avant de s’adresser à<br />

des coachs. n<br />

O. R<br />

→→<br />

La création de l’Institut<br />

PRAIRIE Le CNRS, Inria,<br />

l’université PSL et les<br />

entreprises Amazon, Criteo,<br />

Facebook, Faurecia, Google,<br />

Microsoft, NAVER LABS,<br />

Nokia Bell Labs, le Groupe<br />

PSA, SUEZ et Valeo font<br />

converger intérêts<br />

académiques et industriels et<br />

s’unissent pour créer, à Paris,<br />

l’Institut PRAIRIE dont<br />

l’objectif est de devenir une<br />

référence internationale de<br />

l’intelligence artificielle.<br />

Des étudiants de Neoma BS en expérience immersive<br />

© Neoma BS<br />

L’ÉTUDIANT AU CŒUR DE NOTRE<br />

PÉDAGOGIE<br />

L’École a décidé de mettre en scène sa nouvelle<br />

signature – Lead For Change – qui marque un<br />

tournant pour BSB, « Entre la double accréditation<br />

internationale EQUIS et AACSB, notre ancrage<br />

dans le Top 15 des grandes écoles management<br />

françaises, nos nouveaux campus ou notre<br />

statut EESC, l’École a changé de dimensions.<br />

Lead For Change traduit cette dynamique<br />

d’impulsion et d’accélération, en même temps<br />

que cela réaffirme notre positionnement, qui place<br />

l’étudiant au cœur de notre pédagogie. Cette<br />

signature et ce nouveau film révèlent l’ambition<br />

que nous avons pour nos élèves ».<br />

Cette ambition, c’est de révéler les talents qui<br />

changeront le monde, de contribuer à former<br />

des acteurs de ces transformations. Ce film<br />

souligne notamment la proximité des élèves avec<br />

l’encadrement et leur vie sur un campus repensé<br />

autour de l’expérience étudiant.<br />

bsb-education.com<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 17 MAI <strong>2018</strong> | N°17


ENTRETIEN<br />

© Edhec<br />

« La révolution<br />

digitale change<br />

notre métier »<br />

Moins d’un an après son arrivée à la tête de<br />

l’Edhec BS, Emmanuel Métais fait le point avec nous<br />

sur tous les chantiers auxquels il s’est attelé. En<br />

têtes de liste se trouvent « l’expérience étudiante »<br />

et la transformation digitale de son école.<br />

Olivier Rollot : Vous êtes depuis un peu moins d’un an à<br />

la tête de l’Edhec. Quel grand chantier entendez-vous<br />

lancer ?<br />

Emmanuel Métais : La révolution digitale change notre métier.<br />

Les professeurs sortent de leur salle de cours. Nous formons des<br />

nouveaux types de managers plus agiles et entrepreneurs. D’un<br />

côté c’est une génération fabuleuse qui veut changer les codes<br />

et entreprendre. De l’autre des entreprises nous demandent<br />

de former des jeunes polyvalents, digitaux, créatifs, etc. Notre<br />

prochaine grande séquence d’investissement sera donc consacrée<br />

à « l’expérience étudiante ». Un sujet sur lequel nous avons<br />

déjà créé une cellule dédiée en juin dernier.<br />

O. R : Qu’entendez-vous par « expérience étudiante » ?<br />

E. M : Notre responsabilité c’est de partir de là où sont nos<br />

étudiants pour construire avec eux des parcours. Pas question<br />

pour nous de leur proposer de choisir tous leurs cours avec des<br />

rayons de supermarché ! Le digital nous permet d’individualiser<br />

les parcours en mesurant combien de temps tel ou tel étudiant<br />

passe sur son cours de comptabilité, s’il regarde ou pas des<br />

vidéos, etc. Nous pouvons suivre individuellement chacun d’eux<br />

et leur envoyer les contenus spécifiques dont ils ont besoin.<br />

Chacun doit pouvoir atteindre un niveau minimum et progresser<br />

ensuite sur tel ou tel sujet.<br />

O. R : Vous vous distinguez ainsi clairement des plateformes<br />

d’enseignement à distance type Coursera ?<br />

E. M : Le modèle économique de Coursera n’est pas stabilisé.<br />

Aujourd'hui Netflix produit des films, pourquoi Coursera ne<br />

rachèterait-il pas un jour un campus ? Ce qu’il nous restera ce<br />

sera notre expertise pour construire des parcours. Mais aussi<br />

une expérience présentielle que nous allons encore améliorer en<br />

équipant toutes nos salles de cours de chaises Steelcase polyvalentes<br />

et de murs sur lesquels on peut écrire et projeter des informations.<br />

Le tout en conservant quelques amphis. À Harvard on<br />

utilise tous les outils, du tableau à la craie au projecteur. Bientôt<br />

tous nos professeurs pourront facilement se filmer pendant leur<br />

cours.<br />

O. R : Vos professeurs sont toujours motivés par ces<br />

innovations ?<br />

E. M : Bien sûr il y a des professeurs plus ou moins motivés<br />

pour évoluer. Des professeurs qui donnent des cours magistraux<br />

magnifiques. Mais plus personne ne se demande pourquoi il faut<br />

mettre ses cours en ligne. La technologie libère la pédagogie et<br />

embarque tout le monde dans le mouvement. Nous avons d’ailleurs<br />

modifié les règles de gestion pour dépasser l’impact de<br />

la seule heure de cours et récompenser ceux qui savent mettre<br />

leurs cours en ligne. Nous nous appuyons sur les plus motivés et<br />

avons créé un « Pedagogical Innovation Lab » pour accompagner<br />

les professeurs avec des ingénieurs pédagogiques.<br />

En 2020 nous voulons ainsi que 20 % de nos cours soient<br />

dispensés en « blended », en mêlant cours en ligne et en présentiel.<br />

Quand on a des promotions de 750 on comprend vite que<br />

c’est plus intéressant de profiter des cours pour discuter avec les<br />

étudiants que de délivrer vingt fois le même cours !<br />

O. R : Le développement de la dimension digitale des programmes<br />

est donc aujourd'hui une priorité pour vous ?<br />

E. M : Ce n’est pas une nouveauté. Le BBA on line est une déclinaison<br />

d’un programme que nous avions créée il y a plus de dix<br />

ans pour les sportifs de haut-niveau. Aujourd'hui le digital nous<br />

impacte aussi bien dans le contenu des programmes que dans<br />

>>> suite page 19<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 18 MAI <strong>2018</strong> | N°17


ENTRETIEN<br />

>>> suite de la page 18<br />

les services support ou l’accompagnement des étudiants.<br />

Nous testons des chatbots qui répondront aux questions des<br />

étudiants concernant leurs carrières. En commençant par des<br />

étudiants en MBA. Cela constituera pour eux une première<br />

approche avant de s’adresser à des coachs.<br />

O. R : La population des étudiants en formation continue<br />

est-elle plus propice au développement du on<br />

line ?<br />

E. M : Avec les sportifs de haut niveau et les personnes<br />

handicapées, ce sont effectivement ceux qui souhaitent le<br />

plus étudier à distance. Parfois parce qu’ils n’ont pas forcément<br />

les moyens de se déplacer. C’est ce qu’on appelle<br />

l’« education poverty », ce segment d’apprenants qui ont<br />

seulement les moyens d’étudier en ligne tout en possédant<br />

des capacités intellectuelles évidentes. Si on y ajoute ceux qui<br />

veulent gagner du temps – « time poverty » - c’est un nombre<br />

considérable d’étudiants potentiels qui viennent s’ajouter aux<br />

étudiants classiques présents sur les campus. D’où la digitalisation<br />

de nos programmes.<br />

C’est l’expérience étudiante qui doit faire évoluer leurs cours,<br />

pas la technologie !<br />

O. R : La question de la pérennité du modèle économique<br />

des business schools est sur toutes les lèvres.<br />

Comment se porte l’Edhec ?<br />

E. M : Nous voyons bien que les pouvoirs publics mettent de<br />

moins en moins de moyens dans l’enseignement supérieur<br />

alors que les besoins de financement sont tout simplement<br />

énormes. Avec des enseignants-chercheurs qui enseignent<br />

très peu et qu’on presse de publier dans les revues pour<br />

monter dans les classements et obtenir les accréditations, la<br />

recherche représente un coût considérable pour les écoles<br />

de management et ce sont finalement les étudiants qui la<br />

financent.<br />

O. R : Alors qu’à l’Edhec c’est la recherche qui finance<br />

l’école…<br />

E. M : Depuis 15 ans l’Edhec est parvenue à faire de sa<br />

recherche en finance une source de revenus. Nous avons<br />

d’abord créé un centre de recherche pour développer notre<br />

notoriété puis un spin off pour en vendre les résultats aux<br />

professionnels de la finance sous la forme d’indices. Nous<br />

estimons aujourd'hui que ce sont chaque année 30 milliards<br />

de dollars qui sont investis au travers des indices que nous<br />

avons créés. En touchant une petite commission sur chaque<br />

dollar placé, la part de cette recherche représente aujourd'hui<br />

15 % des 120 millions d’euros de notre budget.<br />

Cette ingénierie au quotidien repose sur une équipe de 40<br />

personnes : ingénieurs de recherche, commerciaux et professeurs.<br />

Elle crédibilise nos étudiants et nous permet d’attirer<br />

des professeurs comme Laurent Calvet et Raman Uppal.<br />

O. R : N’est-ce pas un modèle difficilement transposable<br />

dans d’autres do<strong>mai</strong>nes que la finance ?<br />

E. M : Chaque école doit trouver ses points forts. À l’époque<br />

où nous avons commencé à développer cette recherche nous<br />

avons pris une bonne décision de gestion en anticipant la<br />

baisse des revenus tirés de la taxe d’apprentissage.<br />

O. R : L’Edhec a lancé en 2016 un mouvement d’augmentation<br />

des frais de scolarité des écoles de management<br />

françaises. Jusqu’où peut-on aller ?<br />

E. M : Si on veut continuer à augmenter nos frais de scolarité<br />

il faut en même temps être capables d’accompagner<br />

ceux qui n’en ont pas les moyens. Aujourd'hui nous redistribuons<br />

10 millions d’euros par an aux étudiants. C’est la clé pour<br />

continuer à progresser alors que le rapport entre le coût des<br />

études et les perspectives de carrière qui sont offertes reste très<br />

intéressant.<br />

O. R : Autre source de revenus pour les écoles : la formation<br />

continue. Que représente-t-elle pour l’Edhec ?<br />

E. M : Environ 15 % de nos revenus sur tous les segments :<br />

formations en intra dans les entreprises comme diplômantes.<br />

L’essentiel est à Paris <strong>mai</strong>s nous en délivrons également à Nice,<br />

Paris et à l’étranger. La croissance est régulière <strong>mai</strong>s nous y<br />

investissons prudemment car la formation continue doit être tirée<br />

par le corps professoral. Ces formations sont de plus en plus en<br />

ligne avec, par exemple, un E-MBA qui compte 200 étudiants.<br />

Nous ne souhaitons pas faire du volume <strong>mai</strong>s développer<br />

quelques belles pépites.<br />

O. R : L’année dernière l’Edhec Business School a radicalement<br />

changé la façon dont elle faisait passer les oraux en<br />

proposant un entretien collectif à la place du traditionnel<br />

entretien individuel. Quel bilan en tirez-vous ?<br />

E. M : Cela s’est très bien passé et a confirmé notre hypothèse<br />

selon laquelle il était temps d’évoluer. Bien sûr cela demande<br />

une logistique très lourde de réunir ces groupes d’étudiants <strong>mai</strong>s<br />

cela nous permet de mieux déceler des étudiants possédant les<br />

valeurs et les soft skills que les entreprises recherchent. Et tout<br />

particulièrement la capacité à travailler en groupe.<br />

O. R : L’Edhec propose cette année vingt places supplémentaires<br />

aux élèves issus de CPGE. Qu’en est-il de votre<br />

recrutement international ?<br />

E. M : 40 % de nos étudiants sont des internationaux. Nous<br />

constatons même une véritable explosion du nombre de candidats<br />

internationaux dans notre International BBA et ses trois<br />

parcours : le « Global business » que nous proposons avec<br />

l’UCLA, le « Business management » et enfin le BBA on line.<br />

O. R : Plus largement comment l’Edhec se développe-t-elle<br />

à l’international ?<br />

E. M : Nous avons fait le choix délibéré de ne pas ouvrir de<br />

campus à l’étranger. Si nous ouvrions un campus en Chine nous<br />

ne pourrions pas y recruter les meilleurs étudiants. Ces meilleurs<br />

étudiants nous devons les convaincre de venir sur nos campus en<br />

France. Nous sommes certes implantés à Londres et à Singapour<br />

<strong>mai</strong>s c’est pour y faire de la recherche en finance. Il n’y a guère<br />

que l’Insead qui ait réussi à avoir deux implantations, à Fontainebleau<br />

et Singapour, de même valeur. Harvard est une marque<br />

globale <strong>mai</strong>s n’est qu’à Boston.<br />

De plus je ne suis pas certain que ce soit pédagogiquement très<br />

intéressant d’amener tous ses étudiants sur son propre campus à<br />

l’étranger. Nous préférons proposer des triples diplômes avec la<br />

SKK Graduate School of Business en Corée ou Berkeley BS aux<br />

États-Unis.<br />

O. R : Quel regard jetez-vous sur les classements des<br />

écoles de management qui vous <strong>mai</strong>ntiennent pratiquement<br />

toujours à la 5 e place ?<br />

E. M : En France certes <strong>mai</strong>s à l’international, le Financial Times<br />

nous classe régulièrement entre la 1 re et la 3 e des Grandes Écoles<br />

françaises, selon les programmes. Mais cela ne se convertit pas<br />

automatiquement auprès de la presse française. Le système a<br />

tendance à se reproduire du côté des CPGE qui semblent soumis<br />

à un classement immuable. Nous ferons un jour sauter le plafond<br />

de verre parisien ! n<br />

→→<br />

Emmanuel Métais :<br />

20 ans à l’Edhec<br />

Nommé directeur général de<br />

l’Edhec en 2017 Emmanuel<br />

Métais, 48 ans, était depuis<br />

2015 directeur de la grande<br />

école et des MSc et travaillait<br />

depuis plus de 20 ans au<br />

sein de l'Edhec. Il y enseigne<br />

la stratégie d'entreprise et<br />

plus particulièrement les<br />

stratégies disruptives et la<br />

performance des fusionsacquisitions.<br />

Emmanuel<br />

Métais a également dirigé le<br />

département « Management<br />

& Stratégie » de l'Edhec<br />

Business School entre<br />

1997 et 2005. Après avoir<br />

supervisé en 2002 la<br />

première accréditation<br />

AACSB de l’école, il a<br />

dirigé le portefeuille des<br />

programmes internationaux<br />

post-graduate de 2005 à<br />

2008 et pris la direction<br />

de l'Edhec Global MBA<br />

de 2006 à 2015. Ce grand<br />

sportif – il a pratiqué le<br />

hockey sur glace à un<br />

haut niveau – est titulaire<br />

d'un PhD in Strategic<br />

Management.<br />

→ Emmanuel Métais a<br />

succédé à Olivier Oger qui<br />

dirigeait l’Edhec depuis près<br />

de 30 ans.<br />

→ → L'Edhec lance une<br />

chaire « Innovation &<br />

transformation<br />

permanente »<br />

« Aujourd'hui, l'enjeu n'est<br />

pas d'innover une fois <strong>mai</strong>s<br />

de placer son organisation<br />

dans les conditions de<br />

son renouvellement en<br />

continu », explique Pierre<br />

D'Huy, directeur des<br />

programmes Internationaux<br />

de l'Edhec Executive<br />

Education et responsable<br />

de la chaire « Innovation<br />

et transformation<br />

permanente » que lance<br />

son école pour « apporter<br />

un nouvel éclairage sur<br />

cette question centrale pour<br />

les entreprises ». Soutenue<br />

par le groupe Somfy,<br />

spécialisé dans les solutions<br />

domotiques pour la <strong>mai</strong>son<br />

connectée, son enjeu est<br />

d’« imaginer les produits<br />

et services de de<strong>mai</strong>n <strong>mai</strong>s<br />

aussi anticiper les futurs<br />

modes de consommation<br />

pour adapter les canaux de<br />

distribution ».<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 19 MAI <strong>2018</strong> | N°17


PAROLES DE PROF<br />

"À l’écrit, on élimine ;<br />

à l’oral, on recrute"<br />

Les épreuves d'entretien de personnalité et de motivation<br />

à l'oral du concours d'entrée en école de management<br />

© Fotolia<br />

Par Nicole Eparvier, Professeure<br />

de Chaire supérieure (économiedroit)<br />

en CPGE ECT au Lycée<br />

Brémontier de Bordeaux<br />

et Alain Joyeux, Professeur de<br />

Chaire supérieure (géopolitique)<br />

en CPGE ECS au Lycée Joffre de<br />

Montpellier<br />

Au cours de l’entretien, ce ne sont pas les connaissances<br />

académiques qui sont appréciées, <strong>mai</strong>s le savoir-être, le jury cherche<br />

à cerner la personnalité des candidats, et le savoir-faire à travers les<br />

expériences et la capacité à se projeter dans l’avenir. Il est impératif<br />

de se préparer à cet exercice car l’improvisation n’y a pas sa place<br />

et le coefficient affecté à cette épreuve est très élevé, une mauvaise<br />

prestation orale est souvent synonyme de non admission.<br />

Les différents types d’entretien<br />

C’est une épreuve commune à toutes les écoles de management, qu’il soit<br />

individuel, collectif, en face à face ou inversé. Les jurys sont composés de deux<br />

ou trois personnes, un représentant de l’école, professeur ou membre de la<br />

direction, un professionnel, quel que soit son secteur d’activité, et souvent un<br />

ancien élève.<br />

L’entretien individuel<br />

C’est la forme la plus fréquemment retenue, qui dure de 30 à 40 minutes.<br />

Certaines écoles proposent de débuter cet entretien par un exposé de 10 à<br />

20 mn ou par des ateliers et jeux de rôles qui prennent appui sur :<br />

> une question d’ordre général (Audencia, ISG, INSEEC, Rennes SB) ;<br />

> un centre d’intérêt ou une passion illustré par un support choisi par le candidat<br />

: une photo, un objet, un accessoire, une présentation informatique (EM<br />

Strasbourg) ;<br />

> une projection d’un court métrage relatif à un sujet de société (ESC<br />

Clermont) ;<br />

> la présentation d’un rocket pitch qui consiste en la présentation d’un projet<br />

de produit ou de service innovant sur la base de trois objets préalablement<br />

choisis : ampoule, lunettes de soleil, mouchoir… (ESC Troyes-SCSB) ;<br />

> une situation réelle (Essec, Montpellier BS) ;<br />

> un jeu de cartes représentant des objets réels (ICN) ;<br />

> un article de presse (Toulouse BS) ;<br />

> la réponse à 4 questions correspondant à 4 thèmes : expérience (expérience<br />

qui a été la plus marquante), personnalité (personnage historique qui vous<br />

intrigue le plus), créativité (si vous aviez un super pouvoir pendant 1 heure)<br />

et projet (le stage idéal pour vous) (format de emlyon) ;<br />

> un atelier « Think Tomorrower » (ESC Pau) basé sur le problem solving.<br />

Accompagnés par des coachs et en suivant une méthodologie fondée sur le<br />

design thinking, les candidats disposent de 2 éléments : une carte « métier »<br />

associée à une carte « innovation » (technologique, sociétale ou environnementale)<br />

: le mix entre ces 2 cartes doit leur permettre d’identifier des pistes de<br />

développement : un nouveau métier, une application, un nouveau modèle d’entreprise<br />

ou un service/produit innovant…<br />

L'entretien individuel prend alors appui sur ce que le candidat a éprouvé lors de<br />

cet atelier.<br />

À partir de ces différents supports, il s’agit d’élaborer un raisonnement<br />

construit. Le jury cherche à apprécier la capacité à organiser rapidement une<br />

réflexion et à défendre par un discours argumenté une position. Le discours<br />

neutre est à éviter.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 20 MAI <strong>2018</strong> | N°17<br />

>>> suite page 21


PAROLES DE PROF<br />

>>> suite de la page 20<br />

Avec ou sans première partie, l’entretien consiste en une discussion libre entre<br />

les membres du jury et le candidat afin de cerner sa personnalité, ses motivations,<br />

son potentiel d’évolution et son projet.<br />

Il débute par une présentation de l’étudiant, son parcours scolaire, ses centres<br />

d’intérêt, sa projection dans l'avenir. Certaines écoles demandent de remplir<br />

un curriculum vitae ou un questionnaire personnalisé (Kedge, EM Strasbourg,<br />

ICN, ESC Dijon-BSB, Inseec, ISG, Neoma, Rennes SB, CV projectif pour ESC<br />

La Rochelle ou Skema) qui sert de base à l’échange.<br />

L’authenticité est recommandée, ne pas s’inventer des qualités ou des expériences<br />

car le jury est expérimenté et cherche à apprécier l’adéquation entre la<br />

personnalité, les projets de l’étudiant et le cursus de formation proposé. Sont<br />

notés positivement la qualité de la relation (capacité à communiquer, réactivité),<br />

la qualité de l’expression orale (pas de familiarité, concentration), le<br />

niveau de culture générale (curiosité naturelle et regard porté sur le monde), la<br />

compréhension des problématiques (maturité, esprit critique), la capacité à se<br />

projeter dans l’avenir.<br />

L’entretien collectif<br />

Pratiqué par l’ESC La Rochelle, il dure 45 mn préparation comprise. Un groupe<br />

de 6 étudiants doit élaborer un projet commun (sportif, culturel, humanitaire,<br />

artistique, professionnel figurant parmi les activités actuelles des associations<br />

de l’école). Il définit la portée du projet, les objectifs, et les résultats attendus<br />

puis présente son projet au jury. Le jury évalue la posture de chaque<br />

candidat dans le cadre des échanges et de la présentation ainsi que la capacité<br />

du candidat à contribuer au fonctionnement du groupe et la qualité de<br />

communication.<br />

L’Edhec constitue également des groupes de 6 candidats qui vont rester 2 h<br />

dans la même salle avec un jury de 3 personnes. Le format de l’entretien se<br />

compose de trois étapes :<br />

• Prise de parole en public (individuel) : présentation classique du candidat<br />

(3 mn). Un thème d’improvisation (Livre / Peinture / Musique / Recette / Cinéma<br />

/ Danse / Fleur / Design / Entreprise / Valeur / Sentiment / Ami / Proverbe<br />

/ Enfance…) est tiré au sort par chaque candidat, et introduit dans sa présentation,<br />

à son gré, sans que le thème ne soit prédominant sur la présentation de<br />

l’individu.<br />

Évaluation sur l’impact (un speech qui fait la différence, de l'énergie, de l'endurance)<br />

; l’engagement (un speech qui montre que le candidat a envie de faire<br />

des choses pour lui et pour les autres… avec ambition, authenticité et des<br />

valeurs) ; l’innovation (un speech « inspiré et inspirant » qui sort des sentiers<br />

battus)<br />

• Prise de décision (collectif) : coopétition c’est-à-dire coopérer et donner<br />

le meilleur de soi au sein d’un groupe. Par l’intermédiaire de la présentation<br />

vidéo d’une entreprise (cas réel d'un entrepreneur qui est un ancien de l'Edhec,<br />

visionnée une seule fois), l’exercice repose sur une question ouverte en<br />

relation avec une problématique de l’entreprise, pour laquelle trois pistes de<br />

réflexion sont proposées. La recherche d’informations sur une interface PC<br />

(ordinateurs à disposition) amène à une prise de décision et la rédaction d’une<br />

argumentation collective (avec les principaux arguments - durée 50'). Chaque<br />

juré observe 2 candidats. Sont évaluées l'interaction, la collaboration avec les<br />

candidats.<br />

• Prise de recul (individuel) : il s’agit de défendre sa candidature au cours d’un<br />

entretien individuel en pouvant prendre du recul par rapport aux deux précédentes<br />

étapes (durée 15'). À cette phase est associé un questionnaire de<br />

motivations que le candidat remplit en ligne pendant la session (durée 15'),<br />

pendant que son camarade passe en entretien, vu que chaque membre du jury<br />

voit 2 candidats.<br />

L’entretien en face à face<br />

Spécifique à HEC Paris, appelé également le triptyque, l’épreuve propose aux<br />

candidats trois rôles qu’ils doivent successivement assumer dans un ordre<br />

aléatoire : convaincant, répondant, observateur.<br />

Le convaincant tire un sujet, il prépare pendant 15 mn et dispose de 4 mn<br />

devant le jury pour défendre sa thèse. Il est impératif d’être structuré et clair vu<br />

le bref temps imparti.<br />

Les candidats venus passer les entretiens (ici à l’EM Strasbourg) portent pour la<br />

plupart des habits neutres : un costume bleu marine pour les hommes, un tailleur<br />

gris pour les femmes.<br />

Le répondant qui est face au convaincant prend des notes pendant les 4 mn<br />

d’exposé. Sans préparation, soit il prend le contre-pied de ce qui vient d’être<br />

dit et défend une thèse opposée, soit il approfondit les arguments du convaincant<br />

de manière plus pertinente. Un débat s’engage entre les deux candidats<br />

dont l’attitude constructive et la capacité de négociation sont appréciées.<br />

Les deux observateurs n’interviennent pas, ils prennent des notes sur la qualité<br />

des arguments développés et sur la manière de les exposer. À la fin du face<br />

à face, ils partagent avec les membres du jury leur avis sur la prestation des<br />

deux candidats, avis objectif non sur le fond des idées <strong>mai</strong>s sur la manière des<br />

protagonistes à partager leurs idées.<br />

L’entretien inversé<br />

Grenoble EM est la seule école proposant ce type d’exercice. L’entretien<br />

inversé fonctionne de la manière suivante : le candidat doit d’abord choisir<br />

un membre du jury, il a ensuite le droit de lui poser des questions afin d’établir<br />

une discussion. Le jury est souvent composé de trois personnes, dont un<br />

président, qui ne peut pas être interrogé, ce qui laisse généralement seulement<br />

deux options. Durant environ une dizaine de minutes, c’est le candidat qui va<br />

mener le débat, le but étant de créer un échange fructueux avec le membre du<br />

jury interrogé. À la fin de cet échange, le candidat doit restituer en une minute<br />

l’entretien par un bref résumé.<br />

Le but n’est pas simplement d’avoir un échange banal avec le membre du<br />

jury, <strong>mai</strong>s de créer une véritable interaction. Il faut l’intéresser et établir un lien<br />

d’empathie avec quelqu’un d’inconnu. Il faut surtout éviter le format « interrogatoire<br />

de police » en enchaînant les questions sans se soucier de la cohérence<br />

des propos. Le jury veut voir comment évolue le candidat lorsque l’on lui<br />

donne des responsabilités.<br />

Connaître l'esprit et les attendus d'une<br />

épreuve à laquelle il faut se préparer<br />

Cette épreuve est définie par les écoles comme<br />

un entretien de personnalité et de motivation<br />

La personnalité : les écoles ne recherchent pas de profil particulier. Bien au<br />

contraire, leur richesse se nourrit de la diversité de leur recrutement, tant du<br />

point de vue de la personnalité des candidats que >>> suite page 22<br />

© EM Strasbourg<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 21 MAI <strong>2018</strong> | N°17


suite de la page 21<br />

de leurs origines géographiques, sociales ou culturelles. Les candidats doivent<br />

donc éviter à tout prix de se conformer à une supposée norme attendue par les<br />

écoles : celles-ci conseillent toujours au futur candidat d’« être soi-même ». Il<br />

est cependant important de ne pas se construire artificiellement une personnalité<br />

pour cette épreuve, ce serait l'échec assuré.<br />

La motivation : après deux années en classes préparatoires, un étudiant<br />

ne candidate pas par hasard dans une école. Il s’agit d’un projet mûrement<br />

réfléchi. Le candidat doit donc être capable de faire partager au jury l’envie<br />

qu’il a de rentrer dans une école. Cela suppose, de sa part, une certaine capacité<br />

à se projeter dans l’avenir, y compris, parfois, avec une dose de rêve. En<br />

revanche, cette école n’attend pas de l’étudiant un projet professionnel précis<br />

et encore moins un projet de métier particulier. Toutefois, si un tel projet existe<br />

vraiment, le candidat peut l'exprimer.<br />

La cohérence entre la personnalité, la motivation et le monde de l’entreprise<br />

vers lequel la plupart des étudiants se destine sera un élément clé de l’évaluation<br />

de l’entretien. Par exemple, vouloir travailler dans la finance de marché<br />

alors même qu'on a présenté une appétence pour les questions humanitaires<br />

ou sociales ne sera pas forcément jugé très cohérent par le jury.<br />

Ce que l’épreuve d’entretien n’est pas<br />

L’épreuve d’entretien n'est pas de "culture générale" au sens académique de<br />

cette expression et n’est d'ailleurs directement liée à aucune des disciplines<br />

évaluées à l'écrit <strong>mai</strong>s, indirectement, elle les mobilise toutes.<br />

Elle ne consiste pas en une sorte d'analyse psychologique du candidat : l'entretien<br />

est un échange, les membres du jury sont des praticiens du management,<br />

non des praticiens en psychologie.<br />

L’entretien n’évalue pas des connaissances : celles-ci ont déjà été évaluées<br />

à l’écrit. Ceci dit, si le candidat manifeste un intérêt pour le problème de la<br />

faim dans le monde ou pour l’Impressionnisme, le jury vérifiera la réalité<br />

des connaissances sur le sujet. Mais il faudra aller plus loin que de simples<br />

connaissances factuelles. Ce qui intéressera le jury, c’est la capacité du candidat<br />

à partager avec lui une opinion, une réflexion, un ressenti, une émotion<br />

ou même une passion pour tel ou tel sujet. C’est la force de conviction et la<br />

bivalence cohérence/originalité de l'argumentation qui seront évaluées. Il<br />

faut absolument éviter de se limiter à des considérations de type « café du<br />

commerce ».<br />

Les jurys n’ont pas pour objectif de déstabiliser les candidats : ils cherchent<br />

à les mettre en confiance de manière à établir un véritable échange et avoir<br />

ainsi les meilleures chances de rencontrer une personnalité. En revanche, si<br />

le candidat s'invente un personnage ou de faux centres d’intérêt, le jury s’en<br />

apercevra et il deviendra alors beaucoup moins sympathique ! Cependant, pour<br />

mieux cerner la personnalité et la réactivité de l'étudiant, le jury pourra le faire<br />

sortir de sa « zone de confort », l'amener sur un terrain ou une thématique qui<br />

ne lui est pas familière.<br />

Les principaux conseils donnés aux candidats<br />

par les professeurs de CPGE<br />

Il est absolument indispensable que le candidat montre sa parfaite connaissance<br />

de l'école dans laquelle il postule et des possibilités qu'elle offre. C'est<br />

« cette » école qui recrute et pas n'importe quelle école. Chaque école a ses<br />

spécificités : formations proposées, accréditations, associations et il ne faut<br />

pas ignorer quelques caractères saillants de la ville et de la région où elle<br />

est implantée (spécificités régionales, personnalités, grandes organisations/<br />

entreprises…)<br />

L’entretien est un échange : il faut veiller à toujours répondre exactement à<br />

la question posée. Si la réponse est détournée du sens de la question, il y a<br />

progressivement rupture de l’échange et le jury ne sera pas dupe d'une volonté<br />

de contourner le propos attendu. Il est recommandé de soigner sa tenue vestimentaire,<br />

son langage et son attitude : saluer l’ensemble des membres du jury,<br />

attendre l’invitation du jury pour s’asseoir, se tenir droit les <strong>mai</strong>ns sur la table,<br />

regarder tous les membres du jury, respirer régulièrement. Il est aussi conseillé<br />

de tester sa voix : elle ne doit pas être monocorde ou inaudible. La voix reflète<br />

un peu la personnalité. La gestuelle est à travailler (par exemple, en se faisant<br />

filmer) : entre l’exubérance méditerranéenne et une attitude figée ou fuyante,<br />

un juste milieu est à trouver ! Il faut regarder tous les membres du jury, même<br />

celui qui ne pose pas de question… ou qui semble penser à autre chose.<br />

L'objectif est que le candidat se mette un minimum en valeur : les professeurs<br />

conseillent de ne pas garder les <strong>mai</strong>ns sous la table, de ne pas être affalé<br />

sur la chaise, les épaules rentrées. Aucun code esthétique n'est évidemment<br />

PAROLES DE PROF<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 22 MAI <strong>2018</strong> | N°17<br />

attendu <strong>mai</strong>s l'important est de montrer une posture avantageuse. Une tenue<br />

vestimentaire sérieuse est recommandée <strong>mai</strong>s il convient surtout d'être à<br />

l'aise : il faut pouvoir respirer (!) et prévoir que les épreuves ont lieu fin juin et<br />

début juillet, une saison parfois très chaude alors même que toutes les salles<br />

d'interrogation ne sont pas climatisées.<br />

Les professeurs recommandent d'être attentifs à la qualité de l'expression<br />

orale : les « ouais » ou autres expressions triviales doivent être bannies, les<br />

phrases doivent être claires, construites et donc aisément compréhensibles.<br />

Les réponses trop longues nuisent à la dynamique de l’échange et certains<br />

membres du jury peuvent être frustrés de ne pas pouvoir poser toutes les<br />

questions souhaitées.<br />

Il est nécessaire d'être le plus concret possible : il faut toujours prouver les<br />

propos par des exemples tirés d'expériences. Cela permet aussi souvent<br />

d’amener le jury sur un terrain qui est favorable au candidat. Il lui est suggéré<br />

de privilégier la description de sa place et de son rôle dans l'expérience qu'il<br />

relate et non de parler du groupe en général.<br />

Maîtriser l’actualité, savoir analyser un évènement et prendre position sont des<br />

impératifs.<br />

Pendant l'entretien, il faut veiller à faire apparaître un net intérêt pour ses<br />

semblables et une capacité à s'intégrer dans une équipe, à partager des idées,<br />

à aller vers les autres, à faire preuve d'empathie.<br />

Les principaux critères d'évaluation par les jurys<br />

La note finale est toujours établie par consensus entre les jurés. La notation n’a<br />

rien de comparable avec celles des écrits : la moyenne des notes oscille entre<br />

12 et 14/20 selon les écoles.<br />

Toutes les écoles évaluent grosso-modo les mêmes dimensions et<br />

compétences :<br />

Dimensions/compétences<br />

Connaissance de l'école<br />

Qualités<br />

Cursus proposé, diplômes préparés,<br />

partenariats, doubles diplômes, associations<br />

Aptitudes intellectuelles Rigueur / Capacité d’écoute / Curiosité /<br />

Synthèse<br />

Aptitudes à l’action Liaison réflexion-action (sens pratique) /<br />

Dynamisme / Autonomie<br />

Capacités d'innovation<br />

Traits de personnalité<br />

Soft skills<br />

Comportement pendant<br />

l’entretien<br />

Stages<br />

Expérience d'un projet<br />

Enthousiasme / Authenticité<br />

Savoir être, comportement en groupe,<br />

relations aux autres<br />

Présentation / Maîtrise de soi / Pouvoir de<br />

conviction<br />

Intérêt / Narration<br />

Les notes (sur 20) sont généralement attribuées selon la grille<br />

ci-dessous :<br />

0 à 4 Candidat qui n’a pas respecté l’esprit de l’épreuve ou qui s’est<br />

montré à la limite de la correction vis-à-vis du jury.<br />

5 à 8 L’école ne souhaite pas recruter ce candidat, le jury n’a pas été<br />

convaincu par l’entretien.<br />

9 à 12 Notes qui montrent que le jury n’a pas été capable de<br />

trancher. Les écoles demandent aux jurys de ne mettre<br />

qu’exceptionnellement ce type de notes.<br />

13 à 16 Malgré quelques petits doutes, le jury est assez convaincu par<br />

la prestation du candidat. Le classement d’admissibilité jouera<br />

néanmoins dans le résultat final si la note est de 13/14.<br />

17+ L’école veut recruter le candidat. Très bon entretien.<br />

>>> suite page 23


PAROLES DE PROF<br />

>>> suite de la page 22<br />

Au-delà de tous ces critères, l'évaluation peut se résumer à la réponse à trois<br />

questions que se poseront les membres du jury à l'issue de l'entretien :<br />

- ce ou cette candidat(e) a-t-il (elle) du potentiel ? ;<br />

- aurait-on envie de travailler avec lui ou elle ? ;<br />

- la personnalité de ce (cette) candidat(e) sera-t-elle une valeur ajoutée pour<br />

notre école ?<br />

Le continuum classes préparatoiresgrandes<br />

écoles facilite la préparation des<br />

étudiants<br />

Dans le cadre du groupe de travail sur le continuum CPGE-GE mis en place<br />

par l'APHEC, l'APLCPGE et une quinzaine de grandes écoles, plusieurs initiatives<br />

ont été mises en œuvre pour faciliter la préparation des étudiants aux<br />

entretiens de personnalité et de motivation et, au-delà, de leur entrée dans les<br />

grandes écoles.<br />

Des vidéos sur les métiers, do<strong>mai</strong>nes et parcours<br />

de management préparées par les écoles<br />

Début <strong>mai</strong> <strong>2018</strong>, des vidéos de format court (5 à 7 minutes) préparées par<br />

certaines écoles seront mises en ligne sur le site de l'APHEC à la disposition<br />

des professeurs de CPGE et de leurs étudiants. Ces vidéos, réalisées spécialement<br />

pour les préparationnaires, présentent des métiers, des do<strong>mai</strong>nes ou<br />

des parcours de management ainsi que des thèmes de recherche. Ces vidéos<br />

constituent une fenêtre sur le monde du management que les étudiants pourront<br />

utiliser pour s'approprier des réalités concrètes du monde des écoles puis<br />

des entreprises dans lesquelles ils vont évoluer.<br />

Des expériences d'immersions en organisation pour les<br />

étudiants de fin de première année de CPGE<br />

Au mois de juin <strong>2018</strong>, une trentaine de lycées expérimentent une immersion<br />

de leurs préparationnaires de première année en entreprise ou en association.<br />

D'une durée d'une à deux se<strong>mai</strong>nes, cette immersion sera l'occasion pour les<br />

étudiants d'assurer une mission simple sous la houlette d'un cadre responsable.<br />

L'objectif est de casser certaines représentations que les jeunes peuvent<br />

avoir du monde de l'entreprise qui ne se limite pas à une logique binaire (vrai<br />

/ faux, bien / mal, etc.). Les étudiants pourront ainsi avoir un aperçu du travail<br />

en équipe et de la nécessaire prise en compte du facteur hu<strong>mai</strong>n dans une<br />

organisation. Ils pourront utiliser cette expérience dans leurs entretiens de<br />

personnalité et de motivation. Ces expérimentations mettent aussi les jeunes<br />

à égalité : certains ont en effet des réseaux familiaux leur permettant d'effectuer<br />

des expériences parfois riches durant l'été qui sépare les deux années de<br />

prépa. D'autres en sont dépourvus. Proposer à tous une immersion renforce<br />

l'équité.<br />

Les écoles aident les professeurs de CPGE à préparer<br />

leurs élèves<br />

Enfin, de nombreux responsables de grande école se rendent régulièrement<br />

dans les classes préparatoires pour donner des conseils sur cette épreuve et<br />

même participer directement avec les professeurs à des « entretiens blancs »<br />

toujours très utiles et appréciés par les étudiants. Des conventions instaurent<br />

des séances de tutorat entre étudiants de grande école et préparationnaires.<br />

Ces derniers vont sur site pour travailler sur le CV, la lettre de motivation, les<br />

codes verbaux et non verbaux. Les dernières séances sont réservées aux<br />

entraînements aux entretiens. Ces pratiques ne sont pas nouvelles <strong>mai</strong>s elles<br />

s'amplifient, suscitant beaucoup d'intérêt tant du côté des écoles que des<br />

CPGE.<br />

En conclusion<br />

L'épreuve d'entretien de personnalité et de motivation est souvent angoissante<br />

pour les candidats. C'est la première fois de leur vie qu'on leur demande de<br />

parler d'eux, de se projeter concrètement. Il est possible de s'interroger sur<br />

le sens d'une épreuve qui consiste à demander à des jeunes de 19 et 20 ans,<br />

n'ayant connu que le lycée, de s'inscrire et de se projeter dans le « monde<br />

réel ». HEC considère que c'est impossible : c'est pourquoi le « triptyque » n'est<br />

pas une épreuve de motivation pour rentrer dans l'école. Pour autant, la plupart<br />

des écoles ont profondément rénové les modalités de cette épreuve depuis<br />

quelques années pour en atténuer les travers et faire en sorte qu'elle soit une<br />

réelle opportunité pour évaluer des compétences et potentiels que les épreuves<br />

écrites ne permettent pas d'apprécier. n<br />

© Rennes SB<br />

L’accueil des candidats aux oraux est aussi pour les écoles l’occasion de se montrer sous<br />

leurs meilleur jour comme ici les « admisseurs » de Rennes SB en 2016<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 23 MAI <strong>2018</strong> | N°17


REPÈRES<br />

Étudiants étrangers :<br />

France is back !<br />

« France is back » proclame cette année Campus France dans l’édition <strong>2018</strong> de ses chiffres<br />

clés. En cinq ans, le nombre d’étudiants étrangers en France a augmenté de 12,2 %.<br />

Un mouvement qui semble s’accélérer depuis 2015, puisque la France enregistre une croissance<br />

de 4,6 % sur un an, la plus forte hausse annuelle depuis 5 ans.<br />

En tout les effectifs étudiants dans le monde ont progressé<br />

de plus de 50 % en dix ans : ils pourraient être 80 millions<br />

de plus en 2025. Aujourd'hui ils sont 4,6 millions (soit 2,2 % du<br />

total) à partir étudier à l’étranger et ce nombre pourrait doubler<br />

en sept ans pour atteindre les 9 millions en 2025 selon l’Unesco.<br />

: Où seront les jeunes en 2025 ?<br />

Alors que l’ONU prévoit une stagnation du nombre des 18-30 ans<br />

d’ici à 2025 (-10 % en Europe, -7 % en Asie-Océanie, -2 % en<br />

Amérique du Nord), leur nombre va progresser de 24 % en Afrique<br />

subsaharienne.<br />

: Quelle place pour la France ?<br />

En cinq ans, le nombre d’étudiants étrangers en France a augmenté<br />

de 12,2 %. Un mouvement qui semble s’accélérer depuis 2015,<br />

puisque la France enregistre une croissance de 4,6 % sur un an, la<br />

plus forte hausse annuelle depuis 5 ans. Oui <strong>mai</strong>s alors que la mobilité<br />

étudiante mondiale a progressé de 23 % entre 2009 et 2014, la part<br />

de la France a progressé deux fois moins rapidement (+11,2 %) dans<br />

DE LA POPULATION ÉTUDIANTE...<br />

<br />

Source : base de données UNESCO (extraction janvier <strong>2018</strong>).<br />

le même temps et une bonne année 2015 ne suffit pas à renverser la<br />

tendance. La France a ainsi reculé dans le même temps d’une place<br />

et se situe au quatrième rang des pays d’accueil des étudiants en<br />

mobilité derrière les États-Unis, le Royaume-Uni et <strong>mai</strong>ntenant l’Australie,<br />

trois pays anglophones.<br />

À la rentrée 2016, 325 000 étudiants internationaux étaient inscrits<br />

dans l’enseignement supérieur français. 52,4 % d’entre eux sont des<br />

femmes. Plus de 70 % d’entre eux suivent une formation dans les<br />

universités. La croissance du nombre d’étudiants étrangers en France<br />

se fait aujourd'hui essentiellement dans les grandes écoles (+ 27 %<br />

en 5 ans) alors que les effectifs restent stables à l’université (+3 %).<br />

Près de la moitié des étudiants en mobilité en France est originaire<br />

d’Afrique. Viennent ensuite les étudiants de l’Union européenne (19 %),<br />

d’Asie-Océanie (16 %), d’Amérique (9 %) et du Moyen-Orient (4 %).<br />

: Europe terre d’accueil…<br />

concurrencée<br />

Si les États-Unis sont toujours, de loin, le premier pays d’accueil des<br />

étudiants internationaux avec 46 % des étudiants en mobilité dans le<br />

monde - et 35 % pour la seule<br />

Union européenne -, l’Europe<br />

est la première région d’accueil.<br />

Grâce à la création de 2000<br />

formations en anglais, les Pays-<br />

Bas ont ainsi triplé le nombre<br />

d’étudiants étrangers en cinq<br />

ans. Mais de nouveaux acteurs<br />

émergent. La Russie, avec une<br />

progression de 50 % en cinq<br />

ans, s’impose ainsi parmi les<br />

principaux pays d’accueil et<br />

talonne désor<strong>mai</strong>s l’Allemagne<br />

et la France. De même la Chine<br />

enregistre une progression de<br />

75 % en cinq ans. Plus spectaculaire<br />

est encore la progression<br />

de l’Arabie Saoudite qui, avec à<br />

son programme de bourses islamiques,<br />

est passée en cinq ans<br />

de la 30 e au 13 e rang mondial.<br />

La concurrence est de plus<br />

en plus rude sur un « marché<br />

mondial » de l’éducation où les<br />

acteurs se pressent. n<br />

Sébastien Gémon<br />

<br />

<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 24 MAI <strong>2018</strong> | N°17

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